Qu'est-ce qu'un ami ? C'est comme une part de soi-même, portée dans un palpitant ravi. C'est aimer sans crainte, connaitre sans doute, être loyal sans concession. C'est un abandon de soi, plus profondément que l'amour encore - quand on aime on joue le rôle de l'épouse, de la maitresse, de la femme. On joue un rôle pour faire plaisir à l'autre, pour le combler, pour être sa perfection. Mais en amitié, la perfection se trouve dans la franchise. Dans l'être soi.
Poudlard n'était pas si surprenant finalement. Le Château était sans doute l'un des plus grands que tu avais pu découvrir, mais certainement pas le mieux entretenu, ni le plus lumineux. La vieille pierre sombre donnait l'impression que chaque recoin pouvait être hanté - et les fantômes qui circulaient en jetant des cris moqueurs aux jeunes élèves n'aidaient pas à éviter cette impression. Tu étais perplexe - un brin déçue - mais surtout amusée. Ce lieu ressemblait à un terrain de jeu comme tu aimais en parcourir avec ton frère - en Ecosse vous aviez des centaines de ruines de vieux châteaux et de demeures moldues abandonner à utiliser comme terrain pour vos jeux d'enfants. Au moins la maison ne te manquera pas trop ici.
Face au choixpeau, à la solde des regards et des doigts pointés des autres élèves, tu avançais à attendant ton nom. Il était parmi les derniers, rien d'étonnant à cela, même si Parkinson doit attendre ton passage pour voir son destin basculer. Quand tu passes, tu restes souriante - c'est que malgré tout t'as le palpitant en joie d'être enfin à l'école pour les grands. Ton frère te regarde de près, assis à la terre des Serdaigles. C'est qu'il est plus intelligent qu'il n'est fourbe - apparemment tout ton contraire, car le Choixpeau gueule
Serpentard après six minutes de réflexion. Les autres disent que c'est long, toi tu penses qu'ils prennent déjà plus le temps de juste attendre. Assise à la première place venue, tu vois qu'face à toi se trouve une fille plus élancée et sûre d'elle que tu le seras jamais. Carrow - t'as retenu le nom, puis elle ressemble à ceux que tu as déjà croisé dans les soirées de sangs purs où vous vous rendiez parfois.
T'as du chocolat autour de la bouche. Que tu lui fais savoir au bout de quelques minutes après le début du dessert. Elle semble surprise - mais réalise que t'as murmuré l'information pour que personne ne s'en rendent compte - et tu penses que c'est pour ça (et parce que vous partagez le même dortoir) qu'elle t'a plus lâché à partir de là.
Le truc que t'as vite appris à aimer à Poudlard ce sont les banquets. Toujours de quoi manger - chaud, froid, purement britannique, à mêler les saveurs et les goûts sans se soucier de l'harmonie de l'ensemble. Excentrique sans s'embêter à être goûteux - tu trouves rapidement là plaisir à te perdre au point de demander à rester à Poudlard durant les fêtes. Surtout dès la seconde année - parce que c'est là qu'Owen te rejoint. Ton cousin c'est un frère, laissé à la solde de tes parents par une tante qui a pris ses quartiers à Poudlard par la suite. Une famille disséminée dans le monde c'est pas nouveau pour toi - tu sais mieux qu'à t'angoisser de pas en connaitre tous les membres, ou de les voir qui viennent de partout.
Owen c'est une seconde partie d'âme pour toi mais là où t'as laissé ton coeur c'est entre les mains de Parkinson - qui s'gêne pas pour venir manger à la table de Serpentard alors qu'elle porte l'aiglon sur son blason. Et les Carrow qui savent s'faire aussi fourbes que charmeurs. Si tu cesses pas d'parcourir le monde - à la manière du reste de ta famille - tu es assurée depuis le premier jour que ton palpitant reste constamment à leurs côtés.
ils disent que les voyages forgent la jeunesse. découvrir le reste du monde pour sortir son esprit de la pensée unique et étriquée. alors on a parcouru le monde - chaque année un pays différent, déploiement sa langue. La langue : c'est là la porte vers un autre. Un autre monde, une autre idée du monde, une autre philosophie, une autre société. Les mots et leurs pouvoirs, voila ce que j'ai appris à aimer durant ces voyages.
Autour d'elle s'étendait les portes et les murmures, les représentants de la famille de sa mère qui les avaient accueillis en Chine. Une centaine de sorciers, de sorcières, avec leurs enfants et leurs maris, réunis pour rencontrer les nouveaux membres n'ayant pas encore été introduits parmi eux. Incapable de savoir où se placer, sentant les regards la juger et la scruter, elle restait accrochée à la manche de son grand frère. C'était terrifiant - leur mère les avait assez prévenu, anticipant ce voyage à l'autre bout du monde durant des mois. Elle avait rappelé à Echo les us et coutumes, la meilleure manière de se comporter en face de la matriarche, la meilleure manière de se tenir à table, comment parler en public - elle savait parler le cantonais, parce que sa mère le préférait quelque fois et qu'il était nécessaire pour eux de connaitre la langue de leur famille.
Mais elle n'était guère douée pour tenir une conversation et l'angoisse lui tenait la gorge. Elle trouva sa place près du buffet, trouvant l'excuse des gâteaux sucrés et fris pour ne pas tenir de conversations plus longues que quelques minutes.
Dis pas un mot et suis moi p'tite soeur lui murmure finalement Malaki quand il voit qu'elle dévore son troisième beignet.
A l'extérieur l'air se fait plus frais, l'aidant à retrouver son air malgré le corset qu'elle porte sous la robe traditionnelle dorée et rouge. Elle sourit, appréciant l'aide de son frère qui lui prend la main pour l'amener loin de la maison traditionnelle de leur arrière-grand-mère. Ils marchent longtemps - du moins en a-t-elle l'impression. Rapidement il ne se trouve autour d'eux que des roches et des forêts - il sourit, fier de son idée, illuminant leur trace par un sortilège qui les suit dans la nature. Il y a autour d'eux des centaines de bruits mais elle n'a pas peur. Elle craint bien moins la présence des créatures magiques sauvages que de ses cousines plus âgées et déjà mariées.
Finalement, ils arrivent au sommet - la colline s'ouvrant sur un paysage immense, illuminé par la lueur de la lune. Elle reste là, la bouche ouverte et le ventre tordu par l'émotion devant l'immensité de ce paysage. Le ciel étoilé les illumine - les étoiles filantes pleuvant comme autant de promesses.
J'ai un cadeau pour toi et j'me disais que le meilleur endroit pour te l'offrir c'était ici. lui assure-t-il en lui tendant le paquet qu'elle ouvre sans attendre - un sortilège permettant de renvoyer les déchets ailleurs.
Devant elle l'appareil photo magique est une promesse qui lui met le sourire sur les lèvres. Elle sautille jusqu'à son grand frère pour le prendre dans ses bras.
Je veux que tu immortalises chaque souvenir, Echo. Qu'tu fasses de ta vie un roman graphique avec uniquement de la beautés et des sourires. Et c'est lui le premier qu'elle immortalise - la photo restera à ses côtés, encadrée, montrant son grand frère le visage souriant et fier, sur fond d'un paysage irréel où les montages semblaient flottées dans les airs.
L'amour est une construction sociale : elle délivre à l'esprit non la manière d'aimer mais comment le dire au monde. Se marier, avoir une maison, avec trois enfants, savoir cuisiner, maitriser les sortilèges nettoyants, être jolie, être mince, être au service d'un homme et de ses désirs. Le sexe. C'est idées reçues qui mettent la femme en second plan : finalement qui nous apprend à nous aimer nous ? L'amour, c'est tourné vers l'autre. Alors jr rêve du jour où on apprendra d'abord à s'aimer soi-même.
Chaque voyage était une nouvelle promesse - mais celle de partie avec ses amies était sans doute la plus surprenante. Et heureuse pour elle. Partir aux Etats-Unis c'était une idée de son père - parce qu'il doit traiter avec quelques grands diplomates là-bas, et que les
voyages forment la jeunesse. C'est comme cela qu'ils s'y retrouvent tous - Malaki, Owen, les Carrow et Arabella. Impossible pour Echo de traverser le monde sans avec ses meilleures amies à ses côtés - et Amycus.
Evidemment, Amycus, comme elle l'a adoptée avec autant de facilité qu'elle s'est mise à aimer Alecto. Les Carrow sont indissociables dans sa tête, mais son palpitant sait parfaitement faire sa part des choses quant à l'affection qu'elle leur porte. Pas qu'elle l'admettre - elle sait mieux qu'à montrer trop de ses émotions, outre un sourire qu'elle porte constamment. Les jours s'étendent aisément près des pleines d'Arizona. C'est là qu'ils ont fait halte pour quelques jours, pour visiter les réserves d'animaux fantastiques dans le coin. Assez pour qu'Owen, Alecto et Arabella se retrouvent épuisés - mais l'excitation qui brûle dans le palpitant d'Echo la tient éveillée parfois à travers la nuit. Et Amycus est devenu un allié dans ces moments-là. C'est pour cela qu'il a prit un jeu d'échec - un défi entre eux qui les suit absolument partout.
Mais cette fois c'est différent.
Il y a le Grand Canyon pas loin, j'vous conseille d'y aller en balais. Malaki manque pas de sourire - il lance à Amycus un regard que sa soeur reconnait pas mais elle est bien trop heureuse de la proposition pour s'y arrêter. Les deux balais entre les cuisses, les sorciers s'y élancent sans une seconde pensée. Ils sont cachés par un sortilège, puis par la pénombre qui les cachent encore aux yeux des moldus. Ils savent - après tout - que les moldus sont prompt à croire qu'ils voient des présences d'ailleurs plutôt que de croire en la magie.
Ils atteignent le Grand Canyon au levée du soleil, s'élançant sans retenu - elle, elle joue au Quidditch, trouvant plaisir à lâcher prise quand elle vole sur un balais. La vitesse lui fait battre le palpitant plus fort, mais rien en comparaison au baiser qu'il lui volera au zénith. La journée s'étend en promesse et en murmure d'adolescents - ces amours d'été qui sont des promesses éphémères d'éternité. Elle s'y laisse aller, goûtant aux lèvres d'Amycus dans le dos de ses amies. Un secret qu'elle conserve pour son propre plaisir coupable. Elle sait qu'il y a là le goût de l'interdit, des promesses des sangs purs entre eux - les fiançailles se font dès l'enfance, et Amycus a été promis à Arabella depuis.
Mais juste ce matin-là et les suivants, elle continue à voler à ses côtés, à trouver des grottes et des passages secrets, pour oublier le reste du monde en se pendant à ses lèvres.
Le monde est-il devenu fou ? Ou peut-être l'a-t-il toujours été : à toujours vouloir tout régler et décréter par des règles absurdes mais suivant une logique. Ou créant une logique alors qu'au départ il y a juste rien. Alors on crée des lois, des règles, des conditions - voila qu'un but est donné aux esprits terrifiés par le néant et le chaos. Mais le néant et le chaos devient une règle à Poudlard : à présent il faut survivre.
Sur le Quai du Poudlard Express, elle sent son coeur qui se sert. La nouvelle des fiançailles d'Amycus et Arabella est devenue une évidence dans leur monde. Dans sa poche, les bonbons sont devenus collants, ce qui ne l'empêche pas de les amener régulièrement à sa bouche, poussant le sourire qui se crispe presque sur ses lèvres. La sixième année à Poudlard se fait sous de nouvelles règles - ce qui lui convient parfaitement. Être la meilleure - voila tout ce qu'elle a toujours tenté de créer depuis des années. Être populaire, être douce, être gentille, être appréciée, être intelligente, être douée. Assez pour que ses notes soient bonnes sans pour autant se hisser au premier rang comme d'autres s'en font un défi.
Les Serpentards qu'elle croisent lui lancent des
Bonjour Echo, comment vas-tu ? Alors ces vacances ? et chaque fois elle passe dix minutes à répondre, à faire valoir la beauté des Etats-Unis et la chance de garder des photos pour souvenir - qu'elle sort pour les montrer, gardant celle plus secrètes dans une poche doublée de son sac. Avant d'arrivée à sa place, sa poche de bonbons est vide et la nausée la retient encore quelques instants loin de ses amies.
Arrivée dans le wagon qu'elles partagent toujours, elle hisse son bagage, prend sa place et tente de convenir les émotions qui la chavirent. Pas de mots accusateur ou de regrets assumés -
ce qui s'est passé dans le Grand Canyon y restera. Et cette année sera parfaite, comme le reste de sa vie doit toujours l'être.