Depuis le temps que j'attendais ce moment [PV Franck]

Cela devait bien faire des mois qu’il n’avait pas montré son visage au Deux Baguettes. Depuis au minimum le mois de Mai, assez pour avoir perdu l’habitude de venir s’y entraîner les soirs de semaines et de regarder les prochaines recrues prometteuses. Depuis qu’il avait démissionné, ses contacts avec les Aurors avaient été … disons inexistante. Pas une seule lettre ou une tentative de sa part de communiquer, mais comme disait certains, c’était du Steve tout cracher. Il n’avait jamais cherché à faire la conversation lorsqu’il était collègue de travail, pourquoi le ferait-il maintenant alors qu’il n’était plus Auror.

Pourtant, ce soir, il revenait. Pourquoi ? À cause d’Alice. Peu de gens avaient le pouvoir de le faire plier sur quelque chose, mais son ancienne élève avait une certaine emprise sur lui. Les femmes avaient toujours eu plus de poigne sur lui que les hommes. Hayden réagissait toujours mieux lorsqu’on lui parlait doucement que lorsqu’on lui beuglait des ordres. Alice était capable de communiquer avec lui et de lui faire comprendre des choses. Certains Auror, dont peut-être elle, il n’en était pas complètement certain, s'ennuyaient de lui et aimeraient le revoir. D’abord convaincu qu’elle se moquait de lui, cela avait pris une rencontre infortune avec des anciens collègues du ministère pour comprendre qu’elle ne sortait pas cela pour essayer de l’influencer à revenir.

On l’avait même invité à venir ce soir, bien que cette rencontre était exclusive au Auror et au Tireur d’élite, Hayden pouvait se mêler avec eux. Il n’avait aucune gêne de pénétrer dans l’endroit comme s’il était partit hier, mais la seule chose qui l’avait presque empêché de venir, c’était qu’Alice ne serait pas présente. Bien qu’avant, cela ne l’aurait pas arrêté, aujourd’hui c’était différent et il aurait aimé qu’elle soit là pour veiller à une bonne intégration, mais il allait devoir compter sur les autres pour l'accueillir.

Tout se passe mieux qu’il ne l’aurait espéré, recevant des poignées de main, des messages encourageants, la réaction la plus froide qu’il reçut venait de Londubat. Rien de bien étonnant, ce bougre le détestait depuis des années sans qu’Hayden ne sache pourquoi. Franck ne pouvait pas le sentir et le professeur remarqua que sa présence ce soir ne lui plaisait pas. Winchester en avait-il quelque chose à faire ? Non. Les choses entre eux avaient toujours été dans cet état et si ce sang pur souhaitait le détester pour toujours, Hayden ne pouvait que hausser les épaules. Cela ne l’empêchait pas de voir de manière plus fréquente Alice dans les dernières semaines. Elle lui apprenait à danser après tout, cela prenait énormément de temps et de pratique.

Ce soir, l’endroit était particulièrement bondé. Beaucoup de futurs Auror assistaient en espérant apprendre quelque chose de ce qu’ils allaient voir, mais aucun d’eux ne mettrait un pied dans le ring. Ce n’était pas une soirée pour eux, mais pour les anciens et cela avait tendance à attirer les foules.

Hayden avait tendance à attirer les foules, il faut croire que certains aimaient les hommes froids et s’il ne venait pas pour ça, c’était pour admirer la finesse de la magie élémentaire de la foudre. En avait-il quelque chose à faire ? Il faudrait d’abord qu’il remarque ce genre de détails pour y accorder une quelconque importance.

La soirée débuta en toute simplicité avec des duels de baguettes dans les règles de l’art, il n’y avait pas de compétition, pas de tournois, juste des rounds pour s’échauffer et tester des techniques. Hayden faisait son retour en force, démontrant, comme toujours, qu’il n’était pas un adversaire à prendre à la légère même s’il n'exerce plus le métier d’Auror. Il était rapide, impitoyable et déstabilisant. Avec son regard, on pourrait presque penser qu’il était toujours à deux doigts de décider s’il achevait leur vie à la fin du duel. Du Winchester tout craché.

Vers la fin de la soirée, les duels deviennent différents. Ce n’était pas pratique courante, ni pour tout le monde. Les duels devenaient au corps à corps. Bien sûr, ce genre de pratique pouvait devenir un peu violente, mais c’était pareil pour les duels à la baguette. De toute façon, ils étaient entourés de sorcier prêt à prodiguer des sorts de soin. Les rounds allaient et venaient, coup de poing, coup de pied, renversement, tout était permis, jusqu’à ce que l’adversaire admette la défaite en frappant le sol 3 fois. Comme lors des duels, Hayden n’admis jamais la défaite, ce n’était pas son premier rodéo et les jeunes hommes qu’il affronta, en début de carrière, manquaient de tactiques et d'instinct, celui qu’on apprend lorsqu’on est à deux doigts de mourir.

L’heure avançait et il était si tard que l’endroit allait fermé. Les gens partaient un à un et Hayden restait assis sur le rebord d’une fenêtre vitrée, prenant le temps de parler avec chacun de ses anciens collègues qui venaient le saluer avant de quitter. Il était torse nu depuis un moment déjà et ses cheveux lui collent à la tête. Il devait au moins essayer de les replacer à chaque minute, passant ses doigts au travers pour les ramener vers l’arrière. Son corps couvert de sueur, sa respiration était pourtant devenue lente depuis un moment. Quittant son siège, pensant être le dernier restant, son regard fut attiré vers un mouvement dans la salle. Bien sûr, lui, il était encore là. Franck. Il fallait qu’il doit rester jusqu’à la fin. Sa seule présence irritait Hayden et lui faisait serrer la mâchoire. Était-il resté aussi longtemps, en attendant le départ des autres, pour se retrouver seul avec lui ? Cela y ressemblait, sinon pourquoi être encore là ? Trop irritée par sa présence, la pensée que celui-ci restait pour la même raison qu’Hayden ne lui traversa pas l’esprit. Il allait directement à l'accusation.

- Tu me veux quoi Londubat ?

Sa voix était sèche et remplie d’arrogance, il n’y avait pas de fausse modestie d’essayer de laisser croire que les deux hommes avaient une bonne relation.

- Tu veux que je te donne des conseils, ta technique manque un peu de finesse.

Accusation basse qu’il ne pensait pas. Il savait reconnaître un bon sorcier lorsqu’il en voyait un et Londubat en était un, mais les années de regard froid et de tension déliait sa langue de vipère. Un côté bien sombre des Chevaliers, mais soyons honnêtes, des Winchester également.

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C'était là une chose partagée par les deux hommes : le désir ardent de ne plus jamais avoir à supporter la présence de l'autre. Malheureusement, il y avait toujours quelque chose pour les unir, à leur plus grand agacement: Alice. Que lui trouvait-elle ? Va savoir. Il devait avoir quelques qualités cachées sous sa peau de vache. Des qualités qu’il n’avait aucune envie de rechercher et apprendre à apprécier.

- C’est bien la seule chose qu’on a en commun.

Marmonna-t-il entre ses dents, toujours en abordant son visage impossible à déstabiliser. Pourtant, un feu s’alluma à l’intérieur de lui lorsque Franck lui retourne son compliment en trouvant quelque chose à redire sur sa technique. Comment ce chien galeux trouvait-il à redire sur ses compétences ? Un manque de constance ? Il imagina pendant plusieurs secondes comment lui enseigner toutes les façons que son ‘’manque de constance’’ pourrait le mettre au tapis, mais comme toujours, ses émotions demeuraient prisonnières en lui tandis qu'il observait le monde avec des yeux dénués de toute émotion. Il ne pouvait pas se permettre de perdre ce petit jeu et de montrer la moindre émotion lors de cette simple joute verbale. Franck le connaissait trop bien, même après si peu de temps passé ensemble en dehors du travail. Si le professeur laissait échapper ne serait-ce qu'une expression faciale, Franck saurait que ses paroles l'avaient ébranlé.

Cependant, de son côté, Londubat ne se gênait pas pour exprimer par sa posture et son regard à quel point la simple présence de l'ancien Auror le rendait furieux. Il était fidèle à lui-même, sa franchise étant louable. En entendant la remarque selon laquelle Hayden n'avait jamais été invité à leurs entraînements, il ne put s'empêcher d'être légèrement amusé. Ne savait-il pas que c'était sa propre femme qui lui avait demandé de venir ? Peut-être avait-elle oublié de lui mentionner la présence d'Hayden, ou peut-être avait-elle délibérément choisi de réunir les deux hommes. Espérait-elle qu'ils parviendraient à un terrain d'entente ? C'était demander beaucoup à son mari, ce chien enragé, et à son ancien mentor, ce marginal arrogant. Privé de sa présence pour apaiser les tensions, le brasier menaçait de s'embraser, attisé par l'huile des insultes et la brise des émotions.

- C’est bien amusant d’entendre que je ne suis pas invité à vos entrainements alors que c’est ta propre femme qui m’a demandé de venir. Vous semblez avoir des problèmes de communication.

S'en prendre à son mariage ne ferait certainement pas baisser la tension, Hayden en était bien conscient. Mais penser qu'il cherchait à apaiser les choses était la première erreur d'interprétation. Il ne resterait pas là à se faire accuser sans répondre avec autant de mépris. Son corps et sa concentration étaient prêts à réagir aux moindres signes de violence de la part du lieutenant. Il n’y avait plus personne pour les séparer, ni plus aucune relation de travail qui se mettait au travers de leur chemin.

- Ce n’est pas si difficile d’enseigner à des étudiants doués, mais certains te ressemblent et ils mettent une éternité à progresser.

Il n'appréciait guère qu'il vienne insulter son rôle de professeur, mais il comprenait d'où venait cette remarque. Londubat voulait sans doute orienter la conversation vers son départ précipité de la profession d’Auror. Sa raison ne le concernait en rien, et il continuerait à l'envoyer sur les roses dès qu'il tenterait d'aborder ce sujet. Il était la dernière personne au monde à qui il avait envie de se confesser sur les démons qu’il pesaient sur ses épaules.

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