La nuit a été rude. Les chaînes n'ont pas tenu et elle s'est retrouvée à courir dans les rues de Londres. Silas a eu plus de chance lui, ou du moins, moins de forces. Elle s'est réveillée épuisée derrière un buisson de Hyde Park, et depuis, elle a l'impression d'avancer dans un brouillard épais qui engourdit tous ses membres. Elle a volé une nappe de pique-nique qui trainait là, probablement oubliée, donc ce n'est pas vraiment un vol au final. Elle s'est fait une robe, avec ce carré de tissus, pour rejoindre les docks et l'entrepôt qui pue le poisson. Elle a retrouvé Silas, ses chaînes bien en place, endormi sous sa forme humaine. Elle place une couverture sur lui, avant d'aller se rafraichir avec l'eau qu'il ont réussi à s'acheter. Une fois fait, Morrigan enfile un jogging épais et un pull épais lui aussi. Elle est épuisée, elle a des bleus partout, et elle n'a qu'une envie : dormir. Alors c'est ce qu'elle fait : elle se blottit contre Silas, et sombre dans un sommeil sans rêve.
A son réveil, il est déjà parti. Et elle a faim, une fringale comme qu'elle a connait à chaque lendemain de pleine lune. Elle décide alors de sortir de leur squat, afin de partir en quête de quelque chose à voler. Capuche sur la tête, toute habillée en noir, elle se fond rapidement dans la foule londonienne. Malheureusement pour elle, les touristes ne sont pas dans le quartier qu'elle a choisi, et elle désespère. Son ventre gargouille de faim, mécontent de ne pas avoir de quoi se rassasier. Elle arrive près d'une étale, où se trouvent des fruits divers. Bien, ça fera l'affaire pour un instant, le temps de trouver mieux. Elle se glisse dans la foule amassée devant, tend la main, prendre une grosse pomme rouge, continue sa route, et ... "VOLEUSE ! Arrêtez là ! Elle m'a volé !" Elle s'empourpre, ignore les regards sur elle, et court, comme si sa vie en dépendait. Elle tente de courir vite, mais elle est épuisée par la nuit de la veille. Elle prend une ruelle, espérant échapper à l'épicier, et fonce dans un corps solide, et dur. Elle recule sous le choc, et cligne plusieurs fois des yeux. Quand elle lève les yeux vers celui qu'elle a percuté, elle se fige.
"Je ... Pardon ... Je ..."
Essoufflée, et déboussolée, elle n'arrive pas à former de phrase correcte. Elle l'a vue de loin, ces dernières semaines, elle s'est imprégné de son odeur réconfortant. Lui, il sent le chocolat. Lui, elle a l'impression qu'il peut changer sa vie. Mais elle n'imaginait pas les rencontres ainsi. Elle déglutit.
"Je dois ... y aller ..."
Elle tourne les talons, s'apprêtant à repartir, ignorant son palpitant qui s'accélère encore plus, et ignorant le fait qu'elle a peut-être perdue ses chances d'être dans la meute de Remus. Qui voudrait une voleuse comme bêta ? L'épicier arrive au bout de la ruelle, elle se fige, et se sent prise au piège.
Tu te réveilles en ayant mal au dos et le sentiment d'avoir terriblement soif alors tu te tires hors du lit pour trouver une bouteille d'eau. La pleine lune de la veille fut évidemment violente mais comme toujours grâce à tes amis, tu parviens à te contrôler assez pour ne pas t'imposer de nouvelles cicatrices sur le corps. Enfin et fait incroyable, le retour de Peter dans ta vie a donné au loup un fort sentiment d'apaisement qui l'a rendu moins sauvage que d'habitude. Certes tu as effrayé quelques lapins à courir après eux mais rien de terrible et tu as fini par reprendre forme avant que Sirius ne te fasse transplaner jusqu'à l'appartement. Là il est tombé d'épuisement dans le lit, toi aussi et voilà que tu finis par te réveiller, le corps cassé mais l'esprit assez clair. C'est en ouvrant le frigo que tu remarques qu'il est vide et en voyant l'état de ton amant, tu parviens à te motiver pour aller faire des courses alors tu t'habilles d'un jogging aux couleurs de Gryffondor et tu enfiles ta veste polaire noire par dessus puis tu réveilles assez Sirius pour lui dire que tu reviens avec de quoi le nourrir. Ton amant marmonne et se rendort comme un bienheureux. Heureusement qu'il est là à chaque pleine lune sinon, tu ne serais pas aussi en sécurité.
Profitant de tes deux jours de repos, que tu prends toujours soigneusement aux alentours de la pleine lune pour te transformer en paix, tu transplanes jusqu'aux ruelles marchandes pour faire tes courses tranquillement et en silence. Encore dans les vapes, tu ne fais pas attention aux gens et tu prends un peu tout ce qui vient, que ce soit des fruits, des légumes mais aussi des paquets de biscuits que tu vas dévorer ce soir en écoutant Sirius jouer de la guitare, comme il aime le faire en ce moment. Une fois ton sac plein, tu prends le chemin inverse pour te rendre dans une boutique de vêtements où ils vendent des tee-shirts de rock avec la ferme intention de trouver à ton amant, un de ses tee-shirt avec une nouvelle pochette d'album d'un de ses groupes préférés parce qu'il les collectionne. Alors que tu marches sans trop faire attention, on te rentre violemment dedans et tu pousses un râle étouffé alors que tu baisses les yeux sur... Une odeur. Puissante, violente, qui te réveille aussitôt car tu l'as sentie hier. Et tu te souviens bien de ce moment, comme un flash, quand tu as entendu hurler à la lune une louve en pleine chasse.
Soudainement quand elle se retourne tu l'attrapes par le bras, dans un réflexe que tu ne contrôles pas. Un épicier arrive et aboie des choses, parlant d'une pomme qu'elle tient dans sa main et que tu vois enfin. « Combien elle vous doit ? » Que tu dis aussitôt à l'homme avec son air patibulaire. « 50 pence ! C'est une voleuse ! » Tu lui jettes deux pièces dessus, lui donnant le double de la somme avant de tirer la demoiselle avec toi. Tu passes devant l'épicier et avec un regard noir et un grognement en coin, il ferme aussitôt sa bouche sans comprendre ce qui vient de se passer. Alors tu attends d'être assez loin, d'avoir marché assez pour la lâcher enfin. « Pas facile le lendemain de pleine lune, mh ? Tu as faim ? J'te paye à manger. » Ce n'est pas avec une vulgaire pomme qu'elle aura de le ventre plein, surtout pas après la pleine lune. « Je t'ai entendue hier... Hurler à la lune. » Et tu as voulu la rejoindre, vraiment.
Le corps est douloureux, la tête est encore pire. Morrigan a l'impression d'avoir passé une nuit horrible, enfin elle en est sûre. La louve qui hurle en elle s'est endormie tard dans la nuit, et a laissé derrière elle courbatures et ecchymoses, qui contractent son corps, et bleuissent sa peau. Elle tente de ne pas grimacer à chaque pas qu'elle fait, mais c'est compliqué. Elle tente d'ignorer la faim qui fait gronder son estomac, et rend sa vision floue, mais c'est impossible également. L'envie de manger, l'envie de nourriture, est forte, et elle engloutirait n'importe quand. Sauf que, sans argent, elle doit se contenter d'une pomme volée à un épicier, qui ne semble pas être d'accord avec ce geste. Ce n'est qu'une pomme, une simple pomme, pourquoi la courser dans les rues bondées de Londres en hurlant au loup ? Littéralement. Mais ça, il ne le sait pas. Il ne sait pas que la faim ravage son esprit, et qu'elle a besoin de manger, un besoin viscéral. Les transformations sont toujours douloureuses, et en dix ans elle n'a jamais appris à contrôler le loup. On ne lui a jamais appris. Elle espère juste n'avoir tué personne, cette nuit-là.
Il fallait bien qu'elle fonce dans Remus, celui dont elle suit la trace depuis des jours, des semaines, en espérant pouvoir intégrer sa meute. Elle l'a rapidement senti dans la foule dense de la ville, comme s'il l'appelait. Elle n'imaginait pas que la rencontre se déroule ainsi. Elle se détourne pour affronter l'épicier, plutôt que de subir la honte face à ce loup qu'elle admire tant. Il la rattrape, et elle frissonne à son contact. « Combien elle vous doit ? » Elle fronce les sourcils, sa vision se trouble un instant sous la sensation de faim, et elle n'entend même pas ce que dit l'épicier. La seule chose qu'elle entend quand elle revient à elle, c'est le bruit des pièces sur le sol, et un grondement sourd. Il l'entraine loin de la ruelle, et loin de l'épicier, toujours en la tenant par le bras, avant de la lâcher. « Pas facile le lendemain de pleine lune, mh ? Tu as faim ? J'te paye à manger. » Elle lève les yeux vers lui, évidemment qu'il sait ce qu'elle est.
"C'est jamais facile, les lendemains." Elle tente un sourire, mais il disparait rapidement. "Ne te sens pas obligé, je veux dire ... Tu ne me connais pas, pourquoi me paierais-tu à manger ?"
Mais son estomac, décidé à bien faire comprendre qu'elle doit manger, fait un bruit peu gracieux. Elle grimace, et accepte finalement de le suivre. « Je t'ai entendue hier... Hurler à la lune. » Elle grimace.
"Tu m'as entendue ? bouse d'hippogriffe, j'étais bien en pleine ville alors." Elle soupire. "Tu n'as pas entendu ... d'autres choses ? Des morts ? Des ... Puta*n."
Les larmes lui brûlent les yeux, et elle se frotte le visage avec ses mains. elle déteste ça, elle déteste la louve, elle déteste ce que Fenrir a fait d'elle. Un monstre. Une ado de 18 ans dans le corps d'une femme de 28 ans. Elle a tellement besoin d'aide. L'odeur d'un buffet à volonté lui chatouille les narines, et elle décide d'y entrer, attirée par l'odeur de viande rouge. Puis elle se dit que ce n'est pas cher, elle n'aura pas trop de dettes envers lui. Elle se retourne, avant d'entrer dans la salle.
"Je te rembourserai. Pour la pomme aussi. J'y tiens. Quand j'aurais ... une situation stable."
T'as en horreur les gens qui s'attachent à des détails idiots qui n'ont aucune importance. C'est peut-être parce que tes parents ont ramé pour remplir vos assiettes quand t'étais gamin dû à votre situation ou simplement parce que voler te permettait d'avoir quelques bonbons quand tu n'étais qu'un bambin, mais tu détestes d'avance ce gars qui hurle pour une vulgaire pomme alors que la fille derrière toi peine à tenir debout. Comme si une homme c'était plus important que la vie humaine. Certes tu comprends bien que si chacun se sert il ferme la boutique en une heure mais quand même, quand c'est pour quelqu'un de si mal il peut simplement parler et sans hurler non ? Alors tu lui jettes ses pièces sans respect, qu'il est obligé de ramasser au sol comme si l'argent n'était pas important et c'est le cas, l'argent ça va et ça vient mais surtout ça ne s'accumule pas sinon on en fait quoi au final ? On meurt avec un coffre fort dans les bras ? Ridicule. Une fois la colère passée et le calme revenu tu marches avec elle, tout en l'observant du coin de l’œil pour t'assurer qu'elle ne tombe pas dans la rue ou dans tes bras. Les lendemains de pleine lune c'est toujours épuisant, tu en sais quelque chose. « Parce que j'en ai envie ? » Et ça semble être l'explication la plus logique pour toi, alors que tu as vraiment envie de la voir manger avec appétit. Et on t'a aidé toi quand tu en avais besoin, il est normal que tu rendes un peu.
Surtout que son estomac grogne d'envie de nourriture et tu souris, fier de voir que son corps préfère la trahir plutôt que de donner du crédit à ses paroles. « Non tu n'étais pas en ville... J'étais en forêt assez loin, je crois que tu m'as cherchée autant que je te cherchais. » Et ça vous a permis de vous entendre mais tu es certain d'une chose, elle n'était pas lâchée en pleine ville et en plein danger. « Je suis auror, si il y avait eu des attaques cette nuit j'aurais été appelé ce matin à la première heure. Tout va bien, personne n'est mort... Rassure toi. » Autant dire qu'une attaque de loup-garou c'est tellement effrayant que les sorciers n'attendent pas pour enquêter sur le lycan qui peut avoir attaqué. Mais voilà des mois qu'aucune attaque n'a été recensée, si ce n'est quelques bestioles comme des lapins qui manquent à l'appel, aucun humain n'a disparu ou alors ceux qui disparaissent ne le sont pas à cause des créatures. « C'est ça ! Si je te laisse me rembourser, c'est un miracle ! » Que tu dis avant de la suivre toi aussi, voyant les viandes qui grillent sur des plaques immenses. Et aussitôt ça éveille tes sens. « Au fait, moi c'est Remus ! » Prénom original quand on connaît ta nature.
Tu t'installes à une table au fond pour t'assurer que personne ne vous écoutera puis tu viens attraper deux assiettes dont une que tu places entre les mains de la louve à tes côtés. « On se sert et puis on parle de cette nuit ? Si ça te va. » Parce qu'il faut parler du fait qu'elle te cherchait, qu'elle hurlait pour toi sans que tu puisses venir à elle. Tu es surpris, parce qu'il semblerait que depuis quelques temps ce soit toi qu'on cherche et pas Greyback ni... Quelqu'un d'autre ? Tu as encore du mal à l'accepter mais quelque chose en toi te dit que Dante est appelé à prendre une place au quelle tu n'es pas préparé, mais qu'il saura gérer. Pour ôter ces pensées de ton esprit, tu prends deux énormes steaks saignants avec une énorme portion de frites puis tu pars t'asseoir à table, en ignorant les regards des clients qui doivent se demande si tu vas t'enfiler les deux steaks à toi tout seul.
« Parce que j'en ai envie ? » C'est une réponse sortie avec tant de naturel, qu'elle le croit. Et son ton n'appelle à aucune autre négociation, alors elle se contente d'opiner, et le suit dans les rues de Londres. On n'a jamais été gentille avec elle, ça fait des jours qu'elle galère à trouver des repas convenables et qu'elle survit dans la ville. Silas apporte de quoi les nourrir un peu, bien sûr, mais ce n'est pas suffisant pour les lendemain de pleine lune. Son estomac se tord, et son esprit se brouille. A côté de Remus, Morrigan se sent en sécurité, comme si rien ne pouvait lui arriver. Elle sait qu'il peut la protéger, qu'il est fort, et qu'il saura la mettre en sécurité. Alors qu'ils continuent de marcher, il lui annonce qu'il l'a entendu hier soir. Il faut dire qu'elle a réussi à sortir du hangar, à briser ses chaines, et à errer toute la nuit, pleurant à la lune pour que quelqu'un l'entende. « Non tu n'étais pas en ville... J'étais en forêt assez loin, je crois que tu m'as cherchée autant que je te cherchais. » Le soulagement la fait lâcher un soupire. Elle n'a blessé personne, c'est tout ce qui compte. « Je suis auror, si il y avait eu des attaques cette nuit j'aurais été appelé ce matin à la première heure. Tout va bien, personne n'est mort... Rassure toi. »
"Merci." Se contente-t-elle de dire, la voix erraillée par les larmes qu'elle ravale. "Je suis rassurée. J'ai eu peur de ... ça. Je préfère savoir que j'ai passé la nuit à courir."
Et de courir jusqu'à lui, sans réussir à la trouver. Mais le destin a décidé de les rapprocher, aujourd'hui, et plus que jamais elle a envie de faire partie de sa meute. Ne tenant pas à ce qu'il paie tout, elle lui promet remboursement. Elle n'aime pas avoir des dettes. « C'est ça ! Si je te laisse me rembourser, c'est un miracle ! » Elle le fera, d'une façon où d'une autre, avec de l'argent ou avec des services rendus. Elle lui doit bien plus qu'une simple pomme, ou qu'un repas. Elle rentre la première dans le buffet à volonté, et elle salive presque quand ils passent devant les viandes rouges. « Au fait, moi c'est Remus ! » Elle sourit, avant de se tourner vers lui.
"Je sais qui tu es, Remus Lupin." Un peu effrayant, dit comme ça, elle doit le reconnaitre. "Et moi c'est Morrigan."
Remus choisit une table au fond du restaurant, attrape deux assiettes, dont une qu'il lui donne, et elle le suit vers les grillades. « On se sert et puis on parle de cette nuit ? Si ça te va. » Elle acquiesce, parce que c'est nécessaire et s'arrête devant la viande rouge. Il prend deux steaks et des frites, tandis qu'elle, elle prend une côte de bœuf soit disant pour "2 à 3 personnes", un faux filet de boeuf et du lapin en sauce. Elle empile ça dans son assiette, avant de rajoute quelques frites sur le dessus. Elle grommelle que l'assiette est trop petite, et ignore les regards médusés des clients qui la regarde passer. Elle rejoint Remus à table, le regarde, et attend. Parce que l'alpha mange toujours en premier. Et bien qu'il ne le soit pas encore, elle sent cette règle en elle. Fenrir mangeait toujours en premier, et ne laissait pas grand chose pour les autres, encore moins pour les Omegas.
"Je ... J'ai quitté mon ancienne meute, avec mon copain. On s'est enfuit à la fin de la guerre." Elle a envie d'en parler. Plus que ça, elle en a besoin. "Normalement je m'enchaine dans notre hangar, mais cette nuit j'ai réussi à m'échapper. Et je voulais te trouver." Elle grimace, et se mord l'intérieur des joues. "J'ai été apprise à ne jamais réfréner mes envies de tuer. C'est pour ça que j'ai eu peur d'avoir fait du mal à quelqu'un. Et je ne me souviens pas d"avoir été aussi loin."
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