la loi est la loi || rp libre

Il s'entrainait tous les deux jours. C'était une chose sur laquelle il était intransigeant. Il allait au ministère, tous les jours, sur le terrain pour protéger le monde magique. Il était lieutenant, chez les tireurs d'élite. Il avait sous ses ordres une dizaine d'hommes et de femmes qui l'accompagnaient pour protéger le monde magique avec lui. Leurs missions étaient diverses - parfois ils devaient accompagner les ambassadeurs à des rencontres diplomatiques, et s'assurer de la sécurité des lieux, et des espaces de voyage. Parfois, ils devaient se rendre à Gringotts, appelés pour vole ou pour tentative d'invasion. Ils pouvaient aussi être dans les rues, à assurer la sécurité des sorciers, à être présents pour intervenir rapidement. Ils patrouillaient sur la place divine, dans l'allée des embrumes ou parfois au chemin de Traverse.
Il était fier de son métier, mais avec la guerre c'était devenu plus difficile encore. Ils partaient en mission pour seconder les aurors. Ils avaient perdu des amis, des collègues, des hommes. Ils avaient donné du sang, de la sueur, des nuits de sommeil pour sauver le monde magique. Il avait vu un de ses plus proches amis tuer par un mangemort sous ses yeux. Il n'avait rien pu faire.
Ces traumatismes, il les portait avec lui et il réalisait qu'il ne pouvait pas devenir moins puissant - il devait continuer à s'entrainer, à se battre, à retrouver la forme comme lorsqu'il avait tenté de devenir Auror. Il avait raté un des examens d'entrée, c'est pourquoi il avait été malgré tout recruté chez les Tireurs d'élite.

Il était un bon sorcier, c'est pourquoi aux Deux Baguettes il s'entrainait le plus souvent au corps à corps. Devant un sac de sable il frappait, les mains bandées pour ne pas saigner sur le sac. Il frappait, répétant ses enchainements - main, pied, main. Il répétait cela depuis de longues minutes, jusqu'à en avoir mal aux muscles. Il inspira profondément, s'arrêta juste pour prendre un peu d'eau dans une gourde qu'il avait posé dans un coin. Il enleva son sweat pour rester en débardeur noir. Son pantalon le collait à quelques endroits mais il s'en fichait. Il revint vers le sac et enchaina encore.
Il préférait le combat au corps à corps - souvent les sorciers le laissait de côté mais il savait que parfois, désarmé, il fallait savoir survivre et continuer à se battre quand même. Cela lui était arrivé, à plus d'un titre. Et parfois pour désarmer l'autre, c'était tout aussi bien.

Il a besoin d’évacuer. De se décharger des dernières tensions qui nouent encore tous ses muscles. Ce qui s’est passé il y a quelques jours, son esprit n’avait fait que l’imaginer sans savoir si ce serait un acte parfaitement réalisable. Et pourtant, c’est un fait : Rayleigh Avery croupit aujourd’hui dans une cellule d’Azkaban, la prison la plus redoutée du monde sorcier. Par la solidité du dossier et ses crimes avérés, le procès du mangemort a été expéditif et la sentence aussi brutale qu’évidente. À ce sujet, Ezio n’a pas encore eu le courage de confronter Chiara – elle vient de définitivement perdre son mari, le père de ses enfants –, l’aîné des Grimaldi ne se sent pas encore prêt pour affronter la réaction de sa sœur. Lui-même est encore fébrile et incertain quant à la tenue de tout ceci. Rayleigh était un homme dont il pensait connaître les convictions profondes – au point de l’avoir accueilli chez lui, dans sa famille à bras ouverts. En échange, il ne lui a toujours demandé qu’une chose : prendre soin de Chiara, veiller à ne jamais lui faire de tort. En cela, il a échoué, perdant tout l’estime et le respect qu’Ezio avait pour lui ; pour son frère d’armes, de cœur.

Il a espéré, pourtant – a tout fait pour se dire que ça ne pouvait pas être vrai. Qu’il y avait une ruse, une raison valable pour que Rayleigh joue soudain les puristes extrêmes, au point de rejoindre les mangemorts et de laisser derrière lui femme et enfants. De toutes ses forces, Ezio s’est accroché à cet espoir, refusant que tant d’années d’amitié soit ainsi balayées pour des convictions dont ils s’étaient toujours moqués. Espoir qui n’a cessé de décliner depuis qu’il l’a retrouvé dans cette grotte où le Grimaldi a tenté – en vain – de faire entendre raison à son camarade, laissant une dernière chance à ce dernier de faire amende honorable, d’éventuellement admettre que tout ceci n’était qu’une très mauvaise blague ou une partie d’un plan ou n’importe quoi d’autre qui aurait pu disculper Rayleigh. Mais rien. Il s’est entêté et le voilà désormais privé de toutes libertés à Azkaban. Désormais, tout ceci n’est plus du ressort d’Ezio et quand bien même c’est difficile de se détacher de tout ceci, de l’accepter, il va pourtant devoir le faire.

Quitte à ce que ce soit le résultat d’un long processus qu’il commence ici : aux Deux Baguettes. Tenue légère adaptée, sac avec ses affaires sur le dos, Ezio passe la porte de la salle d’entraînements. En ces lieux, il est possible de s’exercer à la magie principalement mais depuis quelque temps, il semble que la possibilité d’un entraînement plus « vulgaire », diront certains – l’art du corps-à-corps. Lancer quelques sorts, éventuellement jouer des poings, n’importe quoi pour occuper son esprit et oublier – même un court instant – qu’il a participé à l’envoi de son meilleur ami en taule. Parce qu’il n’y avait pas d’autre alternative et ce n’est pas faute d’avoir exploré toutes les options qui se sont offertes à lui. C’est ce dont il essaye de se convaincre pendant qu’il pose ses affaires dans les vestiaires avant de rejoindre la salle de pratique – débardeur, pantalon souple et ample, Ezio s’est déjà mis en tenue avant de venir. Dans ce lieu rempli de sorciers venus s’entraîner, il en est un qu’il reconnaît à l’instant où ses yeux se posent dessus. Et parce qu’il est prolifique – autant pour le corps que l’esprit – de s’exercer avec une autre personne, l’italien s’approche. « Ce sac de frappe n’en demandait probablement pas tant. », déclare-t-il une fois à côté du sorcier, l’ombre d’un sourire s’esquissant sur son visage. Ezio n’a pourtant aucun mal à s’imaginer à la place du Londubat, à frapper violemment sur le sac jusqu’à ce que les jointures et phalanges de ses mains rougissent. « J’ignorais que tu venais t’entraîner ici, Franck. », où est-ce également un besoin d’évacuer certaines choses comme l’indique la violence des coups ? Une question qu’il préfère s’abstenir de poser, au moins pour l’instant, n’ayant pas envie que la question lui soit retournée.