Echo of the past || Rayzio

Parmi les locaux d’un village majoritairement -si ce n’était sans doute totalement- moldu circulaient de vieilles histoires, de celles que l’on transmet par la parole, d’une génération à la suivante. Du folklore, qui s’enracinait à moitié dans la légende, mais aussi dans un monde que les non mages n’appréhendaient pas.
Ces mythes locaux faisaient état d’une ruine perdue au milieu des bois, des vestiges très anciens d’un château dont il ne restait que ça et là quelques pans de murs qu’on apercevait entre les arbres et couverts de végétation mais qui abriterait encore des salles souterraines. L’on disait aussi que, la nuit, il se passait des choses étranges dans ces environs et que la zone était hantée.

Être intégré aux mangemorts n’avait jamais empêché l’Avery d’apprécier visiter ce genre de lieux au passé incertain, et ces rumeurs il les avait entendues car leur nouvelle cachette temporaire était aux abords de ce village. Et la vie de fuyard avait de ça d’ennuyeuse qu’elle nécessitait de rester à l’écart de toute personne susceptible de vous reconnaître, en l’occurrence de toute vie sorcière. Alors quoi de mieux pour s’occuper de que découvrir de nouveaux secrets.

La veille, Rayleigh avait fait un premier tour de reconnaissance, s’acclimatant de l’ambiance à la fois paisible et lugubre des vestiges de ce château plusieurs fois centenaires. Il n’en restait effectivement plus grand chose, et des murs seulement 5 ou 6 pans épars, les autres s’étant effondrés avec le temps, ayant dévalé une pente, ou les pierres étaient récupérées pour des constructions plus récentes. Ca lui avait également permis de repérer plus aisément les probables entrées de ces fameux souterrains dans lesquels il comptait s’aventurer ce jour.

Les deux premières encoches ne débouchèrent sur rien d’intéressant, bien qu’elles confirmèrent l’existence passée de galeries, ces dernières donnaient sur des éboulements.
La troisième, cependant, fut plus intéressante. Et pour y accéder, le sorcier avait choisi de s’éloigner un peu du château. A l’instar de l’entrée d’une petite grotte, cet orifice était creusé à même la pierre, mais encombrée d’une végétation particulièrement dense. Il n’avait fallu qu’un sort pour s’en débarrasser, et s’engouffrer à l’intérieur.
L’obscurité était totale, et obligea l’Avery à éclairer sa route avec sa baguette. Bien vite, la pierre naturelle céda sa place à une architecture totalement humaine, bien qu’effondrée par endroit ou couverte de racines noueuses. Plusieurs galeries étaient inaccessibles, bouchées par des effondrements de terre ou de gravas, mais l’une d’elle se poursuivait inlassablement, jusqu’à, enfin, déboucher sur des pièces étonnamment bien conservées. Il ne faisait aucun doute qu’elles avaient été entretenues au cours des dernières décennies, par une ou plusieurs personnes qui n’étaient pas venues depuis longtemps. Par endroit, les murs laissaient apparaître des gravures plusieurs fois centenaires, d’armoiries ou de symboles ésotériques. Des chandeliers en fer forgé et rouillés étaient renversés au sol, flirtant avec les roches du plafond par endroit manquante et des racines. Et ça et là, des parchemins, des livres dévorés de moisissure, des objets, des outils, des reliques d’un temps passé qui avaient de quoi laisser rêveur. Un environnement dans lequel se perdit le sorcier, perdant peu à peu la notion du temps qui passait alors qu’il détaillait les objets ou feuilletait les livres avec précaution… jusqu’à ce qu’un bruit, un écho, ne le tire de son monde. D’un geste, il se plongea dans l’obscurité, avant de percevoir une nouvelle lueur vacillante qui arrivait par ce même couloir qu’il avait emprunté plus tôt.
Entouré de gravas et d’objets jonchant le sol, le mangemort savait que chercher à se déplacer dans le noir risquait de le faire percurter quelque chose et dévoiler sa présence. Il prit alors le parti de rester immobile, et d’observer. Se tenant à distance de l’entrée de l’imposante pièce et à couvert d’une sorte de colonne, il avait peu de chances d’être repéré dès l’arrivée de l’intru. En outre, la lumière ne venait guère en faisceau que l’on agitait, mais bien comme un point qui irradiait. Comme une baguette, et non une lampe torche. Un de ses comparses mangemorts qui s’ennuyait ou l’aurait suivi ?  C’était probable, mais mieux valait être sûr. Et la prudence du sorcier paya, car si ce fut bien un visage connu qui se profila dans la pièce, ce ne fut en aucun cas celui d’un de ses comparses.

Les sourcils blonds de Rayleigh se froncement subitement, et il en vint à se demander si la moisissure des livres ne lui causaient pas des visions. Ezio ?!
Voir ce sorcier, ici, après tout ce temps, c’était comme faire un bond dans le passé, à une époque lointaine plus de dix années auparavant, où ils s’étaient aventurés dans une ruine comme bien souvent, et qu’ils n’avaient pas vu les mages noirs tapis dans l’ombre. Sauf que cette fois-ci, l’un des rôles avait changé. Et de jeune étudiant insouciant, l’Avery avait endossé le statut de mangemort et d’assassin. Abattre son ami ?  Il en était hors de question, mais il n’allait pas pouvoir regagner la sortie sans se faire voir, et l’auror qu’était le Grimaldi ne le laisserait en aucun cas agir de la sorte. S’enfoncer dans un couloir avec un auror derrière soi ?  La pire des idées.
Restait alors à le neutraliser d’un seul et unique sort.

Un pas de côté lui fit quitter l’obscurité, mais pas la pénombre, et lui assura une parfaite ligne de mire alors qu’il lança un sort sans qu’un mot ne lui échappe. C’était sans compter la pierre qu’il bouscula si légèrement du pied, une infime bévue, mais suffisante pour que le duelliste expérimenté qu’était Ezio ne réagisse et part le sort qui arrivait sur lui.
Un fin sourire se dessina alors sur les lèvres de Rayleigh. Son ami n’avait en rien perdu de sa superbe.