Adriel - Missed me, loosers ?

"'Ton ! Hitoir, hitoir"
Tu souris, en baissant tes yeux sur Archie, ton filleul, ton cigare entre les lèvres, le verre de whisky sur l'accoudoir du fauteuil. Il tient un livre de contes entre les mains. Ce soir, tu es de garde d'enfants pendant qu'Evan et Allegra sont tu ne sais plus où. Enfin, plutôt tu gères la nourrice et surveille qu'elle ne fasse pas de conneries. D'ailleurs, en parlant de celle-ci, elle débarque dans le petit salon où tu te trouves, le visage pâle, tremblante comme une feuille, se confondant en excuses. Elle te dit, enfin du moins de ce que tu arrives à comprendre, que le petit s'est sauvé de la chambre, et qu'il voulait que tu lui racontes une histoire. Agacé par elle, tu la renvois d'un geste de la main. Elle s'excuse de nouveau, et tu entends ses petites chaussures claquer contre le sol dans une démarque précipitée. Tu finis ton whisky et poses le verre vide sur le guéridon et tu éteins ton cigare pour ne pas intoxiquer Archie. Tu prends l'enfant sur tes genoux, lui ébouriffant les cheveux au passage et ouvre son livre de contes.

"Il était une fois trois frères qui voyageaient au crépuscule, le long d'une route tortueuse et solitaire. Après avoir longtemps cheminé, ils atteignirent une rivière trop profonde pour la traverser à gué et trop dangereuse pour la franchir à la nage. Les trois frères, cependant, connaissaient bien l'art de la magie. Aussi, d'un simple mouvement de baguette, ils firent apparaître un pont qui enjambait les eaux redoutables de la rivière. Il étaient arrivés au milieu du pont lorsqu'une silhouette encapuchonnée se dressa devant eux en leur interdisant le passage."

Ces trois frères, un peu comme Allegra, Evan, et toi. Trois sorciers indissociables, tu ne pourrais pas vivre sans eux. Allegra, ta cousine, que tu aimes comme une sœur. Tu tuerais pour elle, tu la protégerais envers et contre tous. Elle t'est précieuse, plus que n'importe quel saphir ou diamant qui se trouve dans ton coffre à Gringotts. Evan, meilleur ami depuis votre première année à Poudlard, il est également comme un frère. Vous deux contre le reste du monde, vous êtes partis en vendetta contre les mangemorts ensemble. Jamais l'un sans l'autre, même dans les pires batailles, les pires combats. Il n'y a pas de Mulciber sans Rosier, pas de Rosier sans Mulciber. Torturés tous les deux, toi par Lucius, vous avez su vous relever et faire front contre les mangemorts.

"C'était la mort et elle leur parla. Elle était furieuse d'avoir été privée de trois victimes car, d'habitude, les voyageurs se noyaient dans la rivière. Mais elle était rusée. Elle fit semblant de féliciter les trois frères pour leurs talents de magiciens et leur annonça que chacun d'eux avait droit à une récompense pour cette montré si habile à lui échapper."

La Mort, tu l'as si souvent côtoyée. De part tes victimes d'abord, des sortilèges de torture et de mort prononcés bien trop souvent. Mais il le fallait. Pour Voldemort, tu as beaucoup tué. Pour toi, pour ta famille, pour les tiens. La Mort, tu te réconfortais en elle, déversant toute la haine que tu avais à l'intérieur de toi sur les autres. La Mort d'un être cher, ton corbeau, qui était comme une extension de toi. Fidèle compagnon, qui te suivait partout, mort de la baguette de Lucius. Ô il n'y a pas pire torture que te perdre une être cher. Désormais tu as un augurey, Moon, offert dans ton parrain, Kalel. Tu tournes la tête sur la gauche, pour voir l'oiseau dormant paisiblement sur son perchoir. Il ne remplacera jamais Raven, mais il est parfait et t'est fidèle. La Mort, que tu as frôlé tant de fois, pour un Maître qui n'en était pas vraiment un en réalité. Brillant par son absence en Albanie, au Drunkbroom, dans toutes les batailles, il n'était qu'un nom auquel tu devais obéir.

" Le plus âgé des frères, qui aimait les combats, lui demanda une baguette magique plus puissante que toutes les autres, une baguette qui garantirait toujours la victoire à son propriétaire, dans tous les duels qu'il livrerait, une baguette digne d'un sorcier qui avait vaincu la Mort! la Mort traversa alors le pont et s'approcha d'un sureau, sur la berge de la rivière. Elle fabriqua une baguette avec l'une des branches et en fit don à l'aîné."

La magie, ô quel pied c'est pour toi. Tu as étudié depuis ta plus tendre enfance, encadré par les meilleurs tuteurs. Toujours plus puissant, toujours plus de magie noire qui coule dans tes veines. Tu l'aimes, tu l'étudies, n'ayant jamais assez de noirceur en temps. Les sortilèges impardonnables sont comme un second langage que tu maitrises à la perfection, les sortilèges de torture te réjouissent. Voir tes victimes se tordre de douleur devant toi est ton plus beau spectacle.

"  Le deuxième frère, qui était un homme arrogant, décida d'humilier la Mort un peu plus et demanda qu'elle lui donne le pouvoir de rappeler les morts à la vie. La Mort ramassa alors une pierre sur la rive et la donna au deuxième frère en lui disant que cette pierre aurait le pouvoir de ressusciter les morts. Elle demanda ensuite au plus jeune des trois frères ce qu'il désirait. C'était le plus jeune mais aussi le plus humble et le plus sage des trois, et la Mort ne lui inspirait pas confiance. Aussi demanda-t-il quelque chose qui lui permettrait de quitter cet endroit sans qu'elle puisse le suivre. À contrecœur, la Mort lui tendit alors sa propre cape d'invisibilité."

Ramener les mort à la vie, tu n'en voudrais pas. La Mort est là pour une raison, elle t'entoure depuis toujours. Elle fait partie de ta vie, de la Vie. Tu ne voudrais pas la voir disparaitre, car dans tes heures les plus sombres, où le monde chancelle et vacille sous tes pieds, elle est ta seule compagne. Etre invisible, en revanche, tu aimerais l'être, surtout pour fuir tes parents. Tes parents et leurs idées de mariage, ces propositions de mariage à tout vas. On t'en a proposé des noms et des jeunes femmes, toutes ont finit par partir du manoir sans aucune promesse. Ce que tu chéries le plus, c'est ta liberté.

"  Puis elle s'écarta et autorisa les trois frères à poursuivre leur chemin, ce qu'ils firent, s'émerveillant de l'aventure qu'ils venaient de vivre et admirant les présents que la Mort leur avait offerts. Au bout d'un certain temps, les trois frères se séparèrent, chacun se dirigeant vers sa propre destination. L'aîné continua de voyager pendant plus d'une semaine et arriva dans un lointain village. Il venait y chercher un sorcier avec lequel il avait eu une querelle. À présent, bien sûr, grâce à la Baguette de Sureau, il ne pouvait manquer de remporter le duel qui s'ensuivit. Laissant son ennemi mort sur le sol, l'aîné se rendit dans une auberge où il se vanta haut et fort de posséder la puissante baguette qu'il avait arrachée à la Mort en personne, une baguette qui le rendait invincible, affirma-t-il.

Cette même nuit, un autre sorcier s'approcha silencieusement du frère aîné qui dormait dans son lit, abruti par le vin, le voleur s'empara de la baguette et, pour faire bonne mesure, trancha la gorge du frère aîné.

  Ainsi la mort prit-elle le premier des trois frères."

Le pouvoir, il n'y a que ça qui compte. Avoir du pouvoir, c'est pourvoir contrôle le monde, son monde. Tu as toujours trouvé que le frère aîné était stupide, aveuglé par son propre pouvoir. Toi, maniaque du contrôle, ça ne t'arrivera jamais. Tu aimes que tout soit à sa place, sous parfait contrôle. Il ne pourra jamais en être autrement.

"Pendant ce temps, le deuxième frère rentra chez lui où il vivait seul. Là, il sortit la pierre qui avait le pouvoir de ramener les morts et la tourna trois fois dans sa main. À son grand étonnement et pour sa plus grande joie, la silhouette de la jeune fille qu'il avait un jour espéré épouser, avant qu'elle ne meure prématurément, apparut aussitôt devant ses yeux.

 Mais elle restait silencieuse et froide, séparée de lui comme par un voile. Bien qu'elle fût revenue parmi les vivants, elle n'appartenait pas à leur monde et souffrait de ce retour. Alors, le deuxième frère, rendu fou par un désir sans espoir, finit par se tuer pour pouvoir enfin la rejoindre véritablement.

 Ainsi la mort prit-elle le deuxième des trois frères."

L'Amour, quelle foutaise. Tu ne te souviens pas avoir déjà aimé. Bien sûr il y a eu des femmes plus intéressantes que d'autres, plus intelligentes aussi. Mais jamais une seule n'a eu ton cœur. Peux-tu seulement être aimé ? Un amour comme Evan et Allegra, ça n'existe qu'une fois tous les millénaires. Tu ne veux pas te caser, faire des mômes et avoir une vie bien rangée. Les mômes tu les préfères chez les autres, tu n'as pas tout le côté négatif de l'histoire. En parlant de môme, tu baisses la tête sur Archie, qui commence à s'endormir paisiblement.

"  Pendant de nombreuses années, elle chercha le troisième frère et ne put jamais le retrouver. Ce fut seulement lorsqu'il eut atteint un grand âge que le plus jeune des trois frères enleva sa Cape d'Invisibilité et la donna à son fils. Puis il accueillit la mort comme une vieille amie qu'il suivit avec joie et, tels des égaux, ils quittèrent ensemble cette vie."

Mourir vieux, tu en rêves. Tu as peur qu'un jour tes actions se retournent contre toi et que tu meures, prématurément, laissant ceux qui comptent derrière toi. Mais ça n'arrivera pas, tu tentes de te rassurer. La Mort est comme une vieille amie, elle saura t'attendre patiemment.

Ton filleul contre toi dort profondément. Tu souris en le regardant, pensant que cette vie n'est pas si mal. Et tu sombres dans le sommeil à ton tour, sur ce fauteuil, ce petit sorcier entre les bras pour qui tu donnerais ta vie.