Snakes are cold-blooded creatures •• Amycus, Kenan, Orpheus

Y'avait comme qui dirait une forme de rituel, que vous aviez instauré dans votre dortoir depuis votre première année passée, ensemble. C'était de vous retrouver, à un moment donné de votre existence, dans une bulle sécuritaire d'argent et d'émeraude qui n'était nulle autre que votre dortoir. Comme ça, vous étiez en mesure de ne pas être dérangés et toi, Lazarus, ça t'allait très bien comme ça.
Même si, tu savais que ce soir, ça serait à ton tour de t'y plier.

... mais par pure et simple habitude, c'était pas seul que tu arpentais les couloirs, ni que tu te rendais aux cuisines à la nuit tombée. Juste avant l'instant, où toi,  et tes camarades ... vous serez en mesure d'être réunis.
Et par Salazar, peut-être que t'avais réussi à un peu trop charmer les Elfes de Poudlard, vu ce que vous aviez dans un énorme sac avec Pheus. C'était votre butin de la soirée, en somme.
Avec un large sourire, tu sentais bien que cette période du mois de janvier, elle paraissait être bénéfique pour ton camarade.

Tu savais pas en quoi, mais c'était l'impression que ça te donnait. Même que t'avais remarqué, une espèce de trace dans son cou, que tu pouvais imputer à une forme de morsure, sans en être certain pour autant.
Mais, t'en avais rien dit. Tandis que vous repartiez en sens inverse, toi Lazarus, heureux de toutes ces trouvailles.

- Je crois que les Elfes ont craqué. On en demandait pas autant ! Que tu t'exclamais pas si fort que ça, dans les couloirs. Histoire que les Préfets et Préfètes ne soient pas à l'affût pour vous coller une retenue et empêcher cette soirée de se dérouler sous de chouettes auspices.

Éviter les représentants de l'ordre avec leurs insignes, t'en étais pas coutumier. C'était d'ordinaire ton meilleur ami qui passait un peu trop aisément entre les mailles du filet. Bien entendu, il avait déjà réussi à se faire potentiellement attraper, mais toi, jamais. Et, tu comptais bien à ce que ton dossier reste vierge afin que tes parents ne crient pas à la honte dès qu'ils te revoient aux futures vacances !
Toi, tu savais potentiellement qu'Icarus, lui, il aurait probablement merdé.

Or, il n'était pas là pour te voir. Et, il n'était pas là pour profiter de ce temps avec tes amis. Amis, que t'avais grande hâte de retrouver. Parce qu'il vous manquait juste Amycus et Kenan, Castiel ayant ... disparu.
C'était pas qu'il te manquait, parce que l'animosité avec lui, s'était accrue au fil des années. Et, vu que Pheus avait toujours raison, quoiqu'il se passe ... vous aviez fait front commun.

Arrivant à votre dortoir, tu en venais à déposer ton sachet sur le dessus de lit brodé d'argent, de ton lit à baldaquin. T'asseyant en tailleur, et profitant encore un peu du calme naissant dans cette pièce, dont le silence était seulement rompu par le clapotis des eaux du Lac Noir, contre vos vitres.
Ça se sentait que t'étais impatient. Et, que t'étais bien moins stressé qu'à ton arrivée dans ce même dortoir.

... parce que les années s'étaient écoulées sans se ressembler et que cette fois-ci, t'avais clairement envie de tenter quelque chose. Du genre qui ferait tiquer le Carrow, juste pour te faire sourire toi.
Cependant, l'autre Batteur de Serpentard ... t'attendais de voir dans quel état d'esprit il pouvait se trouver, lors de votre petite réunion intimiste. T'avais juste pas envie qu'il t'en colle une et que tu finisses à l'Infirmerie. Juste pour une chaussette déposée négligemment sur sa literie.

Et, en parlant du Serpent ... non des Serpents ... on en voyait les écailles !

- Heeeey ! Tu souriais, encore plus à Orpheus, bien évidemment.

Dans la tête de Kenan en ce moment, il y avait le Quidditch et cette fille qu'il avait rencontrée quelques jours plus tôt. Mais là, il voulait juste se changer les idées et quoi de mieux qu'une soirée juste entre mec ? Il était souvent avec Manue mais ces derniers temps elle était plongée dans ses révisions ou... plongée autre part... Bref, il avait besoin de présence masculine et qui de mieux que ces partenaires de dortoir, qu'il partageait depuis plus de cinq ans déjà. De toute façon, avec le froid qu'il faisait dehors, il n'y avait pas d'autres endroits pour passer un petit moment entre amis, et dans le dortoir ils allaient être tranquilles.

Il savait qu'il pouvait compter sur Lazarus et Orpheus pour s'occuper des collations, là-dessus, il n'y avait pas de soucis à se faire. Kenan était déjà dans le dortoir avec Amycus, maintenant, il avait un secret en commun à garder sur une certaine relation. Ils n'avaient toujours pas parlé depuis, il ne fallait mieux pas, c'était un sujet compliqué, surtout pour des sang-pur comme eux. Le Turque savait que Manue avait déjà eu une conversation avec lui, et c'était le principal. Tout comme Amycus était prêt à tout pour sa soeur, Kenan était prêt à tout pour Manue, elle était comme sa soeur, même s'il avait déjà une jumelle.

Le poursuiveur de l'équipe des verts et argents avait quand même pris soin de s'habiller avec classe, comme toujours. Ses parents lui avaient répété qu'en société, peu importe avec qui, il devait être présentable et toujours très bien habillé. Posé sur son lit, Kenan se tourna vers Amycus.

- Comment vas-tu ? Ca fait un moment qu'on ne s'est pas parlé tous les deux.

Il se rappelle de leur première rencontre en première année, le premier jour après la cérémonie de répartition. Kenan se rappela qu'à cette époque il avait du mal avec l'anglais encore, tout comme sa jumelle, ça devait être dur pour ses camarades de déchiffrer son accent. Peu de temps après, la porte du dortoir s'ouvrit.
"Heeeey !"
Laissant entrer Orpheus et Lazarus qui posa un gros sac sur son lit, visiblement il y avait de quoi faire.

- Salut les gas! Vous avez dévalisé la cuisine ou quoi ?

Poudlard était comme un microcosme, qui se trouvait d’une certaine manière coupé de tout le marasme qu’était la vie. Si ce genre de pensées ne m’aurait pas spécialement traversé l’esprit autrefois, compte tenu de l’influence notable qu’avait le monde extérieur sur la vie des étudiants, que ça soit à cause de la politique, du terrorisme, ou des différents groupes sociaux instaurés par nos aînés, aujourd’hui je pouvais clairement affirmer que ça n’avait rien de comparable. Parce qu’ici, la vie avait repris son cours, comme si de rien n’était.

Aucun de mes camarades de chambrée n’était au courant de l’épisode des vacances d’hiver. Peut-être certains avaient-ils entendus parler de ma fugue, puisque les Goyle avaient fini par y mêler les autorités de manière succinte, mais c’était tout. Et ce n’était certainement pas ce qui pouvait choquer mes partenaires de dortoir, qui connaissaient ma propension à enfreindre les règles. Cependant, aucun d’eux, pas même Lazarus, n’avait conscience du fait que si les choses s’étaient déroulées comme je les avais initialement pensées, jamais je n’aurais dû revenir à Poudlard. Ma présence ici n’était due qu’au simple fait que les Goyle avaient fini par me récupérer par l’intermédiaire d’Emrys Gaunt.

Cependant, force était de constater que les choses avaient peu à peu évolué en mieux. Mes épisodes de rage de la fin 1980 étaient relégués dans un tierce plan, pour peu qu’on ne vienne pas expressément me chercher des noises. J’aimais ça, me battre, après tout. En réalité, à l’heure actuelle, j’avais le sentiment que ma vie se trouvait dans un flou complet. Un brouillard opaque, qui ne me laissait, pour l’heure, pas particulièrement la possibilité d’envisager une quelconque solution sans me heurter à de multiples questions sans réponses. Alors j’avais pris le parti de me laisser simplement porter par le courant, à savoir les études et la vie au château. Et dans ce flou, il y avait bien pourtant une singulière récurrence, qui elle aussi changeait drastiquement de mes années passées. Et cette dernière soulevait, elle aussi, bien plus de questions qu’elle ne donnait de réponses.

Mais pour l’heure, j’avais aussi mis ce point de côté. Point qui m’avait allégrement dévoré la gorge avant que je ne lui spécifie qu’il fallait que je retrouve Lazarus vers les cuisines. Car mon  meilleur ami et moi avions une mission pour laquelle nous étions plutôt doués, et si, lui, négociait avec les elfes pour obtenir moultes victuailles, moi je repérais le meilleur chemin pour éviter les rondes des préfets et des professeurs. En outre, ma nouvelle alliée de circonstance m’avait sans doute facilité des choses sans que le Fawley n’en ai conscience.

« Faut croire que t’es doué en persuasion, Az’ ~ » que je lui répondais à mi-voix au sujet de notre butin, alors que je nous faisais prendre des chemins détournés que je connaissais comme ma poche pour regagner la salle commune.

Traversant cette dernière parfaitement vide en cette heure, nous regagnâmes le dortoir, déjà occupé par les deux autres serpents. Laissant Lazarus déballer le butin, moi j’esquissais un simple sourire que d’aucun aurait pu qualifier d’arrogant, en réponse à la question de notre ami turque.

« Lazarus a hypnotisé les elfes avec brio. » répondis-je dans un mélange opaque de vérité et de mensonge tout à la fois.

C’était le résultat qui comptait, non ?

Tu as passé une bonne partie de l'après midi en compagnie d'Echo dans le village de Pré au lard, à profiter l'un de l'autre et surtout d'une énorme vente flash dans la boutique de Zonko. Si vous n'avez jamais eu à cœur de faire des farces à tout va pour vous faire remarquer, il n'empêche que les sucreries que Zonko vend notamment des bonbons qui modifient la voix et le visage te font toujours de l'oeil, surtout quand on sait qu'elle soirée vous préparez avec les garçons. C'est un rituel qui est observé aussi souvent que possible quand vous n'avez pas le Quidditch, les clubs ou vos occupations annexes. Toi quand tu n'es pas sur le terrain ou à travailler, tu profites de Echo et de cette nouvelle intimité qui s'est installée entre vous. Surtout que d'ici deux week-ends tu seras chez elle pour discuter avec son père et son frère, afin de mettre cette relation à plat et de demander officiellement si il peut la courtiser. Tu es angoissé mais pas autant que l'idée de faire les choses mal, car tu sais que le paternel Rowle t'adore et qu'il y a peu de chance qu'il refuse à sa fille quelque chose qui la rend heureuse.

Puis une fois de retour au château, vous vous êtes embrassé une dernière fois après le dîner avant que chacun rejoigne son dortoir respectif. Toi par les escaliers qui descendent, elle par ceux qui montent et qui se transforment en toboggan si tu essayes de la suivre. Ainsi ça te laisse le temps de prendre une douche et de te préparer avec un pantalon gris large et un pull vert aux couleurs de ta maison. Tu abandonnes le costume et surtout la tenue de sorcier pour ce soir, tu as envie d'être à l'aise avec tes copains. Là, posé sur ton lit une fois que tu attends que Lazarus et Orpheus arrivent, tu te tournes vers Kenan avant de lui sourire. « C'est vrai, on court partout... Ca va et toi ? » Que tu lui demandes avant d'entendre des pas qui montent vers le dortoir tout en devinant que les deux copains arrivent. Il ne manque que Castiel... Pas que le jeune homme se soit foutrement bien entendu avec vous mais malgré tout depuis sa disparition, tu te demandes bien ce qui a put lui arriver. Certes vous vous disputiez souvent surtout vu ton caractère concernant le rangement et l'ordre au sein du dortoir mais quand même voir un élève partir et ne jamais revenir, ça marque toujours un peu. Ne serais-ce que parce qu'on se demande si il va bien... Ou pas.

« Salut les gars ! » Que tu lances aux deux presque frères tout en lui faisant un signe de la main. Tu te redresses sur ton lit tout en avisant l'énorme sac. « On voit où va leur préférence, aux elfes ! » Tu sautes sur tes pieds avant de ramener ton propre paquet de bonbons, énorme et prêt à exploser. « Et voilà des sucreries de chez Zonko. De quoi nous faire rugir comme des lions ou parler comme des premières années ! » Et c'est toujours drôle de finir avec un défis à relever. Souvent toi tu te retrouves avec une barbe ou un nez trop long. « Bon, on la commence cette soirée ? J'crois qu'on a tellement à se dire ! » Et tu as bien du mal à cacher ton excitation qui se traduit pas un grand sourire.

Au fur et à mesure des années passées à organiser ce genre de soirées auxquelles votre dortoir était convié ce soir, t'étais passé maître dans l'art de subtiliser aux Elfes de Poudlard, une bonne partie de leurs victuailles. Pourtant, tu ne te destinais pas à un métier d'orateur, Lazarus. Toi, tout ce qui pouvait t'intéresser ... c'était la maîtrise exceptionnelle des Potions. Cette matière à la fois complexe et passionnante, dans laquelle, tu n'avais pas vraiment besoin de travailler.
Ajouté à cela, l'effet de persuasion envers les Créatures, visiblement.

Les employés aux oreilles pointues du Château séculaire, se succédaient avec leurs trouvailles salées et sucrées, autour de ton énorme sac, qui lui, commençait à se remplir et souffrir d'une lourdeur sans précédent, Lazarus. Pour un évènement pour le moins réussi, t'avais aussi obtenu de l'alcool sous forme de Biéraubeurres. Alors que tes iris sombres eux, scrutaient les bouteilles de Whisky Pur-Feu, présentes sur les différentes étagères. Un sourire, un compliment savamment placé, et tu la récupéras enfin, cette si jolie bouteille.
Ça, c'était l'apothéose même de la persuasion !

- Je pense qu'on a assez pour tenir d'autres soirées ! Que tu t'exclamais en riant, pas trop fort non plus, parce que tu t'attendais à trouver au moins la Préfète de septième année de votre Maison sur votre chemin. Or ce ne fut pas le cas. Car, tu la savais pugnace et fière de son emblème qu'elle arborait sur vos couleurs communes.

... mais là, personne.
Surtout que Pheus, lui, trouvait les meilleurs passages pour vous éviter des problèmes, si jamais vous les rencontriez. Et ça, c'était pas plus mal, Lazarus.
Heureux de passer un tel moment avec vos deux acolytes restants que vous vous dépêchiez de rejoindre, tu leur offrais un grand sourire. Octroyant même une révérence appuyée, quand on salua ton exploit au sein même des cuisines.

- Y'a VRAI-MENT de tout. J'espère que vous avez faim et soif parce que- En disant cela, tu déballais votre larcin, -qui n'en était pas un finalement ; vu qu'il n'avait pas été dérobé sous la contrainte-. Larcin qui se composait d'une bonne partie de tourtes à toutes les saveurs possibles, de la citrouille, des snacks délicieux, du chocolat mais surtout ... de l'alcool. Bouteille que tu tendais à chacun d'entre eux, avec un sourire.

Sourire qui s'intensifia à la mention de Zonko et de toutes ses sucreries qui seraient certaines de vous faire passer un instant des plus agréables. Même si, t'étais moins enclin à rugir comme un Lion, tu pouvais faire l'effort cette fois-ci ! Toi, t'étais certain de grignoter le bonbon qui te fera siffler de la fumée par les oreilles. Ou un truc encore plus extrême ! De toute manière, vous étiez là pour vous amuser. Et- comme l'avait dit Amycus : il était grand temps de la commencer cette soirée, étant donné que vous aviez plein de choses à vous dire !

En décapsulant d'un coup de baguette ta propre Biéraubeurre, tu faisais trinquer ta bouteille avec celles des autres. Buvant une gorgée, tout en jetant une œillade à ton meilleur ami, qui lui, en avait peut-être des choses à dire ?

- Plein de trucs à se dire ? Qui veut commencer ? Si tu posais cette interrogation, c'était que toi, t'en repoussais l'échéance. T'attendais avec une patience extrême de Serpent, que les autres se livrent. Et, tu savais que d'office ... ça sera croustillant. Tant qu'à faire, hein.

Le mois de Janvier était sûrement le plus déprimant de l'année et le plus long aussi, le temps passait beaucoup moins vite pour le turque. Kenan se sentait un peu seul depuis quelque temps, mais il devait prendre du recul pour ne pas retourner dans ses vices. Il avait arrêté les conneries avec les filles depuis peu, il devait encore se débarrasser de certaines qui le collaient toujours pour essayer de le garder en petit ami. Evidemment il avait été méchant avec elles pour qu'elles comprennent qu'il n'y aurait jamais rien.

Depuis quelques jours, il avait quelqu'un en tête, une rencontre qu'il avait faite dans cette magnifique salle commune des verts et argents, une certaine Serpentard dont il ne citera pas le nom tout de suite, ça pouvait porter la guigne de trop s'avancer sur le sujet. Mais ce soir, petite soirée en perspective avec ses colloc de chambre, ils se connaissaient depuis six ans et ce n'était pas la première fois qu'ils faisaient ça. Pour le moment, il était seulement en présence d'Amycus, ça faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas retrouvés seulement tous les deux.
« C'est vrai, on court partout... Ca va et toi ? »
Il ne pouvait pas lui dire qu'il avait toujours la haine de ne pas avoir été élu capitaine de l'équipe de Quidditch, ce poste était fait pour lui. Il était égoïste ? Oui, complètement, et très frustré pour le coup. C'est d'ailleurs pour ça que sous son lit, il avait une bouteille d'un alcool moldu assez forts, ils étaient plutôt fort sur le sujet, on ne pouvait pas leur enlever ça.

- J'ai connu des jours meilleurs...

Il n'eut pas le temps de finir que la porte du dortoir s'ouvrit, laissant passer Lazarus et Orpheus les bras chargés. Kenan se leva de son lit, son ventre s'était réveillé en voyant tout le sucre déposé devant lui, il était au paradis. Il rigola aux paroles d'Orpheus quand il disait que Lazarus avait hypnotisé les elfes, à chaque fois que le turque entrait dans les cuisines en secret, les elfes le regardaient d'un mauvais oeil ce qui faisait flipper le jeune homme. Amycus sortit lui aussi un paquet de bonbons de chez Zonko, visiblement à partir de ce soir ils allaient devenir diabétiques. Kenan ouvrit sa valise qui était sous son lit pour sortir la fameuse bouteille.

- J'ai cette bouteille, elle vient de chez les moldus c'est du rhum, mais je crois qu'on ne devrait pas la boire tout de suite si on veut discuter et que nos conversations restent compréhensibles.

Il posa la bouteille sur son lit, la dernière fois qu'il avait bu ça, il avait très mal fini et ne se souvenait plus de la fin de soirée. Il prit une bière au beurre qu'il ouvrit et trinqua avec ses amis avant de boire quelques gorgées, il avait toujours aimé ce breuvage.
"Plein de trucs à se dire ? Qui veut commencer ?"
C'était Lazarus qui avait posé la question, Kenan décida de se lancer, à quoi bon faire attendre. Il posa sa bière sur sa table de nuit et leva la main pour se désigner à ouvrir le bal comme on peut le dire.

- Je me lance. On va dire que j'ai commencé une cure d'abstinence niveau sex, j'ai failli me faire empoisonner par une fille qui avait très mal pris mon rejet, je crois que c'était le déclic pour stopper ça.

Cette histoire, il s'en rappelait très bien, si Manue n'avait pas été là, il aurait sûrement fini à l'infirmerie dans un sale état, même un cognard dans le ventre n'aurait pas fait autant de dégâts.

S’il y en avait bien un qui ne me manquait absolument pas dans notre dortoir, c’était ce botruc mal luné de Castiel. Nul n’était sans savoir la guerre féroce qui nous déchirait, lui et moi, depuis nos premières années, et qui avait sans doute pris un tournant notable à partir de la troisième. Tournant auquel s’était joint Lazarus, d'ailleurs. Alors voir son lit vide, tiré au carré, autant dire que ça ne me faisait absolument rien. Je ne pouvais même pas dire que j’en tirais de la satisfaction, car cette détestable présence, même si elle m’horripilait, était aussi le reflet d’une période parfois moins compliquée qu’elle ne l’était à présent. En outre, force était de constater que ça faisait longtemps que nous n’avions pas honoré ce petit rituel qu’était la soirée au dortoir. Il fallait dire que la période ne s’y était pas prêtée, entre les soucis personnels -surtout les miens, de fait- et le rythme instauré par la nouvelle direction de l’école.

Attrapant la bière que me tendait Lazarus, j’avisais d’un oeil amusé la masse de bonbons qu’avait dégoté Le Carrow chez Zonko, puis le bouteille de rhum de Kenan. Nous avions de quoi passer une sacrée soirée, et cette perspective me plaisait bien. M’asseyant sur le bord d’un des lits, j’ignorais sciemment la question lancée à la volée de mon meilleur ami, n’ayant pas particulièrement envie de m’épancher sur ma vie, et encore moins en premier. Pas qu’il n’y ai rien à en dire tout au contraire… mais ça me regardait moi.

Ce fut à Kenan de prendre l’initiative de la parole, levant la main pour se signaler. Mes iris se déportèrent sur lui, alors que je portais le goulot de la bouteille à mes lèvres, manquant alors de recracher ma première gorgée. Et ce n’était en aucun cas à cause d’une potentielle mauvaise qualité de la boisson !

« Sérieusement ?! P*tain… elle t’a mis quoi ? Un truc pour te faire vomir les tripes ? C’est laquelle, que je l’évite ? »

A l’instar du turque, j’avais une réputation bien bâtie de bourreau des coeurs. Et même si l’actuelle demoiselle qui s’était pendue à mon bras me dissuadait à sa manière d’en prendre une autre en même temps qu’elle, l’information restait bonne à prendre. Sait-on jamais. Des gifles, des insultes, des rixes avec un frère ou un ami de l’éplorée, j’avais déjà eu… mais me faire empoisonner ?! Je comprenais un peu la réticence du turque, et me disait d’ailleurs que si j’avais le malheur de tromper la Gaunt et qu’elle s’en apercevait, elle serait bien du genre à me faire un coup similaire.