I'm an angel with a shotgun, shotgun, shotgun
Angel with a shotgun, shotgun, shotgun
TW : Classisme, discrimination puriste
Play with your dolls, we'll be a perfect family
⁂ Années 1950
— Manoir des Black, Londres
Dans le manoir des Black, les trois filles de Cygnus Black III et Druella Rosier grandissent ensemble dans les plus nobles traditions qui soient au sein du monde sorcier. Venues toutes les trois au monde en l'espace de quatre ans, elles se prénomment respectivement Bellatrix, Andromeda et Narcissa, et elles ont autant de points communs que de différences. On dit que les deux aînées sont celles qui se ressemblent le plus, bien que les cheveux de la cadette soient plus clairs et son regard plus doux. La benjamine, quant à elle, se démarque par sa discrétion, passant le plus clair de son temps avec la sœur dont elle est la plus proche en âge.
Éduquées ensemble dans les traditions puristes inhérentes à leur patronyme, les trois sœurs apprennent auprès de précepteurs ce que toute sang-pur doit savoir pour s'intégrer dans la haute société sorcière. Si la supériorité de leur sang pur et l'infériorité intrinsèque des sangs-de-bourbe et des hybrides leur est inculquée dès le berceau, avec les années s'ajoutent d'autres enseignements auxquels aucune des trois ne peut déroger. Elles doivent bien se tenir, s'habiller élégamment, être toujours polies, connaître par cœur les noms des vingt-huit Sacrées, maîtriser parfaitement l'art du langage, apprendre le Français en tant qu'héritage familial... Rien n'est laissé au hasard dans leur éducation et, si leurs parents ne sont pas
physiquement auprès d'elles la plupart du temps, pèse constamment sur leurs épaules la pression liée à leur nom de famille. En tant que filles, elles doivent s'en montrer dignes pour un jour trouver un bon parti et ajouter de nouvelles branches à l'arbre généalogique de la tapisserie familiale, le tout en préservant la pureté immaculée de leur sang.
« Toujours pur » : les deux mots de la devise familiale sont à n'en douter les plus importants de l'éducation des trois sœurs, ceux qui leur sont sans cesse répétés, de sorte à ce que chacune les comprenne, les intègre et ne les oublie jamais. Leur sang est pur, il est noble et tout puissant, mais surtout il doit le rester. Jamais il ne doit être souillé, terni, contaminé par celui de moldus considérés comme des êtres abjectes qui ne sont bons qu'à être écrasés. Le contraire serait inconcevable et nuirait à la réputation de la famille, faisant de la responsable une traitresse à son sang – une possibilité que rejettent en bloc les trois sœurs, car la famille leur est présentée comme ce qu'il y a de plus important au monde.
Plus les années passent et plus l'éducation se durcit pour les trois sœurs. Il faut respecter les vingt-huit Sacrées, admirer les Mangemorts et leur chef le Seigneur des Ténèbres, vouer une haine infinie aux nés-moldus et aux hybrides. Il faut toujours écouter ses aînés, se comporter et agir à leur image, être la fierté des parents, des grands-parents, des oncles, des tantes mais aussi des nobles ancêtres dont les noms apparaissent sur la tapisserie et les tableaux. Il faut obéir, toujours obéir, être fière de la pureté du sang coulant dans les veines de la famille Black, s'en montrer digne, ne jamais l'entacher. Il faut, faire valoir sa noblesse, se tenir droit, constamment garder la tête haute. Il faut rappeler leur infériorité à ceux qui ne méritent que des regards méprisants, remettre à leur place les sangs-mêlés, dédaigner les sangs-de-bourbes, rejeter les moldus, froncer du nez lorsque les hybrides sont mentionnés, et surtout ne jamais courber l'échine ou ne se soumettre face à la vermine. Il faut être digne des Black, de cette noble famille de au sang pur dont la lignée devra être perpétuée, et ne jamais oublier :
« Toujours pur. »Throw on your dress and put on your doll faces
Septembre 1965 ⁂
Grande Salle, Poudlard, Écosse —
Debout face à l'estrade aux côtés de tous les autres élèves de première année, Andromeda est partagée entre la fascination et l'anxiété. Du haut de ses onze petites années fêtées il y a un peu plus d'un mois, la Grande Salle lui paraît gigantesque et magnifique. Néanmoins, cette beauté ne suffit à lui faire oublier le stress qu'elle ressent à l'idée de bientôt face face au choix du Choixpeau magique.
« Andromeda Black. » Son prénom lui semble résonner dans toute la Grande Salle tandis que le regard de sa sœur aînée, installée à la table des Serpentards, lui brûle la peau. Elle le sent peser sur ses épaules depuis qu'elle a passé les portes de l'immense pièce. Il ne la lâche toujours pas lorsqu'elle monte une à une les marches de l'estrade – trop lentement, si elle en croit le regard sévère de l'adulte qui l'attend, mais elle décide d'ignorer cette pression supplémentaire et de prendre son temps. Chaque pas qui la rapproche du Choixpeau amplifie son angoisse, mais elle fait au mieux pour le dissimuler sous des traits impassibles comme le fait si bien Mère. Elle se doit d'être digne de son nom : elle ne peut pas paraître faible devant tous ses futurs camarades. Pourtant, en son for intérieur, la jeune fille est terrorisée à l'idée de ne pas être envoyée dans la même maison que les autres membres de sa famille.
Elle doit être répartie à Serpentard. Elle ne peut pas les décevoir : à cet instant précis, alors qu'elle se retrouve face au tabouret et à l'artefact qui va déterminer son avenir au sein du château, cette idée l'empêche de respirer. Elle ferme les yeux une seconde puis prend place, les lèvres pincées, son regard se posant sur l'assemblée lui faisant face sans réellement la voir. Elle se concentre sur sa respiration dans le but de se détendre, mais elle ne peut pas ignorer les deux yeux sombres de Bellatrix qui malheureusement ne la rassurent pas, se rapprochant plus du jugement sévère que d'un soutien moral adressée à sa cadette.
La tête haute, le dos droit, Andromeda sent que le Choixpeau est posée sur sa chevelure et se surprit à espérer qu'il ne réfléchisse pas et l'envoie immédiatement chez les verts et argents. Elle sait que sa place est là-bas, elle en est même convaincue, et sa fierté est telle qu'elle est persuadée que ce chapeau n'a aucune réelle utilité. Pourtant, l'artefact et sa décision cruciale ont été la source de son angoisse durant tout son trajet dans le Poudlard Express. Elle ne doit pas décevoir sa famille : comme tous les Black, c'est à Serpentard qu'elle doit faire ses études. À cet instant précis, rien ne compte plus à ses yeux que l'idée de rejoindre sa sœur aînée à la table décorée de vert et argent. L'attente est insoutenable, ces quelques maudites secondes lui paraissant durer une éternité. Tandis qu'elle se répète en boucle le nom de la maison qu'elle souhaite rejoindre, ce n'est pas Bellatrix qu'elle regarde – sans doute a-t-elle déjà conscience qu'elle ne trouvera aucun réconfort dans son regard sombre – mais l'un des immenses fanions ornés d'un serpent et suspendus dans les airs. Un mot achève enfin son supplice :
« Serpentard ! » En une seconde, c'est comme si tout le poids du monde est retiré de ses épaules. Le soulagement qu'elle ressent est si tel qu'elle ne peut retenir un soupir avant de se lever, se dirigeant fièrement vers la table qu'elle a tant espérée. Sa joie est immense : elle peut enfin se détendre, profiter de cette première journée à Poudlard, son devoir accompli.
Elle a réussi, elle est une Serpentard, une fière et forte Black ! Alors qu'elle se rapproche, Andromeda jette un coup d’œil à sa sœur. Elle espère sans doute voir dans ses yeux luire une pointe de fierté, mais Bellatrix ne l'observe plus, la tête tournée vers ses camarades qui, petit à petit, se mettent à acclamer la nouvelle venue. Alors qu'elle prend place aux côtés de son aînée, la jeune Black sent un certain orgueil l'envahir. Lorsque le regard des deux sœurs se croisent enfin, la cadette ne saurait dire si ses iris qui la brûlaient quelques minutes plus tôt sont à présent allumées de fierté et d'amusement ou de sadisme et d'arrogance. Dans tous les cas, elle, elle est fière.
Serpentard. Elle a réussi !
Get out your guns, battle's begun
Are you a saint or a sinner?
If love's a fight, then I shall die
With my heart on a trigger
I’ve been here the whole time singing you a song
⁂ Septembre 1966
— Grande Salle, Poudlard, Écosse
En ce jour de rentrée, Andromeda est déjà installée à la table de Serpentard lorsque les élèves de première année entrent dans la Grande Salle. Parmi toutes ces têtes, une seule l'intéresse : celle de sa petite sœur, qui intègre Poudlard aujourd'hui. Tentant de capter son regard, elle lui offre un sourire rassurant sans savoir si elle la verra – elle l'espère, tenant à la réconforter en ce jour important. Elle imagine que sa cadette doit être aussi stressée qu'elle l'était elle-même un an plus tôt. Aujourd'hui, la Grande Salle lui paraît bien moins immense que lorsqu'elle était à sa place. Lorsque la benjamine des Black rejoindra ses deux aînées à la table verte et argent, il en sera de même pour elle : cet instant ne devrait plus tarder, la cérémonie de répartition s'apprêtant à commencer.
« C'est au tour de Narcissa, » murmure tout bas Bellatrix, d'une voix presque enjouée – ce qui est assez rare pour être signalé. En effet, leur petite sœur monte à présent les marches de l'estrade pour affronter à son tour le verdict du Choixpeau magique. Elle va bientôt les rejoindre, Andromeda en est persuadée. D'ailleurs, ce pressentiment est vite confirmé par le cri du vieux chapeau qui clame
« Serpentard ! » une fois posée sur la chevelure de la benjamine des Black. Narcissa les rejoint alors, acclamée comme son aînée l'a été deux ans plus tôt. Les trois sœurs sont enfin réunies à la même table, dans la maison où se sont illustrés tous leurs ancêtres : celle de Salazar Serpentard. Elles le seront pour trois ans, avant que Bellatrix achève ses études et quitte le château. Cette dernière a déjà atteint un niveau impressionnant, bien que ce constat ne se limite pas à Poudlard. L'aînée des Black s'illustre en effet par ses aptitudes en magie noire – des facultés que la cadette a déjà vu à l'œuvre, avec un mélange de fascination et de crainte, consciente de la puissance du pouvoir qu'elle observait. Les années ont passé et les deux aînées des Black sont devenues bien différentes. La sœur au regard doux aime à sympathiser avec ses camarades de maison tant qu'ils sont dignes de son intérêt – ce qui nécessite bien sûr un sang convenable, cela va sans dire –, étendant même son cercle de connaissance aux autres maisons lorsqu'il s'agit des vingt-huit Sacrées : elle est sociable, se fait des amis et séduit aussi lorsque le cœur l'en dit. La sœur au regard fou prend quant à elle bien plus de plaisir à effrayer les élèves du château qu'à apprendre à les connaître, parfois même des Serpentards, et cela ne rassure pas toujours ses deux cadettes. Cela fait longtemps à présent qu'Andromeda ne sait plus sur quel pied danser avec sa grande sœur, si bien qu'il lui a semblé beaucoup plus naturel de se rapprocher de Narcissa que d'elle. Lorsque la benjamine intègre Poudlard, les deux sœurs Black sont déjà très proches, et à présent elles sont toutes les deux fières d'avoir rejoint les verts et argents comme leurs aïeux. Deux sœurs unies, c'est aussi simple que cela.
I found love where it wasn't supposed to be
Novembre 1968 ⁂
Salle cachée, Poudlard, Écosse —
Certaines personnes ont le pouvoir de tout changer. Elles peuvent remettre en questions tout ce en quoi nous croyons, briser des mythes qui perduraient dans nos esprits depuis des années, modifier notre conception du monde en quelques phrases. Elles nous ouvrent les yeux, nous font comprendre nos erreurs, nous aident à nous écarter de ces préjugés qui basaient auparavant notre réflexion. Elles nous montrent que le monde n'est pas le même qu'il y a des siècles, qu'un grand nombre de jugements sont faits à la va-vite, infondés, imbéciles, et que les valeurs auxquelles nous croyions autrefois ne sont pas forcément les meilleures, qu'elles sont souvent absurdes et complètement ridicules. Ce pouvoir est d'autant plus puissant lorsque nous aimons, parce que l'amour peut faire agir bêtement. On dit souvent qu'il rend aveugle, qu'une personne amoureuse perd toute lucidité et n'est plus capable d'y voir clair, qu'elle se ment à elle-même parce qu'elle croit à des fantasmes qui n'existeront jamais. Certains considèrent même l'amour comme une simple notion de chimie qui nous pousse à faire des choses stupides. Pourtant, Andromeda n'a jamais considéré son amour comme quelque chose de stupide, mais plutôt comme quelque chose de merveilleux qu'elle n'avait jamais ressenti avant. C'était différent de toutes ces amourettes qu'elle avait vécues gamine, différent de toutes ces histoires sans fond ni réel sentiment, différent de tout ce qu'elle avait connu avant. C'était réel, vrai, pur.
C'était magique. Elle n'a que quatorze ans pourtant elle sent que, cette fois-ci, ce n'est plus seulement une illusion, une petite flamme qui s'agitait en elle par désespoir, un simple amour de jeunesse. C'est réel, elle le sait. Elle est amoureuse.
Pour Andromeda, tout bascule durant sa quatrième année à Poudlard. Edward n'aurait dû être qu'un élève parmi d'autres au sein de l'immense château, un Serdaigle ne présentant aucun intérêt dans les yeux de la sang-pur, un garçon inutile comme il y en a tant. Mais les choses se sont passées autrement : sans que l'adolescente ne puisse se l'expliquer, c'est de lui que son cœur s'est amouraché, de son sourire, de ses baisers, de ses bras enroulés autour de ses hanches. Il n'y a que lui qu'elle veut à ses côtés en permanence, c'est à lui qu'elle pense sans cesse, c'est lui qui lui manque durant chaque vacance : Edward devient
Ted, son petit-ami dont elle est éperdument amoureuse. Et si l'histoire semble belle et sans imperfection, la réalité est tout autre. C'est en cachette que les deux amoureux doivent s'aimer, car le bien-aimé de la sang-pur fait partie de ces personnes que sa famille méprise et considère comme des intrus dans le monde magique : Ted Tonks est un né-moldu.
« Tu t'en fiches ? » La brune hoche la tête, enroulant ses bras autour du cou de son cher et tendre.
« Je n'en ai plus rien à faire. » Elle se moque qu'il soit un né-moldu, elle se moque que sa famille entière s'étoufferait à la voir dans ses bras, elle se moque que tous ses amis sangs-purs ne comprendraient pas comment elle peut aimer un
sang-de-bourbe. L'affirmation, qui a tout d'une promesse, est conclue d'un baiser, et s'il doit avoir lieu en cachette peu importe : Andromeda l'aime et n'est pas prête à renoncer à ce sentiment, peu importe les obstacles.
They say before you start a war
You better know what you're fighting for
Well baby, you are all that I adore
If love is what you need, a soldier I will be
Every high, every low, they will come then they'll go
⁂ Septembre 1971
— Grande Salle, Poudlard, Écosse
« Gryffondor ! » s'écrie le Choixpeau magique posé sur la tête d'un petit brun sur l'estrade de la Grande Salle. Andromeda, le regard braqué sur son cousin, ne peut s'empêcher d'esquisser un petit sourire en entendant cela. Sirius est un lion, un fier Gryffondor, et il est surtout le seul membre de la famille Black à ne pas intégrer la maison Serpentard. Alors que la majorité des verts et argents restent ahuris, stupéfaits face à ce qui vient de se produire, la jeune femme est heureuse pour son cousin. Elle sait qu'il ne croit pas aux idées qui fondent leur famille depuis des siècles : la supériorité de la pureté du sang, la haine des nés-moldus et le dégoût des hybrides sont des idées qu'il rejette en bloc, il le lui a dit droit dans les yeux. Certaine qu'il serait sans aucun doute mieux à Gryffondor qu'à Serpentard, Andromeda ne peut que se réjouir pour le jeune garçon qui a provoqué un vacarme impressionnant dans la salle, les dorés et rouges ayant toujours été les plus bruyants pour manifester leur enthousiasme. Elle adore Sirius. Déjà lorsqu'il était petit, sa cousine s'est sentie plus proche de lui que des autres membres de sa famille, hormis peut-être Narcissa qui était jusqu'à peu sa chère petite sœur à protéger. Pas qu'elle n'apprécie pas son deuxième cousin, Regulus, mais elle a toujours eu plus d'affection pour l'aîné. Sirius parlait à peine qu'ils s'entendaient déjà bien, comme si quelque chose les rapprochait, même avant que leurs idéaux concordent à l'adolescence. Peut-être parce qu'Andromeda a toujours été la plus souriante des trois sœurs Black, plus prompte à la plaisanterie et à lui pardonner ses bêtises, mais aussi plus ouverte à la discussion depuis sa quatrième année. En grandissant, son cousin et elle n'ont cessé de se rapprocher, au point qu'il sont devenus leurs confidents respectifs au sein d'une famille trop stricte pour les entendre.
Andromeda et Sirius se sont avérés être les deux rebelles de la famille, s'opposant totalement aux idéaux discriminatoires de leurs parents et de leurs fratries. Des opinions qu'ils ne peuvent se permettre d'exprimer au sein des Black, mais dont ils ont l'habitude de parler dès qu'ils se voient. De ça, et de ces secrets qu'ils cachent au reste de leur famille. Tandis que la jeune femme est amoureuse d'un né-moldu qu'elle continue de voir en cachette depuis trois ans, son cousin exècre les idées de ses parents et deviendra ami avec un loup-garou. Ils forment une belle paire, un beau duo de traîtres à leur sang dissimulés parmi les Black. Tous deux supportent de moins en moins les discours de leur famille, en particulier Andromeda qui est forcée de les écouter depuis dix-sept longues années. Elle n'a plus qu'une hâte : que sa dernière année scolaire se termine et qu'elle puisse quitter Poudlard pour voir Ted quand elle le souhaite, sans craindre d'être observée par un de ses camarades de maison ou, pire, par sa petite sœur.
They say before you start a war
You better know what you're fighting for
Well baby, you are all that I adore
If love is what you need, a soldier I will be
TW : Discrimination puriste, fiançailles non consenties
Don't try to make me feel worthless
Décembre 1971 ⁂
Manoir des Black, Londres —
Les vacances scolaires sont enfin arrivées, quelques semaines de répit avant de reprendre le rythme des cours. Cette dernière année dans le château s'avère particulièrement compliquée pour Andromeda qui fait au mieux pour obtenir de bonnes notes tout en dissimulant à sa famille son mépris pour leurs idéaux
et sa relation amoureuse avec un né-moldu. Elle trouve ça terriblement injuste, d'être contrainte de cacher son amour pour quelqu'un de formidable, mais aussi affreusement compliqué. Pourtant, elle sait qu'elle n'a pas le choix, car son cœur s'est épris d'un né-moldu et que c'est quelque chose d'inconcevable pour ses parents – pour les Black en général, en réalité. À leurs yeux, il est de toute manière inconcevable de ressentir la moindre affection pour ces êtres qu'ils affirment intrinsèquement inférieurs à eux du fait de leurs origines. Les
sangs-de-bourbe ne méritent rien de plus que leur mépris, et une vie de misère passée à ramasser leurs miettes – c'est ce qu'on lui répète depuis sa naissance, ce qu'on lui a justifié durant toute son enfance à grand renfort de théories sur la puissance magique du sang pur, ce qu'elle entend encore aujourd'hui à chaque repas de famille. Pourtant elle ne croit plus en cela, Andromeda : la pureté du sang ne les rend pas supérieur, seulement assez stupides pour croire à ces inepties. Ted lui a ouvert les yeux et, grâce à lui, elle a même développé une sorte de fascination pour les moldus. Elle a d'ailleurs orienté tant bien que mal ses études de manière à pouvoir suivre les cours d'étude des moldus jusqu'à sa dernière année, prétendant auprès de ses parents que c'était simplement dans le but d'avoir des points en plus. Elle leur a même raconté que cette matière était « d'une simplicité aberrante » afin qu'ils ne comprennent pas son intérêt pour ces individus dénués de pouvoirs magiques.
Cela fait bien longtemps que les vacances ne sont plus tellement synonyme de repos pour Andromeda. Les passer à mentir est loin de lui faire plaisir, particulièrement lorsqu'il s'agit de sa cadette. Elle déteste ça, pourtant elle sait aussi que c'est nécessaire pour protéger son petit-ami du courroux familial. À son grand désespoir, Narcissa partage les opinions rétrogrades du reste de la famille. De toute manière, à part Sirius, qui parmi les Black pourrait comprendre qu'elle est amoureuse et se moque bien du statut de sang de son bien-aimé ? Elle les entend encore répéter ces deux maudits mots qui lui sortent par les yeux.
Toujours pur. Quel pitoyable slogan ! La pire de tous est sûrement Bellatrix, cette dernière passant son temps à vanter non seulement la pureté de leur sang mais aussi le « Seigneur des Ténèbres » qu'elle adule comme s'il était une divinité descendu sur Terre. C'est tout simplement infernal, terriblement lassant qui plus est, pourtant ils y ont le droit à tous les repas qu'elle passe avec eux. Absolument
tous les repas. Tout comme ils ont le droit à des discours emplis de haine, de préjugés et de discriminations insultantes des
sangs-de-bourbe lorsqu'ils vont manger chez les cousins des trois sœurs. Leur tante Walburga est en effet une spécialiste dans ce domaine, rabâchant sans cesse les principes de la famille concernant la valeur inestimable du sang qui coulait dans leurs veines. Malgré tout, alors qu'elle désapprouve au plus haut point leurs paroles et injures à l'encontre des nés-moldus, la jeune femme ne laisse rien transparaître.
Plus que quelques mois. C'était ce qu'elle se dit à chaque fois qu'elle entend une de ces remarques horribles, à chaque fois qu'elle doit serrer les dents et continuer à manger comme si elle approuvait tout ce qu'ils disent, à chaque fois qu'elle doit calmer la flamme de la rébellion qui brûle en elle et lui hurle de répliquer.
Ce jour venteux de décembre aurait dû être comme tous les autres, avec un repas interminable mais dont Andromeda a appris à s'accommoder malgré elle avec les années.
Plus que quelques mois – elle se le répète encore lorsqu'une nouvelle insulte est prononcée, au sujet du niveau scolaire de Poudlard qui baisse à cause des
sangs-de-bourbe bien sûr. Tout aurait dû se passer comme d'habitude, pourtant il ne faut que quelques mots du patriarche pour que les choses dérapent.
« Andromeda, nous t'avons peut-être trouvé un fiancé. » Lentement, la principale concernée relève la tête afin de regarder son père droit dans les yeux, sans prononcer un mot. Il lui faut quelques secondes pour comprendre qu'il est sérieux – pas que Père soit un grand blagueur, en réalité, mais l'idée lui semble si surréaliste que le déni a été sa première réaction.
« Pourquoi voulez-vous me fiancer ? » demande-t-elle alors, veillant à ce que rien dans sa voix ne trahisse le millier d'émotions la traversant actuellement. Et, pour garder une certaine contenance, elle attrape même son verre pour en boire une gorgée.
« Parce qu'il est de ton devoir de perpétuer notre lignée. » Le ton de son père est d'un naturel à couper le souffle, si bien qu'elle manque de s'étouffer avec l'eau qu'elle vient d'avaler. Il compte vraiment la fiancer à quelqu'un qu'elle ne connaît pas ?!
« Et pourquoi ne puis-je pas épouser l'homme de mon choix plutôt que d'être fiancée à un que je ne connais pas. » Elle reste calme, pourtant sous la table son corps entier est contracté pour ne pas exploser, jusqu'à ses orteils qui en deviennent douloureux.
« Tu le connaîtras lorsque nous te le présenterons. » Il ne la regarde même plus, remplissant son verre de vin comme si la discussion était terminée, comme si les choses allaient de soi, comme si sa deuxième fille n'avait pas son mot à dire sur la question – c'est bien ce qu'il pense, en réalité, mais ce n'est pas de l'avis d'Andromeda.
« Mais c'est vous qui l'avez choisi, qui peut être certain que cela n'entraînera pas mon malheur ? » Sans surprise, elle doute que les goûts de ses parents en matière de fiancé concordent avec les siens.
« Ta sœur a fait de même, et elle n'est pas malheureuse. » Malgré l'apparent calme de cette discussion, la jeune femme sent son cœur s'emballer douloureusement à l'idée de ne plus revoir Ted.
Non, c'est impossible, ils n'ont pas le droit de faire cela. « Et si je ne veux pas être fiancée à cet homme ? » Cette fois son père la regarde, mais le froid dans ses prunelles est tel que la jeune femme sent son souffle se couper instantanément. Pourtant, lui, reste impassible, répondant simplement :
« Tu n'as pas le choix. » « Si, au contraire, j'ai le choix. Et je refuse d'être fiancée à un inconnu ! » proteste-t-elle alors, élevant pour la première fois la voix durant ce repas.
« Andromeda, ne réponds pas à ton père ainsi. » Sa mère vient d'intervenir, mais ce n'est même pas pour la défendre. Presque offusquée, la jeune femme se mord la lèvre et inspire, avant de répéter d'une voix supposément plus calme – ce n'est pas un cri qui s'échappe de sa bouche – mais ferme et forte.
« Je ne veux pas être fiancée à un inconnu. » « Ce n'est pas à toi de décider cela. » « Si, je vais décider, c'est ma vie ! Et vous n'avez pas le droit de m'imposer un homme que je n'aime pas ! » assure-t-elle en se levant de sa chaise. En face, son père fait de même, ce qui est – très honnêtement – bien plus impressionnant. Pourtant Andromeda ne se dégonfle pas – peut-être aurait-elle dû.
« Et pourquoi pas ? » Aveuglée par son orgueil et sa colère, c'est sans réfléchir qu'elle répond.
« Parce que j'en aime un autre. » Il ne faut pas plus d'une seconde pour qu'elle perçoive le regard de sa petite sœur changer, lui faisant l'effet d'un coup de poing dans le ventre tandis que son cœur se serre dans sa poitrine. Elle n'oubliera jamais ce mélange destructeur dans lequel elle peut lire de la déception, de la colère, du chagrin. Elle n'a besoin que d'un coup d'œil pour comprendre à quel point sa cadette lui en veut de l'avoir ainsi trahie.
« Et qui est-ce donc ? » « Qu'est-ce que cela peut vous faire, vous vous en moquez ! » Après tout, ils veulent la marier à un autre, un homme qu'elle ne connaît même pas, un type dont elle se fout comme de sa première robe.
« Est-ce un sang-pur ? » Face au silence de sa fille, il répète sa question d'une voix si pesante qu'elle a l'impression que les murs en vibrent. Une fois, deux fois, trois fois, puis Andromeda explose.
« C'est un né-moldu ! » Si le cri que pousse sa mère lui paraît ridicule, le coup de poing qu'assène son père à la table la fait frémir. Il la surplombe de toute sa hauteur, pourtant elle refuse de baisser la tête, de fuir son regard. Elle n'est plus une enfant : elle n'aura pas peur de lui, ni de personne, elle se l'interdit.
« Un sang-de-bourbe ?! » « Ne l'appelez pas comme ça ! » C'est un ordre et non une supplique, qu'elle crie avant de quitter la table et de rejoindre sa chambre sous les regards offusqués de ses aînés, et sur celui empli de déception de sa cadette – le seul qui comptait réellement pour elle ici.
You are not alone I’ve been here the whole time
⁂ Décembre 1971
— Manoir des Black, Londres
« Narcissa je suis désolée... Je ne voulais pas te mentir, mais tu sais bien comment les parents auraient réagi... Je... S'il te plaît écoute-moi... Je suis désolée... » Appuyée contre la porte de la chambre de sa petite sœur, Andromeda tente de lui expliquer les raisons qui l'ont poussée à mentir pour protéger son secret. Elle s'en veut réellement, parce que Narcissa et elle ont toujours été proches que le ressentiment qu'elle a à son égard lui tord les boyaux. Elle voudrait se faire pardonner, lui faire comprendre que ça ne change rien à l'amour sororale qu'elle ressent pour elle : ce n'est pas parce qu'elle est tombée amoureuse qu'elle en a oublié sa sœur pour autant. Contre toute attente, la porte s'ouvre, laissant apparaître le visage froid de la jolie blonde qu'est devenue la benjamine de la famille. Elle a tellement grandi...
« Tu vas rompre avec lui ? » Les deux yeux glaciaux de Narcissa sont plongés dans les siens et elle a l'impression qu'ils sondent son âme – c'est déstabilisant, mais surtout un peu effrayant venant de sa cadette.
« Je ne peux pas. » Elle l'aime, elle l'aime tellement, sa sœur ne peut pas comprendre.
« Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ? » Andromeda aurait voulu qu'elle ne pose jamais cette question. Elle ne veut plus lui mentir : elle ne peut ni ne veut rompre avec Ted, parce qu'elle l'aime et ne peut pas s'imaginer vivre sans lui, mais aussi parce qu'elle ne croit plus en les mêmes idéaux que la famille Black et que vivre ici est devenu son cauchemar..
« Je ne veux pas. » « Dans ce cas, tu es une traître à ton sang. » Les mots lui font l'effet d'un couperet d'une violence inouïe – bien plus terrible que lorsqu'ils sont prononcés par leur paternel.
« Narcissa... » La porte se referme à ce moment-là malgré les protestations d'Andromeda, malgré sa volonté de réparer les choses, malgré la douleur sans nom grandissant dans sa poitrine. Sa cadette ne lui adressera plus jamais une parole aimante, se contentant dès lors du strict minimum et de quelques moqueries d'une fourberie sans nom. Face à cette porte close, la cadette des Black ferme les yeux un instant. Elle se rappelle alors de tout ce qu'elles faisaient ensemble enfants, du bonheur simple qu'elles ressentaient dès qu'elles passaient du temps toutes les deux, de cette innocence douce qu'elles partageaient – cette ignorance, aussi. Tout cela vient de se terminer, car quand Andromeda rouvre les yeux elle comprend une chose : sa sœur ne lui pardonnera jamais.
I'm an angel with a shotgun, fighting 'til the war's won
I don't care if heaven won't take me back
I'll throw away my faith, babe, just to keep you safe
Don't you know you're everything I have ?
And I wanna live, not just survive tonight
TW : Harcèlement scolaire
Hands down, there will never be another one
Avril 1972 ⁂
Manoir des Black, Londres —
Les lèvres pincées, Andromeda claque sèchement la porte de sa chambre puis s'écroule presque aussitôt sur son lit. Elle ne sait pas ce qu'elle déteste le plus ces derniers mois : les vacances qu'elle passe dans le manoir familial ou la bataille constante qu'est devenu Poudlard pour elle. Tout lui semble horrible depuis que son secret a éclaté à Noël. Visiblement décidée à se venger, Narcissa a choisi de lui faire payer sa
trahison en s'en prenant à Ted, directement ou non. Aidée de quelques Serpentards, tous de sang pur évidemment, la benjamine des Black est parvenu à faire vivre au petit-ami de sa sœur un véritable enfer. Pièges, vols, sortilèges et parfois même coups, tout est bon pour montrer au né-moldu qu'il est inférieur aux autres, qu'il n'a pas sa place ici, qu'il n'a pas intérêt à approcher de nouveau Andromeda. Évidemment, cette dernière fait tout son possible pour l'aider à se défendre, mais la tâche n'est pas aisée. Ils ne sont pas dans la même maison, se voient peu, et depuis décembre c'est de pire en pire puisque certains élèves sûrement désignés par sa sœur s'amusent à la suivre lors de leurs rendez-vous afin de hurler au scandale, de sorte à attirer d'autres élèves qui crient à leur tour. Le pire dans tout ça, c'est le climat que Narcissa a réussi à instaurer. Cela fait des mois qu'Andromeda l'impression que son petit-ami et elle se battent seuls contre le reste du monde, devant tout un tas de témoins qui ne bougent pas le petit doigt même lorsque le né-moldu se fait frapper. C'est comme si tous les élèves de Poudlard savaient que l'aider dessinerait une cible dans leur dos et craignaient bien trop la benjamine des Black pour s'opposer à sa volonté de tyranniser Ted. Finalement, les seuls élèves qui veulent bien le défendre sont les Maraudeurs, le quatuor de Gryffondors auquel appartient Sirius, qui vont jusqu'à affronter des élèves plus âgés pour aider le jeune homme persécuté à cause de son statut de sang et de l'amour que lui porte une Black. Malgré toutes ces tentatives pour faire fuir Ted du château et les séparer, le couple garde la tête haute et affronte chaque attaque sans ciller, main dans la main – mais il y a des jours où c'est bien difficile, pour être honnête.
Les choses ne se passent pas mieux au sein du manoir Black. Andromeda n'a qu'à franchir le pas de la porte pour sentir les quatre yeux de ses parents la fusiller. Ceux de sa mère sont un mélange écœurant de déception et de dégoût – elle est assurément déçue de ne pas avoir formaté une mini-elle comme elle le souhaitait tant. Ceux de son père, elle les décrirait plutôt comme un mélange de fureur et de rejet. Si un regard pouvait tuer, cela ferait bien longtemps qu'elle serait morte. Lui aussi le serait, en réalité, car sa fille refuse de baisser la tête : à chaque fois, elle soutient son regard, le menton haut et le dos droit.
Elle n'a rien à se reprocher et ne lui fera pas le plaisir d'agir comme si c'était le cas. Pas plus qu'elle ne compte céder face aux discours intempestifs de Bellatrix, qui n'ont fait que se multiplier ces quatre derniers mois. Andromeda n'est pas idiote : elle voit bien que son aînée la considère comme une moins que rien depuis que son secret a éclaté, et que chacun de ses pamphlets lui sont destinés – particulièrement les insultes à l'encontre des
sangs-de-bourbe. Pourtant, elle parvient à les ignorer, parce que Ted compte plus à ces yeux que leur bêtise. En réalité, ce qui l'affecte le plus lorsqu'elle doit rentrer chez elle, c'est le fait que Narcissa l'ignore effrontément. Sa petite sœur qu'elle a tant aimée et tant protégée de leur aînée ne lui adresse plus la parole, pas même pour un bonjour. Elle passe son chemin lorsqu'elle la croise dans un couloir du manoir, ne la regarde plus, ne l'écoute plus. Elle refuse d'entendre la moindre de ses explications, prête à quitter la pièce dans laquelle elle se trouve pour ne pas entendre ce qu'Andromeda a à lui dire. Non contente de rendre son existence à Poudlard infernale en persécutant celui qu'elle aime, elle lui fait bien sentir que sa rancœur n'a pas de limite et qu'elle ne la voit plus comme une sœur –
littéralement. Andromeda est devenue la risée de la famille Black: elle a amené la honte sur les siens par son amour pour un impur et est à présent haïe de tous, Sirius excepté. Elle est devenue ce qui lui a été présentée comme le pire devenir qu'elle pouvait avoir : celui de traître à son sang.
TW : Discrimination puriste, fiançailles non consenties
You liked me better when I'm in my cage
⁂ Juin 1972
— Manoir des Black, Londres
L'année scolaire vient de s'achever.
Enfin ! Andromeda a décroché son diplôme il y a quelques jours mais, évidemment, ses parents n'ont en aucun cas été fiers d'elle. Personne ne l'est parmi les Black, en réalité, si ce n'est Sirius qui l'a applaudie en faisant tout le bruit dont un Gryffondor est capable – c'est-à-dire
beaucoup. À vrai dire, même si elle a beaucoup apprécié l'attention de son cousin, elle se moque bien d'être la risée des Black, que ce soit à propos de son couple avec Ted qui dure encore ou pour les matières optionnelles qu'elle a choisies – et qui se rapprochent bien trop des moldus à leur goût, bien sûr. Elle a pris l'habitude d'affronter leurs regards durant les repas de famille, au point que les yeux emplis de colère de son père et l'amertume qui anime ceux de sa mère ne l'atteignent plus réellement. Il y a bien le regard de sa grande sœur qui change un peu la donne, plus difficile à supporter tant elle ne parvient pas à savoir si elle doit se moquer de ce dégoût qu'il contient ou craindre le mélange de haine et de sadisme qu'elle croit y lire parfois. Le pire n'étant même pas là, car son palpitant se serre toujours douloureusement lorsqu'il s'agit de la déception de Narcissa, une part d'elle refusant de se faire à l'idée qu'il lui faut faire un choix entre son amour pour un né-moldu et sa petite sœur. Un choix que son cœur a déjà fait, car à chaque fois qu'elle doit affronter les regards de sa famille elle se répète que Ted l'aime et qu'un jour ils s'enfuiront ensemble, loin de cette folie,
loin d'eux.
Aujourd'hui, le soleil éclaire le salon du manoir de ses rayons chauds : la fin du mois de juin est le symbole des grandes vacances estivales, mais pas de paix pour autant. Bien loin de là même lorsque, autour de la même table où tout a éclaté pour la première fois, Andromeda se voit enfin adresser quelques paroles calmes par son père, après des mois de silence et de paroles désobligeantes.
« Andromeda, c'est ta dernière chance d'être une Black. » Aussitôt la tête de la concernée se relève et son regard darde celui de son paternel.
« Comment ça être une Black ? » Si son ton est relativement calme, la réponse qu'elle obtient change brusquement la donne.
« Une Black se doit de se fiancer avec un sang-pur pour préserver la pureté du sang de la famille. » L'insistance de son père sur le
sang-pur fait monter en elle une vague de colère. Prise d'un élan de rage sans doute inconscient, la jeune femme se lève de table et, ses deux mains à plat sur le bois massif, elle le foudroie du regard en rétorquant.
« Jamais ! » C'est au patriarche de se lever : il est plus grand qu'elle, ne cille pas, semble aussi impassible que froid. Mais Andromeda n'a pas peur. Elle refuse d'avoir peur. Elle aime Ted, c'est son droit, et personne ne devrait pouvoir décider de son avenir à part elle.
« Andromeda, je ne te demande pas ton avis. » Cette fois c'en est trop pour la cadette des Black. Après des mois à encaisser des regards austères de la part de sa famille, des bassesses sans nom à Poudlard, l'ignorance de ses camarades d'école, elle ne peut plus s'y tenir. Furieuse, amère, dégoûtée par ce qu'elle entend et ce qu'elle comprend de ces paroles, elle explose dans un mélange de fureur ardente et de rancœur réfléchie. Sortent alors de sa bouche des années de non-dits, de faux-semblants, des paroles qu'elle a toujours rêvées de leur cracher au visage et qu'aujourd'hui elle ne peut plus contenir.
« Jamais je n'épouserai un homme que je n'aime pas pour vous faire plaisir ! Je suis amoureuse, c'est mon droit, et vous ne pouvez pas m'empêcher d'être avec celui que j'aime ! Vos principes sont stupides, vous êtes trop bornés pour ouvrir les yeux, trop aveugles pour vous rendre compte que vous avez tort ! Vous êtes admiratifs de tueurs et vous vous pensez supérieurs ?! Vous ne valez pas la moitié de ce que vaut Ted, de toute manière vous ne valez pas plus qu'un moldu ! Vous pensez leur être supérieurs grâce à votre sang, mais vous avez tort ! Un moldu vaut plus que vous, vous vous voilez la face ! » Andromeda n'a plus rien de la fillette chaleureuse qu'on comparait à sa grande sœur, de la jeune fille aimante qui tressait les cheveux de sa petite sœur, de la parfaite petite sang-pur que ses parents voulaient qu'elle devienne. Chacun de ses cris provient de son cœur et il est impossible d'en douter tant ses mots vibrent de colère. Ils ne veulent pas qu'elle vive sa vie comme elle l'entend ? Soit, qu'ils aillent se faire voir ! Elle est déterminée à faire ce qu'elle veut, et ils ne pourront pas l'en empêcher. À présent, leurs avis n'ont plus aucune importance pour elle. Elle veut aimer l'homme qu'elle désire, pas un sang-pur que ses parents vont choisir sans qu'elle ait son mot à dire dessus alors qu'il s'agit de
son avenir. Personne ne devrait décider à sa place de ce que sera son futur ! Après des années à se contenir, à faire comme si, Andromeda est révoltée et furieuse que personne ne prenne en compte son avis, ses ambitions, ses désirs
à elle. S'ils ne le font pas, elle le fera elle-même : elle est seule maîtresse de son destin, et c'est aujourd'hui qu'elle s'en empare.
Face à elle, son père, dont le visage reste éternellement glacial alors que ses yeux reflètent une colère telle qu'elle pourrait embraser le monde entier, rugit à son tour.
« Tu aimes un sang-de-bourbe ! Tu es une traître à ton sang, tu souilles notre famille sans le moindre état d'âme ! Tu n'es pas digne d'être une Black, tu ne vaux rien ! » Indignée mais surtout trop fière pour le laisser gagner, Andromeda renchérit, criant encore plus fort que son géniteur malgré le regard consterné de sa mère qui lui hurle en silence de se taire.
« Vous savez quoi ? Vous avez raison, je ne suis plus une Black ! Je ne veux plus être une Black ! Je ne veux plus être rattachée à des personnes comme vous ! Je mérite mieux que cette famille de dégénérés ! » Brusquement, la tête de la jeune femme est projetée sur le côté sous l'effet d'une violente gifle. Son père, tout aussi furieux qu'elle, vient de la frapper. Et ce coup, le premier qu'il lui assène en dix-sept ans, ne fait que la convaincre d'une chose : elle doit partir. Sortant de table aussitôt, la brune monte dans sa chambre où elle met moins d'une minute pour rassembler ses affaires dans la valise avec laquelle elle rejoint Poudlard chaque année. Puis c'est dans le salon qu'elle retourne, pour une énième tentative.
« Narcissa s'il te plaît... » Écoute-moi, comprends-moi, tu es ma sœur. « Va-t-en. » Ou peut-être ne l'est-elle déjà plus. C'est un nouvel échec, qui lui brise encore une fois le cœur bien qu'elle n'en montre rien.
Tant pis.. De toute manière, il est trop tard pour renoncer : la liberté qu'elle désire tant est juste là, à portée de mains.
« Au plaisir de ne jamais vous revoir, » crache-t-elle avant de leur tourner le dos, quittant le manoir sans un regard en arrière. C'est terminé : Andromeda n'est plus une Black.
Sometimes to win, you've got to sin
Don't mean I'm not a believer
And Major Tom will sing along
Yeah, they still say I'm a dreamer