première partie. le jeu est lancé, temps pour s'habituer aux manettes, pour sauter, courir, se vautrer contre un mur, mourir et relancer la partie. Le jeu s'étend quand elle se détend, prend sa part de temps pendant longtemps. Trop longtemps - ses yeux pleurent et elle finit par lâcher la manette, éprise de mille pensés d'excitation pour tuer le boss suivant. Dans sa tenue orange, elle avait l'impression d'être
trop visible. Souriant stupidement à tous les gamins qui lui tournaient autour, elle pouvait pas s'empêcher de penser qu'ils avaient l'air idiots.
Idiots . Elle sourit, pourtant, peut pas s'arrêter comme sa mère lui a expliqué que c'est comme ça qu'on fait
pour se faire des amis . Elle est pas sûre de le vouloir, mais ça semble une meilleure idée que de vivre là sans personne pour l'aider et l'accompagner.
Elle sait faire semblant - y pas autre chose que sa mère lui a apprit durant les dernières années.
Faire semblant pour avoir le sentiment de pouvoir être comme tout le monde, de faire assez semblant pour que personne la perçoit autrement qu'ainsi :
comme tout le monde. Jouer un rôle parfait d'enfant, pour pas montrer qu'elle a grandit différemment. Que plus souvent elle se trouvait dans les bois ou sur les chemins que dans des maisons aux murs en briques apparentes. Elles l'ont longtemps fascinées, elle s'imaginait vivre dans une de ces maisons, avec un frère ou une soeur, ou deux parents mariés
seulement. Votre tenue n'est pas réglementaire. déclara une sorcière aux cheveux roux très longs, le regard perçant et le sourire crispé. Elle resta un moment interdite, sachant pas comment réagir. Et pourquoi personne ne l'avait préparé à cela - le terme
réglementaire sonnait étranger à son oreille. Et pourtant les règles étaient bien présentes dans la communauté d'où elle était issue, dans la famille d'où elle venait, parmi les sorcières voyageuses qui l'avaient élevées. Mais sa mère était tombée amoureuse et à présent ils étaient en France. Alors elle devait bien s'y faire, s'habituer, et jouer un nouveau rôle qu'il lui était difficile.
Pardon ? Répondit-elle, d'une voix d'enfant perdue, en regardant sa tenue bien plus colorée que celle des autres. Elle souffla, l'autre en face, sans faire plus cas de la présence de la demoiselle. Ils attendirent un temps, avant de finalement rentrer dans la salle de réception pour une nouvelle vie dans l'école Beaubaton.
La vie n'était pas si difficile, rapidement elle se rendit compte que
jouer un rôle c'était monnaie courante, un exercice où certain étaient meilleurs que d'autres mais où tout le monde participait. Elle fit quelques années, là, se créa des amitiés basées sur des mensonges bien ficelé. Elle gardera contact un temps, assez pour se faire oublier à mesure des années et n'avoir plus rien que la retenait. Une première expérience d'être soi sans l'être, d'exister sans vivre, de marcher parmi les autres en s'effaçant dans la foule. Elle sentit comme sa vie n'aurait de sens que si elle décidait de se battre pour cela, et elle décida alors de forger ses armes.
deuxième vie. reprise du personnage, découvrant les faiblesses et les forces pour le rendre meilleur - elle oublie ce qui doit être fait pour se concentrer sur ce qu'elle peut améliorer pour être plus rapide. La rapidité prend le pas sur la stratégie - elle frappe frappe frappe jusqu'à ce que le personne tombe à l'envers. Mort encore pour renaitre et reprendre la partie. Lashlabask la gerbe de feu quitta sa baguette dans un serpent cruel et rapide. Il vint frapper son adversaire qui frappa le sol durement avant de lâcher un grognement. Le silence se fit ensuite dans la salle du club de Duel de Poudlard. Elle n'était là que depuis cinq mois, mais c'était bien le troisième duel qu'elle menait contre un élève plus grand et qu'elle mettait à terre rapidement. Le président du club l'observa, il fut le premier à s'avancer -
quelle preuve de courage - en levant les mains comme pour lui assurer qu'il ne lui ferait aucun mal. Pas qu'elle le craignait - elle craignait pas grand chose de toute façon.
C'est quoi ton nom déjà ? Elle arqua un sourcil, perplexe devant son soudain intérêt, alors qu'elle avait intégré le club dès qu'elle avait intégré l'école.
Elle avait vite compris que Poudlard ne répondait pas aux mêmes règles de Beaubaton. Qu'il régnait ici une compétition plus féroce et que le clan qu'elle intégrait dépendait de la maison qui était la sienne. Elle avait aussi saisit que la personne qu'elle était importait peu, pour peu que son pouvoir et ses compétences sachent impressionner les autres. Sa popularité pouvait en dépendre - parce qu'elle rapporterait alors suffisamment de points à sa maison pour gagner un concours mené chaque année.
Je suis Isadora, et je veux participer aux concours du club de duel. Parce que de cela aussi elle en avait entendu parler - chaque année le club de duel de Poudlard participait à un concours national - les compétiteurs les plus acharnés s'enregistraient auprès du ministère et un concours en trois manches était organisé dans l'enceinte de l'école. Les participants n'étaient que des élèves de septième années, mais Isadora n'en n'avait cure - elle savait qu'elle pourrait l'emporter.
Et elle l'emporta, trois années de suite. Son talent en la matière lui permit d'être rapidement repéré par le Ministère et elle sortit de Poudlard avec un stage auprès des
Deux Baguettes une salle d'entrainement qui avait aussi un rôle certain dans l'encadrement des duellistes pour remporter les concours nationaux et internationaux. Elle ne manqua aucune de ces compétitions - et ce sont celles-ci qui la menèrent jusqu'aux Etats-Unis.
stand by. mise en arrêt quelques temps, pour retrouver l'existence en dehors de l'écran, se défaire de l'étreinte de l'addiction et renaitre. Vivre autrement, avec l'air qui s'engouffre dans son coeur palpitant. Elle oublie un moment le personnage fictif pour tenter d'être sa propre héroïne. Les Etats-Unis étaient une terre de libertés. Elle y goûta comme un assoiffé dans le désert, découvrit la beau et l'extravagance que ces états pouvaient lui offrir. Elle vint remporter sa médaille et refusa de repartir - une fois devenue championne mondiale de duel, elle avait le sentiment de n'avoir plus rien à prouver sur ce point. Elle pouvait simplement être elle et jouir de la liberté que l'argent et la renommé lui avaient apporté. Elle s'enfonça sur les terres du Bayou, son esprit s'ouvrant à la découverte des vies intérieures.
Et elle devint folle. Il n'était alors pas un jour sans que son esprit la tiraille de cauchemars et de rêve, de mort et de violence, et d'amour, profondément. L'amour devint une exquise promesse devenue une obsession dévorante. Elle y pensa constamment, le chassa dans la moindre relation, dans la moindre rencontre, et elle tomba éperdument amoureuse, encore et encore.
C'est là qu'elle rencontra Ariana. Sur les bancs de Central Parc un soir d'automne. Fredonnant des airs mélancoliques, Isadora ignora si elle revenait ou repartait, si elle chassait l'ennuie ou fuyait la nuit. Elle était là, simplement et si sublime que la sorcière crut à un coup de foudre. L'amour, toujours, jusqu'au plus profond de son être. Il devint sa raison d'être, au point d'oublier le reste de sa personne. Ariana était une alliée dans sa découverte - elle l'embrassa un matin, lui demanda de venir chez elle un après-midi et la quitta un soir. Elles traversèrent le monde ensemble, revenant en Angleterre où tout les attendait - Ariana y avait son avenir, et Isadora y avait Ariana. De quoi la convaincre de revenir sur une terre qui n'avait pas plus d'importance pour elle que le reste du monde. Mais Ariana en avait. Et Ariana la quitta - l'amour se brisa pour se muer en amitié profonde. Isadora quitta son nom pour Eloïse qui chantait à ses oreilles et Ariana devint Mina; pour écrire une nouvelle vie à deux.
Boss de fin. reprise des combats, avec le doigt agile - elle reprend des forces, du courage, de l'intelligence. A présent stratège pour mener son personnage, elle agit sur l'environnement et joue des règles pour les soumettre. Elle avance dans les méandres des décors cachés pour se retrouver face au dernier ennemi qui l'enflamme et la détruit - divague, esquive et attaque à ton tour jusqu'à le mettre à terre et emporter la mise. Elle le rencontra un soir d'hiver. C'était toujours important pour elle, de positionner les choses. D'avoir conscience du moment précis où sa vie basculait - et alors lui elle sut que c'était la destiné. Une chose écrite dans les étoiles qui l'amena jusqu'à ce lui précis, jusqu'à ce moment précis. Les souvenirs étaient peu de choses, cela étant. Elle serait incapable de dire dans quel restaurant - à moins que ce ne soit un bar - ou à quelle occasion elle s'y était trouvée. Si elle était accompagnée d'amis, de collègue, de proches. Si elle était venue pour boire après une journée monotone ou simplement pour profiter de ses congés. Elle était là - elle se souvint de lui, cependant. De son regard hanté, de son air perdu, de ses orbes clairs, de ses cheveux foncés, de son corps musculeux qui tombait sous le poids de la douleur, et de son sourire à demi-teinte quand il croisa son regard. Elle l'aima sans lui avoir dit un mot, s'approcha pour lui lancer un
Bonsoir tendre et resta à ses côtés pour écouter le silence sans se soucier de voir le jour se lever et prendre la place de la nuit.
Marions-nous. Demanda-t-elle un soir, après qu'il se soit préparé pour venir la rejoindre. L'idée était une conviction pour elle - chaque jour passé à ses côtés devenait plus intense dans son palpitant. Mais Nikolai restait le même - voûté par les années et par la perte de son premier amour. Elle commença à ressentir la haine - la vraie, celle qui dévore et rend fou, celle qui donne envie d'oublier le bien au profit du mal. Elle se mit à détester et faire disparaitre de chez eux, tout ce qui portait un souvenir de cette première fois. Ce fantôme qui les hantait. Ce fantôme qui se mettait en travers de leur amour, de leur bonheur. Elle voulait y croire, s'y raccrochait au point d'en devenir malheureuse et égoïste. Elle se fichait de savoir ce que Nikolai voulait - elle le voulait lui, voila tout ce qui la gardait en vie.
Marions-nous. La litanie devint une supplique - jusqu'à ce que de rage il abdique, lui donne le mariage qu'elle désirait sans avoir plus de joie que de colère dans la voix. Mais elle l'emporta.
Et le fantôme devait à présent disparaitre. Mais il resta, accroché au coeur de son mari comme une malédiction qui le gardait sur terre.
Fin de partie. plus de voix, plus de vie, plus d'idée. Dans le chaos d'une partie terminée, elle reste sans bouger. Perdue, incapable de savoir ce qu'il va à présent advenir. L'écran noir lui promet une suite prochaine, sans date ou promesse autre que son espoir. Et à présent que tout se termine, que va-t-elle devenir ? Le personnage fictif est un souvenir. Sa vie réelle est désespérée. Son esprit divague et ne se reconnait plus. Elle souffle, elle regarde dehors, déteste le monde et se lève quand même. La partie est finie, alors elle reprend le jeu du début. Masquée, elle dansait dans la foule sans se soucier du temps qui passait. Elle n'en n'avait cure, à présent elle vivait sans regarder au lendemain et avec la férocité de ceux qui aimaient le jour-même. Nikolai la détestait, lui échappait encore malgré la bague qui les liait tous les deux devant les anciens dieux et les nouveaux. Elle rageait de le voir la détester, et l'aimait pour ne pas pouvoir la quitter. Elle voulait le garder - semblait suffoquer chaque fois qu'elle avait le sentiment que l'amour lui serait encore arraché. Elle ne voulait pas vivre sans âme soeur et souhaitait se convaincre qu'elle l'avait trouvé. Être seule la terrorisait et il se trouvait une chose dans cette histoire qui la rendait folle.
Mais elle était seule et malheureuse la plupart du temps. Alors elle dansait - elle sortait dans les soirées organisées à travers la ville et comme elle jouait un rôle à Londres, rencontrait des dizaines de sorciers quotidiennement, elle se faisait facilement inviter. Ce soir, c'était un bal masqué, dans le manoir hanté d'un ami, d'amie, d'ami. Une soirée pour Halloween, pour fêter les morts et les monstres. Masquée, elle dansait, buvait et s'amusait à aimer à nouveau - si elle pouvait jouer
un nouveau rôle c'est ce soir qu'elle devait le faire. Elle trouva finalement un cavalier, sa musculature lui faisait tourner la tête et elle s'autorisa à être une autre dans ses bras. Un moment, elle devint celle qu'il désirait.
Le désir l'enflamma.
La nuit leur appartenait et elle ne garda de souvenir que son parfum qui la suivit des jours durant. Pas de visage, pas de nom, une folie passagère qui l'amena à trouver le sourire. Et deux mois plus tard, alors que l'hiver étendait son manteau froid sur les rues de Londres, une découverte qu'elle garda secrète à défaut de savoir à qui la hurler : de cette nuit de mystère se trouvait à présent un bébé dans son ventre. Et les rêves reprirent de plus belles, neuf visages constamment semblables et pourtant différents, dont les yeux et les lèvres disparaissaient dès qu'elle s'en approchait, la hanter et réclamait son nom. Ses noms - neuf noms qui lui tournaient dans la tête et la réveillaient en sursaut. Elle pensa devenir folle, elle pensa perdre la tête, elle pensa qu'il était temps à présent - temps de tomber les masques successifs qu'elle s'était forgée à mesure des années pour se rappeler la femme qu'elle est vraiment.