Les nuits ne sont pas toujours faciles. De manière générale, elles s'améliorent, mais James n'est jamais à l'abri d'un cauchemar. Après, il n'arrive pratiquement jamais à fermer l'œil de nouveau. Ses mains tremblent, alors il se lève et sort à l'extérieur; là où il trouve un paquet de clopes même pas entamé. James remercie il ne sait pas lequel de ses amis qui a laissé ça trainé, même s'il se doute que c'est l'action de Padfoot. Ce dernier a remarqué comme il est plus enclin à tomber dans la nicotine depuis la mort d'Harry. Car James a dû mal à gérer son hyperactivité, il doit constamment avoir quelque chose à faire, un mouvement répétitif, quitte à rester planter debout comme une statut; tout se dégrade dans ces moments-là.
L'pire, c'est que James n'aimait pas la nicotine. Du temps de Poudlard, il grognait sur les joueurs qui osaient jouer avec leur endurance et leur santé avec ces petits bâtons cancérigènes, et aujourd'hui... disons simplement qu'il se sent comme un bel hypocrite.

Pour l'heure, il se contente d'ouvrir le paquet et attraper une cigarette, qu'il glisse entre ses lèvres avant de... grogner de frustration. Il n'a pas sa baguette. En fait, James est en boxer, n'ayant pas pris la peine de s'habiller davantage avant de sortir sur la terrasse. Elle est belle, leur terrasse, placé parfaitement pour continuellement leur donner un peu de soleil et d'ombre en journée. Assez grande pour accueillir chaque membre de la coloc aussi, ce qui est bien pratique quand ils veulent manger tous ensemble à l'extérieur. Ça fait un moment que ça ne s'est pas produit, depuis... James secoue la tête, rentre plutôt de nouveau à l'intérieur pour aller chercher un large pull (de Quidditch, avec son nom et son numéro à l'arrière) qu'il enfile rapidement. Les nuits de septembre se font de plus en plus froides, après tout. Il en profite pour attraper sa baguette et se dirige de nouveau à l'extérieur...

... Et passe proche de mourir de frayeur. La solitude est brisée par la présence d'une des filles. James s'approche, et constate que c'est Marlene. Oh. Elle ne semble pas spécialement heureuse de le voir depuis qu'elle est de retour; James ne peut pas lui en vouloir, puisque c'est la meilleure amie de Lily. Le poursuiveur espère que ça sera un bon moment pour se parler, et peut-être apaiser un peu la tension qu'il sent entre eux. Après tout, il a toujours adoré Marlene et cette situation lui pèse plus qu'il ne veut bien l'avouer. « Tu n'arrives pas à dormir non plus ? » demande-t-il avant d'allumer sa clope, glisser sa baguette dans la poche avant de son pull, puis tendre le paquet dans la direction de la blonde.

 

 
Au vue de ses nuits difficiles et du venin qu'il peut sentir de la part de Marlene envers lui, James aurait pu retourner sur ses pas. Mais James n'est pas du genre à éviter les problèmes ou les malaises, et plutôt du genre à foncer droit dedans... normalement. Il se dit que maintenant est mieux que jamais, alors il prend sur lui, s'installe sur la chaise proche de la blonde quand elle lui fait un signe de tête, et prend son courage à deux en ouvrant la bouche. Avant de tourner la conversation vers lui, vers le problème, il veut tout de même s'assurer qu'elle va bien. C'est après tout la première fois qu'il la croise sur le balcon en plein milieu de la nuit.
« Non, j'ai pas mal d'insomnies depuis mon retour. Normalement je reste dans ma chambre mais là ... j'avais besoin d'air. » Il écoute, puis penche la tête sur le côté, fronçant les sourcils par curiosité. « Seulement depuis ton retour ? Tu sais ce qui aurait pu provoquer ça ? » demande-t-il d'une voix relativement calme, pour James Potter. Il prend une bouffée de sa cigarette, après avoir déposé le paquet sur la petite table entre Marlene et lui.

« Qu'est-ce qui trotte dans ta tête pour que t'arrives pas à dormir ? Y'a un gros match qui approche ? » James lui offre un sourire un brin triste, qui ne doit pas se voir si bien sous la seule lumière de la lune, qui est loin d'être pleine. Puis, il tourne les yeux vers les étoiles. « J'aimerais que ça ne soit que ça... Je fais des cauchemars depuis la mort d'Harry, » dit-il d'une voix qui se fait presque trop silencieuse, un murmure qu'il dépose en essayant de garder le contrôle de ses émotions. Il est toujours fragile après sesdits cauchemars, cependant, il veut garder la tête froide pour le temps qu'il est avec Marlene.
« J'suis content de te croiser, même si j'me réjouis pas de tes insomnies, » reprend-il en mettant un peu plus de force dans sa voix, avant de tourner de nouveau la tête vers elle. « J'ai remarqué que t'es plutôt froide avec moi depuis ton retour, j'imagine que ça n'a rien à voir avec ton trouble du sommeil ? » continue-t-il d'un ton qu'il essaie de faire léger, même si une part de lui craint (et connait) une partie de la réponse à sa propre question. Il imagine que ça a un lien avec sa rupture avec Lily, mais préfère ne rien prendre pour acquis et plutôt laisser tout le loisir à Marlene de lui dire ce qu'elle a envie.

 

 
« Ouais, depuis que je suis rentrée seulement. Y'a pas mal de raisons, Anubis est sûrement la numéro 1. Les traumas de la guerre en revenant à Londres. Enfin ... des tas » James ne connaît pas les détails sur ce qui est arrivé entre Marlene et Anubis, mais il n'en a pas besoin pour savoir qu'il déteste ce serpent avec une véritable passion. « Juste ça ? Je m'attendais à des trucs plus sérieux, » dit-il néanmoins, dans un doux effort d'alléger les cauchemars qui se font lourds sur leurs quatre épaules. Quand il parle d'Harry, Marlene grimace sans rien dire. Que pourrait-elle ajouter, de toute manière ? Il préfère cet interlude de silence confortable plutôt qu'un nouveau pardon qui n'a pas vraiment sa place.

Après un moment, il casse plutôt le silence en mentionnant qu'il est content de passer un peu de temps avec elle. « J'suis heureuse aussi, James, même si j'aurais aimé que ça soit ... autrement » « On aura plein d'autres moments pour ça. D'ici là, on sait qu'on pourra compter sur la présence de l'autre quand les cauchemars vont raccourcir nos nuits, » répond-t-il avec son éternel positivisme. Ça lui fait du bien de retrouver cette touche unique à sa personnalité, malgré les temps sombres qui ont plantés leurs griffes dans son âme et contre lesquels il doit encore se battre sur une base constante.

Depuis la nouvelle de Lily, ça va mieux, cependant. Le fait qu'elle soit enceinte, que la mort d'Harry ne soit pas inéluctable, finalement, lui a fait un bien fou. Elle n'a pas de rancune envers lui concernant leur rupture abrupte, ce qui soulage son âme plus qu'il ne l'aurait pensé; elle souhaite le garder dans sa vie, et il ne pourrait pas demander mieux. « C'est que ... Je sais, je suis désolée, c'est juste que je sais pas comment me positionner par rapport à toi, et à Lily et à toute cette histoire. J'veux dire ... C'était un choc, si j'avais été là ce jour tu sais que j'aurais cassé ton nez parfait, » explique Marlene quand il lui mentionne la froideur dont elle fait preuve à son égard depuis son retour.

Il laisse un rapide rire lui échapper face à son dernier commentaire. « Ça m'aurait sans doute fait du bien, en plus d'être mérité, » dit-il avant de se tourner vers elle, un petit sourire au coin de la bouche. Il est crispé, bien que les prochaines paroles de la blonde détend ses muscles aussi rapidement que l'eau s'échappe entre les roches d'un ruisseau. « Mais ... Je crois que c'est bon, maintenant. Enfin, je pense. Tu es un excellent ami et ... t'as toujours été là pour moi alors ... J'vais peut-être pas casser ton nez parfait finalement. » Nouveau rire, bien que celui-ci soit surtout dans l'optique de cacher le fait que ses yeux se soient soudainement remplis de larmes; James n'a jamais caché être un type émotionnel, il vit ses sentiments à fond car c'est ce qui est le plus simple pour lui. N'empêche que parfois, c'est difficile à gérer et il a souvent l'réflexe de cacher sa peine ou ses faiblesses derrière son sourire solaire. « Je suis soulagé de l'entendre, » murmure-t-il, avant d'éteindre sa cigarette terminée puis d'en allumer une autre.

« Tu aurais pu venir me parler tu sais, je mords pas... trop, » ajoute-t-elle en souriant à son tour. « J'aurais normalement pas hésité, mais dison que je n'suis pas tout à fait... moi, dernièrement, » explique-t-il en passant une main dans ses cheveux déjà plus ébouriffés qu'à l'habitude. « J'suis cependant content d'avoir mis ça à plat avec toi. Puis, t'sais, j't'en voudrais pas qu'tu sois fâchée à cause de comment ça s'est terminé avec Lily. J'suis pas trop fier de moi. Gêne-toi pas si tu sens qu'il faut m'engueuler un bon coup... ou même me foutre ton poing sur mon nez parfait, » prend-t-il la peine de préciser, car c'est la vérité. Sa rupture avec Lily est tombé entre deux chaises avec les retombées de la guerre et la mort de leur fils venu du futur; ça n'empêche pas que James s'y est pris comme un pied, qu'il lui a fait mal, et que même s'il est pote avec Marlene, elle est plus proche de Lily encore. La rousse comme lui a un cercle d'amis extraordinaire, ça ne fait aucun doute.

 

 
« On aura venir ici à chaque fois qu'on arrive pas à dormir, pour tomber l'un sur l'autre, si jamais » James hoche la tête, prend une nouvelle bouffée de cigarette avant de se pencher vers l'avant. Il étire son bras dans la direction de Marlene, levant son petit doigt. « C'est promis, » dit-il avec un sourire.  « T'as même la permission de venir me chercher si jamais j'pas déjà ici, » ajoute-t-il le plus sérieusement du monde. Pour le Potter, c'est important d'être présent et d'aider ses amis comme il peut. S'il peut accompagner Marley la nuit, alors, peut-être qu'il ne se sentira plus si inutile et perdu. Peut-être que ça pourra l'aider de se retrouver en aidant son amie. Il se tout de même la remarque que si jamais il commence à bien dormir (ce dont il doute pour le moment), il devra se mettre une alarme magique pour venir rejoindre la blonde le temps qu'il lui faudra.

Il rigole devant la remarque de Marlene. « Tu peux m'insulter comme tu veux, tant que tu n'as pas dénigré comme j'suis joli garçon, » indique-t-il avec un clin d'œil, avant de prendre un air plus sérieux pour répondre à la question.  « On est déjà revenu en bons termes, » assure-t-il avec sincérité.  « Tu connais Lily. Quand elle en a eu marre, elle est venue me chercher dans ma chambre pour qu'on mette les choses à plat. »

Ce qui est plus difficile, pour James, c'est de parler de lui et ce qui le brise. Ce qui le rend humain, et pas quelqu'un de surréel qui peut être présent aussitôt qu'on a besoin de lui. C'est difficile, également, de s'ouvrir aux autres alors que notre premier réflexe est plutôt de tout faire pour ceux qu'on aime. « Pourquoi tu te sens plus tout à fait toi ? » Son premier réflexe est d'ailleurs d'hausser les épaules et banaliser son ressenti d'un sourire assuré. « C'est rien. C'est un sentiment qui va m'quitter rapidement, j'me sens mieux, tranquillement, » assure-t-il avec autant de jovalité qu'il peut créer, même si, au creux de la nuit, il ignore s'il est crédible. Un silence s'installe avant qu'il ne soupire et ne tourne son attention vers le ciel. « T'as jamais ressenti un sentiment semblable ? Quand des événements arrivent, pareils à des tsunamis qui secouent ton être au complet et te laisse là, sans que tu puisses savoir quel côté est le Nord ou le Sud ? »

 

Plaisanter c’est bon pour la santé. Phrase qui aurait fait un excellent mantra au James d’autrefois, au James auquel il tente désespérément de s’accrocher. Est-il naïf de penser qu’un jour, il pourra retrouver cette joie de vivre au goût de bonheur ? Il espère que non. « Fais attention au melon qui te sert de tête, » dit en roulant des yeux, mais en riant tout de même. C’est assez pour garder un fin sourire sur la gueule du brun quelques instants, apaisant cette nuit qui s’inscrit sous le signe de l’insomnie.

« En effet, c'est tout elle ça. Et j'espère bien qu'ele t'a tiré les oreilles. Tu mérites quand même qu'on les tire. » Aussitôt, les mains du brun se relèvent pour attraper doucement ses oreilles; il fait bien attention pour ne pas se brûler avec sa cigarette. « Ouais, mais au moins, ça ne les a pas fait avoir une taille d’oreille d’éléphant. T’imagine ? » ajoute-t-il, petit sourire toujours en place.

Juste une seconde de plus, avant qu’il s’efface de nouveau et qu’il tire une longue bouffée, gardant la fumée le plus longtemps possible dans ses poumons. « Tu penses qu’elle a vraiment envie d’avoir un bébé avec moi ? » demande-t-il soudainement, sans la regarder, laissant plutôt son regard filer au niveau des étoiles. Cette pensée vient et repart dans son esprit depuis qu’il a eu le temps de se remettre de la joie de peut-être sûrement retrouver son fils. Après tout, reste que quelques temps plus tôt, il a mis fin à leur relation, après avoir passé des années à affirmer que Lily Evans était la femme de sa vie. Maintenant, même si elle avait voulu faire son deuil de lui, son deuil d’une relation amoureuse, elle était prise à jouer aux parents. Il ignore si Marlene lui répondra ou jusqu’à quel point elle le pourra, mais il va prendre ce qu’elle voudra bien lui donner.

La discussion continue et James lui demande si elle a déjà eu l’impression d’voir son monde changer du tout au tout. Comme si elle se serait réveillée, soudainement, pour voir que son univers n’est rien de ce qu’elle aurait pu de prime abord imaginer. « Si, bien sûr que j'ai déjà ressenti. Quand Anubis m'a quittée au beau milieu de notre voyage en Europe, dans une sublime villa en Grèce, je me suis dit que mon monde ne serait plus jamais le même, que jamais je n'arriverais à retrouver une vie normale. J'étais perdue, je ne savais pas quoi faire et ... J'avais perdu le nord. » James fronce les sourcils alors qu’elle marque une pause. « J’sais que ce n’est peut-être pas l’genre de choses que tu souhaites entendre, mais… j’l’aime pas vraiment, cet Anubis, » dit-il, tirant une dernière fois sur sa clope avant de l’éteindre dans le cendrier.

Et alors que Marlene reprend paroles, il s’en allume une autre en se forçant à ne pas se faire de remarque sur le fait qu’il abuse. « Revenir ici, c'est ce qui m'a aidé. Voir Sirius, Lily, et tout le monde, ça m'a aidé à remettre de l'ordre dans ma vie. Habiter ici avec vous, c'est ce qui m'aide, beaucoup. Il n'est plus qu'un mauvais souvenir, maintenant. » « J’suis ravi de l’entendre, » dit-il avec une chaleur dans la voix. Tant mieux si le retour chez elle lui permet de retrouver ses repères, de se reconstruire tranquillement.

« J'doute pas que tu réussisses aussi à remettre de l'ordre dans ta tête. Et puis je peux toujours te secouer pour remettre de l'ordre dans tes idées, tu sais. Ca serait un plai-sir » Cette fois, c’est lui qui laisse échapper un rire, un brin canin. C’est qu’il pense à Sirius, réalisant soudainement que son meilleur ami lui manque. Il ne doute pas qu’il serait un excellent ajout à la conversation. « Tant que tu m’promets de me secouer plus fort qu’une promenade volante sur la moto de Padfoot, » réplique-t-il.

Puis, parce que la curiosité est forte, parce que depuis sa propre séparation avec Lily et depuis qu’il ne sait plus trop où se pose au niveau émotionnel, il se mord la lèvre inférieure. La question sort de sa bouche sans qu’il ne le réalise vraiment. « Tu crois que tu pourras faire confiance à quelqu’un pour aimer à nouveau, un jour ? » S’il craint pour Lily ou pour lui, James ne pourrait pas le dire. Peut-être un peu des deux, peut-être surtout pour Marlene, qui est une personne extraordinaire qui ne mérite pas de terminer le palpitant en miettes à jamais.