Avoir 20 ans de nouveau - Mia & Flem

Lorsque l'heure sonne sur la montre de ton grand-père que tu gardes toujours contre ton cœur, souvent dans la poche intérieure de ta veste, alors tu te lèves de ta place parce qu'un autre sorcier vient prendre ta relève pour les deux jours du week-end à venir. Tu gardes les arrières de la ministre en fonction, Aloysia Gottlieb qui n'a pas que des amis au ministère et qui souhaite pouvoir dormir sur ses deux oreilles, ce que tu comprends parfaitement. Sauf que pour les deux jours du week-end ce n'est pas toi son gardien, car tu consacres tes week-ends à ta femme, ton fils et ceux que tu aimes, c'est une règle d'or que tu ne veux plus sacrifier au profit du ministère. Vous avez trop perdu lors de la dernière guerre et surtout du temps, hors de question pour toi d'en perdre plus encore surtout que ce week-end Euphémia ne travaille pas et James devrait arriver chez vous demain, pour un dîner en famille des plus exceptionnels. Mais ce soir tu comptes bien profiter de ta femme et surtout, elle a manifestée son envie d'avaler de la tourte à la viande et de la tarte à la mélasse toute la semaine. Et t'es pas homme à lui refuser ce qu'elle désire, tu ne l'as jamais été de toute façon.

Ainsi pile dix minutes après, t'es devant la roulotte du Père Crowley en attendant ta femme, afin de commander les portions de nourriture trop grasse, salée et sucrée mais tellement réconfortante qu'il serait idiot de s'en priver. Le vieux bonhomme t'offre une bière brune avec le sourire, c'est qu'il te connaît bien depuis le temps et tu as tes habitudes ici. Lorsque tu étais auror, un temps révolu maintenant, tu venais parfois pour avaler un sandwich au crabe avant de repartir en mission. C'était le bon temps, tu ne peux pas le nier mais tu te fais trop vieux pour tout ça et surtout, t'es pas certain de vouloir risquer ta vie encore. Vous avez perdu des amis et des frères pendant la guerre, t'as plus le cœur à voir ceux que tu aimes s'en aller à cause de mage noir bouffé par la magie sombre. Et t'as jamais été du genre à courir après la gloire ou l'argent, ça vous n'en manquez pas alors autant profiter de pouvoir rentrer à heure fixe lors du week-end, surveiller les arrières d'une ministre en place te convient parfaitement bien finalement.

Tu termines ta bière quand tu entends la voix de ta femme derrière toi et tu souris en te retournant, pour voir l'amour de ta vie plus belle et sexy que jamais dans sa tenue de chef des aurors. « Que personne ne bouge, les autorités sont là ! » Que tu dis en levant tes deux mains en l'air comme si tu risquais quoi que ce soit. « Comment tu vas ? Prête pour un week-end de repos ? » Que tu lui demandes en volant de sa bouche, un baiser rapide. « T'as réclamé de la tarte à la mélasse et de la tourte à la viande toute la semaine. On oublie le cholestérol pour ce soir, comme dans notre jeunesse ? »
 

Tout va bien. Ca se répète encore et encore dans ta tête, mais tu ne peux pas lâcher une autre pensée que celle-ci. Tout va bien, tout doit continuer. Le chemin tracé par l'existence cessera pas avec toi - ca te tord la gorge de te le dire, parce que t'es terrifiée. Tu as beau faire comme si , continuer à vivre après la nouvelle avec l'air de ne pas avoir changé, c'est faux. Ca grandit en toi depuis trois jours et tu sais plus penser à autre chose qu'à ce qui te ronge de dedans. Dès que tes doigts se crispent, dès que la fatigue entaille tes joues, dès que tu te sens lourde en te réveillant, tu te demande si ca ne te détruit pas plus vite.
T'es terrifiée, mais la vie doit continuer. Tu supposes que tu dois être forte - mais ta force, depuis longtemps déjà, ne se trouve pas dans ta solitude.

Quand tu passes la porte de la La tarte à la mélasse tu te laisses envahir par la chaleur des lieux et tu t'arrêtes un moment pour simplement être là. Que chaque détail se fasse une place dans ton esprit. Les sorciers assis autour d'un jeu d'échec et d'un morceau de tarte. Les murmures et les rires qui se font assourdissants, et surtout - surtout - le plus beau de tous, qui se tient là, à te fixer avec ce regard rieur. Que personne ne bouge, les autorités sont là ! Fleamont sait toujours comment te faire sourire - tu espères que jamais cela ne change. Naturellement t'approches, trouvant ta place à ses côtés - où je dois toujours être pour embrasser sa joue mal rasée et lui donner une tape sur l'épaule pour lui faire payer sa plaisanterie. Comment tu vas ? Prête pour un week-end de repos ? Assurément. Tu réponds pas, sur ton état. Tu réponds plus sur ton état depuis des jours et tu sais que ton mari l'a vu. Tu sais qu'il rate pas un détail sur toi - il est capable de pas retrouver l'eau de la pensine, mais toi il voit tout.

Depuis deux ans tu ne prenais pas de repos sur tes week-ends - tu prenais rarement des repos, tout simplement. Même après le départ de Fleamont de ton équipe, cela n'a pas changé. Tu cours après le mal, après tout, et ce dernier ne se repose pas. Gardant sur tes épaules la réussite de la mission confiée par Aloysia, tu te refusais le repos. Mais pas cette fois - cette fois tu avais besoin de retrouver la douceur de ton foyer, l'affection de ton mari et demain, la présence de ton fils. Ton ventre se tord - parce qu'au fond, tu sais qu'ils ne sont pas prêts à pour ce que tu as à leur dire. Mais tu ne veux pas le garder.
Tu n'en n'as pas la force. T'as réclamé de la tarte à la mélasse et de la tourte à la viande toute la semaine. On oublie le cholestérol pour ce soir, comme dans notre jeunesse ? Le Cholestérol est plus mon problème tu voudrais répondre, mais tu t'abstiens. Envoie tout ce que t'as Potter, je veux du sucre et du sucre. Préviens-tu, te laissant couler vers ton mari pour qu'il t'enlace.

Tu réalisais pas comme tu avais besoin de lui, et de son réconfort. Tu souris, contre lui, te tenant au plus près en te fichant des regards autour de vous. On se prend une table au calme ? Demandas-tu, lui prenant la main pour le tirer sans attendre plus. J'ai l'impression qu'on a pas eu de moment à deux depuis une éternité. Soufflas-tu, sans pouvoir l'empêcher. Parce que si tu gardes ton secret, tu peux pas retenir le reste de tes pensés. C'est en partie ma faute pas vrai ? J'ai pas arrêté une seconde ces derniers mois... Désolée Flea.
 

Tu as trouvé que ta femme n'était pas dans son assiette depuis quelques jours, comme si elle était ailleurs ou du moins dans ses pensées. Pas toujours avec toi sans être trop loin cependant, un entre-deux étrange que tu ne saurais expliquer et tu n'as pas voulu malgré tout, car tu as toujours voulu laisser à Euphémia son espace de réflexion, acceptant qu'elle puisse parfois se perdre dans ses pensées sans voir que tu es là. On le fait tous après tout, tu as juste appris en vieillissant qu'on ne peut pas forcer l'autre à être là si il ne le veut pas ou qu'il ne le peut pas à cet instant, surtout qu'après quand on le retrouve alors le moment est encore plus fort qu'il ne l'était. Et si tu as fini par laisser à Euphémia ses moments de solitude, tu dois aussi avouer que cela t’inquiète. Mais comment lui en vouloir, avec tout ce que vous avez traversé ? Elle a perdue des hommes et des amis dans cette guerre, elle est chef des aurors et chaque perte pour elle est un échec. Et puis des membres de l'Ordre et enfin, celui qui se présentait comme votre petit fils d'une autre génération. La perte est encore douloureuse, c'est que vous avez passé du temps avec Harry et pendant quelques semaines, vous vous êtes surpris à penser à l'après. Si il devait rester ? Trouver une place dans votre monde ? Faire sa vie ? Alors vous l'auriez aimé comme un fils devant tout le monde mais surtout comme un petit fils bien trop choyé et adoré. Pourtant tout espoir n'est pas vain, depuis que James vous a annoncé la bonne nouvelle dans une explosion de paillettes et de couleurs lors de son dernier match. Le joueur de Quidditch pro qui sera bientôt père, tu n'as jamais entendu un stade de fidèles hurler aussi fort que ce soir là. La joie était communicative et pendant une seconde, tu as oublié tout ce que vous avez perdu pour juste sourire et exploser de joie toi aussi. Depuis ça va mieux, vos cœurs sont plus apaisés mais tu vois encore que ce n'est pas ça, qu'il y a des choses que ta femme ne veut pas partager avec toi pour le moment.

Alors ce week-end tombe parfaitement comme une bénédiction, tu n'iras pas râler d'avoir deux jours complets avec ta femme. Et surtout demain sera l'occasion pour vous de revoir James et de fêter officiellement la nouvelle. D'ailleurs il faudra inviter Lily pour en faire de même. Pour le moment tu préfères te concentrer sur ton épouse afin de la guider vers ce qui sera un repas délicieux et assurément une bonne chose pour démarrer son temps de repos. Alors tu l'enlaces tout en laissant un rire t'échapper en l'entendant, pour ce soir vous oubliez les recommandations du médicomage sur votre santé pour juste faire exploser le sucre, le sel, le gras et tout ce qui est bien trop mauvais en temps normal. Demain sera un autre chose, demain vous ferez attention et tu jures d'être sérieux. « Une table et une pinte ? » Que tu dis avec un regard brillant, sachant qu'elle ne refusera jamais un bon verre d'alcool surtout pas pour fêter le début du week-end. Et un peu pour trinquer la nouvelle que James a annoncé aussi, il faudra bien boire un bon coup à ça. Ce bébé, l'avenir des Potter qui se montre assurément radieux avec votre fils à sa tête. « C'est le cas, tu es trop demandée Madame la chef des aurors ! » Dis-tu avec une fausse mauvaise humeur, non sans faire signe au serveur de venir bien vite car tu ne veux pas attendre pour étancher votre soif et votre faim. « Ne t'excuse pas, ce sont les gens comme toi qui changent le monde. » Dis-tu en te laissant tomber dans l'un des canapés avant que le serveur ne vienne et que tu commandes une pinte pour toi, après avoir laissé ta femme choisir une boisson pour elle et son repas. Toi tu demandes la même chose, t'es pas compliqué après tout.

« Comment c'était aujourd'hui ? Encore de la paperasse et des missions qui vous mènent nulle part ? » Que tu demandes parce que tu sais qu'en ce moment ils courent les aurors, pour attraper les derniers mangemorts les plus doués qui se fondent dans la masse. Dont plusieurs noms qui ne sont pas inconnus dans le monde magique mais que tu voudrais voir derrière les barreaux d'Azkaban, tu le penses sans rougir. C'est que le monde se porterait mieux sans les horreurs d'ces mages noirs qui se promènent tranquillement. « Tu voudrais faire quoi ce week-end ? James vient déjeuner mais on pourrait se promener demain après midi ou rejoindre un petit cottage au bord de la mer, mh ? »
 

Une fois que tu es avec ton mari, tu ressens tout l'apaisement de ton palpitant t'envahir. Il suffit qu'il soit là - ca a toujours été la place que tu préférais dans le monde et c'est une chose qui ne changera sans doute jamais. Tu ne te souviens pas de ta vie avant Fleamont, de ta vie sans lui, et il n'existera plus jamais de vie pour toi, où il n'est pas là. Ca te tord la gorge de le penser - mais plus encore, tu ne supportes pas de le garder pour toi. Tu as essayé de trouver le bon moment, et les bons mots. Mais la réalité, c'est qu'il n'y a pas l'un ou l'autre qui soient idéals. Il y a juste cette fatalité que tu ne peux pas garder pour toi.
Tu dois la vérité à Fleamont. Dans la santé et la maladie avez-vous promis. Sans doute pensiez-vous que la maladie arriverait plus tard. Mais cela ne change rien. T'es meilleure à te battre quand il est à tes côtés, aucune raison que les choses soient différentes cette fois. Une table et une pinte ? Tu opines, lui laisse tout le loisir de décider de la table et de commander les pintes. Tu te laisses tomber sur ton siège et lâches un soupire d'aise.

Il te semble que soudainement le moindre détail de ce qui t'entoure prend son importance. Que tu dois te faire alerte et attentive à tout. C'est à la fois fatiguant, et incroyablement agréable. Tu souris, t'excusant de ton retard, de ta difficulté à prendre du temps pour vous. Un truc qui changera, c'est une promesse que tu fais. Ne t'excuse pas, ce sont les gens comme toi qui changent le monde. Tu souris, attendrie, lui lançant un regard qui manquait pas de dire combien tu l'aimais. Tu ne savais pas si tu avais réussi à changer le monde mais tu aimais croire qu'il était un peu moins injuste à présent. Tu avais combattu le mal, tu l'avais vu en face de toi, tu avais failli en mourir, mais tu tenais encore debout. Tu étais encore là. Et tu ne craignais plus de te battre, de souffrir, de perdre - tu avais fait de ton mieux et ta famille allait bien. Tes enfants étaient assez forts pour survivre. La vie continuait. C'est bien cela ta réussite : de voir le monde continuer à tourner.

Comment c'était aujourd'hui ? Encore de la paperasse et des missions qui vous mènent nulle part ? On a du écrire le compte rendu de la mission avec Barth d'hier. On a été informés de la présence de Bellatrix Black dans un quartier moldu. Il s'est avéré qu'il s'agissait d'une fête - chaque participant avait pris un costume de mangemort. Et plusieurs étaient déguisés en Black. L'informes-tu, sentant encore ton sang bouillir à la pensée de cette fête. C'était si atroce et si peu étonnant à la fois. La preuve du chaos laissé par la guerre derrière elle. Mais aujourd'hui ça a été plutôt calme, en comparaison. Admets-tu. Tu voudrais faire quoi ce week-end ? James vient déjeuner mais on pourrait se promener demain après midi ou rejoindre un petit cottage au bord de la mer, mh ? On pourrait même se décider à enfin l'acheter ce cottage et en profiter chaque week-end. Rajoutes-tu, un sourire triste sur le visage. Tu finis par t'approcher de Fleamont, prenant sa main dans la tienne pour la serrer fort.

Je dois aussi te parler d'un truc. Et tu vas détester cela. Annonces-tu en tournant ton regard vers lui. Tu sens piquer ton épiderme, qui s'endurcie comme c'est parfois le cas. Sauf que maintenant, c'était la preuve du mal qui te rongeait. J'ai été faire des examens à Ste. Mangouste. Pour mes douleurs - tu sais - juste pour être sûre. C'était pas une chose qu'il ignorait : que tu avais mal, que plus souvent qu'autrement ton corps souffrait de courbature et que tu te retrouvais incapable de bouger les doigts parfois. Mettant cela sur le compte de la fatigue, de ton âge, des combats. Richard m'a décelé une Rochelune. Termines-tu, sentant ta bouche devenir sèche et ta gorge se serrer, t'approchant plus encore de Fleamont en collant ta chaise à la sienne. Sa présence t'es nécessaire.

 

Il faut quelques minutes pour trouver une place et surtout la chaleur de ce lieu où les clients se pressent pour avaler pinte et autres plats délicieux qui coulent de graisse et d'un trop plein de sel mais personne ne trouverait de raison de s'en plaindre. Après tout c'est assez réconfortant après une journée de travail et vous avez tous besoin de ça, surtout de profiter de la vie maintenant que la paix est de nouveau là au prix de pertes immenses. Il vous faut continuer même si ce n'est pas si facile de le faire, plus de le dire d'ailleurs. Alors tu fais bonne figure mais surtout tu es heureux d'être avec ta femme, il n'y a que Mia qui sait te rendre le sourire quand ça va mal ou qui parvient à te montrer que tout est ok, que rien n'est de ta faute et qu'il faut que tu souffles simplement pour te concentrer sur toi en acceptant tes doutes et tes maux. Tu voudrais lui apporter un peu de tout ce qu'elle te donne en retour, sans savoir si tu en seras capable. Il te semble que Mia donne tellement après tout. Et pas qu'à toi même aux autres, elle est une mère exemplaire pour deux gamins adorables et une chef dévouée qui connaît chacun de ses hommes par son prénom et son nom de famille. Tu découvres le déroulé de sa soirée de la veille et cela t'arrache une brève grimace agacée que tu ne peux retenir, sans doute parce que tu ne comprends plus les jeunes qui souhaitent rire de tout et surtout de ce qui n'est pas drôle. « Qu'avez-vous fait ? » Dis-tu pour ne pas penser au fait que si tu avais été là toi, tu aurais sans doute vrillé face à ces gamins idiots prenant la guerre pour un jeux. Alors que vous avez été au cœur des combats et que vous avez perdu trop de monde, d'autres préfèrent s'amuser. Non définitivement, tu ne comprends pas tout.

« Elle n'était pas là j'imagine ? Elle est difficile à coincer. » Et surtout parce que Black connaît bien votre monde et les lieux pour se cacher, cela la rend redoutable car elle est aussi rapide que possible pour attaquer tout en étant très discrète pour ne jamais se faire prendre. Il n'y a pas pire ennemie que celui qui sait se fondre dans la masse car elle pourrait être là à vos côtés tout en se faisant parfaitement discrète. Sa proposition te surprend d'abord mais t'arrache un fin sourire alors qu'elle s'approche de toi. Tu viens passer un bras autour de ses épaules pour l'attirer encore plus afin de partager une douce étreinte, ayant le besoin de la sentir contre toi comme si tu pouvais encore la protéger de tout. « Oui on pourrait... Et on doit le faire. » Avant qu'il ne soit trop tard... Quelque chose que tu as presque envie de rajouter sans que tu ne comprennes d'où cela te vient d'être soudainement si pessimiste, ça ne te ressemble pas. Depuis la mort de Harry de toute façon, tu es bien plus sombre que tu ne l'as jamais été.

La suite de la conversation ne te plaira pas, tu le sens aussitôt qu'elle prononce des mots qui allument ton cerveau comme si quelque chose de grave était entrain de se dérouler. Tu ne sais à quel point, tu ne peux pas imaginer. Les examens, ils te reviennent et tu as pensé que si elle ne t'en parlait pas c'est que tout allait bien non ? Espoir fou typiquement humain qui prouve que malgré votre nature rien ne vous différencie des moldus en réalité. « Qu'a-t-il trouvé ? Qu'est ce qui se passe ? » Que tu demandes soudainement en sentant la panique monter en toi. Et puis l'annonce, l’aveu qui tombe entre vous et que tu as l'impression de ne pas entendre pendant un moment. Faisant siffler tes oreilles alors que ton cœur se met soudainement à saigner de douleur que tu ne peux pas refouler alors que tu baisses les yeux pour les poser sur vos doigts entrelacés. « Non, pas toi... » Pas ta femme, ton roc, celle qui te permet de rester debout et qui t'a empêché trop de fois de tomber dans une magie noire destructrice. Il est si facile de s'effondrer et Mia a toujours refusé que cela t'arrive. Mais à présent ? Elle se colle davantage et tu viens la serrer plus fort encore tout en embrassant son front. Pour le moment tu dois rester là, solide et confiant pour ta femme. Il te sera nécessaire d'angoisser et de pleurer plus tard. « Quel est son pronostic ? Nous allons trouver une solution tu sais, il y a des moyens de bloquer la maladie... » Et tu dois lui dire cela parce que tu le sais, tu l'as entendu. Ca reste rare mais vous pourrez faire quelque chose, tu en es certain. « J'irais jusqu'au bout du monde pour te trouver un remède. » Et tu te mettras à la recherche d'une solution dès demain.
 

Qu'avez-vous fait ? Nous avons fait vider les lieux, réquisitionner l'alcool et la drogue qui s'y trouvait, pris l'identité de chacun et embarqué les participants trop ivres ou stones pour se souvenir de leurs noms. Que pouviez-vous faire d'autre que mettre un terme à cette aberration ? Tu supposais que tu pouvais comprendre - bien que la réalité, c'est que la guerre faisait ressortir le pire comme le meilleur des êtres humains. Le pire, surtout, en ce qui concernait ces sorciers-là. Ceux qui moquaient et prenaient le partie de faire des mangemorts un jeu. Un jeu, un déguisement à moquer, alors que certains avaient emporter des mère, des frères, des enfants; à y penser, ta gorge se serrer, mais tu ne pouvais pas te laisser attendrir. Tu ne pouvais pas simplement être en colère - tu devais garder la tête froide, d'autant lorsque les Aurors étaient si prompts à se laisser emporter ces derniers temps. Tu ne pouvais pas en vouloir à tes soldats - ils avaient traversé l'enfer, et alors que pour le reste du monde sorcier la guerre était derrière, eux étaient encore dans les derniers combats, à rechercher les derniers meurtriers. Parfois en vain. Elle n'était pas là j'imagine ? Elle est difficile à coincer. Tu secouais la tête - Bellatrix Black devenait une verrue dans ton quotidien et tu ne savais pas comment faire pour l'attraper.
Tu voulais promettre au monde que tu l'aurais un jour, que tu quitteras ton poste quand elle recevra le baiser du détraqueur. Mais à présent tu ignorais si tu aurais le temps et la force pour cela. Si ton corps ne t'abandonnerait pas avant. Et il te fallait revoir tes priorités.

Qu'a-t-il trouvé ? Qu'est ce qui se passe ? Tu craignais ce moment. Non parce que tu voulais le cacher à Fleamont, mais parce que le lui dire rendait la situation réelle. Soudainement c'était là, et tu ne pouvais plus l'ignorer. Tu étais malade - tu avais un mal qui te rongeait de dedans, et contre lequel tu ne pouvais pas faire grand chose à l'heure actuelle. Outre te canaliser, éviter les sortilèges trop intense, et ne pas transplaner. De faibles compensations, quasi-impossibles à respecter avec ton métier. Alors tu devais avoir Fleamont dans ton équipe, tu devais te battre avec lui - parce que tu n'étais jamais aussi forte que lorsqu'il était à ton côté. Les mots te brisaient, comme lui se sentait pris au piège. Tu le savais, tu le devinais, et tu ne pouvais rien faire contre cela. Tu étais terrifiée.
Tu sentais ta gorge se serrer, t'approchant de ton mari pour qu'il enroule un bras autour de toi. Quel est son pronostic ? Nous allons trouver une solution tu sais, il y a des moyens de bloquer la maladie... Tu opinais - tu aurais aimé que les choses soient simples. Selon lui... si je continue à user de la magie comme aujourd'hui, j'ai une année. Peut être deux. Dis-tu, sentant ta gorge se serrer plus encore. J'irais jusqu'au bout du monde pour te trouver un remède. Je n'en doute pas une seconde. Mais emporte moi avec toi. Tu te redressais et trouver sa bouche pour l'embrasser.

C'est là qu'était ta place. C'est là où tu voulais te trouver. Tu voulais te battre pour ton monde, offrir un avenir à tes enfants - mais quelque part, ne l'avais-tu pas fait depuis ces vingt-quatre dernières années ? N'avais-tu pas droit à penser à ton avenir à présent, d'autant qu'il s'était considérablement raccourci. Selon Richard, il me faudrait arrêter les sortilèges les plus puissants, les métamorphoses complètes, le transplanage. En éviter les sorts les plus importants, je pourrais gagner jusqu'à six années. Continues-tu, sans quitter l'étreinte de ton mari. Il va me falloir penser à... à donner ma place de cheffe.

 

Tu hoches la tête sans un bruit, c'est le protocole qu'il fallait suivre et comme toujours, ta femme sait parfaitement quoi faire lors des situations uniques qui n'arrivent jamais à personne d'autre. C'est qu'en plusieurs décennies de carrière tu en as vu des choses à force, des événements que tu ne pourras jamais oublier ou des situations difficiles à croire pour ceux qui n'étaient pas là. Et pourtant le fait d'avoir été auror est un de tes meilleurs souvenirs car c'était assurément la carrière idéale pour toi. Tu avais besoin de défendre la justice et tes idées, te battre pour les sorciers et le monde magique était une chose fantastique. Mais on garde des séquelles d'un tel métier malgré tout et c'est pour cela que tu as claqué la porte avant la retraite car tu n'es pas certain que tu aurais pu encore travailler sans te mettre en danger ou sans mettre en danger un de tes camarades. Quand on a trop donné alors c'est à ce moment là qu'on a plus rien à perdre. Et pendant un temps oui, tu t'es dis que tu n'avais plus rien à perdre justement.

Pourtant tu as donné tout ce que tu pouvais mais apparemment ce n'était pas assez, car quand ta femme t'annonce qu'elle est malade c'est tout ton bonne qui s'écroule. Toi qui t'es battu si souvent, qui a risqué ta vie trop de fois pour le compter, n'avais-tu pas le droit de vivre en paix avec ton épouse maintenant ? Profiter du temps, de la paix accumulée, de l'argent qui ne manque jamais, des vacances ? C'était apparemment trop demandé et ton cœur virevolte entre la peur et l'angoisse mais aussi la rage la plus violente, car vous ne méritez pas ça. Mia, avec tout ce qu'elle a fait et toutes les vies sauvées, mérite la tranquillité et pas la maladie qui lui tombe dessus à présent comme la misère sur le monde. C'est injuste et il n'y a rien qui te rend plus fou que l'injustice. « Une année ou deux... » Tu répètes les mots de ton épouse sans entendre, prenant conscience de ce que cela implique. Une année ou deux c'est si court... Comment peux-tu même envisager ta vie où Mia ne serait pas là ? Ton roc, ta femme, ta partenaire et ta meilleure amie. Et la maladie, tu sais ta femme solide mais il n'y a rien de pire que de se dégrader, tu sais aussi que ton épouse ne le supportera pas.

« Je t'emporterais partout. Dès maintenant, tu ne fais plus un pas sans que je sois là. » Et surtout le temps est apparemment compté, il ne faut pas le gâcher à s'éloigner l'un de l'autre. Elle t'embrasse et tu lui rends son baiser avec plus de force, de violence, d'empressement. Ta femme que tu touches soudainement, tes mains passant de son visage à ses hanches pour la serrer plus fort contre toi, dans un besoin viscéral de la sentir. « Six ans c'est... C'est pas mal. Ca nous laisse le temps de trouver un remède, une solution. » Car tu ne peux pas te résoudre à accepter simplement la maladie sans te battre, il y a des choses que tu ne peux tolérer et ça justement, ça en fait parti. « Oui... C'est sans doute la meilleure chose à faire. Nous devons profiter l'un de l'autre et nous avons largement de quoi vivre tous les deux. Tu as déjà un remplaçant à l'esprit ? » Dis-tu alors que le repas arrive mais que tu remercies à peine la serveuse, l'esprit entièrement tourné vers ta femme. « Richard t'a expliqué les causes de cette maladie ? C'est génétique ou... Est-ce une malédiction ? » Autant savoir tout de suite ce que vous devez combattre car au moins, ça t'aidera à chercher et trouver une solution. « L'as-tu vu lors de tes visions ? »
 

Vous étiez une équipe - il te semblait avoir toujours eu Fleamont dans ton existence et tu ne voudrais pas les choses différemment. Faut dire que vous aviez partagé bien plus de difficulté, d'amour, de plaisirs, et de disputes que quiconque dans vos vies. Vous étiez un roc, les deux paires d'une même âme - à force de vous aimez, vous vous étiez fondus l'un dans l'autre. La perfection de vos émotions et de votre affection vous rendez indestructible. Pourtant l'existence trouvait son chemin pour faire naitre encore des obstacles, des raisons de se battre, des raisons de vous réinventer pour continuer à marcher l'un près de l'autre. Pour si peu de temps que tu préférais ne pas y penser que de voir les larmes te monter aux yeux encore. Je t'emporterais partout. Dès maintenant, tu ne fais plus un pas sans que je sois là. Tu souris parce que tu sais qu'il en pense chaque mot. Vous passerez le moins de temps possible l'un loin de l'autre.
C'était vital, tortueux et évident. Cette vie, où ton coeur bat au rythme du souffle de Fleamont. Cette vie où sans lui rien n'a de sens. Où tout tourne autour de ça - de vos mains qui se cherchent sur la nappe pour se trouver et s'accrocher. Jamais l'un sans l'autre.
Jusqu'à ce que la mort vous sépare. Tu espérais juste que la mort soit la plus lente possible à arriver. Elle vous avait déjà trop pris, arrachant une part de vous - par deux fois. Six ans c'est... C'est pas mal. Ca nous laisse le temps de trouver un remède, une solution. Je doute pas que tu en serais capable. Admets-tu, parce qu'il n'était rien qui pouvait résister à un Potter.

Mais avant cela, tu devrais quitter une part de toi. Mettre derrière ton poste d'Aurors et de Cheffe. Ce poste pour lequel tu t'étais abandonnée toute ton existence. Qui avait donné du sens à ta vie. Qui avait fait de toi une sorcière respectée et respectable. Tu avais sauvé tant de vie, pourchassé tant de sorciers noirs et cruels, que tu te sentais importante grâce à l'insigne que tu portais chaque jour. Que serais-tu sans cela ? Arriverais-tu seulement à quitter ton poste et à abandonner une part de ta magie pour vivre plus ? Tu te perdais dans le regard de Fleamont, et tu étais certaine que oui. Il n'était rien que tu ne pouvais pas faire pour lui. Pour ce regard, pour cet homme, pour l'aimer encore.
Qu'importe - vous resterez assis sur des chaises à bascule face à la mer dans votre petite maison et tout sera parfait. Oui... C'est sans doute la meilleure chose à faire. Nous devons profiter l'un de l'autre et nous avons largement de quoi vivre tous les deux. Tu as déjà un remplaçant à l'esprit ? Tu secoue la tête. Pourras-tu me laisser six mois ? Je pense pouvoir me décider alors mais jusque là... Sidonie, peut être ou Alastor. Mais aucun qui - selon toi - n'était prêt pour cette fonction encore.
Tu refusais d'abandonner ton pays et Aloysia alors que la crise n'était pas encore passée - mais tu n'avais pas le choix. Tu espérais simplement que ton corps tiendrait le choc d'ici à ce que tu mettes tes affaires en ordre.

Richard t'a expliqué les causes de cette maladie ? C'est génétique ou... Est-ce une malédiction ? C'est simplement la vie, selon lui. Cela arrive quelque fois - le corps est exténué, la magie se retourne contre le sorcier, on ne peut pas le prévoir ni le causer. C'est... le hasard. Assures-tu, espérant qu'il ôte de son esprit l'idée d'une malédiction - une de plus - qui pourrait se mettre en travers de votre existence. Les plats sur la table se font ignorés, alors que toute ton attention est portée sur lui. L'as-tu vu lors de tes visions ? Tu déglutis et essaies de te souvenir - Je... J'ai rêvé quelque fois de ces falaises immenses face à la mer, où il me semblait fondre avec la roche. Mais jamais je n'aurais pensé que c'état un présage. J'étais si... sereine. Emportée par le vent, loin de tous les tracas. Et toi, si proche. Admets-tu, sentant malgré tout la culpabilité se faire une place jusqu'à ton esprit. J'aurais dû voir plus loin. Mais il est devenu si naturel de combattre les visions parfois. Depuis Harry je... C'était toujours aussi douloureux de le voir - de voir ce qu'il s'était passé dans la caverne, de sentir le poids cruel des infernis l'emporter vers les fonds.
Te souviens-tu notre premier rendez-vous officiel ? Quand tu es revenu de la Coupe de Quidditch, et que tu m'as proposé de venir dans un restaurant si chic - tu as fait un scandale parce qu'ils n'avaient pas prévu la bonne table et on a fini par aller prendre deux Fish'n'Chips qu'on a mangé sur ce pont. Dis-tu en tournant le regard vers les plats. Parfois j'ai envie d'être insouciante comme cela à nouveau.


 

Oui tu en serais capable pour elle, car il n'y a rien que tu ne ferais pas pour les beaux yeux d'Euphémia Potter, si ce n'est baisser les bras à la rigueur même si elle te le demandait. Car l'échec n'est pas possible la concernant, pas alors qu'il y a tant d'amour en toi la concernant. Et si cette femme s'est imposée comme l'amour de ta vie avec le temps au point de te donner des envies de l'épouser et de lui faire un enfant, tu as aussi juré d'être toujours là pour elle et de te battre même dans la maladie et les épreuves que la vie peut vous mettre sur le chemin. « Va pour six mois alors et pas une semaine de plus, je ne veux pas que la maladie gagne du terrain plus rapidement que prévu. » Dis-tu dans un souffle et surtout tu veux avoir le temps de travailler sur un remède, sur un ennemi que tu dois combattre sans savoir exactement qui il est et de qu'elle force il dispose. Pour cela tu dois avoir toutes les chances de ton côté et de fait, Mia doit se reposer au maximum. Des noms viennent entre vous mais rien de sérieux ni de certain pour le moment. « Tu as le temps d'y penser, tu sais. » Oui six mois ça passe vite cependant elle ne doit pas se rajouter plus de pression que nécessaire, par alors que le diagnostic de la maladie vient à peine d'être dévoilé. Le hasard, tu ne saurais accepter une telle explication alors que tout te semble être le fruit d'une mauvaise blague ou d'une ancienne malédiction ayant maudit tous ceux que tu aimes. Tu pourrais devenir fou et hurler si seulement tu ne la tenais pas fermement dans tes bras pour t'empêcher de sombrer.

« Parce que je serais là, tout ira bien tu le sais ? Nous allons prendre du temps pour toi, pour trouver un remède et pour vivre plus intensément. » Et de ta main, tu viens écarter une mèche de cheveux de son visage pour venir picorer sa bouche de baisers papillons et légers comme une plume. « Hé, ne te fustige pas d'accord ? » Tu ne veux pas qu'elle parle de Harry ni de ce qu'elle doit refouler si souvent, c'est déjà assez dur pour elle alors inutile de remettre cet événement sur le tapis, vous luttez tellement pour ne pas vous noyer depuis cet événement. L’événement raconté t'arrache un sourire mélancolique et amusé, à l'époque il n'y avait rien de plus beau que vous deux, rien de plus important non plus. Un temps qui n'a pas changé car Mia est toujours l'amour de ta vie, si ce n'est que les années ont défilées et que maintenant tu as l'impression d'avoir vécu 10 vies en une seule. Alors tu prends une frite que tu mènes jusqu'à elle, jusqu'à sa bouche pour qu'elle croque le bâtonnet gras et salé mais délicieusement additif. « On pourrait tu sais. Nous avons donné notre vie au ministère et à l'Ordre, on mérite de se reposer maintenant. » Dis-tu tout bas, même si l'Ordre n'est un secret pour personne alors les membres se font toujours discret. « Une petite maison sur la plage, des voyages tout le temps et surtout, on n'se refuse plus rien. Qu'en dis-tu ? » Toi, le programme te semble parfait.
 

Va pour six mois alors et pas une semaine de plus, je ne veux pas que la maladie gagne du terrain plus rapidement que prévu. Le décompte était lancé, pour cette nouvelle vie que tu devais gagner. Voila qu'il restait six mois que pour que tu donnes ta place à un successeur capable de porter sur ses épaules les combats à mener. Tu savais que la couronne était lourde, tu savais que le poste était convoité sans être compris. Tu savais que bientôt tu devras en référer à Aloysia, tu devras prévenir tes collègues, tu devras l'annoncer - mais l'idée te déplaisait. Tu refusais d'être regardée avec pitié, tu refusais de voir les autres douter de toi ou de tes capacités. De ta puissance. Tu avais fait tes preuves toutes ces années pour en arriver là - tu avais été meilleure, plus rapide et plus stratège que les autres. Non par talent inné, mais parce que tu avais travaillé dur pour cela. Tu t'entrainais plus que les autres, tu faisais plus d'heures que les autres, tu acceptais les missions les plus difficile, tu te mettais plus souvent en danger que les autres.
Tu avais survécu, plus que la plupart des autres sorciers qui avait commencé l'entrainement avec toi à l'époque. Ils étaient peu nombreux à être encore à tes côtés de l'époque - même Fleamont avait finalement quitté son poste. Tu le comprenais. Tu avais donné ta vie pour le Ministère - mais le Ministère ne la prendrait pas pour autant.

Ta vie t'appartenait. Ta vie était à Fleamont. C'est à vous deux qu'appartiendrait tes derniers instants. Parce que je serais là, tout ira bien tu le sais ? Nous allons prendre du temps pour toi, pour trouver un remède et pour vivre plus intensément. Plus intensément encore ? Moi qui pensait que nos vies étaient déjà un feu d'artifice constant. Mais tu savais que Fleamont serait capable de plus. Qu'il allait faire de ton existence un feu ardent et vivifiant. Tu savais qu'il te comblerait de mille attentions, qu'il ferait en sorte d'être toujours à ton écoute, de te rendre heureuse constamment. Tu le savais - et c'était bien déjà le cas. Mais il ferait plus, il irait jusqu'au bout du monde pour toi. Pour combattre le temps. Et pour trouver le moyen de le gagner. Hé, ne te fustige pas d'accord ? Tu ravales alors tes maux et tes paroles - te laissant aller contre ton mari pour embrasser ses lèvres et juste être contre lui. Il n'était rien que tu aimais plus que cela. Tu étais à ta place ici, dans les creux du cou de Fleamont.
Qu'importe vos maux, qu'importe vos combats l'un contre l'autre, vous vous retrouviez toujours. Cette histoire était écrite, tu n'en doutais pas une seconde. Et juste parce que tu avais pu l'aimer, tu savais que tu ne porterais aucun regret de ta vie. On pourrait tu sais. Nous avons donné notre vie au ministère et à l'Ordre, on mérite de se reposer maintenant. Je ne laisserai pas le Ministère démunie sans personne à la hauteur pour reprendre nos postes. Mais oui - je suppose que le temps est venu de nous occuper de nous. répondis-tu, partagée entre ton envie de vivre et ta loyauté.
Il était difficile de se rendre compte que le moment était venu, plus vite que tu ne le pensais. Une petite maison sur la plage, des voyages tout le temps et surtout, on n'se refuse plus rien. Qu'en dis-tu ? Aurons-nous un potager ? Je n'ai jamais eu le temps d'en avoir un ici, mais peut être que le temps je le trouverai. demandas-tu, prenant la main de ton mari pour la serrer fort. Et toi, que voudrais-tu faire absolument ? Si tu avais le temps - te connaissant, te poser ne serait pas dans tes priorités. Tu voudrais visiter mille châteaux et voir des matchs de Quidditch dans les plus grands stades. Peut être devrions nous faire cela : suivre la coupe du monde de matchs en matchs.


 

Et même si ton cœur saigne de découvrir que ta femme est malade, que l'amour de ta vie a un mal au fond d'elle qui la ronge comme une sale blessure qui peine à se refermer, alors en croisant son regard tu retrouves de l'espoir. Un lendemain qui n'est pas si sombre semble se dessiner, la promesse d'un avenir qui sera joyeux malgré la maladie qui sera toujours là, rodant comme un prédateur prêt à bondir sur une proie sans défense. Et ça te rendrait fou de te dire que la proie en question n'est autre que ta femme, si forte et fière, qui a tenue tête à des mangemorts par dizaine sans jamais faillir, sans trembler, sans céder ni baisser sa baguette de peur comme tu l'as vu souvent chez d'autres. Et ce serait la maladie maintenant la grande gagnante, alors que la moitié d'Azkaban est remplie de mangemorts dû aux actions de ta femme, elle si brillante dans son boulot qu'elle a toujours su où chercher pour les débusquer ? Non tu ne peux pas accepter ça, ni maintenant, ni jamais. Alors tu te battras et en voyant la lueur dans ses yeux tu sais que l'espoir est possible, qu'il est permis et que tu dois le garder en toi. Que tu pourras trouver une solution, qu'il faut juste chercher et se bouger un peu. Euphémia le mérite, plus que tout le monde et surtout avant les autres. « Elles le sont... Mais pas comme je l'entends. » Dis-tu avec un bref sourire car tu n'imagines pas que vos vies sont si excitantes quand vous frôlez la mort aussi souvent que vous deux. Quoi que dans ton cas ça s'est calmé mais concernant Euphémia, c'est encore trop souvent qu'elle met ses jours en danger. Ca ne durera, juste six petit mois et vous serez tranquille, qu'est ce qui peut bien se dérouler de pire en six mois ?

Ta main commence son chemin jusqu'à son visage alors que tes doigts caressent sa joue, la forme de son nez et l'arrondie de son menton parfait. Tu l'embrasses une fois, deux fois et puis tu finis par garder ton nez contre le sien avec un petit sourire en coin, comme pour vous enfermer dans cette bulle de bien-être que vous partagez soudainement. Le repas est oublié tout comme les autres clients, il n'y a plus qu'elle qui compte pour l'instant et tu ne voudrais surtout pas être ailleurs, si ce n'est contre elle jusqu'à mourir dans ses bras et relâcher ton dernier souffle contre ses lèvres chaudes. Vous êtes tous les deux alors tu te persuades que tout ira bien, que vous serez en sécurité. « Je ne te dis pas de tout abandonner et de laisser le bureau des aurors aux mains d'un incapable. Mais de rendre ton tablier. Tu as assez fait... Je sais que pour une acharnée du boulot comme toi c'est dur de l'entendre mais c'est le cas, Mia. Tu as largement assez donnée. » Et de fait il vous faut rendre la main maintenant, elle le mérite et toi, tu as vraiment besoin de la savoir avec toi, à profiter de ces mois qui vous sont offert. « Un potager ? C'est original comme demande et... Presque banal. » Dis-tu non sans rire en coin. « Tu en auras un de la taille que tu veux. Tout ce que tu veux pour te faire plaisir... Tu comptes jardiner comme les moldus avec les outils ou ta baguette ? Ce serait plus facile avec de la magie ! » Mais infiniment plus rapide qu'à la méthode moldue c'est vrai. Les deux mondes semblent avoir du bon malgré tout.

« Moi je voudrais... Je voudrais voyager. J'ai envie de voir le monde, la dernière fois que nous avons bougé c'était lors de notre jeunesse bien avant notre mariage, tu te souviens ? Depuis, entre le boulot et la vie alors nous ne nous sommes pas posés. Que dirais-tu de voir la France, le Japon et le Canada ? Nous pourrions visiter tellement, il nous suffirait d'acheter deux balais et de traverser le monde ainsi. Le pourrais-tu ? Ca ne te demanderait pas trop ? » Parce qu'encore une fois c'est bien elle le plus important, tu ne veux pas aggraver son mal juste parce que tu veux voir ce qui se fait en dehors des frontières de votre pays. « Tu voudrais suivre la coupe de Quidditch ? Nous pourrions, j'ai encore mes contacts chez les joueurs à la retraite, je pourrais nous avoir des places pour tous les prochaines matchs de la saison ! » Et vous offrir de quoi vous régaler chaque semaine tout en ponctuant cela de quelques voyages. Oui, le programme te semble très bien finalement. « En dehors de ton jardin, que voudrais-tu faire ? Déménager, voir l'Islande où la famille Selwyn avait ses quartiers et son manoir ? »
 

Etait-ce le moment de te préparer à écrire ton dernier chapitre ? Tu avais vu tes parents en faire de même - regarder en arrière pour voir plus d'années que ce qu'ils avaient devant eux. Faire le bilan de leur existence pour s'assurer de ne pas tenir plus de remord que de regret. Tu n'étais pas certaine d'être prête pour cela - il semblait que la vie l'avait finalement décidé pour toi, que tu étais à un point où il te faudrait faire le point sur ce que tu laissais dans le monde, et te féliciter de ce que tu avais pu faire. Tu ne voulais pas de remord, pas de regret, pas de peine. Mais la vie se faisait plus cruelle que tu ne souhaitais - tu savais que c'était toujours le cas. Je ne te dis pas de tout abandonner et de laisser le bureau des aurors aux mains d'un incapable. Mais de rendre ton tablier. Tu as assez fait... Je sais que pour une acharnée du boulot comme toi c'est dur de l'entendre mais c'est le cas, Mia. Tu as largement assez donnée. Tu crois ? Demandas-tu, presque comme une enfant sur le point de laisser tomber un projet. Tu es une idéaliste, tu l'avais toujours été - tu aurais aimé rendre les armes le jour où il n'y aurait plus de raison de se battre. Mais c'était idiot - il resterait toujours des mages noirs pour tenter de renverser l'équilibre du pays, et prendre le pouvoir.
Tu avais fait de ton mieux. Il était temps que tu donnes la main.

Puis que tu te prépares pour ce dernier chapitre. Que tu sois simplement avec l'homme de ta vie, à exister sans qu'il soit un besoin impérieux de se battre et de survivre. Un potager ? C'est original comme demande et... Presque banal. Tu souris, le voyant qui s'évertue à cacher un rire qui lui prend la gorge. Tu es heureuse de pouvoir encore le faire sourire aussi facilement. Par ta simplicité - elle si éloignée du reste des envies et des passions des autres familles de sang purs. Mais tu imaginais cela si bien - toi dans ton jardin, à savourer les fruits que tu aurais fait pousser. Peut être accompagnée d'un enfant qui t'appellerait Mamy ou qu'importe comment. Tu en auras un de la taille que tu veux. Tout ce que tu veux pour te faire plaisir... Tu comptes jardiner comme les moldus avec les outils ou ta baguette ? Ce serait plus facile avec de la magie ! S'il me faut m'habituer à vivre avec le moins de magie possible, sans doute comme les moldus. Je ne doute pas que ton esprit et celui de Sirius seront capables de me facilité la vie avec des inventions pour arroser aisément ou pour ramasser les fruits rapidement. Assuras-tu, parce que tu savais que les deux sorciers aimaient créer et bricoler ensemble.
Et qu'il vous fallait des projets. C'était ce qui vous permettrez d'avancer encore sans laisser l'existence peser sur vos épaules. Moi je voudrais... Je voudrais voyager. J'ai envie de voir le monde, la dernière fois que nous avons bougé c'était lors de notre jeunesse bien avant notre mariage, tu te souviens ? Depuis, entre le boulot et la vie alors nous ne nous sommes pas posés. Que dirais-tu de voir la France, le Japon et le Canada ? Nous pourrions visiter tellement, il nous suffirait d'acheter deux balais et de traverser le monde ainsi. Le pourrais-tu ? Ca ne te demanderait pas trop ? J'ignore si je pourrais voler longtemps sur un balai. Je pense qu'il n'y a qu'en essayant que nous saurons... Au pire, tu me feras voler sur le tiens ? Demandas-tu avec un regard tendre vers lui. Je me souviens - mais faire ce même voyage, avec toi, ce serait si parfait. Alors qu'à l'époque vous aviez voyagé - toi parce que les Selwyn voyageaient une fois leurs ASPICS obtenus. Parce que lui était joueur de Quidditch. Tu voudrais suivre la coupe de Quidditch ? Nous pourrions, j'ai encore mes contacts chez les joueurs à la retraite, je pourrais nous avoir des places pour tous les prochaines matchs de la saison ! Ce serait si bon, tu ne penses pas ? Maintenant, alors que nous sommes encore assez en forme pour faire la fête jusqu'aux premières lueurs du jour. Et c'était une passion que vous aviez en commun - assurément, vous saurez profiter parfaitement de ces matchs.

Comme à l'époque. Comme lorsque vous étiez jeunes. Et plus encore maintenant que vous aviez absolument les moyens et la liberté pour vous faire plaisir. En dehors de ton jardin, que voudrais-tu faire ? Déménager, voir l'Islande où la famille Selwyn avait ses quartiers et son manoir ? Je suis pas certaine de vouloir revoir les Selwyn. Silent peut être, mais elle est aux Etats-Unis maintenant. Admets-tu, avec un sourire malgré tout. Je voudrais vivre au bord de la mer, pouvoir voir les vagues tous les jours. Dis-tu, pas que votre maison à Godric's Hollow te déplaise - On pourrait laisser la maison à Lily et au bébé, qu'en dis-tu ? Ou a James, s'il le souhaite ?


 

« Oui je le crois, j'en suis persuadé. Tu as largement fait, plus que tu n'aurais dû. » Dis-tu à son oreille avec douceur mais fermeté. Tu sais comme c'est difficile pour des gens comme vous de raccrocher mais c'est bon, le monde est presque en paix et il ne reste que quelques mangemorts pour courir à la recherche d'une liberté qu'ils perdront bientôt de toute façon. Maintenant il vous reste à vous reposer et à profiter de tout ce que vous avez fait, de cette paix relative qui est dans votre monde au prix de nombreux sacrifices. Vous avez perdu des hommes, des amis, des frères. Maintenant vous devez vous aussi profiter avant que la fin ne vous rattrape et que vous n'ayez que des regrets plus que des remords. Il n'y a rien de pire quand on part en se disant qu'on aurait dû faire autrement, tu sais ce que tu sais car tu as trop de regrets en toi et que tu es obligé de les combattre maintenant. « Évidemment et puis j'aurais le temps de bricoler. » Ce que tu n'as plus à présent ou du moins c'est un temps que tu ne prends pas. Tu vas pouvoir changer cela et laisser ta femme dans son jardin comme elle semble le vouloir. Oui la retraite semble finalement enviable si seulement il n'y avait pas le spectre de cette maladie qui plane au dessus de vous comme un rappel sinistre, que la fin est toute proche et qu'elle viendra encore plus vite que vous ne pouvez l'imaginer. C'est effrayant alors tu serres plus fort ta femme contre toi et tu te refuses à penser à cela. C'est bon, tout ira bien, tu le promets.

« Bien-sûr que tu voleras sur mon balai. Je te tiendrais comme ça et nous ferons la route ensemble. » Dis-tu en glissant tes mains sur sa taille pour lui montrer, tout en picorant son cou de baisers papillons. Tu as soudainement besoin d'être contre elle, de la sentir plus proche de toi et qu'importe si vous ressemblez à deux adolescents incapables de contenir leurs hormones, il n'y a rien que tu veux plus à cet instant que la sentir et l'embrasser toujours plus. « Alors je ferais partir des courriers demain et je nous trouverais des places pour les prochains matchs. » Dis-tu sur un ton qui ne laisse aucune place à la négociation. Il vous faut profiter maintenant, tu te rends compte comme le temps à passé et tout ce que vous avez raté à force de vous battre sans regarder en arrière. Mais tu veux t'arrêter toi aussi, surtout être avec elle et ne pas gâcher une seule seconde à te demander si tu dois vivre ou pas. Silent alors, tu pourras toujours la faire venir en lui envoyant une lettre. Tu sais que la belle fera le voyage, qu'elle soit mariée et installée dans une boutique maintenant dans le Bayou ne changera rien, elle adore sa tante et il ne se passe pas une semaine sans que vous n'ayez un courrier de sa part. Tu prépareras ça, Mia aura besoin des siens dans les mois à venir.

Tu souris en pensant soudainement à cette maison au bord de la mer qui semble n'attendre que vous, ce lieu que vous retrouvez tous les ans pour les vacances et dont les propriétaires pourraient accepter la vente en échange d'une grosse somme de gallions. Mais il n'y a rien que tu ne ferais pas pour elle. « La maison aux coquillages, qu'en dis-tu ? Nous pourrions l'acheter et l'emménager définitivement. Ca fait longtemps qu'on en parle. » Mais vous n'avez jamais sauté le pas encore, c'est le moment apparemment. « Nous pourrions leur proposer et voir ce qu'ils en disent ? Lily refusera j'en suis certain mais c'est la famille et le bébé aura besoin d'un coin tranquille... Pas que la coloc' ne soit pas bien mais bon... Je ne suis pas certain qu'un lieu avec autant de vie soit l'idéal en vérité. » Pas que tu critiques leur façon de vivre, tes garçons font bien ce qu'ils veulent mais un bébé a besoin de calme et d'un coin à lui pour se reposer, les enfants Potter demandent beaucoup d'énergie. « Invitons le à déjeuner et parlons lui, nous verrons ce qu'il dit pour la maison. Concernant cette demeure au bord de la plage, je m'en charge dès demain. » Voilà que la décision est prise, tout autant que ton envie d'être avec elle pour le reste de la journée. Et si tes baisers dévient doucement de son cou jusqu'à la naissance de son épaule, tu t'arrêtes pour lui murmurer encore quelques mots. « Nous devrions demander au serveur d’emballer tout cela et rentrer, qu'en dis-tu ? » Le sous-texte est clair, tu as besoin d'être avec elle dans votre chez vous, pour le moment.