Moments de qualité || Potters

Le jour était levé depuis longtemps, pourtant Euphémia Potter était encore dans son lit. C'était une chose bien rare de sa part - elle qui sans arrêt est dehors, à se battre, à chercher ses ennemis, à essayer de faire un monde meilleur. Pas aujourd'hui, ce jour-là, elle restait éveillée, dans son lit, à écouter le chant des oiseaux qui se perchaient sur les arbres devant sa fenêtre. Dans l'immense parc qui bordait le manoir où elle vivait avec son mari. Il ne restait plus qu'eux : leurs fils avaient quitté la maison depuis plus d'une année à présent, et vivaient à Londres. Ils y avaient aussi un appartement, mais ces derniers temps Euphémia préférait le manoir de Worcestershire.
Et après la conversation qu'elle et Fleamont avaient eut la veille, elle ressentait ce besoin viscérale de prendre son temps. De cesser de courir pour l'avenir, de cesser de regretter le passé et de juste être au présent. Elle réalisa que c'était une chose qu'elle faisait peu et Fleamont le lui avait murmuré. Elle devait vivre - cessait de toujours penser aux autres pour penser à elle. A eux. A cette famille qui était tout pour elle et à laquelle elle ne donnait pas assez de temps.

A présent que le temps était compté, elle devait apprendre. Elle n'avait plus le temps de laisser à plus tard - la vie se vivait maintenant et elle souriait à cette idée. Mélancolique, bien qu'apaisée, elle se redressa pour trouver une tasse de thé volant vers elle, accompagnée d'un mot doux sur lequel elle reconnut l'écriture de Fleamont. Un de ces poèmes idiots - souvenir de leurs adolescences. Un qui manque pas de la faire sourire. La journée était pas mauvaise, d'autant que James ne tarderait pas à arriver pour déjeuner. Une date prévue depuis la veille, annoncée par son mari - et qu'elle désirait chérir comme le reste.
Il lui semblait être plus éveillée au monde et elle n'irait pas s'en plaindre. Au moins aujourd'hui elle ne sentait pas le poids des mots de son médicomage peser sur sa conscience. Elle se leva, finalement, prenant le temps de se doucher, de s'habiller d'une tenue sobre mais confortable, et de descendre avec la tasse et le poème entre les mains pour embrasser son mari. James ne va pas tarder n'est-ce pas ? Demanda-t-elle alors, tournant le regard vers l'horloge qui se trouvait dans un coin du salon. Le temps avait filé - mais elle l'avait vu faire sans le retenir. J'ai trop trainé au lit... Soupira-t-elle, bien qu'elle n'arrivait pas à le regretter.

Pour déjeuner elle avait fait rôtir un poulet la veille, y rajouta des pommes de terre pour qu'elles prennent le goût de la viande, et laissa le temps mijoter le temps que son fils n'arrive. Elle prépara quelques petites choses pour amuse-bouche, et mit table par un coup de baguette magique, sur la terrasse. Les jours étaient encore bons, alors elle ne voyait pas raison à s'en priver. Bien au contraire. Tu sais s'il a une mauvaise nouvelle ? Demanda-t-elle, le ventre se tordant à cette idée. Pourtant la dernière fois, la nouvelle était loin d'être mauvaise : la dernière fois qu'ils avaient vu leur fils, une semaine auparavant, c'était à un match de Quidditch durant lequel une explosion de paillettes avaient annoncé la nouvelle de sa paternité.
Son fils allait être père et elle n'arrivait toujours pas à redescendre de son nuage de bonheur. Mais la vie était rarement aussi tendre en ce moment, et elle craignait toujours de voir son petit garçon retrouver ses cruels démons.

Finalement, un crépitement dans la cheminée annonça l'arriver de James. Il est là, Flea ! Appela-t-elle, terminant le déjeuner pour se jeter dans le salon, et bien assez vite, au cou de son fils.
 

Pourquoi est-ce que la douleur continue de le tourmenter ? Il est paralyser dans son lit, les jambes remontées contre sa poitrine. Les rideaux fermés impliquent que la pièce est baignée de la même noirceur qui ne cesse de se diffuser dans ses veines de manière aléatoire. Un instant tout va bien, le lendemain, rien ne va plus; comme si la cicatrice s'effrite, incapable de retenir le deuil qui se déverse sur lui encore et encore. Parfois, James se demande s'il a atteint le niveau de pertes qu'il peut tolérer. S'il y a eu trop de morts proches à lui, qui le déchire et le laisse à moitié mort. Absent de sa lumière, de sa force. N'a-t-il pas toujours été le roc, après tout ? Le positivisme incarné, la joie de vivre, l'amoureux et le passionné ? Il ne sent plus rien de ça, où que des vagues, comme la marée haute qui vient et part au rythme de la lune.

Prongs veut être lui de nouveau. Il ne veut pas se faner, et pour y parvenir, il se lève brusquement, si rapidement que la tête lui tourne quelques instants. Après le sentiment passé, il étire la main, tapote le bois de sa commode jusqu'à trouver ses lunettes. Sur le pilote automatique, il attrape des vêtements, va s'enfermer dans la chambre d'eau malgré la vie qu'il entend dans la cuisine. Il doit se ressaisir, alors il prend son temps sous le jet brûlant. Se concentre sur autre chose, des sourires, des bons moments... son esprit divague aussitôt vers la nuit qu'il a passé avec Regulus et Sirius. Leur performance sur scène, sa joie immense d'être en la présence des deux frères, de les voir bien l'un envers l'autre. Il met le jet glacée quand il commence à penser davantage à Regulus et à quel point il l'a secoué par sa seule présence, ce soir-là, terminant de se réveiller parfaitement.

Ensuite, ça va un peu mieux. L'eau a su le remettre un peu sur pieds, assez pour qu'il sorte, sourire aux lèvres, bien que l'étincelle ne se rendre pas dans ses yeux. D'un coup de baguette il envoie son linge sale dans son panier, puis se dirige vers la cuisine pour saluer tout le monde. Il embrasse Lily sur la joue, réclame son bisou sur le front de la part de Moony et termine en enlaçant Padfoot comme s'il n'allait pas le revoir avant un mois. Quand il indique se diriger vers ses parents, Padfoot commence à grogner, désireux d'se joindre à lui. Mais il suffit d'un regard échangé avec Prongs, qui laisse leur lien laisser un peu de place à Sirius dans sa tête, pour que ce dernier comprenne et n'insiste pas. Aujourd'hui, il a besoin d'être seul avec ses parents.

Quand enfin il débarque dans le salon, il n'a presque pas le temps de secouer les cendres de sur lui qu'il se retrouve déjà dans les bras de sa mère. Il l'enlace avec force, ferme les yeux et inhale son parfum avec une longue respiration. Juste ça l'apaise énormément. « Bon matin, Maman, » glisse-t-il avec affection une fois leur longue étreinte terminée. « Ça sent drôlement bon ! Papa a déjà le nez dans une assiette ? » demande-t-il en gardant un bras autour de la taille de sa mère, avant d'avancer avec elle pour trouver son paternel.
 

Tu t'es levé aux aurores avec la ferme intention de commencer quelque chose, à savoir de chercher une solution pour le mal qui ronge le corps de ta femme. Mia dort et se repose d'un sommeil lourd et profond, la maladie fait déjà son office et fatigue ton épouse, ce que tu ne peux accepter alors tu quittes votre chambre d'un pas discret pour rejoindre ton bureau avant de commencer à chercher dans tes livres, ceux que tu tiens de ta famille. Ton père était un grand sorcier qui adorait lire surtout sur les maladies magiques, les malédictions et tout cela alors tu es persuadé que tu peux trouver quelque chose au sujet de cette maladie que Mia a en elle. Tu dois au moins te raccrocher à ça pour ne pas sombrer, tu en as vraiment besoin et puis James ne viendra pas avant plusieurs heures alors pourquoi te presser ? Votre elfe de maison s'éveille et vient aussitôt te proposer un petit-déjeuner tout en s'excusant de te voir réveillé avant lui, ce qui n'arrive jamais, alors il culpabilise de ne pas avoir été là pour t'accueillir mais tu fais passer sa soudaine angoisse d'un mouvement de la main pour lui signaler que c'est bon, tout va bien et qu'il peut se tranquilliser car tu n'as besoin de rien. Si ce n'est de travail et de café alors bien vite une carafe pleine t'arrive sur le bureau avec une tasse et des biscuits au citron. Tu grignotes tout en travaillant, passant d'un livre à l'autre pour chercher sur les vieilles lignes écrites parfois avec un ensemble de runes, pour comprendre le mal qui dévore Mia et qui pourrait te la prendre. Tu le sais mais tu refuses cette idée, encore une fois. Impossible d'accepter que l'amour de ta vie ne soit plus à tes côtés.

Après trois heures de recherches alors ton hibou vient te sortir alors que tu as le nez plongé dans un vieux manuscrit en papyrus qui date de plusieurs siècles et dont tu peines à comprendre la langue ancienne. Il t'apporte le courrier et surtout une réponse de la part de ton banquier pour t'informer que le cottage au bord de la plage a été acheté ce matin selon tes ordres, comme tu le voulais. Hier soir en rentrant tu as fait partir une missive afin d'offrir à Mia ce cottage dont elle rêve depuis des années, des vacances au bord de l'eau l'enchantaient déjà tellement à l'époque et pourquoi vous priver maintenant ? C'est le moment de faire des folies alors tu ne dois plus attendre. Et puis ton banquier de Gringott's n'a posé aucune question, il a juste acheté en prenant quelques gallions au passage pour sa commission et tu es satisfait de voir que les clefs sont aussi dans l'enveloppe alors des indications pour la future décoration que tu devras commander. Tu veux que Mia soit heureuse et qu'importe le montant, elle mérite tout et plus encore.

Alors que l'heure du déjeuner approche tu rejoins la cuisine pour ranger la maison d'un coup de baguette mais aussi mettre la table, car James ne va plus tarder. C'est là que ta femme fait son apparition et aussitôt tu lui souris tout en la prenant contre toi pour la saluer. « Tu as bien dormi ? » Dis-tu avec tendresse tout en déposant un baiser sur sa bouche. « Non... Enfin je ne sais pas. James est ailleurs ces derniers temps. » Et tu restes vague car après tout vous non plus vous n'avez pas la meilleure nouvelle possible à lui annoncer. Alors tu laisses ta femme un instant pour aller sortir le repas du four que tu as fait chauffer eu préalable. Avec un gâteau au chocolat préparé par votre elfe de maison la veille car James a besoin d'avaler de quoi garder des forces surtout avec les matchs qu'il enchaîne. Tu sais ce que c'est tu as été joueur toi aussi, fût un temps. Alors que tu es perdu dans tes souvenirs, un peu ailleurs à cause des derniers jours qui ne vous épargnent pas, ta femme t'annonce que votre fils est là et tu souris tout en agitant ta baguette pour que tout soit disposé sur la table.

Quand tu arrives alors mère et fils sont collé l'un à l'autre et l'image te réchauffe le cœur, comme si il peinait à battre lui aussi depuis trop de temps. « P'pa t'a entendu ! » Dis-tu en riant, faisant remarquer que non pour une fois tu n'as rien piqué dans le plat. « Comment tu vas mon chéri ? » Dis-tu en venant serrer James dans tes bras brièvement mais assez pour sentir son parfum qui t'apaise aussitôt. « Viens, tu as faim j'espère ? Il y a de quoi nourrir une armée ! » Et Mia n'a jamais appris à peu cuisiner sans doute car James vient souvent avec ses amis et il faut de quoi nourrir tout le monde, surtout des jeunes hommes qui travaillent.
 

Retrouvant Fleamont, tu te laisses facilement emporter par un baiser tendre et par la familiarité de votre échange. C'était ainsi, sans doute, lorsqu'on partageait une vie entière avec quelqu'un. Tout devenait familier, mais rassurant, comme être dans un cocon de douceur et de confiance sans vouloir jamais en sortir. Pourquoi faire, alors que ton coeur battait assuré ton bonheur. Tu n'avais pas à courir pour autre chose dans ta vie - dans le regard de Fleamont, tu avais tout ce que tu pouvais espérer. Tu as bien dormi ? Mieux que toi j'ai l'impression. Dis-tu tendrement en caressant sa joue. Inquiète pour ton mari, mais tu le connaissais - c'est pour toi qu'il avait rapidement chassé le sommeil, se perdant dans son bureau et votre bibliothèque pour trouver un remède à ce qui était en train de te détruire de dedans.
Et tu savais qu'il n'était pas mieux qu'un Potter pour réaliser l'impossible. Alors tu ne l'empêcherais pas de se battre pour toi. Tu aurais fait pareil si les rôles avaient été inversés. Non... Enfin je ne sais pas. James est ailleurs ces derniers temps. Tu opinais - et vous n'étiez pas mieux à présent. On est plus forts ensemble. Tout ira bien. Assuras-tu, l'embrassant une dernière fois avant de retourner préparer l'arriver de votre fils.

Table mise, repas prêt, à présent c'est James qui débarque et tu manques pas de l'accueillir de la seule façon qui soit acceptable : en le prenant violemment dans tes bras. Ça sent drôlement bon ! Papa a déjà le nez dans une assiette ? Tu lâches un rire avant que Fleamont ne vous rejoigne pour accueillir son fils. Tu prends le moment pour réaliser ce que vous êtes - le regard fatigué de Fleamont, les yeux marqués de James et ta propre mélancolie - mais sur vos lèvres se dessinent des sourires parfaits qui ne font que refléter l'amour qui règne dans la pièce. Viens, tu as faim j'espère ? Il y a de quoi nourrir une armée ! Une armée non, mais je connais vos appétits à tous les deux. Et il en restera pour que tu en prennes à la maison ce soir James. Car bien évidemment, tu ne pouvais pas laisser tous tes enfants mourir de faim - tu considérais pas autrement les colocataires de ton fils. De tes fils - considérant Sirius de la même manière que James depuis longtemps déjà.
J'ai mis la table sur la terrasse, il fait encore bon. Tu veux un apéritif ? Ton père a ramené un vin français que l'ambassadeur lui a offert. Dis-tu en allant dans la cuisine prendre la dite bouteille, retournant vers la terrasse pour en offrir un verre à chacun, en plus de faire poser les plats de hors-d'oeuvre et de chips que tu aimais préparer pour ouvrir le repas.

Tu avais fait les choses en grand - sans doute parce que cuisiner c'était aussi un bon moyen de ne pas penser. Alors mon chéri, comment tu vas ? Tu as l'air de n'avoir pas beaucoup dormi - c'est à force de fêter l'arrivée de ce futur bébé ? Comment va Lily ? Tu voulais juste profiter du moment - un temps, seulement, avant que la vérité n'explose cette bulle de bonheur.
 

Aussitôt qu'il met un pied dans la maison de ses parents, un poids semble se soulever des épaules de James. C'est l'effet d'être chez soi et de sentir l'amour dans chaque recoin. Le brun sait qu'il a été chanceux de naître dans une telle famille, qu'importe les malheurs qui peut le toucher et tenter de le briser. Il est heureux de voir sa mère qui l'attrape dans ses bras aussitôt qu'il sort de la cheminée. Il ne peut empêcher un sourire d'étirer ses lèvres à l'odeur qui frappe ses narines, alors il ne peut s'empêcher de plaisanter quand il ne voit pas encore son père les rejoindre. Comme invoqué, il arrive derrière Euphemia en lui disant qu'il a entendu. James ne peut que rire avec lui, avant de se retrouver dans ses bras. Sa bulle de confort ne fait qu'augmenter alors, et il se fait la remarque qu'il devra définitivement venir voir ses parents plus souvent, au lieu de déprimer dans son coin.

James apprécie leur enthousiasme et leur désir de lui remplir l'estomac. S'il vague entre tristesse et joie et dépression et euphorie depuis le dernier mois, il trouve toujours moyen de manger; sans doute que son système digestif n'oublie pas sa stature de sportif. « Je vais rapporter des restes que si notre armée de trois ne réussit pas à passer au-travers tous les plats... ce dont je doute ! » rigole James avant que son regard se fasse intéressé et curieux face au commentaire de sa mère. « Oh ? Le genre de vin qui vaut si cher que l'on peut presque goûter l'or en le buvant ? » dit-il en donnant un coup de coude dans les côtes de son père, plus pour le taquiner que pour apporter la moindre douleur.

Il se dirige donc vers la terrasse, attrapant sa mère au passage pour lui déposer un bec sur la tête comme il la dépasse d'une bonne tête, justement. Puis, elle remarque comme il est fatigué, bien qu'elle amène la question en parlant de son futur enfant. James ne peut que lui sourire, tout en jetant également un coup d'oeil vers son père avant de s'asseoir. « Ouais, exactement. La dernière fête remonte quand même à avant-hier, avec Regulus et Sirius, » dit-il car c'est la vérité. Mais ce n'est pas la seule vérité, et James n'a jamais pu mentir à ses parents. « Je fais encore des cauchemars, mais ça va mieux. Le fait que je vais être papa... ça me terrifie autant que ça me donne des ailes, » dit-il avant de commencer à se servir pour éviter de croiser les yeux de ses parents un moment. Car les cauchemars sont toujours là, moins intenses, moins présents, mais il est rare qu'il passe une nuit sans se réveiller en sursaut et, plus souvent qu'autrement, il n'arrive plus à se rendormir en se réveillant aux petites heures du matin.

« Lily va bien ! C'est fatiguant, la grossesse, mais elle parvient pour l'heure à tout bien balancer avec Ste-Mangouste. On a d'ailleurs un rendez-vous de suivi demain pour le bébé, » continue le poursuiveur en relevant finalament la tête, un grand sourire sur la bouche. « Je suis certain que ça sera un garçon. Vous l'aviez deviné, vous, pour Harry et moi ? »
 

Sourire en coin lancé à ta femme alors que tu ne réponds pas. Que pourrais-tu dire ? Tu n'as pas fermé l’œil de la nuit et même si tu as essayé au début tu t'es vite rendu à l'évidence, tu n'as pas su trouver le sommeil cette nuit alors que des questions allaient dans tous les sens et que déjà, ton cerveau commençait à chercher une solution pour ta femme. Parce qu'il est impossible pour toi d'accepter l'idée qu'elle soit malade sans que tu ne cherches un remède pour elle, pour l'aider. C'est ainsi, tu feras tout ce qui est possible pour Euphémia quoi que cela te coûte. Vous serez fort tous les deux, tu lui fais confiance mais tu ne peux t'empêcher d'hésiter pendant un instant, parce que la fatigue et la crainte t'empêchent d'être rationnel et totalement confiant. Alors juste tu hoches la tête et tu la laisses partir devant toi pour rester seul un instant, quelques secondes afin de te passer un peu d'eau sur le visage et pour souffler aussi. L'air dans tes poumons, frais et plein d'oxygène, te rappelle juste que tu es vivant et que tant que tu le seras alors il y aura de l'espoir pour Euphémia car tu ne cesseras jamais de chercher. Votre fils arrive et tu te colles sur le visage un sourire confiant et tranquille car tout gamin, qu'importe son âge, veut voir son père fort qui ne tremblera jamais malgré les pires épreuves. Et James a besoin de ça, plus que quiconque.

Alors tu le serres ton fils avant de venir te placer auprès de ta femme, posant une main douce dans le creux de son dos pour lui assurer encore une fois que tu es là, comme toujours. Tu as besoin de la toucher tout le temps, plus encore depuis la nouvelle de la veille. Heureusement James est bavard et occupe de suite votre espace, ce qui te permet de ne pas penser à tout ce qui refuse de quitter ton esprit. Alors tu te concentres sur ton petit garçon devenu grand et tu viens te poser dans le canapé, sur l'accoudoir qui ne sert habituellement pas à ça. « Et les diamants ! » Dis-tu en réponse à ton fils quand ta femme fait mention du vin. Mais vous avez quelque chose à fêter n'est-ce pas alors pourquoi ne pas l'ouvrir ? Tu rejoins ton fils à la terrasse, non sans attraper un bol d'olives et de petit fours que Euphémia a préparée la veille et qui attendent dans le frigo depuis tout ce temps. « C'est normal, c'est parce que tu prends conscience que c'est important ce qui va se produire... Si tu n'avais pas peur alors j'te dirais que tu es inconscient. » Dis-tu en lui passant une main affectueuse dans la chevelure, celle qui part dans tous les sens et qu'il tient de ton propre père.

« Elle devra prendre du repos quand même... Elle va vite se rendre compte que les bébés Potter ont besoin de beaucoup d'énergie pour pousser pendant 9 mois ! » Et tu te souviens d'Euphémia qui était épuisée pour vos fils, surtout des jumeaux. Double peine, elle a mis des mois à s'en relever et heureusement vous aviez de l'aide pour vous en occuper. « Deviné j'crois pas... On voulait surtout que vous soyez en bonne santé ! Qu'est-ce qui te fait dire que ce sera un p'tit mec ? » Parler de Harry te pince toujours le cœur, que ce soit votre fils ou votre petit fils, tu ne parviens pas à faire correctement ton deuil ou même à commencer le processus. C'est difficile, tu ne sais même pas si tu y parviendras un jour. Moins encore avec la nouvelle qui vient de vous tomber dessus. « J'ai appris la nouvelle pour ton dernier match, apparemment tu as été exceptionnel ! Il se murmure que d'autres équipes voudraient t'approcher, tu l'sais ? » Tout en disant ça, tu glisses une main vers Euphémia pour attraper la sienne et la saisir doucement.
 

T'es heureuse de pouvoir profiter de la présence de ton fils - tu ne pourrais pas te lasser de l'avoir encore entre les murs de cette maison, te souvenant de ses années d'enfant, à courir partout en gueulant des histoires sortis de son imaginaire où il était à la fois chevalier, pirate et dragon. Tu pouvais alors le regarder faire durant des heures sans te lasser - Harry à sa suite, dans un premier temps, qui interpréter le rôle que son frère pensait pour lui; Sans se battre, sans se plaindre, juste avec le sourire ravie des gamins joyeux.
Avant le drame. Le premier. Pourtant James a jamais perdu cette rage d'exister qu'il portait encore aujourd'hui. Entravée par les pertes, la guerre, la mort, la peur. Entravée mais persistante - il était aussi fort que son père, aussi sûr de devoir exister comme si chaque jour était le dernier. Avec cette passion dévorante et brillante qui le rendait parfait. Tu le regardais, et malgré la fatigue et la peur qui perçait dans son regard parfois, tu le voyais qui souriait et s'agitait pour exister plus fort et plus vite que le temps. Pour dépasser les barrières du possible. Comme Fleamont. Ils vibraient de la vie tes deux garçons et ça te faisait un bien fou.

Vin diamanté et doré sur la table, vous vous mettez rapidement à discuter - surtout de James, de son bébé à venir, de ses craintes. Il sort tout avec facilité, ce qui te rassure encore. S'il a eut cette passe adolescente a essayer de vous cacher les choses, il a jamais été doué pour garder tout à l'intérieur. Il lâche sur vos genoux les raisons de son mal être, à demi-mots bien que vous entendiez plus.
Je fais encore des cauchemars, mais ça va mieux. Le fait que je vais être papa... ça me terrifie autant que ça me donne des ailes Tu notes l'aveux de sa fête avec les deux fils Black - pas étonnée que Sirius ait été de la partie, plus que ravie d'entendre que Regulus l'ait été lui. C'est normal, c'est parce que tu prends conscience que c'est important ce qui va se produire... Si tu n'avais pas peur alors j'te dirais que tu es inconscient. Et tu ne seras pas seul dans cette aventure. Tu pourrais toujours compter sur nous pour vous épaulez. Assures-tu comme tu voudrais pas que les choses soient différentes. En plus de Sirius, Remus et Regulus apparemment ? Ajoutas-tu, sans pouvoir l'empêcher.
Comme instinctivement, il prononçait ce prénom différemment. Différemment d'avant - les choses changeaient si vite parfois, que tu te laissais étonnée par chaque changement.

La conversation allait aisément, comme toujours quand James venait - ou même simplement sous le toit des Potter. Lily va bien ! C'est fatiguant, la grossesse, mais elle parvient pour l'heure à tout bien balancer avec Ste-Mangouste. On a d'ailleurs un rendez-vous de suivi demain pour le bébé, Tu ne pouvais pas te lasser d'entendre parler de cette grossesse - notant de faire venir la jeune femme bien rapidement à la maison aussi pour lui offrir un bon diner et le repos dont elle doit jouir avant l'arrivée de son bébé. Elle devra prendre du repos quand même... Elle va vite se rendre compte que les bébés Potter ont besoin de beaucoup d'énergie pour pousser pendant 9 mois ! Merlin, que tu dis vrai ! J'espère qu'elle est prête pour cela. Dis lui bien qu'elle peut venir quand elle le souhaite : on s'occupera bien d'elle. Et sur les dernières semaines tu te souviens comme tu avais apprécié la présence de la mère de Fleamont à tes côtés. Bien qu'elle était morte peu de temps après la naissance des garçons. Une chose que tu regrettais bien souvent. Je suis certain que ça sera un garçon. Vous l'aviez deviné, vous, pour Harry et moi ? Tu l'avais su rapidement, comme en rêve on te cachait rarement les choses. Deviné j'crois pas... On voulait surtout que vous soyez en bonne santé ! Qu'est-ce qui te fait dire que ce sera un p'tit mec ? Vous donniez des coups chaque fois que ton père prononçait le mot Quidditch ou Troll - je suppose que les filles n'ont pas autant besoin de montrer leur envie d'en découdre. dis-tu avec un rire dans la voix.
Mais que ce soit un garçon ou une fille, cela ne changerait rien pour toi. Peut être une fille te fera sentir moins seule. Tu n'aurais rien contre, vraiment. Et j'ai un petit quelque chose qui nous avait aidé à le savoir rapidement. Tu ne pouvais pas dire le contraire - ton don de voyance était un ajout non négligeable à ton savoir souvent.
Bien que tu l'exécrais pour te montrer la mort plus souvent que le bonheur.

J'ai appris la nouvelle pour ton dernier match, apparemment tu as été exceptionnel ! Il se murmure que d'autres équipes voudraient t'approcher, tu l'sais ? Arquant un sourcil, tu te tournais vers Fleamont. Parce que les Flaquemares sont très bien placés cette année. C'est toujours ainsi : le succès appelle la jalousie. Mais aucune équipe n'est aussi bien dotée pour cette année. Dis-tu, comme la conversation Quidditch était une habitude dans la maison, aussi. Ton entrainement se passe bien ? Tu ne t'épuises pas au moins j'espère ? Demandas-tu en faisant venir sur la table - aussi - les entrées, et commençant à servir les assiettes de ton fils et de ton mari, dont tu prenais la main dès que tu te libérais du moindre mouvement.

 

Sans mentir, il n'entre pas dans les détails et ses parents n'insistent pas. Ils savent que s'il en ressent le besoin, James en dira davantage. Pour l'heure, il profite du moment, de la nourriture et du sentiment apaisé qui se dilue dans ses veines, dans une parfaite contradiction à l'encre noire qu'il y sentait cette nuit. Parler de son futur enfant est une parfaite façon de lui faire du bien, mixé aux délicieux plats de sa génitrice. « Justement, on aurait sans doute besoin d'un coup de main pour la chambre du bébé, dans la coloc. Vous pourriez peut-être passer la semaine prochaine, quand Lily et moi on sera là ? Puis même, avec Marley, Moony et Padfoot, on vous fera un bon dîner ! » planifie James avec une lueur au fond des yeux.

Puis y'a sa mère qui ajoute que Remus et Sirius seront là aussi... ainsi que Regulus. Il la regarde, un instant interdit, sentant, à son grand désarroi, une certaine chaleur l'frapper aux joues et sur la nuque. Il secoue la tête, prenant plutôt une gorgée de vin pour apaiser cette réaction. « J'sais qu'il est heureux d'savoir Lily enceinte, comme il se sent coupable de la mort d'Harry -ce qui est ridicule-, mais j'dois avouer que j'ignore s'il a une affinité avec les enfants, » répond le poursuiveur le plus naturellement du monde. Il se fait cependant la remarque qu'il devra voir avec Regulus ce fait, toujours curieux d'en apprendre toujours sur le Serpentard qui se glisse de plus en plus souvent dans ses pensées.

Son air de rêverie quand le sujet retombe sur Lily et sa grossesse. Face au commentaire de son père, il ne peut pas se retenir d'éclater de rire. « Je vais pas manquer de lui rappeler, » dit-il en pouvant sans peine imaginer le visage exaspéré de la rousse. Bien qu'elle le connaisse depuis assez d'années maintenant pour savoir comment s'y prendre et avec James, le fait d'avoir un bébé Potter a enduré pendant neuf mois sera un nouveau défi pour Evans. « J'y manquerais pas, Maman. Ça lui fera sans doute plaisir de savoir qu'elle a reçu une invitation officielle, » ajoute-t-il, heureux de voir que malgré tout, malgré leur séparation, Lily serait toujours de la famille. Il sait que même si la rouquine n'avait pas été enceinte de lui, ce fait n'aurait pas été différent.

« Quidditch, j'peux comprendre sans problème. J'aurais adoré voir quelle position Harry aurait joué, » indique James avec une petit sourire qui se fait plus triste que joyeux. Il se demande si, comme son propre fils, c'est en attrapeur qu'il aurait terminé. Idéalement, James aurait bien voulu avoir son jumeau comme poursuiveur. À deux, il ne se doute pas qu'ils auraient été imbattables. « J'sais pas, Papa. J'crois que c'est... surtout un souhait. Une deuxième chance, peut-être ? » ajoute-t-il en fronçant les sourcils. Il ne s'est pas arrêté à comprendre ce sentiment qui l'habite au fond d'ses trippes, cette certitude qui, au fond, n'est peut-être pas réaliste. Pour l'heure, c'est plus facile pour lui de croire à cette deuxième chance, car ça lui permet de se lever tous les matins en se disant qu'il n'a pas perdu son fils, pas complètement du moins.

« Jamais aucun secret pour toi, Maman, » indique James avec un sourire amusé. Avant que le sujet dérive sur l'habituel sujet de Quidditch; ce dont James est ravi à tous les coups. Facce à la révélation de son père, James est surpris, ce qui le laisse assez longtemps en silence que sa mère a le temps de répondre. « J'savais pas, non. En même temps, mon agente et l'entraîneur savent que j'suis pas au mieux de ma forme. Avec l'équipe, on est tous surtout un gros bouclier contre toute menace extérieure en ce moment. J'crois qu'on est si bien placé parce que la guerre nous a ravagé; on est une des équipes qui a plus souffert de la guerre j'crois. Niveau personnel autant que professionnel, j'veux dire, » explique le poursuiveur en passant une main dans ses cheveux. Il est certain que ça lui fait plaisir d'savoir qu'il est zieuté, mais pour rien au monde il ne quitterait le Club. « T'as bien raison, Maman. Puis, même si on était pas aussi bien doté, j'partirais de cette équipe pour rien au monde, » complète-t-il avec un sourire qui étire tranquillement ses traits à nouveau.

« Ça va. Les entraînements m'aident à garder la forme, comme j'dois garder une bonne diète pour pas perdre la main. J'avoue en avoir manqué certains, ou de parfois partir plus tôt... ou tard, dépendant de comment ça va. Plus le temps passe, plus ça se replace. On m'a même parlé que je pourrais prendre la relève d'Asher comme capitaine, » annonce-t-il, se disant que c'est l'occasion parfaite de parler de cette offre qu'il n'a pas encore acceptée, ni refusée. C'est le rêve de carrière de James, mais ça tombe dans un moment de sa vie où il nage entre deux eaux, où il ne se reconnait plus tout à fait. Accepter cette position, alors qu'il se sent perdu, serait-ce vraiment la meilleure des idées ? En parler avec ses parents est sans doute un excellent point de départ.
 

Finalement les choses finissent par s'équilibrer non ? Avec tout ce que vous avez traversé, vous finissez par être là, chez vous, à discuter d'un nouveau Potter à venir et tu ne peux t'empêcher d’espérer toi aussi que ce sera un fils, un petit Harry pas pour remplacer celui qui n'est plus mais bien pour être le prolongement d'une famille qui voit les siens devenir des adultes et faire leur vie eux aussi. Vous n'avez eu qu'un fils portant votre nom, un seul Potter et tu voudrais voir ce nom illustre survivre encore une ou deux générations, ne serais-ce que parce que votre héritage et votre histoire familiale est une des plus belles et des plus riches qui soit. Les Potter ont de quoi être fier et toi plus encore, de savoir que tu seras grand-père dans quelques mois. Tu as encore du mal à te faire à l'idée mais tu es certain que ça viendra, que ça finira par se faire une place dans ton esprit. Et que papy sera bientôt le surnom que tu préféreras avant tous les autres. « Bien mais si on apporte le dessert, mh ? Sirius cuisine bien les sucreries mais il en fait toujours trop. » Dis-tu non sans un sourire même si tu adores ton fils adoptif. C'est qu'il va mieux et que toi aussi tu ne peux qu'aller bien, suite à cela. Même si tu combats encore quelques démons qui sont là et des angoisses qui menacent d'emporter tout ce qu'il te reste de raison.

« Et qu'elle n'hésite pas si elle a besoin de quoi que ce soit. C'est la famille et même si vous n'êtes plus ensemble... Lily restera notre première belle fille. » Et la mère de votre petit fils ou petite fille à venir. D'ailleurs ça t'fait penser de passer à Gringott's pour ouvrir un compte et retirer de quoi aider tes enfants. Pas question qu'ils galèrent, même si tu sais que James fera tout pour son bébé, Lily n'est encore qu'apprentie Médicomage et tu ne veux pas qu'elle prenne trop d'heure pour parvenir à acheter ce dont elle a besoin. C'est la famille et c'est votre devoir d'être là pour vos enfants, voilà tout. « Moi aussi fils, moi aussi. » Que tu réponds quand il te parle de Harry et de Quidditch. Peut-être Poursuiveur comme tu l'étais toi ou attrapeur, tu ne saurais dire. Et penser à lui te fait monter de la mélancolie et de la tristesse alors tu prends une gorgée de vin toi aussi, assez grande et piquante, pour te changer les idées. « Ta mère te le dira dans quelques mois. Son don est assez capricieux mais il s'fait tendre pour nous, parfois. » Pas toujours et pas assez à ton goût mais tu as bon espoir que Mia se voit avec un petit garçon à la chevelure brune et aux lunettes dans les bras, d'ici trois ou quatre mois lors d'une parfaite vision.

Parler de Quidditch te rassure aussi et soudainement, tu lèves les yeux vers ton fils pour l'écouter quand il vous renseigne sur sa carrière. Et découvrir qu'il est encore plus doué que tu ne l'imaginais, assez pour avoir un peut-être poste de capitaine. « Ca t’intéresserait ? » Que tu demandes aussitôt car c'est bien ça le plus important. « Si tu hésites alors ne le fais pas trop longtemps. C'est une sacré preuve de confiance et tu le mérites, tu voles depuis que tu sais tenir sur tes deux jambes. C'est une proposition qui ne sera peut-être pas refaites. » Et là il pourrait le regretter. Le Quidditch est un monde difficile où il faut jouer des coudes pour se faire une place mais cette dernière peut-être perdue si vite en quelques matchs ratés ou bâclés. Alors James ne doit pas prendre le temps de réfléchir trop longtemps et saisir les chances quand on les lui présente sous le nez, au risque de voir le meilleur partir si loin qu'il ne pourra pas faire un pas en arrière. Lentement et sans lâcher ton fils des yeux, ta main gauche vient attraper celle de ton épouse parce que t'as soudainement besoin de la toucher, de sentir sa peau contre la tienne et sa présence avec toi. Depuis que tu sais pour sa maladie alors tu la touches tout le monde, dans une tentative vaine de te rassurer et de lui dire que t'es là. Alors que tu sais pertinemment que face au cataclysme qui vous est tombé dessus, elle est malheureusement seule. Et qu'elle va devoir finir par en parler à votre fils.
 

Justement, on aurait sans doute besoin d'un coup de main pour la chambre du bébé, dans la coloc. Vous pourriez peut-être passer la semaine prochaine, quand Lily et moi on sera là ? Puis même, avec Marley, Moony et Padfoot, on vous fera un bon dîner ! Tu prends la nouvelle avec un sourire radieux - heureuse de voir que votre famille peut vivre un moment si heureux que celui-ci. Bien mais si on apporte le dessert, mh ? Sirius cuisine bien les sucreries mais il en fait toujours trop. On cuisinera tout court. J'apporterai ce qu'il faut pour diner, et vous les hommes vous serez chargé des meubles pour la chambre du bébé. Dis-tu avec un semblant de sourire - parce que c'est une chose que tu aimes faire plus que tout. Cuisiner pour les autres. Voir les visages radieux - puis tu sais comme Remus et Lily aiment aussi apprendre à tes côtés. Tu saurais pas leur refuser un moment pour cuisiner ensemble pendant que les autres revoient la décoration de la chambre du petit. Vous allez l'élever dans la colocation alors ? Demandas-tu, bien que tu doutais pas que la chose soit une bonne idée : au moins il y aura tout un village pour les aider.
Mais Fleamont et toi avez aussi discuté la possibilité de laisser la maison de Godric's Hollow à Lily ou James - ou les deux, vraiment, - surtout parce que vous pensiez à déménager au bord de la mer rapidement.
Une chose que tu as pas encore dite à ton fils - tu repousse le moment, surtout maintenant qu'il te parle de ses projets de paternité, de Quidditch et du reste - de Regulus, aussi. J'sais qu'il est heureux d'savoir Lily enceinte, comme il se sent coupable de la mort d'Harry -ce qui est ridicule-, mais j'dois avouer que j'ignore s'il a une affinité avec les enfants, Parfois il suffit d'un enfant particulier pour avoir de l'affinité. Assures-tu, comme tu sais que pour certains sorciers ça marche comme cela. Ils sont pas mordus des bébés, mais le leur ça change tout.

Ta mère te le dira dans quelques mois. Son don est assez capricieux mais il s'fait tendre pour nous, parfois. Tu ris à la remarque de ton mari. Tu le sauras sans doute avant tout le monde - c'est un fait - mais tu ne le dirais que si James et Lily veulent le savoir aussi. Je pourrais même l'utiliser en toute conscience, mais pas sans Lily autour de la table. Avises-tu, comme il te semblait important qu'elle soit de la partie également au sujet du sexe de son enfant.
Alors la conversation dérive et décline, arrive sur le Quidditch et les entrainements qui ont repris au vue de la saison qui se prépare. Ça va. Les entraînements m'aident à garder la forme, comme j'dois garder une bonne diète pour pas perdre la main. J'avoue en avoir manqué certains, ou de parfois partir plus tôt... ou tard, dépendant de comment ça va. Plus le temps passe, plus ça se replace. On m'a même parlé que je pourrais prendre la relève d'Asher comme capitaine La nouvelle te fait naitre un sourire fier et immense - James était jeune, mais aussi jeune que son père quand il avait eut la même chance que de guider une équipe professionnelle. Ca t’intéresserait ? La question la plus pertinente à poser. Si tu hésites alors ne le fais pas trop longtemps. C'est une sacré preuve de confiance et tu le mérites, tu voles depuis que tu sais tenir sur tes deux jambes. C'est une proposition qui ne sera peut-être pas refaites. Et ton père saura te donner mille conseils à ce sujet, comme il était pas plus vieux que toi quand il a eu la même proposition. Admets-tu, sentant la main de Fleamont qui trouve la tienne. Parfois, il est bon de simplement se laisser porter par les possibilités que le destin nous offre. Je sais que tu traverses un moment difficile - mon chéri - mais je sais aussi qu'il n'est rien de mieux que les projets pour continuer à avancer.

Ca te fait monter l'émotion dans la gorge, te tournant vers ton mari tu sais très bien ce qu'il pense aussi - oublie pas de le lui dire ; Tu inspires profondément, te tournant vers James, tu sais aussi que tu peux pas simplement attendre le dessert pour lui parler. Mon chéri, il y a une chose aussi dont nous devons te parler, ton père et moi. Avises-tu avec le plus de douceur que tu peux dans la voix - pour cacher la peur qui étreint ta poitrine à l'idée de lui dire que tu as ta magie qui te mange de dedans. Nous pensions quitter Godric's hollow, et vous permettre d'y emménager, Lily et toi, si vous le souhaitez. Ton père et moi allons partir pour la mer : il est temps pour moi de prendre ma retraite. La vie m'oblige aujourd'hui à rendre les armes.

 

Conversation fluide, qui fait à James un bien fou. Comme un apaisement invisible qui s'insinue dans ses veines, apaisant ses sens et lui permettant de prendre des respirations profondes, vraies. Vraie pipelette qui ne sait plus s'arrêter, il réalise à quel point ses parents lui manquent. Ils ont toujours été essentiel à sa vie, mais dans les derniers mois, il a mis tous ses essentiels de côté, perdu comme un marin à la mer, à naviguer vers une bouée qui s'échappe encore et encore. De la colocation à Lily, de Regulus à Harry, du bébé au Quidditch, tous les sujets y passent, rapidement ou lentement, dépendant des détails à divulguer sur chacun des sujets.

L'avis de ses parents est précieux, ainsi qu'offrant une nouvelle perspective au brun à lunettes. Retarder une réponse, n'est-ce pas de l'autosabotage ? En même temps, est-il réellement prêt pour le rôle de capitaine ? Pourra-t-il apporter à son équipe ce qu'il faut ? « J'ai peur de ne pas être fait pour le poste, » avoue-t-il alors, sans réfléchir, refusant de le faire pour s'assurer de ne pas retenir ses mots. Car les paroles encourageantes de ses parents le motivent à faire de son rêve une réalité, alors que cette part sombre qu'il sent grandir en lui dernièrement, le ramène durement sur terre. « J'porte continuellement ce masque invincible et je me suis convaincu moi-même que je pourrais toujours vaincre et surmonter n'importe quoi, mais... y'a eu tellement de morts, des gens proches, » murmure-t-il en faisant tourner le liquide dans sa coupe. Il hausse les épaules alors, avant de relever les yeux vers ses parents. « Est-ce que vous vous êtes déjà sentis comme ça ? » demande-t-il, fronçant les sourcils, désireux d'entendre la réponse sans se laisser gagner par l'émotion davantage.

Oh, comme il est naïf de penser qu'il est au-dessus de nouvelles douleurs, d'une nouvelle cassure sur son fragile palpitant. Il voit, il sent, que quelque chose se passe. Un regard échangé entre ses parents, lourd de sens. James ne dit rien, attend, impatient, une jambe bondissant rapidement sous la table. C'est sa mère qui prend finalement les paroles et, l'espace d'une seconde, le poursuiveur est soulagé, il pense s'en faire pour rien. « Vous pouvez vivre où vous voulez, c'est votre vie. Lily ou moi qui grandit avec le bébé me semble... une excellente idée. » Son soulagement est de courte durée. Le sourire qu'il a vu naître sur sa bouche meure aussitôt que les dernières paroles d'Euphemia s'enregistrent dans sa tête, puisqu'elles ne font aucun sens. « La vie t'oblige à prendre ta retraite ? Je ne comprends pas... tu n'es pas dû pour ta retraite, j'suis certain que tu pourrais me battre en moins de deux dans un duel, » dit-il, sourcils froncés, avant de se tourner vers son père. « Qu'est-ce qui se passe ? » demande-t-il en le regardant dans les yeux, forçant à garder sa voix inflexible et puisant la force des Potter dans son regard rassurant.
 

Parce que ta femme tranche et décide que vous serez là pour monter les meubles, tu te retiens de lui dire que la magie peut faire une telle chose sans doute parce qu'elle va te répondre qu'user de vos mains peut avoir du bon aussi. Mais tu préfères hocher la tête et faire passer cela avec une gorgée de vin plutôt que de renchérir. Parler de Regulus te rend silencieux pendant un temps, parce que tu ne sais pas comment te placer concernant le jeune homme. Tu es encore dans l'observation et depuis quelques semaines, tu prends toujours le temps de regarder au lieu de foncer, il a presque fallu que tu atteignes les 50 ans pour faire preuve de plus de sagesse et de maturité. Parfois tu fais comme ton père avant toi, il faut un drame pour cesser d'se comporter comme un cerf qui fonce dans le tas. N'est-ce pas ironique en réalité ? « Bien-sûr pas sans Lily. Ca la concerne aussi de toute façon. » Et parce que c'est elle qui porte le bébé alors sa voix compte plus pour toi. C'est bien les femmes qui souffrent le plus lors d'une grossesse, c'est normal qu'on les laisse parler avant tout le monde.

« C'est normal, un leader doit constamment douter pour le bien des siens. C'est ça qui te poussera à devenir meilleur et à te dépasser toi mais aussi à pousser les autres à se surpasser. » Parce qu'un leader qui pense être déjà le meilleur ne sert à rien, il ne fait pas avancer l'équipe qui reste à son niveau sans jamais passer au dessus. Et t'es certain que ce n'est pas ce qui est attendu pour les Flaquemare. « Oui... Nous avons perdus beaucoup d'amis et quand on était jeune, bien avant ta naissance, il y avait déjà des attaques. Tu te souviens dans ce pub pendant ton voyage ? C'était des proto-mangemorts je crois bien... » Que tu dis en te tournant vers ta femme pendant un instant puis tu reviens à ton fils. « Les mangemorts existent depuis plus longtemps que les années 70 tu sais. Ils ont pris en ampleur ces dernières années mais bien avant ta naissance ils faisaient déjà parler d'eux, d'une manière certes plus discrète mais les attaques étaient déjà là. A l'époque nous avons perdus des collègues, des frères et des sœurs d'armes. On ne s'y fait jamais mais... Les morts ne souffrent plus ça, c'est l'apanage des vivants. Et se torturer, s'empêcher de vivre ne sert à rien. C'est une chose que tu comprendras en prenant de l'âge. Pour le moment tu as l'impression que c'est insurmontable mais tu te rendras compte qu'on continu d'avancer sans oublier pour autant. La douleur est toujours là, elle s'endort un peu et ça la rend plus vivable. »

Parole que tu veux pleines de sagesse mais même en essayant d'être le plus positif possible le résultat est là, les absents le seront toujours et il ne reste que les vivants qui doivent apprendre à ne pas se lamenter toute la journée. Et surtout qui ne doivent pas s'empêcher de vivre. Et parce que malgré tout vous avez une chose à faire, tu laisses à ton épouse le choix de lui parler enfin même si sous la table tu tiens sa main, dans un geste doux pour témoigner de ton soutien auprès d'elle. Et parce que tu ne la lâcheras pas, jamais. A ses mots tu serres plus fort sa main avant de tourner ton regard vers James, lui offrant un sourire triste et désolé parce que tu sais que dans la seconde où il saura alors c'est toute sa vie qui va changer, tout comme la tienne s'est effondrée à l'annonce de cette maladie qui te met à la fois en colère mais aussi qui te plonge en plein désespoir. Ton fils te cherche des yeux et tu soupires avant de tendre une main vers lui, cherchant à attraper ses doigts que tu serres doucement une fois que tu les as. « Ta mère... Ta mère est malade, mon chéri. » Et parce que ton épouse a aussi besoin de soutien dans l'annonce de cette nouvelle, tu décides d'aider comme tu le peux même si tu n’imagines pas un instant ce qu'elle traverse. « Il y a quelques mois elle a commencé à souffrir des articulations et à force, elle s'est faites voir à St Mangouste. C'est la Roche-lune, une maladie magique qui dévore lentement les os, les muscles... Il faut qu'elle arrête de transplaner ou d'user d'une magie trop puissante sinon la maladie va se développer encore plus vite. D'après le médicomage elle a six mois, peut-être dix devant elle avant de cesser toute activité magique au risque de réduire drastiquement son espérance de vie. Donc ta mère prend sa retraite et nous allons nous retirer en bord de mer pour lui permettre d'aller mieux... » Et tu finis par tourner un regard vers Euphémia et lui lancer un sourire réconfortant. Le pire vient d'être lâché, voilà que plus rien ne sera comme avant.
 

Ce qui devenait étonnant en voyant tes enfants grandir, c'est la profondeur des discussions que vous pouvez avoir à présent. T'es heureuse, de voir que ton fils hésite jamais à se livrer à vous, à faire part de ses craintes et des sentiments qui le traversent. Il a besoin de vous encore aujourd'hui et t'es fière de pouvoir être une oreille attentive et les meilleurs conseils possibles pour lui. Tu aimerai pouvoir l'être pour toujours. Mais tu sais que c'est une chose impossible. J'porte continuellement ce masque invincible et je me suis convaincu moi-même que je pourrais toujours vaincre et surmonter n'importe quoi, mais... y'a eu tellement de morts, des gens proches C'était le lot des gens vivants. Est-ce que vous vous êtes déjà sentis comme ça ? Tu opines, mais c'est Fleamont qui prend la parole en premier - c'était une chose que vous aviez traversé tous les deux. Le monde était marqué par les pertes - tous les vivants avec les leurs. Mais quand on était Aurors c'était une habitude cruelle, un état de fait dans le quotidien. La mort était une compagne constante, cruelle mais présente. C'est normal, un leader doit constamment douter pour le bien des siens. C'est ça qui te poussera à devenir meilleur et à te dépasser toi mais aussi à pousser les autres à se surpasser. Tu écoutais les paroles de Fleamont, apprenant à votre fils que vous aviez rencontré des Mages noirs il y a longtemps.
Vous aviez perdu des dizaines d'amis, de collègues. Vous aviez eu votre lot de deuils et de larmes. Vous en aurez encore - sans doute. C'était douloureux, mais c'était inévitable. C'est difficile de vivre, d'exister quand on voit le vide laissés par ceux qu'on a aimé. Mais c'est plus dur encore de ne plus vivre, de laisser les mois, les années passer en restant immobile parce qu'on se raccroche à un souvenir. Ca demande du courage, mon fils, d'avancer. Et tu savais que James ne manquait pas de courage. Tu savais comme il était douloureux d'avoir vécu autant à son âge. Tu aurais aimé pouvoir l'en protéger, mais tu n'as pas ce pouvoir-là. C'est plus dur encore, de vivre avec des regrets. En se demandant constamment et si ? et aucun de nous deux ne veut cela pour toi. Parfois, il faut arrêter de penser, et simplement exister. Dis-tu en prenant la main de ton fils pour la serrer doucement.

Tendrement. Et en bout de fil, ton aveux. Ton aveux que la vie se fera encore douloureuse, difficile. Et que tout ce que tu veux pour ton fils, c'est qu'il continue d'avancer. Qu'il ne laisse pas l'existence s'étioler en restant en arrière - il doit avancer, il doit vivre, il doit exister, se tromper, gagner, et continuer. Vous pouvez vivre où vous voulez, c'est votre vie. Lily ou moi qui grandit avec le bébé me semble... une excellente idée. Tu opines, sentant la main de Fleamont sur ta cuisse. Brûlante et rassurante. Mais t'es pas capable de parler plus. La vie t'oblige à prendre ta retraite ? Je ne comprends pas... tu n'es pas dû pour ta retraite, j'suis certain que tu pourrais me battre en moins de deux dans un duel Tu souris, sachant que James avait raison - pour l'instant. Mais pour combien de temps ? Ton fils était bon duelliste. Et toi, bientôt, tu sentiras ta magie te dévorer si durement que tu ne seras plus capable de lever ton bras.

Qu'est-ce qui se passe ?

La question résonne finalement entre vous, et tu prends la main de Fleamont. Parce que tu ne peux pas continuer. Tu n'as pas envie de faire subir cela à votre fils. Tu voudrais le protéger, lui cacher la vérité pour simplement le guider dans l'existence. Qu'il n'ait pas de regret. Pas de remord. Pas de peine. Mais la peine viendra automatiquement. La vie se fait ainsi. Ta mère... Ta mère est malade, mon chéri. Condamnée aurais-tu envie de hurler. Soudainement, cela te semble si injuste. Il y a quelques mois elle a commencé à souffrir des articulations et à force, elle s'est faites voir à St Mangouste. C'est la Roche-lune, une maladie magique qui dévore lentement les os, les muscles... Il faut qu'elle arrête de transplaner ou d'user d'une magie trop puissante sinon la maladie va se développer encore plus vite. D'après le médicomage elle a six mois, peut-être dix devant elle avant de cesser toute activité magique au risque de réduire drastiquement son espérance de vie. Donc ta mère prend sa retraite et nous allons nous retirer en bord de mer pour lui permettre d'aller mieux... Six mois, et la mer comme cadeau. Tu te laissais aller contre ton mari, sentant sa présence comme terriblement rassurante. Voila tout ce à quoi tu aspirais. La présence de Fleamont contre toi. Je sais que c'est une grosse nouvelle. J'en suis désolée mon chéri. Mais ça ira, tu sais. Ton père et moi... on fera tout ce qu'il faut pour que... pour que je vive le plus longtemps possible encore. Tout ira bien.


 

Les mots qui s’évaporent, s’impriment sous la peau à coup de vérité et de facilité. James ne se passerait des moments avec ses parents pour rien au monde, sentant plutôt le poids qui pèse sur ses épaules s’alléger doucement. Même eux, après la mort d’Harry, il a tenté d’éviter, incapable de les laisser le voir n’être qu’une moitié, que l’ombre de lui-même. Aujourd’hui, ses peurs s’échappent de ses lèvres plus vite que l’alcool sucrée ne teint ses lèvres; il n’a pas besoin d’excuse pour mettre carte sur table. Moment décisif dans sa carrière, un faux pas pourrait le plonger dans un état de regret qu’il se refuse.

Son père lui fait part de sa sagesse, le fait sourire quant à la responsabilité d’un bon leader. Il a raison et ses paroles agissent en baume sur ses doutes. Ils viendront et partiront, certes, mais se remettre en question est la meilleure chose à faire pour avancer. « J’préfère douter et avancer plutôt que de faire du surplace, » complète-t-il après les mots rassurants de son père. Il lève son verre pour le remercier, laissant le vin le rafraîchir tandis que son père, puis sa mère, lui parler de la guerre d’avant, des pertes qui n’arrêtent jamais vraiment. Dur de garder son titre de soleil quand ses rayons se font brutalement arracher. « Vaut mieux sourire devant les souvenirs plutôt que pleurer. Faut apprendre à faire de même avec la douleur du deuil, » murmure James avec un petit sourire, reconnaissant à ses parents.

Reconnaissant, mais pas pour longtemps. Un tapis d’espoir si brusquement arraché, avant même que son père lui dise que sa mère est malade, James sent son monde s’écrouler. Encore. La Roche-lune… Même le nom de la maladie ne semble pas réel. Il réalise à peine que sa main, qui se trouvait un instant plus tôt enlacé dans celle de sa mère, se trouve maintenant serrée autour des doigts de son père. Il secoue la tête, les sourcils froncés. « Et si elle arrête la magie dès maintenant ? Ça pourrait rallonger sa vie ? » La panique lui serre la gorge, alors il se lève, s’arrache de l’étreinte et fait quelques pas en arrière. « Combien de temps ? » ajoute-t-il alors, réalisant brusquement que cette maladie est mortelle. C’est bien ça, non ? Réduire considérablement son espérance de vie… mais celle-ci est déjà compromise.

Un rire s’échappe de la bouche de James aux paroles de sa mère. « Tout ira bien ? Ce sont des conneries ! » Il ne réalise même pas que son ton vient de monter, qu’il hurle presque, maintenant. « Est-ce pour ça toutes vos paroles sur le fait qu’il faut avancer et continuer à vivre ? C’était pour mieux m’préparer au fait qu’on allait devoir vivre sans toi ? » ajoute-t-il en direction d’Euphémia, tout en pointant son père et lui rapidement du doigt, ne pouvant pas concevoir une seule seconde que le moment qu’il vit là, maintenant, est réel. Il secoue la tête, encore, refusant de croire, attendant de pied ferme qu’on lui annonce une plaisanterie cruelle.

La nouvelle est lancée, l'air se fait lourd et suffoquant entre vous. Soudainement tu voudrais être ailleurs, loin de cet endroit, fuir en un lieu où il n'existe pas une telle nouvelle à annoncer à votre fils. Juste la joie et le bonheur de le voir devenir père, plutôt que de lui annoncer que c'est sa mère qui est malade. La survie après la guerre mais jusqu'à quand ? Le sort est cruel avec vous et se fait un malin plaisir à vous rappeler qu'il gagne toujours, quoi qu'il en coûte. Sauf qu'au lieu de fuir tu attrapes la main de ta femme et tu serres, tu te tournes vers elle et tu lui fais un sourire parce que hé... Tout ira bien n'est-ce pas ? Vous êtes là et tu as confiance en ce que vous partagez pour pouvoir t'y raccrocher. James est courageux n'est-ce pas ? Il est sage, il saura prendre la nouvelle et pourtant... Pourtant tu n'as devant toi qu'un gamin de 20 ans qui a déjà trop vécu pour son âge, qui a dû devenir mature en pleine guerre et qui ne l'est pas réellement, qui peine à savoir où est sa place quand la menace ne date même pas d'un an. Que dit-on déjà de la culpabilité du survivant ? Alors que James, vous le savez, aurait dû perdre sa vie si Harry n'avait pas été là ?

L'idée t'est insupportable encore maintenant et même si ton fils est devant toi, pourtant en croisant son regard tu lis tout ce qu'il traverse, toute sa douleur et ses doutes qui ne partiront pas avant longtemps. Pas avant que son cœur soit apaisé comme le tien a dû l'être après la perte de Harry, disparu dans une eau glacée et meurtrière. On oublie jamais mais on fait avec. James se lève soudainement, incapable de tenir debout et tu retrouves ta main douloureuse mais pas autant que ton cœur qui te fait mal, qui bat trop vite. « Trois ans. Peut-être cinq si elle cesse toute magie trop puissante. » Le verdict tombe comme une gifle et à mesure que tu parles, c'est comme si tu lâchais une insulte à la face du monde. Parce que ce n'est pas juste ce qui vous arrive, pas plus que la maladie qui ronge doucement ta femme. Pas après toutes ces années, après avoir évité le pire à tant de gens, avoir sauvé le monde magique des dizaine de fois. Et ta femme se retrouve malade quand des mangemorts mourront à plus de 80 ans dans leur lit ? C'est honteux.

« James, ne hurle pas ! » Réponse du tac au tac alors que tu finis par te lever pour t'approcher de lui et l'attraper dans tes mains. Une de chaque côté de sa tête pour forcer ton fils à te regarder, comme lorsqu'il était petit et qu'il volait un peu trop de bonbons dans la boite de couleur rouge qui est toujours posée dans l'entrée de la maison. Et qu'il jurait que ce n'était pas lui alors qu'il sentait encore la fraise chimique. « Fils, je comprends que tu sois en colère et que tu veuilles hurler. Mais ça ira, on va faire notre possible pour trouver un remède ou au moins quelque chose afin de ralentir la maladie. Ta mère va cesser le transplanage et les sortilèges puissants, ce qui va largement l'aider. On va avoir du temps ensemble. » C'est comme une litanie incessante, cette envie que tu as de répéter que ça va aller. Ton regard accroché à celui de ton petit garçon, c'est comme si il avait 6 ans soudainement et qu'il pleurait encore pour la perte d'un frère dont il n'était pas responsable. Tu caresses ses joues de tes pouces, doucement, sentant comme la peau douce a laissée place à une barbe légère qui pique. Le petit garçon est devenu homme mais ne cessera jamais d'être un enfant pour toi. « Je te promets que ça ira. » Mais sans savoir si ce sera vraiment le cas.
 

Tu es glacée.
Aussi glacée que le corps de votre fils dans l'eau du lac en hiver. Aussi glacée qu'en présence des Détraqueurs quand tu touches les berges d'Azkaban. Aussi glacée que ce temps qui efface qu'il reste de ton avenir pour te mordre par la douche caresse de la fatalité. Incapable de bouger, ton fils s'élève face à la nouvelle qu'il refuse et tu peux pas lui en vouloir. Tu comprends, tu sais bien qu'il la refuse parce qu'il a peur - tu peux pas lui en vouloir, de le refuser en faisant un pas en arrière, en gueulant sa colère, en vous regardant pour vous condamner à la culpabilité. Tu souffles à peine, respire en silence, comme si déjà tu t'effaçais. Et si elle arrête la magie dès maintenant ? Ça pourrait rallonger sa vie ? Ils parlent de toi sans te voir, sans s'apercevoir que tu es encore là. Tu dis rien, laissant le père et le fils s'entremêler de paroles colériques et de murmures réconfortants. Combien de temps ? Trois ans. Peut-être cinq si elle cesse toute magie trop puissante. La condamnation est tombée, répétée par la voix éprise d'espoir de ton mari. Tu voudrais y croire aussi - sauf que ta place elle est face à cette chose qui te ronge de dedans et t'empêche d'user de la magie sans en souffrir. Toi, la cheffe des Aurors. Toi la combattante. Toi la guerrière, voila que tu dois rendre les armes.

L'injustice te mord encore les os, comme James grogne et gueule comme un lion en cage. Il apprend la nouvelle comme une fatalité contre laquelle il ne peut rien. Rien n'est plus vrai que cela - il n'y peut rien - ce combat n'est pas à lui. Ce combat il ne pourra peut être pas le gagner. Ni lui ni personne. Tout ira bien ? Ce sont des conneries ! Tu voudrais répondre, mais t'es pas capable. Tu voudrais lui mentir, lui dire que tu vas guérir, que tout ira bien, que c'est juste comme cela une de ces épreuves à passer dans la vie. Mais t'es pas capable. Parce que toi même t'es aveugle face à l'avenir. Est-ce pour ça toutes vos paroles sur le fait qu’il faut avancer et continuer à vivre ? C’était pour mieux m’préparer au fait qu’on allait devoir vivre sans toi ? Ca te frappe comme une gifle en plein visage. Quand Fleamont se lève à son tour. Toi, t'es figée. Toi, t'es glacée déjà. James, ne hurle pas ! Tu secoues la tête, mouvement imperceptible - un presque rire qui ne t'échappe pas parce que Fleamont lui répond en hurlant à son tour sans s'en rendre compte. Il va vers lui, ils s'enlacent, et l'image se grave dans ta mémoire.

Est-ce qu'ils s'enlaceront ainsi le jour de tes funérailles ? Ca sert ta gorge d'y penser, de le dire, de le voir comme si c'était un mirage déjà existant. Tu te lèves doucement, cependant, parce que rester assise te donne le sentiment de passer à côté du moment. Fils, je comprends que tu sois en colère et que tu veuilles hurler. Mais ça ira, on va faire notre possible pour trouver un remède ou au moins quelque chose afin de ralentir la maladie. Ta mère va cesser le transplanage et les sortilèges puissants, ce qui va largement l'aider. On va avoir du temps ensemble. Tu croises les bras sur ta poitrine, laissant les deux hommes que tu aimes se retrouver pour se forger un lien. Un lien qu'ils devront conserver pour la suite. Après - tu veux pas y penser, arguant que trois ou cinq années c'est encore du temps. Le temps, c'est peut être tout ce que vous avez, mais tu vas t'assurer de les vivre pleinement. Je te promets que ça ira. Ne nous en veut pas, de continuer à agir comme tes parents. Dis-tu de ton côté, sans avancer plus. Tu as le sentiment d'être frigorifiée. Toutes ces belles paroles sur le fait de continuer à avancer, c'est les conseils de parents aimant. Rien à voir avec moi ou la maladie ou ton père : juste avec toi. James, ton père et moi n'avons jamais rien voulu de plus que ton bonheur. Et jamais rien ne pourra changer ça. Avisas-tu, comme pour toi c'est son avenir à lui qu'il est important de dessiner. C'est celui-ci qui reste entièrement à écrire. Il est des choses contre lesquelles on ne peut pas se battre, contre lesquelles on ne peut que gagner du temps - mais le temps reste notre bien le plus précieux. Ne perd pas le tiens à te battre contre le mouvement du destin. Et embrasse le tiens, tu veux ?