Kirsten Vogel

Naître dans un foyer toxic, ne pouvoir même compter sur ses parents, c’est le sort de bien trop d'enfants. Pourtant, la jeune Kirsten ne s'était jamais senti complètement seule. Sa grande soeur avait toujours été là avec elle du plus loin qu’elle arrivait à se rappeler et même si le décor autour d’eux n’avait cessé de changer, tumultation l’une après l’autre, Kirsten avait toujours su que la main de sa soeur serait toujours là, pour la prendre dans les moments d’incertitudes. Cette chimie que les sœurs avaient développée ensemble, Kirsten la chérissait comme la plus précieuse de toutes ses possessions. Alors, lorsqu’on découvrit que les jeunes sœurs étaient des sorcières, Kirsten ne trembla pas une seule seconde, sachant que malgré ce changement, un autre déménagement, elle n’avait rien à craindre en ayant la sœur la plus géniale au monde.

Kirsten s’adapta au monde de la magie très rapidement. Après avoir eu la passe d’émerveillement que tous les nés-moldus avaient, la jeune s'était tout de suite mise au travail pour arriver à réaliser le plus de prouesses possibles et malgré toutes ses peurs de commencer une nouvelle école et de ne connaître personne, une fois de plus, elle s’intégra dans la maison sans la moindre difficulté. Avoir un esprit de camaraderie aussi puissant et accessible aidait à panser les blessures de son enfance qu’elle s'efforçait de cacher.

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Elle avait trouvé sa nouvelle famille, au plutôt, celle-ci s'était agrandie de jour en jour. Pas seulement par les amis qu’elle se faisait à l’intérieur de sa maison, mais également par les fréquentations de sa sœur. Kirsten avait toujours l’impression qu’un des élèves d’un année son aîné veillait toujours sur elle, à la demande de sa sœur. Impossible de venir lui chercher des problèmes sans tomber nez à nez avec des élèves plus vieux près à en découdre. Pas que la jeune Kirsten avait besoin de ses gardiens pour savoir replacer les gens ou de défendre sa condition de née-moldue, mais de ce savoir épauler ainsi avait aidé la jeune fille à se développer parmi les siens, de ne plus avoir peur de ce qui pourrait lui arriver.

On la retrouvait bon nombre de fois à traîner avec la cohorte de sa sœur, tentant tant bien que mal d’avoir l’air menaçante en bombant le torse devant Castiel pour lui montrer qu’elle savait se battre elle aussi. Aussi menaçante qu’un petit chaton qui ne savait pas encore comment rugir. Sans oublier de raconter ses exploits à Sloane qui l’écoutait à demi-sourire sans savoir si la moitié de ses histoires avaient un fond de vérité, mais elle savait toujours comment raconter une bonne histoire. Pendant un bon moment, elle arriva à goûter à la liberté et à l’amitié pendant ses études, et même à l’amour. Un premier amour d’adolescente, toute en maladresse, mais rempli d’incertitudes. Une incertitude qui eut raison de leur relation. Bien que celle-ci ne dure que quelques mois avant que Kirsten y mette un terme, la jeune adolescente se sent toujours coupable d’avoir blessé Lucian à cause de ses propres insécurités.

Des blessures trop profondes qui n’étaient finalement pas totalement guéries, une peur de l'abandon beaucoup trop béante pour laisser l’occasion à quelqu’un de la laisser de nouveau. Une blessure qu’elle allait pourtant devoir regarder saigner encore et encore.

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- Elle est morte ?

Et c’est ainsi que le monde s’éffrondra, pour ne laisser qu’un grand vide, un froid glacial qui nous remplit le cœur et qui nous paralyse. On ne comprend pas vraiment au début, même si chaque mot est compréhensible dans nos oreilles. C’est plus qu’on ne veut pas le comprendre. La pauvre petite allait devoir les comprendre d’une manière ou d’une autre. Sa sœur ne reviendrait pas. Pas une larme ne s'échappait de ses yeux, pas un cris ne sortait de sa bouche. Pourtant connue pour sa rapidité à prendre la parole, la jeune adolescente restait bien muette, écoutant le directeur de Griffondor lui expliquer la situation.

Elle avait quitté Pourdlard se soir là, sans un bruit ni d’aurevoir, elle retournait au soin de sa tante le temps de faire les préparatifs pour les funérailles. Kirsten était d’un calme exemplaire, suivant les professeurs jusqu’à sa tante avec sa valise, le regard un peu perdu et détachée. Même en voyant sa tante fondre en larmes et la prendre dans ses bras, Kirsten n’eut pas d’autres réactions que de lui caresser le dos comme une mère l’aurait fait à son enfant pour la rassurer.

C’était une énorme farce, impossible qu’il en soit autrement. Kirsten avait parlé à sa sœur pas plus tard que ce matin et tout allait très bien. Pourquoi serait-elle assassinée alors que ce n’était qu’une élève prodige, une sœur extraordinaire et une amie incroyable ? Où était Castiel ? Et Sloane dans tout ça ? Seuls les noms de Katya et Nolwen résonnaient dans sa tête. Ou était le nom de Castiel et Sloane. Impossible qu’il soit arrivé quelque chose à sa sœur avec deux amis aussi proches avec elle. En regardant derrière elle, quittant Poudlard avec sa tante, elle ne vu pourtant aucune lueur d’espoir derrière elle. Elle ne vit qu'un château froid et silencieux. Des montagnes de roches assemblés ensemble qui ne formerait plus jamais sa maison, puisque sa sœur était morte en essayant de terminer ses études ici.

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Alors que les préparatifs avancent bien, Kirsten se retrouve confrontée à une réalité qui dépasse de loin son âge et sa maturité. Du haut de ses 14 ans, elle tente bien que mal de comprendre toute la portée des conversations et des responsabilités. Le coffre fort étant vide, il était difficile d’essayer de préparer quoi que ce soit de digne pour sa soeur. Tout au plus, il y aurait un enterrement et ensuite une petite veillée à la maison. Il y aurait quelques petites bouchées que Kirsten avait préparé, pour que les invités puissent manger quelque chose en donnant leur dernier respect au mort.

- Tu crois que c’est ce que ta soeur aurait voulu ? Une petite cérémonie avec ses amies et les gens prochent ?

Bien qu’elle acquiesça, Kirsten n’avait aucune idée de ce que sa sœur aurait voulu. Ce n’est pas quelque chose que les deux sœurs avaient discuté ensemble. Loin de là. Tout le temps qu’elles avaient, elles ne s’arrêtaient pas ensemble pour parler de la mort et des dispositions à prendre si l’une d’elle venait à mourir. Les deux parlaient de leur avenir, de leurs rêves tout aussi loufoques les uns que les autres. De posséder une petite maison ensemble, qui pour une fois dans leur vie serait un foyer qui ne pouvait pas leur être enlever. Katya voulait avoir un petit jardin derrière. Kirsten en avait toujours ri, parce que Katya n’avait jamais eu le pouce vert, mais pour sa sœur, une belle maison familiale, elle l’avait toujours vue avec un jardin derrière. Kirsten voulait la maison avec deux étages, c’est ainsi que les maisons riches étaient, avec des escaliers qui comportent des gravures en bois sur la main courante.

Elle avait aussi parler des garçons et des filles. Qui viendrait partager leur vie et combien d’enfants chacune aurait. Katya avait toujours affirmé que Kirsten serait la première à en avoir, quelque chose que la cadette avait toujours refusé de croire. Katya ne le voyait peut-être pas, mais c’était elle la plus jolie des deux. Elle avait le don pour faire tourner les têtes. Castiel le premier. Encore quelques choses que les sœurs n’étaient pas d’accord, mais cela leur arrachaient toujours des fou rires d’en parler et de protester, comme deux sœurs le feraient.

Sauf que cela n’arriverait plus jamais. Beaucoup de choses ne pourraient plus jamais se produire et Kirsten passait ses soirées à les énumérer, en comprenant que cela aggravait sa peine, mais pour le moment, elle n’avait plus envie d’être heureuse sans elle. Kirsten n’en avait pas le droit. Pas alors que le corps de sa sœur n’était pas encore en terre, alors qu’elle était toujours sans explication sur toute la soirée qui s’était déroulée.

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- Mais qu’est qu’ils foutent ici ?! Vous n’avez aucun droit d’être içi !

Sa voix avait brisé le silence de la cérémonie ou le prête murmurait quelques prières avant que le corps ne soit descendu sous terre. Kirsten était rouge de rage alors qu’elle venait d'apercevoir des silhouettes à sa droite.

- Chérie … se sont quand même ses parents.

C’est la première émotion qu’elle ressenti clairement depuis des jours. De la colère. Une vrai furie de voir ses parents débarqués ainsi après autant d’années. Kirsten se rappelait seulement de leur horrible visage puisqu’elle avait vu certaines photos. Des parents qui ne s’étaient jamais occupé d’eux. Des inconnus qui les avaient abandonnés à leur triste sort sans jamais essayé une seule fois de devenir de meilleures personnes pour les reprendre et réparer leurs pots cassés. Leur propre fille cadette ne se souvenait pas d’un seul moment avec ses parents tellement elle était jeune lorsque sa tante les avaient sortisde leur calvaire familiale. Retrouver un bébé de 3 ans avec une brûlure de cigarette sur le bras ainsi que des équimoses un peu partout sur le corps n’a rien de gracieux qui vous mériterait le titre de parent de l’année. Ils n’avaient même jamais envoyé ne serait-ce qu’un seul sous pour les aider et les voilà débarquant ici en essayant de paraître attristé que leur fille aînée soit morte ? Ils n’avaient jamais eu de fille ainée.

- On a jamais eu de parents ! Juste des déceptions par-dessus déceptions d’être humains médiocres ! Katya ne vous voudrait pas içi ! VOUS SOUILLEZ SA MÉMOIRE EN VOUS POINTANT AVEC VOTRE AIR ATTRISTÉ.

Ne pas informer Kirsten de la présence de ses parents à la cérémonie de l’enterrement avait été une grossière erreur de la part de sa tante, mais elle espérait que sa colère aurait été calmer par l’assemblée présente et que cela l’aurait empêcher de passer des commentaires. La pauvre tante devait être excusée, voyant à peine sa nièce depuis des années, elle n’était pas au courant du caractère de dragon que la petite s’était forgée, mais également de la puissance des ressentiments qui dormaient à l’intérieure d’elle. Tenant tant bien que mal Kirsten, elle l’empêchait de se jeter sur ses parents, prête à en démordre avec eux, baguette en main.

Poings liés, on voulait l’empêcher de faire des ravages et d'extérioriser ses émotions. Ce n’était pas digne d’une jeune fille de s’énerver autant et de faire acte de violence le jour de l’enterrement de sa sœur. Ne pouvant agir, bien qu’elle commencait a trainer sa tante derrière en avançant contre toute attente malgré sa stature si petite, c’est quelqu’un d’autre qui le fit pour elle. Observant Castiel démolir le visage de son père avec une droite sortie de nul part, Kirsten se figea en observant la scène. Quelqu’un s'était levé pour la protéger.

Après le départ de ses parents, la cérémonie reprit, ébranlée, l’atmosphère était palpable et les esprits agités. La jeune adolescente contenait sa rage en regardant chaque morceau de terre venir recouvrir ce qui restait de sa sœur. Chaque petite parcelle qui viendrait la faire disparaître pour toujours sous une terre froide, un monde qui n’avait cessé d’essayer de l’écraser. Finalement, ils avaient gagné. Une fois la tombe recouverte, les invités commençaient à prendre le chemin du village pour rejoindre la demeure des Vogel, là ou une petite réception les attendait. Kirsten, elle, restait derrière, devant l’épitacle, accrochée au lambeau de terre encore frais qui venait recouvrir sa sœur. Criant de toutes ses forces comme si son chagrin pourrait la ramener.

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Et puis, la vie devait reprendre, comme si rien ne s’était passé avant. Le monde continuait de tourner. Quelques regards à gauche et à droite, des murmures qu’elle n’arrivait pas à distinguer, mais nul besoin d’un traducteur pour lire la pitié de ses camarades dans leurs yeux. Des condoléances rapides, quelques mots de réconfort qui sonnaient si vides à ses oreilles. Des cours qui avaient perdu tout leur sens, des notes qui ne semblaient plus du tout importantes et pourtant, elle s’accrochait. Parce qu’elle voulait croire que tout cela n’était pas en vain et qu’à un moment, tout cela aurait un sens.

L’année scolaire se termina si rapidement que déjà, elle devait plier bagages pour retourner chez sa tante. Kirsten ne pouvait s’empêcher de penser que sa tante devait se rejouir de n’avoir qu’une seule bouche de plus à nourrir. Cette pensée était loin de la vérité, mais l’argent avait toujours été un problème. C’est au début des vacances que Kirsten pu repasser dans les affaires de sa soeur, transférer de l’école à sa chambre chez sa tante. La jeune adolescente ne fit aucun tri, elle garda absolument tout ce qui appartenait à sa sœur, jusqu’à la moindre lettre insignifiante.

C’est en parcourant ses affaires qu’elle trouva d’étranges échanges avec des personnes qu’elle ne reconnaissait pas, mais le puzzle ne fit pas difficile à assembler pour son esprit vif. C’était les contrats de travail que sa soeur prenait pendant les vacances et les fins de semaine pour essayer de mettre de l’argent de côté. Une tâche qui lui revenait désormais, bien que Katya en aurait voulu autrement. Il y avait bien une raison qui justifiait son silence absolue sur ce travail risqué. Encore une fois, on avait privé Katya de son enfance en la forçant à devenir une adulte avant qu’elle ne soit prête et l’histoire allait se répéter avec Kirsten.

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- Tu sais … l’école va bientôt recommencer.

Elle prit un morceau de blé, encore bien haut dans les pâturages en regardant au loin. Kirsten n’allait pas se recueillir sur la tombe de sa sœur pour lui parler. Elle n’y retournerait jamais. Lorsqu’elle voulait lui parler, elle retournait dans les champs qui les avaient vu grandir. Des champs qui ne la verraient jamais quitter son adolescence, mais qui avait été témoin de la force rayonnante de Katya.

- Je t’ai promis de terminer mes études et je vais le faire. Je vais faire partie de ce monde même s’ils ne nous veulent pas dedans. Je vais crier si fort qu’ils ne pourront plus nous ignorer, ignorer notre force et notre courage. Je vais réaliser tous mes rêves, mais les tiens également. Je vais le faire pour nous deux.

Regardant le morceau de blé qu’elle avait pris, elle le jeta au sol en le piétinant légèrement de son pied gauche.

- Je vais crier si fort que même toi tu pourras m’entendre. Ce sera tout ou rien du tout. Parole de Vogel.

Elle quitta les champs d’un pas déterminé et d’un regard noirci et colérique. L’été n’avait pas eu que des bénéfices, la maturité du monde l’ayant frappé de plein fouet puisqu’il n’y a rien de plus dégrisant que les bas fonds de la société, là où le marché noire fait fortune et ou les pires raclures ne cherchent qu’à écraser plus faibles qu’eux.

Une fois sa valise refermée, il ne restait plus qu’à prendre le chemin de Poudlard, seule cette fois et comme toute les prochaines.