@Bartholomew K. Mulciber & @Selena Yaxley
mi-décembre 1980 - Chez les MulciberCela faisait bien longtemps que Selena n'avait pas tant pleuré. Laisser ses émotions s'exprimer n'est pas dans ses habitudes : elle a plutôt tendance à les enfouir pour garder le contrôle, laisser apparaître uniquement ce qu'elle souhaite au reste du monde et surtout ne jamais montrer la moindre faiblesse. À ses yeux, pleurer en est une, c'est exposer aux autres sa vulnérabilité. Et puisqu'elle refuse d'être vulnérable, cela lui semble tout bonnement inconcevable de le faire de se laisser aller aux larmes en public. Et même chez elle, lorsqu'il n'y a que les murs de sa maison trop grande pour sa seule personne qui peuvent la juger, il est rare qu'elle se mette à pleurer. Conditionnée par cette mauvaise perception qu'elle a d'un tel étalage d'émotions, elle a fini par se convaincre que cela ne pouvait rien lui apporter de bon et ériger de solides barrières dans son esprit pour s'en empêcher.
Pourtant, lorsqu'elle est rentrée chez elle hier, toutes ses barrières se sont écroulées. Une à une, elles ont été brisée par la perspective terrifiante d'être revenue à la case départ alors que son frère n'avait plus de fiancée et était passé sous la coupe des Goyle, tandis que leur mère ne faisait que subir tout ce qui se passait depuis des semaines – des années, en réalité. Au milieu de ce chaos typique des Yaxley, ses fiançailles semblaient être
le point positif de cette année 1980. Elles lui promettaient un nom puissant et de belles opportunités au Ministère, sans parler d'un certain pécule sur lequel elle ne crachait pas malgré l'argent qui lui restait de son défunt époux. Elles auraient pu assurer à sa branche des Yaxley, si ce n'est un retour dans les bonnes grâces au sein de la communauté des sangs-purs, au moins une plus grande aisance et une amélioration de leur réputation. Toutes ces perspectives qu'Adriel a brisé en un claquement de doigts, brisant leurs fiançailles pour lesquelles la jeune sang-pur s'était tant battue sous ses airs de peste qui obtient tout d'un battement de cils.
Comment allait-elle expliquer cela à Mère ? À n'en douter, Orpheus se réjouirait qu'elle ne soit plus unie à un homme qu'il exécrait tant, mais c'est parce qu'il n'a pas conscience des enjeux que cette alliance impliquée. Au statut de veuve de Selena s'ajoutent des fiançailles brisées qui ne vont pas aider sa réputation. Et l'idée de devoir recommencer à zéro avec ce nouveau boulet aux pieds l'a anéantie plus que de raison lorsqu'elle a franchi le seuil de sa porte et s'est mise à pleurer, seule dans son salon.
Une nuit s'est écoulée mais l'estomac de Selena est toujours alourdie de plusieurs kilos de métal. Elle a bien du mal à digérer la nouvelle, pourtant elle refuse de se morfondre pour un imbécile comme Adriel. Et si aujourd'hui elle utilise bien plus de sortilèges que d'habitude pour couvrir ses cernes, cela ne l'empêche pas de se rendre au travail et de faire
comme si de rien n'était. Elle refuse que qui que ce soit lui demande ce qui lui est arrivé, cachant les poches sous ses yeux de plusieurs coups de baguette et arborant son plus beau – et faux – sourire toute la journée. Une journée qu'elle passe à cogiter, incapable de laisser les choses se passer ainsi. Si Adriel manque sans surprise de raison et n'est qu'un morveux capricieux car trop gâté, elle connaît un Mulciber bien plus sage que lui : son père.
C'est pour cela que, la fin de journée venue, c'est devant la demeure du patriarche et de son épouse que la blonde se rend. Elle inspire profondément avant d'y toquer, alors accueillie par l'elfe de maison à qui elle donne son nom et affirme être venue pour le père de famille. Elle a hésité à venir discuter avec lui dans son bureau, mais des affaires si doivent plutôt être discutées en dehors du Ministère, n'est-ce pas ?
« Bonsoir. » Elle le salue et lui offre un sourire poli lorsqu'il se trouve finalement en face d'elle.
« J'espère que je ne vous dérange pas. Est-ce que vous auriez un peu de votre temps à m'accorder pour une discussion ? » Elle ne mentionne pas encore que cela concerne Adriel, n'ayant pas envie d'être déjà mise à la porte s'il s'avère que le patriarche Mulciber a réellement approuvé la décision de son fils – ce qu'elle ne veut pas croire, bien entendu.