« Mary, rentre à la maison, il va pleuvoir ! » L'ordre de sa mère ne reçoit que le silence de la part de la petite fille qui, plongée dans son observation d'une colonie de fourmis qui s'affaire à la tâche depuis toujours, ne daigne même pas bouger le petit doigt. La petite fille est par terre, ventre contre terre et se dit que si elle ne bouge pas alors peut-être qu'elle pourra se faire oublier de ses parents encore pendant quelques minutes. Elle sait que ça ne va pas durer, sa mère fini toujours par la chercher et comme si elle avait un 6eme sens, la trouve inexorablement même si Mary tente de se cacher dans les arbres ou de se glisser entre les buissons. Peut-être qu'elle fait trop de bruit ? Elle ne saurait dire. En tout cas elle est curieuse, explorant le monde avec des grands yeux pour ne rien manquer de ce qu'il peut lui offrir, comme si elle avait soif d'apprendre et de découvrir toujours plus. Que ce soit les créatures, les insectes, le vent dans les feuilles ou juste la bonne odeur d'un repas qui termine sa cuisson sur la gazinière de la cuisine, tout l'émerveille. Et tout semble fantastique.
« J'ai fait des gaufres pour le goûter ! » « DES GAUFRES ?! » Sa mère sait la prendre par les sentiments et pour toute réponse, la petite saute sur ses pieds et court vers la maison sous le rire de sa tendre maman qui sait que pour ramener sa fille jusqu'à leur demeure, il n'y a que la nourriture. Père est déjà à table et Mary tente bien que mal d'attraper une gaufre mais d'un regard de son paternel elle comprend que d'abord, elle doit aller se laver les mains. Et alors qu'elle approche de l'évier pour ôter la terre de ses doigts et de ses ongles, dehors la pluie commence à tomber. Comme si le ciel lui même avait patienté jusqu'à ce qu'elle rentre chez elle, au sec. Le temps de l'insouciance, avant que la tempête ne se déchaîne.
Ca a commencé il y a deux semaines d'abord. Un accident, Mary jouait au ballon dans la maison malgré les interdictions de ses parents mais comment faire alors que dehors il tombait des cordes ? Sauf qu'un tir trop fort a envoyé un vase au sol et dans la panique, l'enfant s'est figée. Tout autant que le vase qui a cessé sa chute, permettant à Mary de l'attraper et de le reposer sur le meuble sans encombre. Soulagée de ne pas se faire disputer mais aussi surprise par cette scène inhabituelle. Puis Mary a recommencée plusieurs fois, d'abord parce qu'elle est maladroite et qu'elle fait souvent tomber des choses mais aussi parce qu'elle a essayée de briser volontairement des objets, pour voir si ce petit miracle se reproduisait et oui en effet, plusieurs fois elle a évitée un drame. Jusqu'au jour où c'est en renversant sa tasse de chocolat chaud sur le canapé devant ses parents, que le liquide est retourné dans la tasse sans qu'une seule goutte ne tombe sur le précieux tissu hors de prix. Ses parents n'ont rien dit mais le soir même à table, ils lui ont demandés si cela se produisait souvent et si oui, depuis combien de temps. Alors une promesse a été faites entre tous les trois, celle de ne jamais reproduire cette magie dehors, devant des témoins, qu'importe le danger ou la possibilité de casser quelque chose. Mary a jurée d'être prudente sans voir le regard soucieux que ses parents ont échangés, quand elle a baissée la tête sur son assiette pour finir son repas.
Ca devait être un voyage comme un autre n'est-ce pas ? Les MacDonald ont déménagés depuis cinq ans quand la grand mère perd subitement la vie suite à une crise cardiaque. Si Mary est confiée aux soins d'un couple d'amis, ses parents prennent la décision d'aller aux funérailles car la grand-mère était la dernière parente de cette petite famille qui peine à s'agrandir. Ca aurait dû bien se passer, un aller et un retour en trois jours puis la vie qui reprend son fil même si les parents sont tristes n'est-ce pas ? Ca aurait dû bien se passer... Sauf que l'avion a eut un problème en vol et s'est crashé dans l'océan, non loin d'un triangle que l'on nomme des Bermudes et qui emporte les navires et les avions qui passent. C'était un mauvais jour, une erreur technique, un regrettable accident comme ils le disaient tous dans le journal. Mary est jeune, elle a plus de dix ans mais elle comprend lorsque la police arrive chez les amis de ses parents pour venir la chercher, que c'est grave. Et on lui explique que maintenant elle est seule, qu'elle n'a pas de famille et qu'elle va devoir rejoindre d'autres enfants comme elle. Qui pratiquent la magie ? Non. Le couple d'amis garde le silence alors qu'ils auraient put se proposer pour l'adopter, la garder, l'aider non ? Mais parfois les amis ne sont pas si amicaux qu'on le pense alors Mary est emportée et enfermée dans un orphelinat mais une seule nuit passe avant qu'un homme à la barbe blanche et longue, digne d'un père noël, ne vienne la chercher à nouveau. Il explique vaguement qu'elle sera mieux là où il va l'emmener, qu'il a tous les accords et alors que Mary n'a pas le temps de défaire sa valise, c'est dans un orphelinat pour les enfants qui pratiquent eux aussi la magie qu'on l'installe. Et on lui explique ce nouveau monde magique, cette école qu'elle va intégrer et qu'elle est exceptionnelle, elle, la petite gamine qui n'a plus personne si ce n'est ses yeux pour pleurer. Le soir elle s'endort tardivement après s'être épuisée à pleurer ses parents qu'elle ne reverra jamais. Souvent elle se réveille avec la sensation qu'elle se noie et si elle ne le dit pas alors elle ressent qu'elle vit encore et encore le crash qui a emporté ses parents.
A peine le Choixpeau se pose sur ses cheveux bruns qu'il hurle la maison des lions et la gamine est accueillie avec des sourires et des applaudissements. Elle ne comprend pas pourquoi on lui fait un tel triomphe mais pour la première fois depuis qu'elle a perdue ses parents, elle se surprend à sourire ce soir.
« Moi c'est Emmeline. » « Et moi Hestia et elle, qui se goinfre comme si elle n'avait pas mangée depuis trois mois, c'est Dorcas ! » La nommée lève une cuisse de poulet en guise de salutation et le mouvement fait rire Mary.
« Moi c'est Mary. Je suis... Née-moldue. C'est comme ça qu'on dit ? » « Comme moi ! » Une belle fille à la chevelure de feu attire l'attention des 4 nouvelles Gryffondor alors qu'elle vient de s'installer en face. Lily l'évidence, Lily la meilleure amie. Ce soir là elles se jurent de ne jamais se quitter et dès le lendemain, leur bande devient plus grande en incluent Marlène, une Serpentarde qui va longtemps se lamenter de ne pas porter le vêtement des lions. Qui pourrait ne pas être jaloux de la bande qu'elles forment ? La première année est une réussite pour Mary qui, grâce à sa curiosité, parvient à se hisser comme une bonne élève. Au détriment de quelques râleurs qu'elle n'écoute pas. Sauf que les grandes vacances approchent et si lors des vacances de noël et de Pâques elle a pu rester à l'école, cette fois-ci elle sait que Poudlard ferme.
« Qu'est-ce que tu as ? Tu es agitée ce soir. » Râle Emmeline qui ne parvient pas à se concentrer sur un roman. Et Mary craque, lâche les larmes qu'elle retient depuis des jours.
« Je ne veux pas retourner à l’orphelinat. » Qu'elle parvient à marmonner difficilement dû à la crise d'angoisse qui menace de l'emporter.
« Ho Mary... Mais tu ne vas pas y aller. Tu pourrais... Passer deux semaines chez chacune d'entre nous ? » La jeune sorcière ôte les larmes de ses yeux alors que ses amis approuvent d'un hochement de tête. Et au départ du Poudlard Express, Mary ne rentrera pas à l'orphelinat mais c'est chez les Evans qu'elle sera accueillie.
C'est arrivé plusieurs fois ces derniers mois, la montée des pensées puristes et les agressions qui se multiplient à l'encontre de ceux qu'ils voient comme des erreurs, des étrangers à leur monde. Et Mary n'en peut plus ce soir alors que Rosier et Mulciber se font encore remarquer en cours, qu'ils ricanent en murmurant des énormités plus grosse qu'eux.
« Vous êtes des abrutis ! Comme si votre précieux sang vous apportait une sorte d’immunité mais tout le monde le sait, vous n'êtes que des consanguins ! » Mary crache son venin au visage des deux serpents et soudainement le silence se fait dans la salle d'étude. Rosier et Mulciber, les visages rouges et les yeux sombres, se lèvent et s'en vont. Mary sent la bile lui monter à la gorge, elle sent qu'elle a fait une erreur et qu'elle va le payer, les deux serpentards sont connus pour ne pas être des tendres et si elle n'a jamais peur face à eux, ce soir elle a sentie que quelque chose de plus grand, de plus dangereux, venait de se mettre en place. Comme si son sort était scellé.
« J'ai fait une bêtise. » Dit-elle pour elle mais en toute réponse, Hestia lui pose une main froide sur le bras. Comme pour lui transmettre du soutien et lui assurer qu'elles seront là. Sauf que Mary le sait, comme deux serpents, les deux garçons vont attendre le meilleur moment pour frapper quand personne ne verra rien.
« Je rentre au dortoir. Ne tarde pas, Severus va encore camper devant le portrait pour s'excuser. » Dit-elle à Lily car voilà une semaine que le meilleur ami de cette dernière l'a traitée de sang-de-bourbe, la pire insulte possible et qu'il essaye de se faire pardonner. Sauf qu'à cause de ça vous ne pouvez plus rentrer au dortoir sans que le jeune homme ne réclame qu'on fasse venir Lily, qu'il doit lui parler. Cette dernière hoche la tête alors que Mary, la boule au ventre, quitte la salle d'étude.
« Alors ? On fait moins la maline hein ?! » Mary est ligotée, la douleur irradie de sa tête car en tombant elle s'est cognée le crane contre une marche de ce troisième étage qu'elle traversait pour rentrer dans son dortoir. Il est tard et personne ne va l'entendre, comme elle s'en doutait Mulciber a pris tout son temps pour la retrouver et ça fait un mois qu'elle vit avec la boule au ventre, qu'elle baisse les yeux dès qu'elle le croise mais le sang-pur ne compte pas la laisser tranquille, il va lui faire payer chacun de ses mots et ce soir, c'est la douleur qui brise le corps de la belle quand il use sur elle, un sort de torture des plus sordides. Et malgré ses plaintes Mary ne sera pas défendue parce que les Mulciber ont l'argent, le pouvoir, qu'ils siègent au conseil de Poudlard de fait on ne va pas virer le fils d'un homme si important que Bartholomew Mulciber ? Lui qui est aussi à la tête des Tireurs du Ministère. Et lentement, comme l'oiseau fait son nid, Mary sent la colère et le sentiment d'injustice monter en elle.
Pendant deux ans Adriel Mulciber essaye de se faire pardonner. Au début elle se demande qui lui dépose un bouquet de roses sur le lit, de tournesols ou de lys, ça dépend de la saison. Puis les bouquets deviennent journaliers et un jour ils sont accompagnés de poèmes, de lettres et parfois d'un bijou. Et puis un jour elle comprend alors qu'elle est mise en binôme par le professeur de potions, avec Mulciber justement. Si son corps se tend en sentant la chaleur du jeune homme l'envelopper, dû à ce qu'il lui a fait subir, elle jette un regard à ses notes. Et remarque qu'une chose revient à chaque fois qu'il met un point final à ses phrases, il appuie un peu trop la mine de sa plume et le point n'est pas parfaitement rond, il est plutôt sous forme de trait.
« C'est toi ! » Elle relève vers lui un regard choqué alors qu'il fronce les sourcils. Et pour la première fois il la regarde dans les yeux. Il la regarde vraiment, ce qu'il n'a jamais fait le soir où il l'a torturée.
« Les poèmes, les lettres, c'est toi ! » « Je ne vois pas de quoi tu parles ! » La réponse fuse aussitôt et elle ne dit plus rien car il a été si froid, si cassant qu'elle comprend qu'elle flirte avec une ligne dangereuse. Le lendemain c'est un poème signé A qu'elle reçoit avec un bouquet d'iris, le premier d'une longue liste.
Au début elle a mis cela sur le compte d'une perversion malsaine, d'une attirance étrange et puis à force elle lui a envoyée un courrier aussi. D'abord pour lui demander d'arrêter mais le jeune homme n'a rien écouté et les cadeaux se sont fait plus nombreux, tout autant que les fleurs. Jusqu'à ce qu'elle soit à bout de nerf et qu'elle l'accoste un soir alors qu'il rentre de son entraînement de Quidditch.
« Hé ! Je t'ai dis d'arrêter ! J'en veux pas d'tes cadeaux ! » Qu'elle lui dit en lui collant sur le torse, une boite rouge contenant une broche aux couleurs des Gryffondors. Parce qu'aujourd'hui c'est son anniversaire, comment l'a-t-il su d'ailleurs ?
« Pourquoi tu fais ça ? C'est un jeux malsain ? C'est pervers ! Tu me tortures et après tu m'offres des fleurs, des bijoux ! » « Je voudrais me faire pardonner. J'ai été con ! » « Ca tu peux l'dire ! » Et alors qu'elle va pour râler encore, ouvrir la bouche et cracher ses reproches, Adriel lui coupe l'herbe sous les pieds.
« Tu me plais, Mary. Tu voudrais bien faire un pique-nique avec moi ? » Elle cligne deux fois des yeux, se demande si elle a mal entendue ou si elle devient folle. Et parce qu'elle refuse d'aller à son pique-nique en craignant que ce soit encore une ruse pour se jouer d'elle ou la torturer, il fera venir le pique nique jusqu'à elle. La veille des vacances, alors qu'elle patrouille dans les cachots car elle est préfère depuis l'année précédente, il aura installé au détour d'un couloir, une table avec une assiette de sandwichs et un pichet de jus de citrouille.
« Élève hors des dortoirs ! Rentrez dans votre dortoir ou je vous sanctionne ! » Mary marche vite pour approcher l'élève qui est de dos, ce soir aurait dû être une soirée de ronde comme les autres. Une soirée banale, tranquille à faire le tour avant de rentrer pour dormir quelques heures avant de démarrer le week-end. Demain soir les filles et elle doivent aller faire du shoopings pour la rentrée, ça annonce une très bonne journée qui va se terminer avec un chocolat chaud et quelques muffins ! En bref elle est joyeuse, souriante et en ce moment ça va bien dans sa vie. Qu'est ce qui pourrait mal se passer ? Sauf que l'élève qu'elle vient de houspiller se tourne vers elle et ce n'est pas un visage qu'elle croise mais un masque argenté aux arabesques noires qui dansent devant ses yeux. Et si Mary sent la peur l'envahir par toutes les parcelles de sa peau, elle se trouve incapable de hurler quand le sort de torture tombe sur elle. Cette fois-ci ça n'a rien à voir avec la torture d'Adriel, elle se rend compte comme il a été mesure dans son désir de la blesser. Là cette fois-ci il a vraiment l'envie de lui faire mal, de la faire souffrir. Et au milieu des insultes sur son statut de sang et sa présence à Poudlard, elle parvient à enregistrer la voix de celui qui lui fait ça. Elle ne sait combien de temps ça dure, en tout cas au bout d'un certain temps il y a du bruit dans le couloir et le mangemort car c'est ainsi qu'on les nomme, s'en va en courant dans l'autre sens. Ce sont des camarades qui la trouvent, tremblante et mutique, choquée. Elle se balance d'avant en arrière en murmurant des paroles incompréhensibles jusqu'à ce qu'elle demande une chose, qu'on l'emmène au directeur. Après tout c'est lui qui est venu la chercher dans l'orphelinat et c'est lui qu'elle veut voir ce soir. Elle va retrouver Dumbledore tard dans la nuit car Poudlard a été attaquée et que le directeur est sur tous les fronts, à l'infirmerie pour apaiser les blessés, au ministère pour informer le magenmagot de ce qui vient de se passer. Et quand il rentre dans son bureau à l'aube, Mary est là, assisse devant l'immense bureau du directeur.
« Je m'en vais, professeur. Je voulais vous remercier pour la chance que vous m'avez offert mais... Je ne peux plus. Cet endroit n'est pas sûr pour les gens comme moi et tant que Poudlard restera un lieu dangereux pour les nés-moldus alors... Je ne serais pas en sécurité. » Dumbledore ne dit rien, écrasé par l'épuisement de cette nuit mais aussi l'angoisse de ce qui va se passer dans les mois à venir. Et après un dernier au revoir pour ses amis, Mary s'en va. Sans un mot pour Adriel, que pourrait-elle lui dire ? Elle sait qu'il partage ce genre d'idée et elle ne peut pas rester proche d'un homme qui est d'accord avec ce qu'elle vient de subir.
« Tu baisses ta garde, sois plus attentive ! Et lève ce coude, par Merlin ! » Les coups pleuvent et Mary n'en peut plus mais si il y a bien une chose qu'elle a appris, c'est que se plaindre ne sert à rien. Pire encore l'instructeur est plus violent encore si elle ose chouiner alors elle tient se défense et essaye de contrer les coups qu'il tente de lui asséner. Pendant de longues minutes elle sent ses bras faiblir, se corps être cassé par la fatigue mais elle tient bon jusqu'à ce que la séance cesse. Et que la pratique de la magie remplace les entraînements au corps-à-corps. Les chasseurs de la griffe, un groupuscule qui, ayant appris l'injustice qu'elle a subie, l'a approchée pour lui proposer une place dans leur rang. Si au début elle s'est demandée si s'était une mauvaise blague alors elle s'est vite rendu compte que non ils ne rigolaient pas et que leur objectif était clair, traquer et tuer ceux qui évitent la justice magique sous prétexte qu'il n'y a pas assez de preuves, qu'ils ont l'argent, la renommée ou le pouvoir afin d'être au dessus des lois. Alors on lui apprend à se battre, à contrôler une magie que l'on dit noire mais qui n'est en rien sombre si elle aide à atteindre l'objectif de la guilde et surtout elle se découvre une nouvelle famille, dont elle est moins proche que ses amis restées à Poudlard mais malgré tout elle est assez loyale envers eux, pour ne pas hésiter si elle doit se faire casser les dents en leur nom. Elle n'a peut-être plus de famille Mary, mais elle a fait en sorte de s'en trouver deux de qualité afin d'agrémenter son existence de quelques lueurs d'espoir dont elle a bien besoin.