[Regurius] Frère colère

 
Lion en cage tourne, rage peignant ses veines bouillonnantes. Feulement accroché entre ses lèvres, l'immobilité ne fait qu'empoisonner davantage ses nerfs. Il attend, il ne sait plus depuis combien de temps, l'arrivée de son frère dans son bel appartement; celui-là même que Sirius lui a offert lorsque le cadet a exposé son désir de quitter leur demeure familiale pris en otage par un Ordre qui ne l'intéresse pas. Ayant perdu son titre de prisonnier, Regulus chercher à embrasser sa liberté sans perdre la tête, cherche à se reconstruire, mais comment peut-il y arriver avec un viking brûlant à ses côtés ?

Arcturus, son nouveau chat de compagnie, exprime un miaule fatigué devant l'attitude de son humain. Regulus ne l'entend pas, il n'entend rien. Plus facile de nourrir une sourde colère envers son frère plutôt que de s'asseoir et analyser ses sentiments. S'il prenait la peine de le faire, il pourrait mettre le doigt sur ce qui lui fait mal : le fait de devoir à nouveau un sortilège silencieux sur sa chambre, pour ne pas que son colocataire soit réveillé par ses cauchemars, être mis au pied du mur par sa cousine alors qu'il souhaitait lui parler lorsqu'il serait prêt (il ne l'aurait peut-être jamais été), ce sentiment de trahison qui l'habite devant l'attitude désinvolte de Sirius à son égard.

Car pour lui, les quelques actions de son aîné sont des actes irréparables. Dramatique être autant que frappé de folie, traits typiques des Black au passé trouble. Regulus souhaite le respect et la considération, il a l'impression que Sirius balai le tout sous un tapis comme si cela n'avait pas d'importance. Ils tentent d'avoir une relation saine de nouveau, de trouver un équilibre entre ce qu'ils ont été gamins, ce qu'ils ont été adolescents et les jeunes hommes qu'ils sont aujourd'hui. Leurs parents ont brisé chacun des frères, brisé leur lien qui fut un jour plus fort que n'importe quoi; un lien que Regulus ne se remettra jamais d'avoir perdu, ne cessera jamais de se battre pour ravoir.

Le nomme-t-il ? Non. Il n'y arrive pas, il ne le souhaite pas. Surtout, il ne sait pas comment faire, brise et blesse plus facilement qu'il ne soigne. Un jour, il sera peut-être trop tard, un jour, à force de réparer les pots cassés, même la magie n'arrivera plus à recoller les bons fragments ensembles. Regulus craint de perdre son aîné, encore plus maintenant qu'il l'a retrouvé. Malgré cela, quand enfin il se trouve face à lui, c'est un regard meurtrier qu'il offre en salutation. « C'est écœurant comme tu ressembles à nos parents, » crache-t-il, venimeux, avant de croiser ses bras sur son torse pour éviter de lui sauter à la gorge.

 C'est pas souvent que Sirius monte les marches de l'escalier qui mène au-dessus du Black Dog. L'espace aménagé mit en beauté pour plaire à son cadet est à présent à Regulus, plus seulement à lui. Il y a encore une salle, une pièce de réserve utilisée pour des bouteilles ou des verres neufs - parfois Sirius y passe la tête, mais heureusement elle se trouve sur le pallier, lui évitant de rentrer dans l'appartement pour voir le cul de son frère dépressif qui s'agite pour essayer de survivre. Il sait comme le monde est éreintant pour Regulus - il l'entend dans les retours parfois surpris des clients qui se demandent pourquoi ce gamin ne sourit jamais. Ou alors avec ce sournois sarcasme, marqueur de la vie qu'il rit pour ne pas se mettre à pleurer. Sirius répond jamais - un haussement d'épaule, un regard vers le ciel, un ah la jeunesse jetée en imitant la voix des grandes personnes. Ou parfois, quand vraiment son humeur se fait taquine, il justifie en la mode est aux mauvais garçons, non ? le comportement de son cadet devant la clientèle.
Il a ses fans, Regulus, il fait le job convenablement et Sirius voit pas à aller lui hurler dessus parce qu'il est moribond. C'est un Black, après tout, il devrait pas attendre mieux de lui, et il trouverait terrifiant de voir un Regulus avec la gueule toujours joyeuse.

Mais parfois il passe la barrière de l'intimité de son frère - quand ce dernier avec tout son panache, lui fait délivrer une invitation avec exigence d'heures. Pas que Sirius ait jamais fait cas des heures, il y arrive quand il y arrive, se pointant sans se soucier de l'agacement des autres et soutient qu'une diva sait se faire désirer. Un truc qu'il a entendu dans la bouche de plusieurs moldus durant les soirées qu'ils organisent dans son bar. Il utilise plus souvent des expressions moldues depuis quelques temps - ce qui le rend terriblement heureux.
Entrant cette fois dans l'appartement, il le retrouve en étant chaotique - même le chat miaule dans un coin comme s'il était en souffrance de voir Regulus allait et venir avec la gueule des mauvais jours. C'est écœurant comme tu ressembles à nos parents C'est ainsi que se lancent les hostilités et Sirius le reçoit avec l'air agacé. Si son cadet avait décidé de jouer les révoltés aujourd'hui, il n'avait jamais été du genre à recevoir les coups sans rien dire : Dans ma tendance à l'inceste, à la violence ou à la magie noire ? Demanda-t-il, serrant ses bras sur son torse pour se poser en face de Regulus sans baisser le regard. Ils avaient réussit à trouver un semblant d'équilibre - pensait-il - ces derniers temps. Mais si Regulus avait choisi la violence ce jour-là, alors Sirius ne lui ferait pas le plaisir de lui refuser un bon duel. Que me vaut cette entrée magistrale, Reggie ?

 
En plus de la colère, il y a le whisky. Un estomac de moineau depuis des mois, la bouteille qui se joue meilleure amie. Elle dilue ses sens, broie sa douceur, sa logique. Empoisonne, mais de tout mettre sur son dos est un échappatoire. Le poison, il le porte en son être et, plus souvent qu'autrement, il attaque pour fuir son reflet dans le miroir. Regulus n'a jamais demandé à son frère si, parfois, il se sent pareil. Monstre à la gueule d'ange, folie brillante au fond d'yeux gris.

Aujourd'hui, cependant, il a tous les droits d'être en colère. Sa paix brisée, il a imposé la retrouver, même si cela n'a pas été facile. Mettre dehors un viking récalcitrant, c'est un exercice que Regulus se serait bien passé. Quand enfin Sirius daigne se présenter, Regulus attaque, voit le visage de son vis-à-vis changer. Qu'importe, il est là pour faire couler le sang. Logique? Non, car son désir serait tout autre, s'il osait s'ouvrir plutôt que de tout enfouir. « Dans ma tendance à l'inceste, à la violence ou à la magie noire ? » Une pause, juste assez longue pour continuer à contenir sa rage dans sa cage. Alors que tout sans tête tourbillonne, tourbillonne, tourbillonne. « Dans ta tendance à utiliser et imposer à ta famille, » feule-t-il, voix basse, dangereuse. Contenue comme le calme avant la tempête. Arcturus le sent car, finalement, il quitte son chaud perchoir pour fuir dans une autre pièce.

« Que me vaut cette entrée magistrale, Reggie ? » « Toi, » siffle-t-il, toujours sur le même ton. Car n'est ce pas là tout le problème ? Sirius, son tout, tout ce qu'il représente aujourd'hui et tout ce qu'il a représenté avant ? Tout ce qu'il a volé à son petit frère, au profit de sa propre survie ? Oh, ça, Regulus ne lui en veut pas... vraiment. Il peut dire le contraire, s'il souhaite marquer le coeur de l'aîné au fer rouge, mais il comprend. Il ne serait pas resté pour lui-même non plus. Les pensées qui volent dans tous les sens, la bouteille ouverte et à moitié pleine de whisky sur sa table basse qu'il se force à ignorer. Trop, trop de colère et de pensées pour une simple colocation. Un trop-plein, qui se voit plus facile à déverser sur son frère aîné. Une tristesse inutile, de ne l'avoir vu à l'hôpital après le désastre d'Halloween. Ni lui, ni J- « Cet appartement est mien. Qu'importe qu'il soit au-dessus de ton bar. T'as AUCUN droit de louer la chambre supplémentaire à un foutu inconnu. » La puissance de sa voix augmente, finalement, au même titre que la lueur dangereuse au fond d'ses yeux. L'air s'épaissit autour d'eux, la magie puise dans les émotions fortes. « Je l'ai foutu à la porte, et je vais faire pire si jamais tu recommences. »

Il pourrait partir. Il pourrait partir dès maintenant et oublier cette grosse erreur qu'est de tenter de reconstruire quelque chose avec son frère aîné. Il pourrait, ça serait si facile et, avec peu de pratique, il pourrait faire comme avant et prétendre que ça ne lui fait pas mal. Est-ce pour ça qu'il se prend la tête avec lui ? Pour éviter les émotions, les vraies qui se cachent sous une colère sourde, trop facile, qui demandent trop d'efforts ? Peut-être qu'il ne sera jamais capable d'être sain émotionnellement, après tout. Pour l'heure, il feule, grogne, ne réfléchit pas. Agit, comme toujours, le poison sur la langue, digne Black façonné de noir.

Le Black enragé vaut un autre Black enragé - les frères sont pas à leur première engueulade, après tout ils ont mis par terre une salle d'entrainement à Poudlard à force de mots violemment hurlés et de sortilèges envoyés pour compenser leurs palpitants désarçonnés. Sirius recule pas quand Regulus se met à feuler - il reculerait pas contre un mangemort capable de le tuer, moins encore face à son cadet. C'est ainsi que leur relation a été la plus longue. Quand ils étaient incapables de se parler sans hurler. Alors même si on coeur rate un battement, il sort le boucler et l'épée sans une seconde de réflexion. Une habitude, d'instinct, pour mordre avant d'être mordu, d'user de sarcasme pour se défendre, il sait comment jouer à ce jeu-là. C'est presque retrouver une habitude ancienne, rassurante bien que blessante à bien des égards. Là ils savent tous les deux comment se comporter - ils se jettent dans la bataille sans mal, et le réconfort que l'habitude est juste chassée par le regret de n'être pas encore mieux l'un avec l'autre. Dans ta tendance à utiliser et imposer à ta famille Arquant un sourcil pour réponse, Sirius manque pas de rentrer dans l'appartement, de voir le chat qui fuit et son frère qui jette un regard vers une bouteille ouverte et presque pleine.
Mais il aime mieux rester par loin, et grogner. Que le duel commence. Aurais-je oublier de verser ton salaire, petit frère ? Demanda-t-il, pour réponse, se mettant face à lui sans baisser le regard. Prenant les mots pour comptant - s'il l'utilise alors autant oublier de le payer. Il craint de ne pas savoir ce qu'il en retourne, mais s'apprête à rager plus fort s'il le faut. Il croit pas avoir fait d'erreur - il croit pas qu'il ait de quoi avoir honte, comme depuis des semaines il se tient exactement où il veut dans la relation avec son frangin.

C'est nouveau, mais c'est pas déplaisant - bien que Regulus ait cette tendance à s'enrager parfois. C'est ce qu'il est, se répète parfois Sirius. Cet appartement est mien. Qu'importe qu'il soit au-dessus de ton bar. T'as AUCUN droit de louer la chambre supplémentaire à un foutu inconnu. Un inconnu qui se trouve n'en n'être pas un pour Sirius - un autre serveur qui avait pas de toit sur la tête, qui voulait juste se faire une place le temps de retrouver pied. Il a offert une chambre, comme le lieu lui appartient encore. Comprend mieux maintenant qu'il l'ait pas vu revenir. Tu sais que s'il est au-dessus de mon bar cet appartement c'est justement parce qu'il est compris dans le lot de ce qui m'appartient ? Demanda-t-il en second degrés, reculant pas même si dans le regard de Regulus brûle une chose qui meurt de venir le griffer. Je l'ai foutu à la porte, et je vais faire pire si jamais tu recommences. Pire dis-tu ? Tu me donnerais envie de recommencer juste pour te voir faire. Y a quoi Petit frère, ca te gratte déjà de jouer à nouveau les meurtriers ? Demanda-t-il sans douceur, se voyant jouer le rôle du duelliste vindicatif sans mal. T'es ici parce que j'te pensais capable de changer assez pour mériter une chance d'avoir une nouvelle vie - si la présence d'un autre gars pommé et sans toit c'est pas supportable pour toi, alors t'es peut être pas si méritant que cela, hm ?

ps : désolée bro pour le temps d'attente

Le goût du sang, sous sa langue, remonte jusqu’à ce qu’il ne sente plus que ça. Glisser sous sa peau vile, violence amère digne de leur famille dysfonctionnelle. Plus facile de griffer et de mordre jusqu’à briser quelque chose plutôt que de comprendre en utilisant de simples mots. Le rôle des parents, de transformer deux frères en ennemis. Le regard froid qui voit la bête à détruire, l’instinct noir, animal, qui prime sur la logique. Quand il s’agit de Sirius, Regulus en perd toute trace. Il aime son frère, mais fait croire qu’il le déteste encore plus. Pourtant, il est là, pourtant, il essaie; jusqu’à ce qu’il recule, fasse dix pas en arrière et anéantisse le peu qu’ils ont réussi à construire.
Et personne ne se surprend à savoir qu’il est beaucoup plus facile pour eux de détruire que de construire.

« Aurais-je oublier de verser ton salaire, petit frère ? » Sirius répondra toujours, sans hésitation, présent à l’affrontement. Rire mauvais qui s’extirpe des lèvres rosées, venin prêt à répliquer pour empoisonner l’autre davantage. Qui sera plus fort, qui craquera le premier ? La vérité, c’est que le cœur de Regulus meure à chaque fois, toujours un peu plus. Alors pourquoi continue-t-il de lancer le premier sortilège sanglant ? « Garde-le. Ton trou à rats pourrait en bénéficier. Un relooking qui arrêterait de n’attirer que la pègre puante et soûle. Quoique c’est sûrement avec c’te racaille que tu t’sens à ta place, » siffle-t-il les mains de nouveau occupées par la bouteille. Douce brûlure, flambant deux fois plus chaque terminaison nerveuse.

Rêveur parfois d’une autre vie, où Sirius et lui s’habillent de sourires et de légèreté. Adieu le sang, la douleur, une vie brisée par des acteurs égoïstes. « Tu sais que s'il est au-dessus de mon bar cet appartement c'est justement parce qu'il est compris dans le lot de ce qui m'appartient ? » « Tu sais que tout ce qu’il contient maintenant sont mes possessions ? Quand un bien immobilier devient la demeure d’une autre personne, même si tu en es propriétaire, tu ne peux en faire ce que tu veux, abruti ! » La dernière insulte s’échappe en français, langue que Regulus affectionne et fait sienne dès qu’il peut. Elle prend place sur sa langue particulièrement lorsque ses émotions vont dans tous les sens, jusqu’à ne plus faire sens.

« Pire dis-tu ? Tu me donnerais envie de recommencer juste pour te voir faire. Y a quoi Petit frère, ca te gratte déjà de jouer à nouveau les meurtriers ? » Oui. La réponse lui échappe presque, tant la violence lui manque. L’envie de briser quelque chose, Regulus réalise qu’un cri humain, rendu inhumain, lui ferait le plus grand bien. Il recule d’un pas tant la réponse automatique qui s’imprime dans son esprit le surprend. Séances de torture passées, sa propre baguette en bourreau, l’apaisement et le silence qui se peignaient en lui par la suite. « Et toi, ça te manque ? » demande-t-il en faisant un pas vers l’avant, puis deux, avant de déposer la bouteille de whisky sur sa table basse. Tout ça, sans quitter son grand frère des yeux, observant chaque centimètre de son visage. « À t’faire si dégourdi à m’trouver un nouveau colocataire pour voir le pire que je pourrais lui faire, on pourrait s’demander si la violence de la guerre te manque, » ajoute-t-il, sa voix plus douce, froide, calculatrice, mais plus douce néanmoins. Est-il le seul, est-ce que Sirius et lui se ressemblent plus que Regulus ne pourrait d’abord le penser ? Après tout… il y a toujours eu cette part d’ombre entrelacée autour de l’âme de son frère, il arrive encore à la voir teinter ses prunelles de temps en temps.

De moins en moins, certes, depuis qu’il est suivi par sa psychomage, comme s’il arrivait enfin à dompter la folie qui est si propre à leur famille. « T'es ici parce que j'te pensais capable de changer assez pour mériter une chance d'avoir une nouvelle vie - si la présence d'un autre gars pommé et sans toit c'est pas supportable pour toi, alors t'es peut être pas si méritant que cela, hm ? » Aussi rapidement que sa colère fut soufflée, domptée par une morbide curiosité, elle renaît des cendres et tord le visage du benjamin. Colère, mais pas que, comme la douleur se fait intense dans son palpitant. Refusant d’y porter attention, les mots quittent pourtant la sécurité de ses lèvres sans même qu’il n’y réfléchisse à deux fois. « C’est tout ce que c’est, cet appartement, pour toi ? Une place où mettre les jeunes paumés ? Tu penses que j’suis un foutu cas de charité ? » feule-t-il en serrant les poings. Sa magie déraille, faisant exploser sa bouteille à moitié vide sans même qu’il ne le réalise.

« J’ai pas besoin d’toi, j’ai encore moins besoin d’être sauvé. Je suis libre d’aller et faire ce que je veux et j’suis assez riche pour m’acheter un foutu royaume. J’suis pas ici parce que je suis paumé, Sirius, juste parce que j’en es env- » Le mot meure sur sa langue, trop en colère pour avouer qu’il est ici pour Sirius. Il travaille dans son bar minable qui lui donne de l’urticaire pour Sirius. Parce qu’il veut être près de lui, parce qu’il veut renouer. « T’inquiète pas, j’vais libérer ton appart’ dès demain pour que tu puisses faire un Potter de toi-même en offrant un toit aux petites gens désemparées. Tu pourras leur offrir mon salaire aussi, en plus d’un toit et revêtir ton titre de sauveur avec fierté. »

Il tourne la tête, finalement, vers sa table basse pour voir le dégât. Il jure en français, avant de se diriger d’un pas décidé vers la cuisine. Une bouteille encore ambrée par son liquide s’y trouve sûrement encore. Regulus ouvre une armoire, remarquant alors à quel point sa main tremble. Ne pas vouloir partir tout en hurlant que c’est la première chose qu’il fera dès le lendemain. Aimer son frère en ne faisant que lui montrer sa haine. Oubliant un instant toute sa colère, sa douleur, sa stupide rancoeur, le sol se rapproche dangereusement de son visage alors qu’il s’y laisse tomber. Position indienne, il place l’intérieur de ses poignets contre ses yeux, remarquant comme la pièce tourne autour de lui. Regulus tente de contrôler sa respiration, mais se rend bien compte qu’il ne contrôle plus rien du tout.

La colère est une familière alliée qui revient s'enrouler autour du palpitant de l'ainé des maudits Black. Sirius l'accueille sans réfléchir à deux fois, faisant marche arrière après plus d'une année à se battre contre ses instincts cruels. Apparemment, d'être face à son cadet mû par la même rage ça fait oublier tout ce qu'il a su accomplir. Il pourrait sans doute être capable de lui asséner le premier coup pour voir couler l'hémoglobine et le dominer comme il a apprit à le faire avec le monde. Dominer - ou savoir simplement qu'il en avait le pouvoir, qu'il peut ne rien dire mais foutre la vie d'un autre en l'air. Ou la prendre d'un geste. Se savoir assez puissant pour cela, et marcher dans le monde comme s'il lui appartenait. Voila celui qu'il avait été - celui qu'il détestait être à bien des égards qui l'avait amené à faire des choses détestables, à ne plus faire de différence entre bien et mal.
Etait-ce mal de vouloir faire le Bien pour son frère ? Etait-ce bien de refuser de voir son frère se faire mal ? il grimaçait, voyant comme Regulus était prêt à faire mal, comme il avait mal, comme il s'enfonçait à nouveau dans les douloureux ténèbres sans un regard en arrière. Et comme Sirius était enclin à le suivre sans y réfléchir plus longtemps. « Garde-le. Ton trou à rats pourrait en bénéficier. Un relooking qui arrêterait de n’attirer que la pègre puante et soûle. Quoique c’est sûrement avec c’te racaille que tu t’sens à ta place, » Sans lâcher son cadet du regard, Sirius sent pas une once d'hésitation l'arrêter dans ses paroles blessantes - après tout, les duels avec son frère ont toujours eu ce goût amer. "C'est pour ça aussi que je me doutais bien que tu y trouveras ta place aisément." Coup pour coup, sans se soucier de blesser - tout ce qu'ils veulent et l'emporter.
Il sait qu'il parle sans y penser deux fois, qu'il grogne pour mordre avant d'être mordu, que le mal s'insinue entre eux pour les détruire de dedans. Ils courent jusqu'à la falaise pour se jeter dans le vide en espérant pouvoir voler.

« Tu sais que tout ce qu’il contient maintenant sont mes possessions ? Quand un bien immobilier devient la demeure d’une autre personne, même si tu en es propriétaire, tu ne peux en faire ce que tu veux, abruti ! » Le français se perd sur la langue de Regulus et Sirius le saisit sans mal. Le français leur appartient, une langue qu'ils maitrisent comme la majorité des Black. Après tout ils apprennent à répéter Toujours pur avant de dire quoi que ce soit, le français glissant entre eux comme leur respiration erratique. Il n'avait pas réfléchi à deux fois avant de proposer la seconde chambre à un autre gamin abandonné - un autre, parce qu'il voyait son frère ainsi, et pas autrement. Un autre gamin qu'il aurait aimé avoir pas loin pour être sûre de pas le voir sombrer.
Et voila que c'était lui qui mettait la gueule de Regulus dans l'eau pour l'étouffer de vils paroles. Le second est parti, Sirius n'a plus que Regulus et ses colères pour ennemis. « Et toi, ça te manque ? » et sa vulgaire vérité qui s'échappe parce qu'il sait mieux que les autres de quoi Sirius est fait. Parce qu'il sait ce qu'il manque à son palpitant meurtri, parce qu'il sait que malgré tout c'est en lui que coule le sang noir des Black et leur maudit besoin d'empoisonner le monde. Le meurtre est naturel, autant que la noire magie. Pourtant Sirius se bat pour être meilleur et pensait y être parvenu. Sauf qu'une seconde avec Regulus et il sent qu'il pourrait prendre les armes à nouveau pour briser des nuques. « À t’faire si dégourdi à m’trouver un nouveau colocataire pour voir le pire que je pourrais lui faire, on pourrait s’demander si la violence de la guerre te manque, » "J'pourrais ouvrir un nouveau principe de duel sanglant et parier sur toi pour m'enrichir plus encore." Rétorqua-t-il bien qu'il n'en n'était rien.
C'était simplement simple de parler ainsi.

Il sentait son palpitant qui frappait durement dans sa poitrine, la bile noire sortir de sa bouche, et son esprit qui divaguait en laissant en arrière la maturité, la réflexion et la patience. Il grognait et rageait comme il le faisait avant. Contre Regulus, alors que tout en lui lui hurlait de protéger son frère. Qu'il avait dû se tromper. Qu'il avait sans doute eu tord. Alors il devrait faire la mine basse et lui présenter ses excuses - à croire qu'agir ainsi pourrait lui brûler la bouche. « C’est tout ce que c’est, cet appartement, pour toi ? Une place où mettre les jeunes paumés ? Tu penses que j’suis un foutu cas de charité ? » Lui de lui cette idée - il fronça les sourcils non sans croiser les bras sur sa poitrine pour ne pas montrer comme il était agacé par la tournure de la conversation. "N'est-ce pas toi qui m'a demandé un toit le premier, petit frère ? Ou ma mémoire me fait-elle défaut ? Tu voulais fuir le siège de l'Ordre et te sentir libre d'être ailleurs." Mais il était bien plus facile d'être borné que de couber l'échine. Jamais, encore, de mémoire, il n'avait eut la hardiesse d'admettre ses tords devant Regulus. Remus, seul, pouvait se targuer d'avoir entendu le Black dire J'avais tord.
Son palpitant galopait.
Il n'était pas sûr de le rattraper pour recouvrer un peu de bon sens. « J’ai pas besoin d’toi, j’ai encore moins besoin d’être sauvé. Je suis libre d’aller et faire ce que je veux et j’suis assez riche pour m’acheter un foutu royaume. J’suis pas ici parce que je suis paumé, Sirius, juste parce que j’en es env- » La parole brisée n'échappa pas à Sirius - et comme une gifle violente elle semblait ramener en lui un semblant de maturité.

Il se rappela des paroles de sa psychomage - lui qui comprenait si bien Regulus, qui pouvait tout lui pardonner, parce qu'ils étaient fait des mêmes douleures. Il se souvint des mois dans l'institut, à se battre contre ses démons et sa peur d'être blessé. Contre son besoin de faire plier le reste du monde à ses émotions plutôt que de se combattre lui-même. Une gifle qui le fit revenir à la réalité - à se demander pourquoi il avait le besoin de combattre plutôt que de lever les bras en exigeant la paix. La guerre était finie dehors, il n'était guère besoin de la faire revenir entre eux. « T’inquiète pas, j’vais libérer ton appart’ dès demain pour que tu puisses faire un Potter de toi-même en offrant un toit aux petites gens désemparées. Tu pourras leur offrir mon salaire aussi, en plus d’un toit et revêtir ton titre de sauveur avec fierté. » Regulus s'enfuit et Sirius reste un moment interdit, reprenant le contrôle de ses esprits et de sa respiration. Une seconde. Deux. Trois. Quattre.
Il souffle, inspire profondément jusqu'à remplir ses poumons pour souffler entièrement l'air - et recommença jusqu'à ce qu'une migraine douloureuse envahisse son crane depuis sa nuque. Il grimaça et marcha doucement pour retrouver son frère au sol. A respirer fortement. Alors Sirius s'accroupit à ses côtés et posa une main sur son épaule, tendrement. Doucement. Il essaya de trouver des mots - se ravisant à plusieurs reprises parce qu'il n'était pas temps pour se justifier. Il est préférable d'être honnête. "Ne sois pas idiot, tu es ici chez toi et je n'ai pas envie de te voir partir. J'aime te savoir si proche, Reggy. J'aime savoir que chaque jour je peux te voir et te parler." Dit-il honnêtement, sa gorge se serrant de l'honnête aveux qu'il offrait ainsi à son frère. Il serra l'épaule de Regulus, comme pour l'encrer dans le monde, près de lui, et le faire revenir. Il devinait qu'il avait peur, qu'il souffrait, qu'il se battait contre lui-même. Il le savait - parce qu'il était semblable. "Respire - je cesse le combat, t'es pas l'ennemi que je veux dans cette vie. Respire, tout ira mieux."