Daemon - Pride is the master sin

Printemps 1948, ce ne fut un cri mais deux qui retentirent dans la petite maison. Des jumeaux. Plutôt rares, inattendus, les parents se demandèrent pendant deux secondes comment ils allaient faire. Deux secondes, avant de profiter pleinement de ce moment avec les nouveaux nés. Ils étaient beaux, magnifiques même, ayant reçu la beauté hypnotique de leur mère vélane. La fille sera élevée comme telle. Comme une femme, une mère, pas question pour elle de prendre les rênes de la famille ou de participer aux réunions familiales. Chez les MacFusty, c'étaient les hommes qui décidaient. Alors ça sera le garçon qui dirigera, qui participera à la vie de famille, qui sera éduqué comme un vrai homme, fort, fier. Ce fut le prénom de Daemon qui lui sera donné. La fille, elle, sera Calista. Et eux deux, endormis, ne savaient pas que leur avenir était déjà joué, par un simple regard, par de simple mots prononcés au-dessus d'un berceau.

Durant leur enfant, Daemon ne voyait que très peu sa sœur. Il recevait l'attention de tout le monde, tout le temps et il était fatigué de ça. Fatigué des réunions, des sermons, des cours particulier. A neuf ans, on ne devrait pas vivre comme ça. Un soir, il prétexta une envie urgente pour s'éclipser et échapper à cette réunion barbante. Il alla trouver sa sœur près de la falaise, qui regarder les dragons chasser au dessus de la mer. Il s'assit à côté d'elle et l'entraina vers lui dans une étreinte fraternelle et douce.

"Quand on s'ra à Poudlard, y'aura que nous deux et on s'ra loin d'tout ça et d'nos obligations. J'en ai marre de l'île."

Il rêvait de plus, il voulait plus. Beaucoup plus.

La lettre d'admission à Poudlard arriva, une chacun et c'est dans une grande impatience qu'ils passèrent l'été. Daemon avait hâte de voir autre chose, de rencontrer de nouvelles personnes, de parler avec de nouvelles personnes. Et il sera avec sa moitié d'âme, alors rien ne pourrait plus le ravir. Leur cousin, Roanoke, était là aussi, avec eux. Il faut dire qu'ils n'était que trois à être nés la même année dans le clan, alors il est facile de tisser des liens. Daemon le considérait comme son frère. Ils arrivèrent devant le château, avec tous les premières années, et il serra fort la main de sa sœur, à côté de lui. Pas sans elle. Jamais sans elle. Et il espérait être réparti dans la même maison qu'elle. Il ne pouvait pas en être autrement. Mais au fond de lui, il savait qu'ils étaient trop différents, sur des tas de points, et qu'ils ne pourraient jamais être dans la même maison. Et effectivement, ça ne sera pas le cas. Calista fut la première à passer et fut envoyée chez les Serpentard. Daemon, juste après, fut envoyé chez les Gryffondor. Sourire triste vers sa sœur, il entendit dans son esprit sa voix, qui lui disait que tout irait bien. Alors il sut que oui, tout irait bien.

Cal, il la retrouva régulièrement. Dans le parc, dans la cour, pour étudier, pour se goinfrer, il ne se passait pas une seule journée sans qu'il ne la voit, sans qu'il ne passe du temps avec elle. Il s'assurait constamment qu'elle allait bien, qu'elle se sentait bien. Il était protecteur, et même si elle était née cinq minutes avant lui, il se considérait quand même comme son grand frère. Elle était tout pour lui, il n'y avait pas de Daemon sans Calista, ils étaient deux moitiés d'âme. Il savait quand elle allait mal, quand elle pleurait, quand elle allait bien, quand elle riait.

Et puis rapidement, un groupe d'amis se forma autour des MacFusty, groupe d'amis dont Roanoke en était l'initiateur. Il y ta jumelle et toi, évidemment, puis ce garçon de ta maison, Aramis, que tu te surprenais parfois à regarder. Il y avait Aléa et Cassiopéa, qui complétaient la part féminine du groupe. Et enfin, Lolan. Un groupe inter-maisons, et pourtant tous réunis comme s'ils n'avaient qu'un seul et même palpitant. Daemon sut, en les voyant, qu'ils seraient sa famille.


Roanoke se fit rapidement une réputation au sein de Poudlard et toi, ça te faisait rire. Etant préfet de sa maison, savoir qu'il ramenait des filles dans la salle de bain pour leurs sortir le grand jeu le faisait rire. Les filles, pour lui, elles ne comptaient plus beaucoup dernièrement. Il fallait avouer qu'il se surprenait plusieurs fois à regarder quelqu'un avec un sourire sur les lèvres. Et Cal lui a aussi fait remarquer. Mais Daemon refusa cette idée, préférant se conforter dans une conformité qui était plus simple, plus agréable. Alors il prit l'exemple de son cousin, pendant un temps, devenant le coureur de ses dames, tout pour oublier celui qui en réalité, faisait battre son coeur un peu plus vite que les autres. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas les femmes, mais il les aimait moins. Il n'aimait pas les hommes, il n'y avait que lui en réalité. Il se confia à sa jumelle en premier, parce qu'il avait besoin de conseil. Et si en fait il aimait les hommes et les femmes ? Le lendemain, il se confia à Roanoke, au milieu du terrain de Quidditch, assis par terre avec des gâteaux.

"J'crois que j'suis bisexuel et j'sais pas quoi faire avec ça. Tu trouves que j'suis pas normal ?"

Son cousin balaya rapidement tous ses doutes, le rassurant, calmement, tendrement. Son cousin a toujours eu cette voix apaisante, ce ton rassurant. Ce fut la première fois que le Gryffondor mis de côté sa fierté et son orgueil parce qu'il doutait. Roan ne le jugea pas, ni ne dit quoique ce soit de négatif. Il sentit un poids se retirer de ses épaules. Parce qu'après tout, à quinze ans, c'est l'âge où l'on se découvre.


Ce fut dans la Colère que Daemon trouva la paix intérieur. Il y avait des regards, des taquineries, des discussions jusque tard le soir au coin de la cheminée, avec Aramis. Ils étaient dans la même maison et Daemon découvrait que lui seul pouvait calmer les colères parfois dévastatrices d'Aramis. Il trouvait les mots justes, les gestes rassurants et le coléreux se calmait quand Daemon le demandait. Mais il y avait des jours où l'orgueilleux choisissait de ne pas le calmer et de le laisser faire.

Comme ce jours-là, où il tabassait un gars qui avait insulté Daemon. Celui-ci regardait la scène avec un air rieur, adossé contre un arbre, en mangeant sa sucette. C'est la voix de sa jumelle qui le fit revenir à lui. "T'comptes pas l'arrêter ?" Daemon haussa les épaules d'un air satisfait.

"Il y a des colères qui sont saines. Et puis c'scroutt à pétard de serpentard m'a insulté d'tafiole, il peut bien lui refaire la face "

Seize ans, il remarqua intérieurement qu'il y avait peut-être plus que de l'amitié envers Aramis. Mais ça, il le garda pour lui, précieusement, comme son petit secret. C'était sûrement passager. Un truc d'adolescent en hausse d'hormone. Il essayait de se convaincre, mais au fond de lui, il savait à qui son cœur appartenait.

Puis il y eut ce jour où la colère a déteint sur lui plus que de raison. De tempérament calme, posé, tout a vrillé dans son esprit quand il a apprit que sa jumelle, sa vie, sa raison d'être, a failli se faire violer. Il a demandé le nom de ce scroutt à pétard et il l'a trouvé. Un Serpentard. Le même qui l'avait insulté quelques mois auparavant. Il lui refit le portrait, ses mains se mettant à saigner et la haine se déversant sur lui. Ce fut Aramis qui le calma, les rôles s'inversant pour la première fois. Il se releva et lui cracha au visage.

"Ose insulter, toucher, ou ne serait-ce que parler de ma sœur ou de n'importe lequel de mes amis, et je t'assure que j'te donne à bouffer aux dragons"

Un dernier coup de pied dans les côtes et il repartit voir sa sœur à l'infirmerie, où Roan était à son chevet.


Poudlard était terminé et tout ça, c'était derrière lui maintenant. La seule chose que Daemon gardera à jamais de cette école serait ses amis. Il a commencé son entrainement pour être oubliator, métier choisi surtout pour protéger les dragons de ceux qui ne les méritaient pas. Sa journée s'achevait, il aura bientôt dix-neuf ans et il avait de plus en plus de pression sur les épaules. Il avait besoin d'extérioriser et pour ça, il avait envoyé un hibou, tôt ce matin, à Lolan. Lui, l'Avare, il était celui avec qui c'était le plus simple. Il n'était pas de sa famille et pourtant, c'était tout comme. Une amitié simple, tellement simple que cela fut déroutant au début. Ils ont passé des heures à s'entrainer aux duels, à s'amuser, à s'envoyer des sorts à la con juste pour rire. Le club de duels, c'était pour le forme, c'était pour le côté officiel. Les duels clandestins la nuit, juste eux, c'était mieux, plus interdit, plus excitant.

Daemon se dirigea donc vers le club de duel de Londres, où il avait donné rendez-vous à Lolan. Son ami était déjà là, il le prit dans une étreinte fraternelle. Pas besoin d'échanger de banalités entre eux, juste besoin de se mettre au boulot, un sourire sur le visage. Ils prirent un ring qui était libre pour s'y mettre et Daemon se positionna, un sourire joueur sur le visage :

"J'espère que t'es pas rouillé, vieux frère. J'vais t'mettre une raclée"

En toute amitié, évidemment. Ils passèrent comme ça plusieurs heures, dans un duel palpitant que quelques membres du club étaient venu regarder. L'amitié avec Lolan, c'était aussi simple qu'un duel à la baguette.


Les dragons, il n'y avait que ça qui comptait. A leur vingtième anniversaire, Calista et Daemon ont dû choisir leur dragon. Enfin, ce furent plutôt les dragons qui les ont choisi. Une magnifique opaloeil s'avança vers Cal, elle l'avait choisi et elles allaient bien ensemble. Ce rite, c'était un peu angoissant et lui, il stressait de savoir quel dragon allait le choisir. Son tour arriva, il vit le gars en charge des dragons hésiter. "Y'a c't'autre opaloeil, sauvé du trafic comme celle-ci. On suppose qu'ils viennent d'la même ponte, ils s'ressemblent vachement et s'protégeaient l'un et l'autre. Sauf que l'mâle a des reflets irisés bleu nuit. Et il est plus farouche que celle-ci. T'veux tenter le coup, gamin ?" Gamin, comme s'il en était encore un. Il leva les yeux au ciel avant d'acquiescer. Il tentera le coup. Ce n'était pas une coïncidence s'ils avaient des frères et sœurs opaloeil. La bête fut libérée et s'avança sur ses quatre pattes vers Daemon, qui garda la tête haute, mais le visage déterminé, décidé.

Le dragon le regarda, sa tête proche de celle du dragonnier, qui sentait le regard de sa sœur sur lui. Puis la bête s'envola dans les airs d'un coup d'ailes. Daemon sentait son cœur battre la chamade, il pensait qu'il pouvait sortir de sa poitrine s'il continuait ainsi. Il pensa alors que ce dragon ne sera pas le sien et qu'il devrait tenter le coup avec un autre. Mais, quelques minutes plus tard, l'opaloeil atterrit derrière lui dans un fracas assourdissant, poussant un cri guttural et étirant ses ailes, ce qui donna l'impression qu'elles étaient celles de Daemon. Il se retourna et vit le dragon, le poitrail empli d'orgueil. Il était sien désormais. Alrym.

Il arrêta de compter les heures passées dans le ciel à chevaucher avec sa sœur. Les plaines, l'océan, les lacs, il adorait chaque paysage qu'il découvrait. Puis il y eut cet après-midi, où Calista eut une idée. Fait plutôt rare. Il voyait qu'elle réfléchissait depuis plusieurs jours et que quelque chose se tramait dans son esprit. Il la connait trop bien pour ne pas remarquer ça. Elle lui dit alors qu'ils devaient emmener les autres ici. Qu'ils deviendraient des dragonniers. Comme eux. Elle avait de bons arguments tu devais l'avouer et puis les avoir tous, lui, ici, en constance, ça te plaisait. C'est une vision qui te suffit pour accepter. Demain, ils deviendront des dragonniers.


Aléa avait ce regard triste depuis quelques temps, et puis elle venait moins sur l'île aussi. Daemon l'a remarqué, il remarquait tout. Aléa, la douceur incarnée, n'avait plus l'air si joyeuse. Un jour, il la vit décoller alors il grimpa sur son dragon pour la suivre, elle et Flamine. Arrivé à hauteur d'ailes, il lui fit signe de le suivre, ce qu'elle fit. Il l'amena à une grotte, sur une falaise, qui surplombait l'océan, qui était calme et le soleil se couchait doucement à l'horizon. Les dragons firent leur vie et lui, s'assit face à l'étendue d'eau, attendant que son amie fasse de même. Entre eux, c'était une amitié douce, protectrice, Aléa était son petit rayon de soleil et il voyait que son soleil était maussade.

"Je vois bien que t'es triste, tu peux me parler tu sais. De tout, de n'importe quoi, de ce que tu veux"

Alors elle lui parla de son mari et il devina à travers ses mots qu'elle vivait un véritable calvaire. Une brise se leva, dégageant ses cheveux de son visage, de ses épaules. Il vit des bleus sur l'une d'elle, et dans son cou aussi. Il serra les dents. Fort. Puis se leva, prêt à rappeler son dragon.

"J'vais le brûler"

Elle retint par le bras en secouant la tête. En voyant tant de désespoir, tant de désarroi, il se mit à genoux devant elle et prit son visage en coupe :

"Jamais un homme ne devrait lever la main sur toi, ou sur n'importe quelle autre femme. Jamais. Ce n'est pas normal de vivre ça, tous les jours, de te retrouver éloignée de nous. Tu mérites mieux, tu mérites plus que ça, que lui." Il caressa ses cheveux avant de déposer un baiser sur son front. "Si tu ne veux pas que j'y aille, je n'irais pas. Mais ça serait priver Alrym de son goûter"

Ca eut pour effet de la faire rire, doucement, un peu, et ça lui suffit. Il se réinstalla à côté d'elle et la prit contre lui dans une étreinte fraternelle. Il continua de lui parler, de lui dire de partir, de venir habiter chez lui, chez Cal, chez n'importe quel 7D. Il la berça, doucement, alors que le soleil se coucha, tout aussi doucement.


La guerre faisait rage, c'était bruyant, poussiéreux, assourdissant. Les sorts impardonnables fusaient dans les airs et Daemon les évitait, voltigeant dans les airs avec Alrym. Le dragon se faisait une joie de bouffer des mangemorts, il rugissait bruyamment. Ils voulaient contrôler les dragons, en faire des armes de guerre. Mais nul ne pouvait contrôler des dragons, ils n'étaient pas de simple croups. Puis, soudainement, il sentit quelque chose. Quelque chose n'allait pas. Il regarda autour de lui, compta ses amis. Quelqu'un manquait à l'appel. Cassie ! Cass ! Cassiopeia! Il hurlait dans son esprit, tentant de trouver celui de Cassiopeia, en vain. Sa meilleure amie, sa confidente, celle avec qui il a passé des heures sous les étoiles à parler de tout, de rien, à lui raconter sa vie, ses déboires. Il sentit les larmes monter aux yeux, il tenta encore de l'appeler, de chercher son esprits, mais rien. L'esprit de Cassiopeia restait introuvable, silencieux, un trou béant dans sa poitrine se forma en même temps.

Daemon passa deux jours à Sainte Mangouste, après avoir été touché par des ossifragus, au bras droit et à la jambe gauche. Ils l'avaient pas loupé, ces connards. Mais au moins, les dragons étaient sains et saufs et l'île avait été vaillamment défendue. Le soir de son entrée à l'hôpital, alors que le bâtiment était calme et que grand nombre de patients dormait, il s'est faufilé dans la chambre de Cassie, qui restait endormie, qui ne se réveillait pas. Il s'était assis à son chevet et commençait à lui parler, de tout, de rien, comme ils l'ont tellement fait. Il lui parla d'Aramis, souriant quand il le faisait.

"Reviens nous Cass, tu sais qu'on peut pas vivre sans toi"

Il déposa un baiser sur son front, une unique larme roulant sur sa joue. L'infirmière revint le chercher pour le ramener à sa chambre. Une vie sans elle, ça mérite pas d'être vécue.



Depuis qu'il était devenu chef des Oubliator, Daemon n'avait plus beaucoup de temps pour son dragon. C'était épuisant, toutes ces responsabilités et pourtant, il adorait ça. Il faisait tellement un bon boulot, qu'il avait été promu l'année passée, après la fin de la guerre. Mais ce week-end, il devait retrouver sa sœur sur l'île Barra, retrouver son dragon et quitter cet appartement londonien dans lequel il a passé la semaine pour ses gardes. Il transplana, impatient mais il sentait que quelque chose n'allait pas. Sa soeur n'est pas sur l'île. "T'es où Cal ? T'as trouvé un amant d'meilleure compagnie que moi ?" T'envoies ça dans son esprit, riant en marchant vers les dragons. "Il m'a exilée" Ca luit fit l'effet d'un coup de massue quand la voix de sa jumelle résonna dans son esprit. Il a toujours su que c'était compliqué entre son père et elle. Il ne l'a jamais aussi bien traitée que lui et il le détestait profondément pour ne pas les avoir traité de la même façon. "Va dans mon appart à Londres, je t'y rejoins bientôt" Elle avait le double, évidemment et il était hors de question qu'elle dorme dehors.

Il trouva son père et le plaqua contre le mur.

"Tu as exilé ta propre fille ? Tu n'as aucune honte ?"

Qu'il hurla, l'avant-bras plaqué sur son torse. Le patriarche était surpris et ne répondit rien.

"Si tu l'exiles elle, tu m'exiles moi. Et tu te retrouves sans héritier et crois moi que j'me couperais les cou*lles si c'est pour que tu n'aies aucune descendance. J'te laisse réfléchir. "

Il se détourna et transplana dans son appartement à Londres, sans entendre ce que son père avait à dire. Il retrouva sa jumelle, qu'il prit contre lui en la berçant doucement.

"Je serai toujours là pour toi"