DINGOES || Mischa Kensington

Ariana. 1978. sa respiration coupée, il se noyait dans un flot d'émotions qui l'asséchait. Il ne pouvait plus bouger, suspendu aux lèvres de sa jumelle qui ne lâchait pas un mot - pas ceux qu'il voulait entendre, pas ceux qui lui ferait oublier ce qui le terrifiait. Et pourtant, si elle jetait ces paroles-là elle ne serait plus vraiment elle. Il n'attendait pas ça d'elle - il attendait autre chose, sans doute exactement ce qu'elle venait de jeter dans le silence entre eux sans attendre qu'il agisse autrement qu'ainsi : en panique. En panique, comme ce gamin qui se tenait constamment à côté d'elle. Parce que c'est elle qui a toujours eut le plus de courage - qui a parlé la première, marché la première, cassé un mur en première. C'est elle qui a fait voler une peluche jusqu'à son lit par caprice de le vouloir, prouvant qu'il glissait des flux magiques jusqu'aux berceaux des bébés Kensington. C'est elle, Ariana, qui fait de sa vie un conte de fée.
Avec des trolls, des gnomes, des courses en balais. Avec des monstres sous le lit, et des fantômes dans le grenier - ils passent à travers les murs mais c'est là qu'ils aiment faire semblant de dormir. Dans l'ancienne maison des Kensington, il y avait des dizaines de secrets. Maison familiale, arrachée par la guerre qui avait emporté leurs ancêtres - à dix-huit ans ils sont emportés dans un pays qu'ils connaissent que de nom et voila qu'Ariana repart. Elle repart parce qu'elle brûle de cette passion pour l'existent, qu'elle veut montrer qu'il coule toujours du courage dans ses veines. Elle lèvera sa baguette contre les Mangemorts - le Daily Prophet a annoncé l'attaque au Ministère. L'attaque contre des moldus, comme Nanny qui est plus.
Il souffle, il soupire, il a les larmes aux yeux et un aveux qui glisse sur ses lèvres avec regret : J'peux pas te suivre, j'suis pas assez fort. Elle sourit à moitié, la jumelle, avant de prendre le visage de Mischa entre ses paumes chaudes. C'est une habitude entre eux, un truc qu'elle fait toujours pour cacher les maux et les peurs qui prennent la gorge de Mischa depuis qu'ils sont petits. Si elle est faite de courage, il est épris de son imaginaire torturé. T'as juste un autre chemin à tracer, mais tu l'sais, Mi. Nos chemins se recroiseront toujours. La promesse entre eux résonne dans le silence et il se sent déjà mieux. Parce qu'elle ment pas, jamais - elle a jamais su le faire avec elle.

Chiara. 1980. Ca frappe, ca craque, ca résonne. Dans sa tête, dans les murs, jusqu'aux voisins qui frappent contre le mur en gueulant des oh agacés. C'est pas nouveau, même s'ils peuvent pas s'habituer. Faut dire qu'elle tape la batteuse, comme si elle frappait les battements de son palpitant qui s'arrache pour résonner dans la tête de l'ensemble des londoniens. Ceux-là même qui passent dehors et lèvent la tête avec étonnement. Tu peux pas user un sort pour faire moins déféquer l'monde ? Qu'il demande en rentrant chez eux - chez lui qu'il se répète pour s'habituer à l'idée d'avoir une place là aussi. Sur le canapé, comme l'appartement est pas si immense non plus, mais Chiara a pas pu lui refuser cela.
Elle lui a jamais rien refusé - faut dire que depuis toujours c'est comme ça entre eux. Chiara a toujours été là, du moins d'aussi loin qu'il se souvienne. Il se dit que peut être elle a oublietté son esprit pour qu'il pense plus à l'avant. Comme c'est à Poudlard qu'ils se sont rencontrés, se rendant compte qu'ils sont plus voisins qu'ils pensaient, puis en passant toute leurs vacances ensemble. Leur vacance, leurs études, leurs soirées. Tout, ils ont tout partagé sauf l'amour - l'amour entre eux s'fait pas passionné, il est juste platonique. Ils ont tout pour se rendre heureux comme cela, sans la moindre ambiguïté - et c'est parfait. C'est toujours parfait de la retrouver, comme retourner dans sa chambre d'adolescence et sourire. J'voudrais pas qu'ils pensent que j'veux leur faire plaisir. Ils ont fait cramer mon drapeau gay, Mischatte. Ils méritent pas le repos. Il pouvait pas le nier, trouvant aucun argument pour les défendre - ils sont pas défendables - alors il prend plutôt sa guitare et gratte pour l'accompagner.
Chiara elle a nourrit l'amour de la musique autant que lui - c'est le père de Mischa qui leur a apprit tout ce qu'il savait sur ça. Chiara elle a été adoptée dans la famille Kensington - surtout quand sa mère est tombée malade, qu'elle passait du temps dans le Sud de la France pour se remettre. Ils roulaient pas plus sur l'or que les Kensington - alors l'entraide entre les deux familles est devenu naturelle. Et Mischa et Chiara sont devenus inséparables - pour ne pas dire deux morceaux d'un même palpitant, qui sonne au son des tambours.


Eden. 1970. Ca frappe dans sa poitrine, constamment. Qu'importe qu'il la voit - son palpitant la sent. Elle approche le matin quand il est déjà attablé, se presse contre lui par derrière pour l'entourer de ses bras et embrasser sa joue mal rasée, puis elle glisse sur le banc, pas loin. Collée - et il sait toujours quand elle passe les portes, quand elle approche, quand elle vient. Il le sait - son corps la réclame comme au premier jour, quand ses yeux se sont rivés sur la gamine qu'elle était et que son esprit enfantin s'imaginait déjà l'épouser un jour. Le romantisme éclatant de son esprit d'artiste s'est mué en mille chansons, poèmes et dessins rangés sous son lit. Il a pas encore osé les lui montrer - il le fera un jour, et petit à petit lui offrira ses bouts de lui sous son bol de thé le matin.
Il sourit, se tourne vers elle, prend sa main et l'embrasse. Ca palpite entre eux - ignorant les sifflements moqueurs et les coups dans les épaules des siffleurs. Ils ont leur amis pour les défendre, pour porter l'étendards de l'amour au plus haut. Il demande rien de mieux - il demande juste de l'avoir elle. Un an loin de toi ça va être l'horreur. Qu'il murmure comme souvent ces derniers-temps. Il peut pas l'empêcher - une année encore, une année puis à attendre. On devrait aller visiter des apparts' durant l'été. Je t'y attendrais pour chaque vacances, on ira juste là pour décorer et imaginer l'après. L'après sur la scène, dans la lumière des projecteurs comme ils seront musiciens sur les routes.
Ils l'ont décidé le soir où ils se sont embrassés la première fois - lui attiré par le chant de son violon dans la haute tour. Des heures à parler, à échanger, à la regarder jouer pour la lune - et espérer qu'elle joue pour lui seulement. Cette jalousie stupide qui lui a fait tourner la tête. Se pencher sur ses lèvres, lui demandant si il peut - et voila qu'à présent il peut toujours. Elle sourit juste, opine et se laisse transporter par la faim. Simplement.
Il ne réalise pas alors que c'est la dernière fois qu'il mettra un poème sous son bol le matin.

Maya. 1974. Il pleut, encore. Il pleut constamment depuis que New York s'étend sous ses pieds. C'est pas nouveau, ça dure depuis quelques temps. Il peut pas s'empêcher, portant un sourire pour pas penser à ce qu'il se joue dans sa poitrine. Il peut pas pleurer, c'était une fatalité. L'impossibilité de faire autrement, de jouer avec la vie des gens qui lui sont proches - c'est comme ça qu'il se répète encore et encore. Soupirant sur l'eau qui coule et souriant une fois dehors. Mais dedans - dans l'appartement où ils sont tous entassés, caché par le Fidelitas, il se laisse aller à être lui. A plus porter de masque - devant la photo d'Eden qu'il a avec lui, il lâche ce que son coeur réclame sans pouvoir le posséder. Elle - sortie de Poudlard sans qu'il l'attende sur le Quai.
La culpabilité lui mord la gorge pour l'étouffer, mais il lâche rien. Sa guitare prend la poussière, le piano est réduit au silence. Une touche marche plus et personne lève sa baguette pour la réparer. Parce qu'il supporte plus la musique - elle est devenue oppressante et cruelle. On n'avait pas le choix, Mish. Murmure Maya depuis sa chambre - elle l'entend toujours sa mère. C'est devenu une habitude quand il revient du travail - un énième travaille moldu pour pouvoir manger. Pour juste vivre, faire un truc pour pas perdre la tête. Pour pas penser à sa mère qui se lève difficilement à présent. Elle est couchée, encore, le sortilège marquant sa peau de veines noires qui parfois prennent le dessus sur l'hémoglobine pure. Il s'assoit à côté, prend sa main et l'embrasse. Elle aurait pu mourir comme nous. C'était la réalité, il le savait, opinant pour pas montrer qu'il peut pas parler. C'était le mieux - dans la guerre tous les coups sont permis, surtout ceux qui font mal. Et il pouvait pas perdre Eden. La perdre comme ça - il l'a perdu mais au moins elle vit.

Joan. 1980. Le retour en Angleterre c'est un foutu miracle - ça passe par les promesses d'une nouvelle ministère de voir les Mangemorts à Azkaban. Une promesse tenue pour le nom d'un tortionnaire -  enfin libéré, il a pas manqué de prendre le bateau pour revenir sur sa terre natale. En moldue, habitué depuis des années à jouer le rôle - mais les habitudes reprennent vite du côté du chemin de traverse. Comme le coût de l'existence - et comme il a foiré l'audition pour le Ministère, il a nouveau derrière les parchemins pour prendre note des témoignages d'accidents.
Joan passe - c'est sa patronne, sèche et sévère, qui manque pas de lui mettre des coups derrière la tête quand il se relâche. Mais elle sourit, en réalité, trouvant qu'il a un je ne sais quoi qui lui rappelle son mari quand il était jeune - avant d'être bourru et tordu. Un joli coeur comme toi, M. ça mérite que de battre pour l'amour. Qu'elle murmure une fois, en passant près de lui alors qu'il fixe le parchemin rempli de marques noirs. Ca lui fait étrange, comme dans sa voix perle une mélancolie - il la devine, la reconnait et l'embrasse. Il l'embrasse parce qu'il la ressent - comme ces gens qui passent à côté de l'existence en la regardant, immobile. Passant à côté de leur vie. De leurs aventures. De leurs histoires.
Elle est sèche et sévère, Joan, mais elle lui apprend qu'il doit pas rester immobile. Que s'il veut vivre, il n'y a que lui qui peut reprendre la marche de son histoire.
Ce soir-là, il retrouva Eden, encore. Après une première nuit folle, pour une seconde. Pour espérer, simplement - parce qu'il sait, l'amoureux, il sait que son histoire s'écrira pas ailleurs que dans le coeur d'Eden Cavendish.