Keep calm and have a drink ♦ Remeda

Travailler dans un bar est encore nouveau pour Andromeda, mais elle y prend goût. Il y a les heures pleines où le Black Dog est bondé, si bruyant qu'elle relativise presque le boucan que faisait sa fille lorsqu'elle avait mal aux dents, et où les clients sont si nombreux que sa principale mission est de retenir les commandes de tout le monde. Les bons jours, c'est distrayant sans trop lui prendre la tête : les beaux parleurs qui tentent d'obtenir un verre plus rempli ou un cocktail plus chargé ne sont pas si pénibles, les grands bavards qui se plaignent sans cesse de leur vie sont faciles à gérer – acquiescer de temps à autre et sourire en réponse à un sourire est généralement bien suffisant pour ne pas avoir à s'infliger une demi-heure de monologue autocentré –, et même l'égocentrique qui râle parce qu'il a dû répéter trois fois sa commande pour se faire entendre n'est pas si imbuvable que ça. D'autres journées sont plus compliquées, avec les ivrognes qui refusent d'entendre que le bar va fermer, les voyous qui se pensent discrets lorsqu'ils se remplissent un verre de bière dans son dos alors qu'ils ricanent et en foutent souvent partout, et puis les lourds qui ne comprennent apparemment pas le sens du mot mariée.

Et puis il y a les heures creuses, celles où le bar est désert et où elle se retrouve à nettoyer le comptoir recouvert d'alcool et de sucre, laver les verres ou ramasser ceux qui ont été brisés, déterminer les bouteilles qu'elle devra récupérer dans la réserve. C'est moins distrayant mais c'est plus reposant, surtout lorsqu'il n'y a vraiment personne et qu'elle peut se permettre de se faciliter la vie d'un ou deux coups de baguette. Aujourd'hui ce n'est pas le cas : lorsque la brune se décide à mettre un peu d'ordre derrière le comptoir, ils sont deux clients dans le bar, installés à une table, sirotant leur troisième bières sans pour autant être dérangeants. Alors c'est comme une moldue qu'elle nettoie avec un chiffon imbibé de produit le comptoir – une nécessité car un idiot a renversé sa bière un peu plus tôt et qu'elle s'était contentée d'absorber le désastre avec de l'essuie-tout. La porte s'ouvre alors, laissant apparaître un visage connu qui la fait sourire. « Salut ! » Elle salue gaiment Remus, réalisant qu'elle le voit assez peu ces derniers temps. « Tu viens chercher Sirius ? » qu'elle terminant de nettoyer le plan de travail, balançant ensuite le chiffon sale dans la corbeille à cet effet. « Il est pas encore là, il s'est mis en tête de marchander avec un de nos fournisseurs... Ça peut prendre du temps, » résume-t-elle, doutant que Remus ait envie de connaître le pourquoi du comment quand il sait déjà tout ce qu'il y a à savoir dans cette histoire : le Black est têtu, et lui retirer une idée qu'il a en tête est bien difficile. Alors sa cousine l'a laissée faire, espérant seulement qu'il aura la diplomatie de n'insulter personne – sinon il devra avoir le talent de leur trouver un nouveau fournisseur, voilà tout. « Je te sers quelque chose, en attendant ? » qu'elle propose, sourire aux lèvres, contente de le voir car ça fait longtemps qu'ils n'ont pas discuté finalement. Nettoyeurs tous les deux, ils ont parfois des missions ensemble, mais ça leur laisse assez peu l'occasion de bavasser. Les deux clients semblent absorbés par leur discussion et ne sont pas à côté du comptoir, leur laissant l'occasion de converser un peu en attendant le retour du sang-pur.

C'est lorsque le compagnon de son cousin passe la porte du Black Dog qu'Andromeda se rend compte qu'ils n'ont pas eu de vraies discussions depuis ce qui lui semble être une éternité. Ils se sont vus, certes, au cours de quelques missions de nettoyage au nom de l'Ordre, mais ces situations ne prêtaient pas vraiment à une conversation sereine et posée. Cela fait donc un moment qu'elle n'a pas eu de ses nouvelles autrement que par Sirius, et le voir passer la porte du bar dans sa tenue d'auror lui rappelle que les choses ont bien changé depuis le début de leur relation. Aujourd'hui, les deux Gryffondors sont adultes, ils ont un métier, une vie qu'ils essaient de construire aux côtés des personnes qui comptent pour eux. Ils ont bien grandi. « Salut ! Non juste boire un verre et le voir un peu mais il n'est pas là, n'est-ce pas ? » Elle secoue la tête négativement, lui confirmant l'absence de son cousin parti négocier avec un de leurs fournisseurs, un récit qui fait rire doucement Remus. Andromeda comme lui savent que cela peut durer un moment – on fait difficilement plus tête de mule, même s'il paraît que c'est de famille et que sa petite cousine, du haut de ses sept années, en a déjà hérité. Sirius ne risquant pas de revenir tout de suite, autant que son cher et tendre boive un verre tant que le bar n'est pas trop rempli – ils auront même l'occasion de discuter un peu. « Une bieraubeurre bien fraîche si tu as ! » « Je te sers ça ! » Elle se retourne pour attraper un verre, le laissant prendre place pendant qu'elle remplit de la liquide rafraichissant boisson ambrée. « Journée tranquille mh ? Ca fait du bien de temps en temps. » « Absolument, » confirme-t-elle avec un hochement de tête. Il faut bien des périodes creuses pour compenser les rushs où la Tonks a l'impression qu'il lui faudrait se dédoubler pour parfaitement satisfaire tout le monde. Entre les clients qui râlent à propos de tout et de rien – le remplissage de leurs verres, le dosage de l'alcool, la durée du service –, ceux qui ne font que parler – d'eux et uniquement d'eux et de leurs petits problèmes, bien sûr – et ceux qui la draguent malgré la bague à sa main gauche... Oui, il lui faut des pauses, c'est ce qui lui permet de ne pas exploser.

Elle s'apprête à lui demander ce qui l'amène boire un verre ici si ce n'est la présence supposée de Sirius, mais il la devance et parle avant même qu'elle ait pu ouvrir la bouche. « Je devais être de repos mais un des frères Lestrange aurait été vu à Londres alors, tous les aurors ont été appelés pour venir aider. C'était une fausse alerte, heureusement... J'aurais cependant aimé que ma journée soit vraiment reposante. » Elle grimace face à son constat – il semble en avoir besoin, indéniablement. « Je comprends oui. » Ses traits sont tirés et elle doute que ce soit uniquement à cause de Sirius qui doit lui en faire voir de toutes les couleurs parfois. Remus a tout l'air d'un jeune Auror qui a enchaîné les heures sans s'arrêter pendant trop longtemps et aurait bien besoin d'une pause. « Ça se passe bien sinon, tes débuts d'auror ? » Ou plutôt ses débuts d'auror officiels, maintenant qu'il n'est plus apprenti. Il n'a que dix-neuf ans, elle imagine que ça ne doit pas être facile comme métier, loin de là même. Mais comme souvent, elle ne peut pas s'empêcher de s'inquiéter un peu pour ses proches et par extension ceux de Sirius. « Si quelque chose te travaille, tu peux m'en parler. Je peux même ne rien dire à Sirius si c'est ce que tu souhaites. » Elle le précise pour qu'il ne se sente pas piégé malgré le fait qu'il soit face à sa cousine – elle sait garder des secrets malgré leur proximité. « S'il y a une chose que ces quelques semaines comme barmaid m'ont apprise, c'est qu'il n'y a rien de mieux pour délier les langues qu'un verre et une bonne compagnie. » Et en toute modestie, Andromeda estime être une très bonne compagnie.

Il paraît soudainement loin, le temps où Sirius n'allait dans les bars que pour boire jusqu'à plus soif quitte à ne plus se souvenir de sa soirée au réveil. Aujourd'hui, le jeune Black n'a pas cessé de s'enivrer lorsque le cœur l'en dit, mais il est avant tout le patron d'un bar qu'il essaie de faire fonctionner au mieux. Andromeda l'y aide comme elle peut, s'occupant de l'aspect financier, vérifiant les comptes et l'état de la réserve, se rendant utile malgré son manque de qualification officiellement. Elle veut voir le projet de son cousin prendre racine et fleurir, s'assurant d'être un soutien pour lui comme il l'a été pour elle lorsque le Conseil des Purs l'a mise à la porte. S'il n'aime pas particulièrement les chiffres, Sirius est sans surprise bien plus à l'aise pour les négociations et les charmants sourires. Alors il se rend chez les fournisseurs lui-même et, têtu comme peu de gens le sont, les tanne pour obtenir ce qu'il souhaite – un rabais ou quelques bouteilles supplémentaires selon les jours. Et c'est encore le cas aujourd'hui, alors que son cher et tendre pousse la porte du bar pour le voir et boire un coup. Le premier n'est pas possible, mais la Tonks s'assure que le second le soit en lui servant une bieraubeurre bien fraîche.

Lorsqu'elle le voit s'allumer une cigarette, Andromeda hésite un peu mais la première bouffée de fumée qu'elle voit s'envoler suffit à la faire craquer. « Je peux t'en piquer une ? » qu'elle demande avec un sourire. D'habitude, elle garde un paquet dans un coin derrière le comptoir au cas où elle ait besoin de s'en griller une pendant sa pause pour se détendre. Mais elle l'a fini il y a quelques jours et n'est pas retournée en acheter depuis. Elle sait que Ted n'aime pas trop ça mais elle ne fume pas souvent et ne le fait jamais chez eux, surtout pour leur fille. Et puis elle parvient sans trop de mal à résister à la tentation lorsqu'elle est seule – bien moins lorsque son interlocuteur a une clope au bec, elle doit le reconnaître. Elle profite qu'il n'y ait pas trop de monde pour prendre de ses nouvelles, réalisant que ça fait bien longtemps qu'ils n'ont pas pu discuter si calmement. Tout jeune auror, Remus doit sans doute avoir plein de choses à raconter. « C'est beaucoup de travail, beaucoup de pression mais je crois pouvoir dire que je suis vraiment fait pour cela ! » La brune sourit face à ses yeux qui pétillent. Elle peut voir à quel point son métier l'anime et c'est une très bonne chose, d'autant plus qu'il a beaucoup travaillé pour en arriver là. « Ça j'en suis convaincue, » assure-t-elle d'une voix confiante. Il a toujours voulu défendre les autres, de toute façon. Elle n'oubliera jamais qu'à l'époque de Poudlard, il a fait partie, aux côtés des autres Maraudeurs, des rares élèves se rangeant du côté de Ted et le défendant face à ses harceleurs. Alors aujourd'hui, elle n'est pas surprise qu'il se plaise en tant qu'auror malgré le stress que ça implique. Pourtant, elle voit bien que quelque chose le travaille, se proposant d'être une oreille attentive et même de ne pas toucher un mot de ce qu'elle entendra à Sirius si c'est ce qu'il souhaite. « Ho je crois que Sirius sait ce qui me travaille mais on en parle pas... On ne vit pas la fin de la guerre de la même façon. Je pense beaucoup à Harry, à Peter et au pardon que je pourrais lui accorder. » La Tonks esquisse une moue compatissante, hochant légèrement la tête. Elle sait combien ils ont été affectés par la mort de Harry et par la trahison de Peter. Elle n'ose même pas imaginer combien voir un membre de leur groupe leur tourner le dos et lever sa baguette contre eux a pu être douloureux. « Vous ne l'avez pas revu depuis ? » Elle doute que son cousin soit très partisan d'un pardon à accorder à un traître, mais peut-être qu'avant toute chose le plus judicieux serait de discuter avec Peter dont elle n'a pas entendu parler depuis un moment.

« Ce serait mieux si tu te servais un verre non ? Et si on trinquait à ta fabuleuse compagnie ? » La remarque lui arrache un petit rire. « Tu as raison. » Et aussitôt dit aussitôt fait : la voilà qui se sert une bieraubeurre pour entrechoquer doucement leurs verres. « Je me dis parfois que ce que vous avons vécu n'est pas réel. La guerre mais aussi le voyage dans le temps... Tout ce que nous avons appris sur ce futur qui n'aura jamais lieu. » La brune hoche la tête, prenant le temps de boire une première gorgée avant de répondre. « C'est vrai que ça a l'air fou... Mais ça prouve aussi que nous construisons notre propre destin. » Et ça c'est une idée chère à son cœur, après tout c'est dans cette perspective qu'elle a tout abandonné en quittant les Black : construire sa propre vie, son propre avenir, loin des principes à vomir de la famille dans laquelle elle est née. « Et puis je crois que je te préfère avec Sirius qu'avec ma fille, » ajoute-t-elle avec un léger rire dans la voix, pour détendre un peu l'atmosphère. Le malaise qu'a impliqué cette révélation est à ses yeux de l'histoire ancienne, après tout ce n'est pas leur vie, ce n'est pas vraiment eux. Et elle n'a jamais vu Sirius aussi heureux qu'en couple avec Remus alors pour rien au monde elle ne voudrait que ça change. « Comment tu vas toi ? Et Ted ainsi que la petite ? » « Je vais bien. Être à Poudlard me manque un peu, mais c'est pas si mal de bosser dans un bar, » affirme-t-elle avec un sourire. Surtout avec Sirius comme patron – elle aurait sans doute beaucoup moins apprécié l'expérience ailleurs qu'au Black Dog. « Ted va bien aussi. Et Nymphadora est fidèle à elle-même. Elle court toujours partout, elle mange trop de bonbons et elle parle à ses peluches. Elle veut apprendre à maîtriser son don, alors on lui a acheté un miroir pour qu'elle puisse s'exercer en dehors de la salle de bain. Je crois que je n'ai jamais rien vu de plus adorable que sa petite tête lorsqu'elle essaie de changer la couleur de ses yeux. » Ce qu'elle peut être fière de sa petite métamorphomage.

Profiter d'un moment de répit est toujours agréable lorsqu'on travaille dans un bar bondé, Andromeda ne le niera pas. Et le fait de s'accorder cette pause en compagnie de Remus qu'elle a l'impression de ne pas avoir vu depuis une éternité, en tout cas pas dans un contexte aussi tranquille, leur permet de discuter un peu sans se soucier des oreilles indiscrètes. Le peu de clients qui se trouvent actuellement au Black Dog sont loin et trop occupés pour se soucier de ce qu'il se passe au comptoir, à moins que leurs verres soient vides – et la barmaid s'est assurée qu'ils ne le soient pas. Une fois leurs deux bièraubeurres servies, le jeune Auror s'allume une cigarette et cela suffit pour donner envie à Andromeda de faire de même. Si elle n'en fume qu'une seule ce n'est pas si grave, pas vrai ? Elle se convainc en tout cas que non, l'odeur dégagée par celle de Remus jouant le rôle de vile tentation face à laquelle elle ne résiste pas longtemps avant de lui en demander une. « Oui bien-sûr ! Garde le même, j'en ai un second. » Elle sourit, récupérant alors le paquet proposé. « Merci, c'est gentil. » Elle ne devrait sans doute pas l'accepter, après tout Ted lui dirait que c'est une bonne chose qu'elle n'en ait pas encore racheté un à planquer derrière le comptoir, mais ce n'est pas comme si elle fumait si souvent que ça. Elle fume quand elle a besoin de se détendre, quand les clients sont cons ou que sa journée est mauvaise – c'est loin d'être le cas tous les jours. « Repasse au bar la semaine prochaine, je t'en rendrai un, » lui assure-t-elle avec un nouveau sourire tout en récupérant une cigarette du paquet avant de glisser ce dernier dans sa planque habituelle. C'est simplement le temps qu'elle passe dans un tabac pour ne plus avoir à en piquer par-ci par-là.

D'un discret claquement de doigt, la brune allume la cigarette d'un léger Incendio – c'est un des sortilèges informulés qu'elle maîtrise le mieux, sans surprise – avant de la porter à ses lèvres. Sa première taffe prise, elle prend des nouvelles de Remus qui semble bien fatigué.  Il lui parle de son métier d'Auror qui rime avec beaucoup de pression même s'il lui plaît. De Peter et du pardon qu'il hésite à lui accorder, ce à quoi doit sûrement s'opposer Sirius – elle n'a pas besoin d'en avoir discuté avec lui pour s'en douter, le connaissant bien. De la fin de la guerre et du voyage dans le temps qui a conduit Harry parmi eux, mais surtout des révélations que ce dernier leur a fait. Il leur a parlé d'un futur qui n'aura jamais lieu parce que le destin ne dépend pas du ciel mais des personnes qui le façonnent par leurs choix, Andromeda en est convaincue. « Et le nôtre a changé. Cela doit continuer pour chacun, je ne veux pas garder mes rancunes contre Peter. » Elle hoche la tête. « C'est ton droit. Ce n'est pas parce que Sirius et toi vous aimez que vous êtes obligés d'être d'accord sur tout. Et tant que tu es prudent, il n'a pas le droit de t'empêcher d'aller le voir. » Même s'il ne le prendra sans doute pas très bien, en toute honnêteté. Pour détendre un peu l'atmosphère à propos de ce drôle d'avenir qu'Harry leur a décrit, la Tonks plaisante sur le fait qu'elle préfère qu'il soit l'amour de son cousin plutôt que celui de sa fille, ayant bien compris que de telles révélations l'avaient mis très mal à l'aise. Elle peut le comprendre, n'ayant pas non plus accueilli avec un grand sourire de telles révélations – sa fille a actuellement sept ans, soit plus de dix années de moins que Remus, l'idée lui a donc pour ainsi dire retourner l'estomac. À cette pensée, elle prend une nouvelle taffe. « Oui moi aussi... J'avoue avoir été mal à l'aise de découvrir une telle chose. Harry ne nous a rien caché sur nos avenirs. » La brune approuve avec une légère grimace. « Non, c'est sûr. Je crois qu'il ne pensait pas à mal, il voulait juste être parfaitement honnêtes avec nous. » Quitte à les embarrasser un peu en parlant de couples qui ne se formeront jamais et de personnes ayant malheureusement perdu la vie. Mais là encore, Andromeda est convaincue que rien n'est immuable ni forgé dans le marbre.

L'arrivée du Conseil des Purs à Poudlard en est malheureusement une autre preuve car Harry ne leur a jamais mentionné une telle tragédie. « Ce n'est qu'une question de temps avant que le Conseil ne perde sa place et que tu retrouves la tienne. Tu étais une excellente professeur... » Le compliment lui arrache un sourire. « C'est gentil merci. » Pour sûr, ces mots ne sont pas tombés dans l'oreille d'une sourde et si Andromeda n'est pas du genre à rougir, ses chevilles viennent indéniablement de gonfler. « J'espère que tu as raison. Je ne veux pas que Nymphadora fasse sa scolarité dans une école dirigée de cette façon. » Si leur fille fait déjà preuve de magie, elle est encore loin de son onzième anniversaire qui lui permettra d'intégrer une école de sorcellerie. D'ici-là, les choses auront changé et Poudlard sera redevenu comme avant, la Tonks veut ardemment y croire. « C'est incroyable qu'elle ait ce don... Vous savez d'où ça vient ? » Elle secoue la tête de droite à gauche tout en soufflant la fumée de cigarette vers le plafond du bar. « Non. Ni les spécialistes ni les livres sur le sujet n'ont su nous dire si ça venait d'un de nos ancêtres, si c'était dû à son sang mêlé ou à Merlin sait quelle raison. Apparemment, l'origine de la métamorphomagie est un des grands mystères de notre monde. » Elle, elle aime croire que c'est le renouveau du sang des Black qui coule dans ses veines avec le sang de né-moldu de son époux qui a permis ce petit miracle, mais elle est sûrement biaisée par ses idéaux. « Elle y arrivera... Avec le talent que vous avez et votre acharnement, elle sera bientôt capable de prendre l'apparence de qui elle veut ! » « Va savoir les farces qu'elle nous fera lorsque ce sera le cas, » renchérit la brune avec un léger rire. Entre l'influence de Charles le roi des farces et de Sirius qui n'est pas le dernier pour jouer les plaisantins, Nymphadora ne manque pas de modèle pour faire tourner en bourrique ses parents si elle le souhaite. Mais pour l'instant elle est trop occupée à s'entraîner à utiliser son don et à manger des bonbons pour leur mener la vie dure – Andromeda croise les doigts en ce qui concerne son adolescence qui lui semble de toute façon très loin. « Et Ted qu'est-ce qu'il fait ? Toujours infirmier ? » « En quelque sorte. Il continue de soigner des gens, même si ce ne sont plus les élèves de Poudlard. C'est ce qu'il a toujours aimé faire, il est fait pour ça. » Elle en est en tout cas convaincue. Son mari a toujours eu ce côté altruiste et bienveillant qu'elle admire. Si elle ne se considère pas comme égoïste, elle sait cependant qu'elle n'aura jamais sa dévotion ni sa patience. La violence et la colère ne semblent pas faire partie de lui, au contraire de celle qui, née avec le nom des Black, se sait obligée de réfréner ces aspects les plus sombres de sa personnalité. Ted n'est pas comme ça : il est doux, il est aimant, il est né pour faire le bien. Il est celui qui répare un objet brisé au lieu de s'énerver qu'il soit tombé par terre – Andromeda, elle, le répare après avoir crié contre Merlin.

Avec un léger soupir, la brune s'accoude et porte la cigarette à ses lèvres. « J'ai l'impression que tout revient doucement à la normale... Après tout ce qu'on a traversé, ça fait du bien, » murmure-t-elle après avoir recraché la fumée à côté d'eux, une certaine sérénité apaisant ses traits alors qu'elle en observe les volutes. « Je sais qu'on n'a pas fini bien sûr, qu'il faut encore retrouver ceux qui sont dans la nature, mais ne plus craindre pour Nymphadora quand on sort c'est... On en a longtemps rêvé. » Et à la fin du mois, ce sera accompagnés de votre charmante enfant que Ted et toi irez célébrer Samain sur la Place Divine.