Echappée belle || Rodux

La missive était arrivée un peu plus tôt dans la journée. C'était toujours ainsi : estampillée avec le sceau du Ministère, Lux était cependant capable de deviner l'écriture de sa tante. Cela arrivait quelque fois : assez rarement, cependant, pour ne pas éveiller les soupçons. Elle avait déjà été contactée par sa tante pour l'aider - des missions secrètes sur lesquelles Lux ne posait aucune question. Elle se contentait de faire ce que sa tante lui demander : parfois d'aller trouver des ingrédients au marché noir, parfois de concocter une potion, parfois de loger quelqu'un puis d'en prendre soin.
Aujourd'hui la demande était pour le moins simple, accompagnée de l'argent pour payer une chambre dans l'Hôtel d'Aléa. Histoire de pas poser problème, de ne pas avoir de question. La personne à loger - dont le nom restait un mystère - devait arriver à la nuit tombée. Je tiens la réception ce soir, je sais que tu dois voir tes amis. Assura-t-elle alors à Aléa quand la question se posa et qu'elle la mise au courant de cette nouvelle réception.

A la nuit tombée, elle attendit simplement, assise derrière le bureau de la réception. Elle avait une vue parfaite sur l'entrée de l'hôtel. Ce dernier était assez mignon, excentré bien que assez proche de Londres pour que n'importe qui puisse prendre un peu de temps au vert. Lux s'assura que la chambre désignée comme celle de l'inconnu soit prête - elle se trouvait au dernier étage, éloignée des autres et proche de celle des employés. Lux dormait parfois à l'hôtel, surtout quand elle enchainait les moments d'accueil. En général, l'accueil fermait une fois la nuit tombée - et tous les clients du jour accueillis. Les autres étant bien là, il ne restait que l'inconnu.
Alors Lux attendit, lisant derrière le comptoir, les contes fantastiques. Elle aimait ces moments de silence et de calme - où personne ne venait l'embêter pour des demandes stupides. Cela était passé, la plupart des clients étaient dehors pour diner ou dans leurs chambres. Ils n'avaient pas besoin d'elle, ce qui lui laisserait le temps d'installer le nouveau venu comme l'avait demandé sa tante.

Quand la porte s'ouvrit, elle se redressa, découvrant devant elle un homme au teint blafard mais aux traits agréables et à la beauté si hypnotique qu'elle resta un moment interdite. Avant de se souvenir de ce qu'elle devait faire. Bonsoir, bienvenue. dit-elle alors, se forçant à déglutir. Je vous attendais. Connaissez-vous déjà notre établissement ? continua-t-elle, comme s'il s'agissait d'un client comme les autres - tout en sachant que ce n'était pas le cas.

Voilà deux jours que tu te caches chez ta tante, bénéficiant de ses soins et de ses bons petits plats ainsi que d'un bon lit dans lequel tu t'es effondré sans attendre dès le soir même où tu t'es rendu chez elle pour recevoir des soins. Tu aurais aimé ne pas rester certes mais tu as déliré toute la journée du lendemain dû à la fatigue, à la blessure et à la perte de ton sang qui a bien failli t'envoyer dans un autre monde pendant quelques heures. Mais finalement tu t'es réveillé et tu parviens à tenir debout, sans que ça soit exceptionnel malgré tout car tu as toutes les peines du monde à marcher correctement sans sentir ton corps trembler. Alors tu t'es reposé et tu as mangé, c'est que tu n'avais pas vraiment le choix car Euphémia sait se montrer convaincante quand elle le veut. Puis la veille elle est venue dans la chambre pour t'informer d'une solution temporaire trouvée par Aloysia, une chambre tranquille dans un hôtel à l'extérieur du Londres Magique, en bref quelque chose d'idéal où personne ne viendra te chercher. Et tu as accepté, ne pouvant tolérer de faire prendre des risques à ton oncle et à ta tante plus longtemps encore, surtout que tu vois bien comme ça coûte à Fleamont de t'avoir sous son toit, tu ne vas pas abuser de leur hospitalité. Ainsi ton sac de vêtements propres sous le bras, tu as transplané avec Fleamont une fois le soir venu et la lune haute dans le ciel. Tu as remercié ton oncle plusieurs fois et dans un dernier élan, il t'a demandé d'être prudent. Puis dans un dernier bruit discret il a disparu et tu t'es traîné jusqu'à l'hôtel non sans regarder plusieurs fois derrière toi. Avant d'entrer tu as ôté ta capuche car arriver avec le visage couvert ne va pas tranquilliser la personne qui est à l'accueil n'est-ce pas ?

L'endroit est calme et tranquille quand tu poses le pied dans le hall, assez pour te demander si il n'est pas abandonné mais en voyant le feu de cheminée qui brûle dans un petit salon emménagé, ça t'a rassuré. Tu es au bon endroit. « Bonsoir. Non pas vraiment... Je crois que j'ai une réservation au nom de... » Tu fronces les sourcils avant de chercher dans la poche de ta cape de sorcier, une lettre d'Aloysia pour expliquer la situation. Au cas où tu sois obligé de te justifier devant le ou la réceptionniste. Tu la poses sur le comptoir non sans la faire glisser vers elle. En espérant qu'elle ne pose pas plus de question que cela et surtout, qu'elle ne se demande pas qui tu es réellement. Malgré la demande de la ministre de la magie, tu sais qu'avoir un mage noir entre les murs d'un hôtel change la donne surtout quand le ministère propose de l'argent en échange d'informations vous concernant. « C'est un endroit sûr ? » C'est à dire loin des regards indiscret et de ceux qui pourraient poser des questions. Loin des aurors car avec ta jambe tu as vraiment besoin de t'arrêter quelques jours pour souffler et juste te reposer.
 

Il semblait inquiet et fatigué - elle ignorait tout de l'histoire, du moins outre la demande de sa tante d'offrir une chambre au sorcier pour quelques jours. Elle supposait qu'il avait des casseroles à trainer, ou des raisons pour devoir se cacher. Après des années de guerre, cela pouvait être pour des raisons si variées que Lux ne voulait pas même poser la question. Elle s'arrêta cependant sur l'idée que le sorcier en question n'était pas un enfant de choeur - c'était au moins sa première certitude. Bonsoir. Non pas vraiment... Je crois que j'ai une réservation au nom de... Arquant un sourcil elle le vit chercher ses mots avant de faire de même avec une lettre qu'il sortit de sa poche pour la faire glisser vers elle.
Pourtant, elle ne lui avait rien dit. Il était déboussolé, elle s'en rendit compte et sentit sa part de compassion prendre le dessus sur sa moquerie naturelle. Elle prit la lettre, l'ouvrit une seconde pour deviner l'écriture de sa tante. Elle ne la lit pas - elle savait très bien ce qu'elle contenait et de toute façon elle avait une confiance et une loyauté aveugle envers Aloysia. Elle n'irait pas demander plus de preuves encore. Elle savait très bien que le sorcier était celui que sa tante lui envoyait - à cette heure-là il ne pouvait pas en être autrement. C'est un endroit sûr ? A vous de me le dire. Répondit-elle quand même, un sourire moqueur sur les lèvres - parce qu'en fin de compte elle ne pouvait pas s'en empêcher. La personne la plus inquiétante ici c'est vous après tout. Termina-t-elle avec un clin d'oeil avant de prendre la clé de la chambre, de contourner la banque d'accueil puis de donner un coup de baguette vers la porte de l'Auberge pour la fermer et faire tourner la pancarte ouverte vers fermée.

Suivez-moi, je vous montre votre chambre. Dit-elle avant de passer devant lui pour ouvrir l'ascenseur. Elle pourrait monter les trois étages - mais sa jambe la faisait clopiner stupidement dans l'escalier et elle ne voulait pas avoir l'air stupide. C'était mieux ainsi. Vous avez l'air d'avoir besoin de repos. Et d'un bon repas peut être. On a des petites cuisines ici. Si vous voulez je vous laisse déposer vos affaires puis vous pourrez m'y rejoindre pour manger quelque chose ? Proposa-t-elle, bien que cela n'était pas explicitement demandé par sa tante. Bien qu'elle ait demandé à ce que le sorcier soit prit en charge et caché. Au fait, je m'appelle Lux. Je suis pas sûre qu'Aloysia l'ait écrit dans sa lettre. L'ascenseur s'ouvrit et ils en sortirent pour qu'elle l'amène à deux portes de là qu'elle ouvrit pour le laisser passer en premier découvrir la petite chambre. Il n'y a que vous à cet étage - pour plus de discrétion. Et moi aussi, quand je suis de garde je dors dans la chambre d'en face. Comme ce soir. Que vous le sachiez.

Tu as toutes les peines du monde à avancer convenablement sans doute car chaque mouvement t'arrache une grimace de douleur. Ta jambe te fait souffrir mais plus encore, c'est la fatigue qui ne te lâche plus. Tu es épuisé et tu as vraiment besoin de dormir, de trouver un coin tranquille pour tomber dans tes songes sans craindre qu'un auror ou un Tireur ne te tombe dessus pour t'empêcher de fermer l’œil une heure. Tu n'es pas innocent de tout ce dont on t'accuse, ce n'est pas cela qui t'agace mais la fatigue te rendrait boudeur et grognon. Et surtout bien peu représentatif de la grandeur des Lestrange avec ta petite mine et ton corps voûté quand tu te déplaces. On dirait un petit vieux... Pire, on dirait ton grand-père. La remarque de la demoiselle te souffle pendant une seconde avant qu'un fin sourire naisse sur le coin de ta bouche. Sait-elle ? Aucune idée, en tout cas elle ne te regarde pas comme un monstre mais bien comme quelqu'un de normal, presque un homme comme tout le monde et tu dois avouer que ça te fait du bien d'être regardé comme ça pour la première fois depuis des semaines, voire des mois. « Pas faux. » Tu es bien la personne la plus dangereuse de cet hôtel sans doute, sauf si Bella dort à l'étage ou si Voldemort est de retour et se prélasse dans une des chambres du premier. Auquel cas tu prendras la fuite, encore.

L'hôtel est fermé par magie alors que tu finis par suivre la jolie réceptionniste, tu te rends compte qu'elle est bien plus petite que toi et plus menue que tu ne l'aurais imaginé. Du genre petit poussin adorable à la langue piquante. « Oui, je peux faire ça. Un repas ne sera pas de refus, merci. » Dis-tu une nouvelle fois et quand elle se présente, tu hésites à en faire de même pendant un temps. Parce que malgré tout ta tête est placardée dans tout Londres et qu'elle doit déjà savoir qui tu es sinon... Sinon elle sort peut-être d'une grotte et ça expliquerait qu'elle te regarde comme un être humain. « Rodolphus mais Rod' ou Rodo me convient. » Parfois tu uses de ton second prénom pour ne pas te faire reconnaître mais là on voit ton visage alors autant dire que ça ne sert à rien de jouer à l'anonyme. Et elle finira bien par savoir qui elle cache en ces murs. « Non, Aloysia n'a rien dit. C'est votre hôtel ? » Sacré beau bijou, c'est la première idée qui te vient quand vous sortez de l’ascenseur et que l'endroit t'apparaît à la fois bien décoré et assez luxueux, plus que tu ne le mérites. Bien vite tu es installé dans une chambre petite mais confortable comportant un lit deux places, une armoire et un bureau pour travailler ou écrire des lettres. Il y a même des parchemins et une plume à papote. « Je crois que j'ai oublié ce que c'était de dormir dans un véritable lit. » Dis-tu en posant ton baluchon par terre, non loin du bureau et en sortant ta baguette pour lancer un sortilège afin que tes affaires se rangent dans l'armoire.

« Donc vous êtes toute proche si j'ai besoin de vous ? » La demande s'accompagne d'un sourire en coin que tu voudrais rendre charmeur mais qui te semble plus pathétique qu'autre chose. Depuis combien de temps n'as-tu pas fait de charme à quelqu'un ? « Vous savez si il y a la possibilité d'acheter des choses afin de se les faire livrer ici ? J'aurais besoin de vêtements, de potions et d'ustensiles pour ma baguette. » Dis-tu en désignant ta baguette en bois de micocoulier qui a bien souffert ces derniers mois.
 

Elle tâchait d'être la plus professionnelle qui soit - ce qui ne l'empêchait pas d'être parfaitement elle-même. Bien qu'elle soit bien éduquée, capable de tenir une conversation sans hausser le ton, puis de pas faire preuve d'indiscrétion, elle n'était pas non plus un de ces robots moldus qui oubliaient la réalité des sentiments. Lux était un être lumineux, sarcastique et moqueur. Elle était une enfant dans un corps d'adulte, refusant d'accepter le fait de grandir et de devoir agir sérieusement constamment. Ce n'était pas dans son tempérament et elle n'avait pas désir à lutter contre ce fait.
Alors elle parlait avec cette franchise délicieuse, ce sourire en biais et ce désir de voir l'autre perdre de sa sévérité pour rire sous cape. Ce qui ne cessa de fonctionner, la rendant bien joyeuse. Rodolphus mais Rod' ou Rodo me convient. Ca vous plaisait moins Phus ou Phuphu ? demanda-t-elle, notant cependant d'adopter rapidement le surnom pour le bellâtre. Après tout, elle ignorait pour combien de temps il se trouverait ici, mais le paiement du Ministère avait déjà été assez généreux. Une bonne semaine ou deux, payées d'avance. Ils auront tout le temps du monde pour devenir familiers l'un avec l'autre.

Non, Aloysia n'a rien dit. C'est votre hôtel ? Elle regarda la chambre autour d'eux - ça aurait pu être son hôtel mais alors la décoration aurait été moins classique pour être plus délurée. Non, j'y travaille seulement. Admit elle facilement. Cela étant, pour les autres employés, il était un client demandant la discrétion - simplement - et qui n'aimera pas être dérangé, même pour le coup de ménage magique une fois par jour. Je crois que j'ai oublié ce que c'était de dormir dans un véritable lit. Fronçant les sourcils elle trouva la déclaration bien étrange. S'il ne dormait pas dans un lit, alors il devait être un genre de vagabond qui préférait les granges ou le sol rude des forêts. Peut être appréciera-t-il aussi la douceur de la salle de bain - qu'elle ne tarda pas à lui montrer en ouvrant une des portes - La salle de bain, aussi. déclara-t-elle comme si elle espérait qu'il se mette à applaudir à la nouvelle.

Elle l'avisa de sa présence de l'autre côté du couloir aussi - juste au cas où parce qu'il allait de sa mission d'être présente au besoin. Donc vous êtes toute proche si j'ai besoin de vous ? Elle sourit en biais, répondant au ton charmeur employé par le sorcier et qui ne passa pas inaperçu aux oreilles de la jeune femme. Uniquement en cas d'urgence. Avisa-t-elle bien qu'elle lui offrit une oeillade complice et un clin d'oeil. Riant doucement, elle se posta là - comme elle attendait qu'il découvre les lieux puis qu'il la congédie. Ce qu'il ne fit pas. Vous savez si il y a la possibilité d'acheter des choses afin de se les faire livrer ici ? J'aurais besoin de vêtements, de potions et d'ustensiles pour ma baguette. Elle réfléchit un moment, supposant que la discrétion demandée devait passer aussi par le fait que personne ne sache qu'il était ici. Hm. Faites moi une liste, vous avez du parchemin pour cela. Et j'irai faire vos courses, ce sera encore le plus discret. Après tout, elle avait tous les droits - pour sa part - d'être à la lumière du jour. Ca ne me dérange pas et ça sera encore le plus discret. Si personne ne doit savoir que vous êtes ici - enfin, autant éviter le va et vient des chouettes. Continua-t-elle sur le même ton. Vous avez besoin d'autres choses ?

Nouvelle pique qui manque pas de t'arracher un petit rire qui monte dans ta gorge. Depuis combien de temps tu n'as pas laissé le rire franchir la barrière de tes lèvres ? Trop longtemps, tu t'en rends compte maintenant mais il n'y avait pas matière à rire en étant mangemort, au mieux il te fallait garder un visage neutre et te faire oublier la plupart du temps. Mais les taquineries personne n'aurait osé ou du moins pas comme elle te le dit. Un surnom aussi ridicule t'aurait vexé mais voilà que tu prends les choses d'une manière bien plus cool depuis quelques temps. Faut dire que la cavale fait relativiser et te permet de te rendre compte aussi de ce qui est important. Un peu de taquinerie ne l'est pas. « Ca me plairait si j'étais un Jack Russel. » Dis-tu sur le même ton qu'elle avant de hocher la tête et de regarder davantage la chambre. Tout en observant tes affaires qui se rangent toutes seule, tu gardes un œil sur la belle demoiselle qui te présente gentiment le lieu et tu te demandes si soudainement cela n'est pas trop, trop luxueux ou trop important pour toi maintenant que tu es habitué à un confort de vie disons plus... Sobre. « Et la baignoire... Ca c'est dangereux. » Dis-tu en avisant la salle de bain qu'elle te présente là encore. Oui c'est un luxe auquel tu n'es plus habitué mais qui est bienvenu tu dois l'avouer. Alors tu fais un dernier tour de la chambre tout en regardant l'endroit, te demandant pourquoi Aloysia ne t'a pas cachée ici avant. Ta tante a raison, elle doit avoir d'autres projets qu'elle t'exposera plus tard mais tu aimerais, avant cela, pouvoir profiter d'un peu de repos qui te manque.

« Je ne veux pas vous mettre à disposition, ce n'est pas votre rôle après tout. » Et elle n'est pas ton elfe de maison non plus. D'ailleurs que dirait-il ? Il rappliquerait et se mettrait sans doute à ton service, comme il le fait avec tous les Lestrange mais il ne serait pas de confiance, étant encore trop attaché à ton père et à ta sœur malgré tout. « Non je crois que c'est bon... Je vous suis aux cuisines ? » Dis-tu en n'ayant pas oublié sa proposition à savoir la retrouver aux cuisines pour manger un morceau. Pas que tu sois affamé mais tu ne dirais pas non à un petit repas avant de te retirer pour la nuit. Surtout que ça fait longtemps que tu n'as pas parlé à quelqu'un et elle te traite non pas comme un dangereux criminel mais bien comme un égal... Ce qui te change. Ainsi tu rejoins le couloir pour la suivre jusqu'à l’ascenseur afin de faire le chemin inverse pour rejoindre les cuisines vides tout en passant, au préalable, par un petit salon dont la bibliothèque te fait lever le nez vers les étagères. « Je pourrais emprunter vos livres ? » Voilà une chose que tu ne fais plus, de lire. Et pourtant tu as toujours aimé cela.

Une fois dans les cuisines, tu ôtes enfin ta cape de voyage pour dévoiler un peu mieux ton visage et ta carrure bien plus maigre et fine, que tu caches souvent sous plusieurs couches épaisses pour te protéger du froid. « Je vous aide ? » Dis-tu en proposant de lui donner un coup de main soit pour cuisiner, soit pour mettre le couvert afin de grignoter. « Ca vous arrive souvent d'accueillir des... Mh... Sorciers afin de les cacher ? Ce n'est pas commun. » Dis-tu avec un sourire en coin tout en sortant le nécessaire que tu disposes sur une table. Tu ne sais pas où chercher mais tu fouilles, ça tu sais le faire. « Vous savez qui je suis ? » Tu serais bien surpris qu'elle n'en sache rien. Là, parce que tu force sur ta jambe depuis un moment, tu te met à grimacer tout en te tenant la cuisse pendant une seconde. Parce que malgré les soins de Mia alors il n'y a rien de plus douloureux qu'une peau ouverte, chaude et qui pourrait s'infecter à tout moment.
 

Sourire en place, elle manque pas de penser que l'inconnu est bien plus sympathique que la majorité des clients qui viennent dans l'hôtel et prennent tout juste le temps de répondre en monosyllabe à ses questions. Au moins, là, ils ont une vraie conversation - du moins aussi vraie que celles qu'elle peut avoir avec ses amis proches. Elle est ainsi, Lux, sachant pas retenir la répartie qu'elle jette avec son sourire moqueur. Ce qui déplait pas à Rodo elle peut aisément le remarquer. L'imaginant facilement en Jack Russel - ou en avoir un. Et remarquant tout aussi facilement qu'il n'est pas à l'aise dans les lieux. Elle sait mieux que poser des questions déplaisantes - Aloysia n'attend pas cela d'elle, et elle ne voudrait pas se mettre en danger plus qu'elle ne l'est sans doute déjà. Je ne veux pas vous mettre à disposition, ce n'est pas votre rôle après tout. Et cela vous c'est quoi mon rôle ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils. Si vous êtes repéré, mon rôle sera réduit à rien du tout. Alors laissez moi faire hm. Avisa-t-elle avec plus d'autorité cette fois. Après tout c'était l'objectif numéro un : cachez Rodolphus. Et il était une chose qui importait plus que le reste pour elle : rendre Aloysia fière.

Non je crois que c'est bon... Je vous suis aux cuisines ? Elle opina, avant de prendre le chemin du couloir, toujours sa canne à la main pour l'aider à descendre les escaliers - notamment - pour rejoindre la cuisine. Elle sentait la tension dans sa jambe, l'ignorant pour continuer à avancer dans les couloirs si familiers. Je pourrais emprunter vos livres ? Se tournant une demi-seconde vers l'immense bibliothèque du salon, elle sourit doucement. Aléa adorait ses bouquins, et en ramenait très régulièrement. Lux, elle, ne prenait jamais le temps de lire - son esprit divaguait bien trop pour cela. Bien sûr. Assura-t-elle avant d'ouvrir la porte du paradis. Les cuisines de l'hôtel n'étaient pas très grande mais le garde-manger était immense lui - et offrait des produits fantastiques que Lux aimait cuisiner. Je vous aide ? Elle se mit derrière les fourneaux, fit venir à elles quelques légumes, du poulet, du pain. Pas moyen, vous semblez être à peine capable de tenir debout. Asseyez vous et laissez moi faire. Dit-elle en levant sa baguette pour faire mijoter ce qu'elle avait fait venir jusqu'à eux.

L'odeur embauma rapidement l'air et elle sentit son ventre se tordre. Les courgettes, les oignons et le poulet dans le fait-tout, elle fit monter la flamme doucement pour les faire cuir délicieusement. Ca vous arrive souvent d'accueillir des... Mh... Sorciers afin de les cacher ? Ce n'est pas commun Elle lâcha un petit rire - il était évident que la chose n'arrivait pas si souvent. Non, je vous rassure. Vous êtes mon premier. Avisa-t-elle avant de le voir poser deux assiettes sur le plan de travail entre eux. Du moins, le premier dans l'hôtel. Principalement parce qu'elle y était employée depuis bien peu de temps en réalité. Vous savez qui je suis ? Arquant un sourcil, elle se demanda si elle devait vraiment répondre à cette question. Cela lui semblait idiot et inutile : qu'importe qui il était, Aloysia voulait le cacher. Et vous, vous savez qui je suis ? Demanda-t-elle plutôt, tout en sachant que sa filiation avec la Ministre de la magie n'était connue que de très rares sorciers. Skyler, et sa mère. Simplement. Cela n'importe pas, pour tout vous dire : vous êtes protégé par le Ministère, alors mon rôle de citoyenne est de vous nourrir, puis de vous laisser vous reposer et de soigner vos blessures. Assura-t-elle une fois encore. Puis je sais que vous vous appelez Rodolphus et que vous êtes un bad boy , c'est tout ce qu'il me faut savoir. Le plat continuait de chauffer, avant qu'elle ne pose sur le plan de travail de la charcuterie et du pain de mie. Mangez, vous avez l'air d'en avoir besoin.

Elle montre les crocs la belle mais tu dois reconnaître qu'elle a raison, si ce n'est que tu ne veux pas qu'elle prenne des risques pour toi. Alors tu ôteras, de ta liste, les potions que l'on ne peut trouver que dans l'allée des embrumes, surtout car elle serait une cible bien trop facile pour ceux qui sont des dealers et qui prennent plaisir à effrayer les gens pour les dépouiller. Il faut savoir leur répondre souvent avec de la magie noire et tu doutes que la jeune fille soit du genre à balancer un endoloris comme cela. « Bien, comme vous voulez. Mais si il vous arrive quoi que ce soit, j'serais obligé de sortir de ma cachette et d'aller vous délivrer des trolls qui vont auront enlevés. » Dis-tu avec plus d'humour que tu sembles en avoir, surtout pour dédramatiser la situation car elle semble bien prête à te taper sur la tête pour te faire comprendre qu'elle a raison et que tu as désespérément tord. C'est le cas, tu n'veux pas qu'on te le fasse tant sentir cependant. Et puis tu aimes avoir le dernier mot, ce qui te perdra à coup sûr.

Alors tu la suis sans faire cas de sa jambe ou de la canne qui semble la tenir difficilement, comme si sa main pouvait trembler dû à la tension dans son corps. Tu te demandes bien si la jeune fille a eu une accident ou si c'est les effets de la guerre, tu ne serais pas surpris car comme dans tout conflit alors beaucoup s'en sortent avec des cicatrices immenses. Ce qui te ferait culpabiliser si seulement tu n'étais pas persuadé que le combat est juste malgré les sacrifices qu'il demande. Tu te retiens cependant de soupirer mais tu opines encore une fois alors que ton corps prend place sur un des tabourets pour la regarder faire. L'odeur monte rapidement dans la cuisine et ça éveille tes sens et surtout ton ventre, depuis combien de temps n'as-tu pas mangé quelque chose qui semble si délicieux ? Mia t'a bien nourrie c'est vrai mais depuis le début de ta cavale, tu dois trop souvent te contenter de ce que tu trouves à savoir, pas grand chose. « Donc vous avez fait cela avant. » Dis-tu avant de mettre brièvement la table surtout à l'aide de ta baguette. Après tout elle t'a demandé de t'asseoir, pas de ne pas bouger d'un poil si ? « Il y a des heures où je peux me promener un peu dans le hall ou des jours ? Je dois éviter les clients mais peut-être que la nuit je peux sortir de ma chambre. » Et puis après avoir vécu au grand air, t'enfermer dans une pièce semble pouvoir te faire naître un peu de panique.

« Une très jolie réceptionniste d'un hôtel un peu perdu ? » Que tu réponds avec un sourire laissant entrevoir tes dents blanches. Enfin tu prends une serviette rouge que tu étales sur tes cuisses pour ne pas te tâcher, reste de tes manières de sang-purs que tu peines à oublier malgré les mois de cavale. Après tout quand on a été élevé pour être dans l'élite il est difficile de faire comme si rien n'était, comme si cela n'était pas ancré dans ton épiderme et dans chacun de tes gestes. « Un bad boy c'est un bien grand mot... Mais merci pour ce que vous faites. Vous mangez aussi ? » Que tu demandes tout en prenant une tranche de jambon avec tes couverts, délicatement, pour en couper des morceaux réguliers que tu avales avec du pain de mie beurré. « Ca fait très repas français... » Dis-tu avant d'agiter une nouvelle fois ta baguette pour servir deux verres d'un jus de citrouille bien frais. « Depuis combien de temps vous travaillez ici ? » Autant lancer un sujet aussi divers que varié afin de faire la conversation. Après tout, le silence t'a toujours un peu angoissé.
 

« Bien, comme vous voulez. Mais si il vous arrive quoi que ce soit, j'serais obligé de sortir de ma cachette et d'aller vous délivrer des trolls qui vont auront enlevés. »  Tu lâches un rire, convaincue qu’il le pense vraiment et qu’il n’hésiterait pas à sortir pour voler à ton secours. Cependant, tu ignores bien ce qu’il pourrait avoir à acheter qui te mettrait dans ce genre de position délicate. Tu devrais sans doute te méfier – après tout, tu sais qu’il se trouve des individus peu recommandables dans les rues et que si ce dernier doit être caché par le Ministère ce n’est sans doute pas parce qu’il est parfaitement innocent. Mais tu ne peux pas t’en empêcher – apparemment, t’as un truc pour les vilains garçons.
Tu t’assures de le nourrir, et de l’installer confortablement. Il n’a pas l’air au mieux de sa forme, et si t’es sûre d’une chose c’est qu’une bonne nuit de sommeil peut sauver des vies. Tu sais pas combien de temps il va rester à l’hôtal mais le temps que cela dure tu vas être certaine d’être aux petits soins pour ton invité. « Donc vous avez fait cela avant. » Tu réponds par un simple hochement de tête, gardant l’expression de ton visage la plus mystérieuse possible. Tu n’irais pas tout de suite révéler tous tes secrets. Tu préfères en garder un peu et qu’il te supplie presque de les raconter – t’as déjà fait cela, il y a longtemps, et une fois en Espagne l’année précédente. Pour le compte de ta tante, souvent, ou de ses collègues les plus proches. Trois fois, pour être exacte, et souvent pour très peu de temps – une nuit tout au plus. Mais c’est la première fois que tu as le sentiment que la mission est une telle importance. « Il y a des heures où je peux me promener un peu dans le hall ou des jours ? Je dois éviter les clients mais peut-être que la nuit je peux sortir de ma chambre. »  Tu réfléchis un moment, comprenant qu’il ne peut pas simplement être enfermé en cage. Je viendrais vous cherchez quand ça sera le cas. J’ai un jour de congé où vous devrez resté caché, mais le reste du temps je viendrais taper à votre porte quand la voie sera libre, et on pourra flaner ensemble. Peut être même dans le parc alentour. Propooses-tu – le parc étant assez arboré et protégé par des sortilèges pour qu’il prenne l’air sans risquer d’être pris au piège. Ou un truc du genre.

Puis qui irait le chercher dans l’hôtel ? Vraiment. « Une très jolie réceptionniste d'un hôtel un peu perdu ? » t’arque un sourcil, attendant la suite de sa phrase sans rien de plus. Tu souris, prenant plutôt tout se que tu trouves pour le nourrir et mettant tout cela entre vous deux pour partager ce moment.  « Un bad boy c'est un bien grand mot... Mais merci pour ce que vous faites. Vous mangez aussi ? »  C’est parce que vous êtes parfaitement innocent que je dois vous cacher ici alors ? Hm. Demandas-tu avec un rire dans la voix, assurant que t’as rien contre cela. La guerre apporte ce lot de surprises là, ce n’est rien d’étonnant à tes yeux. Oui, j’ai pas encore diné. Et pour l’heure la réception est fermée. « Ca fait très repas français... »  Tu regardes devant toi et tu dois bien remarquer qu’il a raison. T’as dû garder tes habitudes de voyage finalement. Je reviens d’un tour du monde, j’ai dû garder mes habitudes. Ca vous dérange ? Rajoutes-tu, bien que tu lui jettes un regard qui semble dire je te mets au défi de dire que t’es pas ravi. Puis tu commences à picorer deci-delà.  « Depuis combien de temps vous travaillez ici ? »  Ca va faire deux mois. J’suis arrivée ici un peu par hasard, j’avoue que je ne me destinais pas à la réception d’un hôtel. Mais l’endroit est plutôt chouette et la patronne est sympa. Dis-tu en mangeant tranquillement. Et vous, vous aviez un travail avant d’être un hors la loi ?

Tu hoches la tête silencieusement, ça te convient de devoir attendre qu'elle vienne te chercher car de toute façon tu n'as pas vraiment le choix ni ton mot à dire n'est-ce pas ? C'est ainsi, tu es un fugitif et tu dois accepter les règles qu'on t'impose, il faut dire que ces dernières ne sont pas bien terribles. Disons que tu as vécu pire et devoir rester caché une journée avant de pouvoir sortir le soir est une bien maigre punition en réalité, quelque chose que tu pourras largement faire. Elle prend des risques pour toi même si c'est Aloysia qui t'a envoyée jusqu'ici, le minimum est d’obéir et de ne pas lui attirer davantage de problème. « Le parc sera parfait, merci. » Dis-tu une nouvelle fois en sentant soudainement que tes problèmes sont derrières toi pour quelques temps. Quelques jours, une semaine tout au plus le temps de trouver autre chose ou que les aurors se calment et ne cherchent pas dans ton périmètre. C'est aussi pour cela que tu sens arriver une pointe de fatigue, comme si soudainement ton corps réalisait que c'est bon tu es en sécurité, tu ne risques plus de te faire réveiller en pleine nuit par des bruits de transplanage d'agent à ta recherche. Et c'est pour ça que tu as l'impression qu'on t'enlève un énorme poids des épaules soudainement.

« Je n'ai pas dit que j'étais innocent. » Dis-tu avec un sourire en coin, jouant sur les mots sans trop en dire. Si elle se renseigne alors elle découvrira rapidement qui tu es et les crimes dont on t'accuse, tu n'as pas besoin de lancer ça entre vous deux, le moment est tranquille et serein, autant ne pas alourdir l'ambiance en parlant des crimes dont on t'accuse. Il suffit d'ouvrir les yeux et de tomber sur un avis de recherche pour le découvrir, de toute façon. Ravi à l'idée de ne pas manger tout seul, ce qui n'est pas arrivé depuis des semaines, tu te redresses davantage tout en faisant appel à ta bonne éducation car tu en aurais presque oublié ce que c'est de manger avec une dame. « Pas du tout. Vous avez été en France ? » Voilà un pays que tu n'as pas vu depuis longtemps, ta famille française encore moins et cela te manque, c'était agréable de pouvoir rentrer auprès des tiens de temps en temps. Même si assurément, les Lestrange ont toujours été des originaux un peu... Étrange justement. « C'est vrai que l'endroit a l'air tranquille... » Et qui n'aspire pas à de la tranquillité après la guerre que vous venez de traverser ? « J'étais réparateur pour le compte du ministère. C'était il y a longtemps, presque une autre vie. » Dis-tu avec un regard vague qui laisse voir que tu es perdu soudainement dans tes pensées et tes souvenirs. Tu étais bon dans ton boulot et il te plaisait, il était prestigieux et tu avais la charge de protéger le monde moldu des manifestations magiques afin que jamais votre monde ne soit découvert. N'étais-ce pas l'un des métiers les plus prestigieux qui soit ?

« Mais être un hors-la-loi me va mieux au teint ! » Dis-tu avec un sourire qui efface ta mine pensive en sachant que c'est davantage un trait d'humour que la vérité. Tu n'as jamais eu l'air aussi malade, blanc et cadavérique que depuis qu'on t'a imprimé cette marque que tu caches soigneusement car tu ne supportes pas vraiment que quelqu'un la voit et que le lien soit fait. On sait souvent qui tu es avant même que tu n'ouvres la bouche, inutile de faire naître l'horreur à la vue du crane de mort laissant échapper un serpent morbide. Et si tu as du feindre la fierté de la porter à l'époque, maintenant elle ne te fait naître que de l'horreur quand tu la vois. Mais c'est surtout un rappel de ta mission et de tout ce que tu as sacrifié pour la cause. Pas en vain tu l'espères, après tout Voldemort n'est plus mais qu'en est-il de la Confrérie ? Elle est toujours diaboliquement active et puissante, à ton grand agacement. « Alors parlez moi de votre tour du monde, qu'avez-vous visité ? » Tu poses la question avec un réel intérêt, ayant besoin de te changer les idées car penser à la Confrérie te fait réaliser certes tout ce qui a été fait mai surtout tout ce que tu as perdu dans le combat. Un prix bien trop élevé, ta liberté en souffre à présent.
 

Tu vois son sourcils se lever et sa question t'arrache un sourire en coin des plus charmeurs. Ca ne t'arrive pas souvent ces derniers temps, qu'on essaye de parfaitement te charmer et te retourner comme cela mais tu dois avouer que ça te plaît, tu es conquis. Tu sais que c'est un jeux mais savoir qu'on plaît est une chose grisante et même l'idée juste de vivre un petit jeux du chat et de la souris avec elle t'enchante. Après tout ça fait longtemps qu'on a pas posé sur toi, un regard qui te détaille comme un homme charmant et pas comme un monstre effrayant à fuir comme si tu dévorais les petits enfants. « Ca dépend si vous souhaitez poursuivre cette conversation ou pas... » Dis-tu d'une voix basse tout aussi charmeuse qu'elle. Ou du moins tu essayes, tu peines parfois à te souvenir de ce que ça fait de charmer son monde. Mais parler avec cette jeune fille semble facile, peut-être trop d'ailleurs ou c'est toi qui a furieusement besoin de contact et de chaleur humaine. Tu ne saurais dire, si ce n'est que tu te laisses facilement aller à une conversation bien agréable qui t'arrache un sourire quand elle te parle de la France. « Oui, j'ai de la famille dans le Paris magique. » Dis-tu sans trop en dévoiler cependant, si ce n'est que les Lestrange voient leur arbre généalogique naître en France même si vous avez migré en Angleterre il y a déjà plusieurs siècles. Pour le moment tu ne le dis pas, elle ignore que tu es un Lestrange ou du moins elle fait en sorte de ne pas le relever. Ca te convient.

Un métier intéressant oui, tu hoches silencieusement la tête une fois encore et tu viens saisir un morceau de pain que tu grignotes d'un air absent. Parler de ton ancien métier, que tu pratiquais avec passion, te fait toujours drôle. Tu as parfois l'impression de parler d'un autre ou simplement d'un rôle que tu jouais alors que non, c'était ton véritable toi. C'est en ce moment que tu joues un rôle justement et le masque que tu portes semble bien lourd. « Ho les filles... Elles sont plutôt tendance à me fuir ! Ca fait mauvais genre de ramener auprès de papa, un gars comme moi. » Dis-tu avec un petit rire dans la gorge, reprenant contenance maintenant que vous ne parlez plus de ce que tu étais avant et du métier que tu faisais. C'était utile, tu avais le sentiment de vraiment aider et d'être bon à quelque chose. A présent tu te demandes parfois ce que tu vas faire de tes journées et puis tu te souviens qu'il n'y a pas d'issue pour toi, pas de rédemption.

Tu lui proposes de parler de son voyage et tu t'attendais à ce qu'elle t'avoue qu'elle a fait la France, au pire un bout de l'Europe mais c'est tout un périple qu'elle te décrit et pendant une seconde, tu restes soufflé par ce qu'elle t'avoue. Tu imagines sans mal quand elle te parle des destinations de rêve qu'elle a traversée et pendant un instant, tu la regardes en te demandant si elle se joue de toi. « Et ça toute seule ? C'est... Incroyablement courageux ! » Parce que la plupart des gens n'auraient même pas voulu se rendre dans un pays seul alors en traverser autant ? Tu te demandes si c'est de l'inconscience ou simplement un grand besoin de liberté. « En dehors de la France, quel pays avez vous préféré et au contraire, celui qui a vous a déçu ? Et pourquoi ? » Parler de voyage te fait pétiller les yeux simplement car tu as l'impression, un peu, de voyager toi aussi et de sortir enfin de ce quotidien de fuite qui est le tien. Tu aurais aimé voyager toi mais tu dois te rendre à l'évidence, c'est une chose que tu ne pourras plus faire sereinement. Trop dangereux et puis il faut passer par le ministère pour se rendre à l'étranger alors autant oublier tout de suite. Le ministère te mettra la main dessus en moins de dix secondes, si tu mettais un pied dans ces locaux.

« Vous comptez repartir ? On dit souvent que quand on prend goût aux voyages comme ça, on ne reste jamais longtemps quelque part finalement. » Et tu ne serais pas surpris de découvrir que son avenir se précise dans des futurs voyages, au lieu de rester en Angleterre travailler dans un hôtel. Pas que le métier soit critiquable certes mais comment se contenter d'une vie tranquille après avoir vu les beautés de ce monde ?
 

Tu lui offres un sourire charmé - charmeur - quand il entre dans ton jeu. Ravie de voir que t'as pas perdu la main, que t'es toujours capable de jouer le jeu de la séduction avec un beau garçon. T'es difficile sur le sujet - faut dire que tu te méfie aisément de tout le monde, surtout alors que tu te promènes avec une canne et que ta jambe saura jamais être comme avant. Pas mal de sorcier te croit à moitié, dérive rapidement sur le sujet pour te faire la morale ou te dire que t'as pas tout tenté. Qu'ils ont l'idée géniale qu'il te manquait pour te rendre parfaitement normale. Sauf que t'as suffisamment travaillé sur toi pour t'accepter, que t'as certainement pas besoin de rencontrer un type qui a l'envie de te voir changer.
La drague est un jeu qui devient souvent une lutte pour toi - mais cette fois c'est juste plaisant et tu entends bien en profiter autant que c'est possible. Si au bout du compte le sorcier s'avèrera être un trou du cul, alors tu le laisseras filer comme tous les autres, t'assurant juste de faire le job pour lequel ta tante t'a demandé de l'aide. Oui, j'ai de la famille dans le Paris magique. Tu prends l'information - comme toutes les autres qu'il lâche comme cela sans en dire trop. Tu vas pas aller lui arracher le reste, tu sais que s'il dit pas plus c'est autant pour te protéger que pour se protéger lui-même. Tu acceptes cela, vraiment, dévoilant simplement sur ce qui vous faire sourire tous les deux.

Ho les filles... Elles sont plutôt tendance à me fuir ! Ca fait mauvais genre de ramener auprès de papa, un gars comme moi. J'adore voir la déception sur le visage de mon père. Que tu demandes - pour toi inviter un garçon devant maman ou papa c'est pas vraiment une obligation. Faut dire que t'as plus de colère contre tes parents que contre le reste du monde - t'aime bien ne pas parler à ta mère, et ton père est aux abonnés absents. Au moins tu peux faire ce que tu souhaites de ton existence sans avoir à t'en justifier. Et moins encore concernant les types qui peuvent partager ton lit, ta vie ou juste un goûter. Pour ce qui te concerne, tu prends la chose avec humour, avant de voir la conversation continuait sur le sujet du voyage que tu as entamé.
Tu le présentes sans rougir, sans en faire des tonnes, traversant en parole les paysages que tu as connu. Tu as fait tout cela avec une partie moldue - tu voulais voyager comme eux, les rencontrer, les découvrir. Tu as fait mille et une expériences pour espérer savoir qui tu étais toi. Et tu espères avoir réussi, en partie. Et ça toute seule ? C'est... Incroyablement courageux ! Ou parfaitement inconscient, je sais pas vraiment. Admets-tu, parce qu'au départ ça devait pas être autant. Tu étais partie pour l'Europe, des coins où tu avais de la famille ou des amis d'amis. Puis tu as fait du stop sur les routes moldus, tu as pris le réseau de cheminettes internationales, tu as voyagé sur des bâteaux aussi. En avion. A cheval. Tu as tout fait pour te construire autrement, avec la jambe que tu portais en fardeau et qui a vite cessé d'exister en tant que telle. En dehors de la France, quel pays avez vous préféré et au contraire, celui qui a vous a déçu ? Et pourquoi ? La Mongolie. J'avais peu d'idée sur ce pays et finalement j'y suis restée pendant un mois et demi. Et j'ai vraiment... Retrouvé le goût de la simplicité, de la terre, des vents. J'ai parcouru les montagnes du nord à cheval, avec des nomades, et j'ai oublié un instant tout le reste. C'était libérateur. Admets-tu, un sourire évident sur les lèvres.

A contrario, les Etats-Unis étaient un el dorado dans la bouche de ma famille et finalement j'ai vraiment peu apprécié New York. J'suis pas restée longtemps et j'ai vite retrouver le chemin des grands espaces - le Canada était bien plus agréable. Rajoutes-tu, admettant aussi par là que tu étais pas tant une fille qui aimait la foule et l'agitation. Vous comptez repartir ? On dit souvent que quand on prend goût aux voyages comme ça, on ne reste jamais longtemps quelque part finalement. Tout dépend pourquoi on part je suppose. Cette fois le ton était plus intimiste, plus doux aussi. Il te semblait que vous étiez sérieux, sous le couvert d'un sujet banal, vous appreniez à vous connaitre autrement. Et tu aimais cela, te laissant faire sans lutter. Je suis partie parce que je ne pouvais plus être la fille que j'étais ici. Et je ne savais pas qui je voulais devenir. Je voulais... me trouver, en quelque sorte. Et je crois que j'ai réussi, du moins j'ai réussi à m'apprendre, et à m'aimer, comme j'étais devenue. Dis-tu en montrant ta jambe dans un geste instinctif. Mais j'aime bien trop l'Angleterre pour la quitter à jamais - et voyager seule c'est une expérience libératrice, comme une introspection pour moi, mais causée par une situation fâcheuse et exceptionnelle. Je ne suis pas une baroudeuse autrement. Vous si ?

La réponse t'arrache un rire qui devient rapidement bien mélancolique alors tu baisses les yeux sur ton assiette pour manger une tranche de nourriture présente devant toi. Parce que parler du père des autres te fait penser au tien et même si vous n'avez jamais su vous entendre alors malgré tout il est ton père et le seul parent que tu n'as jamais eu. Et savoir qu'il t'a renié est une pilule qui ne passera jamais sans doute, déjà parce qu'il ne saura jamais vraiment pourquoi tu as rejoint les mangemorts mais surtout que c'était pour faire tomber cette confrérie qu'il aime tant et qui n'a cessé de détruire votre famille. Tu sais pourquoi ta mère est morte et c'est une chose que tu ne lui pardonneras jamais, même si l'homme est proche de la fin depuis sa dernière attaque cérébrale. Ton regret est de ne pas l'avoir vu une dernière fois, voilà tout. Tu ne sais même pas si ce sera une chose possible, ta sœur se fera un plaisir de te tomber dessus à la moindre occasion sans doute. Et tu penses bien qu'elle fait surveiller ton ancien lieu de vie, ne serais-ce que par espoir de vous voir débarquer avec ton frère. « Inconscient mais courageux à la fois. Vous étiez Gryffondor ? » Que tu demandes avec une lueur amusée dans le regard soudainement parce que ça ressemble bien aux lions de prendre de tel risque, à savoir faire le tour du monde seul comme si celui-ci n'était pas plein de dangers insoupçonnables. N'est-ce pas cela, aussi, qui rend le voyage si excitant ?

Tu l'écoutes parler de son voyage avec des images qui défilent devant tes yeux, parce que tu imagines sans mal comme ça devait être intéressant de parcourir ces pays et comme les Amériques doivent être fades à côté de la liberté que font naître les étendues sauvages. Oui tu imagines sans difficulté et peut-être est-ce le fait que ta propre liberté s'est envolée quand tu t'es fait marquer, mais tu imagines mieux encore et sans mal ce que ça fait. Et tu donnerais beaucoup pour te retrouver toi aussi libre de marcher à visage découvert juste pendant une heure ou deux. Comme si tu étais un inconnu au milieu d'une foule compacte. Elle te montre sa jambe et tu hoches la tête, ayant remarqué qu'elle boitait mais sans faire aucun commentaire et surtout sans observer davantage. Parce que ça ne te regarde pas déjà mais aussi parce qu'elle est bien aimable de t'accueillir, il te serait malvenu que de poser des questions indiscrètes. Et vous venez de vous rencontrer, il y a mieux comme première approche que de passer pour l'idiot qui s'occupe de ce qui ne le regarde pas. Tu as déjà dû le faire sous couvert du masque et c'est une chose que tu détestais, que d'envahir l'intimité des gens. « Alors si vous êtes partie depuis tant de temps, vous n'êtes pas au fait des derniers événements de notre beau pays et de la guerre ? » Dis-tu avec un sourire en coin, comprenant doucement que si elle te parle peut-être comme à un égal, c'est surtout parce qu'elle ne te connaît pas. Et c'est bien comme ça, qu'elle ne remette pas ton visage qui est pourtant placardé sur les murs du chemin de Traverse.

« Baroudeur... Oui et non. J'ai dû apprendre à le devenir ces derniers temps mais habituellement je suis plutôt casanier. J'aime ce pays et il me l'a bien rendu. Je devrais voir ailleurs ce qui se passe oui, en dehors de la France ou j'allais pour la famille évidemment. Mais pour le moment je ne peux pas sortir du pays alors le sujet est vite réglé. » Dis-tu sous un sourire que tu veux décontracté mais qui surtout laisse sous entendre que tu es largement fait un rat et que tu aurais aimé prendre la fuite davantage. Voir ailleurs peut-être, tu aurais dû suivre Bellatrix en France mais tu avais tant à faire ici et surtout pour l'Ordre, tu as juré de tout faire pour eux et tu ne pouvais pas briser ton serment. Pas alors qu'il compte tant pour toi. « Et vous êtes satisfaite de ce que vous avez trouvée ? De ce que vous êtes devenue, après vos voyages ? » A savoir, est-ce que c'était la chose à faire, la bonne voie à suivre ? Tu l'envies presque d'avoir eu cette chance, cette seconde porte à ouvrir pour prendre un nouveau chemin. « Alors vous fuyez la foule, c'est aussi pour ça que vous travaillez dans un petit hôtel perdu au milieu de nulle part ? C'est un bon plan... » Et tu dois avouer que malgré le fait que tu connaisses les environs, tu ne savais même pas qu'un hôtel se situait ici. Mais tu as rencontré quelqu'un d'intéressant et pour la première fois depuis des semaines, la conversation au quelle tu prends part est fluide, agréable, sans aucun préjugé et assez sympathique pour que tu espères qu'elle dure toute la nuit.