Tu seras un lion, mon fils.

La porte d'entrée claque soudainement, faisant sursauter la mère de Siobann qui se lève de son canapé pour venir voir ce qui ne va pas. Entre temps, l'enfant s'est enfermé dans sa chambre et il entend des cris en bas, une violente dispute qui éclate entre son père et sa mère séparés depuis longtemps. Il devait avoir seulement quelques mois et ne devaient pas beaucoup s'aimer car l'un comme l'autre, ils se sont trouvés un nouveau mari ou une nouvelle femme pour accompagner leurs journées. Siobann est le fruit de cette passion soudaine et inexpliquable, ayant rendu fou deux amants pendant quelques mois avant qu'ils ne se séparent sans un dernier regard. Au milieu il est là, demandant à la fois de l'attention et de la paix, de l'oxygène mais aussi qu'on l'étouffe d'une affection écrasante. Il ne sait pas ce qu'il veut et en même temps, il veut tout. Du côté de sa mère il a un beau père et une demi-sœur qu'il considère comme une sœur directement, devenue le fruit de cette nouvelle union et du côté de son père, il y a une autre femme, d'autres enfants qu'il ne connaît pas très bien. Ils ont l'air sympas, le peu qu'il les voit. C'est que son père ne le prend pas souvent en vacance et à chaque fois ça se termine sous les hurlements de sa mère suite à une dispute alors il y va de moins en moins. Il faut dire qu'il ne s'entend pas avec son père et à chaque fois que ce dernier cherche à lui parler, il enfonce des portes ou parvient à vexer son fils. Ainsi ça termine toujours en clash et sa mère se mêle à chaque fois de ce qui ne la regarde pas.

Soudainement les hurlements cessent et Siobann souffle enfin, son père est parti et le bruit des pantoufles de sa mère raisonne sur le parquet du couloir, signe qu'elle approche. Il ne pourra pas la repousser encore une fois alors quand elle entre dans sa chambre, il accepte de lui parler. Mais pour répéter encore et encore ce qu'il dit souvent ? Qu'il n'est pas à sa place au milieu de ces deux familles recomposées, qu'il ne trouve pas le chemin qui est le sien et que du haut de ses dix ans, il peine à se sentir vraiment chez lui. Il ne l'est nulle part et on lui demande pourtant de l'être partout. Sa mère ne peut que lui offrir une étreinte douce et réconfortante pour apaiser son cœur, lui murmurant que ça ira mieux bientôt, qu'il ira à Poudlard pour poursuivre ses études car depuis qu'il est petit, il fait des merveilles avec sa magie qui s'éveille un peu plus chaque année. Poudlard, il en rêve depuis toujours. On lui en parle parce que ses parents sont des sorciers, que cela n'a aucun secret pour lui et il espère trouver enfin sa place dans une école qu'on dit immense, mais assez grande pour accueillir chacun. Et enfin il se sentira réellement chez lui pour la première fois de sa vie.

Siobann a la paix une année avant que Niamh, sa sœur du côté de son père, ne débarque à Poudlard. Il a retrouvé dans l'école, Edwige, sa sœur du côté de sa mère. Si il s'entend bien avec la seconde alors c'est plus tendu avec la première. Niamh est sage. Niamh est tranquille. Niamh est bien élevée. Tout son contraire, lui qui multiplie les mots dans les carnets à la différence de Niamh qui n'a que des félicitations. Lui qui se trouve collé et Niamh qui est encensée. Pourquoi doit-il être si différent ? Il ne peut s'empêcher de répondre quand on l'attaque, de serrer les dents quand on le pince et de frapper quand on le bouscule. On dit que tous les Gryffondor sont ainsi mais il voit que c'est faux, que les autres élèves de sa maison ne sont pas comme ça et qu'ils parviennent à se contrôler, à apaiser cette rage typique des lions. Mais Siobann lui il explose, il répond, il envoi valser et se trouve souvent avec son beau visage de poupon, marqué de quelques cicatrices car il prend sur le nez tout autant qu'il donne quand il est en colère. Et on lui répète de faire comme sa sœur Niamh, d'être sage et mesuré, de travailler d'être un modèle de douceur mais plus on lui dit de faire comme elle, plus il a envie de faire tout le contraire.

Il change de nom l'année où il découvre la maladie de Edwige. C'est sa sœur et il s'est rapproché d'elle, s'entend mieux avec elle si imparfaite que sa sœur si lisse qui attire tous les compliments des professeurs. Siobann abandonne le nom de son père pour prendre celui de son beau-père, après tout pourquoi garder le nom d'un homme qui ne s'occupe pas de lui ? Et pendant un instant il se demande si il découvre la maladie de Edwige comme une punition, comme un mauvais choix non avoué qui fait souffrir cette sœur qui partage un peu du sang qu'il a dans les veines. Surtout que le diagnostic des médecins est sans appel, la maladie dont elle souffre est incurable, on ne pourra jamais trouver de traitement. La seule chose à faire c'est d'apaiser, d'aider pour qu'elle ne souffre pas trop et de ralentir le mal en usant peu de magie puissante. Mais comment demander à une jeune sorcière de refouler son envie de faire exploser sa magie si merveilleuse ? C'est cruel. Et Siobann déteste la cruauté alors il cherche dans le monde moldu d'abord, une solution pour aider. Puis dans le monde magique. Et il ne trouve pas malgré ses efforts, malgré ses tests. Il se révèle assez bon en potions et en alchimie, assez patient pour concocter des breuvages anciens et oubliés pour aider Edwige qui malgré tout, se révèle agacée d'être un cobaye surtout qu'il n'y a pas de résultat, rien de bon. Rien de neuf, comment garder espoir quand on répète qu'il n'y en a plus aucun ?

La 6eme années sonne et apporte avec elle la promesse d'un nouveau jour et surtout, d'un travail plus régulier à fournir. Poudlard a changé, Siobann s'en rend compte dès qu'il pose un pied dans le grand hall. Les regards ne sont plus ceux qu'il connaissait, ses amis sont angoissés et c'est normal, toute la façon de fonctionner de l'école a été repensée et pas vraiment pour le mieux. Il faudra travailler, assurer encore plus et surtout, prendre des risques pour ne pas perdre cette place dans le monde magique. Et les examens seront plus difficiles ce qui semble être un défis de taille pour Siobann qui a eut ses B.U.S.E.S avec des notes limites. Mais si Poudlard est plus sélective elle est aussi plus intéressante cette année, avec un système de bourse qui fait dangereusement de l’œil au jeune homme. Avec l'argent des bourses il pourrait acheter des ingrédients et des livres rares qu'il ne peut pas s'offrir lui même et chercher des solutions pour Edwige alors, pour ça, il va devoir se démarquer et demander la bourse une fois que son année aura été un succès. Ce qui lui permet d'avoir un défis de taille à relever pour cette année car le conseil des Purs qui dirige l'école est clair, seul les meilleurs auront droit à la bourse. Et surtout cet argent serait à lui, il n'aurait aucun compte à rendre et pourrait en faire ce qu'il veut... Alors que là, même si sa famille est aisée, comment expliquer qu'il a besoin d’œuf de runespoor pour un breuvage de guérison ? Impossible, ses parents refuseraient. Ainsi l'année démarre à peine mais pour lui, il y a déjà un objectif à atteindre. Il va devoir briller, dépasser Niamh et récolter cet argent nécessaire pour ses recherches et peut-être pour enfin trouver une solution à la Roche-Lune de Edwige.