Sujet: Broken broom (PV Skyler) Sam 17 Fév - 11:40
Broken broom
Elle avait rassemblé toutes ses économies avec elle avant de prendre sa fin de semaine pour se déplacer à Londres. Lors de son dernier match de Quidditch, l’équipe adversaire lui avait envoyé un cognard qui avait brisé son balais. Bien que cela faisait partie du jeu, Kirsten avait été difficile à calmer, prête à en découdre avec l’équipe adversaire avec ses poings. Même après avoir menacé le coupable, un de ses mecs de Serpentard qu’elle aimerait bien voir disparaître, rien à faire. Il ne rembourserait pas son balais, cela faisait partie du jeu et des risques. Son balais, c’était celui de Katya. Il n’avait absolument rien d’extraordinaire, il était d’ailleurs déjà usager lorsque Katya l’avait reçu et il n’avait plus son éclat d’antan, mais tout ce qui appartenait à sa sœur était devenu un trésor pour elle. D’un point de vue extérieur, on pouvait remarquer que ce balais n’attendait que le moment de prendre sa retraite.
Il aurait peut-être été plus judicieux de ne pas amener le balais de sa sœur à un match de Quidditch en jouant comme batteuse, mais elle ne voulait pas mettre toutes les choses de sa sœur dans une boite souvenir. Là voilà donc ici, soupirant avant d’entrer dans un magasin qu’on lui avait conseillé pour réparer son balais. Elle avait essayé par elle-même avant de devoir dépenser de l’argent sur ça, mais elle avait l’impression qu’elle avait empiré son balais au lieu de le réparer. Qu’elle poisse elle avait depuis un certain temps.
Poussant la porte avec un peu trop d’assurance, elle se dirigea directement vers le comptoir de service et attendit son tour avec patience, s’empêchant de regarder autour d’elle. Kirsten ne pouvait pas se permettre, même si elle voyait des équipements de Quidditch qui la faisait rêver autour d’elle, la jeune étudiante avait déjà à peine assez d’argent pour espérer une réparation. Pas la peine de venir au pratique avec un nouveau casque à la mode si elle n’avait même pas de balais en main.
Épuisant déjà tout son petit change de patience en restant en ligne et en écoutant les clients devant elle, la jeune Gryffondor commençait déjà à taper du pied. Leurs problèmes étaient si stupides qu’elle peinait à garder un visage respectueux en les entendant parler. Elle marmonnait dans son coin les réponses qu’elle aurait elle-même donné au client si elle travaillait là. Par chance pour ce magasin, elle ne travaillait pas ici. Les ventes seraient en chute libre.
Lorsque venu enfin son tour, le verdict tomba rapidement. Son balais n’était pas irrécupérable, mais cela coûterait plus cher que ce qu’elle avait sur elle. Si ce n’était que ça, elle aurait pû écoper, mais le fabricant refusait de prendre son argent en dépôt et qu’elle paie le reste à la réception du balais. Pourtant, elle venait de voir un client devant elle avoir droit à ce privilège. La différence entre ce client et elle ? Probablement la qualité de ses vêtements, mais également, son âge. Elle n’avait pas l’allure d’une personne qui pouvait garantir qu’elle reviendrait avec plus d’argent. Kirsten avait l’air d’une enfant de foyer moyen qui achetait tout de seconde main et qui passait ses fin de semaine à recoudre les vêtements usées.
- Comment ça, vous voulez pas de mon dépôt, mais c’est quoi votre problème, je viens de vous voir faire exactement la même transaction avec l’homme devant moi !
Elle haussait déjà le ton, c’était typique de sa présence dans un endroit, mais elle semblait sur le point de passer de l’autre côté du comptoir si la prochaine réponse qu’elle entendait ne lui plaisait pas. Par contre, il fallait la connaître pour ça, Kirsten ressemblait à toutes les adolescentes qui haussent la voix pour avoir de l’attention sans rien faire de plus. Les pauvres n’avaient jamais rencontrer le chaton enragée qu’elle pouvait devenir lorsqu’elle sentait la moindre pointe de discrimination sur elle ou quelqu’un d’autre.
- Je suis désolée jeune demoiselle, mais sans la sommes exactes, nous ne prendrons pas votre balais en réparation …
Le visage de Kirsten ne pouvait pas devenir encore plus rouge en un seul instant. Un volcan bouillait en elle.
Ce n’était un secret pour personne : le Quidditch était au centre de l’univers de Skyler. Depuis sa plus tendre enfance, il ne ratait jamais une occasion d’enfourcher un balai pour percer les nuages et jouer aux étoiles filantes. Et lorsqu’il avait annoncé à toute sa famille qu’il allait faire de sa passion du sport et du vol toute sa carrière, personne n’avait été surpris, et personne n’aurait pu le convaincre de s’engager dans une autre voie; pas même les regards désapprobateurs et les soupirs découragés de son père – surtout pas eux, à vrai dire. Skyler respirait et mangeait Quidditch. Et lorsqu’il n’était pas sur le terrain pour s’entraîner ou pour donner une raclée aux équipes adverses en leur envoyant des cognards avec ce sourire si adorablement arrogant qui faisait toute sa renommée, il s’informait des nouveautés et des tendances de la planète Quidditch.
Pour ce faire, il pouvait bien faire comme bon nombre de joueurs un peu snob et se contenter de lire les magazines spécialisés. Toutefois, il était d’avis que rien ne valait une bonne vieille visite en chair et en os dans une boutique pour pouvoir découvrir les nouveaux produits. S’il était de nature curieuse, il le faisait également pour pouvoir alimenter les discussions qu’il avait avec Ryan, son petit frère adoré, qui s’intéressait lui aussi au sport, mais surtout au matériel qui permettait de s’y adonner. Il lui avait déjà fait la promesse qu’un jour il brillerait sur la scène internationale en montant un balai de sa fabrication. Et même si le cadet des Ollivander n’en était pas encore à cette étape de sa vie et qu’il était pour l’heure en train de réchauffer les bancs d’école, Skyler n’avait aucun doute quant à la qualité dudit balai. Ce serait le plus rapide et le plus stylé, c’était garanti.
Alors quand le week-end arrive enfin, Skyler profite de l’absence de Lux pour s’éclipser. Oh, elle lui avait bien laissé une note avec des répétitions précises à effectuer, mais l’ancien Gryffondor avait des envies de rébellion. Pas d’entraînement cet après-midi, mais bien une virée en plein cœur de Londres pour aller faire un tour de reconnaissance dans une boutique qui se spécialise en articles de Quidditch. Il aurait été sans doute judicieux de faire en sorte que sa visite se fasse sous le signe de la discrétion; un passage rapide entre les divers rayons, puis un retour à l’appartement pour peut-être caler quelques-unes des pompes et autres exercices que lui avaient si gentiment prescrit sa meilleure amie (si l’envie était au rendez-vous à ce moment-là, évidemment). Mais Skyler Ollivander était-il fidèle à lui-même s’il cachait sa jolie tête blonde dans l’ombre d’un capuchon? Il était né pour briller, et c’est lorsque les regards étaient braqués sur lui qu’il se sentait le mieux.
Arrivé à destination, il pousse la porte de la boutique. La clochette tinte et annonce sa présence. Le commerce n’est pas le plus impressionnant de la capitale anglaise, mais il n’était pas non plus le plus petit. La superficie de la surface de vente était plus que respectable, et les étalages étaient bien remplis. Cependant, il n’a pas droit à un accueil typique. Si d’ordinaire c’est un employé qui s’empresse de venir le retrouver pour lui demander s’il recherche quelque chose de précis ou s’il peut lui conseiller des produits pour améliorer ses performances, c’est plutôt une voix – féminine et jeune aux premiers abords – qui lui souhaite la bienvenue. Intrigué, le batteur étire le cou vers le comptoir, endroit où le cri d’indignation avait été lancé. Il comprend rapidement que c’est la demoiselle qui fait face au patron du magasin qui est la propriétaire de ces puissantes cordes vocales. Restant à l’écart, il analyse la situation et commence à comprendre en voyant le manche cassé du balai reposer sur le comptoir.
Outre le fait que l’adolescente ne semblait pas rouler sur l’or, c’est la ferveur et la hargne dont elle faisait preuve qui le frappe tout particulièrement. Au premier coup d’œil, le balai brisé n’a rien de spécial – en fait, il a tout d’un balai tout ce qu’il y a de plus banal, un balai bas de gamme sans grand artifice, la base de la base. Mais Skyler devine que le balai a sans doute une valeur sentimentale bien plus élevée que sa valeur monétaire. Il est bien placé pour le savoir : il pourrait se payer le modèle de l’année, celui qui fait tourner toutes les têtes et qui fait rêver tous les jeunes joueurs amateurs, celui-là même qui est exposé fièrement dans la vitrine de la boutique, mais il n’en fait rien. Voilà maintenant cinq ans qu’il est membre de la Ligue professionnelle de Quidditch et qu’il chevauche le balai que son oncle Evarist lui a offert pour l’occasion. Son oncle qui, lui non plus, ne nage pas dans une piscine de gallions dans son grand manoir, et qui lui avait offert un balai banal, mais tellement spécial.
« Bonjour! », dit-il d’un ton jovial en s’approchant finalement, saluant le propriétaire et sa cliente mécontente d’un signe de la main et d’un sourire des plus amicaux.
« Oh, M. Ollivander! », rétorque l’homme en levant les yeux sur lui, surpris de se retrouver avec une célébrité, en oubliant presque la jeune fille. « Quel bon vent vous emmène? »
« Celui du Nord, annonciateur de neige, vous savez… », ironise-t-il en s’appuyant contre le comptoir. « J’espère que je ne vous interromps pas; je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre votre petit échange en entrant. Vous avez affaire avec une joueuse passionnée et intrépide, à ce que je vois… » Il désigna le balai fracassé d’un signe de tête, ses yeux glissant sur la brunette. « Je suppose que c’est en jouant que c’est arrivé? À Poudlard? Ça me rappelle de bons souvenirs… »
Il avait une idée en tête, mais comme le petit volcan qui ne demandait qu’à entrer en éruption lui rappelait énormément Lux dans ses jeunes années, il se doute que la jeune risque de s’offusquer si on lui propose trop rapidement de l’aide. Il fallait prendre une approche douce et progressive…
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