Roanoke. (
tw : tentative d'abus sexuel, drogue )
La fête lui vrillait la tête, frappait dans ses tempes pour la faire trébucher - elle souriait pourtant, continuant à danser sans avoir vraiment conscience du rythme qui prend possession de son corps. C'est pas la première fois qu'elle rejoint une de ces fêtes endiablées et interdites - elles se logent dans les salles de classe abandonnées, se font connaitre par bouche à oreille, et ce sont les élèves triés sur le volet qui peuvent passer les portes pour se joindre à la folie qui frappe contre les murs. Elle ne savait pas même d'où venait la musique - d'autres étudiants avaient trouvé le moyen d'ensorceler un truc moldu pour que ça braille des paroles de groupes qu'elle ne connaissait pas. Mais pas grand chose à en faire - y a l'alcool qui coule à flot et lui suffit pour oublier ce qu'elle aime ou pas (du moins en terme de musique).
C'est toujours une belle occasion pour rencontrer du beau monde - en début de soirée c'est Roanoke qu'elle croise, lui offrant un verre (qu'elle paye pas évidemment) pour lui souhaiter une belle soirée.
Autant qu'à toi qu'il lui a répondu avec ce sourire en coin qui sonne comme un défis. C'est souvent ainsi entre eux - s'ils peuvent pas s'embrasser l'un et l'autre c'est une parfaite raison d'embraser le reste de la salle.
Alors elle danse - regard braqué sur un garçon de serpentard qu'elle connait bien, avec qui ça va et ça vient en constance, elle se laisse approcher, lui offre quelques amabilités et une danse ou deux. Dans le verre qu'il lui ramène, il a glissé un truc mais elle le voit pas. Elle boit puis s'oublie, ce perd dans des sensations qui embrasent sa tête et elle pense plus. Elle pense plus parce qu'elle rentre en transe, voit pas le monde autrement qu'en lumières qui clignotent - et réalise pas vraiment ce qu'il advient par la suite. Première fête de 1968, elle est en dernière année et se prépare à savourer chaque plaisir que le monde lui offre. Elle a l'habitude maintenant - mais jamais le contrôle ne lui a été arrachée ainsi.
Quand elle sent le froid qui lui mord la peau, elle réalise qu'elle n'est plus dans la salle de fête mais dans le couloir. Y a tout qui tourne, des mains qui la touchent sans qu'elle sache qui c'est - elle a la tête qui tient pas en place, la bouche pâteuse et la panique qui l'étreint sans qu'elle puisse se débattre.
On va où ? murmura-t-elle encore et encore, sachant pas si les mots lui sortent de la bouche comme ils sonnent dans sa tête.
Y a tout qui se fait flou, les mains se font plus baladeuse, son envie de hurler impérieux et la peur la foudroie sur place. La drogue évapore sa capacité à se débattre et la peur se loge où elle ne peut plus bouger. L'horreur lui embrase les membres juqu'à ce que tout s'arrête.
Quand elle se réveille le lendemain, elle est à l'infirmerie et Roanoke à côté d'elle fulmine d'une rage qu'il convient pas. Sur le lit de droite, le type avec qui elle a dansé, la gueule en biais et un plâtre au pied gauche. Aramis se joint pas longtemps après, un sourire à demi-mesuré sur les lèvres.
J'suis désolée, j'aurai pas dû - Mais c'est un geste qu'ils t'arrêtent - que Roanoke t'offre un sourire ravi, heureux de te voir reprendre connaissance et de t'avoir évité le pire.
Un non sonnera toujours comme un non. Y a aucun troll cramoisi qui a le droit de te le refuser, qu'importe combien de fois tu danse ou tu couche avec lui. Et ca te fait du bien à entendre - avant que tu te permettes de fermer les yeux encore, sous le regard protecteur de tes meilleurs amis.
Cassiopeia. C'était douloureux. De se rendre à Sainte Mangouste. De subir le silence qui entourait la chambre. De voir les visages fermer et les larmes qui séchaient sur les joues. De rien pouvoir y faire, outre de vouloir gueuler et frapper contre les murs. Mais elle ne savait pas agir ainsi - elle venait tous les trois jours, comme une horloge qui sonnait difficilement les heures, perdant le rythme mais essayant de continuer malgré tout. Elle venait là, ses talons claquant sur le sol de Sainte-Mangouste, ignorant les regards consternés et l'air désabusés des autres patients et de leurs familles qui se demandaient bien
pourquoi elle venait dans cet accoutrement. Mais surement parce que Cass n'accepterait pas qu'elle se néglige - elle ne l'aurait jamais permis.
Cass savait mieux que les autres comme il était important pour Cal d'être toujours apprêtée - de donner l'image parfaite de ce qu'elle voulait être pour le reste du monde.
Parfaite - loin des images lissés que certains pouvaient prendre pour la perfection, de ces filles qui n'ont rien qui dépassent, qui se tiennent convenablement et font de bruit juste pour dire des choses censées. Elles riaient, autrefois, de ces images stéréotypées qu'elles gardent depuis si longtemps qu'elles pensent que c'est cela le but qu'elles doivent atteindre. Mais elles les font voler en éclats, et elles frappent par terre et gueulent et font trop de bruit. Elles se poussent l'une et l'autre à être inconvenantes - à deux elles sont meilleures à ce jeu-là.
Mais voila que Cal doit jouer toute seule parce que Cass a voulu être une héroïne et a réussi. Pour sauver les dragons, sauver ce foutu monde qui part en fumée. La voila qui est plongé dans le coma, dans un néant obscure dont elle sortira peut être jamais.
Pas moyen de penser comme cela, cependant. Elle s'assoit plutôt près de son amie, sourire, et pose sur la table une bouteille de bierraubeurre qu'elle a mené là en sachant qu'elle en a pas le droit.
Tu devineras jamais qui est venu à la galerie avant hier. Qu'elle commence - les potins sortant de sa bouche avec l'excitation qu'elle avait toujours eu - dejà à Poudlard c'était un jeu pour elle de faire vivre les ragots, parce qu'ils sont au départ de la jalousie, des envies, et des règlements de compte. Elle y voit un pur plaisir et sait que c'est un plaisir coupable pour Cass. Elle lui a jamais dit, mais ne l'a jamais empêché de parler non plus.
Alors tous les trois jours, elle vient, elle s'assoit, elle boit un peu trop et elle parle des gens que Cass connait de vue - ou parfois qu'elle connait pas - pour lui rappeler que la vie continue mais que Cal refuse de la continuer sans elle.
Aramis. Ca la travaillait parfois - souvent - quand elle croisait Aramis au Drunk Broom. Elle s'y rendait parce que le lieu était fait de milles créatures, de liberté et de bons groupes de musique - c'était là que s'installait la scène underground et les Punks sorciers qui venaient gueuler pour lutter contre la misère du monde. Un lieu parfait pour une journaliste critique comme elle - elle pouvait alors boire et écrire, et simplement se dire que les talents de demain n'étaient pas encore découvert par le grand public. Que c'était en partie son rôle à elle de les mettre sur le devant de la scène - parfois elle y trouvait plaisir. Parfois elle grimaçait en se disant que le talent n'était rien sans travail acharné.
Et la nuit passait, parfois elle restait malgré tout et elle attendait Aramis. Elle savait qu'il se trouvait là - c'était un lieu de rassemblement pour les
Infortunés qu'il aimait tant. Et son sang de vélane - à elle - lui donnait ce passe droit de rester après la fermeture ou presque.
Mais ce soir-là c'était différent - un truc s'acharnait à lui arracher le ventre et elle attendait. Elle attendait Aramis avec plus d'impatience qu'à l'accoutumé - ou que lorsqu'elle ne l'attendait pas du tout pour rentrer. Il devait le deviner - parce qu'ils se devinaient tous sans un mot, reliés par ces esprits qui battaient en un seul coeur. Il s'assit près d'elle, remplissant son verre avec une bouteille de whisky pur feu qu'elle avait acheté plus tôt dans la soirée. Le silence s'installa, elle jouait avec ses doigts, angoissée à l'idée de parler - et lui semblait pas plus certain de vouloir attendre encore.
Tu vas parler ? C'est agressif mais inquiet - comme lui souvent. C'est suffisant pour qu'elle ose se tourner vers lui.
Il y a des vélanes parmi les Infortunés ? Il semble pas surpris - sans doute parce qu'il voit en elle aisément aussi.
C'est hybride comme toi oui. Les pures vélanes vivent pas auprès des sorciers, tu le sais bien. Oui elle le sait - elle le sait mais parfois elle préfère oublier.
Elle préfère oublier que c'est pour ça qu'elle a pas revu sa mère depuis plus de vingt-six ans. Elle inspire profondément, prends son verre et l'apporte à ses lèvres.
Mais je sais où les trouver. C'était une invitation - elle sourit en le remarquer et opina. Elle se perdit un moment dans le fond de son verre et s'imagina être assez courageuse pour se lancer dans cette aventure-là.
C'est son anniversaire aujourd'hui - en tout cas c'est la date que père nous a donné. Et cette année, ça fera vingt-six ans qu'elle est partie. Parce que ca va fait vingt-six ans qu'ils sont venus au monde.
On a jamais eu de nouvelle. Alors peut être que c'est pas tant du courage qu'il lui faudrait pour retrouver sa mère, mais un brin de folie.
Et parce qu'il devine, il pose un bras autour d'elle - la sert un temps. Juste ça - il proposera plus, mais elle le sait depuis, qu'il suffirait d'un mot pour qu'il la guide jusqu'aux vélanes qui pourraient vivre avec sa mère.
Daemon. L'immense plaine allait à perte de vue - les dragons y venaient, s'arrêtant parfois pour s'allonger ou savourer les effets de l'air marin sur leurs écailles. Elles luisaient, celles de Thétis, touchées par le soleil de la fin du jour pour la faire briller ce blanc étincelant. C'était une dragonne exceptionnelle - sauvée du trafic alors qu'elle venait de l'autre bout du monde, blessée trop jeune pour ne pas s'enfuir, elle a été soignée sur l'île pour retrouver sa fougue. Elle a choisi Callista - en quelques minutes seulement, elle s'est posée devant elle pour frapper de ses ailes tous les prédateurs qui s'en approcherait. Ce fut rapide - bien plus rapide que pour la majorité des autres dragonniers MacFusty - du moins pour ceux qui ont eut droit de passer ce galop d'essaie. Qui ont droit d'être reconnu pour les protecteurs des dragons.
Certains ne se font pas choisir, certains en meurent, certains flippent et se tirent de l'île avant d'avoir fait face à ces magnifiques créatures. Ils sont si nombreux qu'un de plus ou de moins fait pas grande différence.
Mais aujourd'hui ce sont les jumeaux qui ont fait leur preuve, sont venus se percher sur la falaise de Barra pour se mettre face aux créatures les plus fascinantes qui soient. Et les voila, entourés de leurs dragons, qui s'amusent à se jeter l'un sur l'autre et à grogner comme des chats. Des gros chats.
Son jumeau est pas loin, il l'est jamais - il se fait silencieux parfois, rarement cependant, mais il sait. Il sait qu'à ce moment il se trame dans l'esprit de sa soeur une série de réflexions qu'il vaut mieux pas arrêter - parce que souvent c'est ainsi. Le silence pour les Macfusty c'est les prémices à l'apocalypse. Les jumeaux manquent pas à cette règle, ils l'ont même établis. Un silence, avant que le monde ne se mette à tourner dans le mauvais sens parce qu'ils l'ont décidé.
On doit amener les autres ici. Pas besoin de spécifier qui sont
les autres - outsider de leurs existences sur l'île, où finalement ils ne retrouvent que les autres batards du patriarches et Roanoke quand il sort la carte
cousin. Mais les autres sont pas là - les autres ont leur place quand Dae et Cal les imposent.
Pour les leur montrer ? Qu'il demande, même s'il sait déjà - jouant des nerfs de sa soeur qui lève les yeux au ciel.
Elle y pense depuis un moment - depuis que leur vie se mène de combat en combat. Y a pas un d'entre eux qui peut se targuer d'avoir eu une enfance heureuse. Pas l'un d'entre eux qui sait pas ce que c'est que de souffrir déjà - ou de voir les autres qui risquent chaque moment de perdre la face. Tous, ils sont rendus vulnérables par cette foutue destinée qui sait pas fermer sa gueule et doit toujours les mettre dans des situations merdiques. Elle grogne, se tourne vers le jumeau - reflet parfait de la pensée qui la traverse pour se faire une idée concrète.
Pour qu'ils soient choisis à leur tour. Dit-elle plus fort, comme pour mettre au défis le vent de porter ses paroles jusqu'à leur père. Il le refusera - c'est pourquoi ils ne lui demanderont rien.
Ils ont besoin d'être protégés eux aussi, et ils sauront ce qu'il en coûte de chevaucher un dragon. Tu sais qu'ils sont à la hauteur - plus que tous les crétins d'beaux frères et de belles soeurs qu'on se traine ici. Il sourit, Dae, parce qu'il le sait autant qu'elle. Opine. Et se tourne vers leurs dragons qui se jettent dans l'air et se poussent avec leur queue pour jouer.
Demain alors. Demain on les fera venir pour qu'ils deviennent des dragonniers.
Aléa. C'était une habitude qu'elles avaient prise - que Cal refusait de quitter par crainte de voir son amie disparaitre dans les limbes du mariage. Ca lui semblait être une chose terrible - le mariage était censé représenter le romantisme absolue, la réussite de l'amour sur la logique d'une société chaotique, la promesse pour l'avenir radieux - pourtant Aléa était moins souriante, moins avenante, moins douce depuis qu'elle s'était vue passée la bague au doigt. Ils étaient tous présents - évidemment - pour l'évènement, mais Cal avait bien trop à l'esprit à ce moment-là pour se concentrer sur son amie. Roa l'avait mises au défis de s'approcher du témoin - le témoin dans la chambre des mariés, elle s'en est approché de très près.
Le mariage était un jeu pour elle, une fête comme une autre où l'alcool et le plaisir coulent à flot. Elle ne se doutait pas que pour son amie ce fut le début d'un cauchemars dans lequel elle se trouvait à présent enfermée.
Un thé, voila tout ce qu'il fallut. Invitée dans l'appartement qu'elle louait à Londres - venant parfois quand l'air marin lui donnait le tournis, Cal s'assura qu'il se trouvait tout sur la table. Des gâteaux au citron, des carrés de chocolat, du thé vert et des morceaux de sucres. Aléa arriva en retard - ce qui n'était pas étonnant, c'était une habitude qu'elle prenait de plus en plus souvent. Moins souvent elle avait l'air d'être tombé dans les escaliers en se montrant chez Cal.
Par Merlin. Souffla-t-elle, sentant le désarroi de sa meilleure amie qu'elle attira contre elle pour une étreinte protectrice. Aléa tremblait, ses membres exprimant la peur qui émanait d'elle en vagues agonisantes. Cal essaya de se contenir mais devinait déjà la douleur et son origine - la rage s'emparant de son palpitant pour risquer de frapper à grand coup.
Mais pour l'heure c'est son amie qui comptait - qu'elle fit assoir et à qui elle servit le thé.
Tu sais quoi ? Tu devrais passer quelques jours ici - je dois faire le tour des galeries comme c'est la saison des expositions. Un peu de compagnies me fera le plus grand bien. déclara-t-elle finalement, comme une excuse tendue pour que la sorcière ne retourne pas tout de suite dans son manoir des sévices.
Elle n'y mettra plus les pieds, se tournant vers Cal une heure plus tard pour lui murmurer :
Je veux divorcer. - une envie passagère qui devient impérieuse, une évidence que Cal ne laissera pas mettre de côté. Aléa retournera pas chez son mari - Cal si. La nuit alors que son amie dort, c'est Thétis qu'elle va chercher pour voler rapidement jusqu'au manoir - elle frappe pas à la porte, elle va directement chercher le sorcier et le met sous la patte de la créature qui grogne.
Si t'approche encore Aléa, t'es un homme mort. Elle dit simplement, sourire en place et promesse bien assurée - le dragon grogne à peine - heureusement Thétis ne tue que pour manger.
Aléa sauvée, elle la gardera chez elle le temps qu'il faudra - le temps de recouvrer sa liberté.
Lolan. C'est pas nouveau, de la voir qui se met la tête à l'envers. Ou pas tant la tête que la main - une blessure qui lui a ouvert la paume, lui fait un foutu mal de chien. Un accident, encore un, alors qu'en divaguant dans une mondanité c'est un verre qui s'est logé là. Un accident tout bête, l'air de rien, mais une excuse parfaite pour échapper à ces culs serrés qui se pâment devant une peinture ressemblant moins à un hommage amoureux qu'à un troll travesti. Pas de beauté dans l'art - apparemment c'est surfait même chez les sorciers. Elle savait plus quoi écrire pour être constructive, se faisant seulement acerbe ces derniers temps. Alors excuse parfaite prise - elle transplane jusqu'à Sainte Mangouste et plutôt qu'à rejoindre les accidentés, elle fuit vers le bureau de Lolan.
Elle le connait pour y être déjà allé - mais chaque fois ça change parce que ça raconte son histoire. Les figurines de sorciers célèbres bougent toujours dans un coin. Les photos aussi évidemment. Et maintenant des dessins. Une floppée qui s'accumule sur un côté de mur qu'on reconnait plus. Les dessins d'enfants - ceux qu'il aide en donnant de son temps et de ses biens, elle met pas longtemps à le deviner.
Quand il vient elle lui montre juste sa main et il lâche un soupire exaspéré :
Tu sais que je suis pas ce genre de médecin hein ? Elle sait mais elle s'en fout - y a pas moyen qu'elle fasse confiance à quelqu'un d'autre pour la soigner. Puis lui il est doux - il est doux parce qu'il sait comme c'est douloureux de recoudre, de faire sortir le verre de la plaie, d'avoir mal tout simplement. Elle s'assoit, et elle fixe le mur de dessins, un sourire attendri qui se forme sur ses lèvres.
Au fait, j'vais arrêter les donations. J'ai plus assez pour m'offrir la maison sinon. La maison - bien sûr - dans sa tête c'est le visage des gamins en convalescence qui se joue. Elle voudrait l'ouvrir - lui dire que c'est rien de s'attacher, que ce fait pas de lui un mauvais médicomage, juste un meilleur.
Mais dans sa tête tourne aussi les images de sa mère dans la pièce des sorciers rendus fous. Lui qui sait plus où trouver à manger. Et la peur de voir le passé renaitre de ses cendres.
T'as raison - jamais mieux servi que par soi-même hein. L'avare - le rôle porté sur mesure pour caché ce qu'il veut pas montrer - cette peur constante de tout perdre.
Elle dira rien - jamais - et les dessins resteront accrochés sur le mur pour rappeler que sous son air à accumuler plus de richesses que de marques généreuses, Lolan sait pas être autre chose qu'un ange pour ce monde-là.
Thétis. Elle voulait le scandale. Elle voulait voir briller dans son regard la consternation. Elle voulait qu'il hurle, qu'il brise un verre ou qu'il la frappe. Qu'importe - tant qu'il la regardait elle. C'était un désir si profondément encré dans son esprit que tous les moyens étaient bons pour y parvenir. Jusqu'à coucher dans son lit, dans cette chambre qui était celle du patriarche, où elle emporta un convive qui venait pour une de ces mondanités extravagantes que le père organisait parfois. Elle cherchait plus à en connaitre les raisons - c'était juste la bonne excuse pour se trouver de quoi se faire plaisir. L'envie de se faire remarquer prenait le pas sur le reste.
Toujours être rebelle. Toujours être inconvenante, pour qu'il la regarde. Il ouvre la porte, enfin, mais devant le spectacle il trouve qu'à en rire avant de partir. Ca la pique droit dans le palpitant et à peine vêtue elle lui court après :
Quoi, j'ai droit qu'à ton foutu rire plutôt qu'à une remontrance ou une engueulade ou que sais-je encore ? Qu'elle lui hurle dans le couloir pour l'arrêter - ce qu'il fait cette fois, pour lui faire fasse avant d'hausser les épaules sans être plus inquiet.
Tu veux mes félicitations peut être ? Belle performance : t'es presque aussi douée que ton père à ce jeu. Les sourcils froncés, l'air consterné, elle voit pas où il veut en venir, mais se fait piquer au vif.
Quel jeu ? A celui qui se fera le plus désir. A celui qui écoutera ses envies sans se les interdire. La digne fille de ton père, Cal, je pourrais être si fier - mais j'ai mieux à penser qu'à ton caprice d'enfant, vois-tu. Joues donc encore de tes charmes - c'est bien cela qui m'a plu chez ta mère. Ces charmes de vélane - tu as rapidement appris à en faire bon usage hein ? C'est tout ce que tu as de talent, autant l'exploiter parfaitement. La digne fille de son père - voila qu'il la comparait à tout ce qu'elle détestait chez lui. Vexée, par les paroles qui s'immisce en elle comme un poison.
Tu as raison succomber à tes désirs, c'est tout ce que tu auras toujours. Les filles comme toi on les baise, on ne les aime pas. Je suis content de voir que ça tu l'as déjà appris. Ca frappe comme une gifle, elle voudrait la lui mettre mais elle est pas capable. Y a les larmes qui coulent sur ses joues déjà - lui fier qui voit en elle tout ce qu'elle veut pas être.
Une vélane.
Un corps parfait.
Une image lissée à désirer.
Et après ? Il sait rien d'elle que cela, comme c'est aussi ça qu'il voulait de sa mère. L'amour est le grand absent de ces relations qui lui échappe.
JE TE DETESTE ! Qu'elle hurle finalement, lui restant figé en ignorant ce qu'il se passe.
Penses-tu que c'est là tout ce qu'il y a de moi ? Des envies à satisfaire, à désirer, à offrir. Que je suis comme toi : infidèle, égoïste et fourbe ? Jamais ! JAMAIS JE NE SERAI COMME TOI ! Le reste elle en garde un souvenir flou - quand elle hurle ses paroles prennent le pas sur le reste. Son père hurle de même, jusqu'à ce que deux dragons se battent dans la cours.
Y a Thétis qui se jette sur le patriarche, enragée par les larmes qui coulent sur les joues de Cal. Mais Thétis est trop petite - elle se fait mettre à terre en quelques coups par l'autre Noir de Hébrides.
J'ai offert des dragons à des non-initiés. Qu'elle dit finalement, brisant une des règles qu'il a énoncé quand ils étaient enfants. Et elle le sait, cette déclaration finit de décider ce qu'il adviendra d'elle : la sentence tombe en exil et elle quittera l'île le soir-même.