I'll be back when it's all complete - Astrée

Cela explique beaucoup de chose en réalité. Les regards en coin de mon père, beau-père de son état mais aussi la lueur fébrile dans les yeux de ma mère, à mesure que je grandissais pour ressembler de plus en plus à mon véritable géniteur. Ce non-dit entre mes parents et moi, je ne comprenais pas pourquoi ils murmuraient tout bas, pourquoi mes sœurs étaient blondes là où j'étais brune comme la nuit et avec un regard azur de surcroît. Pourquoi notre famille vivait si loin de la société sorcière mondaine là où mes cousins et mes cousines pouvaient s'y rendre sans effort, pourquoi mes sœurs avaient le droit d'aller aux soirées entre sang-purs alors que j'étais cloîtrée à la maison. Pourquoi la peur que je croise la mauvaise personne, qu'on se rende compte d'une ressemblance avec celui que je ne connais pas. Toutes ces questions sont restées sans aucune réponse et n'ont cessé de hanter ma vie, de parsemer mon enfance d'un trouble grandissant qui ne me quittait jamais vraiment.

Heureusement je suis née en Grèce et j'ai eu la chance de pouvoir profiter de la société magique Grecque jusqu'à l'âge de mes 4 ans, l'âge où on est encore insouciant et où on ne comprend pas tout. Déjà à l'époque je me souviens qu'on parlait tout bas en me regardant, que ma mère me demandait de ne pas ôter ma capuche et de baisser les yeux face aux gens importants. Mes sœurs elles, ne souffraient pas d'une telle chose. Je n'étais pas jalouse, je ne comprenais pas pourquoi une telle différence mais je n'en avais cure. C'est peut-être à cause de ça qu'on quitte la Grèce, c'est ce que je me dis du haut de mes 4 ans. En réalité ma grande sœur rentre à Poudlard et il est obligatoire pour les miens de revenir en Angleterre, car mon père a hérité du nom et la fortune des Fawley à la place de sa sœur Piper. Je découvre que j'ai un cousin et une petite cousine et eux ne cherchent pas à parler tout bas, à me regarder en coin. Ils m'acceptent, deviennent mes meilleurs amis et Colin prend la place de grand frère rêvé dans mon regard d'enfant perdu. En plus sa chevelure est brune comme la mienne et peut-être pour la première fois j'ai le sentiment de faire partie de la famille, de ne plus être entourée par ceux qui se ressemblent tant alors que je suis tel un ovni au milieu de ces gens.

Peut-être pour casser cette image de membre qui n'a rien à faire là, je deviens typiquement la gentille fille. Gentille, bien élevée, polie, on commence à louer en société à quel point je suis douce, à quel point je suis discrète et timide, comme je suis intelligente. Ce rôle me va bien les premières années, ça me permet de récolter moi aussi quelques compliments et ma mère ne me regarde plus vraiment en coin, juste avec un air fébrile parfois quand on est en société et que je passe proche de certaine famille. Les rumeurs finissent par se taire, on ne me regarde plus vraiment dès l'instant même où je deviens assez grande pour faire la conversation. Surtout que certain fils héritiers font leur entrée dans le monde magique officiellement et si on a en bouche le nom des Travers, des Black et des Goyle, c'est pour mieux ignorer le fait que je suis là au milieu et sans doute dans la mauvaise famille. Et j'essaye de briller pour eux quand même, car c'est la seule chose que je connais. C'est peut-être parce que je suis parfaite en apparence que lors de ma toute première colère, alors que je dois avoir dans les neuf ou dix ans et que ma rage est tournée vers ma sœur aînée, que celle-ci tombe dans les escaliers et se brise le coude. J'ai eu peur bien-sûr et puis avec de la magie voilà qu'elle repart, tout en continuant de me regarder en coin. Parce que je suis celle qui attire l’œil et qui cause des soucis n'est-ce pas ?

Mes dons magiques sont réveillés depuis que j'ai 6 ans et si d'abord j'ai été heureuse, je me suis aussi rendue compte que mes sœurs me jalousaient. Car si on s'entendait bien quand j'étais enfant, le fait que je sois assez douée en magie déjà et surtout curieuse d'apprendre toujours plus, me donnait un net avantage concernant notre apprentissage du monde sorcier. Et au lieu de nous unir cela n'a fait que nous éloigner avec mes sœurs. Ca et nos différences toujours plus marquées. L'épisode après le bras cassé n'a fait que renforcer leur méfiance, surtout que cela ne s'est pas arrêté à un bras. A mesure que mon caractère s'affinait et que je découvrais les affres de la colère, mes victimes étaient plus nombreuses. Que ce soit un bras, une jambe ou une vilaine coupure au doigt, il me suffisait de me concentrer pour simplement causer du malheur à ceux qui étaient les cibles de ma colère. Alors je pris peur, parce que j'étais capable de causer du mal, parce que ça aurait pu mener à bien pire qu'un bras cassé et si j'étais apte à faire une telle chose c'est bien que quelque chose ne tournait pas rond chez moi n'est-ce pas ? C'est bien que les regards en coin avaient raison, au fond...

Poudlard se présenta comme une bouffée d'air frais et la possibilité d'être enfin un peu moi même. J'étais toujours dans le même environnement que ma sœur aînée et la dernière ne tarderait pas à débarquer mais en dehors de cela, j'avais à présent la possibilité d'être davantage moi même. Je devais toujours bien travailler et assurer d'être en haut du classement mais sinon, je n'étais ni dans la même maison que ma sœur aînée, ni celle de mes parents. C'est à Serdaigle que je fis ma rentrée et je n'étais pas surprise, à force d'être curieuse et avide d'en apprendre alors il était logique que cette maison m'ouvre ses bras. J'étais assez travailleuse pour m'en sortir sans trop d'effort même si en le voulant vraiment, j'aurais eu les capacités de briller auprès des trois premiers de notre classe. Mais je ne voulais pas faire comme certain de notre maison et m'oublier au profit des devoirs et des leçons alors je fournissais de quoi passer une année sur l'autre, sans trop forcer. C'est ainsi que je me hissais jusqu'à ma 5eme années, sans en donner plus que nécessaire.

J'avais encore eu quelques déconvenue avec cette malédiction qui coulait en moi, quand j'avais la rage contre d'autres étudiants alors il leur arrivait malheur ainsi je faisais en sorte de ne surtout pas prendre quelqu'un en grippe, mais c'est une chose bien difficile quand on est adolescent et qu'on est soumis à toute sorte de crise de colère soudaine. Plus encore quand on vit perpétuellement avec un masque et qu'on a l'impression de s'arracher la peau dès qu'il est l'heure de le poser un peu. J'avais du mal à me défaire de mon image de fille sage et discrète, alors qu'on fond de moi j'avais le sentiment d'être prête à hurler à tout instant. Et c'est lors d'une soirée juste après la rentrée de 5eme années, que je me surpris à hurler vraiment sur quelqu'un d'autre et surtout sans que cela ne lui attire un quelconque malheur.

Zooey Spellman, une étudiante de la même année que moi ayant redoublée, qui propose ce soir là de jouer à un jeux d'alcool. Si on refuse de répondre à la question alors on doit boire un verre cul-sec de vodka surprise. J'accepte de jouer, je suis déjà sacrément imbibée ce soir là mais je ne mesure pas la portée de ce jeux stupide ni les retombées. Alors on me lance un défis, celui d'embrasser sur les lèvres celui qui pourrait m'attirer et je ne sais pas pourquoi, peut-être est-ce l'alcool ou l'ambiance mais c'est vers Zooey que je marche. Et quand je réalise que mes lèvres sont sur les siennes, le silence s'est fait dans la salle commune des Serdaigles. Le silence lourd et pesant, de ceux qui n'osent pas me regarder en face encore une fois, alors que mon geste vient d'alimenter les rumeurs les plus folles.