Sujet: (Un)Happy to see you ⚜ Narcissa & Andromeda Mar 18 Avr - 4:14
Narcissa & Andromeda
Un(Happy) to see you
Ah, Camden Town. Un quartier populaire où se côtoient des gens de tous azimuts et de toutes les cultures, et surtout, des gens dépourvus de magie. Un endroit, donc, où il était assez improbable d’y croiser un membre de la communauté magique, encore moins une sorcière blonde reconnue pour ses idéaux puristes. Et pourtant…
CLAC. CLAC. CLAC.
Le bruit de ses bottillons rebondissait sur les murs briquetés de la ruelle que parcourait à pas rapides la grande Mme Malefoy. Rien n’osait se mettre en travers son chemin et interrompre ses pas rapides et décidés, pas même le vent automnal qui semblait avoir retenu son souffle l’espace d’un instant. Débouchant sur une rue un peu plus passante, elle jeta un coup d’œil aux environs, pinçant un peu les lèvres et plissant le nez lorsqu’une vieille dame coiffée d’une écharpe de soie lui souhaita la belle journée. Ses mains gantées serrèrent la poignée de la poussette de style ancien qui la précédait. Oh, comme elle détestait cet endroit remplis de moldus.
Heureusement, à Camden, les gens étaient habitués de voir déambuler des individus au look particulier. Avec sa poussette démodée, sa longue robe noire et sa cape courte qui lui couvrait les épaules, elle avait simplement l’air d’une élégante jeune femme un brin excentrique. On devinait au premier regard qu’elle n’avait aucun mal à subvenir à ses besoins, et ses yeux qui dardaient tous ceux qu’ils croisaient dissuadaient quiconque de venir la déranger et lui adresser la parole. Un autre tour d’horizon, et elle repéra un petit parc à proximité. Elle passa les petites grilles en fer forgé et alla se poser sur un banc sous un saule pleureur, un peu à l’écart.
Elle jeta un autre coup d’œil tout autour d’elle et, assurée qu’elle était bien seule, elle se pencha au-dessus de la poussette, souriant brièvement en posant les yeux sur son fils endormi. Rajustant la couverture épaisse dans lequel il était emmitouflé, elle repoussa la grande enveloppe brune qu’elle avait posé près de lui, la glissant sous le coussin, espérant qu’à ce moment précis son mari avait ressenti une petite pointe de douleur. C’était à cause de lui et de ses histoires à dormir debout qu’elle avait été obligée de se déplacer. D’autant plus qu’il ne s’agissait pas de la première fois. Qu’est-ce qu’elle ne ferait pas pour lui éviter la prison…
Elle souleva le bambin et le cala au creux de ses bras, se surprenant à observer les allées et venues des moldus qui se trouvaient dans le parc. Impossible de ne pas avoir une pensée pour Andromeda… elle devait sans aucun doute fréquenter ce genre d’endroit révoltant. Le visage de Bellatrix apparut également dans son esprit. Si elle savait qu’elle se trouvait là, Lucius recevrait sans doute bien plus cher qu’une petite vague de haine matrimoniale. Un petit gémissement l’extirpa de ses pensées, un grand sourire se dessinant sur son visage en voyant que son fils était réveillé, attendrie devant son petit air endormi.
« Coucou, Drago. Ne t’en fais pas, nous allons bientôt rentrer. Je sais qu’ici l’air est un peu… difficile à respirer. »
Ses yeux lancèrent des poignards au joggeur qui passa un peu trop près d’eux, rapprochant la poussette avec son pied. Oui, elle détestait vraiment cet endroit.
Dernière édition par Andromeda Tonks le Lun 12 Juin - 2:14, édité 3 fois
Narcissa B. Malefoy
Puriste
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Sujet: Re: (Un)Happy to see you ⚜ Narcissa & Andromeda Jeu 27 Avr - 3:25
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Bien que son calme avait été perturbé pendant le passage du joggeur, Narcissa devait bien avouer que ce petit bol de grand air lui faisait du bien. Avec toutes ces histoires de chasse aux Mangemorts et Lucius complètement empêtré dedans, elle n’avait pas trop osé sortir du manoir. Si elle n’avait jamais fait partie de ce groupe, elle était bien consciente que le nom de son mari était bien connu de tous.
Il n’en fallu pas plus pour qu’elle se perde dans ses pensées. Berçant doucement Drago, le regard perdu dans les jets d’eau de la fontaine au milieu du petit étang du parc, elle recommençait à se poser mille questions et à redouter le pire pour l’avenir. Si Lucius avait été là, il aurait poussé un énième soupir de désespoir. Il n’était pas le plus grand fan de ces monologues intérieurs toujours sous le thème de l’inquiétude et de l’incertitude. Mais d’aussi loin qu’il se souvienne, Narcissa avait toujours été comme ça; c’était la reine de l’introspection.
Encore une fois, c’est le gazouillis de son fils qui la ramena sur terre. Seulement, cette fois, la silhouette d’une jeune femme lui faisait de l’ombre. Elle leva les yeux, les plissant pour éviter d’être trop éblouie par le soleil. Malgré le beau temps et le vent passablement chaud pour cette période de l’année, le visage qu’elle aperçut lui fit l’effet d’une douche froide. Andromeda. Sa mâchoire se serra immédiatement. Évidemment, il n'était pas surprenant de la croiser de ce côté de Londres; ici, c’était son royaume, après tout.
Elle baissa immédiatement le regard, espérant presque que son esprit lui joue des tours et qu’elle finisse par disparaître. L’ombre sur elle semblait toutefois persister; sa sœur était bien là, en chair et en os, devant elle. Elle ne releva pas sa remarque sur sa présence dans ce parc, se contentant de renifler un coup, serrant Drago un peu plus contre sa poitrine. Elle commença à tapoter nerveusement la couverture de son pouce, trahissant son malaise. Elle haussa légèrement les sourcils, ce qui exacerba son air hautain emblématique quand elle l’entendit prononcer le prénom du blondinet. Alors l’information s’était rendue jusqu’à elle.
Les minutes s’écoulèrent. Le silence qui régnait entre elles était assourdissant. Le vent qui faisait trembler les feuilles des arbres, le murmure des conversations des autres usagers du parc et le cancanement des canards qui barbotaient dans l’étang lui brouillaient l’esprit. Des mains invisibles semblaient lui serrer la gorge, l’étranglant et l’empêchant de parler.
Que devait-elle faire? Après des années sans être adresser la parole, sans même se voir, de près ou de loin, voilà qu’elles étaient face à face. Quel mauvais coup du destin; qui avait fait en sorte que cela se produise? En tout cas, si sa mère n’était pas dans les meilleures dispositions, le petit Drago fixait avec curiosité sa tante, lui adressant d’adorables sourires.
« Il va bien. Et moi aussi. »
La réponse était sortie d’elle-même, sur un ton passable sec, surprenant Narcissa elle-même. Elle laissa passer encore quelques minutes, puis finit par daigner reposer ses yeux bleus sur le visage de sa grande sœur, le scrutant comme si elle le découvrait pour la première fois. Elle se racla la gorge et, sur un ton plus doux, quoique distant, elle ajouta :
« Tu as bonne mine pour quelqu’un qui vit par ici… »
À croire que l’air été toxique. Enfin, personnellement, parmi autant de moldus, elle finirait par étouffer.
Sujet: Re: (Un)Happy to see you ⚜ Narcissa & Andromeda Sam 24 Juin - 6:31
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Si Narcissa n’était déjà pas bien à l’aise ainsi à découvert du côté moldu de Londres, la présence de sa grande sœur n’arrangeait absolument rien. Elles ne s’étaient pas adressé la parole, ni même la plus plate des politesses, depuis bien trop d’années maintenant. Et avec la guerre qui avait fait rage, le fossé qui les séparait s’était creusé encore davantage. Après tout, la blonde était mariée avec l’un des plus fervents serviteurs du Seigneur des Ténèbres, la brune avec cet horrible sang-de-bourbe qu’elle détestait de tout son être. Narcissa était loin d’être sotte; elle connaissait bien sa sœur, et son sens de la justice et sa proximité avec leur traitre de cousin donnait une équation qui n’avait pour seul résultat possible une différence d’idéologie marquée. Littéralement, dans leur cas. Car bien que la jeune maman n’avait pas ce maudit tatouage qui défigurait l’avant-bras de son mari, qu’elle n’avait jamais voulu prêter allégeance à celui qu’il surnommait « Maître », il fallait bien se rendre à l’évidence que les sœurs Black étaient chacune dans le camp ennemi de l’autre.
Lorsqu’Andromeda releva sa fatigue apparente, Mme. Malefoy baissa de nouveau le regard, celui-ci glissant discrètement vers la poussette dans laquelle se trouvait les documents qui permettraient, du moins elle l’espérait, d’affranchir Lucius et de l’empêcher de finir dans le fond d’une cellule miteuse d’Azkaban. Non, Narcissa n’était pas sereine. La naissance de Drago avait ajouté de nouvelles inquiétudes à sa liste déjà bien longue. Ainsi, les nuits se faisaient courtes ou inexistantes, et elles les passaient bien souvent en compagnie de chimères et de cauchemars en tout genre. La peur d’être une mauvaise mère, la peur de perdre celui qu’elle aimait tant en raison de ses mauvais choix, se retrouver seule… Beaucoup de choses la tourmentait dernièrement. Et comme dans ses jeunes années, la voix intérieure de Narcissa ne se taisait qu’en de rares occasions. Toutefois, contrairement à son enfance, la blonde n’avait plus Andromeda, son lit et, surtout, sa présence et ses mots réconfortants pour la bercer et la pousser doucement dans les bras de Morphée.
Elle resta muette quant à la cause de ses traits tirés et de ses cernes plus proéminents qu’à l’habitude. Même si une part d’elle-même voulait tout lui dire, voulait ressentir le même réconfort qu’auparavant, l’autre moitié était méfiante. Allait-elle lui en dire trop? Pouvait-elle utiliser ses mots contre elle, mais surtout contre Lucius? Pouvait-elle exercer une quelconque influence sur les démarches qu’elle entreprenait pour aider son idiot de mari à rattraper ses bêtises? Elle ne pouvait pas prendre ce risque. Toutefois, son commentaire sur son fils vient la piquer au vif. Instinctivement, elle resserra son étreinte sur son fils, relevant des yeux furibonds sur son aînée.
« Tu es vexante, Andy! Tu crois vraiment que je prendrais la peine de venir volontairement en ces lieux infectes rien que pour essayer d’éveiller un quelconque sentiment de haine chez mon fils? Pour qui me prends-tu? » pesta-t-elle en la dévisageant d’un air hautain.
La moue renfrognée qu’elle arborait désormais était en tout point semblable à celle qu’elle avait adolescente lorsqu’un conflit faisait rage au sein de la sororité; les traits étaient seulement vieillis d’une dizaine d’années. Aussi réalisa-t-elle qu’elle venait d’employer le surnom affectueux qu’elle avait l’habitude d’utiliser à la même époque. Ses joues rosirent légèrement, et elle sombra de nouveau dans long silence, embarrassée. Maintenant, elle lui servait des Andromeda solonnels et polis. Cet Andy lui avait totalement échapper, et tous les souvenirs d’antan vinrent lui happer le cœur. Drago, lui, n’en faisait visiblement pas de cas, continuant de gazouiller comme un petit oiseau devant sa tante.
« Aimerais-tu… Hm », commença-t-elle en se râclant la gorge. « Aimerais-tu le prendre dans tes bras? »
Elle glissa sur le banc pour faire une place à sa sœur sur le banc, passant sa main gantée sur le crâne duveteux et blond de son bébé, lui replaçant quelques petites mèches rebelles et frisottis. Elle n’avait pas eu cette chance avec Nymphadora, elle, jamais formellement invitée à rencontrer sa nièce. La petite savait-elle seulement qu’elle avait des tantes? Narcissa en doutait, persuadée que jamais le nom de Bellatrix ne devait franchir ses lèvres, ce qu’elle comprendrait. Elle était également convaincue que le sien n’était qu’un vestige d’un passé qu’elle avait tenté d’oublier en fuyant avec son aimé.
Sujet: Re: (Un)Happy to see you ⚜ Narcissa & Andromeda Dim 16 Juil - 13:25
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Tu ressembles à la Cissy que je connais. Ces mots résonnèrent dans la tête de la blonde, levant les yeux vers sa sœur pour scruter son visage. Ressembler était sans doute le mot juste. Elle n’était plus vraiment la petite fille qu’elle et Sirius devaient convaincre d’abandonner ses livres pour venir se joindre à leurs folles aventures, ni même l’adolescente qui, devenue la cible des incessantes avances de cet imbécile de Lucius Malefoy, ressentait le besoin de se glisser dans le lit de son aînée au beau milieu de la nuit parce qu’elle n’arrivait tout simplement pas à fermer l’œil. Elle avait grandi, et son cœur avait mûri, un peu trop peut-être, au point de s’aigrir avec l’épisode de la vendetta Tonks. Depuis dix ans, elle avait évolué. Elle n’était plus tout à fait la même, mais ces souvenirs gardaient vivante la Cissy qu’elle connaissait.
« Merci… », répondit-elle à voix basse lorsqu’Andromeda complimenta la prunelle de ses yeux, une fierté non dissimulée venant les illuminer.
Bien qu’elle savait son fils en sécurité, Narcissa ne pouvait s’empêcher de garder un œil protecteur sur celui-ci, sourire aux lèvres. C’est vrai que Drago était une petite merveilleuse, sans doute sa plus belle création. Elle devait bien avouer qu’elle et Lucius avaient fait un excellent travail. Elle se surprenait parfois à passer des heures à l’admirer. Tout chez lui l’émerveillait, et dès qu’il était en pleurs, elle tâchait de tout mettre en œuvre pour les faire taire. Dès lors qu’elle avait posé les yeux sur sa petite frimousse fripée à Ste-Mangouste, la benjamine des Black avait su que pour lui, elle pourrait remuer ciel et terre. Il était son trésor le plus précieux, et elle le défendrait toute sa vie, au péril de la sienne. Elle avait un cœur de mère, à présent, et elle se doutait bien qu’Andromeda ressentait exactement la même chose envers Nymphadora. Son sourire s’effaça quelque peu en pensant à sa nièce, surtout après que sa sœur l’ait ainsi remercié de lui avoir offert ce moment privilégié avec son neveu.
« Je n’ai aucun mal à imaginer que Nymphadora est une enfant aussi belle que formidable. »
Narcissa ressentit comme un vide dans son estomac lorsqu’elle le réalisa. C’est bien tout ce qu’elle pouvait faire, imaginer. Elle ne pouvait même pas associer un visage au prénom. Elle se disait qu’elle devait être un savant mélange entre son père et sa mère, mais retenir bien évidemment plus de cette dernière. Il aurait été facile de blâmer sa sœur, mais elle savait trop bien qu’elle était l’artisane de son propre malheur. Il était totalement normal que la petite ne connaisse pas le bourreau de son père, cette même personne qui avait repoussé toutes les occasions de dialogue avec sa mère. Pourquoi faire entrer dans sa vie une personne aussi perfide? C’était sans doute aussi égoïste de sa part d’espérer refaire partie de sa vie.
« Et toi, comment vas-tu? Comment va-t-il? »
Tentative d’ouverture, preuve qu’elle s’intéresse à sa vie. La guerre a mis bien des choses en perspective, et si elle est toujours incapable de prononcer le nom de son mari, elle doit bien se rendre à l’évidence qu’elle ne peut plus s’aveugler volontairement et agir comme s’il allait finir par disparaître du jour au lendemain. Et si ça devait arriver, Andromeda serait sans doute dévastée. Ça, son petit cœur trahi l’avait bien compris lorsque Lucius tardait à rentrer de mission ou revenait dans un piteux état. Et sa sœur ne méritait pas pareil châtiment.
Sujet: Re: (Un)Happy to see you ⚜ Narcissa & Andromeda Sam 16 Déc - 5:40
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Ted. Trois pauvres lettres, une misérable syllabe. Le surnom d’Edward Tonks, le sang-de-bourbe qui arborait le bleu et l’argent et qui avait osé capturer le cœur de sa sœur dans ses serres comme le rapace sur le blason qu’il avait porté sur sa poitrine pendant sept années de sa vie. Celui-là même qui s’était fait traîné dans la boue, écorché contre les pierres des murs et calciné par des sorts à sa demande. La simple mention de son nom la fit frémir, et bien qu’elle aurait voulu réagir autrement, les narines de son nez délicat se retroussèrent et elle leva légèrement ce dernier en l’air de façon dédaigneuse. L’expression typique de Miss Narcissa Black, celle grâce à laquelle bon nombre de gens la qualifiait de snob.
Mais pouvait-on réellement la blâmer de réagir de la sorte? Certes, d’un point de vue extérieur, c’était elle la grande vilaine de l’histoire, celle qui avait orchestré mille et une torture pour ce bon vieux Ted. C’est elle qui, assise au bout de la table des Serpentards, au fond de la Grande Salle, suivait d’un regard froid et impassible le pauvre bougre qui venait chercher sa pitance après avoir été amoché par ses sbires en sirotant lentement sa coupe de jus de citrouille, songeant déjà au prochain châtiment à lui infliger. Car il fallait bien le punir, ce voleur de sœur. Il était débarqué comme ça pour la lui ravir et venir cracher sur son petit bonheur. Un mari et un garçon plus tard, Narcissa considérait encore la situation comme l’une des plus terribles des trahisons.
Ainsi, elle plissa légèrement les yeux quand Andromeda précisa que le grand brun jouait parfaitement son rôle de père et de mari. Oh, là-dessus, Narcissa n’avait aucun doute. C’est bien parce qu’elle le savait sans malice – trop gentil – qu’elle se permettait de le haïr autant. Face à lui, elle n’était que la cadette échaudée, la puriste qui ne souhaitait voir que tous les impurs brûler sur la place publique. Et force était d’admettre que son amour sincère pour sa sœur avait su triompher de l’amour qu’elle lui portait. L’amour sororal était un amour bien faible comparativement au grand amour, n’est-ce pas? Ce sont bien souvent les princes charmants qui viennent au secours des princesses en détresse – Narcissa l’avait bien compris dans les dizaines de contes qu’elle avait pu lire enfant.
« C’est… la moindre des choses », laissa-t-elle tomber sur un ton plus brusque qu’elle ne l’aurait souhaité.
Nymphadora. La blonde battit des cils lorsque le nom vint lui chatouiller les tympans. Oui, il valait mieux ne pas rester sur le sujet du mari trop longtemps. Là, assises sur un banc dans un parc moldu, ce n’était ni le moment ni l’endroit pour crever un abcès trop douloureux et trop purulent. Une autre fois, se dit-elle, prenant une grande inspiration pour chasser les nuages orageux qui avaient commencé à se rassembler au fond d’elle. Andromeda lui proposait de regarder une photo de sa nièce. C’était un bon départ, du moins c’est ce que pensa Narcissa. Elle n’avait pas peur qu’elle la voie, qu’elle sache à quoi elle ressemble. Elle hocha la tête, glissant le bout de ses doigts dans la poche indiquée. Sensation plutôt étrange – nostalgique, même. Cela lui rappelait les jours d’hiver, quand elle avait parfois le bout des doigts gelés par le vent malgré ses gants de laine et qu’Andy l’invitait à les glisser dans les poches de son manteau. Là, à l’intérieur de sa veste, se dégageait la même chaleur réconfortante qu’auparavant.
Lentement, Narcissa tira sur le portefeuille, l’ouvrant sans plus tarder, y extirpant les deux clichés. Ses grands yeux bleus s’attardèrent un moment sur le visage de Ted. Les années avaient fait leur œuvre comme si sur sa sœur, comme sur elle, comme sur Lucius, comme sur n’importe qui, mais il était facile de le reconnaître. Elle ne manqua pas de remarquer le grand sourire d’Andromeda qui trahissait un bonheur certain, puis enfin elle accorda toute son attention à la petite fille. Ses traits les plus frappants était le regard aussi doux que celui de son père, mais le port de tête bien fier comme celui de sa mère. Leurs gènes s’étaient amalgamés d’une bien belle façon. La gamine était aussi jolie que charmante et, considérant ses parents, Narcissa se doutait bien qu’elle était également pourvue d’une grande intelligence. Doucement, elle poussa la première photo pour pouvoir regarder la deuxième. Immédiatement, elle ouvrit de grands yeux et haussa les sourcils en voyant que la gamine avait les cheveux d’un rose éclatant qui n’avait rien de naturel.
« Mais! », s’exclama la blonde, sa voix montant légèrement dans les aigus. « Elle est métamorphage? »
Elle leva les yeux sur sa sœur, stupéfaite. Elle ne s’attendait pas du tout à ça, et deux voix de tiraillaient dans sa tête. La première était celle de la Black pure et dure, celle qui clamait qu’un tel phénomène ne pouvait être le résultat direct du sang souillé du Tonks qui avait abâtardi celui si pur de sa sœur, alors que l’autre plus douce, plus enfantine, trouvait la chose absolument extraordinaire. Elle jeta un coup d’œil à son fils et à ses cheveux platine d’un air songeur, se demandant si elle n’allait pas un jour se pencher au-dessus d’une bassinette où serait couché un bambin aux cheveux vert pomme.
Sujet: Re: (Un)Happy to see you ⚜ Narcissa & Andromeda Lun 15 Avr - 6:01
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Chaque petite remarque venant appuyer les arguments pro-Ted Tonks avaient le don de lui faire froncer les sourcils et plisser les yeux pour mieux dévisager sa sœur. Ainsi, lorsqu’Andromeda vint apporter la précision que le sang-de-bourbe qui lui servait de mari était le seul à pouvoir la rendre aussi heureuse, la blonde se renfrogna légèrement, restant parfaite coite, à bout de contre-arguments. Elle détestait l’admettre, mais son aînée avant raison. Il lui suffisait de projeter cette vision sur son propre couple pour comprendre le fondement de l’affirmation. Non, il ne suffisait pas qu’un homme vous passe la bague aux doigts pour soudainement vous offrir le bonheur. Au sein de la haute société magique, plusieurs exemples de couples pouvaient être cités pour prouver ce fait.
Le mariage arrangé était une pratique courante chez les sang-purs, et rares étaient les unions parfaitement sereines. Oh, elles n’étaient pas impossibles, loin de là. Les plus chanceux finissaient par être visités par Cupidon et, frappés par une flèche, ils tombaient dans les bras l’un de l’autre. D’autres, plus pragmatiques, parvenaient à un partenariat mutuel. Enfin, pour certains, les alliances se transformaient rapidement en menottes. Se sentant coincés dans une relation forcée dont elles n’avaient jamais demandé, les deux parties voyaient leur joie de vivre s’étioler au fil des années. Dans pareilles conditions, les histoires extraconjugales et autres petits scandales venaient alimenter les ragots et entacher les réputations comme un encrier renversé.
Lorsque leurs parents avaient joué cette carte avec Bellatrix, lui annonçant qu’elle allait devoir marier Rodolphus Lestrange, Andromeda et Narcissa reçurent leur premier son de cloche. Tôt ou tard, elles devraient se tenir devant l’air austère de Cygnus, qui leur déballerait sans cérémonie le destin que lui et Druella avaient choisis pour elles. Lorsque le tour d’Andromeda arriva enfin, Narcissa avait assisté à la scène, totalement impuissante. Alors que sa sœur faisait valoir ses droits, elle avait gardé son regard bleuté sur le rôti en sauce qui refroidissait dans l’assiette. Elle était de son côté, évidemment. Sa sœur méritait de rencontrer un homme bon qui saurait prendre soin d’elle convenablement. Jusqu’à ce que le nom du Serdaigle soit mentionné. Toutefois, bien que la trahison fût difficile à avaler, jamais la cadette n’avait voulu voir sa sœur vendue comme du bétail au plus offrant.
Cette soirée-là, en plus d’avoir compris que sa sœur chérie lui mentait éhontément depuis trop longtemps, elle sut qu’il ne s’agissait que d’une question de mois avant que les parents ne se tournent vers elle pour assurer l’avenir de la prestigieuse maison Black. En associant toutes les bribes d’information qu’elle réussissait à glaner lors de soirées mondaines ou dans les couloirs de Poudlard, elle avait conclu que sa main allait être offerte à Rabastan Lestrange. Elle le connaissait bien, et elle n’avait rien contre lui, mais elle ne se voyait pas finir le reste de ses jours à ses côtés. Lucius Malefoy, par contre, lui tournait autour depuis un bon moment déjà. Et bien qu’elle laissât entendre le contraire, elle était loin d’être insensible à ses attentions, encore moins à son sourire enjôleur qui lui donnait à la fois envie de l’embrasser et de l’étrangler. Elle avait damé le pion à ses parents en leur présentant le garçon. Elle était gagnante sur toute la ligne : elle mariait l’homme qu’elle aimait et gardait intact l’honneur des Black.
Si Ted était le seul homme à pouvoir rendre Andromeda complètement heureuse, Lucius était le seul au monde à pouvoir jouer ce rôle dans sa vie. Dernièrement, cependant, bonheur et joie n’étaient pas les personnages principaux de la pièce; ils avaient été remplacés par le doute et le vide. Depuis la chute du Seigneur des Ténèbres, son mari faisait tout pour garder la tête hors de l’eau, ne voulant pas être emporté dans la tornade et envoyé directement à Azkaban. Pour autant, il n’était pas plus présent. Ce constat, et la vie rêvée que semblait mener Andromeda en comparaison, fut une véritable onde de choc.
Comme le brouillard qui se lève sur les landes anglaises les matins frisquets d’automne, la tristesse vint voiler son regard azuré. Les émotions tourbillonnaient en elle, lui tordant les entrailles, lui serrant le cœur et commençant à lui filer la migraine. Comme à son adolescence. Comme lorsqu’elle allait s’isoler dans sa chambre dans l’espoir qu’on ne vienne pas la déranger le temps que la tempête se dissipe. Jamais les traits fins de Narcissa – ce masque de perfection souvent feint – ne devaient se fissurer devant autrui. Encore moins devant celle qui fut pendant si longtemps sa confidente et sa meilleure amie. Un dernier regard au visage d’angelot de la nièce qu’elle ne rencontrerait sans doute jamais lui asséna le coup de grâce. D’une main tremblante, elle remit les photos à Andromeda sans se donner la peine de les ranger dans son portefeuille, lui reprenant Drago d’un geste presque robotique.
« Nous devons y aller », laissa-t-elle tomber de façon plutôt expéditive entre deux reniflements discrets. « Il commence à se faire tard, et je ne veux pas qu’il attrape froid. »
Un peu confus d’avoir été ainsi arraché aux bras de sa tante à qui il faisait d’adorables sourires depuis plusieurs minutes déjà, c’est la bouche en « o » que le bambin leva ses grands yeux sur le visage pincé de sa mère, qui l’enveloppa dans sa petite couverture avant de le coucher dans la poussette.
« J’ai été ravie de te revoir, Andromeda. »
Son ton se voulait presqu’officiel, comme si elle venait de mettre fin à une réunion avec un haut dirigeant. Les deux mains crispées sur la poussette, se refusant à regarder sa sœur, elle était prête à prendre la fuite. Elle avait tenté de se montrer forte depuis plus d’une décennie. Aujourd’hui, elle se rendait compte que sa souffrance était plus profonde qu’elle ne le croyait. Et elle avait mal. Très mal.