If I was dying on my knees
You would be the one to rescue me Il y a des blessures qui ne disparaissent jamais réellement. La blessure d’un père rabaissant, blessant, voyant en son deuxième fils l’échec et le désespoir. Rabastan n’est pas assez intelligent, pas assez mature, pas assez futé. Rabastan est bête, et par Morgane qu’il est niais. Rabastan n’est pas collé son frère, oh non il lui manque quelque chose ce n’est pas possible. Bête bête bête. Des mots qui tournent en rond dans la tête du petit garçon aux boucles blondes. Blondes, différentes de celles de son frère, brunes, parfaites, à l’image des cheveux du patriarche. Rabastan lui a les cheveux de sa grand-mère paternelle, les yeux du grand-père, et les fossettes de sa mère. Rien qui ne fait de lui un héritier digne de son père. Lui, il ne sera toujours que le second. Le délaissé. Le gosse idiot.
Le peu d’amour qu’il reçoit est celui de sa mère, qui prend soin de ses boucles blondes. Mais sa mère part bien trop tôt, laissant derrière elle un petit garçon triste et perdu. Son père ne l’aimera jamais comme il aime son aîné et sa cadette, son père ne lui donnera jamais l’amour que sa mère a pu lui donner. Rabastan va terriblement manquer d’amour, au point de toujours se sentir triste, et vide. Il deviendra plus idiot aux yeux de son père qui continuera de le rejeter. Stupide, stupide, stupide.
C’est Rodolphus qui va prendre en charge son éducation, parfaisant celle des précepteurs qui ne font que de se plaindre de lui. Son aîné lui apprendra à lire, à écrire, le matin, les arts de la danse et surtout, la lecture. Si les débuts sont chaotiques, Rodolphus redoublera de patience et d’amour fraternel. Rabastan se découvre une passion pour les livres et tous ces univers à portée de mains. Ces livres lui permettent de s’évader, de ne pas penser à la réalité bien trop dure des choses.
Le patriarche leur parle de la Confrérie quand il estime les trois enfants en âge de comprendre. Rab ne comprend pas, c’est trop abstrait pour lui. Il préfère lire pendant des heures plutôt que d’endurer des leçons d’une heure sur la Confrérie à laquelle ils sont destinés. Rab ne le veut, il ne le voudra jamais. Mais a-t-il réellement le choix ?
We always walked a very thin line La lettre pour Poudlard arrive un matin, alors que Rabastan est encore dans la bibliothèque, à lire. Son père lui amène la lettre, lui disant bien au passage qu’il n’a pas intérêt à décevoir la famille, encore. L’enfant se contente d’acquiescer. Il fera de son mieux, il ira à Serpentard comme son frère, comme son son père, et son père avant lui et tout ira pour le mieux. Il fera de son mieux. C’est une des préceptrices qui emmène Rab sur le Chemin de Traverse, Rodolphus les accompagnant également. Pour sa baguette, il sait qu’il va devoir prélever le cœur sur une créature pour son rite de passage, et il n’en a pas envie, mais il n’a pas le choix. Un hibou grand duc rejoint le chariot des achats et il est temps de rentrer au Manoir Lestrange, pour le rite de passage de Rabastan. Ce dernier choisit un Abraxan, la facilité selon lui. Il arrivera à arracher un crin à l’animal, mais ne peut se résoudre à la tuer. Un échec pour son patriarche, encore. Faible.
Quelques semaines après, Rabastan franchit les portes de l’école et il en prend plein les yeux. Rodolphus n’est pas là avec lui, il se sent seul et il a peur. C’est impressionnant, tout est grand, immense. Dans la Grande Salle, les premières années attendent patiemment que la cérémonie de répartition commence. Rab cherche son frère à la table des Serpentard pour trouver un peu de courage. Celui-ci lui fait un clin d’œil. Son nom est appelé, il se dirige vers la chaise où le Choixpeau est posé sur sa tête.
« Ah, je vois. Encore un Lestrange. Une famille qui promet de grandes choses, une famille qui fait honneur à la maison Serpentard. Hm … Pourtant sous ces cheveux blonds, aucune ambition, aucune ruse. Hm … Non, Serpentard n’est pas pour toi. Toi, tu as la passion des connaissances, du savoir, la passion de la lecture et je vois … Oui, je vois une envie d’apprendre encore plus. Sans aucun doute, Serdaigle ! »Des applaudissements retentissent, Rabastan pâlit. Serdaigle. Encore une fois, il sera un échec pour son père. Encore une fois, il n’a pas su lui faire honneur.
Lors des vacances de printemps, les trois enfants Lestrange sont rassemblés autour du patriarche. Il ignore Rabastan depuis sa répartition, le jugeant faible, encore plus. Mais il tient quand même à lui enseigner les valeurs de la Confrérie, les valeurs de la famille Lestrange. Le pouvoir. Qu’est-ce donc le pouvoir ? Encore une fois, Raven brille, enfant prodige, fille adorée, sosie du père. Rodolphus sera punit ce jour-là, devant les yeux du second fils. Rabastan hait chaque seconde de ce moment et hurle, tente de s’interposé, tente de mettre fin à tout ça. Mais ça, ce n’est que pour les faibles.
Faible. Faible. Faible.
Les années passent au fur et à mesure que Rabastan s’éloigne de son père. Ou alors est-ce l’inverse, il ne sait pas. Il est brillant, il réussit tout ce qu’il entreprend. Les professeurs le félicitent, son frère est fier de lui et lui envoie des lettres dès lors qu’il n’est plus à Poudlard. Si le plus jeune était effrayé à l’idée d’être sans son grand frère, il n’en est rien. Il brille davantage, comme un soleil. Cependant, il a besoin de plus. Et pour lui, le pouvoir c’est les secrets. Alors il monte tout un réseau d’espionnage au sein de l’école où des petits oiseaux chanteurs lui ramène les moindres secrets, les moindres rumeurs. Tout ce qu’ils peuvent entendre en échange d’argent ou de faveur. Rapidement, Rab devient le maitre des secrets et l’école lui appartient.
Au cours de l’été entre sa sixième et sa septième année, il commence la longue procédure pour devenir animagus. C’est long, les étapes se passent difficilement mais il se donne entièrement à ça. La liberté prônant sur toutes ses autres valeurs, il finira le processus six mois après, se transformant en un corbeau aux plumes noires comme la nuit. Un animagus, pour fuir son père, pour fuir ses responsabilités.
Puis, il y a cette fille, une née moldue, qui se bat vaillamment pour ses revendications, qui se montre forte et qui hurle ses droits. Il entend parler d’elle pour la première fois lors de sa septième année. Cette fille, il la protège de loin, pour qu’elle ne subisse pas la colère des sang-pur.
This love left a permanent mark
This love is glowing in the dark Diplôme en main, Rabastan sait quoi faire de sa vie. Il veut être médicomage, aider les autres. Encore une fois, un métier qui fait honte à son père. Bien qu’il s’en foute et qu’il ait appris à vivre hors du spectre toxique de son paternel, les remarques incessantes de celui-ci le font quand même souffrir, bien qu’il ne le montre pas. Il excelle dans ce domaine, ses stages se déroulent à merveille, ses examens également. Si bien qu’il ne voit pas passer les trois premières années, jusqu’à ce qu’elle arrive. Grace. Il la reconnaît, il reconnaît ses cheveux bruns, sa peau de porcelaine. Elle est magnifique. Il ne sait pas comment il se retrouve à lui parler mais dès la première conversation partagée, il sait que c’est trop tard pour lui de reculer. Les conversations se suivent, il en apprend plus sur elle. Il l’invite à un premier rendez-vous, puis un deuxième. Il lui vole un baiser au cinquième, alors que la neige tombe sur Londres et parsème ses cheveux de flocons bruns. là, elle est encore plus belle que jamais. Là, elle devient sienne.
Les mois défilent et Rab se sent comme un ado amoureux. Il embrasse Grace dès qu’il le peut, l’appuyant contre le mur, désirant ses lèvres chaque seconde où il est loin d’elle, les désirant davantage quand elle est à ses côtés. Ils s’aiment en secret, se retrouvant tous les soirs dans l’appartement de Rabastan qui est comme le sien, à elle. Ils vivent ensemble, ils sont ensemble, ils s’aiment plus que de raison. C’est en 1977 qu’il la demande en mariage, genou à terre, devant le Lac aux Fées perdu en Ecosse. Une parenthèse de joie, de bonheur. C’est à la fin de cette même année, alors que la neige commence à tenir au sol, qu’ils rejoignent l’Ordre du Chat, ordre nouvellement créée pour défendre les intérêts des moldus et des nés-moldus. Rabastan veut se battre pour un monde meilleur, plus équitable pour tout le monde. Il s’éloigne de sa famille, des valeurs de Lestrange. Son père ne l’a pas officiellement renié mais c’est tout comme.
Le climat politique commence à changer en 1978, des rumeurs se répandent et les agressions contre les nés-moldus se multiplient. Rab ne laisse jamais Grace seule, il est toujours à ses côtés. Il la protège contre tout, il tuerait pour elle, pour qu’elle soit tranquille. Un nom est de plus en plus murmuré : Voldemort. Rab commence à aider comme il peut les victimes d’attaques, il soigne ceux qui n’ont pas les moyens de le faire. Il sent Rodolphus s’éloigner de plus en plus.
Et c’est quand il se fera marquer de la marque des ténèbres que Rabastan va le suivre.
So what am I defending now? Les mois qui suivent sont ponctués d’heures sombres. Rabastan a été marqué comme son frère, mais n’étant pas entièrement loyal à la cause, la marque le brûle constamment. Il ne montre rien, évidemment, rendant sa couverture parfaite de jour en jour. Il fait de son mieux, il tente d’être un parfait soldat. Il est souvent envoyé en mission avec Rodolphus, qui pense qu’il est là pour la cause. Rab voudrait lui confier qu’il n’est qu’un espion, qu’il ne sert que l’Ordre du Chat, mais son frère s’est engagé pour défendre la cause des Puristes alors il se tait, et joue aux soldats parfaits. Tous les soirs, il rentre épuisé de ce jeu d’acteur et Grace l’attend, le consolant, l’apaisant, tentant de calmer la brûlure de la marque des ténèbres sur sa peau. Elle lui rappelle constamment pourquoi il fait ça, pour qui. Il veut la protéger, il veut que son avenir soit plus radieux qu’il ne le semble maintenant. Pour elle, tout ça pour elle.
Le patriarche Lestrange finit éventuellement par apprendre que ses fils sont marqués. Disgrâce sur la famille, disgrâce sur le nom Lestrange, ils sont tous deux reniés, Raven prenant ainsi toute la lumière, prenant également la tête de la maison Cancer à la Confrérie. Concernant ce point, c’est un soulagement pour Rabastan. Il hait cette Confrérie, il hait tout ce qui en découle. il continue quand même à agir dans l’armée de Voldemort, à participer aux attaques, aux combats, revenant à chaque fois un peu plus brisé qu’il ne l’est. C’est douloureux pour lui, c’est douloureux de voir ces horreurs, ces atrocités.
Elles viendront à un terme, un jour, et Rab ne s’est jamais autant senti bien et soulagé qu’à la mort de Lord Voldemort. Tout est fini. La paix va revenir.
Sauf qu’il n’est qu’un mangemort comment les autres. Et qu’il doit fuir.
Vite.
Those eyes add insult to injury Tous les mangemorts se retrouvent en cavale, ou en procès. Rabastan passe à travers les mailles du filet, rejoint Grace chez lui et ils mettent tout le nécessaire dans des malles avant de fuir. Rab a quelques économies de côté, ce qui leur permet de s’installer dans un appartement bien moins luxueux, bien moins grand, dans un quartier malfamé du Londres sorcier. S’en suit des semaines de renfermement, des semaines sans sortir, sans voir quiconque. Durant ces semaines, Grace va l’aider à retirer sa marque, lui brûlant fortement la peau afin qu’elle disparaisse. L’odeur de chair brûlée embaumera l’appartement durant des jours.
Grace doit continuer à travailler, comme si de rien n’était. Rab tourne en rond comme un lion en cage, réfléchissant à sa vie, à son futur.
Fin août 1980, l’été touche à sa fin, emportant avec lui une guerre qui a trop duré. Grace rentre un soir éreintée de sa journée à l’hôpital. Rab pose les yeux sur sa bague de fiançailles. C’est ce soir, qu’ils vont se marier. Ils arrivent à soudoyer un officier religieux et trente minutes après, ils sont mari et femme, pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse et la pauvreté. Il ne voulait pas risquer de mourir sans avoir connu le plaisir d’être marié à la femme de sa vie.
Septembre 1980, les jours sont plus doux avec Rabastan, qui trouve une occupation en aidant les plus démunis, les plus nécessiteux. Il prodigue des soins à ceux qui ne peuvent pas se les offrir. Il aide, il transmet son savoir médical, il devient le médecin de toute une population de personnes lésées par la guerre. Ils ont besoin de lui, il se donne au maximum et éventuellement les jours passent plus vite. Il va également monter un trafic de potions sur l’Allée des Embrumes, pour récupérer un peu d’argent. Il voit Rodolphus ponctuellement, il faut jouer la discrétion.
Octobre 1980, la cavale et l’exile commencent à peser sur les épaules du Lestrange. Sortir capé, caché, frôler les murs et se trouver à l’aise dans les ombres. Quelques fois il devient ce corbeau qu’il aime tant et qui lui permet de sortir sans soucis. Mais être un oiseau, c’est bien différent d’être un humain. Rabastan se perd dans les bras de Grace, souvent, se permet dans ses soupirs, ses gémissements, trouvant du réconfort dans les étreintes de son épouse. Il l’aime de dizaines de façons différentes.
Novembre 1980, la première neige tombe sur Londres et Rab se ronge les sangs. L’appartement est humide, miteux, à la limite de la salubrité. Il se dit que s’il dénonçait Rodolphus, s’il avouait avoir été un espion pour une autre cause, il pourrait être libre, retrouver son appartement luxueux, avoir une vie normale. Il secoue la tête. Non, il ne peut pas dénoncer son frère. Assis sur le rebord de la fenêtre, une couverture sur les épaules, il regarde le corps de Grace, endormi.
Il regarde ce corps, et malgré tout le bordel qu’est leur vie, il ne peut s’empêcher de sourire à l’idée que dans huit mois, ils seront trois.