1. Orphan
Rhysand aurait aimé que sa vie commence de la meilleure des façon, dans une famille géniale et soudée, une belle maison en banlieue londonienne, un chien. Mais son histoire n'a pas commencé ainsi.
Il a été trouvé au mois de juillet 1865, sur le seuil d'un orphelinat. Il était dans un panier troué, une guenille en guise de couverture, et un morceau de papier déchiré avec une unique inscription
"Rhysand". C'est ainsi que les religieuses de l'orphelinat l'ont donc nommé. C'était un bébé chétif, qui ne pleurait pas. Il dormait beaucoup également. C'était malheureusement le cas pour beaucoup de bébés abandonnés. Ils ne voulaient pas se faire entendre, ils ne voulaient pas qu'on les voit. C'étaient des bébés très calmes.
Rhysand passa la première partie de sa vie à l'orphelinat. Il aimait bien, ça ne le dérangeait pas, mais il rêvait de plus, de plus grand. Il apprit à lire, à écrire, à parler au contact des religieuses. Au final, il a sûrement reçu plus d'éducation ici que s'il était restait avec les siens. Il avait cherché à en savoir plus sur sa famille, d'où il venait, mais personne n'était en mesure de répondre à ses questions, parce que personne n'en savait rien. C'était un orphelin, abandonné peu de temps après sa naissance. Simplement ça. Puis, à ses dix ans, l'orphelinat a changé de propriétaires car l'Eglise n'avait plus assez de moyens pour s'en occuper. Les enfants sont passés aux mains des Blacksmith.
C'était une famille riche de Londres, riche à outrance, mais avec des problèmes qui entachaient leur image. Alors pour y remédier, ils ont investi dans l'orphelinat. Mais Ils n'aimaient pas les enfants. Ils se prenaient des coups, des punitions, des sanctions sévères. Rhys étant l'un des plus âgés, il prenait toujours la défense des autres, il prenait les coups à leur place, il s'assurait que les plus soient en sécurité. Mais, cela devenait insoutenable, insupportable et il s'enfuit, en 1880, ne supportant plus cet endroit qu'il avait pourtant tant aimé.
2. Asshole
Dans la rue, adieu le confort, les lits, la nourriture à heures fixes. Il n'y avait rien de tout ça. Pas de chaleur, par de "bonne nuit" de femmes chaleureuses. Mais il tint bon, il se dit cependant que s'enfuir en plein hiver n'était pas la meilleur des solutions. Il dormait sous des ponts, sous des bancs, dans des halls d'immeuble, n'importe où il pouvait en soit. Puis il tomba sur un groupe de garçons, vivant également dans la rue. Ils le prirent parmi eux et rapidement, Rhys devint l'un des leurs. Ils étaient ses frères. Ils volaient, couraient, dormaient dans une vieille maison. C'était une vie de voyou, mais une vie qu'il adorait. La liberté. Pas d'attache, pas de pression, pas d'obligations.
Bien sûr, ils n'étaient pas le seul groupe de voyous de Londres. Et il y avait un groupe qui étaient leurs ennemis jurés. Ils se haïssaient, se faisaient des crasses, se tendaient des pièges. C'était infernal, mais l'ingéniosité de Rhysand parvenait à les faire reculer à chaque fois. Tellement ingénieux qu'un jour, un des membres de l'autre groupe s'est retrouvé avec une jambe sectionnée. Ce fut à partir de ce moment que la guerre cessa. Et que Rosemary entra dans la vie de Rhysand.
C'était une fille orpheline, elle aussi, qui travaillait en tant que nounou d'enfants pour une famille assez aisée. Il la rencontra dans un parc, il la charma. Evidemment, ça ne marcha pas de suite et il dut persévérer pendant des semaines. Elle tombera finalement amoureuse de lui et lui, il voulait une vie meilleure pour eux. Alors, il commença les petits boulots, il les multipliait. Chaque livre était bonne à prendre, à économiser. Au final, après s'être assuré que les autres gamins étaient en sécurité, il a réuni toutes ses économies, et celles de Rose, pour prendre un petit appartement en location. Il était pas très grand, un peu miteux, mais c'était chez eux, leur première maison.
Ils s'aimaient d'un amour passionnel, le genre d'amour qui durait une vie, le genre d'amour qui suffisait pour vivre. Ils n'avaient pas beaucoup d'argent, pas beaucoup de possessions, mais ils s'avaient eux et c'était le plus important. Dans la vie de Rhys, cependant, rien ne durait jamais éternellement. Un jour, en promenade avec Rose, il croisa le frère de celui qui avait eu la jambe sectionnée, qui aurait apparemment succombé à ses blessures. Le mec l'a reconnu. Il a sorti une arme à feu et à tirer. Quand Rhys se tourna, sous le choc, c'était Rose qui gisait au sol, d'une balle dans la tête. Il n'aura même pas pu lui dire au revoir.
Il erra pendant des semaines, des mois, refusant de faire son deuil, refusant d'accepter que l'amour de sa vie était morte. Morte, par sa faute, par ses conneries. Et dans cette chienne de vie, tout n'était question que de vengeance. Il partit en quête de vengeance pour retrouver celui qui avait ôté la vie de celle qu'il aimait. Sauf que ses amis et lui le trouvèrent en premier. Ils lui tirèrent dans la jambe, œil pour œil, dent pour dent, avant de le faire tomber dans la Tamise, le laissant pour mort. Rhysand se sentait partir. Il se sentait en paix. On l'arracha à la mort en le sortant de l'eau et en lui faisant du bouche à bouche.
Laissez moi, je ne suis qu'un orphelin, un fils de personne. Aucun son ne sortit de sa bouche, il ne faisait que penser.
3. New born vampire
Rhysand sentait un liquide chaud qui coulait le long de sa gorge. Instinctivement, il commença à le boire, se sentant revenir parmi les vivants. Il ne savait pas ce qu'il se passait, ni ce qu'était ce liquide au goût métallique qui emplissait sa bouche et descendait le long de sa gorge. Mais il savait que c'était en train de le changer, de le ramener mais différemment. Il gardait ses yeux fermés, n'ayant pas la force de les ouvrir, mais il entendait des pas autour de lui, des voix puis une porte qui se ferme. A cet instant, ce fut le début de son calvaire.
Rhysand commença par avoir des spasmes, des crampes, des douleurs atroces qui contractaient tous ses muscles, qui faisaient chauffer ses nerfs. Il temblait, il avait froid, il avait chaud et il avait envie de
sang. Il avait plein de salive dans la bouche mais il se sentait comme un demi sommeil, avec l'impossibilité de se réveiller, comme coincé entre deux mondes. Il gémissait, se tordait de douleur, c'était un cauchemar. Il sentait la blessure à sa jambe s'intensifier, ça le brûlait, ça lui lançait comme des décharges électriques. Il transpirait, il voulait s'arracher la peau, se tuer là, maintenant. Mais il en était impossible et finalement, il réussit à ouvrir les yeux. Il ne savait pas où il était, il ne savait pas s'il était mort, s'il était au paradis, en enfer. Il ne savait rien, et il commençait à angoisser. Il voulut crier mais ce ne fut qu'un simple gémissement qui sortit de sa gorge. La porte s'ouvrit sur un homme, grand, un verre de sang à la main, verre de sang que Rhys ne pouvait pas quitter des yeux. Il le but d'une traite comme l'homme le lui donna. Celui-ci posa ensuite une main sur son front.
« Bonjour, mon enfant. Bienvenue chez toi. »Rhys ne comprit pas mais rapidement l'homme, Archibald, le lui expliqua. Il lui expliqua tout et lui apprit tout de sa nouvelle condition de vampire. Il n'était plus humain. S'en suivirent des mois et des mois de préparation, d'acception, d'aide. Archibald était devenu comme un père, la première figure parentale qu'ait jamais eu Rhysand. Et rapidement, il devint Rhysand de Montfort. Il avait un nom de famille, il avait un père. Le futur ne lui paraissait plus si sombre, ni incertain.
4. XXe century
Rhysand entra dans le vingtième siècle comme s'il lui appartenait et on peut dire qu'il a remué la société anglaise de l'époque. Il a changé en devenant vampire, tous ses traits de caractères se sont exacerbés. Il est devenu plus têtu, plus joueur, plus taquin. Il enchainait les conquêtes, dans toutes les sphères de la société anglaise. Il jouait de son charme, de ses nouvelles capacités. Chaque soir, il se perdait dans les bras d'une nouvelle femme, s'oubliant pendant un instant, oubliant Rose, oubliant la vie qu'il avait eu. Pendant la première guerre mondiale, il se chargeait de consoler les épouses éplorées, à qui leurs maris manquait terriblement. Il était sur les arrières lignes, à s'occuper du bien être des femmes britanniques. Il servait sa patrie, en un sens.
Les années folles portaient bien leur nom. Rhys enchainait les soirées, les nuits d'ivresse, les nuits d'amour. Il recevait des réprimandes de son père mais il voulait vivre, il ne voulait pas penser, il ne voulait pas penser à son grand amour disparu, à son début de vie de bouse d'hippogriffe. Il voulait être quelqu'un dans cette société. Il charmait tout le monde, rapidement son prénom était sur toutes les lèvres. Les femmes l'adoraient, les hommes le haïssaient. Il se faisait souvent tirer les oreilles par Archibald, mais pas assez pour calmer sa fougue.
Nouvelle guerre mondiale, nouvel engagement de Rhys auprès des veuves ou des femmes seules. Celle-ci fut plus violente, plus ravageuse et il dût abandonner ses devoirs pour se planquer au Drunk Broom, à l'abris des bombardements. Il était entouré des siens, de sa famille, la seule qu'il n'aura jamais eu.
La première moitié des années 1900 passant à une vitesse folle. Rhys voyait le monde changer au fil des années, des décennies. Il aimait la façon dont le monde changeait et dans le monde sorcier, il ne prenait jamais parti dans aucun conflit. Il voulait rester neutre, ne pas s'engager. La seule chose pour laquelle il se battait, c'était les droits des vampires, des créatures humanoïdes. Archibald décida ensuite qu'il était temps pour lui de travailler, hors de question de dépenser de l'argent sans en gagner. Il a joué pendant soixante-dix ans, il fallait être un adulte maintenant. Même si ça ne l'enchantait pas du tout.
5. The eighties
Les années 70 sont rapidement passées, à l'image de toutes les décennies précédentes. Rhysand s'investit pleinement chez les Infortunés depuis des années, et grâce à Archibald il s'est également fait une place au Drunk Broom, en devenant chef des videurs. Il ne put pas nier qu'il a été pistonné, pleinement mais il aimait ça. Il n'était pas souvent présent, il préférait se bourrer la gueule au bar, ou être dans les toilettes en charmante compagnie. Il aimait les femmes, il aimait encore plus quand elles étaient prises. L'adrénaline de tomber sur un petit copain ou un mari jaloux l'excitait encore plus.
En soit, après la guerre qui a secoué le monde sorcier, la vie reprend petit à petit son cours au début des années 80. Pour le meilleur, ou pour le pire, il est prêt à embraser cette nouvelle décennie.