- 1972 Once upon a dream –
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SIRENA ! , crie le jeune garçon en sautant de son propre lit.
Sa sœur, encore endormie, grommela pour seule réponse. Ce qui n’empêche pas le jeune garçon de continuer à sauter sur son lit pour la réveiller, soulevant ses fesses dans un rythme bien trop intense pour une heure si tôt de la matinée. Voyant qu’il ne lâchera rien tant qu’elle ne serait pas à son tour réveillée, elle se redresse dans son lit avec un grand sourire sur les lèvres.
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Tu l’as eu toi aussi, hein ?-
Mais oui ! Les jumeaux se mettent à crier en chœur, tapant dans leurs mains respectivements pour célébrer la victoire. Orthos se dégage du lit de sa sœur pour se précipiter vers le sien et se saisir de la pierre gravée avec laquelle il s’était réveillé. Leur père s’était finalement réveillé par tout ce raffut, prêt à les réprimander, mais lorsqu’il vit ce que tenait ses enfants dans leurs mains, ce ne fut que la joie qui habilla son visage. Ils avaient eu
le rêve, le fameux qui leur annonçait leur prochaine entrée à l’école de Uagadou à la rentrée prochaine. Orthos se souvint d’une grande figure imposante, presque trop grande pour être humaine, lui souriant avec sagesse. Puis lorsque son regard s’était abaissé dans ses mains, il s'est rendu compte que quelque chose s’était matérialisé. Cerberus leur avait alors raconté son propre rêve, il s’en souvenait comme si c’était hier.
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Un regard entendu et les jumeaux serrent les petites pierres chacunes dans leurs mains. Trouver l’emplacement exact n’avait pas été compliqué grâce à leur père, mais se retrouver enfin face à cette immense école était une toute autre étape... Le vent soufflait si fort au pied de la Montagne de la Lune, qu’il dû plisser les yeux pour arriver à en distinguer les formes au travers de la brume. Une chose était sûre, le regard des jumeaux était rempli de nombreux rêves et espoirs cette journée-là. L’école possédait de nombreuses couleurs et une telle luminosité qu’il était presque impossible de se rappeler qu’elle se trouvait sous une montagne.
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Pourquoi tu tiens temps à effectuer le rituel ? Il est même pas obligatoire !-
On a pas tous eu la chance d’être métamorphomage, hein. Puis c’est cool, on va le faire tous ensemble ! Mais cette feuille de Mandragore est vraiment dégueulasse après 1 semaine...Son visage s’étire en une grimace tandis qu’il sent la feuille ramollie par la salive lui rouler sur la langue. Il ne pouvait pas l’avaler ni la retirer, sinon tout le processus devait être recommencé à zéro. Mais Orthos était déterminé à pouvoir devenir Animagi à son tour, comme la quasi-totalité des élèves de Uagadou, quelques exceptions prêts. Comme Sirena qui ne semblait pas comprendre à quel point tout ça était cool.
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UN ÉCLAIR ! L’orage arrive !, s’écrie alors un élève en interrompant le professeur dans son discours.
La classe jusque là quasiment calme, se remue instantanément. Tous les élèves se lèvent pour se diriger vers la fenêtre de la salle, les mains collées sur les vitres. Les nuages étaient noirs et lourds, tandis qu’ils pouvaient sentir que l’humidité avait augmenté partout autour. Voilà un an depuis le dernier orage à Uagadou et il était enfin temps pour eux de pouvoir finaliser le rituel qu’ils attendaient tous. Quelques secondes après, alors que le professeur les regardait avec un sourire bienveillant, tous les élèves concernés quittent la classe pour se diriger vers la salle de conservation des potions. De nouveaux cris de joie éclatent tandis que la plupart des potions avaient pris une magnifique teinte rouge sang. Comme prévu dans le protocole, leurs potions en mains, ils se dirigent dans un mouvement de masse jusqu’à la grande cours de l’école. Toutes les autres classes s’étaient arrêtées pour pouvoir assister à l’événement. Les orages étaient bien trop rares dans les environs où chacun était célébré comme il se devait. Rapidement la cours se transforme en cris de douleurs suivis de rugissement, hennissement, barrissement et piaillement. La journée ne fut pas de tout repos pour les pauvres professeurs devant gérer les instinct animal soudain des élèves et les empêcher de s’entre dévorer.
Orthos avait choisi le Suricate. Beaucoup de ses camarades avaient préféré des animaux grandioses, mais pas lui. Cet animal était petit certes, mais discret pour se faufiler facilement partout. Il représentait le clan, la famille et venait toujours en aide à ses pairs. L’esprit vif et social de nature, Orthos voulait s’identifier en tant que tel et réussit ainsi à s’inscrire dans le registre des Sorciers Animagi. Fuyant le désordre autour de ses camarades, il était allé se réfugier sur l’épaule de Sirena, observant droit le reste de la foule.
- 1976 A whole new world –
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Tu sais Ma, le dis pas à Sirena, mais ça me dérange pas qu’on aille en Angleterre. Ça va être difficile au début, mais on va être trois, on devrait s’en sortir dans la nouvelle école, non ? En plus Poudlard est minuscule à côté de Uagadou ! Alors te sens pas trop mal pour ça, ok?Orthos était assis à côté de sa mère qui semblait quelque peu découragée face à la réaction des deux filles. Sirena avait été celle qui s’était dressée, droite, pour dire que la décision des parents ne leur plaisait pas et Orthos n’avait rien dit, restant silencieux en arrière d’elle. Évidemment que cette décision chamboule pas mal tout. Évidemment que ses amis allaient lui manquer et qu’il n’aurait pas forcément le temps de revoir tout le monde avant le départ. Mais il allait avoir tant de choses à leur raconter, leur écrire... Le jeune garçon voyait ce déménagement comme un nouveau départ rempli de nouvelles opportunités.
L’arrivée en Angleterre fut plus difficile qu’il ne l’aurait imaginé. Le vent était froid, le soleil rarement présent et l’humidité rongeait son confort jusque sous ses vêtements. Impossible ici de porter des vêtements légers et de marcher pieds nus. Malgré le fait qu’ils aient tous déjà voyagé ici, y vivre finalement était un autre défi à affronter. Orthos n’était néanmoins pas du genre à se laisser abattre et sa fierté remportait évidemment la bataille. Après avoir rassuré sa mère que tout irait bien, il ne pouvait pas faire marche arrière. Le garçon aimait se décrire comme quelqu’un n’ayant qu’une parole après tout.
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On est vraiment obligés...?, soupire-t-il.
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Oui mon chéri, c’est une autre manière d’apprendre, tu verras. Vois ça comme un défi à surmonter ?, tente Ceridwen pour rassurer son fils.
La famille Shacklebolt découvrait les rues sinueuses du chemin de traverse. Les odeurs étaient bien différentes de celles de Johannesburg, bien plus hostiles pour l’odorat affiné et aimant les épices du jeune adolescent. Néanmoins la découverte de tout le matériel nécessaire à la scolarité de Poudlard pourrait bien surpasser tous les désagréments. Seul avec sa mère dans la boutique de baguette, Orthos regardait le morceau de bois défaitiste. Il ne comprenait pas pourquoi il allait devoir utiliser cet outil pour pratiquer une magie qu’il était déjà capable de gérer juste à l’aide de ses mains... Néanmoins, la baguette avait réagi immédiatement, démontrant au futur écolier qu’elle était faite pour lui.
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Daai blerrie fokken ding..., marmonne-t-il alors, lâchant un nouveau soupir.
(*Ce strangulot de truc...)-
Orthos, voyons !-
Jammer, Ma..., ajoute-t-il, l'air faussement penaud mais tout sourire.
(*Désolé, M’man)Évidemment qu’il ne se sentait pas coupable d’avoir lâché quelques grossièretés en marmonnant dans sa barbe encore inexistante. Mais sa mère lui avait appris à être poli. Ils purent donc sortir de la minuscule boutique rejoindre les autres, tandis qu'Orthos boudait encore sa nouvelle baguette en main.
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Hmmm... Beaucoup d’ambition mais également de l’empathie... Très loyal également. Peut-être que Poufsouffle pourrait être un bon choix... Ah. Je vois de la détermination à outre mesure, tu es quelqu’un de confiant. Le regard levé vers le haut, Orthos fixe le rebord du vieux chapeau posé sur sa tête. Pour un objet magique, il parlait définitivement trop, ce qui faisait froncer les sourcils du jeune sorcier arrivant en 5eme année à l’école de Poudlard.
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Serpentard !Des cris s’élèvent venant de la tablée aux cravates vertes mais le sourire d’Orthos fut lui dirigé vers sa petite sœur qui venait également de recevoir le même verdict. Malgré son sourire blanc contrastant avec son visage, le regard du nouveau Serpentard appréhende celui de son autre soeur... Il y avait ici quatre dortoirs, aucun d’eux ne savait réellement à quelle distance ils étaient séparés. Mais l’attente ne fut heureusement pas bien longue car Sirena les avait rejoints. La fratrie Shacklebolt fut donc accueillie sur les bancs qui allaient être les leurs avec de grands sourires. Ils n’étaient plus à la maison, mais au moins, ils avaient été répartis ensemble.
- 1977 I’m almost there –
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Attends, t’es en train de me dire que tu dois te battre contre un alligator à mains nues ?!, demande Regulus dans un mélange entre l’admiration face à la stupidité et l’amusement.
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Mais non, je peux utiliser la magie. Juste pas la baguette magique, c’est tout.-
T’es complètement barge, en fait, ricane Barty à son tour.
Assis dans leur dortoir des cachots, le groupe inséparable des quatre Serpentard discutaient de l’épreuve à laquelle Orthos avait décidé de participer sous bon couvert de la tradition familiale. Le Black et le Croupton pouvaient bien comprendre le poids et l’importance des traditions au sein des familles puristes. À 16 ans, Orthos avait décidé qu’il se sentait prêt à affronter cette épreuve mais ce que ses amis ne savaient pas, c’était que cette épreuve en elle-même ne l’effrayé pas tant. C’était le fait d’y aller seul qui l’angoissait le plus, car il ne pouvait pas la passer avec Sirena. Alors l’adolescent rempli d’hormones et de confiance s’était désigné en premier. Il allait ainsi pouvoir donner tous les conseils concernant cette épreuve à ses deux sœurs.
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Combattre un alligator lui avait semblé moins difficile que l’épreuve qui l’attendait à son retour à la maison. Le voyage de retour avait été étrangement plus long à supporter qu’à l’allée. Bien trop pressé de raconter son aventure et sa victoire, l’officialisant comme Shacklebolt dans les annales. Deux semaines et il avait échoué un nombre incalculable de fois. Se retrouvant mordu, noyé, coursé... Son épaule en était encore endolorie, la cicatrice encore fraîche mais parfaitement guérie.
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Viens, assieds-toi s’il te plait, annonce son père sur un ton un peu trop sérieux pour lui annoncer le printemps.
Le jeune garçon laisse son sac glisser de son épaule, son regard alternant entre ses deux parents qu’il n’avait jamais vu dans cet état encore. Pendant quelques secondes il se demande s’il avait fait quelque chose pour les décevoir mais il comprend rapidement que ce n’était pas de la déception mais de la tristesse, qui grisait leurs visages. Après s’être assis à la demande de son père, Orthos reçoit la nouvelle comme si le toit de la maison venait de lui tomber sur les épaules. Derechef il se dresse, prêt à voler au secours de sa sœur.
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ELLE EST OU ?! JE VEUX LA VOIR ! SIRENA ?!!-
ORTHOS !, gronde son père, l’arrêtant.
Le regard écarquillé et complètement choqué, Orthos regarde son père et son air grave. Il le retient par les épaules, l’empêchant de partir rejoindre sa sœur. Sa hardiesse s’amenuise d’un seul coup, tandis qu’il s’affaisse sous son propre poids. Son père l’approche dans ses bras, tapotant son dos. Il lui explique qu’elle est pour le moment inatteignable. Qu’il ne pouvait rien faire et que la seule chose pour lui venir en aide était de la laisser seule. Ce qu’il ne comprenait évidemment pas. Sa sœur venait d’être maudite et elle n’était sûrement pas en état de rester seule. Pas sans lui. Ce fut finalement après de longues explications qu’Orthos compris que sa malédiction serait définitive si son instinct la laissait dévorer la partie humaine de quelqu’un d’autre.
Le seul moment où il s’était éloigné d’elle avait été fatal. Alors il se promit que plus jamais il ne la laisserait tomber.
- 1977 Into the unkwon –
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Tu me plais. Genre... Plus que la normale. Tu comprends ? Il avait tellement tourné en rond qu’il ne savait même plus dans quel sens il était. Son hésitation avait même commencé à faire se questionner son ami sur ce qu’il pouvait arriver d’aussi grave pour qu’il soit sur le bord d’une crise de panique. Pourtant en cet instant, le serpentard observait l’autre directement dans les yeux, déterminé.
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Ah.-
Pitié, dis-moi plus que ‘’Ah’’ !, le supplie l’autre garçon ayant l’impression d’être sur le point d’imploser.
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Ça me touche, vraiment. Mais...-
Sois sincère, tu sais bien que tu peux tout me dire. Même si ça doit faire mal.-
Désolé, mais je pense pas que je te vois de la même manière. T'es mon meilleur pote pareil ! Mais mon coeur est déjà pris, mais tu sais, si à 30 ans on est encore célibataire tous les deux, on pourra peut-être penser à se marier !, ricane-t-il alors.
Orthos l’observe quelques instants, bouchebé, avant de partir à rire. La répartie dont pouvait faire preuve Barty l’avait toujours impressionné. Les deux amis avaient finalement pris le temps d’en discuter longuement durant cette soirée. Rien de tout ça ne devait au final changer leur amitié, bien plus importante que le reste à leurs yeux. Évidemment qu’Orthos allait devoir gérer ses sentiments mais tant que Barty pouvait se tenir à ses côtés, que ce soit en amitié ou plus enocre, peu lui importait. Alors ils en rirent, bien content d’avoir mis cette maigre tension au clair sans grands éclats. Étrangement, bien que rejeté, Orthos s’en était senti soulagé. Avec ça, il allait pouvoir avancer sans pleurer la perte de son meilleur ami.
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L’été qui suivit, Orthos était désormais plus que certain de sa sexualité. Les filles ne l'intéressent définitivement pas. Ou peut-être était-ce parce qu’il n’avait d’yeux que pour son ami de longue date. Tout était tellement simple et naturel en sa présence qu’il s’était rendu à l’évidence rapidement. Alors même si ses amis étaient bien au courant et que cette discussion les avait rapprochés, il restait un dernier combat à réaliser...
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Pa ? -
Hm?, questionne son géniteur en levant les yeux de sa lecture.
Le garçon soupire, venant rejoindre son père à la table de la cuisine. Ils n’étaient que deux aujourd’hui et Orthos voulait en profiter pour commencer à aborder le sujet doucement. Passant par de nombreux détours, Cerberus fronce plusieurs fois les sourcils afin de comprendre ce qui se passait dans la tête de son aîné.
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Seun, respire, prends le temps de parler, rit-il étrangement calme.
Tu sais que je t’aime ?-
Ben... Oui ? Fin’ j’pense bien que oui.-
Alors c’est ça. Ça ne change rien, qu’importe qui tu finis par choisir, je t’aimerai de la même façon. Rien ne va être facile, tu sais ? Les gens sont parfois trop fermés. Mais quoi qu'il arrive, on sera là pour te protéger.Il n'en avait que rarement douté, mais cette journée-là Orthos compris que sa famille serait toujours son meilleur allié.
- 1979 Poor unfortunate soul –
La graduation de Poudlard avait signé la fin d’une ère à laquelle Orthos ne s’était pas senti prêt. Il savait pourtant quoi faire de sa vie, ses objectifs étaient déjà bien posés et n'attendait que lui. Peut-être était-ce de quitter ce cocon de l’enfance pour se lancer dans le grand bain ? Ou de se rapprocher indéniablement de ce but qu’il s’était fixé depuis trois ans : Trouver un remède pour Sirena ? Selon lui, attendre le grand amour et celui qui passerait outre sa malédiction, ce n’était qu’un conte pour enfant. Puisque personne ne semblait vouloir trouver une solution pour sa sœur, la laissant à son sort, alors il la créa lui-même. Se plongeant dans les études, il en oublie même pendant plusieurs semaines ses amis et sa famille, le nez toujours plongé dans un bouquin. Si bien qu’il ne vit rien du déclin de la relation entre Oswin et Regulus, apprenant finalement par Barty qu’Oswin avait décidé de rentrer dans son pays natal. Ce fut le coup de trop pour l’ex serpentard, se rendant compte de la distance qu’il avait instauré avec ses meilleurs amis de toujours.
Il devait pouvoir tout gérer en même temps. Car malheureusement pour lui, Orthos n’avait jamais été le premier de classe, ni même le plus brillant comme Barty pouvait l’être. Se lancer dans des études de médecine était un défi qu’il pensait au début insurmontable, pourtant, le voilà encore trois ans plus tard à s’accrocher à de nombreuses heures d’études à en faire jalouser l’insomnie.
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Juste une, pour pouvoir réviser toute la nuit le prochain examen, se dit-il la première fois.
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Juste une, pour tenir les journées de stage, se dit-il la dixième fois.
Juste une. Toujours
juste une. Les étudiants en médecine n’étaient pas étrangers à ces méthodes pour les aider à rester éveillé longtemps. Orthos n’avait pas échappé à la tentation, d’à son tour, réussir à maintenir sa vie sans avoir l’impression de s’écrouler à chaque nouvelle matinée qui commençait.
Chaque fois que tout lui semblait noir et incertain, son regard se posait sur la photo de Sirena armant son plus beau sourire et sa nouvelle tenue chez les Flaquemare. Elle avait atteint son rêve et il ne lui restait plus qu'à lui de travailler assez fort pour qu'elle puisse le faire perdurer.