Comme souvent par le passé, le jeune Gryffondor s’était sans doute montré un peu trop présomptueux pour son propre ego. Il avait cru que ses charmes irrésistibles et son charisme naturel feraient leur œuvre sur sa nouvelle amie, qu’il allait pouvoir lui servir un verre et passer la soirée en bonne compagnie… peut-être même pousser l’audace jusqu’à voler un baiser à la belle sur les coups de minuit. Mais non. Nada. Niet. Les mauvais esprits avaient bel et bien décidé de ruiner sa soirée de bout en bout. Il l’avait pourtant faite rire ! Il avait vu une lueur d’intérêt dans ses yeux, il l’avait sentie… et elle n’avait pas manqué de l’impressionner en produisant un patronus corporel sous forme de lapin hyperactif. Il avait toujours aimé les filles brillantes et puis… d’accord, il y avait bien Niamh pour laquelle il n’avait certainement jamais éprouvé la moindre étincelle, mais c’était l’exception qui confirmait la règle. Et ce n’était définitivement pas Niamh qu’il avait face à lui. Cette fille jouait au Quidditch et ils auraient pu en parler, ils auraient pu… qu’importait, en définitive. Elle n’était pas restée. Un autre lapin identique au sien avait rejoint la danse des patronus – chose très curieuse, il en avait convenu en toute bonne foi avec sa camarade. Dès lors, il avait senti le malaise qui s’était emparé d’elle et qu’elle n’avait – de toute évidence – pas réussi à surmonter. Elle avait finalement pris congé quelques instants plus tard, prétextant ne pas être dans son assiette et avoir besoin de repos. Si sa fierté n’avait pas été brisée en mille morceaux, Lucian aurait certainement pu comprendre que quelque-chose l’avait véritablement troublée. Il aurait pu prendre la chose avec grâce, mettant son empathie à profit comme il l’avait fait tant de fois pour épauler Kirsten face à ses démons… mais il n’était qu’un homme. Pire. Un adolescent de quinze ans.

Une moue renfrognée scotchée au visage, le Sparks se résolut à retrouver Diana et Jake. Ils avaient plutôt intérêt à s’abstenir de la moindre réflexion, que les choses soient claires ! Après tout, c’était un peu leur faute s’il s’était pris un tel mur ; c’était eux qui l’avaient lâchement abandonné avec la jolie attrapeuse ! Mais c’en était bien fini de la romance. Il allait sauver cette soirée désastreuse en passant un excellent moment avec ses deux personnes préférées, parce qu’ils lui devaient bien ça et…

Scrutant la foule fiévreusement, son regard s’arrêta sur un visage familier qui n’avait rien des traits durs de sa jumelle ou de la malice contagieuse de son meilleur ami. Non, il s’agissait plutôt d’un visage… qui aurait toute sa place sur un écran géant. Son cœur manqua un battement. Se pouvait-il… Non, c’était complètement improbable… et pourtant vrai ? Lucian n’avait pas manqué de contempler son visage dans tous les magazines de Quidditch de ces dernières années. Il était sûr qu’il l’aurait reconnu n’importe où, même dans les jardins de son école, en costume du soir plutôt qu’en uniforme bleu foncé. Skyler Ollivander. Par les burnes de Merlin, qu’est-ce qu’il aurait aimé que Diana ne soit pas allée se perdre il ne savait trop où avec Jake… Elle aurait pu lui confirmer ce que son cœur savait être vrai. C’était bien le batteur des Flaquemare qui se distinguait de toute sa stature magistrale au milieu des autres invités. Pas l’temps de chercher sa sœur, il devait aller lui parler avant qu’il ne disparaisse. Il n’était pas friand de religion mais savait qu’il était insensé – et presque blasphématoire – de détourner les yeux d’une apparition divine lorsqu’on avait la chance d’en être témoin. N’écoutant que l’urgence qui l'étreignait, le Sparks fendit la foule avec la détermination d’un homme capable d’ouvrir en deux la mer rouge.

« Monsieur Ollivander ? Skyler Ollivander ? »

Le visage tendu vers son idole, Lucian contemplait le sportif d’un regard plein d’étoiles, les joues empourprées d’admiration.

« Pardon de vous déranger mais je… je suis un immense fan ! J’ai vu tous vos matchs avec les Flaquemare, c’est mon équipe préférée et j’voulais juste vous dire… enfin je… je trouve que vous êtes incroyable. Votre maniement de la batte est juste… »

Il écarta largement les bras au-dessus de sa tête, comme pour mimer quelque-chose de colossal.

« … phénoménal. »

Soudainement, sa vision qui s’était jusqu’alors limitée à la star de Quidditch s’élargit de nouveau. Il réalisa, non sans une pointe d’embarras, que l’Ollivander n’était pas seul. Un homme et une femme qui lui était également familière mais qu’il n’arrivait pas complètement à remettre semblaient avoir été interrompus dans leur conversation avec le joueur de Quidditch. Il y avait aussi Seraphina, une fille qu’il reconnaissait vaguement comme une sang pur de sa maison.

« Bonsoir… je suis Luc… cian. Lucian Sparks. Je joue comme gardien pour Gryffondor. », expliqua-t-il précipitamment.