Traque || Remus & Fauve

Disparition. Le goût du sang sur les lèvres des lycans. Des promesse qui avaient été brisés - et Greyback qui demandait à voir revenir entre ses pâtes les âmes qui devaient être les siennes.
Sur la trace des lycanthropes se trouvaient d'autres meutes. Une autre meute - tu l'avais deviné, suivant les allers et venus des sorciers qui s'étaient mis en tête de sauver les innocents. Tu l'avais vu, lui. Lui - il était une rumeur à ton oreille depuis si longtemps que tu étais certaine de le connaitre, de pouvoir le reconnaitre, le pourchasser, le suivre. Ce que tu ne t'étais pas évité de faire, bien au contraire. Cinq jours. Cinq nuits.

Tu le suivais dans la rue, retrouvant la maison dans laquelle il vivait avec son amant. Avec ses amis. Une fille. Un garçon. Parfois d'autres qui allaient et venaient pour leur rendre visite. Une qui portait la vie. Tu retenais le moindre détail, comme tous les prédateurs. Comme Greyback vous avait appris à faire. Tu souris, quand tu le vois quitter la maison le matin, le suivant, devinant où il transplane, où il disparait quand il vient prendre un portoloin. Tu sais - parce que tu fais ta petite enquête - qu'il est Auror. Parce qu'il est forcément doué.
Forcément.

Ca te plait, d'apprendre ces choses-là sur lui. Mais il est prudent, aussi. Il peut disparaitre aisément dans la foule, il peut rencontrer d'autres sorciers sans que tu puisses les deviner eux. Il les protège, ses proches. Parmi ses proches il y a un Black et tu sais la réputation des Black. Tu sais aussi deviner que ce qu'il aime chez lui c'est cette part d'ombre exigé par le loup. La magie noire brûle les veines des êtres maudits que vous êtes.
La pleine lune approche, plus que trois jours avant qu'elle vous assomme de ses règles cruelles. Tu la sens, sous ta peau, qui appelle déjà. Tu devines qu'il en est de même pour lui - alors après quatre jours tu changes les règles du jeu. Tu laisses ta présence, ton parfum, près de son entrée. Dans la ruelle à côté.

Tu laisses la trace jusque là. Là tu aimes venir - quand tu traques pas Remus Lupin, tu viens ici pour voir les enfants qui s'amusent avec des balais volants. Les parents se font distraits, t'es presque certaine qu'il serait facile d'en attraper un pour le dévorer.
Quand il approche tu le sens.
Tu le devines.
Tu l'entends.
Tu bouges pas, restant près de l'entrée du parc à observer les allers et venus des gamins. La journée touche à sa fin, et tu sais qu'ils ne vont pas tarder à partir. Ils sont jeunes, certains aussi jeunes que tu l'étais toi. Qu'il l'était lui. Mais la vie a décidé de vous donner ce don et eux de les laisser dans la médiocrité d'une existence sorcière. Quand il arrive près tu te tourne finalement vers lui. La curiosité a été trop forte finalement ? Demandas-tu sans te soucier de te montrer trop familière. J'aime venir ici observer les gamins qui apprennent à voler. rajoutes-tu, soupirant lourdement en te laissant tomber sur la barrière en regardant d'un air rêveur un dernier gamin qui virevolte au-dessus de vous. Le battement de leurs coeurs m'apaise. Souffles-tu finalement en souriant.
 

Ca a commencé il y a quelques jours. D'abord une odeur persistante, te suivant sur la route du boulot. Comme ça, discrètement, plus forte lors des bourrasques de vent qui traversent l'Angleterre alors que l'hiver est là. Tu t'arrêtes pour ressentir plus fort et tu reprends ta route, masquant ton arrêt comme si tu consultais le journal à la page des nouvelles du jour. En réalité tu guettes toi aussi, parce que cette odeur tu ne la connais pas mais d'avance, tu ne l'aimes pas. Tu l'as senti plusieurs fois ces dernières semaines, comme un rappel d'une menace qui tourne et qui rode, comme à l'époque où Voldemort était en vie et où tu avais l'impression de sentir le parfum persistant de la mort t'entourer, comme une guerre sans pitié arrivant pour dévaster le monde que vous connaissez tous. Mais là tu ne sais pas ce que ça veut dire, si ce n'est que l'odeur vient d'une créature qui est là, qui tourne, qui se balade. Et qui te cherche, indéniablement. Heureusement Sirius fait le chemin accompagné jusqu'au café, Lily est en sécurité à Godric Hollow's avec Mary et Marlène se fait oublier à St Mangouste. L'odeur est toujours là, souvent le soir quand tu rentres tard après le boulot, souvent le matin quand tu pars presque à l'aube. Elle est là et tu n'as pas le temps d'enquêter. La cible viendra à toi toute seule, surtout si c'est une créature perdue qui cherche à te trouver.

Dans trois jours la pleine lune sera là et tu es plus nerveux, plus agacé que tu ne l'as jamais été. Sirius essaye d'être gentil mais souvent tu t'enfermes dans un mutisme dont tu ne sors que plusieurs heures après, la mine basse et préoccupée. L'odeur est toujours là, plus forte que jamais, plus puissante qu'elle ne l'était auparavant. Puis la créature laisse son empreinte et sans un mot tu sors de chez toi pour suivre, marcher plus vite. Baguette au bras pour te protéger en cas de soucis, ce n'est plus Remus qui évite la foule, passe à côté des gens, grommelle un désolé quand il bouscule un sorcier âgé, mais bien Dante qui cherche une cible. Qui ose venir chez lui, dans son quartier, laisser une odeur comme une invitation désagréable. Qui ose réveiller ce que tu as de plus primaire en toi.

Tes pas te mènent jusqu'à un parc et surtout une silhouette qui est là, grande et fine à la chevelure si claire que pendant une seconde tu as l'impression d'être devant un spectre. Et quand tu approches c'est un visage doux qu'elle tourne vers toi, doux et à la fois qui fait grogner quelque chose en toi. Les paroles sont douces mais il y a autre chose, une chose qui te hérisse les poils et te pousse à rester sur tes gardes. « Qui es-tu ? » Que tu demandes directement tout en jetant un regard vers les enfants qui volent encore un peu. Puis l'un est appelé par sa mère et il revient au sol sans un bruit afin de rentrer chez lui. Il n'en reste que deux, légèrement plus grand que le précédent, ils iront à Poudlard d'ici deux ans peut-être. « Tu as laissé ton odeur proche de chez moi. Tu me cherches... Pourquoi ? » L'impatience te pousse à poser des questions tout de suite, sans attendre. Parce que la pleine lune est proche, que ça te rend bien moins coopératif. Mais aussi parce que tu n'aimes plus ça depuis la guerre, de savoir qu'on te cherche et qu'on te fait un petit jeux de piste pour te trouver à travers la ville.

Tu as écrit une autre histoire, bercée par les paroles brisées d'espoir de Greyback depuis que tu grandis à ses côtés. Une autre, où au centre se trouve votre père, toi à gauche, lui à droite, portant le sceau délectable de votre lycanthropie avec fierté. Il est fait de pouvoir pur, né pour être loup, né pour être sorcier - battant le pavés de sa force et de son courage. Il est meilleure que vous grogne parfois l'alpha, épris de cette rage d'avoir perdu le meilleur d'entre vous. T'as beau essayé de te faire ce qu'il exige avec ta perfection à toi, tu sais qu'il regrettera toujours le jour où il n'a pas enlevé Remus Lupin de son lit. Le jour où le père désespéré est venu le chasser, recouvrant son gamin ensanglanté pour l'élever quand même.
Tu écris une autre histoire, dans ta tête, quand il s'approche de toi pour venir voir les gamins qui volent sur les balais, baignés dans l'innocence d'une vie où ils n'ont pas eu à se battre. Toi, tu ne te bats plus - par contre toi-même, préférant préserver ce que tu as de force pour les autres. Les autres - mais pas lui, lui est intouchable, fils prodigue perdu et retrouvé. Tu souris quand il s'approche, devinant les émotions qui le transpercent et lui assènent cette odeur si délicate. L'agacement, la rage, la colère.

L'exigence qui traverse sa voix c'est le grognement de l'alpha qui veut te soumettre. Qui es-tu ? Tu frémis comme tu peux pas l'empêcher - mais comme tu n'es pas de sa meute tu courbes à peine l'échine. Tu tournes pas le regard vers lui cependant, sachant pas comment tu réagirais à son regard et sa voix de paire. Tu sais pas - mais tu devines déjà la puissance du loup qui vient glisser à la surface de l'âme humaine. Est-ce qu'il le sent aussi ? Est-ce qu'il le combat souvent ?
Quelle force il aurait à embrasser entièrement le loup qu'il est devenu. Le loup que Greyback a réveillé. Tu as laissé ton odeur proche de chez moi. Tu me cherches... Pourquoi ? Qui te dit que je te cherche ? Demandas-tu finalement, te redressant un peu quand un des gamins perd l'équilibre et risque de tomber de son balais.

Comme un chat devant un oiseau blessé.
Mais il se remet en scelle et tu soupires. Disons plutôt que je t'ai enfin trouvé. Continues-tu, avant de tourner vers lui pour aviser de sa présence proche. Mais pas assez. S'il l'avait été, tu lui aurais accordé un coup d'épaule joueuse, comme tu le fais avec les autres membres de la meute. Les autres lycans qui font ta famille depuis si longtemps. Et lui, est-il fier de sa famille de sorciers ? Aucun d'eux ne sauraient le comprendre comme vous. Lui, l'étranger perdu. T'es moins grand que je pensais, grand frère mais t'es pas moins impressionnant. Roucoules-tu finalement, sourire en coin qui barre ton visage, la joie d'une enfant qui t'illumine comme s'il était le messie dans ton existence.
 

Tu le sens, ça explose devant toi comme un feu d'artifices, cette odeur caractéristique de celle qui cherche à se faire remarquer depuis des jours. Qui dépose volontairement son parfum pour que tu le sentes, qui fait en sorte de marquer le lieu où elle passe juste parce qu'elle sait que tu marcheras ici toi aussi dans une heure ou deux. Et ça te fait rager de la sentir si proche maintenant alors que tu ne sais pas pourquoi elle rôde autour de chez toi, pourquoi elle te cherche au point de vouloir parfaitement se faire remarquer par tes dons. Tu voudrais toutes les réponses dans la seconde et pourtant tu restes patient, tu regardes et tu observes chacun de ses mouvements, allant du geste presque imperceptible de ses épaules quand ta question claque dans l'air. Tu as appris à voir, à comprendre, à user de ce pouvoir d'alpha qui est tien maintenant et qui te permet de te faire reconnaître chez les créatures. Et même si tu es jeune, car tu ne peux nier que tu l'es réellement, il n'empêche que tu sais te faire respecter quand tu décides quelque chose. Tu dois encore en apprendre cela dit, on ne cesse jamais notre apprentissage.

« Aucun loup ne dépose son odeur volontairement surtout si il ne cherche pas à se faire reconnaître. » Réponse simple à une question stupide car la louve semble vouloir te prendre pour un idiot ou alors, un simple nouveau né. Mais elle doit savoir que tu sais justement, reste à découvrir pourquoi elle veut tant traîner autour des lieux que tu fréquentes aussi. Un enfant laisse échapper un son aiguë car il manque de tomber et si elle l'observe comme on regarde une scène intéressante, toi tu ne tournes pas la tête. Tu la fixes elle, imperturbable, il pourrait y avoir une explosion derrière toi que tu t'en moquerais ouvertement à cet instant. Elle fini par tourner les yeux vers toi et enfin tu peux observer son visage, son regard où perce une lueur sauvage et animale. Un regard de loup lâché dans la nature, qui ne souffre d'aucune limite à sa folie. « Je ne suis pas ton frère. » Et la menace claque soudainement dans l'air comme un coup de tonnerre, tu veux ôter ce sourire idiot de son visage comme si elle savait des choses que tu ignores, comme si tu aurais dû toi aussi être heureux de l'avoir retrouvé. Alors que ça te met davantage les nerfs en pelote plutôt qu'en joie.

« Tu es de sa meute. Que veut-il ? Qu'est-ce qu'il cherche ? » Et là tu t'éloignes d'un pas alors que son parfum vient toujours chatouiller tes narines. Il n'y a qu'une raison au fait qu'elle te nomme ainsi, c'est que vous avez un seul et unique alpha qui vous a transformé et étant donné qu'il n'y en a que très peu en Angleterre alors il ne t'est pas difficile de comprendre qui elle est... Et surtout de qui elle reçoit ses ordres. « Où est-ce qu'il se cache ? » Tu peux bien essayer de demander mais tu doutes qu'un de ses bêta te réponde si aisément.

Tu l'avais finalement trouvé lui - ce frère perdu que Fenrir a tant de regret à avoir laissé derrière. T'es à Londres depuis peu de temps, mais le trouver à plutôt tenu du hasard. Pas que tu le voulais lui, d'abord, dans la maison au coeur du Londres sorcier. Celle que tu voulais, c'était la fille qui partage son espace. Marlène a été une rencontre hasardeuse, qui a touché une chose si profondément en toi que t'as pas été capable de te défaire d'elle. Tu l'as suivie, jusque chez elle, surveillée durant des jours pour tout apprendre de ses habitudes. Et tu l'as senti - lui. L'odeur du loup était si présente que t'as pas pu l'ignorer.
Laisser ta trace en retour était un jeu dangereux, mais tu te ris du danger depuis longtemps. T'as pas tant conscience des risques que tu prends - tu les prends, c'est tout, et avises par la suite quand tu te retrouves dans ce genre de situation où tu sais que tu peux perdre plus que l'esprit. Aucun loup ne dépose son odeur volontairement surtout si il ne cherche pas à se faire reconnaître. Touché. Dis-tu avec un rire dans la voix. J'avais envie de te connaitre toi. Admets-tu, parce que c'est une vérité aussi. T'as tant entendu parlé de lui - par Fenrir et par les rumeurs qui circulent si rapidement chez les créatures en Angleterre. Elles sont ici liées par des lieux clés - elles se retrouvent au Drunk Broom et boivent des verres en refaisant le monde. Il faut pas longtemps pour se mettre au fait de ce qu'il se passe à Londres.

Ton retour est un jeu que tu apprécies de découvrir. Tu vas pas t'empêcher de découvrir Remus à présent que vous êtes là. Mais dans un lieu public, pour être sûre de pas mourir d'un coup de baguette. Parce qu'il semble du genre à dégainer rapidement. Je ne suis pas ton frère. Tu gémis presque de douleur à l'entendre parler ainsi, moue boudeuse pour réponse, tu soupires lourdement et laisse aller contre la barrière alors que les derniers gamins quittent les lieux. Nous avons pourtant le même père. Réponds-tu avec une voix d'enfant, presque suppliante.
Mais il a refusé le lien, il est resté parmi les sorciers à vivre une vie d'illusions. S'il est devenu fort, il ne le sera jamais autant qu'en étant parmi vous. Tu es de sa meute. Que veut-il ? Qu'est-ce qu'il cherche ? Tu te tournes finalement vers lui, regard ennuyée alors qu'il semble croire que tu lui diras ce qu'il veut savoir. Où est-ce qu'il se cache ? Ca fait beaucoup de questions pour un type qui a tourné le dos à la meute il y a si longtemps déjà. Fais-tu remarquer. Plus de gamins à observer, mais t'aimes pas trop le regarder dans les yeux longtemps.
Toutes ces histoires de hiérarchies sont plutôt vraies alors. Et cet alpha-là sait soumettre une âme. C'est toi qu'il cherche. Il veut que tu rentres à la maison, grand frère. Lui fait pas l'affront de refuser - tu lui manques tu sais ? Dis-tu d'une voix enfantine encore, avant de rire comme une gamine et de repartir en sautillant - pas de gamin à regarder alors tu cherches un autre objet d'intérêt. Mais les lieux se vident rapidement. Tu peux utiliser ta voix d'Alpha, je ne te répondrais pas. T'as pas le monopole de la loyauté, tu sais ? Continues-tu. Bien que je me pose la question : un Black s'est-il vraiment être loyal ? J'avais cru comprendre que cette famille était pourrie jusqu'à l'os. Etonnant de te voir t'enticher de l'un d'eux - ou alors c'est le côté magie noire qui t'empêche de lui résister.

 

Elle voulait te connaître, la réponse t'arrache un sourire mauvais alors que tu te demandes si elle se joue de toi ou si elle est complètement suicidaire. Les deux peut-être ? Chercher un loup qui n'est pas d'une meute peut avoir deux possibilités, soit c'est pour recruter soit c'est pour tuer. Tu te doutes que Greyback ne veut pas encore te tuer même si ça viendra suite à tes refus alors pour le moment il souhaite juste te voir rentrer dans sa meute, n'est-ce pas ? Impossible pour toi de même envisager une telle chose, pas alors que tu connais tant Greyback et ses pratiques affreuses, pas alors qu'il se joue du danger et tue, transforme, mutile juste par plaisir malsain. Greyback est tout ce que tu détestes, il dessert la cause des créatures et c'est à cause de lui qu'on voit les loup-garous comme des monstres à traquer et enfermer dans des cages lors des pleines lunes, des créatures qui représentent le danger suprême et qu'on doit fuir pour sauver sa vie. Toi tu aspires à autre chose, simplement une vie malgré ta malédiction que tu ne peux pas ôter de ton sang et qui s'expose une fois par semaine. Finalement à force d'entendre Sirius te dire que tu es dangereux seulement une fois par mois et pendant huit heures tu as fini par le croire toi aussi. Et te laisser convaincre.

« Mon père se nomme Lyall Lupin, il m'a sauvé de la créature que tu nommes Père, il m'a soigné, aimé, protégé et choyé, ce qui a fait de moi un sorcier et non pas une bête qui se laisse dicter par ses instincts. » Autant dire que mentionner le fait que Greyback est ton père n'est pas une chose que tu peux accepter, il n'a rien d'un père pour toi. C'est un fou, une créature qu'on aurait dû enfermer depuis longtemps et détruire grâce au Baiser du Détraqueur mais pendant des décennies le ministère ne s'en est pas occupé, à présent il a tout une meute derrière lui et le trouver devient évidemment bien plus difficile. Elle baisse les yeux et n'ose pas te regarder, le simple mouvement t'arrache un sourire fier et une lueur d'un rouge sang dans le regard, parce qu'elle a beau ne pas être à tes côtés elle a quand même peur. C'est une chose que tu réalises en la regardant agir, c'est qu'elle ne sait pas exactement comment réagir et surtout comment toi tu vas le prendre. Si tu piques une colère alors elle devra fuir et ce sera un échec sauf que Greyback ne supporte pas l'échec, justement. « Alors tu diras à ton malade d'alpha que je refuse son offre et que je n'ai que faire de son intérêt pour moi. Je lui manque ? Comme si Greyback était capable de ressentir le manque de quelqu'un. C'est un monstre, voilà tout. » Et tu reprends les mots de ton père, ceux qui t'ont condamnés quand tu n'étais qu'un enfant. Même si ces mots ont forgés ce que tu es maintenant.

La question t'arrache un grognement alors qu'elle est déjà partie, qu'elle sautille partout comme une enfant de 4 ans alors que celle qui est en face de toi n'est plus une gamine même si elle en a le comportement. C'est une adulte, effrayante et dangereuse, preuve que Greyback les enferme dans une espèce de personnalité enfantine pour mieux les contrôler. Et l'idée même te fait grimacer. Sauf qu'elle parle de Sirius et à la seconde, tu sens ton instinct qui prend le dessus. Protéger Sirius devient soudainement une obsession, assez pour que tu attrapes Fauve de toutes tes forces par la gorge pour la plaquer contre le tronc d'un arbre qui sert de perchoir pour les enfants. Là où n'y a que vous, personne d'autre si ce n'est une nuée d'oiseaux qui s'envolent en croassant de mécontentement. « Je t'interdis de parler de lui, tu ne lui arrives même pas à la cheville, tu m'entends ? » Et l'idée même qu'elle mentionne la magie noire qui coule dans les veines de Sirius, un sujet sensible qu'il combat après avoir été douloureusement éprouvé, te fait serrer davantage ta main. Avant de la relâcher pour qu'elle retrouve son air.

T'as un frisson qui te remonte le long du dos, sa présence près de toi te donne envie de baisser l'échine, de t'assurer de survivre devant le regard colérique de l'alpha. Mais t'as jamais été douée pour te soumettre - sauf au seul père que tu reconnais, sauf à Fenrir qui t'a offert cette vie rêvée. Tu as de souvenir qu'entre ses griffes et tu vois pas raison à t'en plaindre. T'as le sentiment d'être parfaitement libre, sans te soucier des convenances, des règles, des lois érigées par des sorciers morts depuis longtemps. T'es libre - d'aimer, d'être, d'exister, de désirer, d'exprimer tout ce qui fait de toi la personne que tu es.

La personne, le monstre, la louve - si pour les sorciers tout cela fait de toi un être terrifiant, tu te vois uniquement comme un être entier. Alors tu baisses pas le regard, tu luttes contre son ascendant naturel et te redresse pour lui faire face. Mon père se nomme Lyall Lupin, il m'a sauvé de la créature que tu nommes Père, il m'a soigné, aimé, protégé et choyé, ce qui a fait de moi un sorcier et non pas une bête qui se laisse dicter par ses instincts. T'arques un sourcil, perplexe devant la ferveur qu'il met à défendre un humain. Tu t'imagines pas un sorcier qui sache mieux vous élever et vous aimer que le fait Fenrir - si l'amour se définit comme ses excentriques exigences et sa protection limitée. Il a été capable de te donner confiance, ton père ? T'as jamais détesté la personne que tu étais, le loup, ou ce que tu deviens à la pleine lune. Il a jamais essayé de se libérer, de te blesser, le loup ? Ne mens pas, aucun sorcier n'est capable de nous faire nous aimer. Rétorques-tu, incapable de lui donner raison. Incapable de croire qu'un sorcier peut comprendre, accepter ou aimer un seul d'entre vous. Ils vous détestent - voila ce que Fenrir t'a appris.

La colère ronge rapidement les os de l'Alpha - tu le ressens dans l'air aussi aisément que l'odeur de ta proie. Tu le sais, il va bondir, rugir, et tu seras bientôt la cible privilégiée de ses émotions. Mais tu bouges pas, restant exactement où se trouve ta place - éprise de la curiosité que t'as à découvrir ce frère qui a préféré vivre caché parmi les sorciers. Alors tu diras à ton malade d'alpha que je refuse son offre et que je n'ai que faire de son intérêt pour moi. Je lui manque ? Comme si Greyback était capable de ressentir le manque de quelqu'un. C'est un monstre, voilà tout. Tu grognes en réponse, tu sais que tu fais pas le poids face à lui - mais tu sais aussi que tu refuses d'entendre des immondices sur ton père. Greyback est un monstre aux yeux des sorciers qui craignent sa puissance, son pouvoir, sa liberté. Parce qu'ils savent qu'ils ne peuvent rien contre lui - il est le loup, simplement. Et le loup a toujours dévoré les enfants. Tu ignores tout de Greyback, tu devrais te méfier et retenir ta langue - elle pourrait bien t'être coupée à défaut d'être bien employée.

L'idée te dérangerait pas tant - la violence et l'hémoglobine sont des langages que tu maitrises autant que l'anglais après tout.

Puis dans ta bouche, c'est un autre monstre qui intervient - un fait de noire magie et d'émotions terribles. Les Black sont maudits des émotions qui les dévorent aussi bien que les sortilèges interdits. Pourtant, c'est un Black qui partage la vie de Remus - alors t'es pas longue à supposer que le loup cherche cette ferveur noire. Cette douce agonie.

Tu t'attendais pas à ce qu'il réagisse si rapidement - bien que tu aurais dû t'en douter, comme tous les loups il est fermement protecteur avec son compagnon. Tu lâches un rire nerveux, mais qui s'étrangle comme il te maitrise fermement. Je t'interdis de parler de lui, tu ne lui arrives même pas à la cheville, tu m'entends ? Difficile de ne pas l'entendre - et jusqu'à ce qu'il lâche sa prise sur toi, tu t'étouffe, pensant bien que tu allais mourir là. Prouvant qu'il est pas moins monstrueux que vous. Mais il lâche prise, et tu t'effondre à ses pieds en toussant pour retrouver ton air et tes pensés. Tu lâches un rire, toujours à moitié accroupie. Au moins j'ai pas moyen de m'ennuyer. T'es à la hauteur de mes attentes, Remus Lupin. Tu te redresses, difficilement, comme t'as encore des douleurs qui te remontent dans tout le corps.

Et t'es assurée de garder la marque de ses doigts pendant quelques jours. Londres m'avait manquée - je sens qu'on va bien s'amuser.

 

Ses questions t'arrachent un sourire en coin, qui n'a rien de sympathique mais qui témoigne surtout du peu d'empathie que tu peux avoir la concernant. « Ho oui il m'a donné confiance, bien plus que tu ne l'imagines. A la différence de toi qui obéit par peur ou instinct, lui m'a aimé. Et ça fait une différence énorme. » Bien plus qu'elle n'en aura jamais avec Greyback, de cet amour incroyable qui t'a permis de relever la tête et de ne pas te sentir mal dû à ta nature. Tu culpabilisais certes mais surtout de voir tes parents rejetés à cause de ce que tu étais, jamais tu n'as senti que tu étais un poids ou un problème pour eux. Tu étais leur fils et aujourd'hui encore c'est une chose qui ne change pas, cette force qu'il y a entre vous et qui a fait de toi un sorcier n'ayant aucune raison de baisser la tête face à une ennemie. « C'est une menace ? Tu penses vraiment que je peux avoir peur de lui ? » Et tu te joues d'une telle réponse, plus encore à l'idée de te retrouver devant Greyback et d'en découdre. Il a la folie certes et la violence en lui, mais tu as la jeunesse et la rage du sorcier qui refuse de se laisser soumettre. Alors qu'elle menace Fauve, tu t'en moques. Tu n'as aucune crainte concernant Greyback, juste hâte de le retrouver et de pouvoir enfin l'envoyer entre 4 murs ou au moins six pieds sous terre.

Mais elle parle de Sirius et il ne t'en faut pas plus pour sentir le loup prendre le dessus, vriller ton regard d'une lueur rouge puissante qui te fait bondir. Parce que parler de ton compagnon, venant d'elle, c'est comme l'entendre t'insulter de la pire des manières. Et tu ne peux pas laisser faire, car si tu n'imposes pas de suite que Sirius est intouchable alors que pourrait-elle faire par la suite ? Tu finis par la lâcher quand tu réalises que tu serrais un peu trop fort, parce que tu ne veux pas que ça finisse ainsi aujourd'hui. Les autres jours ? Tu verras, tu es certain de revoir Fauve bien vite. « Je te conseille de te faire discrète et de rester à ta place. Il y a déjà un alpha, à Londres. » Et après un dernier regard, tu te détournes d'elle pour reprendre ton chemin, n'ayant pas besoin d'en dire plus pour qu'elle comprenne. Si elle bouge, c'est toi qu'elle aura en face.