Rédemption. [Sirius/Severus]

T’as besoin de te vider la tête. Tu sais plus très bien où tu en es. Et pour cause, tu remets tout en question. Tu sais que le métier que tu effectues, n’est pas celui que tu souhaites faire. Tu aimerais mettre tes talents en avant. En tant que professeur. Ou peut-être en tant que guérisseur. Tu n’es pas encore arrêté sur la question. Mais dans tous les cas, tu ne te vois pas être vendeur encore pendant des années. Ce n’est clairement pas une vocation, mais bel et bien une obligation. Soupirant lourdement, tu glisses les mains dans ton long manteau noir. La tête basse, tu ne veux croiser le regard de personne. Vieille habitude qui te colle à la peau, alors que tu sais parfaitement que tu vas raser les murs. C’est même hors de question que tu fasses autrement, alors que dans le fond, tu as honte de qui tu es. De ce que tu es. De ce que tu as fait. La marque des Ténèbres pèse lourd sur ton épiderme au quotidien, même si tu as essayé de te repentir en dénonçant tous ceux que tu pouvais, au ministère. Mais ce n’est pas suffisant. Ça ne rattrapera pas la vie que tu as pris lors de la Nuit Pourpre. Avalant difficilement ta salive, tu passes une main nerveuse et tremblante sur ton visage, avant de tourner dans une ruelle.

Et là, le coup part. Tu sens l’impact dans ton nez. L’os qui craque face à l’assaut reçu. Le sang qui coule sur ton visage. Bordel que t’as mal ! Tu recules de quelques pas, manquant de perdre l’équilibre. Et avant que tu ne puisses répliquer, encore sonné, tu sens un coup à l’arrière de tes genoux. Tu t’écroules sur le sol. Tu n’as pas le temps de réagir, que les coups tombent. Tu sens les os qui craquent. Ton épiderme qui se couvre de bleus et de coupures. Tu ne sais même plus où la douleur est la plus forte. Ton corps n’est plus que souffrance. Tu ne leur fais pas le plaisir d’hurler. Tu gardes les dents serrées, et les lèvres fermées. Tu subis les coups sans un gémissement. A travers tes paupières tumifiées, tu reconnais leur visage. Des mangemorts. Ils ont su que tu les avais trahis. Que tu avais dénoncés bon nombre et qu’ils ont terminé à Azkaban. Alors tu ne dis rien. Tu continues de subir les coups pendant de longues minutes. La douleur est sourde. Tu dois être brisé. Mais pas autant que ton âme peut l’être. Tu fermes les yeux. Et pour la première fois depuis longtemps, tu pries. Tu pries pour que tout s’arrête et qu’avec ta mort, tu sois soulagé des actes que tu as pu commettre.

Le Black dog était le théâtre de tous les excès humains ces derniers temps. A croire que les vacances de fin d'année avaient amenés avec elle l'envie de tourner la page, et de le faire de la plus glorieuse des façons. Dans l'alcool, la drogue et le flirt. Du flirt, il y en avait de partout - des couples se formaient pour la nuit, de manière occasionnelle ou plus profondément. Il regardait cela de derrière son bar et s'amusait de voir les jeux de séduction qui commençaient à avoir lieu là. Des hommes transis, des femmes sensuelles et des murmures derrière l'oreille. Lui, il servait les verres - plus de bière, plus de vins. Surtout du vins - il en avait fait venir de France, usant des relations qu'il avait encore de l'autre côté de la Manche. Il réalisa comme son passé en tant que Black pouvait aider pour cela. Pour faire du Black Dog un lieu où chacun trouver sa part de plaisir.
Je sors les bouteilles vides, je te laisse la maison. Déclara-t-il à l'une de ces barmaids - il sentait qu'il aurait bientôt plus de personnels, surtout si Remus trouvait des lycanthropes en perdition qui allaient avoir besoin de travailler ou du moins de s'occuper. Et d'un endroit où vivre. Il n'osait pas encore y réfléchir, mais il sentait bien que leur vie allait prendre un nouveau tournant. En partant, Lily ne laissait qu'une chambre de libre. Mais si la meute de Remus devenait importante, une chambre ne serait pas suffisant. Il n'était pas même sûr de vouloir voir ces lycanthropes chez lui. Il savait comment ils devenaient les veilles de pleine lune. Il prit le carton de bouteilles vides et l'emporta par la porte de derrière. C'est là qu'il les déposait pour permettre aux camions de Londres de les ramasser de manière régulière. Après tout, le bar était côté moldu, alors il avait dû apprendre des moldus.

C'est là, aussi, qu'il entendit les bruits. Il s'agissait de coups - il n'eut pas de mal à le reconnaitre pour avoir suffisamment été dans des bagarres et pour y avoir joué sa vie. Rapidement, il sortit sa baguette, et il s'enfonça dans la ruelle en tendant l'oreille. C'est là qu'ils les aperçut. Ils portaient des capes noires, cachant leurs visages et il eut un terrible sentiment de déjà-vu. Des mangemorts. Il se revoyait, comme six mois auparavant, à jouer sa vie pour réussir à la sauver. Pour mettre les mangemorts à terre, pour gagner la guerre. Il lança un premier sortilège par pur réflexion : Stupéfix ! (dé réussite) ce qui suffit à surprendre les quatre sorciers qui s'en prenaient à un autre à présent à terre. Sirius n'eut pas de mal à reconnaitre l'odeur de l'hémoglobine qui lui plia le ventre. Les sorciers partirent en courant et il jeta un second sortilège pour espérer - à minima - pouvoir en livrer un ou deux au ministère : Filapesca ! (dé de réussite) - mais rien à faire, ses sortilèges frappèrent le sol et le mur sans toucher les sorciers qui fuirent autant qu'il le pouvait. Fais déféquer. Grogna-t-il en avançant malgré tout jusqu'à la victime qui se trouvait au sol.

Tu m'entends ? Tu es- Severus ? Il le reconnut dès que son visage se tourna vers lui - malgré les boursoufflures et le sang qui tombait de son arcade. Severus Rogue. Non seulement il avait laissé s'enfuir des sorciers assurément mauvais mais en prime il avait sauvé Severus Rogue. Il le regrettait presque - bien que soudainement il s'étonna de voir Severus attaqué par des mages noirs. T'arrives à te lever ? Demanda-t-il sans trop de douceur non plus - surtout parce qu'il ne tenait pas à avoir l'attention de possibles passants.

Les coups pleuvent. Tu ne sais pas combien ils sont mais dans le fond, tu n’en as que faire. T’encaisses sans rien dire. Heureux dans un sens qu’ils n’usent pas de la magie. Tu n’aurais même pas eu le temps d’attraper ta baguette, qu’ils auraient lancé des sorts mortels. Alors tu subis. Tu tentes de te protéger comme tu le peux. Mais c’est peine perdue. Tu sens que tout ton corps est douloureux. Que l’hémoglobine est en train d’embaumer la rue. Mais elle ne vient que de toi cette odeur. Et finalement, tu finis par fermer les yeux. Et pour la première fois de ta vie depuis longtemps, tu te mets à prier. Tu espères que tout va s’arrêter et que tu vas y rester. Ainsi, tu arrêteras d’être rongé par la culpabilité des actes que tu as commis. Tu n’oublies pas la vie que tu as pris lors de la Nuit Pourpre, ni même de la famille que tu as dû détruire. Parce que tu sais que ton acte a eu des répercussions sur de nombreuses personnes. C’est d’ailleurs pour ça que tu n’as pas enlevé la marque des Ténèbres sur ton avant-bras. Pour te rappeler. Pour t’empêcher dans un sens de tourner la page.

Et soudain, un sort est lancé, faisant stopper les mangemorts. Que se passe-t-il ? Tu n’en sais rien, alors que ton esprit est embrumé par la douleur. Et finalement, les partisans du mage noir s’en vont, sûrement par peur de représailles. La personne qui t’a sauvé s’avance et tu t’apprêtes à dire merci, quand tu reconnais sa voix. Ce n’est pas possible ! Tu relèves ton regard vers Sirius, et tu ne peux t’empêcher de murmurer. « Fais déféquer. » Il fallait que ça soit lui qui te sauve ?! C’est une vraie blague ! Tu essuies le sang qui te coule dans les yeux, avant d’hocher la tête. En réalité, t’en sais rien, mais tu veux pas paraître faible devant lui. Pas alors qu’il t’a fait déféquer avec James pendant toutes vos années à Poudlard ! « Oui j’ai pas besoin de toi. » Tu craches, sur la défensive. Mais la rancœur a la vie dure et tu te souviens encore de tout. Tu te doutes même que s’il avait vu que c’était toi, il ne te serait pas venu en aide. Alors tu prends appuie sur le sol, et tu te redresses. Ta tête tourne et tu manques de t’écrouler une nouvelle fois. Ton corps n’est que souffrance, et tu ne sais même pas comment tu vas t’en sortir. Mais par bonheur, tu arrives à te mettre debout sans devoir t’abaisser à lui demander de l’aide. Sinon, ta fierté en aurait clairement pris un coup. Le regardant, tu te demandes ce qu’il fout là. « Tu t’es perdu ? Ou t’avais juste envie de jouer au bon samaritain ? » Même si ce n’est clairement pas dans ses habitudes. Mais peut-être qu’il a changé. Même si tu en doutes. Après tout, il s’est toujours amusé à se foutre de ta gueule. Et finalement, tu murmures, même si ça t’arrache la gueule. « Merci. »

Les ombres s'échappèrent rapidement, les sortilèges de Sirius les faisant fuir sans les blesser, ce qui laissa le Black frustré. Il avait perdu la main, preuve encore qu'après la guerre il avait cessé d'être sur le terrain à tenter de dévorer ses ennemis. Il avait bien eu assez à faire à se sauver de ses propres démons - mais depuis quelques jours, l'impression de devenir inutile lui tourner la tête, l'empêchant d'être parfaitement lui. Observant les ennemis partir, il se fustigea de n'avoir pas été capable d'en mettre un à terre pour le faire parler, pour voir briller un masque d'argent aux arabesques noirs, ou simplement pour voir l'hémoglobine couler. La violence perçait toujours un chemin jusqu'à son palpitant - il la fit taire pour se retrouver près du corps victimisé et ensanglanté qui se trouvait là.

Il reconnut Severus Rogue, eut un mouvement de recul sans pouvoir l'empêcher mais lui proposer malgré tout de l'aide pour se lever. Après tout, son corps entier était marqué des coups et de la vengeance soudaine dont il avait été victime. Pas de doute pour Sirius - c'est bien de cela qu'il s'agissait. Oui j’ai pas besoin de toi. Il leva les yeux au ciel, mais laissa Severus faire à sa guise. Il resta cependant près de lui, croisant les bras sans lui faire montre de la moindre chaleur. Sans l'abandonner non plus. J'aurais peut être dû te laisser te débrouiller seul. Siffla-t-il, agacé d'avoir pris de son temps pour Severus Rogue.
Dans un éclair de douceur, il pensa à Lily. Sans doute lui en aurait-elle voulu d'avoir laissé mourir Severus. Sans doute - bien qu'à ce qu'il en savait les deux anciens amis n'avaient pas eu contact depuis la guerre. Mais Lily avait quitté la maison des Maraudeurs, et Sirius ne pouvait pas prétendre savoir ce qu'il advenait de sa vie à présent. Tu t’es perdu ? Ou t’avais juste envie de jouer au bon samaritain ? Arquant un sourcil, Sirius se demanda s'il devait bien perdre son temps à rester avec Severus. Mais il avait perdu du sang, il avait une gueule en biais et il pourrait bien voir l'adrénaline quitter son corps et sombrer dans l'inconscience d'un coup. Sirius avait déjà vu ce genre de choses arriver. Cela ferait désordre près de son bar. Merci. Il crut délirer en entendant ce dernier mot, mais lâcha un rire canin plutôt. Je cours pas à ta suite pour sauver ton cul, Severus. Je travaille ici. Déclara-t-il en montrant le mur à gauche - le mur du Black Dog . C'est le hasard qui m'a amené à sortir mes poubelles maintenant pour te trouver en mauvaise posture. C'était qui d'ailleurs ? Ils te voulaient quoi ? Demanda-t-il en retournant trouver ses bouteilles à jeter. Je te propose de nettoyer tes plaies ou tu préfères partir d'ici la gueule en biais ? Ou à minimum : j'ai des glaçons, pour faire dégonfler ton oeil. Rajouta-t-il en montrant le dit-oeil qui avait bien morflé.

Sur toutes les personnes qui auraient pu te venir en aide, il fallait que ça soit Sirius Black. Coup ironique du Destin, alors que le Maraudeur n’a jamais été tendre avec toi pendant vos années à Poudlard. Et clairement, ce n’est pas comme si tu le portais dans ton cœur. Mais apparemment, il faut que tu te retrouves en mauvaise posture devant lui. Te redressant, malgré les vives douleurs qui te lancent dans tout le corps, tu craches un peu de venin. Il est clair que tu n’avais pas besoin de SON aide. Ce n’est pas comme si tu lui avais demandé d’intervenir ! Tu craches un peu de sang après sa réplique, pour montrer ainsi ton mécontentement. Il est hors de question que tu t’abaisses à lui dire qu’il a bien réagi ! Plutôt mourir ! Alors tu reprends la parole, ta voix se faisant ironique. Ce n’est pas comme si c’était un bon samaritain, même s’il a toujours su brouiller les apparences. Il t’a fait de belles crasses avec Remus, Peter et James. Et du genre rancunier, tu ne peux l’oublier. Surtout que Lily a fini par choisir ce groupe – et surtout ce crétin de James. Et ça, tu ne peux pas le pardonner ! Cet idiot de Potter a réussi à la berner, à l’embobiner avec ses sourires de démon. Mais toi, tu n’as jamais été dupe, contrairement à ton ancienne meilleure amie.
Mais finalement, ce n’est pas le moment de penser à tout ça. Et tu repenses au fait qu’il est venu t’aider. Que finalement, même si ça t’arrache la gueule de le dire, il t’a sauvé la vie. Alors tu murmures un petit merci. Ça te brûle les lèvres, manquant de t’étrangler sur place. Mais au moins, il ne pourra rien dire à ce sujet. Et peut-être que ça te fera gagner des points pour récupérer l’amitié de Lily, si Sirius plaide en ta faveur. Parce que tu aimerais retrouver ce lien si particulier, que tu avais avec la jeune Evans. Alors tu roules des yeux. « Heureusement, car je veux pas t’avoir derrière mon cul. » L’horreur assurée ! Plutôt mourir que de devoir avoir Sirius sur le dos ! Ton regard se porte sur l’écriteau et tu hoches la tête. Tant mieux s’il bosse là. Même si ça te fait rire intérieurement de savoir qu’il sort les poubelles. Il doit être dans son élément. Mais tu te mords les lèvres pour ne pas le dire à voix haute, alors que cela ne sert à rien d’attaquer, tant qu’il ne le fait pas. « Des p’tits cons qui voulaient voler mon portefeuille. » Tu mens. Mais il est hors de question que tu viennes à lui dire la vérité. De toute manière, ce n’est pas comme s’il pouvait te comprendre. Alors tu préfères raconter des conneries, plutôt que de lui dire que tu es sur le chemin de la rédemption pour tous les mauvais choix que tu as fait dans ta vie. Tu réfléchis à sa proposition. Tu as clairement envie de refuser, car ça te fait déféquer d’accepter. Mais avec autant de sang partout, tu risques d’attirer les regards. Ce que tu préfères clairement éviter. « Ok pour les glaçons. » Tu soupires, avant de le suivre à l’intérieur. L’endroit est plutôt sympathique, même si tu ne dis rien et ne montre rien. Comme d’habitude. « T’es moins con qu’à l’époque, chose que je n’aurais jamais cru possible. Il y a quelques années, tu ne m’aurais pas aidé. » C’est plus fort que toi. Ça sort comme une insulte et pourtant, dans le fond, c’est un compliment.

"Heureusement, car je veux pas t’avoir derrière mon cul." Sirius ne put s'empêcher un ricanement, secouant la tête en se redressant pour regarder si aucun des assaillants ne revenaient. Une excuse, surtout, pour ne pas avoir à regarder le visage tuméfié de Severus, réalisant qu'il était en train d'aider un ennemi. Un sorcier qu'il aurait aimé mettre à terre à plus d'une occasion durant leurs jeunes années. Pas qu'ils soient bien vieux, mais la guerre avait fini par détruire ce qu'il restait de cruauté dans le coeur de Sirius. "Une chance pour toi que ton cul m'intéresse pas alors". Lâcha-t-il parce qu'il n'était pas mâture à ce point-là.
Il n'était pas certain d'être le même qu'à l'époque - sans doute - mais il ignorait aussi jusqu'à quel point il était différent. Apparemment, assez pour aider Severus plutôt que de le regarder se faire mettre en pièce pour lui apporter le coup de grâce. "Des p’tits cons qui voulaient voler mon portefeuille." Il leva les yeux au ciel, ne croyant pas le sorcier une seule seconde. "Parce que tu respires la richesse, évidemment." Mais son sarcasme en resta-là, et Sirius décida qu'il n'était pas aussi désespéré au point de s'intéresser au moindre détail de la vie de Severus Rogue. S'il ne voulait pas lui en dire plus, alors Sirius n'irait pas lui en demander plus. C'était bien ainsi - après tout ils n'étaient pas amis. Ils ne le seront sans doute jamais.

Mais Sirius avait une conscience à présent - un fait nouveau qui rêvélait sans doute ce qu'il y avait de meilleur chez lui. Il proposa à l'autre sorcier de mettre des glaçons sur sa gueule en biais, et Severus ne manqua pas d'accepter sa proposition, ce qui l'étonna. Mais enfin - il lui fit signe plutôt de le suivre pour rejoindre l'arrière du Black Dog. Il ouvrit la porte de service et passa en premier, s'assurant que Severus le suive.
"T’es moins con qu’à l’époque, chose que je n’aurais jamais cru possible. Il y a quelques années, tu ne m’aurais pas aidé." Il lâcha un rire, franc cette fois. Lui dire qu'il ne l'aurait pas aidé était un strangulot d'euphémisme. "Il y a quelques années c'est moi qui t'aurait... volé ton porte-feuille." Assura-t-il, ouvrant les portes pour rejoindre le bar qui était calme à présent. Il fit signe à Severus de s'assoir et alla chercher une poche de glaces. "Maintenant je sais que c'est méchant de laisser un pauvre type sur le sol, avec la gueule en biais sans l'aider. La guerre m'aura appris ça. Même si le type c'est toi." Assura-t-il en lui tendant la poche de glace. "Ils t'ont pas loupé les fumiers." rajouta-t-il et pour sa part il était plus intéressé par la perspective de foutre sa gueule sur des abrutis que sur Severus. Severus faisait profil bas depuis longtemps - après tout, même Lily ne parlait plus de lui. "Tu foutais quoi dans le coin, au fait ? J'crois pas t'avoir souvent vu trainer ici."

Tu ne veux pas l’avoir derrière ton cul. Clairement, ce n’est pas comme si tu voulais être fliqué par Sirius. Et bien sûr, il te répond. Cela te fait lever les yeux au ciel, alors que tu ne prends pas la peine d’en faire de même. Tu ne veux pas que ton cul l’intéresse. Pourquoi ? Parce que tu le détestes tout simplement !
Sirius te demande ce qu’ils te voulaient. Il est hors de question pour toi de lui avouer la vérité. Alors tu mens. Tu ne veux pas dire que tu es marqué de toute manière. Alors la meilleure façon de te défendre, c’est de dire qu’ils voulaient te voler ton portefeuille. C’est plausible non ? Pour quelques gallions, c’est toujours ça. Haussant les épaules, tu dois te faire violence pour ne pas lui tirer la langue. Bien sûr que tu respires la richesse, ça se voit non ?! Fort heureusement pour toi, Sirius n’insiste pas. Ce n’est pas comme si tu lui devais une quelconque explication de toute manière ! Il t’a apporté ton aide, c’est bien. Fin de l’histoire, pas besoin d’en discuter pendant dix ans.

Pourtant, tu le suis à l’intérieur du bar. Ce n’est pas par envie. Mais avec tout le sang que tu dois avoir partout, tu vas attirer bien trop l’attention. Et c’est assez pour ce soir. T’observes rapidement les lieux. C’est plutôt pas mal. Tu ne peux t’empêcher de reprendre, même si ça pourrait sembler être un reproche, ce n’est nullement le cas. C’est surtout un compliment, même si c’est dur à l’avouer. « C’est vrai. » Avec sa bande de guignols comme alliés ! Ils t’ont fait la misère pendant toutes tes années à Poudlard et ça, tu ne peux pas l’oublier. T’installant sur un des tabourets, non s’en grimacer, tu soupires lourdement. Heureusement, il n’y a pas foule dans le bar, ça t’évite les regards indiscrets. « J’en ai l’impression. » Tu attrapes la poche de glaces pour la plaquer sur ton visage. Cela te fait frissonner, mais rapidement, la douleur diminue, ce qui te fait du bien. Même si tu risques d’être marqué pour plusieurs jours, tu espères surtout que tu n’as rien de casser. Ce n’est pas comme si tu pouvais te permettre une visite à Ste Mangouste. « J’avais besoin de me changer les idées. Mais tu as raison, je ne viens pas souvent dans le coin. » Tu ferais tâche dans le décor en même temps. Cherchant dans ta poche, tu en sors une pièce ou deux. Puis tu viens à les poster sur le comptoir, avant de les indiquer d’un signe de tête à Sirius. « Je peux avoir un verre avec ça ? Si ça ne te dérange pas bien sûr. »

Il entra dans le bar, Severus sur ses talons, et tout lui sembla être étrange et nouveau. Il y a quelques mois en arrière, il n'aurait pas hésité à laisser Severus Rogue sur le bord de la route pour retourner à son quotidien. Il y a une année en arrière, il lui aurait sans doute donner le coup fatale ou se serait retrouvé à l'origine de cette attaque. Juste pour le plaisir, pour pour sentir l'hémoglobine du sorcier sur ses phalanges. Juste pour lui faire mal. Il aurait sans doute justifié son acte en gueulant que c'était pour venger Lily, pour les autres nés moldus, ou parce que Severus Rogue est un mangemort. Il aurait été ravi de pouvoir le mettre à terre - comme si souvent à Poudlard.
Il le détestait depuis toujours, depuis le premier jour. Il ne pouvait pas même expliquer pourquoi. C'était épidermique et naturel. Il détestait Severus Rogue. Mais à présent, il avait la maturité de venir en aide à un type qui se fait mettre par terre et a la gueule en biais. Surtout quand il se fait attaqué par des sorciers encapuchonnés. Peut être que finalement, Rogue avait prit quelques bonnes décisions dans son lot de mauvaises. J’avais besoin de me changer les idées. Mais tu as raison, je ne viens pas souvent dans le coin. Sirius lui laissa des glaçons, et le vit qui grimaçait en le posant sur son visage tuméfié.

Finalement le sorcier posa quelques pièces sur le bar, et Sirius arqua un sourcil, circonspect. Je peux avoir un verre avec ça ? Si ça ne te dérange pas bien sûr. La politesse de Severus était peut être plus perturbante que le reste. Il était presque gentil, ce qui n'était pas dans leurs habitudes. Est-ce que c'était ça de devenir adulte ? D'être capable de parler à son pire ennemi dans l'insulter à chaque fin de phrase ? Le client est roi. Assura-t-il avant de prendre un verre et de verser une rasade de tequilla moldue - parce que l'alcool fort aiderait sans doute Severus à se sentir mieux, et un shoot ne faisait pas de mal. Pas vraiment. Ce qui m'étonne le plus, c'est que tu traines dans un quartier moldu. Dit-il finalement, sans vraiment lâcher Severus du regard. Mais il ne pouvait pas juste le harceler de questions sans discontinuité. Severus finirait par retrouver ses anciennes habitudes et l'envoyer déféquer.
Ce serait mérité. Peut être même que ce serait moins inquiétant, finalement, que cet espèce de statu quo étonnant de politesse. Si tu veux autre chose, tu me dis.

Tu ne veux pas t’étendre sur ta présence dans cette rue. Surtout que ce n’est pas comme si tu étais avec un ami. Non, tu es avec Sirius. Alors clairement, tu restes méfiant. Même si de l’eau a peut-être coulée sous les ponts, tu n’arrives pas à oublier totalement ce qu’il t’a fait vivre à Poudlard. Lui et sa satanée bande ! Surtout Potter. Mais ça, c’est encore une autre histoire. Posant la poche de glace sur ta joue, tu dois bien avouer que cela fait du bien.
Fouillant dans tes poches, tu viens à sortir quelques gallions. Tu n’as pas grand-chose, tu ne roules pas sur l’or, mais là, t’as vraiment besoin d’un verre. Alors tu espères qu’avec ça, tu auras assez. Même une moitié de verre ça sera très bien en vrai. Mais bien sûr, il ne faut pas que ça le dérange. Après tout, il allait peut-être fermer le bar non ? Enfin tu n’en sais rien du tout. Roi. Tu es loin de l’être. S’il voyait ton appartement … il se foutrait très certainement de toi. Mais tu retiens cette remarque acerbe, alors que ce n’est qu’une expression. Attrapant le verre, tu en avales la moitié. L’alcool te brûle la gorge, mais ce n’est pas pour te déplaire. Ca va sûrement t’anesthésier la douleur un peu.

Relevant ton regard vers lui, tu te demandes s’il est sérieux. Genre tu n’as pas le droit de te balader où tu veux ? Soupirant, tu ne peux t’empêcher de répliquer, légèrement piquant. « Et moi, ce qui m’étonne, c’est que tu sais te montrer aimable et serviable. Chacun ses surprises pour ce soir. » Tu termines par un haussement d’épaules. En réalité, il y a quelques années, vous n’auriez jamais pu parler comme ça, tous les deux. Mais ce n’est pas pour autant que vous allez devenir les meilleurs amis du monde. Il y a bien trop de rancœur entre vous.
Reprenant ton verre, tu viens à le terminer. Et tu soupires en entendant ce qu’il te dit. Tu glisses malgré tout ta main dans ta poche, mais comme tu t’y attendais, elle est vide. Alors tu secoues négativement la tête. « Non ça ira, merci. » Parce que tu ne veux pas lui demander d’être sympa. Plutôt t’arracher la langue ! Ce n’est pas aujourd’hui que tu iras demander un geste gentil de sa part. Faisant tourner le verre vide entre tes doigts, tu viens à reposer la poche de glace sur le comptoir, alors qu’elle t’a gelé les doigts. « Alors, tu deviens quoi ? » Vraiment ? Apparemment. La bouse d'hippogriffe ! T’es en train de sympathiser avec Sirius ? Ils ont dû te frapper plus fort que tu ne le pensais. Non … Tu vas mettre ça sur le fait que t’as encore besoin de quelques minutes pour récupérer. Puis il fait chaud ici. Ça te change de ton appartement.