Tu es inquiet parce que Edwige doit passer une nouvelle série d'examens et comme toujours tu l'accompagnes dans tous ses déplacements. C'est la condition pour que tu ne fasses pas un scandale à vos parents, à savoir que tu peux l'accompagner partout et la suivre dans chaque endroit où elle va surtout quand ça concerne sa maladie. En plus de ça elle n'est pas seule et c'est toujours rassurant quand on est malade de savoir qu'on a du soutien. Enfin, tu sais que sous sa carapace de fille forte qui n'a peur de rien alors c'est une angoisse toujours plus grande qui ne cesse de grossir, tout simplement car à chaque nouvel examen vous attendez le résultat de l'avancée de sa maladie. Soit ça va et elle stagne, soit c'est pire et elle avance inexorablement. En bref ça t'angoisse tu ne peux le nier car à chaque fois tu attends le diagnostic du médecin comme si celui-ci pouvait changer le sens entier de toute ta vie. Car si il annonce que la maladie gagne du terrain alors ça veut dire une chose, que tes recherches n'avancent pas assez vite et que tu vas devoir mettre les bouchées doubles pour trouver un remède pour ta sœur. Et plus le temps passe, plus tu te dis que ce n'est pas dans les livres de médicomagie que tu vas trouver un remède mais bien en sortant des cases, en cherchant ce qui n'a jamais été cherché ou en essayant ce que personne n'a osé faire avant toi. L'avantage c'est que tu n'as pas peur de défier les limites de la magie bénéfique tout simplement car c'est pour Edwige et qu'elle mérite largement tous les efforts que tu pourras faire pour elle.

Tant pis si tu as des retombées ou si tu viens à en souffrir un jour, si Edwige est sauvée alors ça voudra tout ce que tu peux sacrifier pour elle. Car elle est ta sœur et sans doute ta meilleure amie aussi, que vous êtes aussi proches qu'on peut l'imaginer et que tu refuses de la voir perdre face à une maladie clairement injuste. Elle est si jeune, si pleine de vie, n'est-ce pas injuste de la savoir condamnée alors que d'autres sont si vieux et approchent lentement d'un siècle de vie en se portant comme un charme ? Non, ton côté Gryffondor hurle à l'injustice et si tu ne souhaites pas du malheur aux autres, tu ne veux pas non plus te dire que c'est simplement la vie, que c'est comme ça et qu'on y peut rien. Tu es certain que tu y peux quelque chose justement, à toi de trouver le remède qui aidera vraiment ta sœur. Il te faut chercher encore, tes recherches commencent à peine car le monde magique est vaste et plus encore les découvertes faites au niveau de la médicomagie. A chaque fois que tu ouvres un ouvrage alors ce sont deux autres livres qui semblent s'imposer à toi comme des remèdes potentiels, tu es certain que la solution est là, entre deux pages.

Tu finis par te lever de ton banc en fer, sachant que l'examen en aura pour une bonne heure alors tu vas pouvoir te prendre un chocolat chaud à la cafétéria de l'accueil. L'endroit n'est jamais totalement vide, il y a ici des familles qui attendent toujours que le couperet tombe ou alors c'est souvent des hommes qui attendent de devenir des pères à part entière. En bref tu ne regardes pas vraiment où tu vas, habitué au chemin que tu empruntes, quand un chariot sort d'une chambre en lévitant par magie et que tu le prends violemment dans les jambes. Sous le mouvement de surprise tu te prends les pieds dans l'une des barres en métal et tu tombes en avant, passant au dessus du chariot qui poursuit sa course car la magie n'a pas pour but de s'arrêter même quand quelque chose se trouve sur son chemin, alors le bord du chariot vient violemment taper contre ton arcade quand tu te retournes pour te lever. Et tu retombes avec un râle de douleur alors qu'un peu de sang commence à couleur de ton arcade sourcilière ouverte, sur ton visage juvénile. « Par le slip de Merlin, ça fait mal... » Que tu dis en essayant de te tenir l'arcade mais tu te retrouves avec le pull et les doigts en sang, alors qu'un public composé de patients s’agglutine autour de toi. Pas un pour t'aider, bien-sûr. « Mais allez chercher un médecin ou une infirmière, bande de strangulots ! » Que tu craches à ceux qui te regardent comme une attraction de cirque, alors que tu as le visage en sang et la douleur qui pulse de ta plaie.
 

Parce que t'as mal alors tu ne retiens pas ton venin qui semble soudainement venir tout droit d'un côté Serpentard que tu ne pensais pas avoir. Non mais franchement qu'elle idée de ne pas équiper ces chariots d'un sortilège pour qu'ils s'arrêtent devant des patients ou des visiteurs non ? C'est une drôle d'idée que de les laisser comme ça se promener, surtout qu'ils font des dégâts quand vous vous les prenez dans les pieds. Ou alors ce genre de sort n'existe pas et là tu tiens peut-être quelque chose... Enfin il sera temps pour toi de travailler plus tard si tu retrouves correctement tes aptitudes parce qu'avec le coup que tu viens de prendre, tu as la tête qui tourne et l'envie de rester au sol allongé pour une heure ou deux. C'est très confortable par terre, plus encore si tu dois essayer de te lever pour retomber aussitôt car ton sol ne sera plus stable sous tes pieds. Alors que tu râles joyeusement dans ta barbe, déversant un flot à la fois de colère, de rage et aussi d'une douleur terrible qui irradie de ton arcade jusqu'au reste de ta tête, tu entends quelques voix qui te parviennent et surtout tu parviens à ouvrir un œil pour remarquer que des gens commencent à reculer. Pour aller où ? Ils vont enfin chercher un infirmier ou quelqu'un qui pourra vraiment t'aider ? Une voix masculine plus forte que les autres te fait grogner alors que tu tournes un peu ta tête tout en tendant le cou pour voir qui s'impose soudainement comme un héro. Ca fait très chevalier servant qui arrive sur son fidèle destrier non ? Les gens finissent par se pousser alors qu'un médicomage, très charmant au demeurant, vient s'installer à côté de toi.

Tu es dans le flou mais pas assez pour ne pas comprendre ce qu'il te dit. « Le chariot sortait d'une chambre, je me suis pris les pieds dedans car il lévitait. Puis il a tourné et le bord m'a ouvert l'arcade et m'a assommé. Je suis passé par dessus d'ailleurs. » C'est un peu le maximum dont tu te souviens puis cette douleur qui rend ton humeur bien sombre maintenant. Demain tu auras une sale cicatrice et peut-être même un œil au beurre noir. Voire une bosse quelque part, c'est que tu es tombé par dessus après tout. « J'ai fait un sacré vol. » Dis-tu à la fois pour toi même mais aussi pour l'en informer. Autant dire que tu ne vas pas te lever comme si rien n'était, pas après une telle chute. Il te donne quelques consignes et tu réponds d'un bref grognement comme pour dire que tu as bien compris. Alors tu serres les dents une fois qu'il commence à soigner ta plaie et en effet ça brûle quand les tissus se referment, non sans manquer de te faire sursauter dû à la douleur soudaine. Mais tu ne bouges pas comme il te l'a demandé et quand il te fait un sourire que tu interprètes comme une marque de fierté, tu comprends que c'est fini. Surtout qu'il ne reste rien de la douleur si ce n'est une gêne dû au fait que la peau a été malmenée il y a quelques secondes.

Le médicomage se redresse et te tend une main amicale que tu finis par saisir, non sans te lever difficilement. Et comme tu t'y attendais, tu as la tête qui tourne et l'impression que le sol n'est pas totalement stable. En plus de ça tu te rends compte que tu as un peu mal partout, dû à la chute mais aussi au fait que tu as dû taper à d'autres endroits dans le chariot. Notamment la jambe et le bras droit qui a pris tout ton poids quand tu es tombé. Rien qui ne nécessite des soins certes mais tu te serais passé d'une telle chute, surtout le jour où tu accompagnes ta sœur. « Vous êtes... » Tu cherches des yeux sa blouse et surtout son badge. « Médicomage apprenti. Docteur Shacklebolt mh ? Moi c'est Siobhan, j'accompagne ma sœur. C'est quoi votre spécialité ? » Parce que tous les médicomages en ont une et puis lui parler et surtout l'écouter te permet de te concentrer sur autre chose, plutôt que sur tes pas incertains. « Vous êtes en première année ? Vous avez l'air jeune. » Dis-tu alors que tu as un visage de poupon moldu.
 

Malgré ta tête qui pulse à cause du vol que tu viens de faire, tu ne peux t'empêcher de rire en l'entendant te parler ainsi. D'accord c'est vrai qu'en le regardant un peu mieux d'un œil, car l'autre est fermé dû à l'accident que tu viens de subir, tu dois reconnaître qu'il est assez jeune. Et plutôt beau gosse en plus de ça, avec un sourire absolument charmant. Bien tu vas le tutoyer alors, vous ne devez pas avoir un âge trop éloigné après tout, c'est vrai que les médicomages sont apprentis dès qu'ils sortent de Poudlard alors peut-être qu'il était encore à l'école l'an dernier. Mais bon tu ne t'avances pas étant donné que tu es toujours très mauvais pour juger l'âge de quelqu'un, tu donnes toujours trop ou pas assez et soit ça vexe, soit ça flatte la personne. « Orthos... C'est original, ça veut dire quelque chose de particulier ? » C'est un prénom qui semble te parler, comme si tu l'avais entendu ou lu dans un livre mais pas moyen de te souvenir quand et dans quel contexte.

Donc si il est en seconde année il ne doit pas avoir plus de 19 ou 20 ans, tu es assez fier de toi sur ce coup là et tu hoches la tête sans un bruit, ne révélant pas ton âge car tu préfères avoir toujours l'air un peu plus vieux. Surtout que tu aimes traîner ici, poser des questions surtout aux alchimistes de l'étage supérieur et étant donné que tu en sais pas mal sur les sciences magiques, il vaut mieux qu'on te pense plus vieux. Sinon on te traiterait comme un gamin et on ne te répondrait même pas quand tu as une question, ce qui aurait le don de t'agacer surtout vu les recherches que tu mènes. Et puis tu ne portes pas ton uniforme, ce n'est pas pour rien. « Ho c'est intéressant ça ! Tu voudrais davantage te spécialiser ou rester dans les pathologies générales ? » Tu en connais un peu sur ce sujet après tout, la maladie dont souffre ta sœur est à la fois un mal mais aussi une forme de malédiction contre laquelle on a aucun remède. Alors à force de lire sur ce sujet, tu penses en savoir un peu.

Tu le suis péniblement jusqu'à une salle de consultation, le voyant user d'un accio qui mène les outils jusqu'à lui sans effort. « Magie sans baguette mh ? Impressionnant ! » Et utile, tout le monde n'est pas capable d'en faire de même, il faut quand même assez de concentration et de magie pour pouvoir la contrôler sans votre baguette. Tu aimerais en faire de même mais tu n'es pas encore assez régulier dans tes études pour cela, tu as l'esprit trop occupé par tes recherches. « Non, j'ai juste mal à la tête comme une migraine mais sinon... J'ai l'impression que ça va. » Pas de nausées ou de sol qui tangue sous tes pas alors c'est que le coup n'a pas été violent au point de pousser les examens plus que ça n'est-ce pas ? Tu essayes de te rassurer du moins, même si finalement l'idée de revenir le voir ne te dérangeait pas. Tu laisses l'apprenti médicomage te nettoyer, ayant l'impression que ça va mieux alors que ton visage n'est plus maculé de sang frais. C'est peut-être une illusion pour le moment mais tu parviens à sourire plus franchement pour le remercier.

Sa question te fait hocher la tête de haut en bas, doucement quand même car tu as toujours un oiseau qui picore dans le crane. « Oui, elle est malade. La Roche-Lune, tu dois connaître. Elle vient pour calmer les douleurs aux jambes. Ses os commencent à souffrir et à se calcifier aux extrémités. » Parce que c'est un médicomage tu parles plus facilement et puis ici, il n'y a pas de raison d'être pudique. Il en voit assez comme ça tous les jours. « On nous répète qu'il n'y a pas de remède mais je ne sais même pas si les chercheurs essayent vraiment d'en trouver un. Toutes ces maladies tel que la dragoncelle tuent depuis des siècles, j'ai du mal à croire qu'on ne trouve rien. J'ai plus l'impression qu'on ne cherche pas vraiment... » Et parce que ça tue peu de sorciers alors il n'y a pas d’intérêt à trouver vraiment un remède, on dirait. « Je suis un peu pessimiste ! » Que tu dis avec un sourire désolé, tu ne voudrais pas plomber l'ambiance.