Impossible de le refuser à la gamine - des balais il y en avait plein dans la maison de ses parents. Faut dire que c'était une culture, un patrimoine pour cette famille qui a toujours trouvé moyen d'être au bord ou sur le terrain. La mère est joueuse - bien qu'elle deviendra entraineuse par la suite. Le grand-père était coach. L'arrière-grand-mère était une des premières joueuses dans l'histoire du Quidditch. Elle vivait entourée des souaffles signés et des posters qui envoyaient des clins d'oeil reconnaissants. Alors impossible de le lui refuser - quand son père revint un jour avec un mini-balai entre les mains, la gamine de pas trois ans pouvait pas résister. Il la monta dessus comme elle y parvenait pas toute seule, et elle s'envola dans la pièce avec aisance. C'était dans les gênes, après tout.
Elle lui apporta la lettre pour le dessert. Son père était un sorcier. Sa mère était une sorcière. Sa tante était une sorcière. Elle n'aurait pas dû être si surprise de voir l'enveloppée fermé par l'insigne de
Poudlard. Sa tante approcha, sourire aux lèvres - alors que dans la cuisine se préparait le gâteau pour qu'elle souffle sa onzième bougie. Son palpitant frappait durement dans sa poitrine. Pendant longtemps elle avait pensé que cela n'arriverait pas - quand bien même elle volait sur des mini-balais depuis des années. Elle avait la magie dans les veines, l'évidence de son appartenance à l'histoire de la magie l'inscrivait officiellement à Poudlard et ses parents étaient des sorciers parfaitement intégrés. Alors quand Aloysia dépose la lettre devant elle, elle a du mal à retenir ses larmes et son hurlement de joie.
Je suis si fière de toi. Elle inspire, expire, et ses doigts tremblent quand elle attrape l'enveloppe. Elle l'ouvre, lit attentivement chaque ligne et se jette de sa chaise pour hurler - avant de se jeter au cou de sa tante.
Elle ne savait qu'une chose : Aloysia avait été à Gryffondor. Qu'importe que sa mère ait été une Poufsouffle, son père un Serdaigle, son oncle un Poufsouffle également. Sa tante avait été à Gryffondor, alors en préparant sa rentrée à Poudlard, elle s'était uniquement concentrée sur ce fait unique. Devant la foule, assise sur le tabouret, elle faisait mine de ne pas angoisser - la voix dans sa tête raisonnait comme elle pouvait, fouillant dans ses pensés pour en faire l'élève parfaite de sa future maison.
Je veux aller à Gryffondor. pensa-t-elle alors avec puissance. Elle crut l'entendre rire, le Choixpeau, arguant qu'elle avait tout d'une Poufsouffle
pourtant. Je peux changer et devenir une parfaite Gryffondor. Si ce n'était son courage, le choixpeau reconnut au moins sa persévérance.
Gryffondor hurla-t-il alors, trop heureux de pouvoir lui faire plaisir.
Ils devaient s'entrainer pour les sélections - c'était une évidence. Aucun joueur de l'équipe de Quidditch de Gryffondor n'était entré par hasard. Tous avaient dû jouer à passer outre le règlement pour entrer sur le terrain, prendre la boite où se trouvait les balles, et monter sur un balais pour s'entrainer. Comment - autrement - pouvaient-ils prétendre à être dans l'équipe. Le souaffle en main, elle le lança pour atteindre les cercles, mais
@Skyler Ollivander s'avéra être plus rapide qu'elle - encore. Lançant un rire de joie, elle se remit en position :
A toi de tirer. décida-t-elle, sans faire attention au cognard qui perdait patience un peu plus pas. Un vrai joueur aurait su qu'il était plus prudent de refermer le couvercle de la boite plutôt que de croire qu'il était intelligent de faire confiance aux attaches. Celles-ci se brisèrent, le cognard furieux parti à toute hâte et frappa durement le balai de Lux - ainsi que sa jambe, donc le craquement fit vibrer le ciel. Elle n'eut pas la force de hurler, mais tomba de son balai - si ce n'était de Sky qui l'empêcha de se fracasser sur le sol. Jamais elle ne pourra se présenter aux sélections de Quidditch - mais elle continua à entrainer son meilleur ami pour que lui ne se voit pas refuser une place.
C'était douloureux. Pas tant sa jambe, sur laquelle elle se reposait de plus en plus, bien qu'elle boitait encore malgré l'année qui venait de s'écouler depuis l'accident. Impossible de sauver parfaitement son muscle, elle restera là, sur le banc de touche, à ne rien pouvoir faire d'autre que gueuler des chansons et des hurlements de lion comme les autres supporters. Mais cette fois ce fut trop - Gryffondor l'emporta, porté par la hargne de Skyler et sa rapidité. Elle ne put se rendre dans la salle commune pour fêter cela avec les autres. La rage qui l'animait était telle qu'elle ne respirait que difficilement. Tout cela était injuste. Elle frappa sa jambe, pleura, hurler cachée derrière une des armures de Poudlard. Celle-ci lui présenta un mouchoir, sans mot dire, et elle l'accepta. Elle pleura longtemps, se retenant de respirer quand elle pensait deviner le passage d'un préfet. C'était douloureux, de voir ses rêves d'enfant se briser. Elle n'accordait plus d'espoir à une totale remise - c'était impossible. Sa jambe ne la soutenait que difficilement, son muscle ne saurait subir une telle pression. Elle devrait simplement accepter. Alors elle pleura sur son rêve, et accepta.
Soudainement. Alors qu'elle se trouvait à Londres, marchant dans les rues après une journée à simplement chercher sa voie, elle se retrouva dans les confrontations. Elle entendit le fracas des sortilèges et les hurlements des gens. Elle se sentit bousculée, avant d'être face au masque argenté. La baguette levée sur elle. Elle ne comprit pas. Ne put rien faire. Ne lâcha aucun son. Elle se contenta de relever la tête - sans savoir quand elle avait été poussée à terre. Et elle regarda le masque. La baguette. Son coeur battait rudement dans sa poitrine. Elle oublia où elle allait. D'où elle venait. Elle pensa à Skyler, surtout. Elle pensa à sa tante, Aloysia, aussi. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Et elle les ferma, en attendant le sortilège. Mais quand il frappa, elle bougea - un instinct qui la fit partir en courant. Elle ne sut si le sortilège allait la tuer. Elle ne se retourna pas pour vérifier. Sa jambe lui fit mal. Terriblement mal. Mais elle continua de courir.
Elue, Ministre de la magie. Elle ne put se contenir, frappant dans ses mains à la lecture de la lettre que sa tante venait de lui faire parvenir. Si elle n'avait pas été à l'autre bout du monde, sans doute aurait-elle transplanait jusqu'à chez Aloysia, pour la serrer dans ses bras, lui offrir une bouteille de vin et refaire le monde avec elle. Mais sa tante était Ministre de la magie à présent, il n'était plus de place pour ce genre de frivolités. Elle devait sauver la Grande-Bretagne de cette guerre qui la ravageait. Elle se tenait loin de tout cela - elle avec Skyler pour la tenir informée, mais majoritairement dans leurs échanges ils parlaient de leurs victoires et des pays que Lux traversait dans son périple. Il lui semblait impossible de rester en Angleterre - pas après l'attaque. Pas après ses rêves brisés. Pas alors qu'elle ignorait qui elle était. Elle ne savait pas si son voyage l'aiderait à le découvrir, mais au moins elle trouvait des raisons de plus en plus nombreuses, de sourire.
Une année s'était écoulée, Lux revenait en Angleterre comme si elle ne l'avait jamais quittée. Bien que pour l'heure, ses poches étaient vides, sa tête remplie de souvenir, son avenir incertain et ses certitudes peu nombreuses. Parmi elles sont meilleur ami, qu'elle retrouva dès qu'elle remit les pieds dans son pays. Le prenant dans ses bras pour voler littéralement dans les airs en riant sans pouvoir se contenir.
Et si on promettait de plus se quitter à présent ? proposa-t-elle autour d'un verre - et lui prenant la proposition au pied de la lettre lui proposa de devenir sa colocataire. Une parfaite opportunité - elle se voyait pas ailleurs qu'à ses côtés - puis bien évidemment, sans elle il était perdu, alors elle ne pouvait pas l'abandonner.
La célébrité elle aurait pu la jalouser. Elle l'aurait sans doute fait dans leur adolescence - mais dans la vie d'adulte, elle aimait pouvoir voir Skyler voler dans les stades de Grande-Bretagne. Le soutenir comme les autres, ou plutôt dans le carré V.I.P des quelques élus qui avaient leur passe droit. Elle aimait jouer les supportrices, mais aussi les presque-entraineuse. Elle le massait après les matchs. Elle s'assurait qu'il suive son régime de sportif. Elle cessait de boire, comme lui, avant les grandes compétitions, puis elle s'assurait qu'il doute pas de ses capacités à faire les meilleurs choix. Sur le terrain, ou dans la vie. Et pour sa part, son meilleur choix a été de venir bousculer June Pettigrew un soir où celle-ci trouvait amusant de rire de la coupe de cheveux de Skyler.
Oops. Le nez dans la boue, puis la gueule en biais à l'arrivée des journalistes, Lux la laissa là pour retrouver Sky et rire avec lui de sa hardiesse. Personne ne saurait prendre à son meilleur ami ce qu'il avait mis tant d'année à gagner. Elle était fière de lui. Elle le serait toujours.
L'avenir restait incertain. Qu'importe combien de temps elle passait à y réfléchir - elle ignorait toujours ce qu'elle devra être
plus tard tout autant qu'elle n'était pas certaine de la personne qu'elle était aujourd'hui. Elle voulait simplement se rendre utile, trouver un endroit où elle ne serait pas trop mauvaise, où elle ne serait pas juste un boulet à peine capable de tenir debout. Elle avait mis une croix sur le Quidditch - bien que son coeur battait encore en rythme avec les supporters. Elle chercha dans les petites annonces, se retrouva un jour à rejoindre une auberge familiale un peu hors des grandes foules. ET elle rencontra
@Aléa Melnik. Elle lui sourit, en la découvrant, passant l'entretien sans inquiétude.
On se sent ici comme à la maison. admit-elle finalement, regardant autour d'elle et se sentant en sécurité. Elle fut engagée - sans savoir combien de temps - mais ce dont elle se félicitait, c'était d'avoir une femme aussi douce qu'Aléa dans son existence à présent. Puis cette auberge était parfaite - lui dit sa tante un jour - car
il se trouvait parfois des situations où il était utile de se mettre à l'abris du reste du monde.