C’était un avant-midi des plus banals. Le plus vieux des garçons Ollivander était de sortie, marchant le long du Chemin de Traverse, une main dans sa poche, l’autre transportant un sac rempli d’emplettes diverses. Lux avait été formelle : c’était son tour d’aller faire les courses, pendant qu’elle profitait de sa journée de congé pour se reposer et faire la grasse matinée. Skyler n’avait pas rouspété. Sa meilleure amie avait droit à la détente, elle qui était bien souvent un peu trop intense.

Il marchait, le pas nonchalant, pas plus pressé que nécessaire malgré les lourds nuages qui commençaient à se décharger sur les pauvres passants. Ne s’étant pas embarrassé de prendre un parapluie au passage, ce qui était, tout bien considéré, toujours un bon réflexe en cette période de l’année, le batteur se contenta de remonter le capuchon de sa veste sur sa tignasse dorée. Qu’est-ce que quelques gouttes d’eau sinon un désagrément passager? Nombreux étaient ceux qui semblaient partager son avis, car la foule se voulait assez dense malgré tout. Les fêtes et la chasse aux étrennes parfaites devait aussi y être pour quelque chose.

Pour mieux se frayer un chemin entre les passants, il releva la tête. Alors qu’il s’apprêtait à analyser la trajectoire la plus courte pour se rendre à sa prochaine destination, ses yeux clairs croisèrent une paire assez familière, un regard qui s’apparentait plus au sien que celui de son propre paternel.

« Mon oncle? Qu’est-ce que tu fais ici? », lâcha-t-il en haussant les sourcils sous l’effet de la surprise. Voilà qui était une drôle de coïncidence. Pour autant, le blond était bien heureux de le voir, n’hésitant pas un seul instant lorsque celui-ci l’invita à le suivre. Il n’eut d’ailleurs pas besoin de poser plus de questions que déjà Tonton Evarist s’était lancé dans les explications. Et il n’en fit pas plus pour que le voltigeur retrouve ses yeux d’enfant.

Qui pouvait se vanter d’avoir vu une simple virée au Chemin de Traverse se transformer en aventure? Oh, pas de celles où chercher du pain se transforme en douze travaux parce que la vie a cru bon de tester votre résilience en route vers la boulangerie. Une véritable aventure, de celles dont Skyler avait toujours rêvé de vivre. Les péripéties décrites à l’encre noire au fil des pages des livres que lui offrait son oncle. Tant pis pour les courses; il n’allait pas refuser pareille occasion.

Sa mine rayonnante vint toutefois s’assombrir lorsque la silhouette imposante de son père s’approcha. Lentement, pupilles bleutées se levèrent pour constater avec effroi qu’ils se tenaient tout juste devant la boutique familiale. Le doute naquit alors dans l’esprit du plus jeune. S’agissait-il réellement d’une coïncidence? Rien n’était moins sûr.

« Salut, papa », le salua-t-il à la manière d’un adolescent contrarié. Neodymius avait bien souvent cet effet-là sur le jeune homme. L’idée de partir à l’aventure avec son oncle était charmante; celle de partir avec son père en plus l’était bien moins.

Il n’eut toutefois pas l’occasion de faire part de son opinion sur la chose que déjà les doigts d’Evarist s’étaient enroulés autour de son poignet et que la désagréable sensation dans le ventre que procurait le transplanage se faisait sentir. Son sac de provisions, quant à lui, ne fut pas du voyage, tombant lourdement au sol, son contenu roulant sur le pavé froid de l’artère commerciale. Aspiré dans un tourbillon de couleurs, il entrouvrit les lèvres devant le changement de décor drastique, laissant même échapper un petit woah. Tous ses sens étaient en éveil – sa vue était gorgée de couleurs vives et éclatantes, son odorat du parfum de la terre humide et des vents chauds et son ouïe des milliers de sons qui peuplaient la jungle environnante. Cependant, malgré son émerveillement, une question le taraudait.

« Et euh… on est là pour quoi, au juste? »