Tourner la page || Colina

L'existence était faite de choix.
Tu te le répétais depuis des jours, prenant à coeur les conseils de ta mère, de ta soeur, de ta meilleure amie. Tu sentais l'angoisse qui prenait sa place dans ta poitrine, te coupant la respiration, et te faisant tourner la tête, mais tu ne pouvais pas faire marche arrière. Tu ne pouvais pas simplement continuer ainsi - l'évidence était telle qu'elle devenait insupportable.
Dix ans de votre vie partagés. Dix années - il te semblait que c'était une vie entière, que tu n'étais plus la personne que tu étais alors, que tu avais grandit, que tu avais changé. Tu portais avec toi de beaux souvenirs, des moments charnières qui avaient fait de toi l'homme que tu étais. Mais forcé de constater qu'il te manquait quelque chose. Dans cette relation amoureuse que tu partageais avec Leah il manquait une chose essentielle et aujourd'hui tu ne voulais plus vivre sans.
Alors tu l'attendais, assis sur la table de la petite cuisine que vous partagiez tous les deux. Une colocation qui n'avait plus d'allure romantique - tu soupirais lourdement, regardant la lettre que tu tenais entre tes doigts. Des mots jetés sur le papier pour essayer de garder un peu de contenance. Tu ne devais pas faire marche arrière - et cette décision te donnait l'impression de te jeter dans le vide.

Tu ne pouvais pas le nier - cet amour s'était dissipé mais tu étais habitué à vivre avec Leah, à partager ce quotidien avec elle, à exister à ses côtés. Tu n'avais jamais été adulte autrement qu'à ses côtés. Le monde qui s'ouvrait à toi te semblait immense, terrifiant et inconnu. Tu n'étais pas certain de savoir comment l'affronter seul, mais tu savais que tu allais devoir le faire malgré tout.
Tu entendis son pas retentir dans le couloir, et bientôt elle ouvrit la porte de l'appartement pour te trouver là. Et tu lui offris un sourire triste.

(...)

Il faisait nuit dehors. L'hiver s'installait; tu pouvais deviner l'odeur de la neige et du verglas qui bientôt allait envahir la capitale anglaise. Tu soupirais lourdement, le coeur battant encore à la chamade, les larmes risquant de tomber sur tes joues. Mais au lieu de te morfondre, tu pris ton sac de marin, le portant sur ton épaule, et commenças à marcher. Rapidement, tu te rendis sur la Place divine, sachant que la nuit tombant elle serait habitée par le reste des sorciers et des curieux qui vivaient là. Tu savais que ce soir Mina ne travaillait pas - mais elle serait dans le coin, comme toujours.
Tu arrivais dans le coin pour regarder dans la foule, essayant de la retrouver là. Quelque part. Avant de finalement te retrouver devant l'un des petits bars-restaurants qui se trouvaient sur la place. Tu avais faim, et devant l'immensité de cet inconnu, tu voulais un truc chaud pour combler ton estomac.

C'est là qu'elle te retrouva, avec ton jean de la veille et ton sac plein des affaires que tu avais rapidement récupéré à l'appartement. Bonsoir Mina. La saluas-tu, avec un sourire content, la prenant contre toi pour embrasser son front dans un geste fraternelle. Je sais que tu ne manges pas, mais j'ai faim et il gèle dehors pour les humains. Tu m'accompagnes ? Demandas-tu en montrant l'intérieur du restaurant. C'est là que tu finis par rentrer, ouvrant la porte pour que ta meilleure amie se glisse avant toi et choisissant une table loin de l'entrée. Tu savais pas combien de temps vous pourrez rester là. J'ai quitté Leah. Annonças-tu finalement.

 

L'existence était faite de choix.
C'est lors d'une lettre sobre et simple que ton meilleur ami t'a informé qu'il voulait te voir le plus vite possible alors tu lui as demandé de te rejoindre ce soir, sur la place Divine, devant le DB qui va ouvrir en comité réduit ce soir. Car c'est un soir de semaine et de fait il y aura quelques habitués mais clairement on a pas besoin de toi. Mieux encore tu as été blessée lors de l'attaque de la fête de Samaïn et tu as besoin de repos, de prendre soin de toi, surtout que le feu a le don de vous brûler sérieusement vous les créatures surnaturelles. Donc si ta peau commence à guérir c'est encore timide et ça tire assez pour te faire grimacer quand tu dois te retourner un peu vite ou que tu tends ton corps pour effectuer un mouvement. Ainsi jusqu'à demain tu ne travailles pas de fait, c'est à l'heure que tu arrives sur la Place Divine pour voir Colin qui fend la foule et approche de toi. Avec une mine de six pieds de long et un sac en toile sur l'épaule, signe que quelque chose ne va pas ou qu'il s'est passé quelque chose. Tu fronces les sourcils, ressentant sa tristesse qui sort par toutes les pores de sa peau, ce qui éveille aussitôt en toi un fort sentiment protecteur. Qui a bien pu blesser ton meilleur ami de la sorte ?

Il te prend contre lui et tu savoures le geste avec un sourire et en le faisant durer quelques secondes de plus, après avoir attrapé son tee-shirt sombre pour qu'il reste avec toi un peu. « Salut Cole'... Ca ne va pas mh ? » Question qui n'attend aucune réponse alors que tu croises le regard de ton meilleur ami et que tu voudrais effacer la ride de douleur entre ses yeux, juste en faisant un mouvement du bras. Comme si tu avais un don particulier à savoir, celui d'aider vraiment ceux qui ont mal. « Toujours. » Dis-tu en le suivant jusqu'au restaurant et surtout jusqu'à la table où il s'installe. Heureusement c'est la place divine et il y a toujours de quoi sustenter les créatures ici, il suffit de demander une carte spéciale afin d'avoir un menu qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Enfin dès que tu es assisse alors il lâche la bombe et tu lui es reconnaissante d'avoir attendu jusque là car tu serais tombé en arrière sous la surprise. « Tu... Whoa, j'pensais pas que ce serait si rapide. » Et si soudain, pas alors que votre conversation date de moins d'un mois. Preuve si il en faut que ton meilleur ami est d'un courage insoupçonné. « Comment ça s'est passé ? Comment tu vas ? » Dis-tu en venant poser tes mains fraîches sur les siennes, non sans chercher à lui transmettre un peu de réconfort pour apaiser son cœur blessé. « Tu regrettes ? » Et ta question n'a pas de réponse car le serveur approche de vous pour prendre la commande de Colin ainsi que la tienne, faites d'un verre de sang bien chaud car tu te doutes que cela va durer un bon moment.

« Tu peux dormir au DB avec moi ce soir et tous les autres soirs tu sais ? Tu n'es pas seul... » Et pour assurer ça tu lui serres les mains pendant un instant avant de lui sourire doucement, désolée de voir autant de tristesse chez ton meilleur ami. Et même si il n'y avait plus d'amour entre lui et Leah, même si leur couple ressemblait à une collocation, même si il n'avait plus de désir alors malgré tout ils ont partagés dix ans d'amour. Et ce n'est pas rien, dans une vie.

 

Oh. C'est tout ce qu'elle dit en s'approchant de toi. Elle sait - avant même que tu ouvres la bouche. Elle le sait et tu le devines parce que son regard se durcit. Elle prend un moment pour se redresser, pour prendre contenance pour être sûre de ne pas s'effondrer - ou de ne pas te refaire la façade t'es pas sûr finalement. Mais tu prends le temps de l'accueillir, de lui servir un thé, de lui demander comment était sa journée. Parles pas de ma journée, Cole. Elle va prendre une tournure dramatique pas vrai ? demanda-t-elle, mais tu sais qu'elle a raison. Tu sais qu'elle sait.
T'es pas vraiment surprise hein, Le. Dis-tu tendrement, prenant un thé pour toi aussi avant de le boire, de te brûler la bouche, puis de reposer la tasse. Dis le. et c'est ainsi que le silence se fait un moment entre vous. Vous bougez à peine - une tension dans l'air devient de plus en plus douce. Elle s'estompe à mesure du temps avant que tu ne ressentes l'envie de rire.

Tu peux pas t'empêcher, et elle fait comme toi. Elle se met à sourire, puis à rire. La nervosité devient une hilarité stupide entre vous, et vous pouvez difficilement vous calmez. Ca arrive finalement, et tu tournes un regard tendre vers elle. T'es sans doute ma meilleure amie, Leah, tu sais ? Depuis dix ans, on vit parfaitement tous les deux. Mais ce n'est plus la même chose finalement. Tous les deux, on n'est pas si amoureux qu'au début. Dis-tu, parlant pour elle et tu le réalise un moment - sentant l'angoisse t'envahir. Mais finalement elle opine simplement. T'es mon meilleur ami aussi Colin. T'es un type amusant et gentil et vraiment c'est rare. Mais t'es peut être trop gentil finalement. Rajoute-t-elle ce qui manque pas de te faire sourire.
Trop gentil. C'est peut être pas faux. C'est terminé, entre nous. On ne se rend plus si heureux, alors autant arrêter-là avant que la rancoeur prenne le dessus. Décides-tu et t'es heureux un moment - fier d'avoir osé le dire. Content qu'elle comprenne.

Tu vois les larmes perler à ses yeux et elle répond uniquement en opinant. Sa tasse est vide alors tu la ressers une fois encore, et tu t'assures que le thé reste chaud alors que le silence prend place et que vous tournez ensemble ce chapitre qui a duré dix ans.

(...)

Tu... Whoa, j'pensais pas que ce serait si rapide. T'arques un sourcil, comme pour ta part ça fait des mois que tu réfléchis ce moment, que tu tergiverses, que tu tentes de rallumer une flamme éteinte depuis longtemps. Si rapide - tu supposes que lorsqu'on a l'éternité, le temps parrait plus si long. Mais toi, tu es libéré après dix ans. Libéré et triste à la fois - tu sais pas trop quoi en penser. Comme si, funambule, tu marchais à présent à moitié dans le vide. Et tu crains de regarder en bas et de t'effondrer - sauf que devant toi, tu vois pas où la terre va revenir pour t'assurer d'être stable sur tes pieds. Tu sais pas où tu vas, tu sais juste ce que t'as quitté.
L'appartement, notamment. Comment ça s'est passé ? Comment tu vas ? Pas de cri, pas de hurlement, un peu de larmes. Elle s'y attendait, je suppose, et c'était une délivrance pour elle comme pour moi. Dis-tu pour aveux - parce que c'est comme cela que tu l'as vécu. Je vais bien. C'était inévitable pas vrai ? C'est mieux ainsi. C'est juste que maintenant... J'ai plus d'incertitudes qu'autre chose. Admets-tu, et tu caches rien de tes émotions à Mina. Parce qu'elle est ton journal intime, ta confidente, t'écoutant avec toute sa bienveillance et ses bons conseils. T'es en confiance aveugle à ses côtés - tu sais qu'elle ne te mettra pas à terre alors que déjà tu manges le sol.

Tu regrettes ? Là par contre la réponse est facile pour toi - t'as pas le temps de la donner avant que le serveur vienne prendre ta commande. Un burger double cheese et une limonade. Commandes-tu avant qu'il ne reparte. Non, je ne regrette pas. C'était la meilleure chose à faire. Et t'en es certain. Tu te serais pas vu continuer comme ça. Leah méritait mieux. Tu méritais mieux. Vous n'êtes plus les adolescents que vous étiez au début de votre histoire, à Poudlard, avec toute la fougue et la folie de la jeunesse. Tu peux dormir au DB avec moi ce soir et tous les autres soirs tu sais ? Tu n'es pas seul... Tu réfléchis un moment, parce qu'en réalité tu prendrais bien la proposition au pied de la lettre sauf que - t'es pas sûr d'avoir ta place au Drunk Broom.
Le repère n'était pas le tiens. Je veux bien pour ce soir mais pour tout te dire... Je pensais repartir à la recherche d'un appartement. C'est juste que j'aime pas vivre seul. Et t'es habitué à la colocation maintenant - comme Leah et vos amis vous aviez partagé un appartement depuis des années. Tu n'aimes pas la solitude, pas plus que le silence. Alors si t'es tentée on pourrait... chercher un appartement ensemble ?

 

Parce que tu lui as juré que tu serais là alors tu n'attends pas pour t'approcher de lui, pour faire office simplement de présence si il n'a besoin que de ça. Et si Colin veut juste que tu sois à côté de lui sans parler, sans bouger, sans respirer ou si peu alors tu le feras parce qu'il est ton meilleur ami et qu'il n'y a rien que tu ne ferais pas pour lui. Rien, si ce n'est le transformer à la rigueur et tu doutes qu'il veuille vivre une vie éternelle surtout après ce qu'il vient de vivre. Parce que tu te doutes qu'il a mal, tu sens au plus profond de toi qu'il souffre et c'est bien normal, même si il n'y avait plus d'amour entre eux mais au contraire de l'amitié sincère alors elle reste celle avec qui il a partagé des années. Et ça justifie qu'il soit en colère, qu'il pleure, qu'il souffre. Alors tu lui assures la présence dont il a besoin et tu suis sans mot dire jusqu'à être installée à la table. « Parle moi de tes incertitudes, souvent ça fait du bien de les énumérer de vive-voix, on se rend compte que c'est moins pire qu'on le pensait. » Dis-tu en venant prendre l'une de ses mains dans tes doigts délicatement, sachant que ta peau est froide mais que Colin n'aura pas idée de te repousser. Parce qu'il t'accepte parfaitement comme tu es et toi, tu l'aimes tel qu'il est lui. « Au moins ça s'est passé en douceur... Ca aurait été pire si elle avait hurlée ou jurée qu'elle ne s'y attendait pas. » Parce que Leah s'en doutait évidemment, ces derniers temps en plus de ça, ce que tu n'as pas dis à Colin, tu sentais un autre parfum sur elle. Signe qu'elle était attirée voire qu'elle allait voir ailleurs mais jusqu'à quand ça aurait duré ? Impossible de le dire, tu n'es pas sûre que cette rupture serait venue d'elle même si elle en aimait un autre.

Le serveur arrive et il commande alors que l'employé se tourne vers toi ensuite. Tu lui fais un signe de la main pour lui signaler que tu ne veux rien et même si parfois tu donnes l'illusion en prenant au moins un verre, tu n'as pas le cœur à jouer la comédie ce soir. Tant pis, tu ne peux plus te contenter d'aliments humains et ce soir tu ne cherches pas à faire comme si c'était le cas. Tu hoches la tête, au moins ce soir il rentrera avec toi et tu es rassurée de savoir qu'il ne va pas être seul dans une chambre d'hôtel à veiller jusqu'à pas d'heure, se demandant si ça aurait pu, si ça aurait dû se passer autrement. La proposition te fait sourire cette fois-ci alors que tu hoches la tête aussitôt. « Ouais... Carrément ouais ! Je met de l'argent de côté depuis que je travaille, dans l'espoir d'me trouver ça mais je dois t'avouer que vivre seule ne me faisait pas de l'oeil... Mais avec toi j'dis oui ! » Que tu dis aussitôt et parce que Colin sera le parfait coloc'. Mischa t'a proposé de vivre avec lui mais si tu aimes ton jumeau plus que tout, tu sais aussi comment il est réellement. Bordélique et du genre à jouer de la guitare à huit heures du matin, quand tu dors donc, parce qu'il a eu une idée ou une inspiration de fou. Impossible pour toi de vivre avec Mischa sans avoir envie de lui faire bouffer ses chaussettes sales. Colin lui sera le parfait coloc' et puis il sait pour ton régime particulier, ce que Mischa ne sait pas. Ca fait toute la différence.

Le serveur revient avec le burger et la grande limonade pour ton meilleur ami, tu règles avant lui la note puis l'employé repart aussitôt parce qu'il est tard, qu'il veut finir son service ou alors fumer sa clope en paix. Tu l'comprends, tu fais pareil entre deux verres au DB. « Tu vas faire quoi maintenant ? On doit aller chercher tes affaires ? » Et là encore tu ne le laisseras pas faire cela sans aide, parce que l'épreuve est encore aussi difficile que tu peux l'imaginer. Et t'es pas prête de le lâcher maintenant qu'il a besoin d'une canne pour marcher.

 

Tu veux pas y penser - tu sens que t'as les émotions coincées dans la gorge et tu sais pas quoi en faire. Tu voudrais pas vraiment pleurer, faut dire que tu t'attendais presque à ce que cette décision soit prise plus tôt. Que plus tôt, tu te retrouves célibataire. Après en avoir discuté avec ta mère, ta soeur, ta meilleure amie et sans doute la moitié de la ville, tu as enfin trouver le courage pour ça. Le courage - tu sais pas ce qui tourne à l'envers chez toi, pour avoir besoin de courage pour rompre avec ta petite amie. T'as parfois le sentiment d'être trop sensible pour ce monde, de prendre les décisions parce qu'une fois au bord de la falaise tu te rends compte que t'as pas envie de sauter. Tu culpabiliserais presque à présent d'avoir pris cette décision - mais tu sais en même temps que c'était clairement la meilleure chose à faire. Parle moi de tes incertitudes, souvent ça fait du bien de les énumérer de vive-voix, on se rend compte que c'est moins pire qu'on le pensait. Tu souris, assis dans le petit snacking avec ta meilleure amie. T'es en parfaite confiance avec Mina - faut dire qu'elle sait tout de toi, et que tu sais tout d'elle. Je ne sais pas ce que je vais faire, où je vais vivre, ce que l'avenir va me réserver. Je veux dire - c'est idiot mais quand tu sors pendant dix ans avec quelqu'un tu construis un quotidien, des habitudes, un avenir. Et là, je repas à zéro. Et je sais pas - genre, est-ce que je vais devoir aller draguer maintenant ? Ne serait-ce que cela. Tu n'avais jamais vraiment dragué qui que ce soit.
Et tu t'imaginais mal draguer une autre fille. Tu savais pas ce que tu allais devenir, tu savais pas qui tu allais rencontrer, ou si tu étais prêt à rencontrer des gens nouveaux. Sans doute pas - tu aurais besoin de temps, faut dire que la rupture était d'aujourd'hui. Mais ton esprit angoissé partait déjà à tout va pour essayer de deviner ce qu'il adviendrait par la suite. Au moins ça s'est passé en douceur... Ca aurait été pire si elle avait hurlée ou jurée qu'elle ne s'y attendait pas. Ca aurait été étonnant qu'elle ne s'y attende pas. Je veux dire : on ne s'est pas touché depuis deux mois. Deux mois, Mina. Et on a pas trente ans. Rappelas-tu parce qu'il te semblait que c'était l'argument le plus bienvenue. Vous n'aviez plus envie l'un de l'autre. Tu l'appréciais mieux en amie - et encore elle ne serait jamais assez proche pour être au niveau de Mina. Parce que Mina ne t'avait vu nu que parce que l'alcool t'avait mené à perdre tes vêtements en allant nager dans la mer.
Une autre histoire. Un autre temps.

Ouais... Carrément ouais ! Je met de l'argent de côté depuis que je travaille, dans l'espoir d'me trouver ça mais je dois t'avouer que vivre seule ne me faisait pas de l'oeil... Mais avec toi j'dis oui ! Alors tu étais prêt pour un autre chapitre - un où tu vivrais avec ta meilleure amie. Quitte à partager le quotidien de quelqu'un, tu aimais autant que ce soit le siens. Tu la connaissais aussi bien qu'elle te connaissait. Vous respectiez parfaitement le rythme l'un de l'autre, et tu savais que vous vous entendrez très bien - vous étiez complémentaires sans être trop différents l'un de l'autre. Je suis content que tu sois d'accord ! J'avoue que je craignais que tu dises non. Admets-tu avec un sourire immense sur la gueule qui peut pas partir. Moins encore maintenant que t'as un cheeseburger et une limonade sous les yeux. Et dans les mains. Et dans la bouche. Tu manges comme si tu n'avais pas mangé depuis des semaines - soudainement tu dévores sans pouvoir te contenir. Tu vas faire quoi maintenant ? On doit aller chercher tes affaires ? Tu hausses les épaules. J'ai de quoi vivre quelques jours avec ce que j'ai dans mon sac. Dis-tu, parce que tu ne te voyais pas partir pour revenir deux heures plus tard. Il faudra que je retourne chercher mes bouquins pour travailler mais c'est tout. Ca peut attendre quelques jours - peut être pendant les entrainements pour pas croiser Leah. Je vais lui laisser quelques temps.
Expliques-tu parce que tu pensais bien que c'était le plus logique et plus gentil envers elle. Cela étant on peut peut être aller chercher des petites annonces pour regarder des appartements ce soir ? Il doit bien y avoir des noctambules à Londres ? Ou demain, y a du brouillard en ce moment alors tu peux te promener sans trop de mal ?

 

L'existence était faite de choix.
La question est si soudaine qu'elle t'arrache un rire sonore soudainement, parce que finalement ça ressemble bien au genre de Colin de poser ces questions là, d'être en plein doute à cause d'une chose aussi banale que la drague. « Non vraiment... Tu penseras à la drague plus tard. » Dis-tu non sans cesser de rire doucement mais tout en te calmant parce que ton meilleur ami a besoin de toi avec sérieux et pas que tu te moques. Ce que tu ne fais pas évidemment, jamais quand ça le concerne mais c'est si soudain et tu es si fatiguée aujourd'hui que finalement, la surprise fut telle que tu n'as pas retenue la première réaction qui te vient, à savoir rire. « Il n'y a que toi pour te poser ce genre de question. T'es trop cérébral, laisse toi vivre... » Que tu dis en venant chercher sa main pour la serrer doucement et pour signaler que c'est bon, stop, il doit juste couper et vivre la liberté qui s'ouvre à lui. Le fait de ne plus être en couple ne veut pas dire qu'il doit chercher quelqu'un d'autre aussitôt, pas alors qu'il te propose merveilleusement de vivre avec lui dans une colocation qui sera parfaite. Et au moins il n'aura pas à chercher seul. « Trente ans ne veut pas dire qu'on s'enferme dans une sexualité digne d'un couple d'octogénaire, tu sais ! » Et parce que Cal a plus de trente ans la remarque te touche. Parce que la belle est aussi vive que si elle avait vingt ans et penser à ça te fait dévier de la conversation alors tu te racles la gorge et aussitôt tu reviens à Colin. Avant d'te sentir assez brûlante pour aller chercher la belle.

« Pourquoi j'aurais dit non ? Colin, t'es mon meilleur ami... Et l'plus important d'ma vie ex-æquo avec mon jumeau. » Et quand tu le vois dévorer, tu lèves la main pour signaler au serveur qu'il vous faut une seconde portion à emporter. La même chose, parce que Colin semble ne pas avoir mangé depuis des mois. Soudainement la liberté d'être célibataire lui donne faim et t'es heureuse de ça, il a trop perdu de poids ces derniers temps, t'as pensé qu'il allait simplement disparaître comme un fantôme à force. « J'peux demander à mon patron ce soir, il connaît du monde et va nous trouver ce qu'on veut. Et avec sa belle gueule, on aura même un loyer réduit ! » Sans doute parce que le bel immortel les fait toutes craquer et même les hommes en viennent à douter quand ils le voient. Archibald est un bon patron et un bon ami, il n'sera que plus heureux de voir que t'es assez confiante pour prendre un appartement en dehors du DB. « Mais ouais on va faire le tour des annonces. Et puis demain par contre on peut aller chercher des meubles, commencer à voir comment on va décorer. Ho ça va être trop bien ! J'veux une chambre aux couleurs de Gryffondor ! » Dis-tu avec des étoiles dans les yeux et l'envie de coller des affiches des ta maison partout sur les murs de l'endroit où tu dormiras.

« Et un plafond magique avec des étoiles. Tu veux un plafond magique, toi ? » Tes idées vont dans tous les sens, autant que tes projets qui affluent dans ton esprit. Et si ton meilleur ami est plus apaisé de se savoir emménager avec toi alors c'est aussi ton cas, de toute façon tu ne l'aurais pas laissé partir seul comme si il n'avait personne sur qui compter. Voilà que la proposition tombe à pic. « Sur une meilleure note... Cal est revenue au DB. J'avais raison de ne pas lui courir après... Et en même temps c'était une idée parfaitement stupide, elle a pensé que je la voulais que pour ses belles fesses. » Pas que ce soit le cas, jamais. Elle n'imagine pas depuis combien de temps tu la veux elle.

 

Tu veux croire que le monde va retrouver ses couleurs. Il te semblait que tout était gris ces derniers temps, de vivre dans un quotidien où tu t'enfonces dans les méandres du travail et de tes recherches sans trouver de bonheur autrement. Tu n'es pas même certain d'être heureux. Tout cela est si abstrait finalement - tu as commencé à arrêter de croire au bonheur, préférant te dire que l'existence est fait d'instant présent à profiter. Mais la réalité, c'est qu'à ne plus être heureux dans ton quotidien, tu en as oublié qu'il y avait un avenir à construire, des projets à inventer, un bonheur à pourchasser.
Te voila à présent libéré, le coeur serré par la perte de ta petite amie (ou du moins l'habitude que tu quittais), et prêt à construire quelque chose avec la famille que tu t'étais choisie. Impossible pour toi de concevoir la suite du chemin sans Mina à tes côtés. Pourquoi j'aurais dit non ? Colin, t'es mon meilleur ami... Et l'plus important d'ma vie ex-æquo avec mon jumeau. Ton jumeau que t'as revu d'ailleurs ? Tu lui as dit ou pas ? Demandas-tu sans pouvoir t'empêcher, curieux comme de bien évidemment quand il s'agissait de ta meilleure amie. Tu voulais toujours tout savoir de sa vie - et vous pouviez en parler durant des heures en oubliant le reste de l'existence.

De la nourriture commandée en plus, et voila que vous vous prépariez pour la vie à deux. A deux avec Mina - à connaitre ta meilleure amie et sa capacité à avoir des dizaines d'idées à la minute, tu réalisais soudainement que tu allais devoir vivre ainsi tous les jours. J'peux demander à mon patron ce soir, il connaît du monde et va nous trouver ce qu'on veut. Et avec sa belle gueule, on aura même un loyer réduit ! Ouuuuh, ça serait vraiment parfait. Parce que vous ne pouviez pas prétendre non plus rouler sur l'or. Les Fawley n'étaient pas à plaindre mais tu mettais un point d'honneur à gagner ta vie sans avoir à compter sur l'argent de ta famille ou l'aide de ta mère ou de tes grands-parents. Tu voulais pouvoir être autonome et indépendant. Mais ouais on va faire le tour des annonces. Et puis demain par contre on peut aller chercher des meubles, commencer à voir comment on va décorer. Ho ça va être trop bien ! J'veux une chambre aux couleurs de Gryffondor ! Tant que Gryffondor n'est que dans ta chambre, le Serdaigle que je suis peux le supporter. Parce que tu l'aimais mais tu n'étais pas certain de pouvoir survivre dans un univers aux couleurs des lions. C'était bien trop éloigné de ton tempérament calme et sérieux.

Mais Mina allait faire venir du feu dans ton existence, et tu n'allais pas t'en plaindre. Et un plafond magique avec des étoiles. Tu veux un plafond magique, toi ? On devrait pouvoir être capable d'en créer un. Pas aussi incroyable que celui de Poudlard, cela étant, j'avais étudié les sortilèges et ils sont à la fois complexes, vieux et pour le moins dangereux. Mais on pourra faire quelque chose, promis. Dans le salon. Un truc joli. Promets-tu parce que t'es pas capable de lui refuser quoi que ce soit. Et elle le sait très bien, autrement, elle ne viendrait pas proposer toutes les idées qui lui traversaient l'esprit. Et je veux une bibliothèque. Une grande. Rajoutes-tu, bien qu'elle ne sera pas étonnée par ta demande à toi.
Sur une meilleure note... Cal est revenue au DB. J'avais raison de ne pas lui courir après... Et en même temps c'était une idée parfaitement stupide, elle a pensé que je la voulais que pour ses belles fesses. Vraiment ? Mais - allez dis moi tout. On arrête de parler de moi et on parle de la belle Callista MacFusty. Elle est revenue. Vous vous êtes dis quoi ? Tu vas la revoir ?
 

L'existence était faite de choix.
« Non, pas encore. Il n'a pas besoin de savoir, pour le moment. » Et tu ne sais pas quand cela changera, quand tu auras le courage de lui dire pour ta nouvelle nature. Parce que tu n'es pas certaine de pouvoir trouver les mots, de te faire parfaitement comprendre, d'assurer que tu n'es pas une menace mais juste une nouvelle toi, plus forte, plus puissante, plus... Dangereuse. Tu chasses cette pensée en tournant la tête pour regarder dehors pendant un instant. Et parce que tu es bien plus angoissée depuis que tu es de retour. Colin a cependant le don de te faire sourire une nouvelle fois et alors que l'image d'une chambre aux couleurs de ton ancienne maison s'impose à toi, tu lui souris simplement avant de hocher la tête. « Une décoration neutre dans les autres pièces, ça m'va ! » Même si tu trouveras le moyen de mettre des choses personnelles ici et là un peu partout, qu'importe ce qu'il en dit.

« Va pour une bibliothèque et un plafond enchanté ! » Et là c'est carrément l'excitation qui prend place dans ton esprit alors que toutes les images défilent dans ta tête. Ce sera merveilleux, vraiment le lieu rêvé pour vous. Et tu es enchanté à l'idée que cette nouvelle aventure commence avec Colin à tes côtés, le monde est toujours plus lumineux quand il est avec toi, qu'il assure tes arrières et qu'il te promet que tout ira bien. Parler de Cal t'arrache un sourire en coin alors que tu t'adosses au canapé. Tu regardes Colin, il a un peu de ketchup sur le coin de la bouche et la mine parfaitement intéressé et excité par ce que tu viens de lui dire. C'est qu'après tout il faut un peu de joie au milieu du bordel que semble être devenue vos vies. « Au début elle était en colère et puis finalement elle s'est souvenue de moi... De la petite Gryffondor lui courant après à Poudlard parce qu'elle était déjà à se damner et que j'la voulais pour moi toute seule déjà à l'époque. » Et ça fait longtemps que tu attends Cal.

« On a fini en rencard à se promener dans Londres. On a papoté de tout et de rien, surtout de son boulot et du mien, de son frère, des Dingoes. Rien de fou pour le moment, on reste en surface tu vois. J'pense la revoir ouais... J'en ai envie et elle aussi. » Et tu souris à Colin plus fort encore. Tu ne sais pas vraiment où tu vas mais tu as l'impression que le chemin sera facile cette fois.