(Flashback) Emporté par la foule - NSFW - Abélard & Héloïse

Ca aurait dû être une soirée comme une autre. Une soirée tranquille pour fêter l'ouverture de l'Equinoxe, tout nouveau lieu à la mode qui attire déjà toute la bonne société de Londres. Tu es satisfait de voir que le pari fonctionne, que les sang-purs de bonne famille sont là et qu'ils dépensent sans compter pour remplir leur ventre d'alcool et tes caisses, de gallions qui seront sagement employés. Ainsi tu devrais être fier cependant c'est un sourire en coin, un peu vide et éteint que tu as collé sur le visage ce soir. Ce soir, hier soir aussi, avant hier aussi...

Tous les soirs se ressemblent et même si en apparence tu sembles être heureux, il y a bien trop d'épuisement et de lassitude dans ton regard. Les gens ne savent pas le voir et ceux qui pensent l’apercevoir ne disent rien, après tout que dire ? Ils ne te connaissent pas assez, notamment car tu ne laisses personne rentrer dans ton jardin secret mais surtout, dans ton cœur qui est verrouillé à triple tour. Alors ce soir tu es debout devant la baie vitrée qui donne sur ton bas en contre-bas, l'endroit est déjà plein car tu as organisé une soirée pour te faire connaître. Une soirée masquée, de quoi attirer du monde qui cèdera avec plaisir à tous les excès car sous couvert d'un masque, chacun sait se lâcher parfaitement. Toi le premier. Peut-être pourras-tu ce soir rencontrer quelqu'un pour une heure ou deux et oublier la mélancolie qui est la tienne ?

Avec un soupir tu attrapes ton masque qui couvre le haut de ton visage, noir et doré inspiré des masques vénitiens que tu collectionnais à l'époque où Venise était déjà la plus belle ville du monde alors sous couvert des familles nobles dont le monde a oublié le prestige à présent. Puis, dans un geste gracieux, tu quittes ton bureau tout en te glissant au milieu de la foule dès que tu arrives dans la grande salle. Les tables ont été poussées et un groupe joue un air de jazz agréable qui incite les clients à se parler, consommer quelques verres et pour les plus aventureux, s'éloigner dans les alcôves qui servent à avoir de l'intimité. Tu souris en voyant un groupe disparaître derrière un des rideaux en soie rouge, sachant évidemment ce qu'ils vont faire mais c'est une chose acceptée ici, surtout en ces soirées où le fait d'avoir un visage caché empêche quiconque de faire naître des rumeurs. Qui sait l'identité de celui ou celle qu'on a sous ce masque ?

Tu arrives à ton bar que déjà ton serveur te donne un verre de sang tiède que tu dégustes avec une longue gorgée salvatrice. Mais alors que tu poses le verre sur le bar, tu lèves le nez en sentant un parfum. Rapide, discret et fugace, tu n'as pas le temps de le chercher ou d'être certain que c'est bien celui-ci que tu viens de sentir, que déjà un autre vient chatouiller tes narines et puis encore un autre. Bientôt ils se mélangent tous et tu finis par douter, te persuadant que c'est seulement ton esprit âgé d'un millénaire qui ne sait plus faire la différence au milieu de tous ces parfums qu'il sent.

Pourtant pendant un instant... Quoi que tu n'étais pas sûr, il y avait des fragrances certes mais rien de certain. Et pour ne pas davantage te torturer l'esprit, tu reprends ton verre pour y glisser une goûte de vodka Russe que tu fais venir directement de Moscou par des moyens illégaux qui ne regardent que toi, quand ton regard accroche une paire de jambes qui viennent de s'installer sur un tabouret devant toi. Levant un sourcil surpris et à la fois curieux, tu te penches vers celle qui porte un masque assez original pour se démarquer des autres clients. « Qu'est-ce que je vous sers ? » Dis-tu dans un souffle, avant de sentir encore une fois ce parfum.

Il n'était plus question d'attendre - l'existence au dehors continuer son chemin sinueux tandis qu'elle restait enfermée chez elle à espérer l'impossible. Son mari à nouveau à l'extérieur, silencieux comme à l'accoutumé, aimant mieux le passé qu'elle, elle décidait de ne pas y être accrochée. Elle l'espérait, cet amour heureux qu'elle rêvait depuis toujours. Elle lui avait couru après, lui avait passé la bague au doigt en même temps que la corde au cou. Et à présent, il fuyait plus souvent qu'il ne lui souriait. Alors elle se prépara.
Eloïse était une sorcière populaire, portant encore la fierté d'un pays pour lequel elle avait remporté un bon nombre de médaille et de trophées. Duelliste talentueuse, elle jouissait d'une belle réputation qui l'amenait à toutes les soirées les plus en vogue. Elle recevait les invitations chez eux, toujours à son nom - et monsieur rajouté en lettres manuscrites un peu hésitantes, quelques fois. Pas cette fois - pour l'inauguration de l'Equinoxe, c'était elle seulement.

Bal masqué, elle se décida pour une robe somptueuse, moulant sa poitrine pour partir en exubérante jupe patineuse - brillante et lumineuse, le jeu de couleurs sur le tissu donnait l'impression d'être dans le vent. Elle prit le temps de trouver un masque, accompagnée d'une amie qui était aussi de la partie. Elle se décida pour un masque dentelé, noir et doré, qui habillé son regard jusqu'à sa bouche - celle-ci marquée par un rouge à lèvre si brillant qu'il était possible de ne voir que cela dans le noir. Ses cheveux blonds étaient arrangés en une cascade de boucles et un chignon complexe. Elle se trouvait belle - ne reconnaissant que peu la personne qu'elle était dans le miroir, elle décida que tout était parfait.

Elle attendit une heure après l'horaire indiqué pour se rendre à la fête, arguant qu'une lady savait se faire désirer . Il était hors de question qu'elle joue le jeu de la ponctualité dans ce genre de mondanité - une fois à l'intérieur, elle sentit l'odeur fourbe de la décadence et de l'alcool mêlés - soudainement, elle avait l'impression d'être en terrain connu et sourit. Elle était certaine de passer une glorieuse nuit, surtout avec en tête l'idée de profiter sans se soucier du regard morne et des bouderies de son mari. Elle eut l'idée audacieuse de cacher sa bague. Celle-ci glissa de son doigt pour rejoindre la pochette où elle portait quelques affaires importantes dont sa baguette. Le sortilège extensible en place, la bague tomba au fond du sac, et elle n'y pensa plus. Elle regardait autour d'elle, les visages masqués qu'elle ne pouvait pas reconnaitre, se sentait alors enhardie par la perspective d'une nuit passée à danser avec des inconnus dont elle n'aurait pas à retenir le nom.

Coeur battant, elle rejoignit en premier lieu le bar où elle se laissa glisser sur un tabouret pour faire face au barman. Qu'est-ce que je vous sers ? Elle aurait bien crut reconnaitre l'odeur du sang, caché parmi les flagrances qui tournoyaient dans la pièce. Elle sourit, cependant, ne se laissant pas distraire par l'impression fugace - quand elle croisa le regard du barman, elle oublia le reste. Jamais encore elle n'avait croisé des orbes aussi profondes et claires - elle resta sans voix un moment avant de se souvenir pourquoi elle se trouvait là ce soir. Ce quoi me faire tourner la tête. Répondit-elle avec un sourire mutin. J'aime faire confiance aux barmans pour savoir exactement ce qui pourra me combler. Alors, surprenez-moi ? proposa-t-elle finalement, de mutine à joueuse, se penchant vers lui pour être certaine qu'il l'entende et pour ne rien perdre des ingrédients qu'il glissera dans son verre.

Masque sur le visage pour cacher ton identité, tu ne seras qu'un simple barman ce soir, mis au service des clients qui réclament un verre ou quelque chose pour s'oublier. Et si l'un d'eux demande une dose de venin de vampire alors tu pourras la lui donner, car tu te sens étrangement fébrile et assoiffé malgré les verres que tu avales régulièrement pour combattre l'envie de sang. Une envie qui ne cesse de grandir alors qu'une odeur chatouille tes narines, disparaît dans la foule et ne semble soudainement qu'être le songe de ton esprit blessé, trop vieux, hanté par des souvenirs si anciens que tu as l'impression de les rêver la plupart du temps. Alors une belle créature vient s'installer devant toi et tu souris sous ton masque, dévoilant tes dents blanches et ton rictus amusé mais sans qu'elle ne devine le haut de ton visage. Le fait d'ignorer ton identité te donne un avantage, personne ne saura te reconnaître par la suite. Tu plonges ton regard dans le sien et un frisson monte en toi, venant mourir à la base de ta nuque. Parce que ce regard est hypnotique et pendant un instant tu te demandes si tu n'es pas tombé face à une vélane ou une créature du genre. Le style à te faire tourner la tête si vite, si fort.

« Bien, une surprise pour la belle demoiselle... » Et tes longs doigts s'étendent pour attraper un verre en cuivre puis après un mélange soigneux et surtout une dose de sirop de fraise, tu finis par approcher d'elle un cocktail parfait que tu rehausses avec quelques ingrédients secrets. De quoi faire voir la vie en un rose éclatant. Le tour avec une petite brochette contenant des framboises que tu poses sur le bord du verre en cuivre, avec un clin d’œil. Un Moscow Mule avec de la fraise, une chose surprenante mais trop sucrée pour qu'on sente réellement le côté traître de l'alcool. Elle veut perdre la tête ce soir et toi, tu n'es pas prêt de t'endormir avant plusieurs heures alors autant passer un bon moment. Surtout qu'elle pose sur toi un regard brillant et toi, tu sens que cela ne te laisse pas indifférent. « Attention ce cocktail contient de la bière de gingembre, c'est aphrodisiaque. » Dis-tu avec un petit rire avant de prendre ton propre verre et de le faire claquer contre celui que tu viens de lui servir. Une gorgée ensuite et ta soif de sang semble se calmer un peu, pas assez car l'odeur que tu sens depuis tout à l'heure vient à nouveau à toi. « Vous êtes venue seule ? » Dis-tu pour engager la conversation et surtout pour te concentrer sur autre chose que ce parfum. « Alors ? » Tu désignes le verre une fois que tu es certain qu'elle a avalée une première gorgée.

L'oubli était une alliée de choix - une qui permettait de supporter le quotidien a plus d'un titre. Elle n'avait guère envie de penser à Nikolaï ou à quiconque qui se trouve en dehors de ces murs ce soir-là, elle ne voulait pas même penser à elle-même. Elle désirait oublier, s'oublier, être quelqu'un d'autres puisqu'elle avait droit à être masquée. Qu'importe, finalement, les serments et les promesses qu'elle avait faite en dehors de ces murs, à cet endroit-là, cela ne comptait pas.
Alors si rien ne comptait, tout était permis et c'était bien ainsi. Bien, une surprise pour la belle demoiselle... Elle ne lâche pas le barman des yeux, alors qu'il prend son verre et verse ce qu'il trouve à l'intérieur. A voir ainsi, cela lui semble irréel, presque impossible qu'il fasse quelque chose qui ait un goût acceptable, mais ses gestes sont sûrs et il tremble pas à un seul moment. Avec le temps, elle a apprit à être sensible à ce genre de détail-là. Elle a déjà regardé Mina faire des cocktails, mais définitivement elle n'était pas aussi fascinante que ce barman-là. Et tant mieux - au moins elle avait une bonne raison de rester concentrée cette fois.

Il finit par lui déposer le verre devant les yeux et elle avise la douleur rose/rouge qui s'en échappe. Finalement, ça semble plus acceptable que ce qu'elle pensait. Attention ce cocktail contient de la bière de gingembre, c'est aphrodisiaque. Le sous-entendu lui manque pas - bien au contraire, elle prend le verre et inspire l'odeur sans quitter le barman du regard. A travers son masque elle imagine qu'il peut être n'importe qui - et réalise qu'il en est de même pour elle. Elle peut être qui elle veut, et cette libertée est grisante. J'ai l'air d'avoir besoin d'aphrodisiaque selon vous ? demande-t-elle parce qu'elle ne peut pas s'en empêcher, avant de prendre une gorgée, de laisser le sucre cacher l'alcool et lui donner envie de tout boire rapidement.
Le cocktail est traitre - elle sourit en le réalisant mais se retient du commentaire. N'était-ce pas ce qu'elle avait demandé après tout ? Vous êtes venue seule ? Pas vraiment, mais c'est tout comme. Alors tu opines pour réponse, parce que tu as décidé que ce soir tu étais parfaitement libre. Rien qui te contraint, rien qui ne te retient, et personne qui t'attend où que ce soit. J'étais curieuse de découvrir cette endroit, et je n'ai besoin que de moi-même pour m'amuser. Dit-elle avec un clin d'oeil avant de prendre une seconde gorgée du cocktail mensonger.

Alors ? Pas mal. Répondit-elle sans le lâcher du regard - et elle se fiche de savoir si d'autres veulent être servis. Apparemment lui aussi. C'est un cocktail traitre, je vais le boire rapidement, vous en demander un second et bientôt je serai toute excitée et aguicheuse - il ne vous restera plus qu'à vous occuper de moi, parce que ce sera de votre faute.

« Je ne sais pas... A vous de me le dire. » Dis-tu avec un sourire qui permet de voir que tu t'amuses dû à ce demi-masque que tu portes et qui cache le haut de ton visage. Mais pas ta bouche, ce qui assure à la jeune fille que tu la taquines et que tu la cherches, sans être certain qu'elle répondra à tes provocations ou pas. Tu veux t'amuser ce soir et quoi de mieux qu'un cocktail et une personne agréable que tu devines sous un masque sans être certain de ce à quoi elle ressemble ? Surtout que son odeur, ce parfum est entêtant et te rappelle quelque chose sans pouvoir dire qui ou quoi, cependant la tête te tourne assez pour que tu veuilles le respirer encore un peu. Juste assez pour le graver dans ton esprit, comme un rappel d'une chose qui est là et que tu n'as pas senti depuis trop longtemps. « Ho et que pensez-vous de ce lieu alors ? Votre curiosité est-elle assouvie ? » Tout en disant cela tu trempes tes propres lèvres dans ton verre pour avaler une gorgée et apaiser ta soif, celle qui est toujours là au fond de ta gorge quand tes envies d'autre chose s'éveillent. « Je ferais part de vos observations et conseils aux patrons, si vous souhaitez me les transmettre. » Et tu t'amuses plus encore à cet instant, ce qui ne t'empêche pas de rire un peu.

« Ho ma faute ? Comme vous y allez ! » Dis-tu en riant plus fort cette fois-ci, te moquant des signes des clients qui veulent recevoir un verre ou une bière. Les autres barmans sont là, toi tu ne fais cela que pour t'amuser ou passer le temps à la rigueur... Et personne n'oserait un seul instant te faire la moindre remarque. L'un des clients souffle en voyant que tu évites de croiser son regard et de prendre sa commande mais tu n'en as que faire, tu préfères sourire à la jeune fille. « Je peux vous en faire d'autre... Nous avons une gamme immense... Pour éveiller vos sens, vous rendre plus sensible à votre environnement ou vous donner chaud. » Tout en disant cela, tu sors une petite gamme de potions légales évidemment mais difficiles à se procurer. « Parfaitement dosé, l'ensemble peut vous faire toucher les étoiles. Il suffit de se laisser porter par l'instant et d'accepter de goûter à ce qu'on ne connaît pas... » Et tout en disant cela tu t'approches un peu au dessus du bar, assez pour respirer encore son parfum et te reculer soudainement car celui-ci te donne soif, terriblement soif. Alors tu finis ton verre d'une traite pour calmer cette soif dévorante, avant d'avoir envie d'aller plus loin qu'un simple verre.

Tout savoir, la presque supplique dans sa voix t'arrache un petit rire alors que tu prends le temps de savourer chaque seconde, de la laisser réfléchir et surtout de lui laisser le temps de fuir si seulement elle change d'avis. Parce que les humains sont comme ça, voilà un millénaire que tu vis avec eux, que tu travailles, que tu dors, que tu couches avec des humains et il y a une chose qui revient à chaque fois, c'est évidemment leur inconstance. Les humains changent souvent d'avis peut-être parce qu'ils n'ont pas ton immortalité et qu'ils veulent vivre toutes les expériences possibles. Et surtout les humains ont peur du danger, de la mort, de ce qui pourrait se produire après une mauvaise rencontre. Tu comprends cela, ainsi tu préfères lui laisser le choix de se diriger ailleurs et de changer d'avis mais elle ne le fait pas, elle reste là avec son cocktail et tu prends cela pour une invitation. A aller plus loin, à s'amuser simplement. Alors tu prends les potions que tu présentes, ne voyant plus les autres clients ni les gestes vers toi, te moquant bien du fait qu'un tel ou un tel a soif. Tu ne vois qu'elle et ton envie de te tenir plus proche si possible. Sans jamais dépasser les limites, il est si facile d'effrayer les mortels.

Elle se sert une dose alors que tu prends ton verre vide pour le remplir et boire encore, contrôler la soif qui dévore ta bouche. Voilà longtemps que tu n'as pas été en compagnie d'une femme, une belle femme que tu devines sous son masque. Ceci explique cela non ? Tu chasses l'image de celle que tu aimes qui revient sans cesse, c'est qu'après un presque siècle à l'attendre tu es certain d'une chose, tu n'es pas tombé sur elle et parfois le manque de tendresse, de chaleur humaine contre ta peau est trop fort. Alors tu t'oublies quelques heures, jamais trop, jamais aucune promesse pour ne pas briser des cœurs car le tien est épris depuis longtemps. Et ce soir ? Tu as chaud, ta peau réclame un peu d'attention et tu n'auras pas la force de refuser cela à ton palpitant. « Je peux prendre une pause quand je le souhaite. » Dis-tu en faisant signe à un serveur de prendre ta place pour faire le tour du bar, approcher d'elle sans jamais ôter ton masque. Parce que tu as fini de jouer au serveur, tu te lasses rapidement, c'est le lot de ceux qui ont trop vécu.

« Alors sachez que je suis votre obligé, ce soir. Soumis à tous vos désirs. » Et la phrase à double sens s'accompagne d'une main que tu tends vers elle. Le toucher t'électrise mais tu te concentres sur la musique tout en la guidant vers la piste de danse, la foule presque compagne qui se pousse sur votre passage car l'aura d'une créature est à la fois effrayante mais aussi attirante. Ce soir, tu préfères avoir un peu du monstre pour qu'on vous laisse passer. « Vous dansez ? » Que tu demandes assez fort pour qu'elle l'entende, tout en la faisant tourner d'un mouvement du bras délicat mais ferme afin de coller ton torse à son dos. Dans un geste sensuel car la musique l'est tout autant, c'est comme si vos deux corps s’emboîtaient parfaitement pour bouger en rythme avec l'autre. Un instant c'est comme si tu l'avais trouvée elle mais la pensée s'envole encore quand son parfum chatouille tes narines. Un mélange de nouveauté et d'ailleurs, une pensée si lointaine que tu l'avais oublié. Une contrée perdue, quelque part en Amérique du Sud quand la peau chaude et humide d'une amante se gorgeaient d'un soleil cuisant. « Vous me rappelez quelqu'un. » Que tu murmures à son oreille, les yeux clos car tu es perdu dans tes souvenirs. « C'est la première fois que nous nous rencontrons ? » Tu n'es pas certain et pourtant la question te brûle la langue, même si tu connais déjà la réponse.

"Je peux prendre une pause quand je le souhaite." La promesse sonne à ses oreilles et elle manque pas de sourire pour réponse. Impossible pour elle de résister - ni à ce regard, ni à l'alcool, ni à la promesse d'une soirée d'oubli. Elle recherche pas l'inoubliable, elle veut simple s'oublier, n'avoir plus à penser, à être elle, à avoir un pied dans un quotidien qui lui donne la nausée. Elle mentirait pas, en disant que le bonheur qu'elle espérait est devenue un vicieux espoir qui lui échappe. Elle sait qu'elle peut pas atteindre plus, pas attendre mieux. Le désir du quotidien s'échappe à la volonté d'être libre le reste du temps. La nuit lui appartient, lui offre son lot de promesses d'autre chose - autre chose, quelque d'autre, rêve prisé pour n'être que de l'espoir d'ailleurs. Dans son regard à lui, elle se reflète comme une étrangère et s'adore volontairement. "Alors sachez que je suis votre obligé, ce soir. Soumis à tous vos désirs." Elle prend la promesse pour acquise, et quand il contourne le bar pour lui revenir, elle se laisse faire sans deuxième pensée. Pas une once d'hésitation qui l'altère, elle sera sienne si il le veut, et voudra qu'il la possède.

"Soumis à mes désirs, voila une phrase qui a du charme." Assure-t-elle, alors qu'elle le suit vers la piste de danse. Elle est prête à assumer cette soirée, laissant l'alcool la rendre plus légère - et déjà elle n'est plus elle, cachée derrière le masque et loin de ce qui fait son identité, elle peut être qui elle veut. Et elle veut être à lui. "Vous dansez ?" Elle opine, prend sa main, l'attire à sa taille et sans se soucier du rythme de la musique qui sonne à leurs oreilles, elle le sert contre lui, se perd dans son regard, et tournoi à sa demande. Pas moyen pour elle d'imaginer autre chose que d'être serrée contre lui.
Elle a chaud, mais sait que ca ne vient pas de lui - il la regarde dans les yeux et elle sent son coeur qui s'affole et la promesse de plus qui lui assèche la bouche. Elle veut se gorger d'eau, de vodka, de baisers. "Vous me rappelez quelqu'un." "Je suis pourtant unique." Boude-t-elle, continuant à tournoyer sur la piste sans faire cas des personnes qui sont autour d'eux. Sans faire cas du temps, de la musique, de tout ce qui n'est pas lui.

Elle ne sait pas depuis quand elle ne s'est pas laissée transporter de la sorte - trop longtemps sans doute. Trop longtemps et son coeur ne désire pas autre chose. "C'est la première fois que nous nous rencontrons ?" Elle y réfléchit, mais à travers son masque ne trouve que la couleur originale de ses orbes lumineuses. Elles lui sont familières bien qu'elle soit convaincue de ne l'avoir jamais croisé avant. "Je n'aurais sans doute pas oublié un regard comme le votre." Dit-elle pour réponse - s'étonnant d'être parfaitement sincère, plus que véritablement séductrice. Pas que la phrase sonne autrement qu'à la manière d'une invitation, mais elle le pense. Elle est certaine de ne pouvoir oublier ce regard, ce parfum, ce moment. "Vous êtes un bon danseur et un bon barman. Quels sont vos autres talents ?"

En une fraction de seconde, tu abandonnes le poste que tu occupais jusque là pour approcher de la belle, lui sourire et lui promettre par ce petit rictus que la soirée ne va pas se terminer maintenant, malgré cette danse que vous allez partager. Elle te plaît et t'attire, ça n'arrive pas souvent certes malgré l'éternité que tu passes la plupart du temps seul entre deux vies de ta chère et tendre, entre deux retours qui ne durent jamais assez longtemps à ton goût. Et parce que tu n'es pas homme à te refuser quelques instants de plaisir, tu te laisses aller à la guider jusqu'à la piste de danse pour bouger vos corps en rythme avec la musique au dessus de vous. Bientôt tu ne sens rien de plus que son parfum envoûtant, seul le rythme de son cœur vient à tes oreilles et tu as l'impression de revivre quelque chose, comme une scène que tu ne retrouves pas dans ton esprit malgré tes efforts. Pourtant ta mémoire ne t'a jamais fait défaut mais cette fois-ci tu ne trouves pas, sa voix ne te dit rien, pas plus que son regard qui reste pourtant très attirant. Tu ne vois rien de plus de son visage mais déjà ça, c'est largement assez pour toi. « Unique oui, je n'en doute pas. » Que tu laisses échapper dans un souffle, n'ayant pas du tout le désir de la vexer car tu voudrais que cette soirée se termine de la meilleure des façons. Et quelque chose te dit que la femme devant toi n'est pas du genre à tourner longtemps autour du pot, si elle se vexe alors elle prend la fuite sans se retourner, tu serais bien agacé de la voir s'enfuir à travers la foule.

Tu lâches un rire à son compliment, décidant de ne pas relever car si elle se souvenait alors elle te le dirait non ? Il semblerait que ta mémoire te fasse défaut ce soir, qu'importe tu ne vas pas gâcher ce moment agréable pour ça malgré tout. Surtout que la musique se fait plus sensuelle, bougeant vos corps en un rythme presque à l'image d'une danse charnelle qui n'appartient qu'à deux amants ayant le besoin viscéral d'assouvir leur désir. Ta bouche trouve son chemin contre son oreille pour lui répondre, murmurer quelques mots dans un souffle qui vient se perdre dans son cou. Son parfum te fait tourner la tête et te donnerait presque une soif intenable si seulement tu n'avais pas un millénaire de vie pour te contrôler. « Si je vous les révèle maintenant, quel plaisir auriez-vous à les découvrir par vous même ? » Et si tes mains sont sur ses hanches pour accompagner son corps, tes doigts finissent par jouer sur son vêtement pour caresser sa peau à travers, comme si tu cherchais à tapoter sur un piano pour imprimer sur sa peau une douce mélodie. « Que recherchez vous pour ce soir ? Je peux tout vous donner et plus encore, des choses dont vous n'auriez pas idée. Un plaisir... Indescriptible. » Et sans en dire plus, tu laisses ta déclaration faire son chemin tout autant que ta bouche vient enfin goûter la saveur de sa peau, en embrassant sa nuque.