Une promesse portée dans le vent || Aramis & Cal

C'était une parole. Une seule, unique, portée comme un murmure un jour où tu t'étais assise au bar du Drunk Broom. Cela te semblait être une éternité, comme un rêve laissé en arrière depuis si longtemps que tu pouvais douter de ne l'avoir jamais fait.
Tu avais douté, un temps tu t'étais même questionnée sur ton envie d'y revenir, de croire que tu étais encore cette fille-là, que tu portais ce désir dans ton palpitant blessé et abandonné. Si accoutumée à ressentir l'absence, tu avais fini par craindre de perdre la sensation - tu avais froid, souvent, en dedans, mais que ferais-tu si jamais tu ne devais plus avoir froid ? Et si tu te consumais à la place, douloureusement étreinte par une vérité que tu ne pouvais pas accepter ?

Sauf que cette parole, prononcée entre Aramis et toi, au bar du Drunk Broom était une promesse. Et vous étiez de parole - chacun de vous, les Seven, quand il s'agissait de tenir une promesse il n'était que la mort pour vous en empêcher. C'est pourquoi tu ne t'étonnais pas de recevoir son invitation - quelques mots jetés sur un papier plié. Ta chouette te l'apporta au crépuscule, et les paroles étaient exigeantes. Il n'était guère temps d'attendre plus - tu trouvais juste les minutes pour mettre une veste, au-dessus de ta simple tenue jean et t-shirt. L'adresse t'était inconnue, mais le rendez-vous fixé devant le Drunk Broom te facilitait la tâche - tu y transplanais sans difficulté, depuis l'appartement de ton jumeau.
Soudainement tu te trouvais là, sur la place Divine, entourée des sorciers qui venaient trouver le réconfort de la nuit pour oublier les embêtements de la journée. Tu restais un temps sans bouger, inspirant profondément l'air où flottaient les parfums d'alcool et de marrons chauds. L'hiver commençait à s'installer, les feuilles mortes étaient encore là mais peu nombreuses, les arbres morts se dessinant comme des silhouettes grotesques dans la nuit. Samain était derrière, Noël devant - tu pouvais presque deviner la neige qui arriverait bien assez tôt. Mais pour l'heure tu te tenais là, sans bouger, en espérant être assez forte pour affronter la nuit.

Je ne suis pas en retard, n'est-ce pas ? Demandas-tu en te retrouvant devant Aramis. Tu essaies de ne pas faire montre de ton angoisse, du stress qui te gèle d'en dedans - tu veux pas faire croire que t'es pas assez forte, parce que t'en as fait la demande, après tout. La parole qu'il t'as promise, c'est à ta demande, parce qu'en enfant abandonnée t'as espéré un temps pouvoir retrouver la chaleur maternelle. La connaitre, la découvrir, savoir - simplement savoir. Et Aramis a pas su te le refuser, comme t'étais certaine qu'il te l'offrirait, cette promesse, qu'il déplacerait les montagnes que ton père a érigé autour de ton existence. Et de celle de Daemon - pas que ton frère soit au fait de ta demande, cela dit, ou de cette aventure que t'as décidé de vivre. Cette chasse aux fantômes, qu'Aramis a organisé, pour t'aider à retrouver ta mère. Je te prends le bras pour rejoindre Stonehenge ? Demandes-tu, faisant référence à son adresse étrange, laissé sur le bout de papier, et que t'as pas idée de connaitre. L'inconnu qui s'ouvre à toi est un saut dans le vide - mais aux bras d'Aramis t'es prête à plonger.

Il est temps de l’honorer.
C’est l’histoire d’une promesse tacite conclue entre deux esprits liés à jamais. Des mots qui n’ont pas eu besoin d’être prononcé pour que cet accord soit scellé entre les deux âmes. Ils étaient assis tous les deux, accoudés au comptoir du Drunk Broom lorsque c’est arrivé. Lorsqu’il a fait son comprendre à son amie qu’il était prêt à l’emmener rencontrer sa famille maternelle si – et seulement si – elle en fait honnêtement la demande, avec un réel désir d’aller jusqu’au bout. Il sait où trouver des vélanes en Grande-Bretagne et pour elle, Aramis n’a pas peur d’aller les déranger. Des mots, des gestes qu’il n’a jamais oubliés. Il les a seulement relégués au fin fond de son esprit, se tenant prêt à les ressortir le moment venu ou à les laisser en paix jusqu’à la fin de ses jours. Tout cela ne tient qu’à elle, à son désir plus ou moins ardent d’en savoir plus sur ce qu’elle est, sur qui elle est. Ce choix lui appartient, Aramis se pliera à cette volonté. Juste cette fois, pour elle, il accepte de ne pas être le décisionnaire. D’être seulement celui qui lui offre une opportunité, qui laisse cette occasion de, peut-être, savoir d’où elle vient. Être considéré comme un monstre n’est pas facile… et ne pas connaître ses racines peut amplifier cette sensation et fatalement, faire souffrir plus que de raison.

C’est une promesse.
Qui ne souffre d’aucun délai de prescription.
Elle peut s’en saisir demain comme jamais. Sa vie, ses choix. Aramis a toujours respecté cela chez ses meilleurs amis, tout comme eux acceptent – plus ou moins facilement – le chemin qu’il a pris pour le meilleur comme pour le pire. Entre eux, les promesses ne se font pas à la légère. Il en fait très peu mais lorsque c’est le cas – qui plus est à ceux qu’il considère comme de sa famille –, elles sont gravées et éternelles. À l’image de cet amour qu’ils se portent à chacun d’entre eux. Celui d’Aramis est vache, souvent brutal, parfois douteux mais toujours sincère. Alors quand il reçoit la demande de Cal, un large sourire étire ses lèvres. Bien sûr qu’il accepte, sans la moindre hésitation ou retenue. Attrapant un morceau de papier et une plume, il vient écrire quelques mots. Concis et clair, pas besoin d’en faire plus.


Il l’agrémente d’une adresse mystérieuse située à Stonehenge. Le papier plié en quatre, il le fait parvenir à sa destinataire par chouette. Le délai est court mais il sait que l’oiseau arrivera à temps. Les rouages lancés, ils ne peuvent se permettre de traîner. Pas que les vélanes risquent de se sauver mais puisqu’elle s’est décidée, autant lui éviter de tourner et retourner la chose dans sa tête, au risque de réclamer une marche-arrière. Venu plusieurs minutes en avance, Aramis en profite pour boire un verre en attendant l’heure convenue. Quand il ne reste quelques minutes, il finit son verre, dépose de quoi payer sa consommation sur le comptoir et sort de l’établissement. Dix-neuf heure arrive quand Cal fait son apparition devant lui, sur la Place Divine. Cette place qui, il y a encore quelques semaines, a souffert des événements normalement festifs de Samain. « Pile à l’heure. », un sourire sur le visage – loin de ceux mesquins ou fourbes qu’il affiche normalement –, Aramis accueille la belle en meilleur ami digne de ce nom. Entre eux, c’est loin d’être toujours simple. Ils se prennent la tête pour tout mais quasiment toujours pour rien. Ils ne sont jamais d’accord sur tous les sujets qu’ils peuvent aborder – enfin presque : en tant que semi-créatures tous les deux, ils s’accordent à ce propos et respectent toujours ce point. Mais c’est leur manière de tenir l’un à l’autre. C’est brutal, incompréhensible – excepté pour eux – mais c’est aussi parfaitement authentique. Et parce qu’il a sa façon de la comprendre, il a été tout bonnement incapable de lui refuser cette demande. Parce qu’à l’intérieur, il y a une évidence. Celle qu’il serait prêt à tout pour qu’elle soit pleinement heureuse. Elle le mérite et que quelqu’un ose seulement prétendre le contraire comme son abruti de paternel qui ne doit d’avoir sa figure entière qu’à un ordre de ne pas y toucher.

En guise de réponse à la question de la MacFusty, Aramis tend son bras dans sa direction. « Tu pourras aussi me le prendre à n’importe quel moment quand on sera là-bas. », elle n’aura même pas besoin de le lui demander, simplement de s’en emparer si elle sent que c’est trop dur. Peu importe le moment ou le temps qu’elle aura besoin de prendre pour retrouver pied, il est là dans cette aventure avec elle et le sera jusqu’à sa conclusion. Patiemment, il attend qu’elle s’accroche et quand il sent sa poigne se refermer sur son bras, il transplane en direction de Stonehenge. Une fraction de seconde plus tard, ils apparaissent au milieu des mégalithiques – dressés vers le ciel depuis des siècles sans qu’aucun moldu ne puisse affirmer avec certitude les raisons d’un tel monument. Mais les sorciers et les créatures le savent : cet endroit est une puissante place de magie. De par sa double-nature, Aramis la ressent très nettement. « On raconte que les vélanes viennent d’Europe de l’Est, à l’origine. De Bulgarie, plus précisément. », une région dont il se souvient quelque peu, venant lui-même de Roumanie, pays ayant des frontières communes avec celui évoqué. « Mais certaines se sont établies ici, en clan. La magie dégagée par les rochers de Stonehenge est extrêmement puissante et s’étend sur des kilomètres à la ronde. J’imagine que ça leur plaît, un tel environnement. D’ailleurs, tu la ressens toi aussi, pas vrai ? », difficile d’imaginer le contraire à cause de leur nature hybride mais aussi parce qu’ils sont plantés au milieu de ces monuments. « T’es prête ? », pas qu’ils soient en mesure de faire demi-tour de toute façon mais il préfère s’assurer qu’elle est en pleine possession de ses moyens avant de mettre irréversiblement les pieds dans le plat.

Il tend son bras que tu prends sans y penser une seconde de plus, t'accrochant à sa présence comme si elle était seule à te rattacher à la réalité. T'es pas certaine de savoir tenir l'équilibre, prête à plonger dans une vérité que t'as jamais pu approcher jusque là. Tu as mis ton temps, à trouver le courage de poser la question à Aramis - mais savoir que cette porte t'était ouverte, et refuser de la franchir était plus dur encore. L'inconnu te rend folle, tu sais pas comment ton jumeau peut la supporter - t'es prête à souffrir pour savoir, mais il t'ait impératif de savoir malgré tout. Tu pourras aussi me le prendre à n’importe quel moment quand on sera là-bas. Tu souris, touchée par les paroles protectrices de ton meilleur ami. Aramis et toi c'est fait de violentes disputes, de sarcasmes cruels et de reproches idiots - mais c'est aussi franc et sincère qu'une amitié peut l'être. Vous avez besoin de cela, tous les deux, pour fonctionner. Cette dynamique étrange et parfois odieuse fait parti de l'équilibre de votre groupe entier.
Dans un coin de ton esprit, tu hésites pas à penser qu'elle contre-balance sans doute à merveille la dynamique douce et caline entre Daemon et lui. Tu portes pas cette remarque à tes lèvres cela dit - tu connais suffisant Daemon pour savoir que t'as intérêt à la fermer sur ce point.

Du reste, pour l'heure t'as pas d'espace pour ton frère - ton esprit est tout entier concentré sur Aramis et votre trajectoire. Tu voudrais pas perdre un pied dans le voyage, et t'accroche à lui autant que tu peux pour pas être projetée durant le transplanage. Quand vous posez pied à terre, ta tête tourne à peine - faut dire que c'est pas plus chaotique qu'un vol sur le dos d'un dragon. On raconte que les vélanes viennent d’Europe de l’Est, à l’origine. De Bulgarie, plus précisément. Tu opines, regardant autour de vous les pierres immenses du sanctuaires. Et tu ressens une chose si forte, si brûlante dans ta poitrine qu'un moment tu restes sans respirer - t'es juste envahit de cette énergie, de cette présence qui t'entoure et te rappelle les falaises de Bara où les Dragons viennent pour faire leurs nids. La même énergie magique, si brutale et instinctive qu'elle est presque trop violente. C'est bien ce qu'ils nous ont appris à Poudlard. Répondis-tu, juste pour t'assurer d'être encore capable de parler.
Mais tu sais aussi que Poudlard et les livres ne disent pas tout des vélanes. Tu sais que tu ne peux compter que sur une créature pour retrouver ta mère. D'autant que ton père ne t'a rien offert d'elle. Mais certaines se sont établies ici, en clan. La magie dégagée par les rochers de Stonehenge est extrêmement puissante et s’étend sur des kilomètres à la ronde. J’imagine que ça leur plaît, un tel environnement. D’ailleurs, tu la ressens toi aussi, pas vrai ? Tu opines, touchant du bout des doigts la roche brûlante - tu l'aurais cru froide cependant, mais elle vibre de cette magie ancienne. C'est... whoa. Presque trop, en réalité. Mais tu peux comprendre pourquoi les créatures sont attirées par cette endroit.

T’es prête ? Etrangement, tu ne réfléchis pas quand tu réponds. Je suis prête. Pas de retour en arrière. Tu vas pas mentir - à la première occasion tu attrapes la main d'Aramis dans la tienne pour t'ancrer au sol et être sûre de ne pas repartir en courant. T'es cependant pas du genre à te montrer inquiète, faible ou apeurée. Tu montres encore moins tes sentiments que Daemon, usant du sarcasme pour les cacher au mieux. Mais t'es au prises des sentiments que tu portes depuis que tu es enfant, l'abandon marquée dans un palpitant terrifié. Et face à Aramis t'as pas le moindre mal à chercher du courage dans le moindre contact qu'il te permet d'avoir avec lui. On va à la recherche de ce fameux clan alors ? Tu penses que... ma mère en fait partie ?