Amitié dragonesque. [Anastasiya/Ilianna]

Depuis la nuit des temps, les êtres humains se sont demandés d’où ils venaient et vers où ils pouvaient se diriger. Ce désir de connaître non seulement notre passé mais aussi notre futur pèse lourdement sur nous. Le résultat est que nous en sommes venus à diverses explications quant à comment nous sommes arrivés à être ce que nous sommes et où nous irons plus tard. Nous continuons cependant à nous demander ce qui pourrait faire pencher notre histoire. Quels motifs seraient suffisamment astringents pour renforcer notre propre personne. Il existe sans doute de nombreuses explications théistes fournissant des réponses à cette quête et des explications séculières qui abordent le problème et ainsi de suite. Après avoir passé en revue les différentes perspectives de l’histoire de sa vie, la réflexion d’Anastasiya ne se satisfaisait pas à une simple contemplation de la façon dont elle vivait parce que, de diverses façons, on ne lui avait jamais demandé son avis.

A chaque fois qu’elle y pensait, elle insistait à toujours remettre les choses en question et elle restait alors insatisfaite des réponses qu’elle pouvait se fournir à elle-même. Ce qui lui déplaisait simplement c’était de ne pas avoir accès aux réponses qu’elle se posait. Elle attendait avec impatience les résultats concernant les sélections de quidditch. Le temps lui paraissait depuis atrocement long. Son esprit avait tenté de disserter sur les concepts de karma et de renaissance des êtres humains et des autres êtres vivants, mais elle se lassa bien trop rapidement. Elle attendait avec impatience l’émoi qui règnerait dans la salle commune de Serpentard une fois les annonces faites. Elle n’en profiterait pas spécialement, Anastasiya attendait seulement le top départ pour pouvoir rejoindre une certaine Serdaigle. Elle devait suffisamment s’agiter dans son coin sans que la Karkaroff n’en rajoute davantage. A court terme, c’était son fabuleux frère qui avait hérité de son incroyable mood.

Impatiente, Anastasiya faisait les cent pas devant le feu crépitant, son visage marqué par l’exaspération. Aleksey, était confortablement installé dans un fauteuil en cuir, observant sa sœur avec un sourire amusé. Il décida de la taquiner pour tenter de détendre l’atmosphère. Se concentrant, il lui envoya une image mentale qui la surprit sur l’instant : Nastia, laissant échapper une explosion de magie glaciale. Les murs de la salle commune se couvrirent de givre et l’air devint visiblement plus froid – plus que ce qu’il était déjà à la base. Plutôt que de se vexer, la Russe lui répondit par un sourire malicieux. Elle renvoya à Aleksey la suite de sa vision : la glace se brisant soudainement et les fenêtres de la salle commune éclatant sous la pression. L’eau du lac Noir s’infiltrait à grands flots, remplissant la pièce et transformant la résidence des serpents en un remake du Titanic. Les élèves paniquaient et essayaient de s’échapper de la pièce inondée.

Aleksey, loin de se laisser troubler, accepta le défi. Il relança avec une image mentale beaucoup plus dérangeante. Il visualisa Nastia sous les eaux, nageant désespérément pour échapper à une sirène en colère, dont le visage n’était autre que celui de leur mère. Les yeux de la sirène brillaient de reproches, et… C’est là que Nastia coupa le lien mental en éclatant de rire. « ХОРОШО ! Ты выиграл ! »  (« Ok ! Tu as gagné ! ») admit-elle avec fair-play. Elle se tourna vers la sortie, prête à quitter la salle commune et mettre fin à ce jeu de provocations mentales. Mais alors qu’elle actionnait un mouvement vers l’avant, une aura magnétique puissante l’immobilisa. Elle sentit cette force invisible l’engloutir, comme cela lui arrivait dès qu’elle était dans les environs. Sigrid. Un prénom oscillant pour lequel elle était prête à courir jusqu’à l’autre bout du monde. Bien qu’en l’occurrence pour ici elle n’aurait pas besoin de dépasser les frontières de la forêt interdite. Et ce peu importe la taille qu’elle faisait.

A présent, Nastia avançait à travers la forêt interdite, elle ne se posait pas de question quant à la direction qu’elle devait prendre. Cela importait peu à partir du moment où elle n’avait pas besoin de faire demi-tour. Elle se guidait grâce à la pulsation magique qui la liait à Sigrid. Un fil invisible la guidait à travers la pénombre des arbres. L’énergie que Sigrid dégageait impacter aussi le rythme cardiaque de la jeune sorcière, ce dernier était assez erratique et chaotique. Cela ne venait pas de l’énergie de la dragonne mais plutôt de la mauvaise endurance de Nastia. Son cardio était vraiment à la limite du néant mais cela ne semblait pas l’arrêter. Chaque pas qu’elle faisait était une réponse à l’appel silencieux de Sigrid, un appel qu’elle ne pouvait ignorer. Le silence était presque total, seulement perturbé par le bruissement occasionnel des feuilles et le craquement des brindilles sous ses pieds. Enfin, après ce qui sembla être une éternité, Anastasiya débarqua enfin dans le champ de vision de celles qu’elle cherchait.

Un calme inattendu régnait, un contraste saisissant avec la difficulté de la Russe à reprendre correctement son souffle. C’est en soufflant, qu’elle s’approcha doucement jusqu’à ce qu’elle reconnaisse la silhouette familière proche de Sigrid. « Lia ? » Cela sonnait plus comme une affirmation que comme une question rhétorique. Ne voulant agiter le calme olympien des deux âmes qui l’entourait, Nastia resta un peu en retrait. « Vous deux, ici ? » Une charmante consternation. Le destin faisait parfois bien les choses. « Quelle charmante compagnie vous offrez ! » Réduisant l’écart avec Ilianna, Nastia semblait confiante face à leurs échanges et il ne semblait pas y avoir matière à s’inquiéter. Ilianna souriait. Quant au dragon, elle semblait assez impassible malgré la proximité de la Serdaigle. « J’espère ne pas avoir interrompu une réunion importante ? Qu’est-ce que vous mijotez ? Un assaut sur Honeydukes peut-être ? » Son stock de friandises aurait bien mérité d’être renouvelé. Elles s’organisaient peut-être une future partie de chasse en duo ? Ou un débarquement sur Poudlard ? Un dragon et un demi-vampire qui chassent ensemble, Nastia trouvait cette image assez intéressante. On repasserait pour la discrétion de la créature volante. Quant au reste, le serpent ne pouvait échapper au regard de la dragonne. Ses yeux dorés, aussi profond que l’univers, fixaient Nastia avec une curiosité tranquille alors qu’elle se dirigeait naturellement vers elle.
 

 

Elle l’entend ! Cet écho qui surgit du plus profond du vide. Une seconde. C’est tout ce qu’il lui fallait pour comprendre de quoi il s’agissait. Ou plutôt de qui ! Pour elle, la moindre seconde était de trop. Et la distance qui l’éloignait d’elle était une insulte à sa profonde et parfaite existence. Elle ne se demandait jamais comment ce lien s’établissait et comment ça pouvait être si intense. Non. Son instinct la poussait seulement à se rapprocher de ce qui était bon pour elle. Lorsque le temps lui accordait sa présence, elle en profitait, tout simplement. Elle ne renvoyait pas de question à l’univers. S’attendre à une réponse logique du cosmos ? Jamais. Anastasiya n’accordait pas autant de foi à l’espoir. Parce que vous savez ce que l’on dit de l’espoir ? Il n’apporte que le malheur. Elle était l’humaine de Sigrid, mais la réciprocité était évidente. Après tout, c’était la dragonne qui décidait quand elle se pointait, et où elles allaient. C’était bien trop souvent la Karkaroff qui courrait derrière elle, et pas l’inverse. D’un autre côté, la discrétion de l’une rattrapait la taille de la seconde. Un dragon au milieu du parc de Poudlard, oui, cela ferait fortement sensation.

Elle voyait déjà le bazar imminent que cela ferait. Il n’y avait qu’à voir l’attention que provoquait l’espèce de buisson magique en forme de dragon que l’on trouvait près des serres. Il attirait l’attention des premières années, et était responsable de légères turbulences. Anastasiya le trouvait toujours fascinant, mais certains élèves savaient le rendre assez glauque dès lors qu’ils décidaient de s’en servir comme mannequin d’entraînement à sortilèges. C’était d’un vulgaire. Si un jour Nastia devait choisir une cause à défendre à Poudlard, ce serait celle-ci. Seul combat qu’elle ne refuserait pas de maintenir devant le conseil des purs. Elle imaginait d’avance la réaction des membres face à cette recommandation. Une belle rigolade tellement ça paraissait absurde. Quoi que si elle arrivait à glisser à ça une demande d’extradition pour Sigrid, ça pourrait peut-être se jouer. Son frère aîné passait son temps à se plaindre qu’elle faisait trop le mur et qu’elle ne dormait pas assez. Si elle pouvait dormir avec sa peluche géante, pour sûr, elle ne quitterait plus les cachots. Mais avait-elle envie de servir de garantie à un dragon ? Toujours absurde.

Elle en rigolait, mais qu’est-ce qu’elle ne donnerait pas pour une garde à temps plein. Avec elle, c’était comme être sous calmant, planer sans pouvoir redescendre. Une euphorie constante. Et en son absence, c’était comme être en état de manque constant. Une torture infinie dont elle s’acquittait. Dans le quotidien, elle tentait de faire comme si de rien n’était. Mais son cœur lui se contractait constamment. Pris dans un étau bien trop étroit pour être acceptable pour sa conscience. Cela la rendait bien souvent disponible, mais pas comme elle pouvait l’être. Son énergie chaotique prenait le pas sur son émotivité évidente, faisant bien trop souvent vibrer les murs de l’école.

Mais avec les deux âmes qui l’entouraient, elle avait de quoi se calmer. Finalement, elle prenait conscience que s’être agité toute la journée n’avait servi à rien. Le temps avait fini par lui apporter les deux choses dont elle avait eu besoin depuis le matin. Où alors ? Était-ce justement son état d’agitation qui avait éveillé un appel à la dragonne pour tendre une embuscade à la Serdaigle. Si on soumettait la théorie à la Karkaroff, elle la validerait sans hésitation. Mais à l’instant, elle s’en foutait bien. Bien trop focus sur des choses plus importantes. « Tu me flattes, mais je refuse toujours d’être votre goûter ! » Scandaleux comme humour ? On adore ! Pas sûr que les deux apprécient, mais Nastia ne pouvait s’en empêcher. Surtout lorsque ce n’était pas approprier. Elle ne put s’empêcher de rire face à la réponse d’Ilianna et du souffle bruyant de Sigrid.

Instinctivement, Anastasiya fut rejointe par son amie. Laquelle c'était approché de l’autre ? Elle n’était pas assez attentive pour le savoir, son attention voguant vers la suite. « Attends ! Juste comme ça ! Donc toi quand tu te balades, tu… » Elle lui était vraiment tombée dessus, comme ça juste en se baladant ? « tombes sur des dragons. » Elle lâcha un rire nerveux. Wait ? Et elle enchaînait de manière nonchalante en lui demandant ce qu’elle venait faire. « Oui, d’accord ! En quittant la salle commune, mon plan initial était de venir te trouver ! J’avais une question à te poser. » Et quelque chose de plutôt important. « Mais en chemin, j’ai senti son appel. » Elle désigna Sigrid du regard. Elle haussa légèrement les épaules, comme si ce genre de situation n’était pas si inhabituel. « J’ai décidé de la suivre. Alors me voilà, et toi aussi ! » Une coïncidence ? Même si c’était le cas, Nastia n’y croirait pas.

Terminant de s’expliquer, la Slave laissa son regard vagabonder jusqu’à l’endroit où se trouvait la dragonne. Le soleil, timide, perçait à peine à travers la végétation, laissant tomber néanmoins des rayons épars qui dansaient sur les écailles de la créature. Ces touches de lumière créaient des contrastes saisissants, transformant Sigrid en un tableau mouvant où chaque détail semblait empreint de magie et qui semblait charmer une sorcière. Prise dans l’envoûtement, Anastasiya sentit ses pieds avancer sans qu’elle ne leur ordonne quoi que ce soit.  
Ses pas étaient lents, mais assurés, la dragonne baissa la tête pour venir frotter doucement son museau contre l’épaule son humaine, en la poussant légèrement. Anastasiya laissa échapper un petit rire étouffé alors qu’elle se jetait sur le museau de la dragonne. « тоже рад тебя видеть! ты умеешь заставить себя ждать! !Ravie de te voir aussi ! Tu sais te faire désirer ! » murmura-t-elle d’une voix douce, à la fois pour elle-même. La dragonne répondit par un léger grognement, un son qui ressemblait presque à un ronronnement apaisé. Anastasiya resta un petit moment, sa main posée sur le nez de la créature, absorbant la sérénité qui émanait de ce lien unique. Après un cours silence, elle se retourna vers son amie, un sourire légèrement machiavélique mais détendu. « Tu voudrais venir lui dire bonjour ? » Est-ce qu’elle se sentirait prête à le faire ? Maintenant ? Ce qui était sûr c’est que Nastia ne le lui proposerait pas si elle ne la considérait pas. Elle était un poil possessive avec ceux qu’elle aimait. Ilianna n’avait désormais plus cette chance : celle de pouvoir essayer de la semer.