Gemini — Wind
Dans certaines familles, naître héritier implique son lot de conséquences et d’obligations. En venant au monde en premier, Percival Elias Gaunt n’échappe pas à cette règle. Né au sein de l’une des plus prestigieuses et illustres familles de sang-pur, l’enfance du petit Percy n’est pourtant pas guidée par cette idéologie suprématiste – son père n’ayant pas non plus été élevé dans cette optique, tout comme ses propres parents et cela depuis des siècles. Depuis qu’ils sont membres de la Confrérie de Morgane, faisant partie de ceux qui, dans l’ombre, influencent les grands événements mondiaux. Depuis des générations, ils sont les garants du maître de la Vierge et chaque héritier doit prendre la suite de son parent lorsque celui-ci devient trop vieux, invalide ou qu’il décède. En ce sens, le destin de Percival est joué à l’instant même où ses yeux s’ouvrent au monde. Le moment venu, il reprendra le flambeau.
Malgré cela, il serait complètement faux de qualifier l’enfance de Percy de malheureuse. Il n’a pas été maltraité, a pu profiter simplement de son innocence, a joué avec ses frères et sœurs – se trouvant quelques affinités avec Bethsabée, deux ans plus jeune que lui. Puis comme espéré, ses pouvoirs se manifestent assez tôt. Ceux qu’on attend d’un sorcier certes mais également ceux que son père désirait ardemment voir chez son fils. Percival hérite du don de voyance. Nul ne peut le nier lorsqu’il décrit cette vision de l’accident du voisin d’en face. Une violente chute du toit qui se réalise quelques jours après. Dès lors, son père l’entraîne sans relâche et commence à lui parler de la Confrérie de Morgane, lui révélant au fur et à mesure tout ce qu’il convient de savoir sur elle et pourquoi ce qu’elle fait ainsi que le rôle qu’ils y jouent est important.
Ses années à Poudlard ne sont guère plus spéciales. Sans aucune surprise, il intègre la maison de son ancêtre, Salazar Serpentard. Il y est un bon élève – ni trop populaire, ni pas assez. Son nom l’aidant à se faire une place. Ses examens, il les obtient en travaillant, sans délaisser la voyance – que ce soit chez lui ou au château –, il arrive aussi qu’il utilise son don de fourchelang. Il se découvre une affinité à la magie du feu sur laquelle il se penche autant que le reste. Durant cette période, il procède à quelques remises en question, notamment sur son avenir, sur ce qu’on décide pour lui. Toutefois, il finit par comprendre la responsabilité qui pèse sur ses épaules ainsi que l’intime honneur qu’elle représente. C’est décidé : il embrassera la cause en devenant l’un de ses plus fervents adeptes.
Capricorn — Earth
Il s’agit de l’un des quelques mots que son père a le plus à la bouche : la Confrérie de Morgane. Depuis que Percival est un voyant avéré, il n’a de cesse de l’entraîner et de lui raconter tout ce qu’il doit savoir sur cette fameuse organisation. Il est capable de raconter toute son histoire d’une seule traite, sans parler de ses objectifs. Il n’est pas certain de totalement tout comprendre mais son père affirme que ce sera bientôt le cas, que c’est normal parce qu’il faut du temps pour tout assimiler mais que cela en vaut la chandelle. Son père doit toutefois estimer qu’il a fait une grande avancée puisqu’il décide de l’emmener à une réunion de la Confrérie pour la première fois.
Là-bas, il retrouve certaines têtes connues. Notamment celle de Wyatt, un ami de déjà longue date – sans doute l’un des seuls que Percival peut réellement considérer comme tel. Laissant les adultes faire leur office, le jeune Gaunt n’attend pas pour rejoindre son ami. Rapidement, un troisième larron vient se greffer à eux, un certain Thaddeus Chevalier. Plus âgé qu’eux mais pas non plus un Maître de la Confrérie. Ce qui explique pourquoi il est à l’écart et s’avère tout désigner pour chaperonner les deux autres héritiers. Les prémices d’un trio infernal qui n’aura de cesse de faire parler de lui au moins au sein de la Confrérie. Il est assez rare que l’un soit mentionné sans que les autres n’arrivent d’une manière ou d’une autre. Parfois – souvent – au grand dam de ceux qui les côtoient plus ou moins régulièrement.
Sagittarius — Fire
C’est à la sortie de l’école que les événements s’accélèrent. Percival entame une formation pour devenir réparateur au Ministère. Un choix de carrière qu’il a fait en y ayant mûrement réfléchi. Il sait ce qu’il peut apporter dans cette branche mais également ce qu’il peut y obtenir. C’est aussi durant cette période qu’il fait sa connaissance. Un rendez-vous convenu dont la finalité est déjà écrite par les organisateurs. Sa future femme, Percy la rencontre à huit clos, avec pour seuls protagonistes : lui-même, sa promise, son propre père et son futur beau-père. Une réception étonnamment modeste qui se déroule dans la demeure des Gaunt.
«
Percival, viens par ici veux-tu. », s’il sait d’avance ce qui va arriver – nulle voyance ici, seulement de la déduction – et qu’il n’est guère emballé à cette idée, Percy obéit à son père et se place à ses côtés, tandis qu’ils font eux-mêmes face à un homme et une jeune femme qui semble aussi « ravie » que lui d’être en ces lieux. «
Voici monsieur Maes et sa fille. Ils sont venus de Belgique pour conclure cette alliance entre nos deux familles. », alliance dont les Gaunt n’ont pas spécialement besoin et ça, ils le savent tous les deux. En revanche, le nom de Maes résonne dans l’esprit du garçon et lorsqu’il met le doigt dessus, il grimace. Bien sûr, une famille de sang-pur belge qui ne cache pas ses tendances puristes. On dit d’eux qu’ils ont la torture pour tradition et cela ne plaît pas à Percival qui sait qu’il ne va pas aimer cette famille à l’instant même où sa main vient saisir celle du patriarche Maes. De son dégoût, il ne laisse rien paraître, conscient qu’il est important de jouer le jeu face à ces personnes.
«
Olivia Maes.—
Percival Gaunt., dit-il en saisissant doucement la main qu’elle tend à son encontre. » Olivia est une magnifique femme. Blonde, les cheveux tombant en cascade dans son dos, des yeux aussi bleus qu’un ciel d’été. Pourtant, rien. Il ne ressent aucun sentiment envers elle – ce qui est logique puisqu’ils viennent de se rencontrer. Cela ne les empêche pas de se savoir promis l’un à l’autre sans qu’aucun n’ait son mot à dire. Et si l’amour est absent de ce qui aurait dû être le plus beau jour de leur vie, des sentiments finissent par naître à force de vie commune. Il ne l’explique toujours pas mais Olivia parvient à créer une fissure dans le cœur de Percival, s’immisçant à l’intérieur de cette dernière pour ne plus jamais s’en voir délogée. Oh oui, il l’aime, cette femme. Au point de ne jamais hésiter à envoyer paître les Maes lorsque ceux-ci pensent encore avoir quoi que ce soit à dire concernant la vie que mène Olivia. Ils ont donné leur fille à une autre famille, qu’ils assument désormais que leurs mœurs ne sont pas les mêmes et que Percival lui laisse bien plus de libertés.
Virgo — Earth
C’est le grand jour. Toute sa vie, il ne s’est préparé que pour cet ultime instant. Recevant les enseignements de son père – il a appris tout ce qu’il devait savoir. Sur le monde, sur la Confrérie, sur ses capacités. Ne reste que cette dernière étape à franchir pour arriver au bout du parcours. Aujourd’hui, son père et maître n’est plus – tué par un assassin de l’Ordre de Merlin, d’après les rapports officieux de leur organisation. Une hypothèse que personne n’est capable ni de confirmer, ni de démentir. Le fait est que le maître de la Vierge n’est plus et que ce poste ne peut rester vacant –
le Maître est mort, vive le Maître, comme on dit. Ce rôle revient à Percival, il a été éduqué toute sa vie pour ce jour et malgré les heures qui le rapprochent inexorablement de son rituel pour confirmer son rang et sa puissance, le Gaunt ne tremble pas, convaincu que c’est ce qu’il faut faire. Pour lui, pour sa famille et pour cette cause en laquelle il a décidé de placer tous ses espoirs.
Ces dernières heures avant la cérémonie, c’est avec Olivia qu’il décide de les passer. Elle est un soutien sans faille depuis qu’ils sont mariés – pour le meilleur et pour le pire, comme ils se le sont promis. Ils ont été là l’un pour l’autre, se soutenant dans les épreuves difficiles de chacun et savourant les instants de répit. Aujourd’hui, c’est Percival qui a besoin de la savoir à ses côtés parce qu’elle est son épouse et qu’elle est la seule à avoir conscience de l’ampleur du sacrifice qu’il s’apprête à réaliser. Cet homme va sacrifier des yeux qu’elle trouve pourtant magnifiques. Alors une dernière fois, le regard de la belge se perd dans celui de son époux. «
Merci d’être là, ça compte pour moi. », dit-il tandis que sa main se perd en tendres caresses sur la joue de sa bien-aimée. «
Je le serai toujours, quoi qu’il arrive. », des paroles qui tirent un sourire au Gaunt qui se fait silencieux, préférant se perdre sur les traits du visage d’Olivia, prenant conscience qu’il ne le verra plus jamais. «
S’il n’y a qu’une image que je peux ne jamais oublier, je souhaite que ce soit ton visage. », c’est ce qu’il fait, il la détaille afin de mémoriser chaque trait de son visage, chaque pore de sa peau des plus douces… et ce sourire. Oh ce sourire qu’il observe pour l’ancrer également dans sa mémoire. «
Je mémorise chaque parcelle de ce que tu es, toi la plus belle femme qu’il m’aura été donné de voir. », un sourire triste passe rapidement sur ses lèvres avant qu’il ne vienne les déposer sur celles d’Olivia…
Il s’avance, déterminé, pour se placer au centre de ce cercle à la fois austère et pompeux – signe d’un rite hérité d’une époque bien lointaine. Devant lui, un homme de la Confrérie, vêtu d’une coule semblable à celle que portaient les moines à l’époque médiévale. Non loin, un pot dans lequel brûle un feu qui n’attend que d’être utilisé. Se tenant droit, Percy ne dit rien, attendant sereinement que l’homme entame la procédure. «
Percival Elias Gaunt, es-tu prêt à remplir ton devoir envers la Confrérie et à prendre ta place dans celle-ci conformément au rituel de la Vierge ?—
Il y a longtemps que j’ai renoncé au mensonge de l’humanité., dit-il, plus solennel que jamais. » La réponse semble satisfaire l’homme qui hoche la tête. Il se saisit d’une barre de fer qu’il vient plonger durant quelques secondes dans le feu avant de s’approcher de Percival. «
Par ce rite, je te fais maître de la Vierge. Reçois ton pouvoir en échange de ton sacrifice, toi, protégé de la Pythie. », et sans prévenir, le bout chauffé à blanc s’abat sur le premier oeil de Percival qui, malgré ses certitudes, pousse un hurlement révélateur d’une douleur indescriptible. Puis vient le deuxième œil… ce n’est que lorsque les cris cessent après d’interminables minutes qu’il est enfin proclamé, maître de la Vierge. Dès lors, un nouveau monde s’offre à ses yeux pourtant aveugles. Il perçoit, ressent ce qui lui était jusqu’alors inaccessible. Une sensation infiniment étrange à laquelle il va devoir s’habituer avant de la contrôler. Mais au fond de ses entrailles, il le sent, palpitant. Le véritable pouvoir, la puissance recherchée.
Cancer — Water
«
Fascinante créature que celle-ci, n’est-ce pas ? », surpris, le gamin se retourne pour apercevoir un homme : taille moyenne, élégamment vêtu à la façon des aristocrates, cheveux bruns coupés courts et surtout, des yeux dissimulés par des lunettes noires – étrange alors qu’aujourd’hui, le soleil ne semble pas vouloir percer les nuages. «
Vous… vous la voyez ?—
Disons que je perçois sa présence., répond Percival en haussant les épaules sans donner plus d’explications.
Mais toi, tu la vois. Si jeune et déjà si injustement traité par la vie. » Les mots de Percy sonnent presque empathiques envers l’adolescent qui baisse les yeux avant de les reporter sur la silhouette squelettique du cheval à seulement quelques pas d’eux. «
Vous n’avez pas l’air mieux loti que moi… monsieur. », pris par surprise, le Gaunt hausse les sourcils, se contentant d’un soufflement de nez en guise de réponse tandis que sa conscience le ramène à d’anciens souvenirs.
-----------------------
«
Il y a eu un problème lors de l’embolectomie de votre femme. », immédiatement, sa mâchoire se crispe. Il savait cet instant possible, l’a envisagé tout en niant avec ferveur qu’il puisse réellement arriver. Parce qu’au fond, il reste humain et en cela, il a toujours cette espérance que le pire scénario possible n’arrive jamais. Atteinte d’un cancer des poumons découvert et diagnostiqué durant sa grossesse, ils ont tous les deux rapidement compris ce que ça implique pour le bébé… mais aussi pour elle. «
Elle fait une hémorragie abdominale. On ne peut plus rien faire pour elle. », ses poings se serrent, son ventre se noue violemment tandis qu’il se mord la lèvre inférieure. Ces mots, il les entend mais il refuse de les comprendre, de les assimiler. Il ne peut pas. Non, il ne peut pas la perdre de cette façon,
pas elle. Elle ne le mérite pas. «
Nous devons avoir votre autorisation pour la césarienne, monsieur Gaunt. », à l’écoute de la cruelle réalité énoncée par cette phrase, Percival reste muet. Il sait qu’il doit le faire mais il craint que la force lui manque pour un tel acte. Donner cet accord, c’est assassiner sa femme et il doute être assez fort pour autoriser l’exécution de celle qu’il aime. «
Votre fils pourrait suvivre si nous faisons cette césarienne, dans le cas contraire il mourra avec votre femme. », puisant encore dans ses forces, Percival ferme les yeux. Juste un court instant.
« Percy, tu sais que c’est une possibilité, il faut qu’on en parle…
— Je t’en prie… pourquoi penser au pire ? Je pense que cette conversation n’est pas nécessaire. Ou plutôt, il aimerait qu’elle ne le soit pas.
— S’il te plaît, chéri. Si jamais ça se passe mal… si jamais le pire devait arriver, je veux que tu respectes mes dernières volontés. » Il déteste quand elle s’exprime ainsi mais ils sont dans l’urgence et ils se doivent d’adapter leurs choix en conséquence. Il le sait et ne peut que saluer le courage et la force dont sa femme fait preuve tandis qu’il en est lui-même dénué, préférant fuir cette réalité. Cocasse pour l’homme qui voit au-delà des apparences. « Je n’ai pas envie d’évoquer la possibilité de ta mort, Olivia.
— Au fond, tu sais bien qu’il le faut. S’il ne devait plus y avoir d’espoir pour moi…, un grondement sourd sort de la gorge de Percy, forçant Olivia à s’arrêter quelques secondes avant de reprendre. ... je veux que tu sauves notre enfant. C’est la seule chose qui compte et tu le sais. Promets-le moi Percy, promets-moi que tu sauveras notre enfant.
— Je te le promets., finit-il par concéder après quelques secondes d’hésitation. » A cet instant, il avait encore l’espoir de ne pas avoir à en arriver là.«
Sauvez mon fils. », murmure le Gaunt en ouvrant les yeux, laissant des larmes rouler le long de ses joues. L’autorisation à peine donnée, le médicomage s’active. L’intervention s’effectue sans attendre. Ce n’est que lorsque le bébé est sorti du ventre de sa mère par césarienne, Percival prend encore la mesure de ce qu’il vient de faire. Et tandis que le dernier souffle de vie quitte le corps d’Olivia, les cris d’un nouveau-né raisonne dans la pièce d’intervention.
C’est un peu plus tard que quelqu’un daigne enfin venir le chercher. Le médicomage arrive à peine face à lui que Percival prend la parole. «
Je veux lui dire au revoir.—
Monsieur Gaunt, je…—
Non non, vous m’avez mal compris, je crois. Je vous dis que je VEUX lui dire au revoir. » Conscient qu’il serait complètement fou et stupide de refuser cela à un homme qui doit actuellement encaisser le chagrin d’une perte couplé à la joie qu’une naissance est censée procurer, le médicomage n’a pas la foi de se dresser contre sa volonté. Il l’emmène dans la chambre où le bébé est calmé, entouré par du personnel médical. Si Percy manque de tituber en entrant dans la pièce, ce n’est pas à cause de sa cécité mais bien par la faute de ces relents de mort qui baignent les lieux. Il les ressent comme des phares en pleine nuit. C’est là, partout… puis, devinant où sa femme repose, il s’approche doucement d’elle en faisant fi des personnes autour de lui, venant tâtonner le lit, il saisit sa main inerte. «
Je prendrai soin de notre fils, mon amour. C’est ma dernière promesse envers toi. Luke sera un bon garçon. », chuchote-t-il à son oreille alors qu’il dépose un ultime baiser sur son front. Luke, c’est le prénom qu’elle a choisi pour leur enfant et c’est celui qu’il portera…
Sur sa tombe, la plaque indique « Olivia Gaunt », le désormais veuf refusant catégoriquement que soit gravé le nom de jeune fille de sa femme. Ils ne méritent pas que leurs lettres se retrouvent liées pour l’éternité à l’identité de son épouse, de cette femme à laquelle il a été marié de force mais qu’il a appris à aimer au rythme de l’avancée de leur vie commune. Elle a déverrouillé quelque chose en lui… qui s’est aussitôt refermé le jour de son décès. Son chagrin, il ne l’exprime pas, jamais. Choisissant de se concentrer sur Luke, sur son travail et sur la Confrérie. Il n’y a rien d’autre qui compte désormais.
Libra — Wind
C’est arrivé sans prévenir, durant l’année des sept ans de Luke. Un jour béni pour Percival qui n’attendait que cette manifestation chez son fils. Certes, il a déjà commencé à faire montre de certains de ses pouvoirs de sorciers et cela, Percival n’en doutait pas un instant. Seulement, ce n’est pas ces dons qu’il espère voir chez le garçon depuis sa naissance. Père et fils Gaunt sont attablés lorsque ce moment daigne enfin arriver – chacun à un bout d’une longue tablée, rendant complexe la moindre communication entre eux. C’est donc dans un silence religieux habituel qu’ils mangent leur repas. Tout est banal jusqu’à ce que Kiara, l’elfe de maison des Gaunt, vienne pour coucher Luke après son dessert. A cet instant, un mouvement dans l’air, un geste de l’enfant attire l’attention de Percival qui ne manque pas de deviner ce qui se joue à ce moment précis : Luke touche la servante du bout de ses doigts avant de s’effondrer au sol ; les yeux révulsés tandis qu’il est soudainement pris de convulsions. N’importe quel père se serait instantanément rué sur son enfant pour l’aider mais pas Percival. Pas qu’il se moque de ce qui arrive à son fils mais ces symptômes – ou plutôt, ces signes car il ne s’agit pas d’une maladie –, le patriarche ne les reconnaît que trop bien. Luke finit par revenir à lui, en larmes. Percival se lève alors pour s’approcher tandis que le gamin s’adresse à Kiara, révélant ce qui est à la fois son souhait et son plus grand secret. L’elfe compte fuir et cela n’échappe pas à Percival qui n’entend pas laisser passer pareil affront. Toutefois, cette révélation n’entache en rien la satisfaction qui peut se lire sur les traits du Gaunt – cette dernière se traduisant par un grand sourire aux lèvres. «
Luke. », dit-il simplement pour attirer l’attention de son fils. «
Viens avec moi. », envers le gamin, le ton est plutôt doux et patiemment, il attend de sentir que Luke s’exécute. «
On en discutera plus tard. », retourné vers l’endroit où il devine Kiara, la remarque envers elle s’avère bien plus sèche alors qu’il la fixe de ses yeux aussi vides que brûlés ; sa voix est plus menaçante et nul doute que l’elfe de maison en a parfaitement conscience. Elle connaît son maître et ses craintes sont justifiées car si elle n’en a encore aucune certitude à cet instant, Kiara ne sera pourtant plus jamais revue dans la demeure des Gaunt.
Emmenant Luke dans le grand salon de leur demeure, Percival demeure silencieux un instant avant de sourire de plus belle, étirant les traits de sa bouche jusqu’aux oreilles. «
Ha ha, il l’a ! », s’exclame-t-il soudainement en tapant joyeusement des mains – ce qui ne lui arrive, pour ainsi dire, jamais. Mais cette fois-ci, les circonstances méritent bien qu’il laisse s’exprimer un peu de joie et de fierté. «
Mon. fils. l’a ! », répète Percy en saisissant instinctivement les épaules de Luke dans un geste un peu plus virulent qu’il ne l’aurait souhaité mais à cet instant, son euphorie dépasse le bon sens dont il fait habituellement constamment preuve. «
Tu es un voyant, Luke. Et ça, c’est merveilleux. », parce que cela signifie qu’il est bel et bien son digne héritier, comme Percival l’a été avant pour son propre père. «
On va commencer tes entraînements dès ce soir et ton initiation demain, à la première heure. », par là, il entend lui révéler entre autres l’existence de la grande Confrérie de Morgane. Son histoire, son rôle, ce qu’ils sont et tout ce qu’elle a à offrir.
Ce soir-là, Percival scelle le destin de son fils dans ce qui est, pour lui, l’une des plus belles et importantes soirées de sa vie.
Aries — Fire
Voilà déjà plusieurs années qu’il travaille en ce sens. Percival n’est pas homme dénué d’ambition, loin de là. C’est pourquoi dès son entrée officielle chez les réparateurs, il n’a de cesse de viser toujours plus haut. Être un simple soldat ne l’a jamais intéressé. Alors durant plusieurs années, il s’est montré irréprochable et efficace. C’est ainsi qu’il a fait sa place tout en rabattant le caquet de ceux qui ne croyaient pas nécessairement en lui. Aujourd’hui, le voilà promu au rang de chef des réparateurs malgré sa cécité que certains considèrent – à juste titre dans la plupart des cas – comme un handicap.
C’est au cours d’une mission particulièrement à risques qu’il vient une nouvelle fois prouver qu’il n’est pas là par hasard. Bien sûr, il n’est pas idiot au point de s’y être rendu seul. Deux autres camarades partent avec lui, dans ce coin forestier d’Écosse qui part en fumée. Des incendies qui ne sont pas d’origine humaine, il le découvre rapidement. Suite à cela, la réaction n’attend pas. Ils parviennent à éteindre les flammes et à faire disparaître ce qui les a provoqués – non sans manquer plusieurs fois de brûler. Mais cette mission s’avère une réussite et à leur retour, ce sont des nouveaux regards qui se posent sur un Percival à l’allure confiante et forte – de celles qui osent défier n’importe qui d’avoir l’audace d’affirmer qu’il n’est pas à sa place, à son rang. Dès lors, il n’y a que des nouveaux venus pour craindre d’avoir un aveugle en guise de chef de service mais Percy arrive généralement à leur faire comprendre qu’il n’en est pas moins exigeant ou moins capable.
Aquarius — Wind
Les vacances sont là et Luke ne va pas tarder à rentrer à la maison. Cela fait pas moins de six semaines que Percival a laissé son fils unique à Poudlard pour la première fois. Un grand moment pour tous les sorciers britanniques qui vont dès lors être marqués à vie par l’une des quatre maisons que compte l’école. Pour ce qui est du cas de Luke, Percy n’est pas inquiet. Il est un Gaunt et en toute logique, ce simple fait doit le mener vers la maison de leur ancêtre : Serpentard. Comme ça a été le cas pour lui et pour ses frères et sœurs.
Pourtant, quand Luke passe la porte de la demeure familiale, Percival fronce les sourcils. Il y a quelque chose qui ne va pas, qui est… différent. Ce n’est pas très prononcé mais c’est tout de même présent dans l’air. Suffisamment pour qu’il le ressente distinctement. Alors quand il vient accueillir son fils, ce n’est pas pour le féliciter, ni même pour signifier qu’il est content de son retour – bien que ce soit pourtant le cas. «
Où as-tu été réparti ? », première approche, première question. Quelque peu froide et cinglante, il le sait mais faire dans la dentelle n’est pas dans ses habitudes. Lorsque Percival Gaunt s’exprime, il ne passe jamais par quatre chemins. Ainsi, tout le monde gagne du temps. Puis Luke annonce le pot aux roses : Serdaigle. Une rapide grimace traverse le visage de Percy, signe d’une légère déception. Toutefois, il en convient : ça aurait pu être pire. La maison des Bleus et Bronzes n’a rien de déshonorant. Le Choixpeau ne se trompe pas et cette décision révèle des caractéristiques qu’il ne soupçonnait pas chez son enfant.
Leo — Fire
Il y a ce nouveau groupe dont on parle depuis quelque temps déjà. Ils se font appeler les mangemorts – un nom ridicule pour désigner des sang-purs prônant une supériorité du sang. Et pour faire valoir leur idéologie, ils ont tué : des moldus, des né-moldus, même des sang-mêlés ou des sang-purs qui sont ouvertement en désaccord avec eux. Ils font régner une certaine terreur dans le monde magique britannique et pourtant, Percival n’arrive ni à les craindre, ni à les prendre au sérieux. Parce qu’il les connaît ou du moins, il connaît – un peu – celui qui est à la tête de ce qu’il considère comme une vaste farce. Lord Voldemort – qui se surnomme ainsi, franchement ? – est un lointain membre de la famille qu’il n’a fréquenté qu’à quelques reprises sans jamais chercher à réellement nouer quelque chose entre eux. Leurs convictions respectives ont toujours été bien trop différentes. Et il est un soulagement pour Percy de savoir que son nom ne pourra être souillé par ce mage noir, ni y être automatiquement associé. Voldemort est un Gaunt par l’intermédiaire de sa mère, une information qui n’est pas répandue. De fait, faire le lien familial entre eux n’est pas une évidence pour qui n’est pas au courant. Et il est préférable que les choses restent ainsi.
«
Heureusement que le ridicule ne tue pas. », sourire aux lèvres, pas le moins du monde inquiet à l’idée de se retrouver face à cette personne, Percival ne mâche pas ses mots. «
Il tuera lorsque vous vous sentirez idiots de ne pas avoir compris l’importance du sang et d’être restés dans vos idées dépassées.—
Oh., lâche Percival d’un air faussement étonné, les sourcils exagérément arqués.
Moi qui me demandais pourquoi la Confrérie avait refusé ton adhésion, voilà qu’un certain nombre d’hypothèses émergent soudainement dans ma tête., conclut le Gaunt dans un sourire amusé. » S’il est incapable de distinguer le visage agacé de son interlocuteur, Percy l’imagine et cela suffit à sa satisfaction personnelle. Il a parfaitement conscience de faire mouche en évoquant l’échec de cet homme qui souhaitait rejoindre une Confrérie bien trop élitiste pour lui. Imaginer que ce lointain membre de sa famille ait fondé les mangemorts en réponse à ce refus et pour prouver que le sang est supérieur en tous points amuse Percival bien plus que ça ne l’inquiète. «
Nous avons les moyens de prendre le pouvoir et de dominer. Nous avons déjà fait quelques… démonstrations. Et ce n’est pas un aveugle fou qui va y changer quoi que ce soit.—
Tu me blesses., dit-il en portant la main à son cœur.
Mais tu as raison dans le sens où je n’ai pas cette prétention. Tu vas mourir, Tom. Quand exactement, je l’ignore mais je serai aux premières loges pour profiter de ta décadence… et sans même avoir à me salir les mains., de toute évidence, Percival Gaunt ne salit jamais ses mains toujours impeccables. »
Lorsque Percival Gaunt annonce la mort de quelqu’un, cette dernière se produit généralement et le plus effrayant, c’est que ce n’est jamais de son fait.
Scorpio — Water
«
J’ai entendu dire que la maison du Scorpion venait d’accueillir un nouveau maître. », il se méfie des nouveaux, toujours – même lorsque le rite sacrificiel est passé. Tant qu’il n’a pas pu les sonder à sa manière, Percival ne peut les concevoir comme des alliés solides. C’est pourquoi il met un point d’honneur à systématiquement les rencontrer et de préférence, peu de temps après leur intronisation afin de mieux percevoir leurs intentions. «
Je souhaite le rencontrer. », l’homme de la Confrérie grimace avant d’accéder à la requête du maître de la Vierge – conscient qu’il ne changera de toute façon pas d’avis. Alors discrètement, il organise une petite rencontre entre les deux maîtres.
Percival est en avance à ce rendez-vous. Il préfère attendre afin d’être certain de ne pas rater l’arrivée de ce nouveau venu. Bien lui en prend car quelques instants plus tard, il sent une nouvelle présence qui se glisse à ses côtés. Aussitôt, le changement de l’atmosphère ambiante est drastique. Percival n’est pas homme facilement impressionnable mais ce qu’il perçoit lui glace presque littéralement le sang, faisant même couler quelques gouttes de sueur froide le long de son échine. C’est la première fois, depuis qu’il voit au-delà des apparences, qu’il éprouve une telle sensation. «
Vous êtes poursuivie par la mort. Je peux le sentir, elle rôde partout autour de vous. », lâche-t-il d’un ton qu’il espère calme et assuré – balayant au passage l’idée de présentations traditionnelles. «
Elle est une vieille amie, il est vrai. », la voix qui parvient aux oreilles de Percival apporte de nouvelles informations à Percival. Déjà, à moins que ses sens perturbés par ce qu’il vient de ressentir ne le trompent, il s’agit d’une femme. Pas que ce soit un problème, loin de là. Il a vu passer des maîtres femmes qui ont parfaitement fait leur preuve. Or, c’est tout ce qui compte ici. Il ne viendrait donc pas à l’esprit de Percival de se faire un avis par rapport à cela. «
Ce n’est pas la seule chose qui vous suit, maître du Scorpion. », il n’a pas fait plus attention sur le coup mais maintenant, il parvient à les distinguer. Des ombres, des entités, des esprits ? Il ne saurait dire de quoi il s’agit précisément mais c’est présent tout autour d’elle. Est-ce qu’elle sait seulement par quoi elle est entourée ? Très certainement. Quoi que ça puisse être, ça n’a pas l’air hostile envers elle mais au plus profond de ses entrailles, Percival a cette certitude : elles peuvent être moins clémentes envers lui et même particulièrement dangereuses – bien qu’il ignore comment. «
Qui êtes-vous ?—
Angélique Beauvais.—
Percival Gaunt., il se présente à son tour, non sans une grimace. » Il ne sait pas encore pourquoi mais tout en lui le hurle : cette femme a quelque chose d’aussi attractif qu’effrayant. D’aussi fascinant que morbide. Un bon élément certes mais avec lequel il va devoir garder ses distances. Et s’il savait le nombre de personnes tombées sous sa coupe, il n’en serait finalement guère surpris.
Pisces — Water
«
Pap’s ! Ryan doit venir aujourd’hui mais j’ai quelques trucs à faire. Je serai dans ma chambre, tu pourras lui dire ? », d’un geste désinvolte de la main, Percy signale à son fils qu’il a bien entendu la demande et qu’il ne manquera pas de lui envoyer le jeune Ollivander à son arrivée. En attendant, il travaille, perdu dans un dossier complexe des réparateurs. Il est possible qu’un phénomène d’apparence naturelle mais qui s’avère en réalité magique ait été repéré dans le fin fond du Worcestershire. Des vents qui ne sont pas si naturels pour des yeux avertis sévissent depuis quelques jours. Seulement, Percy doit s’assurer que c’est bien d’origine magique avant de dépêcher une équipe sur place.
Il ne saurait dire combien de temps s’écoule – quelques secondes, quelques minutes, quelques heures, peut-être – avant qu’il ne finisse par entendre un bruit : quelqu’un qui toque à la porte avant d’entrer sans attendre de réponse. Percival ne s’en formalise pas, il sait de qui il s’agit et cela fait des années qu’ils fonctionnent de cette manière. Pour autant, le Gaunt est un hôte qui sait recevoir. C’est pourquoi il se lève pour aller se planter devant un Ryan qu’il fait sursauter, n’ayant pas averti de sa présence – ça aussi, c’est habituel entre eux. «
Bonjour, Ryan.—
Bonjour, monsieur Gaunt. Je…—
Tu viens voir Luke. Je t’en prie, fais comme chez toi. » Percival l’aime bien, ce gamin. Le plus jeune des Ollivander semble avoir la tête sur les épaules et il est assez proche de Luke pour être capable de lui mettre un peu de plomb dans la cervelle – ce qu’il estime ne pas être un mal concernant son héritier. C’est une partie de ce qu’il a pu observer après toutes ces années à l’accueillir chez lui aussi régulièrement – quand ce n’est pas Luke qui va passer quelques semaines chez son ami. Percy est loin d’être d’accord avec les convictions du père de Ryan, ni avec ce qu’il a été mais il ne craint pas d’envoyer son unique héritier là-bas. «
Vous avez un joli vivarium, monsieur. », Percy hausse les sourcils, ayant presque oublié Ryan qui n’a pas osé bouger de beaucoup de centimètres. «
Merci mais c’est inutile de t’embêter à me faire la conversation. J’ai du travail et Luke t’attend, il est dans sa chambre. Tu peux le rejoindre.—
Merci. »
Il ne faut que quelques secondes à Ryan pour disparaître dans les escaliers. C’est là qu’une voix d’une autre langue, un sifflement, parvient pourtant très distinctement aux oreilles de Percival qui esquisse l’ombre d’un sourire avant de se retourner en direction de l’origine de la voix, vers le vivarium. «
Allons Paga, tu le connais. C’est l’ami de mon fils, il est hors de question qu’il lui arrive quoique ce soit. », dans un dernier sifflement, le serpent retourne dans sa cachette tout en fixant Percival et en continuant d’émettre quelques sifflements qui n’ont un réel sens que pour le Gaunt. Rien de plus normal puisqu’il vient lui-même d’user de ce langage pourtant très clair dans son propre esprit. Le fourchelang, un fardeau pour certains, un réel honneur pour d’autres. Percival, quant à lui, trouve juste cela normal.
Taurus — Earth
Épisode bonus.
- Derniers mots papiers de Percival a écrit:
- Je profite de voir encore comme le commun des mortels pour porter ces quelques mots sur le papier. J’ai eu une vision, troublante mais pas déplaisante. Celle d’un garçon – un adolescent, plus précisément. Et il me ressemblait : le même menton, les mêmes fossettes… son regard en revanche était tout autre. Qu’il s’agisse de sa couleur ou de son intensité, il y avait quelque chose de différent. Et autour de lui… d’étranges sensations contraires. Mon instinct me hurle que je sais qui il était. Pourtant, elle était bien là : cette différence entre nous. De celles porteuses de conflit. Un grand écart. Et c’est quand il m’a fixé que j’ai compris.
Maintenant, c’est à toi que je m’adresse. Toi qui n’a pas encore ouvert les yeux sur notre monde, qui es moins qu’un projet, à peine une idée soulevée il y a quelque temps. Je pressens que tu feras autant mon bonheur que mes plus grosses inquiétudes. Les raisons de cela, je les devine sans en être absolument certain car ma voyance n’est pas encore à son plein potentiel. Dès lors, je ne peux qu’envisager tes doutes et tes craintes ainsi que les sujets de ces derniers. Sans doute sont-ils les mêmes que ceux que j’ai pu moi-même avoir. Pourtant aujourd’hui, j’en suis convaincu : il n’y a pas plus grand honneur que celui d’accomplir notre destin, ce pourquoi nous sommes venus sur cette Terre. Qui plus est lorsque ce dernier permet la réalisation d’un plan infiniment plus grand – qui était là avant nous et qui perdura après nous. Il est de ces choses ineffables qui n’ont aucune existence pour les humains normaux mais qui donnent un sens à nos vies. Alors même si les lignes qui se dessinent semblent mener vers un chemin semé d’embûches, je serai là, je te guiderai même si ce ne sera pas forcément comme tu aimerais. Tu auras ces rêves auxquels il te faudra renoncer et certainement que tu m’en voudras ou me détesteras et je suis prêt à l’accepter si tel doit être mon fardeau. Je ne serai pas le père parfait, Luke mais je serai celui que je dois être et j’espère qu’un jour, tu le comprendras. Car cela n’effacera en rien l’affection que j’éprouve déjà envers toi, mon fils.