[Starchaser] Hate loving you

 
Il prend le coup sur le côté gauche de son visage, sur le côté de son nez et sa bouche. Sa pommette aussi, bien que le sang s'écoule de sa narine alors que l'impact le fait reculer de plusieurs pas. James s'y attendait, bien qu'il est surpris de la force de Regulus. Le plus jeune est plus petit, son gabarit clairement celui d'un attrapeur élancé et finement musclé. Mais la rage est là, autant dans son poing qu'au fond de ses yeux colériques. En plongeant dans son regard, le palpitant du Gryffondor manque quelques battements; qu'importe l'attention qu'il parvient à récolter de Regulus, il veut juste son attention. Depuis que Sirius a pris la fuite du Square pour vivre avec lui et ses parents, la relation que James était parvenu à construire doucement avec Regulus fut mise aux oubliettes... ce qui a fait bien plus mal que le poursuiveur veut bien se l'admettre.

Après un certain temps, le Potter a réalisé qu'il éprouvait des sentiments pour Regulus. Un cœur brisé est difficile à ignorer, encore plus quand il a dû faire comme si de rien n'était afin d'être présent pour l'aîné de la famille. James a laissé Regulus s'éloigner dans l'vain espoir d'oublier cette histoire d'amour impossible, avant d'admettre que ses sentiments n'iraient nulle part. Alors le Maraudeur a décidé de tout mettre en œuvre afin de faire réaliser à Regulus que de rester avec ses parents le conduiraient à sa mort, et que Sirius le voulait dans sa vie, qu'il ne l'avait pas abandonné par choix; s'il avait simplement accepté de partir avec lui, tout serait différent aujourd'hui. James en rêve souvent, de cette vie alternative et de ce qui aurait pu fleurir entre le Serpentard et lui, dans un tel cas. Prongs sait reconnaitre quand quelqu'un s'intéresse à lui, convaincu que le regard que Regulus lui portait à l'époque était loin d'être indifférent.

Aujourd'hui ? C'est de la haine pure et dure. Mais ne dit-on pas qu'entre l'amour et la haine, il n'y a qu'un pas ? Ça ne lui coûte rien de rêver, n'est-ce pas ? James a toujours eu un kink pour l'impossible, pour les sorciers à la réplique facile et insultante; Regulus est absolument parfait dans ce rôle. Cependant, entre les regards exaspérés et les insultes qui l'fait sourire, il aimerait plus. « Qui aurait cru que tu cachais autant d'force dans ce petit corps ? » demande James sans pouvoir s'empêcher de sourire, le masochiste, tout en essuyant le sang qui s'échappe lentement sur ses lèvres. « Avoir su que j'devais juste dire la vérité sur tes parents, j'l'aurais fait bien avant, » ajoute-t-il en osant faire un pas vers le plus jeune, le regard brillant.
Pas de doute, James Fleamont Potter est clairement masochiste.

 

 
Pas de doute, James Fleamont Potter est clairement masochiste. Pourquoi serait-il débarqué comme ça sur la Tour d'Astronomie autrement, pour l'emmerder assez pour que Regulus perde son calme légendaire ? Assez pour se récolter une gauche, que le Serpentard remarque avoir balancé seulement quand ses jointures commencent à lui faire mal ? Avec un feulement de colère, il secoue sa main et recule d'un pas; foudroyant Potter avec une haine non dissimulée. Ce n'est pas la première nuit que le rouge et or vient le trouver ici, comme s'il sait exactement où le trouver chaque fois. Car quand ce n'est pas sur la plus haute des tours de Poudlard, c'est dans le parc ou près du lac. La nuit, c'est le moment pour Regulus de laisser tous ses masques, de ressentir ce qu'il n'ose jamais autrement. Et Potter lui enlève tout ça, l'harcèle et vraiment, il mériterait bien plus qu'un simple poing dans son ignoble gueule.

« Qui aurait cru que tu cachais autant d'force dans ce petit corps ? » Il insulte sa famille, puis maintenant son apparence physique ? « Assez de force pour t'pousser en bas de cette tour et faire croire à un accident, » feule-t-il encore. S'il doit être franc, Regulus ne comprend pas à quoi l'garçon plus vieux joue. Pourquoi il s'entête à le trouver nuit après nuit, pourquoi il revient alors que Regulus l'ignore la plupart du temps. En même temps, le Serpentard ne veut pas l'savoir, préfèrerait juste avoir la paix. Revenir à quelques semaines plus tôt, où il faisait comme si Potter et Sirius n'existaient pas.
« Avoir su que j'devais juste dire la vérité sur tes parents, j'l'aurais fait bien avant, » rajoute l'autre. Chaque mot est comme de l'essence qu'on laisse couler sur un feu déjà ardent, dans le stupide but de mourir lécher par des flammes dévastatrices. « Ne prétend pas connaître mes parents, Potter, » grogne-t-il en serrant les poings le long de son corps, oubliant l'espace de quelques instants la douleur pulsant dans sa main gauche.

« Sirius et toi êtes si pathétiquement dépendant l'un de l'autre qu'une petite dispute fout toute ton existence en l'air ? C'est Sirius, il ruine toujours tout. Maintenant que c'est dit, va pourrir l'existence de quelqu'un que ça intéresse, » ajoute-t-il, faisant un nouveau pas vers l'arrière en voyant Potter qui en fait un dans sa direction. Puis il en fait un autre, et un autre, dans la ferme intention de l'ignorer et aller s'appuyer sur une rambarde de pierres. Les étoiles sont plus belles à regarder que cet imbécile heureux d'toute manière.

 

Est-il fou ? Fou amoureux, sans aucun doute. James n’arrive pas à s’enlever Regulus de la tête. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Rendez-vous, flirt, farces… rien n’a fonctionné très longtemps. Ainsi, le meilleur plan pour le Gryffondor, c’est de passer le plus de temps possible avec l’adolescent. À force de se faire rembarrer, il finirait par se lasser, non ? Mais même devant une cause perdue, James n’arrive pas à se détourner. Au contraire, plus il se trouve près de lui, moins il se voit capable de s’en tenir loin. « Assez de force pour t'pousser en bas de cette tour et faire croire à un accident, » vient le feulement de Regulus, qui ne fait que sourire James davantage. « Je n’en doute pas une seule seconde, mais… » le poursuiveur prend soudainement un air sérieux, bien qu’une lueur animée reste présente au fond d’ses yeux, et il glisse sa langue entre ses lèvres. « Je vais sûrement te manquer, rien qu’un tout petit peu ? »

Il veut son attention coûte que coûte, et c’est pour ça que James ne s’est pas gêné pour parler des parents Black. Ce sont deux êtres qu’il déteste par-dessus tout, pour tout ce qu’ils ont fait subir à Sirius, mais également parce qu’ils tiennent encore Regulus entre leurs griffes. Ils sont malsains et James aimerait que le plus jeune ne se contente pas d’un tel environnement familial. « Ne prétend pas connaître mes parents, Potter. » « J’en connais assez pour savoir que tu serais mieux n’importe où plutôt qu’avec eux, » réplique James sans se gêner. Le poursuiveur doute que son interlocuteur est assez désillusionné pour ne pas savoir à quel point ses parents ne méritent pas ce titre. Il a vu ce qu’ils ont fait à Sirius, ça rend le rouge et or malade juste à penser que Regulus subit encore leurs colères.

« Sirius et toi êtes si pathétiquement dépendant l'un de l'autre qu'une petite dispute fout toute ton existence en l'air ? C'est Sirius, il ruine toujours tout. Maintenant que c'est dit, va pourrir l'existence de quelqu'un que ça intéresse. » James a beau aimer désespérément l’attrapeur, la mention de LA farce, celle qui a tout chamboulé pour les Maraudeurs, ne passe pas. C’est un sujet sensible pour James, car elle affecte encore chacun d’entre eux d’une horrible façon, en plus d’être plutôt récente. Regulus n’a pas le temps de se rendre bien loin, avant que James l’attrape par le poignet et l’fasse reculer brusquement jusqu’au mur près d’eux. « Sirius n’a rien ruiné, Reg, il a simplement sauvé sa peau. Ce que tu devrais toi-même faire, avant qu’il ne soit trop tard, » grogne-t-il, puis l’attrape par le menton pour relever son visage et plonger dans ses yeux tempétueux. « Peux-tu me regarder dans les yeux et me dire que tu ignores ce fait ? Qu’il méritait de se prendre autant de sortilèges dans la gueule, de débarquer chez moi ensanglanté ? »

James a toujours été quelqu’un qui aime avec tout son cœur. Ça fait du sens qu’il cherche la compagnie de Regulus alors que les Maraudeurs ne sont pas au mieux, en ce moment. Mais même s’il a dû mal à regarder Sirius dans les yeux sans ressentir une vague de colère le faire trembler des pieds à la tête, il ne peut pas tolérer cette réaction de la part du plus jeune des Black. C’était littéralement une question de vie ou de mort, et James est terrifié de savoir que Regulus n’est pas à l’abri d’un tel destin.

 
« Je n’en doute pas une seule seconde, mais… Je vais sûrement te manquer, rien qu’un tout petit peu ? » Regulus n’aime pas la lueur qu’il voit briller dans les yeux de l’autre étudiant. Sa remarque, d’ailleurs, le fait rire narquoisement. « Qui s’ennuierait d’un parasite lui collant à la peau, » clame-t-il d’une voix sans faille, y glissant toute sa certitude. Alors que la vérité, celle que le brun ne veut pas s’avouer même à lui-même, c’est qu’un univers sans James Potter serait fade. Il le sait, car après tout, ne vit-il pas sans lui depuis plusieurs mois, à présent ? Regulus a coupé les ponts avec lui autant qu’avec son frère et le reste de leurs amis, pour le mieux. Il tente désespérément de se convaincre que c’est pour le mieux.

Le Gryffondor est têtu, une vraie tête de dragon qui ne sait pas lâcher le morceau, même quand il ne reste rien de plus qu’un os mâchouillé et sans goût. Regulus le déteste tellement pour ça. Peut-être un peu trop pour que ça soit réel. « J’en connais assez pour savoir que tu serais mieux n’importe où plutôt qu’avec eux, » dit le lion à lunettes d’une voix qui ne laisse pas place au doute. Le vrai problème, en fait, c’est qu’outre avec eux, le Serpentard n’a de place nulle part. « Merlin soit loué, James Potter en connait assez pour se proclamer spécialiste de la famille Black. Où avais-je la tête ? J'aurais dû savoir que tes connaissances limitées font de toi la personne parfaite pour me dire où est ma place, » réplique-t-il avec sarcasme, juste après avoir roulé des yeux. Quand est-ce que Potter va comprendre que ce n’est pas de ses affaires et que ça ne le regarde pas ?

Jamais, parce qu’il n’a visiblement pas l’intention de laisser Regulus tranquille. Une autre chose que le Serpentard déteste de James Potter, c’est son incapacité à respecter la bulle des gens qui l’entourent. Même avec le regard furibond, il doit trouver le moyen d’avoir un contact physique avec la personne qu’il parle. Ou bien Regulus ne fait qu’espérer alors que le Maraudeur s’apprête à l’étrangler ? Vu la proximité, la température de l’attrapeur augmente de quelques degrés; ce qu’il met rapidement sur le compte de la colère quand son vis-à-vis ouvre la bouche. « Sirius n’a rien ruiné, Reg, il a simplement sauvé sa peau. Ce que tu devrais toi-même faire, avant qu’il ne soit trop tard, » claque la voix de James. Il attrape son menton, lève son visage vers le sien… Dans d’autres circonstances, il n’est pas difficile d’imaginer ce qui aurait pu se passer ensuite; même si jamais Regulus ne se permettrait un tel faux-pas avec le meilleur ami de son imbécile de frère aîné. « Peux-tu me regarder dans les yeux et me dire que tu ignores ce fait ? Qu’il méritait de se prendre autant de sortilèges dans la gueule, de débarquer chez moi ensanglanté ? »

Du mieux qu’il peut, Regulus repousse James. Ils sont si près l’un de l’autre toutefois qu’il ne parvient pas à le pousser complètement; ou peut-être que c’est parce que ses poings se ferment violemment sur son uniforme que le poursuiveur n’a pas l’occasion de s’éloigner tant que ça. « Ils ne l’auraient pas tués, Potter. Nos parents nous aiment à leur manière, ils veulent que le meilleur pour nous. Sirius ne voyait pas tout ça, mais moi, moi je comprends. Je ne cherche pas à prendre la fuite, je suis parfaitement bien où je suis, » feule Regulus d’une voix qu’il n’arrive plus parfaitement à maîtriser. Il sent l’émotion juste là, à la surface. Il refuse de la laisser gagner, de laisser Potter gagner.
« Pourquoi est-ce que tu me cherches tous les soirs, qu’est-ce que tu cherches à accomplir, mh ? Je n’ai pas besoin d’être sauvé, alors étouffe-toi avec ton complexe du héros et laisse-moi tranquille ! » Il est à bout de souffle, le Black, à force d’essayer de rester collecter. Clairement, il n’y arrive pas, puisque quelques instants auparavant, il a mis son poing dans la gueule de Potter. Voilà une raison principale du pourquoi Regulus déteste autant le Gryffondor; pour une raison qu’il ignore, camoufler ses émotions avec lui s’est toujours avéré être mission impossible.

 
« Qui s’ennuierait d’un parasite lui collant à la peau. » Devant une telle certitude, James ne peut que sourire. Encore une façon de lui dire qu’il ne vaut rien à ses yeux, et pourtant, le poursuiveur ne peut que trouver Regulus encore plus attachant. Qu’est-ce qu’il peut y faire, le lion, si plus il se fait repousser, plus il en veut, plus il en redemande ? Ça pourrait paraître malsain et, au fond, peut-être que ce l’est un peu; ça ne va pas l’empêcher de rechercher l’attention du plus jeune, qu’elle soit positive ou négative. Présentement, elle est plutôt négative, certes, mais James en mange, encore et encore et… « Merlin soit loué, James Potter en connait assez pour se proclamer spécialiste de la famille Black. Où avais-je la tête ? J'aurais dû savoir que tes connaissances limitées font de toi la personne parfaite pour me dire où est ma place. » Oh, le sarcasme qui dégouline de chaque mot. Ça ne devrait pas lui faire l’effet que ça lui fait, pourtant… Y’a pas à dire, James Potter est faible pour tout ce qui concerne Regulus Black.

Ça ne veut pas dire qu’il est immunisé contre les conneries des frères Black. James est autant spectateur qu’assez impliqué pour deviner les teintes grisées dans le noir abyssal du ressentiment et des blessures des deux côtés. Le travail sera lourd et pénible pour arriver à la seule conclusion possible : rien n’est la faute des enfants, tout part des parents. D’ici qu’ils le comprennent, cependant, James se verra réagir impulsivement, comme en ce moment, alors qu’il recule Regulus contre le mur, quand il attrape son menton entre ses doigts. Des actions posées par un excès de colère. Pour la première fois de sa vie, James est furieux contre Sirius, pour la première fois et, il l’espère, la seule, James est incapable d’excuser le comportement de son meilleur ami. Il ne se concentre par sur ce fait tandis qu’il répond à son petit frère, toutefois, car l’image d’un Padfoot brisé au pas de sa porte le hante encore.

Regulus le repousse, l’éloigne et le retient, les poings serrés sur son uniforme. La main de James glisse également, s’attrape contre la cape noire du Serpentard. « Ils ne l’auraient pas tués, Potter. Nos parents nous aiment à leur manière, ils veulent que le meilleur pour nous. Sirius ne voyait pas tout ça, mais moi, moi je comprends. Je ne cherche pas à prendre la fuite, je suis parfaitement bien où je suis, » claque la voix courroucée de l’attrapeur. À cette réponse, James ne peut s’empêcher de lâcher un rire incrédule, le visage laissant transparaitre cette émotion également. « Il faut croire que t’es aussi intelligent que t’es têtu, » répond James en secouant la tête. « Est-ce que tu écoutes ce que tu dis ? Ils vous aiment à leur façon ? On ne violente pas nos êtres aimés quand on est sain d’esprit, Reg, » ajoute-t-il en essayant de maîtriser sa colère. Pour la peine, elle n’est pas dirigée que contre Regulus, mais également ses parents et le pouvoir qu’ils ont sur lui. Ayant vécu dans un foyer aimant et respectueux, il trouve inconcevable que des parents puissent traiter leurs enfants de la sorte sans sourciller.

« Pourquoi est-ce que tu me cherches tous les soirs, qu’est-ce que tu cherches à accomplir, mh ? Je n’ai pas besoin d’être sauvé, alors étouffe-toi avec ton complexe du héros et laisse-moi tranquille ! » C’est peut-être à cause de la tournure de la conversation, peut-être parce que James est désespérément amoureux, qu’il veut désespérément que Regulus réalise et comprenne qu’il mérite mieux, qu’il répond en étant presque trop honnête. « Car j’tiens à toi, car j’pense… non, je sais qu’tu mérites mieux que de te contenter de leur faire plaisir. Réalises-tu seulement à quel point t’es extraordinaire, Reg ? Quand tu laisses ton masque tomber, quand t’as pas à craindre des représailles et que ton regard brille car t’es captivé d’un sujet… Ouais, peut-être que c’est une façon de vouloir te sauver, mais tu sais quoi ? En t’sauvant, j’me sauve aussi, car mes journées sont toujours plus belles quand t’es pas loin. » La voix de James commence forte, affirmée, puis se termine dans un murmure. La main qui se tenait sur la cape de Regulus remonte, glisse sur son épaule, se rapproche de sa nuque, alors que le Gryffondor s’approche de nouveau. Il est essoufflé, lui aussi, le cœur battant la chamade en réalisant ce qu’il vient de dire. Il se mord la lèvre inférieure, mais ne recule pas et se dit que, tant qu’à l’avoir dit, il l’assumera jusqu’au bout.

 
Regulus se demande quel est le problème de James Potter. Qu'importe ce que l'attrapeur peut lui sortir, il sourit, heureux de s'en prendre plein la gueule. Clairement, il lui manque une case... mais n'est-ce pas aussi le cas de Regulus ? Qui est-il pour juger, alors que clairement, il n'est pas dans une position plus saine vis-à-vis de ses parents ? « Il faut croire que t’es aussi intelligent que t’es têtu. Est-ce que tu écoutes ce que tu dis ? Ils vous aiment à leur façon ? On ne violente pas nos êtres aimés quand on est sain d’esprit, Reg, » claque la voix du brun, qui n'sourit plus, maintenant. Finalement, Regulus a réussi à assombrir son stupide visage toujours trop rayonnant.
James parle comme si Regulus ignorait comment ça se passait dans les autres familles. C'est précisément car il l'a appris depuis qu'il est à Poudlard qu'il peut dire que ses parents l'aime à leur façon. Parce qu'ils ne savent pas ce que c'est l'amour, outre une faiblesse qu'un Black ne peut s'abaisser
à ressentir. La vérité, c'est que le Serpentard a été dans cette même position, convaincu de la même chose... avant que son coeur ne soit brisé par son frère. Alors là, là, il a compris ce qu'était l'amour.

Car on réalise toujours ce qu'on avait une fois qu'on a perdu. Il ne voit pas l'intérêt de relever ce commentaire, principalement parce qu'il n'a pas envie de débouler dans un argument sans fin, sans queue ni tête. James et lui ne seront jamais sur la même longueur d'onde, alors pourquoi par Salazar s'acharne-t-il ? « Car j’tiens à toi, car j’pense… non, je sais qu’tu mérites mieux que de te contenter de leur faire plaisir. Réalises-tu seulement à quel point t’es extraordinaire, Reg ? Quand tu laisses ton masque tomber, quand t’as pas à craindre des représailles et que ton regard brille car t’es captivé d’un sujet… Ouais, peut-être que c’est une façon de vouloir te sauver, mais tu sais quoi ? En t’sauvant, j’me sauve aussi, car mes journées sont toujours plus belles quand t’es pas loin. » Quel genre de réponse est-ce que c'est ? Regulus ne sait pas, Regulus ne comprend pas. Il a l'impression que ses oreilles sifflent, il sent son coeur qui bat à toute vitesse, il sait, il sait très bien que son masque s'est fissuré, que la surprise est étampée partout sur sa gueule.

Alors, il repousse James violemment, afin qu'un mètre de distance se positionne entre eux. Non, non, il n'a pas le droit de lui dire tout ça. Après la surprise et les joues rouges, c'est la colère qui commence à peindre ses traits. « Mais d'où tu sors toutes ces conneries, Potter ? Après tu dis que ce sont mes parents qui ne sont pas sains d'esprit ? Tu ne me connais pas, on ne sera jamais amis, alors il serait foutrement temps qu'tu arrêtes de voir la vie à travers les yeux d'une licorne, » feule Regulus, de plus en plus insulté au fil qu'il entend les mots être vomis d'la bouche du poursuiveur devant lui. Car rien de ce qu'il dit ne peut être la vérité. Regulus ne peut pas se permettre d'y croire, pas même l'espace d'une seconde. « T'es pas bien, Potter, pour toujours t'accrocher aux gens qui n'en ont rien à foutre de toi. Te baigner d'illusions que le monde est parfait et que tout peux s'arranger d'un foutu coup de baguette magique. Tu n'parviendras pas à arranger les choses entre Sirius et moi. Alors fous. Moi. La. Paix. »

Ses paroles, cette fois, ce sont plus froides encore car Regulus monte son mur, ses défenses, devant l'regard noisette du lion. Il ne veut pas écouter les réactions de son coeur ni de son corps, ainsi il se détourne complètement de James pour marcher jusqu'à la rambarde de pierres et s'y appuie, respirant les yeux fermer quelques secondes. Dans un vain espoir de reprendre ses esprits; vain car il sent toujours la présente de Potter non loin d'lui.

 
Impossible de manquer comme Regulus n'aime pas ce que James lui dit, mais il garde le silence. Regulus est une montagne-russe, la favorite de l'animagus, qui monte et descend rapidement, des nuages au visage éclaté sur le sol de pierre. De colère aux papillons dans le ventre, le voilà qui regarde chaque centimètre de sa peau de porcelaine, pâle, absente de toute imperfection. Comme s'il avait été forgé dans le marbre le plus pur, avec deux orbes argentées posant sur lui un regard passionné. De rage et de ressentiment, certes, mais passionné tout de même. James en a la tête qui tourne, le sang qui pompe si vite dans ses veines qu'il ne peut qu'être brutalement honnête.

Dans le plus beau de ses rêves, sur ses lèvres alors se poseraient celles de Regulus. Il pourrait alors se perdre dans ce baiser, qui serait sans aucun doute le meilleur de toute sa vie... jusqu'au prochain, puis l'autre d'après, et après, et après... car dans le plus beau de ses rêves, Regulus l'aime aussi, il est à son bras pour toujours, laissant derrière toutes ces inepties de pureté de sang et sa maudite famille. Dans la réalité, James est brutalement repoussé. Il s'enfarge presque dans ses pieds, mais parvient à ne pas tomber. Le visage de l'attrapeur est maintenant peint de surprise, une autre émotion qu'il n'apparente pas à la haine s'esquisse dans son portrait sans que James ne puisse mettre un mot dessus.

Il est trop concentré à sentir son palpitant qui s'effrite. Même la si la réaction est prévisible, elle ne fait pas moins mal. « Mais d'où tu sors toutes ces conneries, Potter ? Après tu dis que ce sont mes parents qui ne sont pas sains d'esprit ? Tu ne me connais pas, on ne sera jamais amis, alors il serait foutrement temps qu'tu arrêtes de voir la vie à travers les yeux d'une licorne, » claque la voix froide, sans une once de compréhension. James fronce les sourcils, alors. « Je ne te connais pas ? » réplique-t-il seulement, incrédule. « J'ai jamais prétendu avoir toute ma tête, mais j'sais que je te connais mieux que tu ne peux le penser. Je sais que la raison pour laquelle tu t'échappes tous les soirs c'est pour respirer et te permettre d'être toi. Que tu préfères la solitude à la foule, qui t'essouffle, et que tu détestes de ce fait les événements puristes. Tu adores le piano et le chant, tu adores adapter les chansons populaires à ton goût; j'ai d'ailleurs jamais entendue une voix comme la tienne, elle me donne des frissons. Tu es intelligent, t'adore autant la littérature que des grimoires de connaissance générale. Tu veux apprendre, et quand tu ne connais pas la réponse à quelque chose, tu feras tout pour la trouver. Tu caches tes livres moldus derrière un charme, alors qu'ils sont tes préférés. Je sais que tu as étrangement un faible pour les histoires de Jane Austen, et que tu as lu plusieurs fois chacun de ses romans. Le matin, le seul truc que tu arrives à manger c'est un morceau de tarte aux pommes. Tu adores l'astrologie, ta couleur préférée est le bleu et chaque fois que tu parles de quelque chose qui te passionne, masque ou non, tes yeux brillent, » dit-il en faisant un pas, puis deux, vers Regulus. Son regard est sérieux, son corps vrille des confessions.

« Je sais que c'est plus facile pour toi de faire comme si tu me détestais, comme si tu détestais Sirius, plutôt qu'avouer qu'il te manque, » ajoute-t-il sans oser s'ajouter dans le lot. « T'es pas bien, Potter, pour toujours t'accrocher aux gens qui n'en ont rien à foutre de toi. Te baigner d'illusions que le monde est parfait et que tout peux s'arranger d'un foutu coup de baguette magique. Tu n'parviendras pas à arranger les choses entre Sirius et moi. Alors fous. Moi. La. Paix. » Il fait volte-face et marche d'un pas décidé vers la rambarde de pierres, là où il s'appuie pour regarder les étoiles. James se laisse une minute pour reprendre son souffle et calmer son coeur qui bat trop vite, sans succès.

Alors sans plus attendre, il avance, jusqu'à se retrouver à moins d'un mètre du dos de Regulus. « Le problème est là, Reg, » murmure James en s'immobilisant enfin, gardant son regard rivé sur la nuque de l'attrapeur en résistant à l'envie de l'entourer de ses bras. « Je n'arrive pas à rester loin de toi. J'aimerais tant que tout redevienne comme avant, mais en mieux. Les moments qu'on passaient tous les deux me manquent, tu me manques. Ça m'dérange pas de récolter ta haine si ça remplace le silence de l'an dernier. » Sa voix est juste assez élevée pour qu'elle puisse se rendre aux oreilles du brun. Il glisse autant de franchise dans le ton, afin que Regulus puisse le croire, qu'il arrête d'être si borné avec ses murs érigés tout autour de lui.
Est-ce vain ? James ose encore croire que non.

 
Danse macabre, danse cruelle; à chaque pas que James fait, Regulus recule, se garde sain d'esprit avec une saine distance. La mélodie est composée par son palpitant frénétique, vil traitre qui se laisse gagner par les mots prononcés de la bouche délici- détestable du rouge et or. Les grands murs érigés de glace autour de lui commencent à fondre, même s'il s'entête à souffler de ses paroles vénéneuses assez de froid pour les maintenir en place. Qu'importe l'acharnement du brun, qu'importe le bleu brûlant de ses yeux, Regulus ne cèdera pas. Après tout, à quoi bon ? Ça n'apportera rien du tout, qu'une goutte de lumière vouée à mourir dans l'océan de noirceur qu'est Regulus Black.

Comme si James ne le surprenait pas assez, le voilà qui lui montre toutes ces choses banales qu'il connait à son sujet. Regulus à la tête qui tourne,
tourne,
tourne,
mais il refuse de craquer. Il n'arrive pas à retrouver son souffle, alors il ne peut point le rembarrer. Oh, comme il aimerait l'envoyer au diable ou, encore mieux, le balancer en bas de la Tour d'Astronomie. Ça réglerait aussitôt tous ses maux, et il pourrait continuer sa vie en ignorant autant son existence que celle de son frère.

C'est presque inconsciemment que le brun s'est détourné, marchant d'un pas qu'il veut assuré jusqu'à la pierre qui, s'il devait tenter de jeter Potter par-dessus bord, poserait problème à un certain point. « Le problème est là, Reg, » murmure son cauchemar sur deux pattes juste derrière lui, pas assez proche pour le toucher, mais assez pour le frissonner; il maudit son corps d'être un aussi grand traitre que son coeur. Regulus ferme les yeux, se redressant d'un même mouvement dans un geste inconscient, le faisant ainsi se rapprocher du poursuiveur.

« Je n'arrive pas à rester loin de toi. J'aimerais tant que tout redevienne comme avant, mais en mieux. Les moments qu'on passaient tous les deux me manquent, tu me manques. Ça m'dérange pas de récolter ta haine si ça remplace le silence de l'an dernier. » Plus proche signifie que cette fois, son souffle frappe contre sa nuque. Frisson -dégoûté, rien d'autre- force son corps à frémir, force presque un gémissement désespéré de quitter ses lèvres. Il empêche le maudit bruit en se mordant violemment la langue, fermant avec plus de force ses yeux gris pour camoufler la tempête fracassant tout à l'intérieur de lui. « La ferme, Potter, » grince Regulus d'une voix qui n'est plus si froide et haineuse. « Ça ne sera plus jamais comme avant alors il serait plus que temps que tu fasses une croix là-dessus, » ajoute-t-il avant de se retourner à nouveau.

« Je- » mais sa voix meure avant même qu'il ne parvienne à former une phrase cohérente quand son regard tombe dans celui de James. L'intensité est telle qu'elle lui coupe le souffle, un livre ouvert ne se gênant pas pour transmettre toute parcelle d'émotion habitant le ridicule Gryffondor devant lui. Oh, comme Regulus est foutu. C'est pourquoi il ne retient pas ses prochains mots. « Tu peux m'embrasser sous les étoiles, mais ça ne m'empêchera pas de te détester demain. »

 
Ça commence avec un coup dans la gueule, ça continue avec des confessions. Le seul aveu qui ne s'échappe pas d'entre ses lèvres mutines est le constat passionné des réels sentiments qu'il éprouve pour Regulus. James le connait assez pour savoir que ça serait trop, des mots qui ne feraient que le faire fuir pour ne plus jamais revenir; qu'importe ce qu'il ressent lui-même. Oh, le poursuiveur ne se fait pas l'utopique illusion que ses sentiments puissent être partagés. Néanmoins, son objectif n'est pas de séduire le petit frère de son meilleur ami, juste de lui faire comprendre qu'il est attaché, assez pour justifier pourquoi il veut le garder près de lui.

« La ferme, Potter. Ça ne sera plus jamais comme avant alors il serait plus que temps que tu fasses une croix là-dessus, » clame le serpent sans le regarder, poison toujours dégoulinant sur ses crocs acérés. Jamais il ne pourra faire une croix sur avant, ni après, ni maintenant, jamais il ne pourra se départir de l'attrapeur. Est-il fou ? Probablement. Désillusionné ? Carrément. Y'a aucune logique qui bat dans l'palpitant de James Potter. Aucune règle quand l'amour entre en jeu, outre le fait qu'il craque plus on le repousse. C'est un passionné des défis, un romantique dans l'âme qui veut autant chasser que se poser. Pour Regulus Black, il s'enchainerait lui-même sans une seconde d'hésitation.

« Je- » dit-il sans fin, dans un tourbillon de mèches bouclées couleur jais. James est si proche qu'il arrive en attraper l'effluve claire et boisée, juste assez fruitée pour révélé ce que le propriétaire refuse d'avouer. Soit bien plus de lumière dans son être qu'il ne veut bien l'accepter. Il se sent vaciller, cependant, quand son regard plonge dans la tempête grisée. Car il voit le moment exact où le feu s'éteint, laissant place à- à- à quoi, par Merlin ? James l'ignore, mais sent l'instant qui oublie l'existence du temps. Ne sent plus le vent, n'entend plus la nuit, ne voit plus l'espace autour d'eux. Il se perd, perd, se noie, embrasse cette lumière nouvelle qui semble craquer toutes les défenses de Regulus.

« Tu peux m'embrasser sous les étoiles, mais ça ne m'empêchera pas de te détester demain. » Un rêve, n'est-ce pas ? James se demande à quel moment la réalité s'est effacée, quand il est retourné dans son lit s'allonger. Il ignore combien de temps passe, doit finalement se pincer pour se convaincre de la matérialité du moment. Avant même de parler, il réagit, glissant une main autour de la taille de Regulus, l'attirant vers lui alors qu'il avance. Résultat amène le brun à être prisonnier entre le mur froid et le corps brûlant de James qui ferme les yeux. Collé front contre front, son coeur est si vivant qu'il ne bat plus. « Déteste-moi autant que tu veux, si c'est de cette manière que ta haine se dessine, » murmure-t-il sans s'approcher davantage, même s'il sait que la bouche tentatrice n'est plus qu'à quelques pouces. Il n'est plus qu'à quelques pouces de sentir son âme quitter son corps pour voler droit dans les étoiles. Se brûler droit dans les bras de son étoile. « Tu veux vraiment que je t'embrasse ? » dit-il, les mots sonnant faux dans ses propres oreilles. La main libre qui se lève pour passer dans les boucles soyeuses, oh, comme il a longtemps rêvé de faire ça.

 
Regulus n'a pas le temps de regretter ses paroles. La franchise serait plutôt de dire qu'il n'a pas pris conscience qu'elles quittaient sa bouche. Un regard et voilà qu'il est devenu prisonnier de James Potter. Une malédiction, ça ne fait aucun doute. Une potion d'amour glisser dans son verre lors du souper en deuxième explication. Autrement, comment pourrait-il expliquer la tornade qui détruit tout, tout, tout à l'intérieur de lui ? La main de James sur sa hanche, qui glisse dans le bas de son dos pour le réclamer contre lui fout son être en feu. Ça brûle, promesse d'une cicatrice indélébile sur sa peau. Ça fait mal, mais il en redemanderait encore. La main, il peut y survivre. Les corps qui s'emboitent comme deux parfaits morceaux de puzzle le laisse pantelant, au précipice de la mort.

« Déteste-moi autant que tu veux, si c'est de cette manière que ta haine se dessine, » souffle de mots chauds contre sa bouche, distance assassinée par l'adolescent plus grand, brûlant. Regulus lève la tête sans même s'en apercevoir, mains posées à plat sur le torse du rouge et or afin de sentir l'escalade dramatique du palpitant agité sous ses phalanges. Les mots résonnent entre ses côtes, s'accrochent à elles pour remonter jusqu'à son coeur. Sa tête hurle l'erreur, s'emballe de panique; c'est une mauvaise idée. La pire de toute, le début de la fin, une belle condamnation qui sonne le glas de la tragédie. Il ne peut pas, il ne peut pas, il veut tellement- « Tu veux vraiment que je t'embrasse ? » La grande finale prend forme sous des doigts qui glissent dans ses cheveux. Cette fois, il ne peux pas retenir le gémissement qui s'échappe d'entre sa bouche déjà entrouverte, prête.

Le vent est frais et pourtant il a si chaud. Il n'a jamais tant eu l'impression d'être consumé par quelque chose dans sa vie et c'est exactement pour ça qu'il repousse Potter, fortement, pas assez pour le faire tomber. Car il sait comme il serait facile de demander pardon en tombant sur sa bouc- Regulus secoue la tête, défait l'étreinte, défait la magie et la malédiction. « Non, Potter, tu ne peux pas, » tente-t-il de grogner, bien que les trémolos de sa voix trahisse une vive émotion. « Qu'est-ce qui ne tourne pas rond, chez toi ? J'te montre à quel point je ne tolère pas ta présence et la seule fois où les paroles dérogent tu me sautes dessus ? Ce que tu crèves d'envie, j'ne souhaite même pas y toucher du bout de mon balai. Je ne voudrais jamais de toi, alors arrête de me chercher. » Les mots sont du poison à ses propres oreilles, mais il ne recule pas. Au contraire, il avance, dépasse James et disparaît dans les escaliers. Cours aussitôt qu'il est hors de vue, tente de retrouver ses repères, son souffle, tout. Car tout lui échappe, tout est perdu. Une part de lui hurle de remonter, mais il ne se le permet pas. Il ne se le permettra jamais.

 
6 mois plus tard

James se souvient de la souffrance. Se souvient du cœur qui craque, le souffle qui bloque, le corps qui se penche vers l'avant dans un geste désespéré de retenir la douleur. Oh, comme le rejet de Regulus l'a blessé, bien plus qu'il n'aurait pu penser. En même temps, il ne fut pas surpris : ses sentiments sont si intenses que de frôler la bénédiction, avant de la voir brutalement retirée, ne pouvait qu'avoir cette conclusion. Cette nuit-là, quand James a tiré les rideaux autour de lui et a sentit une larme couler le long de sa joue, il s'est fait une promesse, sachant très bien qu'il la briserait plus tôt que tard.

Six mois plus tard, il est content de ne pas avoir tenu cette promesse. Après tout, se tenir loin de Regulus n'aurait qu'amener le gouffre dans sa poitrine à prendre de plus en plus d'expansion. Les gens auraient remarquer sa peine, qui aurait finit par percer autour de ses sourires ensoleillés. Bien sûr, l'ascension n'a pas été facile. Après ce presque-baiser, le Serpentard a tout fait pour l'éviter et, lorsque pas possible, ses mots ne tenaient aucune douceur. Personne ne pourra dire, surtout pas le jeune Black, que James Potter n'est pas déterminé. Dans les faits, ce n'est pas une histoire d'amour qu'il veut développer avec Regulus; il souhaite simplement le retrouver, souhaite simplement voir les deux frères si chers à son coeur pour différentes raisons, se pardonner et comprendre que les fautes ne tiennent pas sur leurs épaules. Ils ne sont que des enfants, pantins de parents qui ne méritent pas ce titre.

La trappe s'ouvre finalement, Regulus est, ce soir, bien en retard. Pas qu'ils se sont promis de se retrouver au sommet de la Tour d'Astronomie, mais une certaine routine s'est installée après quelques mois. « Je commençais à croire que tu ne viendrais pas, » le salue James, un sourire présent autant dans sa voix que sur ses lèvres. Il ne saurait dire l'état dans laquelle se trouve le brun, mais il connait mieux que de lui demander carrément comment il va. Parfois, Regulus préfère garder le silence, alors ils se retrouvent coucher sur la pierre froide à regarder les étoiles; parfois, Regulus, malgré son besoin de paix, lève la main pour pointer les constellations au poursuiveur. James, grand impatient et hyperactif, laisse tout le temps que le brun à besoin pour venir à lui.

 
Quand on y pense adéquatement, on peut venir à la conclusion que James Potter est un parasite. Une fois insinuer sous la peau, qu'importe ce que l'on fait, on ne peut pas s'en débarrasser sans que cela fasse mal. Et ça, c'est quand on le peut, quand on le souhaite. Car certains parasites sont attachants, ne cherche qu'à vivre et s'épanouir en prenant le moins de place possible. Ce dernier point ne s'applique pas à Potter, par contre, car personne n'illumine plus une pièce que lui. N'empêche qu'il est facile à détester et Regulus commence à croire qu'il est maudit à garder les personnes qu'il déteste continuellement en tête. Sirius et James glissent dans son esprit constamment, en plus d'apparaître partout dans l'école.

James apparaît même dans les endroits où Regulus se perd pour trouver paix et tranquillité. Il ignore quand le choix fut fait de ne plus chercher à l'éviter, ne se souvient plus quand même l'ignorance n'a pas fonctionné. Hanté par cette fameuse nuit six mois plus tard, Regulus aurait préféré jeter aux oubliettes ce lourd secret, comme passer du temps avec le rouge et or lui rappelle sans cesse à quel point il est passé proche de craquer. Garder la tentation proche sans y céder, n'est-ce pas une belle preuve de sa loyauté envers sa famille ? Peut-être n'est-ce là qu'un énième illusion dont il se berce chaque soir, impossible de dire exactement où elle commence et où elle termine. Après tout, Regulus ressent la vague émotionnelle qui le gagne chaque fois que la tempête grise de ses yeux croisent les étoiles perchées dans la noisette des siens.

« Je commençais à croire que tu ne viendrais pas, » réchauffe la voix de James alors que Regulus s'approche. Il se laisse glisser contre la pierre près de lui, gardant moins d'un mètre entre leurs corps. « Tu croyais bien, » claque la sèche réponse. Sans un mot de plus l'attrapeur tourne son attention vers le ciel, apprécie que, comme souvent dernièrement, James garde le silence à son tour pour lui laisser le temps de redescendre. De ses émotions, de sa frustration, du trop-plein, des gens, de tout, tout, tout ce qui vient avec être lui. Être quelqu'un qu'il n'a pas toujours envie de côtoyer, détestant de plus en plus chaque parcelle qui le fait humain; quand il est avec le poursuiveur, c'est différent.

« J'ai reçu une lettre de ma Mère, aujourd'hui, » murmure Regulus sans quitter le ciel du regard. Il ne sait pas pourquoi la confidence quitte ses lèvres, alors qu'il a refusé d'en parler avec ses meilleurs amis, fuyant plutôt que de mettre des mots sur la colère et, soyons francs, la peur qui peint maintenant ses veines. Peut-être ose-t-il avouer à James, car il sait qu'il validera son désir de ne pas obéir ? Mais même s'il valide, Regulus est conscient qu'il n'échappera pas à son destin. « Elle souhaite que je Le rencontre, afin de parler du destin qui m'attend auprès de Lui. »

 
Personnage intense, l'hyperactivité affectant chaque moment, James comprend pourquoi il peut énerver autant Regulus par sa simple existence. Par amour, n'est-on pas prêt à faire des sacrifices ? Et vraiment, le poursuiveur ne voit pas ces efforts comme des sacrifices, plutôt qu'un bon balancier. Effectivement, le calme qu'il ressent en la présence de Regulus est sans pareil. Il peut s'asseoir et prendre le temps de comprendre, voir ce qui se passe en lui et, lentement, mais sûrement, décoder le visage trop souvent impassible du vert et argent.

À la réponse froide, James sourit. Quand le plus jeune le remarque, il roule des yeux, mais le Gryffondor croit que Regulus s'est fait à l'idée. Plus il est méchant avec lui, plus James en soupir de bonheur, conquis. Masochiste, amoureux, certes, mais il tente tout de même de garder son affection pour lui... surtout après ce qui s'est passé, six mois plus tôt. Peu désireux d'effrayer le Serpentard, peu désireux d'entendre à nouveau son palpitant craquer dans sa poitrine, il tient ses sentiments silencieux, accepte ce que Regulus veut bien lui offrir.

Il ne s'attend pas, cependant, à ce qu'il lui partage si facilement ce soir. « J'ai reçu une lettre de ma Mère, aujourd'hui, » vient la première phrase, qui se fait accueillir du brun d'un froncement de sourcils. Il n'aime déjà pas ça, n'aime rien qui découle de cette affreuse sorcière. Néanmoins, silence il garde pour laisser place à Regulus de s'exprimer. « Elle souhaite que je Le rencontre, afin de parler du destin qui m'attend auprès de Lui. » Maelstrom d'émotions frappant contre chaque coin de sa cage thoracique, James ignore comment il parvient à rester assis, mais il y parvient.

Silence s'étire doucement, avant que, finalement, il n'ouvre la bouche. « Et toi, qu'est-ce que tu souhaites ? » demande-t-il d'une voix plus posée que le rouge qui éclate derrière ses yeux. Ouvrir le chemin à ses émotions, mauvaise idée, James le sait. Le résultat serait une fuite de la part de Regulus ou une énième engueulade. Le poursuiveur s'y refuse, bien plus intéressé à profiter de ce moment d'aveux. Il ne veut qu'apprendre davantage à connaître Regulus, après tout, et être présent pour lui autant qu'il le peut. Il mentirait s'il omettait également l'évidence : il aimerait tant que le jeune Black retrouve en la fuite la parfaite occasion d'enfin retrouver son frère aîné.

 
« Et toi, qu'est-ce que tu souhaites ? » Une question à laquelle Regulus pourrait répondre un million de choses, certaines qu'il ignore lui-même. Je ne sais pas, est la première réponse qui lui vient en tête. Ça fait longtemps que le courant noir des Black l'amène où il veut et lui, prisonnier d'un tourbillon, ne cherche même pas à s'échapper. Pretty toy soldier est une belle façon de le décrire, de ne le voir que comme une pièce supplémentaire sur un échiquier qui ne se gênera pas pour l'extraire au moindre faux pas.

Fuir, mourir, est une autre option. Regulus, cependant, ne se laisse pas penser à un tel destin. Après le départ de Sirius, on lui a arraché toute liberté. Lui, il ne pourrait pas prendre la fuite aussi facilement. Sans Regulus, Sirius n'aurait pas pu s'extirper de son rôle si facilement. Parfois, le jeune homme se demande si son aîné réalise ce fait.

Toi, passe si vite à son esprit que Regulus préfère ignorer cette pensée. Hanté et, pourtant, il cherche à revenir auprès de James encore et encore. Troublé de la pire des manières et, pourtant, le voilà qui avoue l'inavouable, hausse finalement les épaules avant de tourner un regard fatigué vers le brun. « Ça n'a pas d'importance, ce que je veux, » dit-il finalement. Son expression se referme alors. « J'refuse d'entendre les conneries qui s'apprêtent à quitter ta bouche. Épargne-moi, » ajoute-t-il, n'ayant aucun mal à lire James Potter comme dans un livre ouvert.

Ça peut paraître charmant pour certains, cette manière qu'à le Gryffondor de voir la vie en rose, d'imaginer des arcs-en-ciel et des licornes dans tous les coins. Le problème, c'es que Regulus n'a pas le luxe de se laisser bercer d'illusions. Le retour à la réalité serait trop brutale. Regulus trouve qu'il danse déjà sur une dangereuse limite, en laissant le rouge et or se rapprocher autant de lui. James est peut-être têtu, mais il n'a rien à envier à son vis-à-vis. S'il est là, c'est que Regulus lui permet. Cette permission peut vite devenir fumée. Chaque soir il se dit que ça sera le dernier qu'il encourage ces ridicules rencontres. Chaque soir, toutefois, il revient. Parviendra-t-il un jour à respecter ce qu'on attend de lui ou restera-t-il le pathétique héritier de remplacement, incapable de faire preuve de la dangereuse inflexibilité des Black ?

 
James Potter, héro sans collant, souriant d'toutes ses dents. S'il pouvait sauver le monde juste par lui-même, il le ferait. Il donnerait tout (sauf ses proches) pour s'assurer que le monde est un endroit parfaitement sûr. Même des types dans l'genre qu'il était, il n'y a pas si longtemps. Qu'il est encore, parfois. Faut pas se leurrer : la perfection est loin de toucher la personnalité de James autant qu'elle le fait pour sa gueule. Il est tout de même accablé du syndrome du héro, qui lui fait faire des conneries, prendre des décisions impulsives... et pas toujours bonnes.

Regard fixé sur Regulus, le poursuiveur n'a jamais été aussi déterminé à sortir quelqu'un de l'enfer. Il l'a voulu aussi fort pour le frère aîné, à la différence que ce dernier souhaitait être rescapé. Aucune lumière d'espoir ne brille au fond des belles prunelles de Regulus, animal en cage persuadé que c'est son seul destin. Ses prochaines paroles ne font renforcer cette idée. « Ça n'a pas d'importance, ce que je veux, » claque la voix morose, peinte d'une nonchalance qui émoustille habituellement tous les sens de James. Pas maintenant, pas avec ce qui est impliqué sous une si lourde réponse.

« J'refuse d'entendre les conneries qui s'apprêtent à quitter ta bouche. Épargne-moi. » Soupir, sourcils froncés, James ne pipe pas mot, lève les yeux vers le ciel tout en s'mordant la langue. Il glisse plutôt une main dans sa poche intérieure, sort une flasque encore pleine d'un whisky pur feu qui n'demande qu'à réchauffer les corps autant que les âmes. « Whisky ? » dit-il à Regulus après avoir pris une rasade, amenant la récipient cuivré entre l'espace qui les sépare. « J'ne dis rien, mais mon réflexe de sortir de l'alcool parle à ma place, non ? » ajoute-t-il avec un demi-sourire, juste un coin de sa bouche rosée qui se lève. Ses yeux sont de nouveau installés sur la plus belle étoile de la voie lactée, espérant, avec doux désespoir, la sentir frôler ses doigts quand elle irait attraper la flasque.