Finn O'Neill Ϟ Le clown de la classe

Les O’Neill sont une très vieille famille dont les racines remontent à plusieurs siècles en Irlande du Sud. L’on dit qu’il s’agit d’une famille de Sang-Purs et pourtant rien aujourd’hui ne peut l’attester : l’Irlande du Sud ne fait pas parti du registre des 28 familles de Sang Pur de Grande Bretagne, et les documents retraçant la généalogie de la prestigieuse famille ont disparu lors d’un incendie il y a de ça plus de deux générations. Certains disent qu’il s’agit d’un accident, mais plusieurs soupçonnent des détracteurs de la famille d’avoir monté le coup. Depuis lors, les O’Neill cherchent à faire valoir leurs origines et sont très attachés aux vieilles valeurs. Les traditions et l’éducation presque aristocratique a la part belle au sein de la maisonnée, car celle-ci possède également un riche héritage financier et terrien.

Il y a de ça une vingtaine d’années, Allister O’Neill, fils aîné de la famille et membre du département de la Coopération Magique Internationale au Ministère, rencontra Mercy Slughorn, membre du Département de la Justice Magique. Les deux familles avaient déjà entretenu des liens d’alliance par le passé, aussi lorsque la sorcière répondit « oui » elle savait pertinemment dans quoi elle s’engageait. Les deux parents de la future fratrie O’Neill étaient sur la même longueur d’onde : élitistes, très exigeants, et à l’esprit qu’on pourrait qualifier d’étriqué. A leur yeux la suprématie des sorciers sur les moldus ne faisait aucun doute. Aussi, Mercy avait-elle la position la plus extrême, ce qui contrastait avec la neutralité généralement attribuée à la famille Slughorn. Elle mit un point d’honneur à ce que sa future famille soit parfaite en tous points et visait ainsi à redorer le blason des O’Neill car bien trop de rumeurs couraient à leur sujet au sein du Ministère ou à l’école de Poudlard.

Naquit ainsi Kieran, le premier fils de la famille O’Neill. Cette dernière s’était installée sur le domaine familial à Limerick, la troisième plus grande ville d’Irlande du Sud. Kieran était pour ainsi dire le fils prodige, répondant en tout point aux attentes de ses parents : il était intelligent, attentif, obéissant et apprenait tout ce qu’on lui enseignait. Histoire, géographie, étiquette, danse, duel, sortilèges, potions… tout ce que le jeune sorcier devait savoir pour un jour briller au sein de la société magique. Il était promit à un grand avenir, ses parents en étaient certains. D’un an son cadet se trouvait Finn, né une nuit de Février. Un enfant turbulent mais gentil, qui n’avait de cesse de courir et de jouer des tours à ses proches. Hyperactif, il était inattentif aux leçons de ses tuteurs, mauvais élève, peu studieux, ayant sans cesse besoin de se dépenser, et bien qu’il brillait sur le mimétisme et la mise en pratique de ce qu’il voyait, il fut très vite éclipsé par son aîné prodige. Là où Kieran était le soleil des O’Neill, Finn devint l’ombre aux yeux de ses parents. Tout ce qu’il pouvait faire devenait « décevant » ou « insuffisant », « inadapté » pour peu qu’il maitrise bien quelque chose que ses parents ne voyaient pas d’un bon œil. Rapidement, Kieran devint comme une sorte de modèle inatteignable aux yeux du jeune garçon, et malgré le fait que leurs géniteurs les opposent sans cesse, les deux ont développé un lien fraternel fort, Kieran cherchant par moment -en vain- à atténuer voire détourner le courroux parental démesuré à chaque écart de conduite de son cadet. Les punitions pleuvaient et marquaient durement l’esprit de l’enfançon qui passaient des heures à crier et pleurer lorsqu’il se trouvait enfermé dans la cave, développant une angoisse profonde pour cet endroit sombre dans lequel il était persuadé de sentir des présences malveillantes. Pourtant, le naturel revenait toujours au galop et les petites bêtises et farces n’étaient jamais bien loin.

Puis vint Luth quelques années plus tard. Luth, c’était le troisième et dernier né de la fratrie. Ce fut celui qui n’eu pas de chance, et c’était comme si le destin refusait que quelqu’un puisse éclipser ne serait qu’un peu le frère aîné des O’Neill. Si le premier des cadets ne tenait pas en place, le second ne pouvait parler. Au début il pleurnichait, comme tous les bébés, mais il ne criait pas vraiment. Enfin… il s’agissait d’un étrange gargouillis aux oreilles de Finn. Et vint l’âge des balbutiements, mais Luth resta muet. Et jamais ne dit mot. Ce fut un coup dur pour les parents qui allaient devoir se contenter de Kieran en fils parfait. Pourtant ils offrirent la même éducation au petit dernier : ne pas savoir parler ne le dispensait pas de s’instruire.
Pour Finn, c’était un étrange et énigmatique compagnon de jeu qui débarquait dans sa vie. Intuitivement la famille appris à comprendre Luth, et Finn plus rapidement que les autres de part son sens de l’observation et son expressivité.

C’est vers ses sept ans que son comportement connu un virage significatif. L’enfant turbulent eu le malheur de s’intéresser à quelques jeux moldus, alors qu’il menait une escapade non autorisée, et de se lier d’amitié avec deux d’entre eux. La réaction de la mère fut vive et sans appel. « Une honte ! », « Je t’interdis de les revoir ! ». De l’incompréhension naquit un sentiment d’injustice. Pourquoi ne pouvait-il pas jouer avec ses amis ?  Il ne faisait rien de mal… Et ce sentiment-là engendra les prémices de son comportement rebelle et insolent. Au fil du temps, l’enfant devint revêche, provocant, bravant un à un les interdits posés par ses parents élitistes et encaissant les punitions qui pleuvaient à n’en plus finir. Ces dernières ne faisaient qu’alimenter le défi qu’il ressentait à l’encontre de ses géniteurs. Son frère aîné, quant à lui, était relativement épargné par les comportements abusifs de son cadet, il restait son frère et son compagnon de jeu malgré le fossé qui les séparait de plus en plus. Lorsque Kieran intégra la célèbre école de sorcellerie, la séparation fut difficile pour Finn qui se retrouva avec un poids supplémentaire sur les épaules : leur frère aîné n’était plus là pour accaparer l’attention de leurs parents. L’enfant se renferma un peu plus dans son opposition constante, affirmant son caractère téméraire et bien trempé. Il n’attendait plus qu’une chose : intégrer l’école de sorcellerie et pouvoir faire un pied de nez ultime à sa famille qui avait toujours été à Serpentard. Ses parents, quant à eux, espéraient que l’école saurait redresser comme il se doit ce chenapan… mais avec Dumbledore en directeur, rien n’était certain.

Lorsqu’enfin il put intégrer à son tour Poudlard, il promit à son petit frère qu’il lui en montrerait tout ses secrets lorsqu’enfin ce dernier les rejoindrait. Il s’en voulait presque de laisser Luth seul avec leurs dragons de parents, mais quitter ce qui pour lui représentait l’enfer était un sacré soulagement. C’est avec anxiété et impatience qu’il reçut sur sa tête le choixpeau, sous le regard de tant d’élèves dont son frère aîné, Kieran. « Gryffondor ! » Le verdict mit son cœur en liesse. Enfin il s’affranchissait officiellement du chemin tracé par la famille !  Mais cette direction brisa quelque chose entre les deux frères ainés de la fratrie. A cette annonce le regard de Kieran était devenu sombre et empli de rancœur et plus d’une fois il le fit comprendre à Finn : il avait prit cette affiliation à Gryffondor comme une trahison et plaçait son frère comme responsable de celle-ci. Lorsque la nouvelle arriva aux oreilles des parents O’Neill, le jeune homme eut le droit à une beuglante à l’école, et ses premières vacances furent un nouvel enfer. Malgré ce fossé qui s’élargissait toujours plus avec son frère aîné, Finn cultivait cette différence avec fierté.

Il n’était pas particulièrement bon en cours. Pire, il était même vite remarqué comme un fauteur de trouble, toujours à blaguer avec ses camarades ou perturber les cours. Mal vu par les professeurs et les intellos, il s’était rapidement forgé une solide réputation de clown. Ses principales cibles se trouvaient être les Serpentards de Sang-Pur, ou tout ceux clamant un peu trop haut leur supériorité, et le garnement ne craignait pas de s’attaquer à plus âgé que lui. D’une certaine façon, il s’opposait aussi régulièrement à Kieran qui n’aimait pas qu’autrui s’en prenne à son frère. Aux yeux de l’aîné des O’Neill, il était le seul en droit de mettre une raclée à Finn. Et il en profitait pour lui rappeler inlassablement que son comportement était décevant et indigne de leur famille dont il entachait le nom. Bien qu’affichant toujours un air malicieux, Finn était souvent blessé par ce genre de remarques venant de son frère, mais ne se dégonflait pas pour piquer lui aussi là où ça faisait mal. Il arrivait régulièrement que les élèves aient à passer dans un couloir où les deux frères se faisaient face et où l’ambiance était aussi glacée qu’électrique.

Parallèlement, le garçon montra un talent tout particulier pour tout ce qui relevait de la pratique et la mise en application de ce qu’il pouvait voir, ce qui désespéraient certains professeurs. Il prouvait ainsi qu’il était plus que capable, voire même qu’il était doué, mais que par manque d’implication sur les cours théoriques il se retrouvait avec un niveau tout juste passable. Néanmoins il y eu un domaine où il excellait : le vol. Son côté casse-cou et ses prédispositions au sport firent qu’il fut rapidement remarqué par le capitaine de l’équipe de Quidditch de Gryffondor, qu’il intégra en 3ème année en tant que poursuiveur. Il développa son style bien à lui : imprévisible, même parfois dangereux. Un style qui donna quelques cheveux blancs à ses coéquipiers sur ses débuts, jusqu’à ce qu’ils apprennent à lui faire confiance.

Ainsi se déroulait la scolarité du garçon : ponctuée de matchs, de farces, de punitions, et de vacances infernales durant lesquelles il profitait de ses amis moldus. C’est pendant ses vacances qu’il se mit à pratiquer le baseball (difficile pour lui de comprendre qu’il ne fallait pas envoyer la balle dans les côtes de ses adversaires), et à fumer des roulées. Un petit pêché mignon qu’il ramena par la suite dans sa valise en secret à l’école. Néanmoins, les événements déroutants qui se déroulaient ces deux dernières années sur le plan national le faisaient un peu frémir. Bien qu’en sécurité à l’école de sorcellerie, il ne pouvait que se questionner sur la tournure des choses à l’extérieur. Comment allaient ses amis ?  Qu’en pensaient ses parents ?  Qu’en était-il de Luth ?  Autant de questions qui le tourmentaient et auxquelles il ne préférait pas penser, et pour lui le meilleur remède était encore et toujours de faire bouger le monde à sa manière.
Et maintenant que son petit frère entrait à son tour à l’école, une nouvelle question le taraudait : Poudlard était-elle réellement si sûre ?  Il savait que non.

Les événements qui ponctuèrent les années suivantes ne firent qu'accentuer cet état de fait, plongeant l'insouciant garçon dans de bien sombres idées. Il participa au tournoi des sorciers lors de sa cinquième années, se qualifiant jusqu'à la dernière épreuves. Par chance sans doute, il fut éliminé peu de temps avant les attentats, mais ce qu'il vit dans ce court laps de temps l'avait ébranlé : certains élèves n'hésitaient pas à utiliser des sortilèges particulièrement dangereux, voire mortels, sur les autres, ainsi que de la magie noire. La guerre était arrivé jusque dans l'enceinte du château.
Cette même année, alors que les épreuves des BUSES approchaient, il manqua de se faire tuer par une autre élève sans qu'il ne l'ai provoquée. Ce dernier événement secoua particulièrement le jeune Gryffondor, qui se renferma sur lui-même puisqu'il ne pouvait pas compter sur le soutien de sa famille. C'est finalement ses vieux amis James et Remus qui lui firent garder la tête hors de l'eau. Il fugua de chez lui durant les vacances pour profiter de la bulle d'oxygène qu'ils pouvaient lui apporter, et réitéra nombre de virées nocturnes lors de sa sixième année pour les rejoindre à Pré-au-Lard. Sans leur soutien, peut-être aurait-il tout abandonné.

C'est finalement à l'aube de cette nouvelle rentrée que revient de facétieux garçon. Sous couvert de ce masque de malice se cache malgré tout la chimère. Elle gronde, gratte, attend son heure tapie dans l'ombre. Continuera-t-il à la réprimer ou finira-t-il par lâcher prise ?