Être le premier né donne autant de privilèges que de responsabilités.
Pascal est né dans une famille puritaine de sang pur français, bercé par le monde des Sorciers. Vivant dans les hauteurs de Brest, surplombant l'océan, ils ne manquaient de rien. La famille Chevalier était réputée pour être l'un des meilleurs fabricants de baguettes de France. Ce qui leur assurait un avenir tout tracé depuis de nombreuses générations.
Le petit garçon et premier né de la famille, est rejoint par une autre petite fille un an plus tard : Emma. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais trois et quatre ans plus tard naissent alors deux autres petites filles : Shana et Barbara. Pascal fut un grand frère très fier et ravi de pouvoir prendre soin de sa fratrie, même s'il commençait à montrer quelques difficultés... particulières. Les parents du petit sorcier comprirent que quelque chose ne fonctionnait pas chez leur fils. Il ne répondait jamais dès que quelqu'un l'appelait, ou de rares fois. Mettant ça sur le compte de l'insubordination de l'enfance, ce comportement énervait grandement ses parents. Pourtant, Pascal ne cessait de leur dire qu'il n'avait pas entendu. Surtout son père… Mais le jeune garçon avait fini par identifier les sonorités graves avec son père parlant dans la pièce. Alors rapidement, il tente de s'adapter.
Cela ne semble pas suffire. Ce petit garçon n'apprend pas comme les autres. Il a de la difficulté. Ses sœurs sont même bien plus en avance que lui sur leurs apprentissages. Ce climat fut rapidement anxiogène pour lui, tandis qu'il ne comprenait pas pourquoi ses parents se montraient si durs, alors qu'il devait se forcer pour les comprendre. Son père partit un soir en claquant la porte. Il le fit si souvent que Pascal ne le comptait même plus. Mais il revenait indéniablement, à chaque fois.
Il suffit d'une soirée ou sa mère se mit à lever le ton sur lui, employant cette force magique qui fait sentir à chaque enfant à quel point il allait avoir des problèmes : Elle prononça son nom au complet. Et ce fut la révélation. Ou du moins ses prémices… Car cette fois, Pascal avait entendu une partie de la remontrance. Dans les premiers temps, ce simple changement fit monter une colère indescriptible chez leur mère. Cet enfant se moquait d'elle, elle en était certaine. Il fallut encore un an avant qu'ils ne comprennent, quand Barbara s'est amusée à lui crier directement dans l'oreille : Pascal n'entendait presque rien.
Après de nombreux examens et médicomages rencontrés, ils durent se rendre à l'évidence... Il n'y avait rien à faire. Une maladie aurait pu être guérie, mais pas la génétique. Alors ils ont dû se tourner vers la technologie moldue, à contrecœur. En 1971, Pascal eu son premier appareil auditif à transistors
*. Un gros appareil avec un long fil, mais totalement portatif. Ce qui ne plut pas au jeune garçon de 7 ans, il avait l'air ridicule et ça le frustre. Sans parler de tous ces bruits qu'il n'avait jamais entendu… Les repas avaient toujours été aussi bruyants ?!
En grandissant, avec la conscience de ce handicap, la famille comprit que Pascal n'entendait pas certains types de sons et les tonalités les plus graves. Ce fut donc ses sœurs qui prirent en charge les tests : Qu'entendait-il le mieux ? À quelle hauteur leurs voix devaient se porter ? Mais ce fut Emma qui trouva la meilleure astuce… Il entendait son deuxième prénom sans aucune difficulté. Tandis que la sonorité de Pascal lui était difficile. Évidemment, aucun de ses parents ne choisirent de franchir le cap et de l'appeler Louis. Son nom était Pascal, pas autrement. Mais le jeune garçon avait au moins le soutien de ses sœurs. Et rapidement, il ne jurait plus que par ce prénom.
L'entrée à l'école était tout autant attendue qu'angoissante. Le jeune Louis était prêt. Prêt à porter ce fichu appareil et ne pas faire répéter les gens autour de lui le plus possible. La prestigieuse et magnifique école de Beauxbâtons était au-delà de ses attentes et de tout ce qu'il s'était imaginé. Il fut accueilli dans l'Ordre d'Aloysia au pavillon rouge par le Sondeur, comme bien d'autres avant lui.
Les années passent, Louis grandit. Ses traits s'affinent, sortant progressivement de l'enfance. Il finit par trouver un entourage d'amis et connaissances, faisant fit de ceux voulant faire des remarques sur l'appareil qui ornait son oreille ou ceux s'amusant à en tester les limites avec des bruits plus ou moins acceptables. Il vécut également de nombreuses premières fois, comme son premier baiser. Qui ne fut pas échangé comme il l'aurait si souvent pensé avec la fille de ses rêves... mais avec nul autre que le frère de son meilleur ami.
Il vit ainsi de relations en relations, comme tout adolescent ordinaire. À la seule différence qu'il ne pouvait pas les révéler
toutes. Et que beaucoup d'entre elles se finissent en disputes bien trop nombreuses et en incompréhensions. Une chose était sûre, ses aventures avec les garçons, Louis les gardaient bien secrètes. Il se chercha d'ailleurs pendant plusieurs mois, se questionnant sur ce dont il avait réellement envie ou non. Il ne pouvait pas nier que les filles étaient tout aussi belles.
C'est pour cela qu'il ne sembla pas si déçu, lorsque son père lui annonce qu'il allait être fiancé à Orphea Sinclair. Avoir été n'importe qui d'autre, une inconnu surtout, l'aurait fait se sentir aussi bien qu'après avoir plongé dans un lac d'eau gelé. Mais Orphea était une bonne personne, non ? Il avait toujours eu une bonne opinion d'elle, tandis qu'ils fréquentaient les mêmes classes depuis leur dixième année. Ce qui fut plus dur pour lui fut de se résigner à déménager pour la suivre... L'Angleterre. Quel drôle de pays pluvieux. Rien ne pouvait contraster plus avec sa Côte d'Azure natale. N'étant pas du genre à se laisser aller, Louis se dit que deux ans passent assez vite dans la vie d'un homme et qu'il a l'occasion de découvrir un tout nouvel environnement : Poudlard.