Eden - music in my veins

Ce fut le cri d'un bébé qui venait de réveiller tout le manoir Cavendish. Le troisième enfant était né et enfin, c'était une fille. Après deux garçons qui étaient là pour assurer l'héritage, la matriarche tenait à avoir une fille. Les filles ça permettait de faire des mariages, des alliances. L'esprit des filles était plus malléable que celui des garçons et cette fille-là allait être une parfaite petite duchesse. Sa garde-robe était déjà prête pour les vingt années à venir, ses parents avaient déjà planifié des bals, des banquets, des réceptions, sa vie était planifiée à la minute près. Mais pour l'instant, elle se calma dans les bras de sa mère, qui était si heureuse d'avoir une petite fille. Mais le bonheur ne dura qu'un temps. La pauvre femme fut emportée par une maladie foudroyante, seulement cinq mois après la naissance de sa fille.

L'enfance d'Eden se déroula à merveille, ponctuée par les récits de son père sur sa mère. Elle était une petite fille rêvée, dont les rires faisaient écho dans tout le manoir. Mais le premier accident arriva. Ô ce n'était pas grand chose aux yeux des nourrices, ça devait être un courant d'air qui a fait tomber ce vase. Sauf qu'il n'y avait pas de fenêtres ouvertes et qu'en plus de cela, l'air extérieur était tellement étouffant qu'il y avait à peine d'air. Mais un courant d'air, ce fut ce qu'il fallait se dire pour se rassurer, ce fut ce qui avait été dit aux parents également. Des vases ? Ca se rachète, même ceux à plus de mille livres. Quelques jours plus tard, ce fut au tour du cadre du grand oncle Harold de tomber à terre, l'encadrement en bois d'acajou se fissurant légèrement à cause de la chute. Une vis mal visée, voilà tout ! Après tout, il tenait en plus depuis plus de deux siècle, il fallait bien qu'il tombe un jour. Et la semaine d'après, ce fut l'évènement étrange de trop. Ce fut le père qui remarqua celui-ci. Il vit sa fille adorée, sa précieuse rubis, communiquer avec un étalon, le plus violent et vindicatif de l'écurie paraissait-il ! Et pourtant, ce petit bout d'enfant de dix ans se tenait devant la bête, qui semblait apaisée. Ce n'était pas un hasard, quelque chose n'était pas normal. Ce n'était pas normal, ce fut aussi cette personne, vêtue d'une cape, qui semblait venir d'un autre monde qui s'approcha du père, assis à la table sous le vieux chêne. La petite Eden regardait la scène de loin, sachant que c'était une conversation d'adultes et qu'elle ne devait pas s'interposer ou s'inviter. Lorsque l'étrange adulte repartit, son père avait le visage fermé, l'air triste. S'en suivit une longue conversation où il tenta de lui expliquer du mieux qu'il pouvait ce qu'il venait d'apprendre : Eden était dotée de magie et devrait, à la rentrée qui suivrait ses onze ans, aller dans une école spécialisée. Magique ? Moi ?

Cette rentrée arriva rapidement, trop rapidement pour Eden qui rechignait à partir. Toutes ses affaires étaient prêtes après des discours d'encouragement de son père, elle monta enfin dans le train. Elle arriva quelques temps après devant un immense château, dont elle ne vit pas le sommet même en levant la tête le plus qu'elle pouvait. On la bouscula car elle n'avançait pas, la traitant au passage de sang-de-bourbe. Ô bien évidemment, l'innocence de l'enfance lui permit de ne pas comprendre de suite ce que voulait dire ce terme, elle ne l'apprendra que bien plus tard. Mais elle avança, timide, dissimulée dans la foule d'enfants. Elle avait tant à découvrir de ce monde auquel elle appartenait désormais. Mais pour l'heure, elle arriva dans une salle immense, avec des bougies qui flottaient au plafond et de la nourriture à profusion sur les grandes tables en chêne. Les premières années se mirent en ligne et elle attendit que son prénom fut appelé. Quand vint son tour, on posa un drôle de chapeau sur sa tête. Un chapeau parlant, qui plus est, qui n'hésita pas plus de dix secondes avant de l'envoyer chez les Poufsouffles. Elle reconnut qui ils étaient parce qu'ils applaudissaient bruyamment. Alors elle se dirigea vers la table, où elle fut bien accueillie par ses nouveaux camarades.

(TW : harcèlement)

Mais Poudlard, bien que magique, restait une école comme les autres. Dans comme dans toutes les écoles, il y avait du harcèlement. Au début, ce n'était que des insultes dans les couloirs, qu'elle faisait mine d'ignorer. Puis il y eut des croche-pieds, des bousculades de l'épaule, des rires moqueurs de plus en plus présents. Puis on la prenait à part et on lui jetait des sorts. Mais apparemment, tout ça, ce n'était que des jeux d'enfants, rien de trop grave. Mais elle, elle voulait jouer aussi. Elle commença à se rebiffer au cours de sa quatrième année. Elle a commencé à embraser la culture rock des débuts des années 60, elle se noircissait les yeux, se dessiner de faux tatouages, troua ses collants. Puis, elle commença à répondre à ses harceleurs. Elle rétorquait, rendait les coups lorsqu'ils étaient donné et bientôt, plus personne ne la faisait déféquer. Pire encore, son affinité à la magie de la terre s'était développée en même temps que son apprentissage de la magie avançait et les autres commençaient à la craindre. Elle n'hésitait plus à riposter, elle ne se laissait plus faire. Elle avait également créée une espèce de club pour défendre les victimes au sein de l'école.


Sa scolarité se passait bien. Eden était une élève moyenne, trop concentrée sur sa musique, sur son violon, mais elle avait au moins la moyenne. Elle jouait depuis qu'elle était enfant, c'était son échappatoire. Puis il y eut Mischa, et il devint plus important que la musique. L'amour, ce n'était pas censé faire ça. Ce n'était pas censé la rendre folle de lui, de ses baisers, de ses caresses dans les cheveux. L'amour, ça ne devait pas la faire attendre chaque soir dans la salle commune qu'il vienne la rejoindre pour passer la soirée au coin du feu à se dire des promesses d'amour en mangeant des sucreries. L'amour, ça n'aurait pas dû la rendre si amoureuse que chaque chanson qu'elle jouait sur son violon lui était destinée, à lui, et lui seul. Une idylle parfaite, un amour comme il n'en existe rarement. Mischa termina ses études, Eden avait encore une année à faire à Poudlard. L'été qui suivit la fin de la scolarité de Mischa, ils le passèrent ensemble. A s'aimer de mille façons, à passer des journées entières à Camden Town, à se faire des tatouages. Tant qu'ils étaient ensemble, il n'y avait que ça qui comptait. L'été fut merveilleux, enchanteur et Eden refusait de faire sa dernière année sans lui. Ils se promirent de se retrouver pendant les vacances et dès qu'Eden aurait ses ASPICs, ils partiraient tous les deux. Oui, c'est ce qui aurait dû se passer. Mais la vie ne se passe jamais selon nos plans.

Aux vacances d'automne, la jeune poufsouffle attendit son amour à la gare de Londres. Mais il ne vint pas. Elle se dit qu'il avait dû oublier, ce n'est pas grave, ça arrive. Mais elle ne le vit pas le lendemain, ni les jours d'après et les vacances passèrent rapidement. Aucune nouvelles de lui. Mischa avait disparu, sans un mot, sans une lettre. Et Eden devait finir son année scolaire avec le fantôme de son absence. Ce fut long, de continuer sa vie alors qu'il lui manquait à chaque seconde. Et à son poignet, tintait toujours le bracelet qu'il lui avait offert avec un violon et une guitare en breloques. Elle le voyait partout, dans chaque ombre, dans chaque foule d'élèves, dans chacun de ses rêves. Elle finit son année péniblement mais elle obtint tout juste Acceptable à chacune de ses matières. Et l'été qui suivit, toujours aucune de nouvelles de lui. Alors elle se perdit dans d'autres bras, dans d'autres draps, fermant les yeux et imaginant que c'était lui qui l'aimait chaque soir.

A la fin de sa scolarité, Eden ne se voyait pas faire de longues études. Alors elle fit quelques scènes, ça et là, avec son violon pour gagner de quoi vivre. Bien sûr, l'argent de sa famille l'aidait aussi, du moins dans le monde moldu. Puis, elle se rapprocha des enfants de la lune, une guilde de sorcières libres qui étaient détachées de toutes lois, de toutes règles, qui ne vivaient que pour elle, pour la pureté de la magie et pour la lune. Eden s'intégra rapidement à elle et elle découvrit une deuxième famille. Elle jouait souvent de son violon les soirs de pleine lune, pour rendre hommage à cette déesse tout là-haut. La liberté, il n'y avait que ça qui comptait pour elle. Grâce à elle, Eden put s'améliorer en potions, en botanique et en métamorphose. Elle développa une sensibilité à la magie et développa également son affinité avec la magie de la terre. Elle ne vécut pas les ravages de la guerre, elle se tenait loin de tout ça. Les combats, les batailles, rien de tout ça ne l'atteignait. Elle était en paix, elle était calme, bien. Tout était si simple avec elles, dans cette guilde et pourtant, malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher de penser à lui.




Un jour de début 1980, alors que la paix revenait petit à petit, le Ministère a lancé un concours de musiciens, de groupes ou de musiciens solo, pour être affilié au Ministère et jouer pour eux. Eden s'est entrainée pendant des heures avec son violon et elle se présenta au concours avec une bonne heure d'avance. Les musiciens commençaient à former une longue file d'attente et soudain, elle sentit un frisson lui parcourir la colonne vertébrale, la nuque, remontant jusque dans son cuir chevelu. Elle se retourna, scanna la foule, et elle le vit. Il était là. Quelques mètres derrière elle, avec d'autres personnes. Il ne l'avait pas vue. Elle se retourna précipitamment et bientôt, les portes de la salle d'audition s'ouvrirent. Elle s'enregistra  et partit rapidement pour ne pas le croiser. Elle fut dans les dix premières à passer sur scène mais au moment où elle monta, son regard croisa le sien. Elle l'avait mauvaise. Elle joua son morceau sans le quitter des yeux, le jouant parfaitement, violemment même parfois. Elle finit sa prestation, salua le jury et quitta la scène, rapidement, pour se planquer dans les coulisses. Elle reprit son souffle, la colère et la surprise faisant palpiter son cœur un peu trop vite. Elle resta cachée le temps que les autres candidats passent et entendit celui de Mischa. Elle reconnaitrait son style entre mille.

Les candidats furent appeler sur scène pour l'annonce des résultats. Elle n'avait pas été retenue. Lui non plus. Elle partit en trombe mais dans la rue, on la rattrapa par la poignet et on la fit se retourner. Elle lui fit face, elle faisait face à Mischa. Mille mots traversèrent leurs regards et le soir, ils finirent ensemble dans l'appartement d'Eden, à se retrouver, s'enlacer, se désirer. Mais Eden lui fit promettre qu'il n'y aurait plus d'amour, plus de sentiments. De la baise, rien que ça. Elle pensait tromper qui



Le groupe d'Eden et Mischa avait finalement trouver résidence au Drunk Broom. Et ils faisaient un carton, ils étaient aimés et enfin, elle était écoutée. Son violon contrastait mais l'ensemble était superbe, magnifique. Et puis il y avait Mischa, toujours-là. S'il était souvent dans son lit ou elle souvent dans le sien, ils se rappelaient tous les jours qu'il n'y avait pas de sentiments, pas d'amour, pas d'émotions. Et pourtant, elle était constamment attirée à lui, comme un aimant. Si elle ignorait constamment les battements de son cœur quand il était là, elle ignorait aussi ses pensées et son cerveau. Non, elle ne pouvait pas retomber amoureuse de lui, pas après ces années sans lui.