Remerciant Adélaïde avec qui elle est ravie d'avoir pu partager ce dîner, Selena sort du Rat'atouille en affichant un grand sourire bien plus sincère que beaucoup de ceux qu'elle esquisse en ce moment. Si elle était sceptique quant au nom du restaurant, leurs chefs sont cependant excellents et elle est ravie d'y avoir mangé ce soir. Mais il est tard à présent, et la blonde doit rentrer chez elle, n'empruntant pas le même chemin que son amie qui va directement transplaner vers Poudlard où elle a ses quartiers. Après s'être saluées, elles se séparent donc et c'est seule que Selena traverse le quartier de la Place Divine. Elle fronce du nez en passant devant le Drunk Broom, détestant par principe cet endroit dans lequel elle n'a cependant jamais mis les pieds. Pour rien au monde elle ne mettrait ne serait-ce qu'un orteil dans un tel lieu de perdition : déjà qu'elle n'a pas vraiment d'attrait pour l'alcool et l'effet que celui-ci a sur l'esprit humain, mais alors l'idée même d'être entourée de toutes ces créatures... ça la répugne. Elle ne sait même pas comment cet endroit peut avoir des clients autres que les monstres eux-mêmes qui s'y planquent et y fomentent sans doute des combines honteuses. La sang-pur ne comprend pas comment on peut vouloir perdre le contrôle entouré de ces hybrides pas vraiment humains, incapables de se tenir au point qu'ils pourraient décider sur un coup de folie de la mordre ou bien pire. Une pensée pour Percy la traverse alors, mais elle la chasse aussitôt d'un geste agacé de la tête et change de trottoir, un air méprisant tirant ses traits.
Force est de constater qu'à cette heure tardive, peu d'établissements sont éclairés car ouvert, si bien que leur lumière attire inexorablement le regard. C'est le cas de l'Hydro'miel, un bar auquel Selena ne porterait aucun intérêt de jour. Elle se surprend à jeter un bref coup d'œil à l'intérieur pour en apercevoir la clientèle, et se fige en croyant reconnaître quelqu'un – son frère, auquel elle pensait justement un peu plus tôt. Elle fronce les sourcils, ralentissant le pas pour regarder de nouveau mais l'individu s'est déplacé et elle peine à présent à le voir à cause d'autres clients plus proches de la fenêtre. Les lèvres pincés, elle hésite un instant avant d'écouter son besoin de confirmer ses doutes. Le dos droit et le menton relevé, Selena pousse les portes du lieu et se dirige d'un pas tranquille mais ferme vers sa cible. L'attitude altière de la blonde attire évidemment l'attention d'autres clients mais elle s'en moque. Elle fouille le bar à la recherche de celui qu'elle a cru voir, mais c'est une autre voix qu'elle reconnaît : celle de son fiancé, vers qui elle se tourne aussitôt. « Adriel ? » Sa voix est interrogative, surprise, pourtant il n'y a aucun doute possible : c'est bien son futur époux Mulciber qui lui fait face. Et à sa posture encore plus négligée que d'habitude elle se demande s'il n'aurait pas un peu abusé du whisky. Déjà qu'il en a bu beaucoup lors de leur premier rendez-vous, mais alors dans le contexte de ce bar si prompt à faire n'importe quoi... Merlin, qu'a-t-il fait ?
Ce soir, tu t'oublies. Tu ne sais plus à quelle heure tu es arrivé dans ce bar, tu ne sais plus combien de verres tu as bus. A vrai dire, tu as arrêté de compter. Tu ne veux plus penser, tu ne veux plus te poser de questions, tu veux juste oublier, ne plus être l'héritier d'une famille de sang pur. Tu veux être un jeune adulte sans responsabilités, sans mariage prévu, sans contraintes. Tu danses avec plusieurs femmes, tu en embrasses plus encore. Tes lèvres ont le goût de dizaine de boissons différentes, que tu as goûté sur tout autant de lèvres. Tu profites, tu ne penses plus, tu ne réfléchis plus. Tu bouges au rythme de la musique et pour une fois, tu te sens bien, tu te sens différent. L'alcool apporte ce sentiment de légèreté, ce sentiment éphémère. Demain, tu auras la gueule de bois, et tu ne te souviendras probablement plus de cette soirée mais au moins, pendant un instant, un court instant, tu auras vécu comme tu souhaites le faire. Tu ne penses plus à ton père, à son réprobateur, à votre dernière dispute.
Tu te tournes vers la porte d'entrée, comme appelé par ton instinct et tu vois une chevelure blonde que tu aurais aimé ne pas voir, ni reconnaitre. Tu soupires, pestes en lançant un juron et tu vois qu'elle t'a vu. Tu tentes de te fondre dans la masse, tu tentes de disparaitre. Tu ne veux pas la voir là, tu ne veux pas lui parler, tu ne veux pas entendre le son de son horrible voix. Alors tu bois un autre verre en grimaçant. Le barman commence à te dire que tu en as assez. Tu lui files un gros pourboire, ça passe. Tu t'assois sur un haut tabouret et une femme vient vers toi, tu la prends par la taille pour la placer entre tes jambes et la dragues ouvertement. Elle rit, semblant être elle aussi ivre. Puis tu l'embrasses, jusqu'à entendre cette voix. « Adriel ? » Tout en continuant d'embrasser la brune dans tes bras, t'ouvres les yeux et regardes Selena. Puis tu t'écartes de la brune, la repousses et elle s'en va, comme si t'embrasser lui avait suffit.
"Par Merlin, moi qui passais une belle soirée" Tu ris. "Ca vaaaaaa, j'rigole Selena"
Tu te tournes sur ton tabouret pour commander au bar. Tu la trouves jolie ce soir.
"Deux purfeu, s'te plait" Puis tu tournes de nouveau la tête vers ta fiancée, tapotant de la main le tabouret à côté de toi. "Eh bien, assieds toi, j'vais pas t'bouffer. Qu'est-ce que tu fais ici ? J'espère que t'aimes le purfeu"
L'alcool te rend également plus sympa, elle devrait en profiter.
Si Selena n'a pas poussé les portes de l'Hydro'miel dans le but d'y croiser son fiancé, à présent qu'elle a reconnu sa voix elle est bien incapable de l'ignorer. Elle n'a qu'à tourner la tête pour l'apercevoir, accoudé sur le bar, une femme entre les bras – et les jambes, c'est affligeant de provocation. La brune en question rit à gorge déployée comme s'il était l'homme le plus drôle du monde – il ne l'est pas, la Yaxley en est convaincue – et ne se fait pas prier lorsqu'il vient l'embrasser à pleine bouche. Non mais elle rêve ?! Prononçant son prénom pour le ramener sur terre, à moins que ce soit simplement parce qu'elle est outrée qu'il ose se comporter ainsi en public. L'interpellation semble faire réagir Adriel puisqu'il ouvre les yeux et la regarde. Il met ce qu'elle considère comme une éternité à repousser la brune contre lui qui s'éloigne, laissant en tête-à-tête les deux fiancés qui se toisent – ou plutôt Selena le toise, lui étant sans doute trop ivre pour faire de même. « Par Merlin, moi qui passais une belle soirée. » Et voilà qu'il s'esclaffe, pauvre imbécile qui a bien trop bu. « Ca vaaaaaa, j'rigole Selena. » Elle lève les sourcils avec un certain mépris mêlé à de l'agacement, parce qu'à ses yeux ce n'est ni drôle ni pertinent. Elle trouve simplement son fiancé lamentable, et ça la désespère de constater qu'il se tourne en ridicule devant tant de monde – pas de la haute société sorcière, heureusement. « Deux purfeu, s'te plait. » N'a-t-il pas assez bu ? « Tu comptes continuer à boire ? » Sans surprise, sa voix est emplie de jugement vis-à-vis de son attitude irresponsable. « Eh bien, assieds toi, j'vais pas t'bouffer. Qu'est-ce que tu fais ici ? J'espère que t'aimes le purfeu. » Elle devrait sans doute être rassurée par l'idée qu'il n'ait pas prévu de boire les deux verres qu'il a commandé seul, mais tout de même... Vu son déplorable état, il devrait rentrer chez lui, en tout cas c'est le humble avis de Selena sur la question. Pourtant, il n'y a qu'à voir son attitude désinvolte pour comprendre qu'il ne le fera pas, raison pour laquelle elle daigne s'asseoir sur le tabouret sur lequel il a tapoté un instant plus tôt. « Je ne te savais pas si loquace, » lui fait-elle remarquer en prenant place. Elle doit remercier l'alcool pour cela, indéniablement. « Je t'ai reconnue à travers la vitre en rentrant chez moi et je me suis demandée ce que mon fiancé faisait ici. » C'est un mensonge, mais qu'importe : Adriel ne s'en rendra pas compte et n'en a sûrement rien à faire de toute façon. « Je me moque bien de ce que tu fais de tes soirées, mais pourrais-tu au moins avoir la décence d'être discret quand tu vas fréquenter toutes les traînées du coin ? » qu'elle réclame, sa voix suintant à nouveau le jugement auquel s'ajoute une pointe de lassitude d'avoir à formuler ce qui lui semble être une évidence. Selena n'est même pas jalouse, simplement soucieuse de sa réputation qui va en prendre un coup si on apprend que son fiancé se comporte de la sorte. Enfin, elle ne sait pas ce qu'elle espère en ayant cette discussion avec lui alors qu'il est complètement ivre et tout sauf à même de réfléchir aux conséquences de ses actes irréfléchis et immatures.
« Tu comptes continuer à boire ? » Adriel arque un sourcil, regrettant déjà de l'avoir invité à s'installer à côté de lui, à boire avec lui. Il lève les yeux au ciel, ignorant simplement sa remarquer. Bien sûr qu'il va continuer à boire, il ne compte pas s'arrêter de sitôt. La nuit est encore jeune, et il a besoin d'extérioriser, de se sentir jeune, de se sentir con et irresponsable. C'est ce qu'il veut être, il se fout des responsabilités, il se fout de ce que peut dire son père, ou sa fiancée, ou quiconque gravitant autour de lui. La blonde s'installe finalement sur le tabouret alors qu'Adriel glisse le second verre vers elle. « Je ne te savais pas si loquace, »
"Eh bien, faut avouer que tu sais peu de choses sur moi alors ... pas étonnant"
Il hausse les épaules, levant son verre vers elle pour trinquer. « Je t'ai reconnue à travers la vitre en rentrant chez moi et je me suis demandée ce que mon fiancé faisait ici. » Il hausse les épaules, soit. Quoiqu'elle dise, après tout, il ne s'en préoccupe pas.
"Après ... on est pas encore enchainé, t'aurais pu passer ton chemin. Ou je te manquais ?"
Un mouvement de sourcils taquin étire son visage. il secoue la tête avec un sourire, avant de reprendre un petit gorgée de son purfeu. Une femme aux courbes généreuses passe et Adriel ne peut s'empêcher de la suivre du regard tandis que son fessier se balance, roulant des hanches avant de jeter un regard par dessus son épaule en direction du Mulciber. Il lui fait un clin d'oeil, se notant intérieurement de se souvenir d'elle pour quand son insupportable fiancée sera partie. « Je me moque bien de ce que tu fais de tes soirées, mais pourrais-tu au moins avoir la décence d'être discret quand tu vas fréquenter toutes les traînées du coin ? » Il pouffe comme un enfant.
"Je me fous d'être discret parce que je veux qu'on sache que je fréquente toutes les trainées du coin. Pire encore," Il se rapproche d'elle, un sourire niais sur le visage. "Que je les baise"
Un autre clin d'oeil, celui ci en direction de Selena, avant qu'il ne se redresse sur son tabouret, tapant du pied au rythme de la musique.
"Jt'en prie, arrête d'être si guindée. Amuse toi un peu, tu dois en profiter avant le mariage. J'ai pas envie d'avoir une coincée dans ma vie" Il la met au défi en finissant son purfeu d'une traite. "On fait des shots ?"
Selena pensait que sa simple présence pousserait son fiancé à cesser de s'alcooliser comme s'il était le dernier des vauriens, mais il faut croire qu'elle fonde encore bien trop d'espoir en lui. Alors elle l'interroge, lui demandant très sérieusement s'il compte continuer de boire, mais elle n'obtient comme réponse qu'un sourcil arqué qui semble presque la provoquer. La réponse est donc positive, à son grand désespoir. C'est plus par pitié pour son état que parce qu'il lui a demandé que la Yaxley consent à s'asseoir à ses côtés. C'est alors qu'il glisse vers elle le second verre qu'il a commandé. Elle a l'impression qu'il a prononcé en quelques minutes plus de mots que durant l'intégralité de leur toute première discussion en tant que fiancés. « Eh bien, faut avouer que tu sais peu de choses sur moi alors ... pas étonnant. » « Il faut aussi avouer que tu ne me partages pas grand chose, » objecte-t-elle. Elle doute que lui répondre ait le moindre intérêt étant donné son alcoolémie actuelle, mais sans surprise il y a aussi une question d'ego là-dedans – elle refuse de lui donner raison sur quelque point que ce soit.
Si Selena n'a aucune envie de lui expliquer la véritable raison de sa présence qui l'a elle-même déstabilisée lorsqu'elle a cru apercevoir un fantôme du passé derrière cette vitre, elle ne se creuse pas beaucoup la tête pour élaborer le mensonge qu'elle lui sert. De toute façon, elle est certaine que son fiancé n'écoute que d'une oreille sa réponse et ne retiendra rien de ce qu'elle lui raconte. « Après ... on est pas encore enchainé, t'aurais pu passer ton chemin. Ou je te manquais ? » Il ne manquerait plus que ça. « Si ça peut te faire plaisir, » soupire-t-elle en roulant des yeux, le coin de ses lèvres se redressant dans un sourire malgré elle, avant de lever à son tour son verre pour trinquer avec lui. Elle repose ensuite sa boisson sans la porter à ses lèvres, peu attirée par l'odeur qui en émane au contraire de son fiancé qui en boit aussitôt. Enfin, il y a quelque chose qui l'attire encore plus : la femme qui passe à leurs côtés et sur laquelle il bave sans aucune décence ni discrétion. Cela ne manque pas d'agacer la blonde qui lève de nouveau les yeux au ciel, exaspérée par son comportement indigne de son statut... et elle. Lorsqu'il va jusqu'à faire un clin d'œil à cette inconnue que la Yaxley trouve – en toute objectivité – d'une vulgarité sans nom, elle se permet de lui faire remarquer qu'il dépasse les limites. Sa voix suinte le jugement mais ça ne semble pas l'atteindre puisqu'il pouffe comme un crétin d'adolescent. « Je me fous d'être discret parce que je veux qu'on sache que je fréquente toutes les trainées du coin. Pire encore... » Il se rapproche avec un sourire de crétin qui lui donne envie de le faire tomber de son tabouret. « Que je les baise. » Le clin d'œil qu'il ose lui faire ne manque pas de faire grimper d'un cran l'agacement de Selena dont le regard se fait méprisant, cachant partiellement son malaise. « Tu es répugnant, » lâche-t-elle, sèche. Et, prise au dépourvu par cette soudaine proximité, voilà qu'elle engloutit sa première gorgée de purfeu, parfaite excuse pour ne plus avoir à le regarder. Pendant ce temps, son fiancé se redresse et se montre plus agité. « Jt'en prie, arrête d'être si guindée. Amuse toi un peu, tu dois en profiter avant le mariage. J'ai pas envie d'avoir une coincée dans ma vie. » « Il y a une nuance entre être coincée et être respectable, » proteste-t-elle en ramenant sa longue chevelure blonde d'un geste qui a quelque chose d'hautain. Bien sûr qu'elle pense aux femmes qu'elle a vues graviter autour d'Adriel depuis qu'elle est arrivée ici et qui, à ses yeux, n'ont plus rien de respectable. Pour sa part, la Yaxley ne s'estime pas coincée, même si son fiancé ne sera assurément pas d'accord avec sa vision des choses. « On fait des shots ? » « Des shots ? » Est-il sérieux ? « Tu comptes vraiment ne plus être capable de transplaner pour rentrer chez toi ? » Parce que s'il boit autant, c'est ce qui l'attend, et elle trouve ça assez pitoyable. « Qu'est-ce que j'y gagne, à faire des shots avec toi ? » Elle n'est pas sûre d'avoir envie de le découvrir ivre mort, et a encore moins envie de l'être elle-même. Pourtant, il y a indéniablement une pointe de curiosité dans sa voix.
« Il faut aussi avouer que tu ne me partages pas grand chose, » Adriel hausse les épaules. C'est parce qu'il ne veut rien lui partager. Elle l'insupporte, il ne veut pas jouer aux confidences sur l'oreiller avec elle. Il ne veut même pas l'avoir sur son oreille. Cette simple pensée le répugne et pourrait bien lui faire vomir les purfeu avalés ce soir. Mais il a décidé, en quelques secondes, d'être sympathique, ou d'essayer de l'être et il l'invite ainsi à s'asseoir à côté de lui. Selena refuse de lui dire pourquoi elle est là, si elle est venue le retrouver ou si c'est le fruit du pur hasard. Il aime à penser qu'il manque à quelqu'un. « Si ça peut te faire plaisir, » Elle est hautaine, désagréable, le parfait reflet d'Adriel en soit. Et pourtant, il n'y arrive pas. Une nouvelle gorgée de purfeu descend le long de sa gorge.
"Ca me fait plaisir, alors c'est ce que je vais penser."
Il est ivre, les vapeurs d'alcool émanent de lui et son haleine empeste. Il aime être ainsi, cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas été. Ivre. Insouciant. Se foutant de ce qu'on pense de lui. Se foutant d'être discret, comme il le lui dit. Et elle, elle le méprise au fil des mots qui sortent de ses lippes. Il est fier, satisfait, c'est l'effet qu'il recherchait. « Tu es répugnant, » Un sourire mauvais étire les lèvres du Mulciber.
"Tant mieux, c'est tout ce que je cherche à être pour qu'on me foute la paix."
Et ça marche plutôt bien, vu le dégoût qui se lit sur le visage de la Yaxley. Plus il va la dégoûter, mieux ça sera pour lui. Coincée. C'est qu'il pense qu'elle est. Elle n'a jamais démontré le contraire. « Il y a une nuance entre être coincée et être respectable, » Adriel hausse les épaules, en faisant tourner son verre de purfeu entre ses doigts, ses bagues tintant contre le verre.
"Nuance très fine. Y'a des filles respectables qui savent s'amuser. Mais tu as peut-être oublié depuis que vous n'êtes plus ... dans les grandes soirées"
Mesquin, joueur, il est plutôt fier de ce qu'il vient de dire. Les pauvres Yaxley, famille déchue de la société anglaise. Continuant son petit jeu, il lui propose alors des shots. Il veut la décoincer, voir ce qui se cacher sous ce masque froid, fermé et ces lèvres pincées. « Des shots ? » Il fronce les sourcils. Aurait-il bégayé ou mal parlé ? « Tu comptes vraiment ne plus être capable de transplaner pour rentrer chez toi ? » Il fait une moue en levant déjà la main pour appeler le barman.
"Selena, je ne suis déjà plus capable de transplaner. Alors ... ce n'est pas un argument de taille"
Le barman arrive, Adriel commence deux barres de dix shots mystères et paie aussitôt pour les deux, dans un quelconque geste de galanterie. « Qu'est-ce que j'y gagne, à faire des shots avec toi ? » Il arque un sourcil.
"Est-ce que le bonheur de ma compagnie n'est pas un gain suffisant ?" Dit-il d'une voix suave, avant de poursuivre : "Tu veux que je m'ouvre à toi, hein ? J'te promets de répondre avec honnêteté à toutes les questions que tu me poseras. Et tu feras pareil en échange. Un shot, une question. Deal ?"
Les deux barres de dix shots sont posées sur le comptoir. Certains ont de la fumée, d'autres ont des couleurs vives. Adriel prend un premier shot et regarde Selena, attendant sa décision.
"Si jamais t'acceptes ... Que t'a promis mon père pour ces fiançailles ?"
Il avale le shot d'une traite et attend une quelconque réponse.
Selena trouve son fiancé bien hypocrite de se plaindre qu'elle ne le connaît pas alors qu'il est le premier à refuser de partager quoi que ce soit avec elle. Elle ne sait rien de lui, c'est vrai, mais comment le pourrait-elle alors qu'il s'obstine à jouer à l'imbécile et à dresser un mur entre eux ? Dès leur première rencontre officielle, pour chaque pas qu'elle faisait vers lui, il en faisait quatre dans le sens inverse. Alors s'il veut croire qu'il lui a manqué, grand bien lui fasse, mais c'est absolument faux. « Ca me fait plaisir, alors c'est ce que je vais penser. » La blonde roule des yeux, pas vraiment surprise qu'il décide de raisonner ainsi quand bien même c'est absurde. Cela montre simplement combien le pauvre homme est imbu de lui-même.
S'il n'y avait que son narcissisme pour le rendre pénible, Selena pourrait sans doute le supporter. Mais en plus de ça, le Mulciber a choisi un train de vie qui ne fait honneur ni à son patronyme ni à son statut de sang. Il se vante de fréquenter des traînées comme un parfait goujat, non sans se montrer d'une vulgarité qui lui écorche les oreilles, et va jusqu'à lui faire un clin d'œil par pure provocation. Son attitude autant que son haleine d'ivrogne la dégoûtent, ce qu'elle ne se prive pas pour lui faire remarquer. « Tant mieux, c'est tout ce que je cherche à être pour qu'on me foute la paix. » « Ça ne changera rien à nos fiançailles, je te l'ai déjà dit, » lui rappelle-t-elle froidement. Il devrait l'avoir compris, qu'elle ne reculera devant rien pour devenir une Mulciber. Même si cela signifie devoir supporter un fiancé aussi détestable que lui. Ça fait de toute façon longtemps qu'elle s'est faite à l'idée qu'elle n'aurait pas le droit à un mariage d'amour. Elle n'en a pas grand chose à faire, pour être honnête. Tout comme les critiques d'Adriel car elles sont tout à fait infondées : elle n'est pas coincée, elle est respectable. « Nuance très fine. Y'a des filles respectables qui savent s'amuser. Mais tu as peut-être oublié depuis que vous n'êtes plus ... dans les grandes soirées. » Aussitôt le regard de la blonde se fait assassin alors qu'elle le braque dans celui de son fiancé. Elle déteste plus que tout être ramenée à la déchéance de sa famille, elle qui fait tout pour la sortir de ce fossé dans lequel la faillite l'a précipitée. C'est ce que son mariage avec Amaury aurait dû lui permettre si ce dernier n'avait pas tout gâché. « Au moins je ne risque pas d'en être exclus à cause de mon comportement qui fait honte à toute ma famille. » Certes, elle n'est pas invitée à beaucoup de soirées, même si y avoir été réintroduite par son premier mariage l'a aidée à ne pas en être aussi exclue que ne l'étaient ses parents. Mais au moins, elle veille à s'y faire remarquer pour les bonnes raisons, au contraire de son fiance qui n'amène que du déshonneur sur les siens.
C'est ce qu'il continue à faire aujourd'hui, en se saoulant et en laissant des catins se frotter à lui au point que c'en soit indécent. Il n'a aucun honneur, c'est pitoyable. Et ses petites provocations, qui visent sans doute à la faire sortir de ses gongs, le sont tout autant. Elle ne mèneront qui plus est à rien, la blonde tenant bien trop à sa réputation pour risquer de faire une scène tant qu'il y a du monde autour d'eux, que ce soit dans une réception civilisée ou dans ce bar miteux. Néanmoins, elle doit admettre qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui propose de faire des shots. Vu son état actuel, il ne devrait pas commander autre chose qu'un grand verre d'eau, et surtout il devrait rentrer chez lui tant qu'il en est capable – s'il l'est encore. « Selena, je ne suis déjà plus capable de transplaner. Alors ... ce n'est pas un argument de taille. » Le pire c'est qu'il en semble fier, cet imbécile. Elle n'a aucune envie qu'il finisse par vomir sur ses chaussures valant une petite fortune, alors qu'a-t-elle à y gagner à le suivre dans ses excès d'alcoolique en devenir ? « Est-ce que le bonheur de ma compagnie n'est pas un gain suffisant ? » La blonde arque un sourcil en réponse à sa ridicule voix de charmeur, comme pour lui faire comprendre que cela ne va en effet pas suffire à la convaincre d'entrer dans son petit jeu. « Tu veux que je m'ouvre à toi, hein ? J'te promets de répondre avec honnêteté à toutes les questions que tu me poseras. Et tu feras pareil en échange. Un shot, une question. Deal ? » Déjà, la commande du Mulciber est posée devant eux : les vingt shots sont là, colorés et parfois même cracheurs de fumée, juste sous les yeux de la sang-pur qui fronce du nez, nullement habituée à ces odeurs. Au contraire, Adriel semble parfaitement dans son élément, se saisissant aussitôt d'un premier petit verre. « Si jamais t'acceptes ... Que t'a promis mon père pour ces fiançailles ? » Il y a quelques secondes durant laquelle la sang-pur hésite, ses yeux glissant des shots au visage de son fiancé, puis inversement. Quel imbécile. « Rien qui ne devrait te surprendre, » assure-t-elle en pinçant les lèvres, ne pouvant s'empêcher de penser qu'il ne fait pas beaucoup d'effort pour utiliser ce qui se trouve entre ses deux oreilles. « Ton père m'a promis le prestige du nom Mulciber, et de plus belles opportunités au Ministère. » Pas qu'elle n'aime pas le sien, la Yaxley, mais sans surprise Mulciber lui ouvrira bien plus de portes. « Es-tu vraiment étonné ? » Il ne devrait pas l'être : c'est ainsi que fonctionne leur monde et c'est là tout l'intérêt des mariages arrangés. Après une légère hésitation, Selena pousse un soupir et se saisit à son tour d'un shot. Quel imbécile. « Pourquoi est-ce que tu tiens tant à aller contre tous les principes que t'as enseignés ton père ? » Elle veut une réponse, même si pour cela elle doit entrer dans son jeu stupide : la voilà donc qui boit d'une traite le peu de liquide que le verre contient, incapable de retenir une grimace alors que l'alcool qu'il contient lui brûle la gorge. Par Merlin ce que c'est fort ! Elle aurait peut-être dû opter pour le rose juste à côté qui était possiblement plus sucré.
« Ça ne changera rien à nos fiançailles, je te l'ai déjà dit, » Blablabla, voilà tout ce qu'il entend quand elle lui parle, ce qui le fait pouffer. Il se fait rire tout seul, il est certainement son meilleur public, à n'en pas douter. Cette femme l'insupporte, de toutes les façons possibles et imaginables. La voir là, alors qu'il tente de profiter d'une soirée en solitaire l'agace au plus haut point. Mais fini de jouer le vindicatif, si elle est là, autant tenter de la dévergonder. Bien qu'il ne sache pas si cela est réellement possible. Il la cherche, il la pousse dans ses retranchements, et quand il parle de la disgrâce de sa famille, son regard assassin le fait sourire. Touché. « Au moins je ne risque pas d'en être exclus à cause de mon comportement qui fait honte à toute ma famille. » Il rit, un rire franc et grave.
"Quand tout le monde aura compris que c'est ce que je veux, ma vie n'en sera que plus douce."
Sa voix est trainante, molle, engourdie par l'alcool. Il ne veut plus de ces soirées, il ne veut plus des mondanités. Il veut juste s'éloigner de toute cette sphère toxique, méprisable et méprisante. Il ne veut pas de son nom, il ne veut pas de ces costumes, de ces mouchoirs parfaitement pliés dans la poche avant de ses vestes. Il veut juste vivre simplement. C'est pour ça qu'il continue à boire, à laisser ces filles l'aguicher en se demandant avec qui il va finir ce soir. Certainement pas avec celle en face de lui, qui continue de le sermonner, et de le regarder avec mépris, tout comme les shots sur le comptoir. Elle a cependant oublié qu'Adriel a réponse à tout. Absolument à tout. Et il veut savoir ce qu'il y a derrière ses fiançailles, alors il lui demande, comptant naïvement sur son honnêteté. « Rien qui ne devrait te surprendre, » Il arque un sourcil, l'incitant à poursuivre. « Ton père m'a promis le prestige du nom Mulciber, et de plus belles opportunités au Ministère. » C'est tout, se demande-t-il ? Et son interrogation doit se voir sur son visage. « Es-tu vraiment étonné ? »
"Etonné, non, mais je m'attendais à quelque chose de plus impressionnant. Puisque je souille mon nom, comme tu le dis, ça t'apportera pas grand chose"
Il ricane, et Selena prend un shot entre ses doigts. Il en prend uhn également, pour trinquer avec elle. « Pourquoi est-ce que tu tiens tant à aller contre tous les principes que t'as enseignés ton père ? » Elle boit, et il la suit. Elle grimace, il sourit niaisement.
"Va falloir travailler ta réaction à l'alcool, c'est pas possible de grimacer comme ça." Il pouffe, avant de se décider à répondre à sa question : "Parce que je veux le faire déféquer. Et profiter de la vie dont il m'a privée jusque là. Et surtout, surtout, pour le faire déféquer."
D'un doigt, il pousse le shot rose vers elle, comme il remarque son regard sur celui-ci. Il en prend un autre, dans la main, attendant qu'elle se saisisse de son verre.
"T'accepterais de danser avec moi ? J'veux voir comment tu te lâches."
Il sait déjà qu'elle lui dira non, ce n'est pas une surprise. Mais s'il peut lui renvoyer qu'elle ne sait pas s'amuser et qu'elle ferait mieux d'enlever l'Eclair de Feu de son derrière, il le fera avec plaisir.
Son fiancé peut se montrer d'aussi mauvaise volonté qu'il le souhaite, pour Selena cela ne changera pas ce qui les unit. Il n'est pas question d'amour, il est question de pouvoir et d'argent, deux choses nettement plus importantes à ses yeux mais surtout bien plus puissantes. Adriel peut bien prendre ça à la légère, ricanant comme un adolescent immature avec qui il est impossible d'avoir une conversation, cela ne change rien à la réalité de leurs fiançailles : il veut peut-être que tout le monde lui foute la paix comme il le dit si bien, mais ce n'est pas ainsi que cela fonctionne. Tout ce qu'il va y gagner, c'est d'être exclus des soirées de la haute société parce que son comportement n'en est pas digne. Un constat que la Yaxley fait à voix haute mais qui ne fait qu'accentuer le ricanement de l'imbécile qui lui fait face. « Quand tout le monde aura compris que c'est ce que je veux, ma vie n'en sera que plus douce. » « Si tu le dis, » siffle-t-elle, voyant de moins en moins l'intérêt de cette conversation. Il parle d'une voix insupportable, sans nerf ni conviction, lui donnant l'impression de dialoguer avec un ivrogne qui n'en vaut pas la peine.
Pourtant lorsqu'il lui propose de rester là pour un petit jeu basé sur l'honnêteté, elle est irrémédiablement intriguée. Elle ne sait rien d'Adriel, finalement, et malgré son tempérament qui a tout pour la rendre folle, elle veut croire qu'il n'est pas que ça. Qu'il n'est pas qu'un imbécile souhaitant salir la réputation de sa famille. Alors après une hésitation, elle accepte de répondre à sa question, certaine que de toute façon ce qu'elle a à gagner de leurs fiançailles ne va pas l'étonner. Du prestige, des opportunités intéressantes au Ministère, de l'argent... C'est ainsi que fonctionne leur monde, le Mulciber devrait le savoir. « Etonné, non, mais je m'attendais à quelque chose de plus impressionnant. Puisque je souille mon nom, comme tu le dis, ça t'apportera pas grand chose. » La blonde roule des yeux face à cet égocentrisme flagrant, mais surtout face à son ricanement. « Tu n'es pas le seul à porter le nom Mulciber, et malgré tes agissements il est tout de même synonyme de prestige. » Plus que celui des Yaxley, en tout cas, sa branche tombée dans la pauvreté et l'oubli à cause d'une folie datant de plusieurs décennies maintenant.
Puis vient son tour de pouvoir poser une question, mais pour qu'il y réponde elle est supposée boire un shot. Elle se saisit de l'un des petits verres et, en face d'elle, Adriel fait de même. Son interrogation émise, la blonde boit d'une traite la boisson qui lui brûle aussitôt la gorge. Une grimace déforme alors ses traits, et son fiancé ne manque pas de la remarquer. « Va falloir travailler ta réaction à l'alcool, c'est pas possible de grimacer comme ça. » « Pourquoi est-ce que tu bois quelque chose qui brûle à ce point ? » demande-t-elle d'une voix trop aiguë à cause de la sensation désagréable de l'alcool au niveau de sa gorge. « Parce que je veux le faire déféquer. Et profiter de la vie dont il m'a privée jusque là. Et surtout, surtout, pour le faire déféquer. » « C'est très mature, » soupire-t-elle une fois la sensation de brûlure atténuée.
Il pousse alors le petit shot rose vers elle, ayant sûrement remarqué qu'elle l'observait avec curiosité. Elle l'attrape alors, lèvres pincées parce qu'elle commence à se demander si elle ne devrait pas s'arrêter et rentrer chez elle dès maintenant. « T'accepterais de danser avec moi ? J'veux voir comment tu te lâches. » Quelle drôle d'idée. « Je sais danser la valse, tu veux danser une valse Adriel ? » qu'elle demande avec un sourire en coin un peu moqueur, parce que l'imaginer danser quelque chose d'aussi élégant qu'une valse. Quant à elle, elle ne peut s'imaginer se dandiner de façon aussi ridicule et dépravée que le font certaines femmes autour d'eux. La blonde porte alors à ses lèvres le shot rose pour avoir le droit à une réponse honnête à son tour. « C'est vraiment le mariage qui te pose problème, ou c'est de te marier avec moi ? » Peut-être que cette question fera plus de mal que de bien à leur relation déjà catastrophique, mais c'est peut-être le seul moment où elle aurale droit à une réponse sincère de la part de son fiancé alors autant en profiter.
« Si tu le dis, » Adriel hausse les épaules, oui il le dit, et c'est ce qu'il pense réellement. Il ne veut plus de cette société, il ne veut plus que tout le monde regarde ses faits et gestes, et qu'ils attendent un faux pas pour mal parler de lui. Enfin, il aime qu'on parle mal de lui, il aime faire des esclandres. Peu importe la façon dont on parle de lui, du moment que son nom se retrouve sur les lèvres de la bonne populace. Mais ça ne plait pas à sa chère fiancée, qui a à coeur de redorer son image et celle de sa famille. D'où ces fiançailles, ce qui le fait doucement rire. « Tu n'es pas le seul à porter le nom Mulciber, et malgré tes agissements il est tout de même synonyme de prestige. » Il ricane, et retient une remarque cinglante. En effet, toujours plus de prestige que le sien, c'est certain. En même temps, ce n'est pas très difficile. Adriel se détend, tout de même, surtout grâce à l'alcool. Et il veut qu'elle, elle boive aussi. « Pourquoi est-ce que tu bois quelque chose qui brûle à ce point ? »
"Parce que je trouve la sensation agréable. C'est ma part de sadisme, que veux tu ?"
Demie vérité, en réalité. Il aime autant la sensation de brûlure, qu'il aime le goût de l'alcool. Il parle de son père, de pourquoi il agit comme ça, pourquoi il fait tout ça. Et ça fait un bien fou de mettre les mots sur ce qu'il ressent. « C'est très mature, » Mature, il ne s'est jamais vanté de l'être, en réalité. C'est un gamin qui a grandi trop vite, et qui n'a pas eu le temps de gagner en maturité. Il se met à apprécier le moment qu'il passe avec Selena, et lui demande même si elle danserait. « Je sais danser la valse, tu veux danser une valse Adriel ? » Il arque un sourcil.
"Tu me le demandes officiellement ? Parce qu'une valse m'irait bien."
Elle boit le shot, d'une traite, et lui se saisit de son prochain verre, l'avant dernier. « C'est vraiment le mariage qui te pose problème, ou c'est de te marier avec moi ? »
"Le mariage en général. L'engagement. Les promesses. La bague au doigt. Les obligations. Tout ce qui constitue le mariage, en réalité. Donc non, Selena, ce n'est pas toi."
Il boit son shot, tout en posant ses yeux sur elle. Il claque son verre sur le comptoir, puis lèvre. Révérence, main tendu, il relève les yeux vers elle, avec un sourire en coin.
"Mademoiselle Yaxley, voulez-vous me faire l'honneur de danser une valse avec moi ?"
Parce que cette danse, il sait la danser à merveille. Et s'il doit au moins lui offrir quelque chose, il peut lui offrir une valse sur une musique qui n'est pas du tout raccord.
Selena n'a pas le luxe de son fiancé. Elle ne peut pas se moquer de ce que les autres pensent d'elle, encore moins dans une société qui juge chacun de leurs faits et gestes et se complaît en commérages lorsqu'ils ne sont pas conformes à ses attentes. Elle a besoin de cette place parmi les grands et de ces avantages que lui a promis le père Mulciber si elle épousait son fils. Contrairement à Adriel, elle n'en a pas joui dès le berceau, sa famille les ayant perdu bien avant sa naissance. Alors elle a grandi avec cette volonté de les récupérer, de ramener les Yaxley dans la lumière et les bonnes grâces des autres familles de sang-pur. Ainsi, aucun faux pas ne lui est permis et elle le sait. Elle doit être bien vue et ne peut se permettre les dérives auxquelles son futur mari semble bien trop habitué. Il semble tellement à son aise dans ce bar aux odeurs trop fortes d'alcool et de sueur qu'elle ne devrait pas s'étonner qu'il boive sans sourciller une boisson qui brûle tant la gorge. « Parce que je trouve la sensation agréable. C'est ma part de sadisme, que veux tu ? » Elle secoue légèrement la tête de gauche à droite, trouvant cela assez absurde mais n'allant pas jusqu'à commenter sa réponse. À vrai dire, elle ne sait même pas s'il dit la vérité ou s'il cherche encore à la provoquer.
Quitte à avoir bu ce shot au goût plus que discutable, elle est ravie d'obtenir une véritable réponse d'Adriel sur son comportement d'adolescent insupportable. Elle ne l'approuve pas, par principe et parce qu'elle trouve cela très immature, mais elle doit admettre avoir l'impression de le connaître un peu plus maintenant. Enfin, de là à danser avec lui parce qu'il veut voir comment elle se lâche... Non, elle refuse de se ridiculiser de la sorte, n'acceptant qu'une valse puisque c'est ce qu'elle sait danser. « Tu me le demandes officiellement ? Parce qu'une valse m'irait bien. » À son tour, elle arque un sourcil, se demandant s'il plaisante. Elle suppose que c'est le cas, choisissant donc de ne pas rebondir dessus. Elle préfère se prêter au jeu des shots afin d'obtenir la réponse à une autre question qui la préoccupe, cependant incapable de retenir une grimace après avoir bu. « Le mariage en général. L'engagement. Les promesses. La bague au doigt. Les obligations. Tout ce qui constitue le mariage, en réalité. Donc non, Selena, ce n'est pas toi. » Pur toute réponse, elle hoche la tête, pour lui faire savoir qu'elle l'a bien écouté. Si Adriel n'en a peut-être pas conscience, un tel aveu rassure un peu la jeune femme. Il n'y a pas à être question d'amour entre eux : seulement de le convaincre que ce mariage pourra leur rendre service à tous les deux. Elle a réussi à convaincre le patriarche Mulciber de cela, elle réussira à convaincre le fils, n'est-ce pas ?
Après avoir englouti un énième shot d'alcool et claqué son verre sur la table sans la moindre délicatesse, le brun se lève et lui fait une révérence. La main tendue, il la regarde en souriant et elle arque un sourcil, pas certain de comprendre pourquoi tout ce cirque. « Mademoiselle Yaxley, voulez-vous me faire l'honneur de danser une valse avec moi ? » La mise en scène lui arrache un léger rire. La musique n'a rien à voir avec une valse, ils le savent tous les deux, mais ça ne semble pas effrayer Adriel qui a l'air convaincu par son idée. Son hésitation est éclipsée par l'ambiance étrange de cette soirée, l'alcool qu'elle a bu et auquel elle n'est pas habituée, le sourire du sang-pur – la voilà qui se lève, attrapant sa main. « Tu es sûre que tu es en état de danser une valse ? » l'interroge-t-elle avec un sourire en coin. Et à peine ont-ils commencé à danser qu'elle se demande si elle a bien fait d'accepter, sans pour autant ressentir le moindre regret.
Elle devient silencieuse, la Yaxley, et ce n'est pas pour déplaire à Adriel. Elle ne répond pas à ce qu'il lui dit, et il prend donc le temps de déguster son alcool, avec juste le son de la musique autour d'eux. Cependant, il a bien envie de la chercher, et de la pousser un peu. Il s'amuse d'elle, se joue de sa situation désespérée. Il a le dessus, et il le sait. Elle se sent coincée, elle n'a pas d'argent, et sa famille va sûrement finir sans le sou si les rejetons ne font pas de beaux mariages. Il aurait presque envie de ricaner. L'alcool se déverse dans son corps, et il se sent taquin. Taquin au point de proposer une valse à Selena. Contre toute attente, la blonde accepte. Il se retrouve être le premier surpris, mais le cache en reprenant un visage charmeur quand elle glisse sa main dans la sienne pour se lever. « Tu es sûre que tu es en état de danser une valse ? » Il arque un sourcil en l'emmenant sur la piste de danse.
"J'ai déjà dansé dans des états pires que celui-ci." Il la tourne pour qu'elle lui fasse face. "Tu devrais arrêter de douter de moi, c'est vexant."
Adriel place sa main libre sur sa hanche pour la tenir fermement. La musique qui passe n'est pas du tout une valse, mais il compte trois temps dans sa tête. Il commence à la faire danser, poussant les gens autour d'eux pour avoir plus de place. La valse demande beaucoup, beaucoup, de place. Il se trouve plutôt habile, et se met également à penser que Selena sait danser.
"Alors ? Tu penses toujours que je n'en suis pas capable ou tu vas enfin admettre que je suis bon dans tout ce que j'entreprends ?"
Son fiancé est un idiot, mais Selena n'avait en toute honnêteté pas besoin de cette brève soirée pour le comprendre. Elle déteste son attitude détestable de gamin en rébellion constante qui n'est pas capable de se soumettre à quelques contraintes en échange de tous les privilèges dont il jouit depuis la naissance. Des privilèges dont la Yaxley a été privée et que, bien évidemment, elle lui envie, une jalousie qui ne peut qu'alimenter ce sentiment qu'il ne les mérite pas – en tout cas bien moins qu'elle. Son penchant pour tout ce qui fait mauvais genre aura néanmoins eu l'avantage de les rendre tous les deux un peu plus honnêtes ce soir, et ce grâce à un jeu d'alcool auquel la blonde n'aurait jamais pensé jouer avec lui.
Lorsqu'Adriel se lève et exécute une petite révérence, elle mentirait en affirmant ne pas s'être fait la réflexion qu'il risque de tomber. Elle ne sait pas combien de shots il a bu depuis qu'elle est avec lui et elle ne peut qu'imaginer le nombre indécent de verres qu'il s'est jeté dans le gosier avant son arrivée, mais elle doute qu'il ait su être raisonnable ce soir – comme les autres, si elle l'a bien cerné. Ainsi, lorsqu'il lui propose une danse, une valse qui plus est, elle s'interroge non pas sur sa propre envie de danser – elle est déjà debout à ses côtés, attrapant sa main – mais sur le fait que son fiancé en soit capable en étant si alcoolisé. « J'ai déjà dansé dans des états pires que celui-ci. » « C'est censé me rassurer ? » demande-t-elle alors qu'elle achève son tour et lui fait face. Leurs regards se croisent et la réponse du Mulciber clôt ce futile débat. « Tu devrais arrêter de douter de moi, c'est vexant. » Elle esquisse un bref sourire amusé avant de se laisser porter par cet idiot et la musique qui n'a pourtant rien à voir avec une valse. Étonnamment, leur valse est loin du désastre, sans doute parce que lui comme elle connaissent ces pas et n'ont besoin que de compter les temps. Selena est même surprise non seulement qu'iels parviennent à se synchroniser mais aussi qu'à aucun moment son fiancé n'ait trébuché durant leur danse. Elle l'a sous-estimé, elle doit le reconnaître, mais n'a pas l'intention de lui faire un compliment si facilement. « Alors ? Tu penses toujours que je n'en suis pas capable ou tu vas enfin admettre que je suis bon dans tout ce que j'entreprends ? » Laissant échapper un soupir rieur, la blonde secoue légèrement la tête. « Tout, je n'irai pas jusque là.... » Elle persiste et signe, parce que si ces deux-là ont un point commun c'est d'être têtu·e. « Mais tu sais danser une valse. » Ça elle ne peut pas le nier sans être de mauvaise foi.
Lorsque leur danse s'achève, il est indéniable qu'un léger sourire flotte sur le visage de Selena. Récupérant ses mains de celles d'Adriel, elle recule d'un pas. « Je crois que c'en est assez pour moi ce soir, mais je te remercie pour cette danse. » Elle est polie mais ne poussera pas le vice à lui proposer une autre danse, d'autant plus que la musique qui vient d'être choisie est... terrible, au bas mot. Qui plus est, elle se dit qu'iels n'ont de toute façon plus rien à se dire : elle n'a pas l'intention de continuer à boire, parce qu'elle ne veut pas savoir à quoi elle ressemblerait ivre dans un bar dont le standing est loin de lui suffire et que lui ne compte pas parler sans ça. Alors elle fait un nouveau pas en arrière, désignant les shots d'un geste de la main. « Je te laisse finir ce qui reste. » C'est lui qui les a payés de toute façon, et il devait bien se douter qu'elle ne boirait pas tout ça. « Bonne soirée. » Elle lui offre un dernier sourire puis se dirige vers la porte. Elle n'aura pas la naïveté de lui suggérer de ne pas rentrer trop tard ou de ne pas faire de bêtise, se doutant que tout ce qu'il fera à partir de maintenant – comme tout ce qu'il faisait avant qu'elle arrive – ne peut que lui déplaire. Et pourtant elle ne peut nier que, malgré ce mode de vie qui a tout de critiquable, Adriel réalise certains exploits. Il parvient à lui taper sur les nerfs aussi vite qu'un moustique s'approchant de son oreille. Et l'espace d'un instant, le temps d'une danse, il a même réussi à lui faire croire que ce mariage, aussi désespéré qu'il puisse sembler, peut fonctionner si chacun·e y met un peu du sien.