Bad idea right ?

Astyanax roule des yeux et gonfle les joues, très gamin, à la mention de son oncle. Il souffle puis se souvient de continuer à tirer sur sa cigarette, très adulte. Il n'ajoute rien, signifie d'un simple "hm hm" qu'il sait déjà (en réalité Parrain sera plutôt agacé de l'amateurisme de ses neveux, et vaguement ému par l'initiative de Rhodeux comme devant un dessin d'enfant. Mais pour une fois il ne brise pas (encore) les rêves de son grand frère. La vie s'en chargera).

Pouce levé et hochement de tête appréciateur devant l'oeuvre d'art, vite démentis par un "Pas mal, t'as un don, mais fais attention à ta chemise" en désignant du menton le pinceau qui goutte. Il compte trois secondes et tourne les talons, s'attendant à un juron parfaitement chronométré quand il s'éloigne en chantonnant le tube du moment de leur bar favori, sans se laisser perturber par l'accusation (c'est l'avantage de savoir qu'on a raison).

Môme grimpe à grands pas jusqu'à la chambre parentale, fouine un moment sans s'encombrer à dissimuler sa fouille (c'est le désavantage familial, aucun intérêt à cacher ses méfaits quand son père dispose de trois yeux pour les constater). Une fois sa prise satisfaisante il redescend, brandit joli foulard encore parfumé et quelques bougies à demi consumées.

"Tiens, ça fera l'affaire, c'était à maman. Elle est morte," il précise, pour aider son frère que tout le monde sait un peu plus lent à additionner deux et deux (mort et fantômes). "Le mieux, c'est de la lui passer," il annonce, s'appliquant à nouer l'étoffe autour du cou de leur moldu "d'y mettre le feu et de lancer le sortilège quand elle a presque fini de brûler. Ça facilitera le passage" il assure. Et puis Mercymorn a toujours eu un style remarquable (pour la campagne Écossaise), envié jusque par la grand tante.

La soierie entre les mains d'Astyanax lui fait oublier la chemise hors de prix, offerte, qu'il a tâchée stupidement. Pourtant, il aurait pu râler pendant des heures à ce propos, se plaignant du manque de considération pour son dur labeur et la méconnaissance de la vraie valeur de l'argent de son jeune frère - typiquement Nott, comme comportement - qui aurait tout de même pu le prévenir de la future catastrophe. A se demander à quoi cela sert, de naître dans une famille de voyants où personne ne peut à changer l'avenir.

Non, elle lui rappelle juste ce qui n'est plus, comme le claironne si bien le marmot qui joue si bien au dur. " Astyanax..." marmonne-t-il d'abord, le pinceau martelant le plancher dans un rythmique inégale. Rhodius hésite. Il devrait lui dire. Lui expliquer qu'il l'a vue une dernière fois. Qu'il lui a parlé. Qu'elle s'est inquiétée, pour son petit dernier. Que si elle avait pu rester, traîner, qu'ils avaient eu le temps, elle lui aurait sûrement transmis un message rempli d'amour à destination du cadet. Peut-être même quelques mots sur le fait qu'il devrait arrêter de torturer son frère, de la sorte.

Le silence est lourd, trop long. Il n'arrive pas à trouver les mots pour expliquer comment cela s'est produit. Il sait pertinemment que personne ne le comprendrait. Neodymius lui a assuré qu'il valait mieux que cela reste entre deux, le génie étant bien trop souvent incompris. Alors, tout ce qu'il trouve à faire, c'est à s'offusquer, prendre l'air outré, avoir le ton qui monte, qui coince, qui déraille comme si les mots lui coutaient bien trop. " T'as vraiment... T'es... Laisse tomber. "

Sapin se lève, incantation résonne. Le souvenir prend feu, emportant avec lui toutes possibilités d'arrêter là. Il est trop tard, désormais. Pour s'expliquer, réfléchir, comprendre. Rhodius traîne à arrêter, plongé dans le monde de si qui se bousculent. Il aurait dû insister pour une autre offrande. Il aurait dû croire les mensonges sans chercher à les démentir. Il aurait dû faire ça seule, assurément. " C'est te faute " déclame-t-il comme tout bon grand frère, quand il réalise sa bêtise " Tu m'as perturbé en choisissant son foulard "


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