Severus Snape || Le prince de Sang Mêlé.

L’histoire commence au sein d’un petit village d’Ecosse, par une nuit froide où le brouillard a pris place. Bambin hurlant à plein poumon, alors qu’il est arraché à la chaleur de sa mère pour pousser son premier cri au sein du monde. C’est ainsi que tu vois le jour, toi petit Severus Snape, deuxième enfant de cette famille loin d’être ordinaire, bien que tu ne le sauras que plus tard. Une sœur aînée, Phoebe, a pris les devants, deux ans plus tôt et dans le fond, c’est une pression un peu moins supplémentaire sur tes frêles épaules. Même si en tant que garçon de la famille, tu dois faire honneur, faire la fierté des tiens. Mais tout ça, tu ne le sauras qu’un peu plus tard.
C’est là que tu grandis, aux côtés de ta sœur et de tes parents. Proche de ton aînée, il est bien rare de vous voir l’un sans l’autre. Toujours collés à jouer ensemble, elle est ton repère et ton échappatoire face à une éducation stricte et sévère. Phoebe est ton modèle, ta raison de vivre et de sourire.

Malheureusement, l’histoire prend un tournant décisif dans ta vie. Alors que tu n’as que trois ans, l’horreur se produit dans votre petite maison. Un monstre – Greyback – entre dans la maison familiale. En réalité, il s’agit là d’un loup-garou. Tu hurles à plein poumon, les larmes dévalant tes joues, alors qu’il se jette sur ton aînée. Le bruit de ses mâchoires contre la peau de Phoebe, te hantera pendant bien des années, alors que tu cours jusqu’au salon. Mais pour une raison que tu ignores, jamais il ne viendra t’y chercher. Alertés par tes cris de terreur et d’horreur, tes parents arriveront bien trop tard. Personne ne sait pourquoi ta sœur a été dévorée ce jour-là, ni pourquoi tu y as échappé. Mais ton cœur a été fortement meurtri ce jour-là.
Après cet évènement, dès le lendemain, la famille Snape, meurtrie, fait ses bagages et disparait de l’Ecosse. L’espérance de se faire oublier. Mais de quoi ? Tu l’ignores. Vous arrivez dans un quartier moldus de Londres. Tu pleures encore beaucoup, là où ton père te sermonne d’être fort, d’être un homme. Tu vois ses traits qui se déforment sous la colère, aussi, tu ravales tes sanglots, laissant simplement les larmes coulées doucement, mais silencieusement, sur tes joues.

Il te faudra un long moment pour te remettre de cette tragique perte. Mais un rayon de soleil arrive dans ta vie, alors que tu ne t’y attends pas. Une petite demoiselle de ton âge : Lily Evans. Elle est lumineuse et souriante, là où tu ne sembles être que noirceur et solitude. Vu que tu ne vas pas à l’école, étant déscolarisé, c’est ta mère qui t’apprend les bases. Et lorsque tu as du temps libre, tu le passes avec Lily qui devient peu à peu, ta meilleure amie. Et ton unique amie. La demoiselle te prête souvent des livres, te permettant d’apprendre à lire mais surtout, de t’évader de ce monde pendant quelques heures. Et c’est ce qui te pousse à être avide de lecture, allant jusqu’à voler quelques ouvrages dans la bibliothèque de ta mère, dont beaucoup sont ceux de magie noire. Colère sourde qui prend ton père quand il s’en aperçoit, alors que les coups tombent sur ton corps encore enfantin. Mais ça ne t’empêche pas de continuer, encore et encore, alors que la lecture devient une véritable passion.

Les années passent, et tu n’attends qu’une seule chose : recevoir ta lettre pour Poudlard. Moyen de t’échapper de cette maison qui ne fait pas ton bonheur. Malheureusement, alors qu’elle arrive, ta mère est malade, alitée, faible. Aussi, aucune fête ne sera célébrée pour ce moment magique, moment qui aurait dû être inoubliable. Cette annonce le restera mais pas pour les bonnes raisons ; en vue de l’état de ta mère, ton père te rabaisse et t’humilie sans gêne. Ta mère ne peut pas le contrer et même si elle l’avait pu, tu n’es pas certain qu’elle l’aurait fait.
Quand arrive l’heure d’aller à Poudlard, tu vois là une véritable délivrance mais une immense boule d’inquiétude. Tu sais parfaitement qu’il va te falloir du travail pour atteindre le même niveau que tes futurs camarades. Mais aux côtés de Lily, qui fait son entrée elle aussi, tu te sens fort. Invincible même. Tu es prêt à tout affronter avec ta meilleure amie non loin de toi. Mais voilà, rien n’est jamais écrit dans le marbre : le Choixpeau la dirige vers Gryffondor là où toi on t’oriente vers Serpentard. Petit fossé qui vient de commencer à se creuser, même si tu n’en as pas encore conscience.

Les années à Poudlard ne sont pas de tout repos. Tu y subis des moqueries de divers genres de la part de tes camarades. Cela fait que tu te renfermes un peu plus, te forgeant une carapace et un masque d’impassibilité. Mais tu continues de lire encore, d’apprendre toujours plus, voulant acquérir davantage de savoir. Ces mois deviennent rapidement une course à l’excellence, tu veux être le meilleur, afin de faire payer à tes camarades leurs diverses moqueries.
Là où tu arrives avec aisance, sans réel travail fourni de ta part, c’est en Potions. Une reconnaissance que même tes professeurs lancent, alors que ça semble naturel pour toi. Jamais un faux pas. Mais là où tu mets sous secret ton talent, c’est ton don pour les sortilèges. Tu comprends rapidement comment un sort fonctionne et comment on peut le rendre violent voire même mortel.

La rage s’accélère dans tes veines, alors que tu subis toujours des moqueries de la part de tes camarades. Tu ne dis rien, t’encaisses. Mais un jour, c’est la goutte de trop. Une moquerie de plus et tu vrilles totalement. Tu attaques l’autre élève, lui coupant la respiration, l’empêchant de respirer. Tu le vois devenir bleu, mais tu ne lâches pas l’affaire pour autant. Finalement, tu finis par arrêter, mais de justesse. Bien sûr, il survit. Mais cette action te change, rajoutant de la noirceur sur ton âme. Tu te fais ainsi repérer par un groupe de mangemorts. Et durant ta cinquième année, tu intègres le groupe, la bande des purs. Des futurs mangemorts, mais ça ne te fait pas peur. A leur côté, tu as l’impression d’être compris, d’être intégré, d’être enfin à ta place. Tu pensais que cela ferait plaisir à Lily, mais ce n’est pas le cas. Et un jour, convaincu de votre supériorité, tu finis même par l’humilier. Mais également à attaquer une autre élève de Gryffondor. Tu sombres. Totalement. La prétention et la violence deviennent tes meilleures amies, effaçant ainsi la solitude qui a rythmé ta vie jusque-là.

Sixième année. Tu excelles toujours en Potions et tu te forges encore cette carapace qui englobe ton cœur. D’ailleurs, tu écris même des astuces dans ton livre, afin de réussir au mieux les différentes fabrications. Et en hommage à ta mère, tu inscris sur la première page ‘ce livre appartient au Prince de Sang-Mêlé’. Moyen peut-être dans le fond ne pas oublier qui tu es … Surtout que Lily refuse de te parler depuis bien des mois maintenant, depuis que tu as attaqué cette élève de Gryffondor. Voldemort prend de l’ampleur dans le monde, ennemi numéro un. Mais tu décides finalement de te laisser marquer par la marque des Ténèbres, voyant là un moyen de gagner en puissance. Ainsi, plus personne ne pourra te rabaisser ou t’humilier. Et puis, tu n’as rien à perdre.
Comme tes compatriotes, tu participes à la Nuit Pourpre. Horreur que tu vois se dérouler sous tes yeux, dans les rues de Londres, alors que tu viens à ôter la vie pour la première fois. Un choc pour toi, alors que tu comprends toute l’horreur qui peut découdre de la magie noire. La mort qui se trouve avec une facilité au bout de la baguette. C’est une chose qui vient à te terrifier, alors que tu comprends toute la dangerosité de la magie.

Tes amis se détournent du Lord Noir, créant ainsi le conseil des Purs. Tu voudrais en faire partie, mais comment le pourrais-tu alors que tu n’es qu’un vulgaire Sang-mêlé ? Ce n’est clairement pas ton combat. Pire encore lorsque tu vois que le conseil se rapproche des créatures. Et ça, tu ne peux le tolérer. Ces monstres ne devraient pas avoir de droits, alors que tu te rappelles encore parfaitement de la créature qui a détruit ta vie en prenant celle de ta sœur. C’est encore marqué dans ton esprit, comme une trace au fer rouge, malgré toutes les années qui se sont écoulées depuis. Jamais tu ne pourras totalement passer au-dessus de ta peine, tu t’en rends bien compte.

Rongé par les remords, au moment des procès, tu vois là l’occasion de racheter tes fautes passées et qui sait, de peut-être retrouver une place que tu as perdu en voyant tes amis qui se sont éloignés. Ce n’est sûrement pas une chose suffisante, mais tu te dois d’essayer pour apaiser ta conscience. Aussi, tu te rapproches de Dumbledore, lui annonçant les derniers mouvements prévus par Lord Voldemort, espérant ainsi pouvoir sauver quelques vies. Plusieurs mangemorts ont été arrêtés grâce à toi, mais malgré tout, tu ne feras pas partie de l’Ordre. Ce n’est finalement pas ta place. Dumbledore t’empêche d’être jugé, alors que tu as fait partie de cette vendetta de malheur. Tu lui es redevable, tu en as conscience.

Un hibou. Ta mère est de plus en plus malade, et il ne lui reste peu de temps. La Dragoncelle la fatigue de jour en jour, sans compter la dépression. Etre loin du monde et ne pouvant se déplacer, étant alitée depuis bien des années, ce n’est pas cela qui l’aide à aller mieux. Tu lui rends visite, malgré ton aversion pour ton père qui tente de t’humilier dès que tu franchis le seuil de la maison. Et finalement, elle finit par s’éteindre, emportant avec elle la lignée des sang purs Prince. Un dernier baiser et elle s’envole, te soufflant ‘sois un homme bien’ avant de t’abandonner totalement. Bien sûr, malgré la douleur, tu lui promets que tu le seras, pour elle, bien que tu ignores comment y arriver. Tu ne lui as jamais parlé de tes actes passés, de cette marque qui orne ton avant-bras. Tu ne voulais pas la décevoir une dernière fois.
Tu sors de la chambre de ta mère, le cœur lourd. La douleur te ravage de l’intérieur. Mais ton père s’interpose, fou de colère. Ceinture à la main, une nouvelle fois. Mais tu ne peux te laisser faire. Tu l’as trop fait par le passé. Aussi tu le pousses, une bagarre voit le jour. La lèvre en sang, tu franchis le seuil de la maison familiale une nouvelle fois. Pour la dernière fois. Tu n’as plus de famille à tes yeux.

Réfléchissant longuement à la promesse faite à ta mère, tu as du mal à te remettre. Tu as tout perdu : ta sœur, ta vie, ta meilleure amie, ta mère. Sans parler que tu es terrifié par celui que tu pourrais être lorsque tu perds le contrôle de toi-même avec la magie noire. Aussi, tu finis par trouver un petit emploi chez Barjow et Beurk. Un moyen de pouvoir survivre, payant ainsi ton loyer d’un appartement merdique. Mais tu dois te refaire. Tu dois changer les choses. Mais dans le fond, ton ennemi dans cette quête ce n’est pas les autres. Non, c’est toi-même. Tu es ton pire ennemi.

Et puis, tu renais. Avec la Rose Noire. Tu l'as créé pour Lucius mais surtout, avec Lucius. T'as enfin la sensation d'appartenir à quelque chose, d'avoir ta place dans ce monde qui t'a toujours rejeté. D'avoir ta place dans l'ombre mais où sans toi, il n'y aurait pas eu de drogue. Alors qui sait, tu vas peut-être continuer sur cette voie.