Tu as reçu la convocation il y a deux jours de ça, directement dans les serres de ton hibou de compagnie qui te sert aussi de hibou pour le courrier, en bref tu ne t'attendais pas à tomber nez à nez avec une convocation du professeur Abbot concernant ce jour, te demandant de venir dans son bureau juste après le déjeuner en ce samedi après midi. Au début tu t'es demandé si l'ensemble était une mauvaise blague et puis après avoir réalisée que la signature ne pouvait pas être une fausse, tu t'es mise à te demander les raisons d'un tel courrier. Le professeur Abbot aurait-il eu vent de tes frasques et surtout de tes sorties, de tes fêtes et de la vodka surprise que tu met dans tes verres qui ne contiennent soit disant que du jus de citrouille ? Non, impossible, car d'autres élèves auraient eu la même lettre car ils boivent et souvent avalent des pilules qui font rire trop fort, ce qui n'est pas ton cas. Pas encore ? Sans doute, ta révolte interne te pousse à essayer tout ce qui te passe sous la main ou devant le nez alors ce n'est qu'une question de temps avant que tu n'attrapes une cigarette qui fait rire pour tirer dessus avec trop d'empressement, comme si tu avais l'habitude. Enfin tu as fini par relire la lettre tout en essayant de chercher des réponses à tes questions, cela viendrait-il de tes parents ? Eux qui peinent à comprendre ce qui se passe dans ton esprit, qui perdent patience avec toi quand tu es dans le manoir Fawley ? Ont-il demandé à un ami d'intervenir, tes parents sont amis avec le professeur Abbot d'ailleurs ? Tu n'en es pas sûre, tu te souviens du genre d'amis qui viennent chez vous et ce professeur n'est pas de ce style. Il est trop... Pas assez... Sang-pur. Ou plutôt pas assez maniéré, c'est mieux expliqué comme cela.
Sauf que ça ne te surprendrait pas, plutôt que d'essayer de comprendre les raisons de ta révolte c'est mieux pour eux de chercher si tu n'as pas un soucis en cours. Autant faire l'autruche comme ils ont toujours fait, c'est une technique qui semble payer pour justifier leur ignorance. Alors tu as fini par jeter la lettre au feu et bouder le reste de la journée, sentant l'agacement d'une conversation que tu ne veux pas avoir, pointer le bout de son nez et te rendre morose. De fait le lendemain au réveil, jour de la convocation, tu as traînée des pieds jusqu'à la salle d'étude pour faire tes devoirs et plus encore lors de la pause de midi, car c'est clairement ta dernière possibilité de fuir avant le moment fatidique. Puis l'après repas de midi est arrivé, la cloche a sonnée et tu as fini par attraper tes affaires et marcher jusqu'au bureau du professeur Abbot, le pas lourd et l'esprit agacé de celle qui va devoir affronter une conversation qu'elle ne veut pas assumer.
Ce n'est pas commun pour les professeurs, de convoquer des élèves le week-end. Et l'enseignant Abbot est ton directeur de maison alors tu sais ou du moins tu le sens, que la suite de l'après midi va te rouler en boule. Ainsi avec une attitude que tu veux rendre désinvolte mais qui traduit ton léger stress, tu arrives devant la porte de son bureau et tu tapes trois fois avant d'attendre l'accord pour rentrer. Une fois que tu l'as, tu ouvres la porte du bureau puis tu la refermes derrière toi, avant de poser ton sac dans un coin. « Bonjour, professeur. » Dis-tu simplement en hochant la tête avant de t'asseoir devant son bureau, comme si tu allais affronter le magenmagot. « Vous vouliez me voir ? »
Si les fêtes de fin d’années approchent et que l’effervescence qui les accompagne est au beau fixe de manière générale, ce n’est pourtant pas une ambiance dans laquelle Cole a envie de se laisser aller. Pas maintenant. Pendant que les autres s’investissent dans les préparatifs des festivités, Cole utilise son temps d’une manière différente. La première partie de l’année touchant à sa fin, il estime qu’il est temps de se replonger dans les dossiers de ses élèves – à commencer par ceux dont il est également le directeur. Certaines inspections sont rapides : comportement véritablement irréprochable, notes parfaitement correctes – voire bonnes ou excellentes dans certains cas, avenir presque garanti dans d’autres. En somme, ceux-là n’auront même pas connaissance que le professeur Abbot a une nouvelle fois consulté leur dossier. Pour d’autres encore, il y a des problèmes comportementaux depuis plus ou moins longtemps et des chutes de notes – quand celles-ci ne sont pas basses dès le départ. Dans le cas de ces élèves, Cole leur envoie une convocation afin de procéder à un entretien privé, de professeur à étudiant. Rien de ce qui sera dit dans cette pièce n’en sortira. Pour le professeur, c’est important que les élèves – qui plus est en difficultés – se sentent en confiance afin de lui faire part d’éventuels problèmes qu’il pourrait aider à résoudre. Parmi eux, il y a la jeune Astrée Fawley qui retient son attention. En quatre mois, ses notes ont drastiquement chuté sans que rien dans les mots de ses professeurs n’en expliquent clairement la raison. Alors à l’instar des cas précédemment repérés, Cole se saisit d’une plume, d’un parchemin et rédige une convocation officielle qu’il signe consciencieusement. Un rendez-vous pour le samedi après-midi de cette même semaine. Choix étrange que de requérir la présence d’un élève le week-end mais cela épargne au moins le stress des cours en simultané – à défaut de rassurer sur les raisons de l’entrevue à venir.
Le samedi venu, Cole commence par honorer certains rendez-vous dès le matin. Pas trop tôt afin que les jeunes puissent profiter de dormir un peu en ce début de week-end mais pas trop tard non plus afin qu’il puisse leur accorder à tous le temps de discussion nécessaire. En faisant ainsi, le professeur comprend que certains ont de réels problèmes qui occupent leur esprit et qu’ils n’ont pas la moindre idée pour y faire face convenablement. Pour ces jeunes, Cole fait de son mieux ; faisant appel à ses propres expériences, à son propre vécu pour dérouler ses conseils. L’application de ces derniers dépendra ensuite de l’envie de chacun de se sortir de ses difficultés. Certains prendront peut-être le professeur pour un adulte incapable de comprendre ce qu’ils traversent – alors qu’il a lui-même été un adolescent parfois perturbateur et perturbé – et refuseront de faire l’effort de l’écouter mais il ne s’en formalisera pas. Il est là pour les aider, pour accompagner ceux qui désirent l’être et, de tout son cœur, il veut que chacun s’en sorte… mais malgré sa légilimancie, Cole ne peut pas grand-chose face à ceux qui demeurent irrémédiablement hermétiques à toute suggestion extérieure. Mais pour ceux qui désirent embrasser la vie à pleins poumons, le professeur se fait alors un soutien sans faille.
Sur l’heure de midi, il s’impose de s’arrêter pour manger quelque chose. Un rapide tour dans les cuisines afin de se confectionner un rapide sandwich et prendre un peu d’eau. N’ayant guère l’envie d’encaisser le froid de dehors pour aujourd’hui, Cole mange dans son bureau, nettoyant rapidement ce dernier après avoir englouti son repas. Puis, il attend que la prochaine élève ne pointe le bout de son nez. « Entre ! », lance-t-il à la volée lorsque trois coups se font finalement entendre contre sa porte. Celle-ci s’ouvre sur une Astrée affichant sur le visage un air similaire à celui des autres élèves passés avant elle : celui qui traduit une inquiétude et révèle les questions qui tambourinent certainement sous son crâne. Pourquoi est-elle ici ? Qu’a-t-elle pu faire de mal ? Ses parents sont-ils au courant de cette convocation ? Des possibles doutes qu’il peut parfaitement comprendre même s’il n’a fait de mal à aucun jeune sorcier. « Bonjour, Astrée. Assis-toi, je t’en prie. », l’invite-t-il sans bouger de sa chaise tandis qu’elle pénètre dans la pièce avant de fermer la porte derrière elle et de déposer ses affaires sur le sol, dans un coin. Elle s’installe face au professeur avant de poser la question qu’il ne cesse évidemment d’entendre en préambule depuis ce matin. « Oui, je voulais te voir. J’ai quelques petites choses à voir avec toi. », il ouvre un de ses tiroirs duquel il sort un dossier qu’il pose devant lui : celui d’Astrée. « Tout d’abord, sache qu’il n’est pas question de faire ton procès mais il y a certains points que je souhaite éclaircir. Je ne vais pas passer par quatre chemins : j’ai consulté ton dossier et j’ai constaté que tes notes, qui étaient très bonnes au début de l’année, ont fini par chuter en un peu moins de quatre mois de cours. J’aimerais en comprendre les raisons. Peux-tu me les expliquer ? », les causes valables peuvent être multiples : baisse de régime, problèmes personnels, démotivation pour X ou Y raison… que sait-il encore ! « Sache que cet entretien n’a pas pour objectif de te juger ou te punir. Il vise simplement à me permettre de comprendre ce qui a pu provoquer cette baisse pour que je puisse t’aider autant que faire se peut. Parce que, soyons honnêtes Astrée, tu es une bonne élève et ces dernières notes sont bien en-dessous de tes capacités réelles. », constat évident qu’il se permet de faire parce qu’il l’a lui-même en cours de créatures magiques et qu’elle ne manque pas d’intérêt et de compétences dans ce dernier. « Je t’invite à me parler librement et franchement. C’est important pour que je comprenne de quoi il retourne et que je t’aide en conséquence. Si ça t’effraie, aie bien conscience qu’absolument rien de ce que tu pourras me dire lors de notre conversation ne sortira de cette pièce. »
Tu ne viens pas avec le cœur léger, mieux encore tu aurais envie d'être partout sauf ici cependant le résultat est là, tu n'as pas le choix que d'honorer la convocation de ton professeur. Au pire, tu peux aller où ? Poudlard a été pensé de sorte à ne vous laisser aucune porte de sortie, ainsi c'est soit vous assurez vos cours, vos devoirs et vos rendez-vous avec les professeurs quand vous en avez, soit vous fuyez dans la forêt interdite avec le risque de vous faire croquer un morceau de mollet. Mieux encore il y a bien le village, mais tous les habitants savent qu'une fois le soir venu un élève n'est pas censé se promener comme si rien n'était donc, ils peuvent donner l'alerte. Ca c'est déjà vu et les conséquences ne sont pas belles, tu ne veux pas en arriver jusque là. Car si tu vas au stade de fuguer de l'école, tes parents viendront directement te voir et c'est justement une chose que tu veux éviter. Moins tu les vois et mieux tu te portes, surtout depuis que ta crise d'adolescence a explosé en toi et que tu ne supportes plus leur présence dans la même pièce. L'idée de respirer leur air te fait suffoquer et te donnerait envie de retenir ta respiration pendant des heures. Ainsi il vaut mieux, pour le bien de tout le monde, que tu viennes à ce rendez-vous et que tu assumes. Tu te doutes des sujets qu'il va aborder, tes derniers devoirs sont catastrophiques et les professeurs ont bien essayés de te rattraper.
En vain, tu es en plus de cela aussi têtu qu'un hippogriffe quand tu ne veux pas faire quelque chose. Sauf qu'une mauvaise élève à Serdaigle ça se voit, ça fait tache. Qu'en est-il de l'érudition et de la curiosité si chère au cœur des aigles ? Tu dénotes dans le paysage, chose qu'on ne peut tolérer plus longtemps dans cette maison. Parfois tu te dis que tu aurais aimé être Gryffondor, au moins on aurait mis cela sur ton côté tête brûlé ou alors Poufsouffle, tu aurais fait le minimum et ça aurait été très bien. Mais Serdaigle ? L'horreur pour quelqu'un comme toi. Maintenant que c'est fait il te faut y aller ainsi quand tu rentres dans le bureau avec toute la mauvaise foi de la terre, tu t'installes devant le bureau du professeur et tu attends, non sans bouder royalement tout en restant polie, tu ne veux pas non plus finir avec deux heures de colle car tu auras manqué de respect au professeur Abbot. Et puis tu l'aimes bien... Il est toujours gentil avec ses élèves. Ce n'est pas aux enseignants de Poudlard que tu en veux, c'est bien à la terre entière.
Tu hoches la tête, l'observe de tes yeux clairs ouvrir un tiroir et tu t'attends à voir le dossier qui retrace tes derniers exploits et sans doute les courriers des professeurs qui râlent de te voir chuter dans le classement comme cela. Tu l'écoutes, chacun de ses mots s'infiltre en toi et vient réveiller quelque chose dans ton cœur. Confiance, capacité, rien de ce que tu diras ne sortira d'ici... Mais peux-tu le croire ? Peut-il réellement garder pour lui ce dossier, qui finira forcément entre les mains de tes parents. Et après ? Qu'est ce qui se passera à la fin de l'année ? Quand ils verront encore une fois que tu chutes et qu'ils t'accableront de tous les reproches de la terre ? Alors tu soupires tout en joignant tes mains devant toi avant de baisser les yeux. Tu ne perds rien à être honnête et tu n'en gagneras pas non plus à mentir alors... "J'en ai marre qu'on attende de moi la perfection." Que tu lâches dans un souffle et aussitôt tu sens un poids s'envoler de tes épaules, tel Atlas qui a retrouvé un peu de sa superbe lorsque Héraclès a pris le monde posé sur ses épaules. "Mes parents souhaitent que je sois parfaite. Bonne élève, gentille, discrète, douce... Mais est-ce qu'on me demande une seule seconde ce que moi j'ai envie de faire ? J'en ai marre de devoir travailler des matières qui me barbent et qui ont été choisie comme option par mon père car, d'après lui, ça va m'ouvrir les portes du ministère. Je préfèrerais mourir que de finir dans un bureau !" Et tu arrêtes de parler pour reprendre ton souffle car avec tout ça, tu réalises que tu n'as pas respiré depuis un moment. "De toute façon à quoi bon ? Ils me répètent sans cesse que mes soeurs et mon frère faisaient mieux à mon âge. Ils sont parfait eux... Mais pas moi. J'ai des imperfections... Des choses qu'il faudrait changer en moi. Comme si j'étais maudite."
Ce dernier mot se meurt alors que ton regard se perd dans le vide. Tu finis par lever les yeux vers le professeur puis, réalisant que tu viens de lui avouer tout ce que tu caches depuis des mois, tu détournes le regard comme si tu venais de te brûler. Parce que tu ne veux pas assumer mais surtout, d'un côté tu brûles d'envie d'en parler avec quelqu'un de neutre et de l'autre tu voudrais te taire, car en parler c'est voir tout cela prendre vie, prendre forme, alors que jusqu'à maintenant ce n'était que dans ton esprit, comme une petite voix revenant à l'envie pour te torturer.
Bien sûr que ce genre de convocation n’est jamais agréable – pour personne. Cole le sait bien pour avoir été à de nombreuses reprises du côté des élèves. Oh, il n’était pas un cancre mais certaines mises au point s’avérer parfois nécessaires. Et ça a continué lorsqu’il s’est retrouvé à assumer un boulot qu’il n’aimait pas du tout et qu’il faisait plus par obligation qu’autre chose. Alors oui, le professeur Abbot imagine sans mal l’angoisse qui doit nouer le ventre des étudiants qu’il reçoit dans ce contexte. Il comprend qu’aucun n’ait particulièrement envie de s’entretenir avec lui et préférerait être ailleurs, n’importe où plutôt que dans ce bureau. Mais non seulement ce serait un simple report de ce qui sera de toute façon fait et en plus de cela, les élèves n’ont pas plus d’intérêt à ignorer une convocation officielle – qui plus est émise par leur directeur de maison. Et Cole le promet : il n’a jamais martyrisé un seul jeune sorcier lors de ces convocations et n’a pas l’intention de commencer maintenant. Un message qu’il espère très clair pour tous ceux qu’il a pris la peine de recevoir jusque-là. Cole n’ira pas appeler leurs parents pour raconter à quel point leur enfant a des problèmes et tout expliquer dans le moindre détail. Il préfère gérer cela lui-même, en interne – tant qu’il estime que ça relève encore du domaine du possible. Et d’un autre côté, il s’efforce d’accepter que tous ne requièrent pas son aide et choisissent de ne rien faire ou de s’occuper de leurs soucis par leurs propres moyens. Après tout, montrer qu’il est là pour eux ne consiste-t-il pas non plus à respecter leur décision, qu’importe que celle-ci ne soit pas celle qu’il aimerait ?
Pour ce qui est d’Astrée Fawley, il est encore bien incapable de savoir comment elle va se comporter avec lui. Cole connaît les membres de sa famille – il sait à quel point certains peuvent être têtus et d’autres particulièrement détestables, parfois même les deux à la fois. Mais Astrée lui a rapidement inspiré de la sympathie. Elle est une Serdaigle qu’il pense digne de porter les couleurs de cette maison. Et ses notes du début de l’année l’ont conforté dans cette impression… avant qu’elles ne chutent pour une raison qu’il ne connaît pas encore. C’est dommage car la jeune demoiselle a du potentiel – il a pu le constater les quelques mois où tout semblait aller bien pour elle. Qu’elle ne corresponde pas complètement à l’archétype qu’on attribue à la maison des Bleus et Bronzes n’est pas un problème pour Cole, ce n’est pas ce qu’il demande. En revanche, il refuse que des personnes sous sa responsabilité gâchent leurs capacités, pour peu qu’il les décèle.
La demoiselle Fawley se présente pile à l’erreur, laissant son sac dans un coin avant de s’installer lorsque le professeur l’invite à le faire. Sa moue boudeuse – hurlant son désir d’être ailleurs – n’échappe pas au regard de Cole qui ne s’en formalise pourtant pas. Ce n’est jamais agréable d’être face à son professeur dans ces circonstances, il le conçoit parfaitement. Alors autant la laisser afficher la tête qu’elle veut, tant qu’elle ne manque pas de respect, il ne va pas lui mettre une heure de colle pour… pour quel motif, d’ailleurs ? Expression faciale un peu trop parlante ? Ce serait complètement idiot et parfaitement contre-productif par rapport à tout ce dont il souhaite parler avec la Serdaigle. Il la prépare à ce qui va suivre, sortant un grand classeur d’un tiroir de son bureau de bois vernis, sans chercher à cacher qu’il s’agit du dossier d’Astrée. Il prend le temps de lui expliquer les tenants et les aboutissants de cet entretien afin qu’elle se sente en confiance. Cole peut garantir que rien en sera révélé, à moins qu’elle ne tombe dans des extrêmes qui le forcent à prendre des mesures proportionnelles mais l’objectif est de ne pas avoir à en arriver là. Une fois son introduction terminée, le professeur se tait – laissant Astrée agir et répondre comme elle le veut. Quand elle commence à parler, Cole hoche la tête, l’invitant d’un geste de la main à poursuivre. Il l’écoute attentivement, guère surpris par les propos qu’elle tient. Ces histoires, il les connaît très bien : c’est la crise d’adolescence mêlée aux exigences des familles de sang-pur. « T’es pas parfaite, et alors ? Personne ne l’est et ceux qui le prétendent ne le sont que d’un certain point de vue. Et quand bien même ils seraient universellement reconnus comme tels, qu’est-ce que ça peut faire ? La perfection, c’est ennuyeux. Sois fière de ne pas l’être, ça veut dire que tu es plus intéressante que tes sœurs et ton frère. Tu me demandes : à quoi bon ? Je te répondrai simplement : pour vivre. Parce qu’en définitive, il n’y a que ça qui compte. », pour elle et non pour les attentes d’une quelconque autorité. On pourrait arguer que c’est facile pour Cole – après tout, ce n’est pas lui qui a subi la pression de l’héritier – mais il a tout de même fallu qu’il s’émancipe ; d’une certaine façon de penser, d’une certaine pression familiale portée par son père malgré tout. « Écoute, je suis ton directeur de maison et je te demande pas d’être parfaite. Simplement d’être toi et je sais que ce n’est pas un long fleuve tranquille. Mais je te l’ai dit, je suis là pour t’aider. Quelles sont les options qui te barbent et auxquelles tu voudrais renoncer ? À l’inverse, sais-tu ce que tu aurais envie de faire et quelles options peuvent te plaire ? », il comprend qu’elle n’ait pas envie de travailler dans un bureau, au Ministère. Étant passé par là, Cole sait très bien à quel point cela peut être barbant. C’est pour ça qu’il lui offre cette opportunité de réorganiser ses matières optionnelles. Pour ça et parce qu’il en a le pouvoir et qu’il prend, de fait, les responsabilités de ces changements pour la Fawley – sur laquelle il porte un regard déterminé et bienveillant malgré les yeux fuyants de la Serdaigle.