Beautiful things || Zero & Cal

 Il y a des choses qui ne doivent pas changer. Autrement le monde risquait fort de sortir de son orbite, et tout sombrerait dans le chaos le plus total. Et il fallait éviter à tout prix que cela n'advienne.
Alors elle se trouva devant le Rat'atouille le 2 Janvier, attendant l'arrivée de Zero Hiroaki. C'était une tradition, pour s'assurer que le monde ne sombrerait pas dans la folie ou pire encore - une promesse qu'ils s'étaient faite depuis longtemps, de toujours s'offrir un restaurait le premier vendredi du mois. Parce que c'est là que les meilleures soirées avaient lieu - pas les soirées avec la meilleure musique (puisque c'était celle de Zero) ou avec les meilleurs ambiances (parce que la plupart du temps c'était réservé au jeud ou au samedi soir) mais c'était la soirée des cocktails, du lâcher prise et des plus de vingt-cinq ans. Une soirée sans les gamins immatures qui gueulent pour un rien.
Et surtout, c'était la soirée parfaite pour un restaurant. Un truc que Zero et toi aviez en commun : vous adorez vous faire servir, et la cuisine française. Alors vous retrouver une fois par mois au Rat'atouille c'est la colonne vertébrale de votre amitié, c'est ce qui vous permet de supporter le reste du monde sans gueuler, grogner ou le faire brûler.

Ce soirée sauve le monde de bien des façons. Tu arrives la première, attends quelques minutes dehors et finalement quand la neige commence à tomber, tu te décides à rentrer. L'hôtesse à l'accueil te reconnais rapidement - Bonsoir Callista, votre table est prête. - et t'accompagne jusqu'à la table la plus reculée, mais la plus proche de la terrasse aussi. Tu adores regarder le monde qui continue à s'étendre sous tes yeux, les lumières qui s'agitent et le ciel étoilé. Meilleure table, vraiment.
Zero manque pas d'arriver, avec juste assez de retard pour que ton impatience soit aussi élevé que ton agacement. Tu grognes quand il arrive mais tu te lèves quand même pour le serrer contre toi et lui claquer deux baisers sur les joues comme les français . Je pensais que tu arriverais jamais Chéri ! Tu étais pris dans les embouteillages ? Demandas-tu comme une parfaite moldue avant de partir dans un grand rire. Deux cocktails maison ! Gueules-tu à un serveur qui passe pas loin et qui a le bon esprit de ne pas totalement t'ignorer.

Vos cocktails arrivent en peu de temps. Bien, commençons sans plus attendre - j'ai pas pu venir à ton concert d'hier, mais j'espère qu'il était parfait. Comment ça a été ? demandes-tu pour démarrer en douceur - bien que la douceur laissera vite la place à tout le reste, comme tu brûles de lui parler de Mina et du reste.

Une fois par mois tu ne réponds plus à personne, car c'est ce soir là que tu retrouves ta meilleure amie et tu as mieux à faire que de te prendre la tête avec ceux qui ne méritent pas ton attention. Cette soirée là te permet de survivre un mois de plus sans envoyer promener ceux qui te font voir rouge, tu en as besoin c'est même un besoin vital pour ne pas tuer quelqu'un ou l'envoyer dans une tornade rejoindre ses ancêtres. Ainsi nous sommes le premier vendredi du mois et il est évident que tu ne vas pas manquer le rendez-vous décidé il y a plusieurs années à l'avance, car cette simple sortie est devenue un rituel. Du vin, de la cuisine française et des serveurs pour se plier à vos quatre volontés, tu ne peux pas réclamer mieux que cela. A la rigueur une manucure en plus ne serait pas de refus mais ça attendra demain, c'est certain. Ainsi tu te prépares depuis une heure quand tu sors de ton appartement en retard évidemment, car tu n'es toujours cela va avec le packaging de l'artiste que tu es. Mais aussi parce que tu corrigeais tes premières copies, un devoir sur la magie de l'air où tu as lu des horreurs mais aussi des aberrations. Ainsi tu as vraiment mais alors vraiment besoin d'un verre de vin blanc.

Tu transplanes devant le Rat'atouille et sans attendre tu passes la porte d'entrée, sachant que Cal sera sans doute déjà là à t'attendre. Ta meilleure amie n'attend pas pour se lever et venir te claquer deux bises auxquelles tu réponds avec un sourire en coin, car il ne se passe pas un rendez-vous sans qu'il ne vous prenne l'envie de faire comme les français. Mais c'est si bon d'oublier pour un instant les problèmes non ? Que ce soit ton métier de professeur que tu appréhendes parce que tu crains de faire une erreur, ta page blanche qui peine à te laisser en paix mais aussi le regard océan d'un beau blond qui ne quitte plus tes pensées. C'est dramatique, ton cœur bat encore pour quelqu'un et toi tu ne peux que subir en espérant qu'il ne te fasse pas de mal, encore une fois. « Ne m'en parle pas, la circulation sur le périph' est une horreur ! » Dis-tu dans un mouvement de la main qui t'arrache un rire aussi sonore. « Et une bouteille de vin blanc, le meilleur ! » Dis-tu au serveur qui hoche la tête d'un air entendu, parce qu'il connaît vos excentricités mais aussi parce que vous laissez toujours des pourboires mirobolant.

« Délirant ? Magnifique ? Génial ? Dantesque ? Les sorciers sont dingues, je les aime ! » Dis-tu avant de tremper tes lèvres dans le cocktail. Puis deux verres de vin blanc vous sont servis avant que la bouteille ne soit laissée là, dans un sceau de glaçons. Parfait, tu penses rentrer à quatre pattes ce soir. « Tu m'as manqué... J'espère que tu avais une bonne excuse pour hier soir, tu ne manques jamais mes concerts d'habitude ! » Que tu rajoutes d'une mine boudeuse mais sans lui en vouloir. « Il n'y a qu'une chose qui peut te faire manquer mes concerts... Soit Thétis mais tu ne serais pas si joyeuse alors... Quel est son prénom ? » Parce qu'on ne peut rien te cacher, surtout pas à toi.