Traitres || Morrigan & Silas & Fauve

Tu étais sans doute la meilleure traqueuse de la meute. Aucune proie ne pouvait t'échapper bien longtemps et tu avais assez de ténacité pour pouvoir les pourchasser durant des jours et des jours. Tu ne perdais ni la volonté, ni la patience pour cela. Tu étais une traqueuse née - ton loup était comme toi, exigeant une proie plutôt que de tuer n'importe qui qui passerait devant son chemin. Les autres te disaient capricieuse, mais tu aimais penser que tu étais juste la plus grande chasseuse du clan.
Alors quand en arrivant à Londres, plusieurs membres de la meute disparurent, tu te donnais pour mission de les retrouver. Surtout ceux-là les omégas qui avaient préféré fuir. Depuis des jours, tu tâchais de retrouver leurs traces - mais Londres était une ville immense avec des milliers d'odeurs, et il était plus difficile ici de te concentrer pour les trouver qu'en pleine forêt. C'est sans doute pour cela que tu avais mis aussi longtemps. Sans doute pour cela que finalement le hasard joua contre eux.

Tu trouvais sur les docks - non pour les rechercher, mais parfois tu suivais une autre de tes cibles favorites : Marlène McKinnon. Elle était là avec un autre sorcier, grand et brun, ténébreux et inquitant : Sirius Black. Lui aussi tu le connaissais, pour être un prof de Remus Lupin - ton frère. Le monde se faisait si petit qu'il te donnait le tournis. Comme quoi, un traitre attirait un traitre - mais Marlène était différente, et tu étais étonnée de la voir proche d'un Black. Peut être qu'elle était différente des autres sorcières. Peut être qu'elle avait cette sauvagerie dans le regard parce qu'elle était plus indomptable que les autres. Tu la suivais souvent, parce que tu voulais en savoir plus sur elle.
C'est là que tu le sentis. L'odeur de Silas était particulier - emprunt de peur et de retenu, presque aussi subtile que celui d'un vampire ou d'une vélane. Autant dire qu'il se fondait aisément dans la masse. Mais les notes plus sucrées et enflammées de Morrigan l'accompagnaient - alors tu sus qu'ils n'étaient pas loin.

Abandonnant Marlène à sa soirée, tu te décidais à les suivre, le coeur battant durement, l'excitation coulant dans tes veines à l'idée de finalement trouver les deux omégas. Tu sortis rapidement des bars et des restaurants pour rejoindre un espace plus industriuel. Plus abandonné. Un parfait endroit où se cacher. Je sais que vous êtes là. Murmures-tu avec un sourire sur les lèvres. Tu avances doucement entre les docks et les blocs de béton. L'odeur est plus présente ici, alors tu sais que tu t'approches du but. Finalement, tu te retrouves devant un grand entrepôt, et fait glisser la porte du portail qui va t'y mener dans un bruit strident. Loup y es-tu ? Que fais-tu ? Chantonnas-tu avant de refermer la porte derrière toi. Je sais que vous êtes là...

Elle était là, Morrigan pouvait la sentir. Elle peut sentir son odeur, horrible, qui lui chatouille les narines et la ramène à des souvenirs désagréables. Fauve est ici, évidemment, et elle rode un peu trop près des docks, un peu trop près de l'endroit où ils habitent. Ils n'ont pas d'alpha, ils sont vulnérables, et Morr commence à sentir la peur titiller ses nerfs, et la rendre un peu trop sur la défensive. Silas n'est pas encore rentré du travail, et elle ne sait pas si elle pourra gérer Fauve seule. Fauve est folle. Timbrée. Sans limite. Digne fille de son père. La porte de l'entrepôt s'ouvre, et elle s'apaise quand elle sent Silas rentrer. Elle ne lui laisse pas le temps de rentrer qu'elle fonce sur lui, posant un doigt sur sa bouche, les yeux écarquillés, quand elle sent son odeur se rapprocher.

"Fauve arrive."

Elle prend la main de Silas, et l'entraine dans un coin reculé de l'entrepôt, dans les ombres, afin de se cacher. Se cacher est futile, parce que Fauve les a senti, déjà, et qu'elle est une traqueuse hors paire. Elle va les trouver. Mais cette cachette, dans un recoin, leur laisse le temps de réfléchir, de penser à quelque chose. Et soudainement, le silence complet. Morrigan oublie même de respirer, mais c'est trop tard. "Je sais que vous êtes là." Sa voix n'est qu'un murmure, de l'extérieur, mais le corps de la louve se recouvre de frissons. Elle ne veut pas avoir peur, elle ne veut pas montrer à Fauve qu'elle a peur. Elle veut garder le contrôle de ses émotions.

Et le silence est brisé.

La porte du hangar s'ouvre dans un grincement métallique, et des pas résonnent à l'intérieur. "Loup y es-tu ? Que fais-tu ?" Morr lève les yeux vers Silas. Ils sont foutus. La porte se referme, elle ferme les yeux un instant. "Je sais que vous êtes là..." Morrigan rouvre les yeux, et regarde Silas. Il faut l'affronter. Sentant un courage inconnu monter en elle, elle s'avance dans la lumière de la lune, à moitié pleine, qui éclaire l'entrepôt à travers les grandes fenêtres.

"Fauve. Je pensais que tu aurais mis moins de temps pour venir à nous. Tu perds de tes talents de traqueuse."

Elle prend une voix rieuse, profitant de la force qu'elle ressent. Elle n'est plus dans la meute de Greyback, elle n'est plus une oméga, elle peut faire et dire ce qu'elle veut.

"Venir à une contre deux, c'est un pari risqué. Surtout depuis qu'on est plus tes larbins. Alors, tu veux faire quoi Fauve ? Hurler à la lune comme au bon vieux temps ?"

Elle te tient face à elle, mais assez loin pour anticiper ses gestes, les mains dans le dos, attendant que Silas vienne contre elle.

T'inspire l'air profondément, laissant les sentiments de tes proies t'envahirent. Tu devines la peur et ses marques acides, l'angoisse sucrée qui vient se glisser sur ta bouche et la colère - celle-ci délicieuse qui s'accorde aux autres pour venir te faire tourner la tête. Tu sais qu'elle vient de Morrigan - c'est elle qui s'enflamme, comme tu l'as toujours connue à grogner en secret. Que dans le silence du jour, elle se tenait en princesse effrayée pour s'imaginer libre.
Silas devait se tenir à ses côtés, comme c'était là qu'il avait trouvé sa place. Les deux Oméga tremblant de peur. Ta langue sur sur tes lèvres, avançant dans l'entrepôt en refermant derrière toi la porte métallique. Il n'y a plus que vous trois dans les lieux.

Tu entends leurs palpitants qui frappent durement en écho contre les murs d'acier. Et tu souris - parce que le sang qui bat dans les veines de tes proies s'échauffe. Tu pourrais le sentir. Tu pourrais le faire couler et savourer de le voir se répandre sur le sol. C'est tout ce que méritent les traitres. "Fauve. Je pensais que tu aurais mis moins de temps pour venir à nous. Tu perds de tes talents de traqueuse." Tu arques un sourcil, penchant la tête de côté en retenant l'agacement qu'elle te fait ressentir.
T'es pas certaine de ne l'avoir jamais entendu te parler ainsi - ça échauffe tes sens, te donne envie de sortir les griffes. Elle sort de sa cachette pour te faire face avec toute la fierté qui est sienne. Elle n'a jamais été aussi grande, Morrigan, mais tu devines toujours la gamine effrayée. "Tu sais comme j'aime jouer avec ma proie. Ca rend le sang plus savoureux." Assures-tu en glissant vers elle - avant de voir l'ombre derrière elle qui s'agite et sort à son tour.

Silas.
Evidemment. "Venir à une contre deux, c'est un pari risqué. Surtout depuis qu'on est plus tes larbins. Alors, tu veux faire quoi Fauve ? Hurler à la lune comme au bon vieux temps ?" Les faire hurler plutôt. "Qu’est-ce que tu nous veux Fauve ?" L'écho de Silas te fait lâcher un rire. "Cessez donc cette effusion de chaleur, j'en suis presque gênée." Dis-tu avec ironie, avant de continuer à avancer jusqu'à ce que tu sentes que tu es trop proche. Un pas de plus, juste pour le plaisir, et t'es devant le couple, prête à sauter pour leur arracher les yeux. Ce que tu fais pas, cependant. "Tu sais comme j'aime entendre hurler, Morr. Je serais heureuse de vous entendre vous époumoner." Continues-tu en regardant Morrigan dans les yeux - fixant comme un prédateur sa proie, comme les loups regardent les plus faibles pour les faire flancher. T'as jamais hésiter à le faire avec eux - tu vas pas commencer maintenant. "Tss tss - c'est mal ce que vous avez fait, tu le sais bien. Vous allez devoir être punis pour ça."

Morrigan est plus elle depuis qu'elle a quitté la meute, elle a pris en assurance et en confiance. Ainsi, elle n'a pas autant peur quand Fauve se ramène, brisant leur tranquillité et leur plénitude. C'est grâce à cette confiance que Morr se permet une telle remarque sur les talents de traqueuse de sa Némésis, sachant très bien à quel point elle excelle dans ce domaine. Elle arque un sourcil et même si elle ne le montre, Morrigan sait qu'elle bouillonne. "Tu sais comme j'aime jouer avec ma proie. Ca rend le sang plus savoureux." La norvégienne ricane, sentant cependant la louve grogner en elle. Evidemment, qu'elle aime ça, elle fait comme ça depuis toujours. Barbare, chasseuse hors pair, Morrigan serait stupide de la sous-estimer. Cela ne lui viendra jamais à l'esprit. Silas sort de l'ombre à son tour, pour venir aux côtés de Morr. "Qu’est-ce que tu nous veux Fauve ?" Sa voix la rassure, la gonfle de confiance. "Cessez donc cette effusion de chaleur, j'en suis presque gênée." Morr ricane, croisant les bras sur sa poitrine.

"Pitié, pas tant d'ironie, ça dégueule de ta bouche."

Fauve s'avance un peu plus vers eux, et la louve se fige quand elle la sent venir plus près. Non. Encore un pas, et elle n'hésitera pas à lui sauter dessus. Elle s'arrête, cependant, la tension étant déjà trop grande entre eux trois. "Tu sais comme j'aime entendre hurler, Morr. Je serais heureuse de vous entendre vous époumoner." Elle la regarde dans les yeux, et Morrigan ne baisse pas les yeux. C'est fini, la période de soumission.

"Les victimes que tu fais chaque lune ne te suffisent plus ? Tu veux te faire mal dans la lutte, maintenant ?"

Parce que Morr ne lâchera pas sans une bataille, et l'envie de l'égorger augmente à chaque instant. Fauve a toujours été une sal*pe, et ça ne changera sûrement jamais. Elle n'est pas une proie ce soir. "Tss tss - c'est mal ce que vous avez fait, tu le sais bien. Vous allez devoir être punis pour ça." Morrigan lâche un éclat de rire, et clape des mains.

"Oh mon dieu ! Nous sommes de vilains loups, bouhouhou, que va-t-il nous arriver ?" Air dramatique, Morr plaque une main sur son coeur. "On te doit rien, Fauve. Ni à toi, ni à ton papounet chéri. Tu lui passeras mes hommages, d'ailleurs." Sarcastique, elle ricane. "Tu nous répugnes, et on n'a plus peur de toi."

Ordinairement, j'étais le binôme de Fauve. Tant et si bien, qu'il ne fallait qu'un seul de nos regards à chacun d'entre nous, pour se comprendre sans converser. Avec la Louve Greyback, on se connaissait aisément sans avoir besoin de perdre un quelconque temps en soliloquant.
Et ça, ce n'était bien qu'un temps gagné quand il s'agissait de la Traque.

Or, cette fois-ci, je n'étais pas avec elle. Ou plutôt, je n'avais pas encore pris le parti de la suivre dans la Chasse. Non pas aux Sorcières, -bien malheureusement-. Mais au Traîtres. Ceux qui avaient osé se détourner de notre meute pour vivre pleinement de leur liberté. Même si, j'estimais cette dernière bien cruelle. Car, qui disait émancipation disait sacrifice. Et, je ne serais pas surpris que de les voir s'épanouir dans des conditions misérables et déplorables qu'ils n'auraient jamais côtoyées en restant parmi nous.
Mais Morrigan et Silas y avaient préféré l'exil.

La fuite sans se retourner, ce qui leur avait valu ce statut de renégats qui leur collait désormais à la peau. Et, qu'il nous faudrait alors punir pour insubordination. Pauvres petites âmes perdues que voilà.
Tandis que je sirotais un dernier verre d'alcool en charmante compagnie, -ce fut elle qui s'empressa de m'offrir gracieusement cette consommation sous couvert d'un échange fort charmant-, je sentis l'effluve caractéristique de ma partenaire. Par-delà tout un panel d'autres.
Fauve se détâchait aisément de tout ce groupuscule et il m'était plus qu'avéré que je la retrouverais avec une extrême habileté parmi toute cette meute que constituait Londres et ses environs.

Son odeur, elle me conduisit non sans difficulté jusqu'aux Docks. Où se mêlaient  de ce fait, d'autres effluves. Celles de ces deux déserteurs qui avaient eu l'esprit aventureux en se soustrayant aux Greyback.
Me faufilant sans un bruit à travers un passage, j'assistais à une scène pour le moins cocasse, dissimulé dans les ombres de cet entrepôt aux relents nauséabonds. Il y avait de la Peur, de l'Assurance et de la Gaieté, se mélangeant au reste de ce que je pouvais percevoir.

Cependant, je ne comptais aucunement demeurer spectateur le temps de cette joute verbale quelque peu épicée. Je souhaitais devenir acteur, m'extirpant des ténèbres, vêtu de mon long par-dessus sombre. Mon regard cobalt pétillant alors de malice et d'intérêt pour ce qui allait suivre et me combler d'aise.

- Puis-je me joindre à cette petite réunion ? ~ Questionnais-je de ma voix sifflante et traînante, tout en me plaçant à côté de la Greyback, un bras posé nonchalamment sur son épaule. Ravi de participer à cette charmante sauterie, même si celle-ci sera plus qu'éphémère. J'opérais un silence, tout en sifflotant. Morrigan ~. Un sourire enjôleur vers la susnommée et une œillade désabusée adressée au compagnon de la Norvégienne.

J'en frémissais d'avance. Parce que je savais mon arrivée bien peu attendue mais ô combien remarquée, ce faisant.