la maison aux coquillages || Fleamont & Sirius

Il ne résistait à rendre son père heureux. C'était une chose qu'il avait à coeur depuis que les Potter lui avaient ouvert leurs portes, alors qu'à quinze ans il rêvait simplement d'avoir une famille aimante autour de lui. De pouvoir être libre. De pouvoir être lui-même. Les Potter lui avaient permis de s'écouter, de faire des bêtises sans risquer de finir dans le noir, d'être écouté, de pouvoir être faible sans être fustigé, de pleurer sans être moqué, de rire et de gueuler de rage. Et d'être toujours aimé.
Alors en échange, il ne pouvait que les aimer à son tour, avec toute la force de sa loyauté.

Il était une chose qu'il adorait faire avec Fleamont Potter - bricoler. La chose était si terriblement moldue que Sirius pouvait perdre des heures à frapper sur des clous ou à scier du bois sans se lasser. Il était mauvais au début, mais depuis il avait lu des magasines et des ouvrages moldus sur le sujet. Il avait suivi des tutoriels, il avait même conçu une étagère qui se trouvait dans un coin de la chambre qu'il partageait avec Remus. Le Lycanthrope le moquait en disant qu'il n'oserait jamais poser quoi que ce soit sur l'objet mais Sirius en était trop fier pour la mettre au feu. Et le Lycan ne semblait pas décider non plus. Au contraire, Sirius avait surprit une ou deux fois un regard mêlé de fierté lancé vers l'objet.
Il se tenait là, comme un trophée.

Alors il supposait que c'est parce qu'il n'était plus si mauvais que Fleamont l'avait appelé à l'aide. Ce jour-là, ils partirent de Londres ensemble, prenant un portoloin pour rejoindre la baie anglaise. Là se tenait une maison que les Potter louaient parfois - souvent l'été - pour venir profiter de la plage privée et de la fraicheur des lieux. La maison aux coquillages était une charmante demeure, au bord de la route qui menait à une crique privée. Là, les pieds dans le sable, ils pouvaient parfois voir la mer remonter jusqu'au bord du jardin. La marée était un mystère naturel que Sirius trouvait incroyablement apaisant.
Récemment, Fleamont s'était enfin décidé à acheter la maison. Alors, chef, quels sont les travaux du jour ? demanda-t-il, incroyablement excité à l'idée d'aider son père à faire du lieux de villégiature, un espace à eux. Un endroit qui leur ressemblait.
D'être intégré à ce projet, comme un membre constant de la famille.

Et en même temps, il voyait bien que Fleamont portait les stigmates de sa fatigue. Ses yeux étaient hantés et cernés, il parlait peu - d'une voix distante, et plus le temps passait, plus Sirius se demandait s'il n'était pas là pour aider son père à libérer ce qui le tiraillait. On se prend une bière avant de commencer ? Tenta-t-il, en ignorant le fait qu'il était - littéralement - neuf heures du matin.

Quand tu as acheté la maison aux coquillages, le lendemain de la découverte de la maladie de ta femme, tu as aussi appris que des travaux seraient nécessaires et tu n'as pas eu l'envie de râler simplement car cela va t'occuper l'esprit. Que pourrais-tu faire d'autre en réalité ? Travailler et chercher une solution se trouve être stérile pour le moment alors tu as posé trois jours de repos au ministère et te voilà dans la maison aux coquillages, non loin d'un Sirius ressemblant à un chien fou et heureux de pouvoir t'aider. Quand ton fils a su alors il a proposé son aide et tu n'as pas eu le cœur de le lui refuser, sans doute car agir comme un moldu l'enchante tellement qu'il pourrait se passer de baguette pendant des mois sans trouver le moyen de s'en plaindre. Sirius est clairement du genre à savoir user de ses mains et c'est une chance pour toi, tu as vraiment besoin de quelqu'un qui n'a pas peur de se salir pour les quelques travaux que vous allez devoir faire. Rien de trop important sinon tu userais de magie mais un peu de peinture, une nouvelle décoration et du parquet à poser là où il y avait de la moquette que tu as déjà fait enlever. Quelques jours de travail, de quoi vous occuper l'esprit comme il faut et t'empêcher de penser aux angoisses et à ce manque de sommeil qui commence à te jouer sur l'humeur. Heureusement aujourd'hui pas de raison d'être agacé, juste souriant et détendu avec ce fils que tu aimes tant que tu oublies parfois que tu ne l'as pas tenu bébé dans tes bras fermes.

« On va peindre le salon et poser le parquet. Demain on termine les chambres et la maison devrait être vivable. Qu'en dis-tu ? Elle n'a pas changée en dix ans... » Dis-tu avec un regard mêlé de fierté et de mélancolie vers ce lieu où vous veniez avec James quand il n'était encore qu'un gamin pas encore étudiant à Poudlard. Les choses ont changées par la suite avant que vous ne reveniez ici comme une famille, après votre brève séparation. Tout cela te manque, c'était si insouciant et apaisant à l'époque, depuis quand ça a changé ? La proposition de bière tombe entre vous et te laisse surpris un instant avant que tu te mettes en route pour en sortir deux d'une glacière moldue que tu emportes quand vous partez en voyage. Autant se fondre dans la masse sinon il serait difficile de sortir ta baguette au milieu de la plage pour rafraîchir une bouteille bien trop chaude la seconde précédente n'est-ce pas ? « Attrape ! » Et tu lui lances la bière avant d'ouvrir la tienne et de trinquer silencieusement à ton fils présent à tes côtés et dont la présence te réconforte. « Comment tu vas ? J'ai entendu dire que le Black Dog fonctionnai bien ! Bravo fils, je suis fier de toi. » Dis-tu avec un sourire en coin, retrouvant brièvement ton visage apaisé et insouciant mais cela ne dure pas, alors que tu avales une gorgée de bière amère qui te fait grimacer.

Et parce que Sirius a besoin d'entendre que vous êtes fier de lui alors tu ne rates jamais l'occasion de le lui dire, de le lui confirmer et de le lui montrer. « Comment va Remus ? Et tous ceux que vous logez ? C'est pas trop l'bordel à l'appartement ? » Tu as perdu le fil quand Lily est venue vivre avec eux. A combien ils sont déjà ?

Arrivés devant la petite Cabane, Sirius était simplement heureux. Il n'avait jamais eu l'occasion d'avoir une relation père-fils avec Orion - puis il n'était pas certain qu'il en aurait eu envie. Alors toutes les occasions d'avoir une expérience avec Fleamont était la bienvenue. Il ne pouvait pas s'en lasser - il avait besoin de ces moments, et il pensait bien que Fleamont prenait autant de plaisir que lui. Quand il avait amené une vieille moto dans le garage des Potter, Fleamont l'avait aidé et conseillé pour la réparer - alors que Sirius doutait qu'il sache plus de choses que lui concernant les moldus. Il supposait que Fleamont lisait des magasines en douce pour pouvoir lui en parler par la suite. Il n'avait pas cherché à en savoir plus - il était bien trop ému et touché pour essayer de comprendre. Cela n'avait pas d'importance.
Alors c'était devenu une habitude entre eux, de partager ces moments. C'était plaisant, vraiment, de pouvoir simplement être là et user de leurs mains pour des travaux. Comme les moldus. On va peindre le salon et poser le parquet. Demain on termine les chambres et la maison devrait être vivable. Qu'en dis-tu ? Elle n'a pas changée en dix ans... Je saurais pas te dire, mais ça me semble un plan parfait. Dit-il avant d'aviser l'air de Fleamont. Il allait mal - le Black en mettrait sa main au feu. Alors il ne trouva rien de mieux que de proposer une bière - sans se soucier que ce soit encore le matin, et qu'ils avaient beaucoup de boulot. Les moldus faisaient cela - ils buvaient des bières sur le chantier. Attrape ! Il attrapa, ouvrit la bière, trinqua et en but deux gorgées.

Il s'inquiéta un moment de la facilité qu'il avait à boire une bière aussi tôt. Mais supposait que ce n'était pas si grave. Il y avait autre chose, d'hanter dans le regard de Fleamont, qui inquiétait bien plus Sirius que de boire à une autre aussi matinale. Comment tu vas ? J'ai entendu dire que le Black Dog fonctionnai bien ! Bravo fils, je suis fier de toi. Merci, Papa. Ca marche bien, j'ai pas à me plaindre - j'ai même pu employer un barman de plus. dit-il, la gorge serrée par l'émotion - les mots de Fleamont le touchaient droit dans le palpitant et il ne pourrait jamais vraiment s'y habituer. Il ne le voulait pas, cela.
Son affaire marchait bien. Son couple allait bien. Marlène était revenue. Lily et James seraient parents. Son frère lui parlait à nouveau. Il n'avait pas à se plaindre, son ciel n'avait jamais été si brillant. Comment va Remus ? Et tous ceux que vous logez ? C'est pas trop l'bordel à l'appartement ? Ca le sera bientôt plus encore avec un bébé je suppose. Dit-il avec un rire dans la voix. Deuxième gorgée. Remus va très bien. Il enchaine les heures mais il se plait toujours autant à travailler avec Mia. Lily brille à Ste. Mangouste et de ce que je sais Marley veut y retourner aussi. James va entamer la saison. Et Regulus... me fait des heures au Black Dog et n'a encore frappé personne. Alors j'appelle ça une victoire. Continua-t-il, sachant comme il était important pour Fleamont d'avoir des nouvelles de tous.

Mais pour une fois, Sirius ne se montra pas si égoïste, se tournant vers son père - de coeur - pour le regarder plus attentivement encore. Est-ce que si je te pose la question, tu vas me dire sincèrement comment toi tu vas ?

Alors le sujet est réglé, vous allez commencer par la peinture et le parquet puis vous terminerez demain, ce qui t'aidera parfaitement à avoir l'esprit dégagé de toutes les pensées parasites qui arrivent dans tous les sens depuis que tu sais. Tu voudrais faire plus mais tu as l'impression de n'avoir que six mois devant toi, six mois avant que Euphémia abandonne son poste de chef des aurors qu'elle a réussie à atteindre non sans mal, avec du travail, de la persévérance et des sacrifices, pour retomber dans un quotidien qui sera agréable au début mais si coûteux par la suite. Ta femme n'est pas du genre à s'installer dans un fauteuil toute l'après midi pour lire, elle est active et si elle s'accorde du repos parfois ça ne va pas plus loin qu'une sieste d'une heure. Comment dire alors que ce sera compliqué d'avoir vos journées pour vous tout seul, quand elle aura l'impression de perdre du temps ? Car ça viendra ce sentiment de tourner en rond et de perdre le temps qu'il lui reste, tu le sais. Et quand Mia s'ennuie alors elle pense et dans son cas, penser ne lui apportera rien de bon. Ca te dévore déjà de te dire que la tâche, la recherche sera ardue mais pas impossible. Le résultat par contre... Tu secoues la tête avant d'avaler une gorgée de ta bière non sans poser les yeux sur ton fils. Sirius est devenu un homme maintenant, il a abandonné la rage des adolescents pour adopter la maturité des adultes et si ça le change malgré tout, tu restes on ne peut plus fier de lui car tu sais comme c'était dur pour lui de changer, de grandir, de simplement avancer. Il n'est pas encore sorti d'affaire mais ça va mieux, c'est ce qui te frappe en premier.

« Pas mal, ça. Si tu as les moyens d'employer un barman en plus c'est que ça fonctionne bien. Tu as l'âme d'un gestionnaire... Ca ne m'étonne pas ! » Dis-tu non sans fierté tout en posant sur lui, un regard fatigué mais plein de vigueur encore. Tout le monde est sur une bonne voie n'est-ce pas ? Vos enfants avancent, leur vie se dessinent lentement alors tu ne pourrais pas être plus heureux de ce côté là. « Alors tout va bien... Et tu vas être tonton. Alors ça fait quoi ? » Dis-tu sans t'attarder sur le fait que Remus travaille avec ta femme mais que cela va changer évidemment. Rien n'est fait pour durer, il faut juste que tu sois patient et que tu mettes ton angoisse de côté pour laisser à ta femme le temps de trouver un successeur. La question de Sirius ne te surprend pas, il a toujours eu un don certain pour lire à travers les autres malgré ses airs de gros durs et d'égoïste, comme il voulait se le donner. Pourtant c'est quand même Sirius qui a toujours pris le temps de vous envoyer des lettres quand il était à Poudlard, pour vous tenir au courant de la vie de chacun, surtout quand James courait après la belle Lily maintenant enceinte. Pas si égoïste que ça, votre fils adoptif. « Depuis quand t'es devenu si adulte, que tu m'demandes d'être sincère sur mon état ? » Que tu demandes pour détourner l'attention une seconde puis tu perds ton sourire de façade, tes yeux se voilent d'une tristesse que tu contiens bien difficilement mais que tu ne laisses surtout pas sortir devant Mia. « Je pourrais te dire que ça va mais en réalité, c'est difficile. Je vis la mort de Harry aussi violemment que celle de mon fils, à l'époque. Nous avons perdu beaucoup de camarades, ça fait énormément de deuil à gérer. Et même si Harry nous a évité la dragoncelle, Euphémia et moi... Ce n'est pas sans conséquence. » Dis-tu en faisant tourner ta bière d'un mouvement inconscient, le liquide ambré se met à mousser légèrement. Tu avales une gorgée comme pour te donner du courage.

« Mia a commencée à avoir des picotements aux doigts il y a quelques semaines. Elle a fini par faire des examens et elle est atteinte de Rochelune. D'après le médicomage, elle a six mois pour encore user de magie pure tel que les transplanages, après cela elle devra arrêter au risque de voir la maladie progresser plus vite et l'emporter dans moins de deux ans. Elle cherche déjà un remplaçant... Si elle use de magie simple et élémentaire alors, elle devrait avoir six ans maximum. Je cherche déjà une solution mais... C'est une maladie complexe. Et j'ai le moral au plus bas, j'ai du mal à me dire qu'il y aura une solution au mal qui la ronge. » Tu dis tout cela d'une même traite car si tu t'arrêtes, tu sens que tu ne vas pas reprendre sans t'effondrer. Heureusement une nouvelle gorgée te fait repartir de plus belle. « James vient d'être mis au courant mais pour le moment on reste discret. C'est pour ça que je viens d'acheter cette maison, je veux que Mia profite, je veux qu'on pense à nous, tu comprends ? » Pas que tu n'aimes pas tes enfants mais pour la première fois de votre vie, tu veux faire en sorte qu'il n'y ait que vous pour une fois. « Elle l'avait vue, lors d'une vision. Elle s'était vue se transformer en pierre... Elle n'a pas compris au début et moi non plus. J'ai peur de ce que l'avenir nous réserve. La dernière fois qu'elle a eut une vision c'était concernant la mort de Harry et cela s'est produit alors si elle se voit se transformer en rocher c'est que... Peut-être... » Alors tu ne dis plus rien, tu lèves les yeux pour regarder la mer devant vous sans rien ajouter. Alors peut-être la vision est plus vraie que tout ce que tu pourrais imaginer.

Pas mal, ça. Si tu as les moyens d'employer un barman en plus c'est que ça fonctionne bien. Tu as l'âme d'un gestionnaire... Ca ne m'étonne pas ! Il lâche un rire sonore, Sirius, parce qu'il sait pertinemment qu'il n'est pas le gestionnaire de l'affaire. Il est doué, assurément, pour trouver des bons fournisseurs, pour négocier les tarifs et pour créer une ambiance. Il suppose que c'est pour cela que le Black dog fonctionne - en partie - mais si cela ne tenait qu'à lui il achèterait tout et n'importe quoi, pour le seul plaisir de le proposer sur la carte. Être le pub le mieux et le plus fourni de Grande Bretagne, n'avoir pas un alcool qu'ils n'auraient pas justement. Mais heureusement, il a Andromeda avec lui, sa cousine s'assurant qu'ils aient de la trésorerie avant de tout cramer en nouveauté. Elle met Sirius à sa parfaite place pour qu'elle soit rentable, mais dans l'ombre c'est elle qui mène l'affaire d'une main de maitre. On pourra plutôt remercier Andy pour ça. Assura-t-il, désireux de rendre à chacun sa gloire. Il prend la sienne avec plaisir, surtout à présent que cette seconde chance se joue si parfaitement.

Alors tout va bien... Et tu vas être tonton. Alors ça fait quoi ? Il sourit une fois encore, la joie cessant pas d'être intense dans sa poitrine. Il était heureux d'apprendre qu'il serait tonton, parrain pour être même plus exacte, parce qu'il n'existait pas un monde où il ne serait pas le parrain du premier né Potter. C'est si exaltant. Je veux dire... Je vais être tonton, parrain même, et j'ai juste hâte de rencontrer ce gamin-là. Qu'importe qui il sera, j'suis déjà convaincu que je vais l'aimer. Parce que c'était aussi un fait qu'il ne voulait pas mettre sur les épaules de Lily : ils avaient aimé Harry, le temps où ils l'avaient rencontré, mais ils n'étaient pas assuré que ce soit encore Harry qui vienne au monde. Qu'importe, ce bébé sera aimé tout autant. Depuis quand t'es devenu si adulte, que tu m'demandes d'être sincère sur mon état ? Ca fait partie de la thérapie. dit-il, ce qui n'était pas totalement faux - être attentif aux autres il savait l'être, mais à présent il apprenait aussi à s'effacer pour leur laisser de la place dans son esprit. Je pourrais te dire que ça va mais en réalité, c'est difficile. Je vis la mort de Harry aussi violemment que celle de mon fils, à l'époque. Nous avons perdu beaucoup de camarades, ça fait énormément de deuil à gérer. Et même si Harry nous a évité la dragoncelle, Euphémia et moi... Ce n'est pas sans conséquence. Il opina, entendant dans les paroles de son père la voix de la fatalité.
Il savait, évidemment, que tout cela ne serait pas sans conséquence. La magie avait son équilibre, et en venant dans leur monde, Harry l'avait sacrément perturbé. Ils étaient saufs, mais à présent ils allaient devoir en payer le prix.

Euphémia la première.
L'apprendre était douloureux, terrifiant, injuste.
Sirius écoutait les paroles de Fleamont en fixant le vide devant eux. Il ne voyait plus rien de la mer qui allait et venait, il n'entendait plus le bruit des vagues ou les moqueries des mouettes. Il n'entendait que les paroles terribles de son père adoptif, et la fatalité qui frappait les Potter une fois encore. Euphémia était mourante.
La rochelune, il savait ce que c'était - en théorie. Il l'avait appris comme l'apprenne parfois les enfants, avec la douloureuse nouvelle de la mort d'un membre de la famille. Les Black mourraient de tout - surtout de leur noire magie les dévorant. La Rochelune avait emporté son arrière grande tante à l'époque - il n'en n'avait pas fait cas, après tout il ne l'aimait pas. James vient d'être mis au courant mais pour le moment on reste discret. C'est pour ça que je viens d'acheter cette maison, je veux que Mia profite, je veux qu'on pense à nous, tu comprends ? Il opina, se forçant à inspirer et expirer profondément pour ravaler la boule d'émotion qui avait saisit sa gorge à la nouvelle. Sa mère adoptive était mourante. Deux ans ou six, cela n'était pas assez. Cela ne le serait jamais. Elle l'avait vue, lors d'une vision. Elle s'était vue se transformer en pierre... Elle n'a pas compris au début et moi non plus. J'ai peur de ce que l'avenir nous réserve. La dernière fois qu'elle a eut une vision c'était concernant la mort de Harry et cela s'est produit alors si elle se voit se transformer en rocher c'est que... Peut-être.. Ne pense pas à cela. Gronda-t-il, la boule dans sa gorge risquant de le submerger. Il ferma les yeux, inspira profondément, pris sa bière et la but entièrement. Le liquide ambré fit son oeuvre - il sentit les larmes se tarir et il put prendre contenance.
Assez pour parler - mais son sourire s'était fané. Elle n'a pas pu l'empêcher pour Harry, cela ne veut pas dire qu'elle ne peut pas l'empêcher pour elle-même, ou que nous ne pouvons rien faire. Je veux dire... On a vaincu l'impossible plus d'une fois, on peut le faire encore. Pour Mia - surtout pour Mia. Assura-t-il, se relevant comme s'il ne pouvait plus supporter d'être assis. Agité, soudainement, fougueux et fiévreux de trouver une solution, de se mettre en chasse de suite. On peut la sauver - il n'est rien qu'un Potter ne puisse pas faire, ça ne serait pas la première qu'on déjouerait tous les pronostiques. Je veux dire : ça peut pas être plus dur que de devenir animagus à 14 ans. Làcha-t-il pensant à haute voix sans penser aux conséquences. La Rochelune, je crois pas connaitre grand chose sur ça mais Lily nous aidera - cette fille est un géni dans son domaine, elle fera les recherches pour, et Remus, James et moi on cherchera un remède - qu'importe si on doit aller au bout du monde pour ça. On la sauvera, Flea. Ensemble, on la sauvera.

Andy, le nom de la cousine Black vient entre vous deux et tu as encore du mal à réaliser que Sirius a quand même retrouvé une partie de sa famille. La moins idiote assurément, malgré tout ça te fait plaisir pour lui car c'est un gamin qui manque cruellement d'attention et de chaleur humaine, malgré ce que vous avez tenté de lui apporter lors de son arrivée alors cela ne semblait pas assez. Comment remplacer toute une adolescence de privations et de violences, quand on ne comprend pas bien ce qu'on fait de mal si ce n'est ouvrir la bouche pour laisser échapper des paroles qui dérangent les adultes ? Impossible, cependant le voir qui travailler avec Andromeda et son frère, même si tu te méfies encore de ce dernier, te fait assurément plaisir. Sirius n'est plus seul et il avait besoin des siens, même si vous êtes sa famille adoptive alors il n'en reste pas moins un Black et renouer avec quelques membres les moins idiots de la famille ne peut que lui être bénéfique. « Évidemment, on l'aime déjà. » Dis-tu avec un petit rire, alors que la nouvelle génération se met en place elle aussi et que l'avenir semble rayonnant pour vos enfants. Tout s'arrange finalement et le pire semble derrière vous. Enfin tant que tu ne parles pas vraiment du mal qui ronge ton épouse et qui devrait apporter une ombre à ce tableau parfait que peignent tes enfants. Mais il faudra l'aborder, ils doivent savoir eux aussi.

Mais parler de la maladie de ta femme rend tout cela plus vrai, plus ancré, plus violent aussi. Et à mesure que tu parles c'est une boule qui se fait dans ta gorge, jusqu'à ce que tu ne puisses plus formuler un seul mot alors tu bois une gorgée puis deux, puis trois. Pour te donner un peu de courage, encore un peu alors que tu sembles facilement en manquer. Il est loin le lion, la fierté du Gryffondor qui ne baissait jamais la tête. Tu as l'impression d'être épuisé, essoré par une vie à te battre pour au final être rattrapé par la fatalité. Tu n'es plus qu'un vieux lion qui attend, au soleil, que les vautours se jettent enfin sur lui. « Je suis obligé d'y penser. Je n'ai pas le choix, ça tourne toute la journée. » Et ça te terrifie alors tu cherches déjà des solutions sans grande réussite cependant, tous les médicomages assurent qu'il n'y a pas de remède, les livres aussi. « Pour le moment je n'ai rien trouvé. Il me faudra chercher dans les méthodes étrangères ou la magie... Attend, quoi ?! » Que tu dis en relevant la tête, ayant l'impression d'avoir soudainement mal entendu alors que tu te redresses. « 14 ans ?! Et qui d'autre est animagus ? Pourquoi faire ? » Que tu demandes en cherchant à capter le regard de ton fils adoptif afin qu'il ne te mente pas. La révélation vient d'être lâchée, tu refuses qu'il passe à un autre sujet comme si celui-ci n'était pas de la plus haute importance.

« Sirius... Regarde moi. » Que tu dis après avoir posé ta bière. Tes mains trouvent leur place sur les épaules de ton fils pour le regarder, l'ancrer dans le sol, pour qu'il se calme et cesse de s'agiter partout soudainement. « Nous avons le temps et je compte entièrement me consacrer à cette quête, d'accord ? Si je peine ou si j'ai besoin de vous alors... Alors je vous demanderais. Mia a six mois pour arrêter son boulot de chef afin que la maladie ne fasse pas une brusque accélération, d'accord ? Nous avons du temps devant nous, la maladie est découverte rapidement alors cela nous donne un net avantage sur la magie. D'accord ? » Sous entendu il a sa vie et tu comptes bien le voir vivre au lieu de s'enfermer dans des ouvrages pour chercher une solution. Ce n'est pas son rôle, ce n'est pas ce que tu attends de lui pour le moment. « J'attends de vous que vous fassiez comme si rien n'était, elle ne supporterait pas de se sentir diminuée. Tu peux faire ça pour nous, fils ? » Et tu lâches ses épaules pour reprendre ta bière et une nouvelle que tu ouvres d'un coup de magie informulée. « Je vais peut-être chercher auprès des créatures ou des magies du sang. Après tout c'est sa propre magie qui la dévore, cela veut peut-être dire qu'elle n'est plus stable et qu'il faut la stabiliser de nouveau ? »

Les moments qu'il pouvait passer avec son père adoptif étaient précieux. Il ne pouvait pas le nier : il aimait se sentir proche de Fleamont, savoir qu'il pouvait lui parler de tout, partager ses pensés et ses intérêts, et qu'il ne serait pas jugé ou dénigré pour cela. Que jamais Fleamont ne prendrait la décision d'utiliser ce qu'il aime contre lui - pour le rabaisser ou l'humilier en public. S'il était un homme qu'il aimait prendre en exemple, s'imaginant un jour devenir un père tout aussi exemplaire, c'était lui. Il était heureux de pouvoir le connaitre, de pouvoir grandir à ses côtés - il réalisait sans mal la chance qu'il avait d'avoir été pris sous l'aile des Potter.
Savoir qu'Euphémia était malade était un choc. Une cruelle destinée qu'il refusait de voir s'abattre. Il était comme les enfants encore jeunes - il pensait que ses parents étaient invincibles. Ce qui était un comble, quand on savait que son père biologique avait été enterré quelques mois auparavant. Orion mort, cela n'était que libération. Euphémia malade, c'était impossible, tout simplement. Tu ne dois pas penser au pire en constance - le pire n'est pas encore là. Assura-t-il, espérant rassurer son père - en parlant plus vite qu'il ne réfléchissait.

Comme souvent, pour ne pas dire toujours. Il lâcha le secret qu'il gardait depuis longtemps, comme ça. Sur un bout de phrase malheureuse qu'il espérait pouvoir faire oublier rapidement. Mais Fleamont n'était pas dupe - moins encore sourd. C'est.. hypothétique ? J'veux dire, c'est pas comme si c'était... coincé, difficile pour Sirius de se sortir de cette situation. Il tenta alors le tout pour le tout, offrant un sourire immense à Fleamont, comme pour lui dire Désolé mais je peux rien dire de mieux, alors je t'offre un sourire pour illuminer ta journée. Pas que cela marcherait, sans doute. Fleamont était plus coriace que cela encore. J'aurais pas dû dire ça, ça m'a échappé. Admit-il, en serrant les dents. On voulait juste savoir si on était capables de le faire. Et on était capable de le faire, voila tout. tenta-t-il, pour essayer - au moins - de cacher le fait qu'ils avaient appris à être animagus, convaincus que si un loup-garou attaquait uniquement les humains, alors les animaux seraient sans doute épargnés. Une logique implacable qui s'était avérée vraie.

Yeux dans les yeux, il se plongea dans les émotions de Fleamont et les partagea bien rapidement. La maladie était là, l'ennemie à abattre pour le jeune Black, et bien que son père ne l'entendait pas de cette oreille, cela ne changeait pas grand chose pour lui. Tu n'as pas à être seul dans cette recherche. Pas alors que ton rôle c'est d'être auprès d'elle, pas aux quatre coins du monde pour chercher à la sauver. Parce qu'il était logique pour Sirius de voir Fleamont auprès de sa femme plutôt qu'à la fuir pour la sauver - et s'il n'y arrivait pas ? Et s'il échouait ? Et s'il était trop tard. Il aura perdu les derniers mois à courir après une chimère. Je peux agir comme si tout allait bien - mais laisse moi aider. grogna-t-il, sentant la frustration commencé à faire son chemin dans sa poitrine. Comme aujourd'hui. On la retape pour elle pas vrai ? dit-il en se tournant vers la maison.
Et peut être qu'user d'un peu de magie ne serait pas une mauvaise idée finalement. Pour aller plus vite, pour ne prendre le risque de perdre aucun moment. Finalement Fleamont partagea un peu de ses réflexions et Sirius en était heureux - il essaya d'y réfléchir rapidement pour trouver au moins une piste de recherche viable. Tu penses que cela a... enfin, tu penses que la venue de Harry a créé un déséquilibre dans la magie qui a ce genre de répercutions maintenant ?

Le pire n'est pas encore là certes, tu apprécies l'optimisme de ton fils adoptif mais la réalité va vite vous rattraper, ton épouse est malade et tu ne sais pas encore comment la soigner, l'aider, la soulager comme il le faudrait. Et ça te bouffe de l'intérieur de te dire que tu n'as pas les armes en main pour aider ton épouse, pour donner à tes fils une mère encore quelques années, pour que cela ne soit pas le début de la fin mais juste d'un nouveau jour encore plus beau que le précédent. Et si tu dois faire en sorte que Euphémia vive encore plus fort, encore plus intensément chaque journée alors tu peux le faire. Qu'en est-il de la maladie malgré tout ? Savoir qu'elle sera toujours là, dévorant ton épouse lentement comme un poison dans ses veines, ça te tue en réalité. Parce que pour la seconde fois tu n'aurais aucune solution à cela, si ce n'est de voir la scène sans pouvoir réagir vraiment. Tu te retiens de dire à ton fils que le pire sera rapidement là malgré tout mais tu gardes le silence, tu apprécies son optimisme à toute épreuve ou du moins sa capacité à se dire que non, il y aura encore des solutions mais qu'il faut juste les trouver. Pas que tu n'y crois déjà plus, les médecins sont pourtant tellement peu optimistes à ce sujet que tu ne sais pas encore qui croire.

Sauf que les révélations permettent aussi à ton fils de t'avouer une chose que tu ne savais pas, le fait qu'il soit animagus et tu devines sans mal que si lui l'est alors tous les autres le sont aussi non ? Ils ne faisaient rien les uns sans les autres, c'est presque si ils n'allaient pas tous dans les même options afin de ne jamais s'abandonner trop longtemps. Tu soupires, épuisé soudainement d'avoir deux fils aussi inconscient. « Si on vous arrête alors c'est direct Azkaban au pire, voire une amende et une enquête. Remus pourrait finir enfermé à cause de son petit secret, si on enquête à son sujet. » Que tu dis en fermant fort les yeux comme si ça te causait de la douleur de dire cela. Tu sais qu'ils doivent connaître les risques mais le rappeler te fait du bien, après tout il y a quelques mois encore tu étais un représentant de la loi toi aussi non ? « En quoi tu te transformes ? Et les autres ? Ho et puis laisse tomber ! » Que tu finis par demander en tournant vers lui un regard bien plus pétillant qu'il ne le faudrait parce que c'est aussi encourager tes fils, que de les admirer pour ce qu'ils osent faire.

Mais le sujet de la maladie revient bien vite entre vous et si c'est douloureux d'en parler, ça l'est encore plus de se rendre compte que ton fils a raison. Courir après un remède te ferait perdre du temps et il est bien trop précieux, quand on sait Euphémia malade. Et tu ne peux pas gâcher chaque journée à chercher sans savoir justement où chercher pour trouver. « Bien-sûr que tu peux aider. T'es plus un gosse, j'aurais besoin d'mes fils cette fois-ci. J'ai plus la même santé qu'avant, j'suis un vieux maintenant ! » Dis-tu avec une pointe d'humour pour alléger l'atmosphère mais ça te fait un peu déprimer finalement, parce que tu réalises que tu as passé presque toute ta vie à combattre. Les visions de ta femme concernant Harry, les ennemis, les mangemorts, l'avenir implacable vous concernant et maintenant la maladie. C'est fatiguant. « Oui, elle adore cette maison et nous n'y sommes pas venus depuis quelques années. A l'époque on la louait tous les étés au moins deux semaines et puis... James a grandi et Mia est devenue chef, nous n'avons plus eu le temps. Je veux qu'elle soit à nous maintenant... Et si on ne profite pas de tous les gallions accumulés justement pour vivre, à quoi ça sert finalement ? » Tu n'as pas envie que ta femme ne vive pas tout ce qui lui est possible de vivre, juste parce qu'elle n'aura pas voulu s'arrêter quelques minutes.

« Je ne saurais pas dire. La magie est une juste instable que l'on étudie encore même si on l'utilise tous les jours. C'est une chose mystérieuse, difficile à comprendre... Alors je ne serais pas surpris de découvrir que la venue d'Harry, aussi bénéfique qu'elle ait été, soit finalement une catastrophe pour l'équilibre fragile de notre monde. » Et tu te passes une main dans les cheveux, d'un air absent parce que tu réfléchis. « Nous aurons dû mourir de la dragoncelle et finalement c'est une autre maladie qui menace Euphémia... C'est étrange comme coïncidence. » Tu termines la fin de ta phrase dans un murmure avant de finalement observer la maison et prendre conscience de tout ce qu'il reste à faire. Alors après une dernière gorgée de bière, tu te relèves pour aller travailler. T'apitoyer ne va pas faire avancer les travaux après tout.

Ils se battront, c'était une certitude pour Sirius. Pour Euphémia, pour le monde magique, pour l'avenir. Ils se battront avec les armes parfaites qu'ils possèdent tous - et Sirius était fier de savoir qu'ils étaient d'assez bons sorciers pour être devenus animagus à 15 ans. Si on vous arrête alors c'est direct Azkaban au pire, voire une amende et une enquête. Remus pourrait finir enfermé à cause de son petit secret, si on enquête à son sujet. Rien de nouveau sous le soleil, mais Sirius devinait que Fleamont jouait là son rôle de père et il était presque touché qu'il le fasse. Cela fait six ans - personne ne s'est jamais douté de rien à Poudlard, c'est pas aujourd'hui qu'on va se faire remarquer. Du moins pas selon Sirius qui considérait que dans la foule de la vie magique ils étaient encore mieux cachés qu'ils ne l'étaient dans les murs de l'école de magie. Ils avaient été prudents jusqu'à présent - la chose avait échappé à Sirius sans qu'il ne puisse vraiment l'expliquer. Il avait été idiot, un court instant, mais ne reproduirait pas cette erreur. En quoi tu te transformes ? Et les autres ? Ho et puis laisse tomber ! Il lâcha un rire, avant de lancer un clin d'oeil à son père : On te montrera ça un jour. Dit-il pour promesse - puis parce qu'il était bien trop excité à l'idée de montrer à Fleamont ce qu'il était capable de faire.

Il était fier de lui-même, vraiment. Il doutait pas de ses capacités, moins encore quand cela valait le coup. Comme pour sauver Euphémia - il s'y attendait, après tout. Ne l'avait-il pas dit à sa psychothérapeute : quand tout semblait aller bien, c'est que la vie préparait une catastrophe pour rétablir l'équilibre du monde. Trop de bien faisait autant de mal que trop de douleurs. Nous aurons dû mourir de la dragoncelle et finalement c'est une autre maladie qui menace Euphémia... C'est étrange comme coïncidence. Sirius ne répondit rien de plus - c'est bien ce qu'il pensait depuis un temps, ce qu'il craignait pour dire et il commençait à penser qu'ils avaient fait quelques chose d'atroce pour le monde magique, espérant ne pas le voir s'effondrer.
Finalement, Fleamont se leva, préparant les outils qu'il avait apporté pour commencer les travaux et Sirius fut plus que ravie de pouvoir le suivre dans cette nouvelle tâche pour un avenir plus doux.

the end.